Dionysos (Terminé)

Dionysos

« La mienne, ou Zeus, ca dépend des matins.  »

VOTRE HISTOIRE

Ampéros.... Tu me demandes encore ça ? Bon... Je suis né sur le Mont Zagrée de Zeus et de Perséphone... Enfin pour cette dernière, aucune assurance. En effet, avant de devenir la Souveraine des Enfers, on m'a raconté que mon Père avait séduit Perséphone et que je suis né de cette relation. D'autres disent que je suis carrément le fils d'Hadès... Bref, mon passé est une immense fresque qu'on a frappé à coups de massue. Je m'en fous totalement car cela ne m'empêche pas de vivre après tout.

Dans les vapeurs des opiacés qui se répandaient dans l'atrium, le Dieu inspira le divin nectar gazeux. Ampéros avait beau être un amant redoutable, je ne voulais pas parler avec lui de l'épouse de Zeus. Celle-ci m'avait découpé à ma naissance et offert aux Géants, Athéna sauva mon coeur et l'amena à mon Père. Ce dernier ordonna de l'enterrer au Mont Zagreus et c'est ainsi que ma résurrection fut accomplie. Dévorer ma chair, l'emportement le plus inhumain, les excès, la rage, la folie... Mon coeur avait aspiré tous ces sentiments et m'habitait désormais pour toujours... C'était ainsi que naquit Dionysos !

Nysa.... Qu'est ce que tu me manques... Ampéros me caresse le dos alors que je somnole. Les satyres chantent et ripaillent, je profite de ce moment de quiétude. C'est comme la brise du matin avant la tempête, qui s'annonce dans mon esprit. Athéna, Poséidon, Hadès, Arès et tous les autres réunis, ils sont tellement prévisibles, tellement ennuyants. Hermès ? Un peu trop dans ses petites manigances. Moi ? Je ne fais rien, je m'ennuie depuis quelques années. La chasse enivrante, le vin délicat, les danses sauvages et brutales ! Je me regarde et sens le poison de l'ennui. Putain que je déteste ça, ce serpent qui bouge en moi et me condamne. J'en ai marre de le sentir brûler en moi, Ampéros le ressent et arrête son massage.

Quelques années auparavant, je regardais les Hommes. Je suivais tout ça en profitant d'un excellent morceau de viande froide de dragon du nord. Quatre heures de chasse entre les mondes, tuant et brulant tout sur mon chemin avec une sauvagerie sans fin. Arès était la Guerre mais sans la folie, il ne serait rien. En quelque sorte, la Guerre d'Arès me plaisait, il m'ennuyait rarement. Cependant, un trait me fit tiquer. En effet, on avait tué ma grande soeur dans le monde des Hommes. Horrifié. Je fixais l'horizon et le vit... Me retournant, je pris entre mes doigts un verre de vin et m'endormit au coeur de mon temple, mon âme quittait la douceur de l'Olympe.

Centre d'Istanbul. Juillet 1756. Un jeune homme sortait d'un sauna grec d'un air ahuri. On était de nuit et bien des gens dormaient avec la chaleur nocturne. Diplomate du Roi Louis le bien aimé, il travaillait depuis quelques mois pour l'ambassadeur Bernis et avait trouvé ce petit sauna pour jouir de la vie, sans les entraves des muftis de l'antique cité. Blond, musculeux avec l'entraînement à l'escrime, noble du nord de Paris. Il s'appelait Adrien de Montfaucon. Sa famille avait eu le devoir de pendre les criminels les plus durs, les fous et les désoeuvrés. Autour de cette terrible tour, des bouchers déversaient les carcasses de la journée. Il avait toujours vécu ainsi, en marge de la société.... La nuit était belle, la chaleur aidait pas et voilà qu'il vit une jeune femme en train d'avancer. Des idées passèrent ses pensées et il bondissait sur elle avec les instincts du chasseur, la chair devait être dévorer par la chair. Dionysos l'observait quand il vit les gardes approcher et hurler contre le pêcheur. Une série de coups de lance le blessa mortellement et il parvint à courir, le pantalon limite à mi cuisse jusqu'au Propontide.

Il plongea. Le sel de l'eau lui arracha des douleurs et il se rendit compte qu'il ne savait pas nager. Hurlant qu'on l'aide, les gardes de nuit se moquaient de lui alors que son corps plongeait de plus en plus dans l'eau noir de la mer d'Istanbul. Puis, soudain, le néant. Le noir.

Dionysos était tapis dans l'ombre, devant lui une dizaine d'ours géants en train de de se reposer. La chasse allait être belle. Il bondit dans les airs avec un seul poignard à la main. La lutte était violente, les griffures des bêtes lui apportant un plaisir qu'l aimait tant redécouvrir. Le plaisir était intense, extrême. Cette ivresse valait autant que le vin qu'il aimait offrir à ses invités. Puis, il se rappela la raison de son retour sur cette Terre. Athéna. On l'avait tué. Renfrognant sa colère, il voulait comprendre le meurtre d'une déesse. Cela était impardonnable.

Il sortit de son combat dans le sang, il était temps de revenir dans le monde des Hommes. La mort d'Athéna. Les querelles entre les dieux, tout cela était une nouvelle ivresse qu'il voulait connaître. Il avait jamais affronté ses pairs, c'était peut-être le moment après tout. L'ennui. Quelle triste pensée ! Il la sentait s'en aller, enfin !

MES INFOS +

Je suis comme une marée, refluant avant de revenir dans la sauvagerie et les excès les plus libres. Je n'ai aucune limite que mon propre ennui, mon sommeil en quelque sorte. On dit de moi que je suis Bacchus, un gros patachon qui aime boire et joui de la vie qu'à coups d'orgie et de débit de vin. Même si ils ont pas tout à fait tort, j'aime ça mais je ne suis pas que cela. Ah ces Romains ignares ! Je suis aussi l'Ivresse dans sa plus grande plénitude, manger la chair qu'on vient de chasser, le plaisir de l'orgasme quand on abat sa proie, tout cela me correspond aussi.

Ah les Hommes, c'est pour cela que je les adore, ils sont capables de tout et de rien en même temps. J'aime les pousser aux extrêmes, aux plaisirs interdits qui déplairaient pas à Aphrodite certainement mais elle n'apprécie pas certainement la sauvagerie que le sexe représente pour moi. Disons qu'elle est à la Romance ce que je suis à la bestialité dans la chambre mais, connaissant la belle, je me demande parfois si elle est pas mieux que moi. Enfin, je suis de retour afin de démontrer que la vie est belle que lorsqu'on en profite, sans morale, sans crainte du moment, profitant du moment dans le plaisir éhonté.