L'heure de rendre des comptes ¤ PV Dieux infernaux & Juges des Enfers

 Entrée des Enfers


Une fois les choses éclaircies avec Persédia et Alexiia, le Dieu du Sommeil prit congé des deux spectres afin de se rendre une nouvelle fois au palais d’Hadès. Lui qui croyait avoir le temps de s’occuper des deux zouavres  à l’entrée des Enfers, se rendit compte qu’il avait quelque peu traîné. Ainsi, à son arrivée, Perséphone, Kazuki, ainsi que son jumeau était déjà présent. L’ambiance était calme, le silence faisant son office dans la salle du trône. Sa longue cape noire flottant dans son dos, Hypnos entra donc à son tour avant de s’arrêter devant l’épouse du Sombre Monarque.  

“- Dame Perséphone. Murmura Hypnos alors qu’il se courba légèrement en signe de respect, Veuillez excusez mon léger retard, j’ai dû apprendre deux trois petites choses essentielles à votre protégée d’Elysion.”

Il n’avait pas nommé explicitement l’intéressée, cependant Perséphone savait qu’une et une seule de ses favorites provenait du paradis des Enfers. L’épouse d’Hadès n’aurait donc aucuns problèmes à identifier la fautive parmi ses protégés car la liste des spectres sous son aile devenait aussi longue qu’un bras à présent et il devait être compliqué pour Coré de s’y retrouver. Une fois cela dis, Hypnos s’assit sur le trône aux côtés de son frère, attendant l’arrivée des deux derniers Juges d’Hadès ainsi que celle du Sombre Monarque.

Si tout le monde était en retard, cela allait être un peu ennuyeux d’attendre les retardataires en tout cas, surtout si les personnes présentes avaient diminué leur sonorité sur zéro. Silencieux également, le fils de Nyx passa une main dans ses cheveux blond avant de croiser ses jambes. C’était là quelque chose de très éféminé mais après tout l’apparence du Dieu du Sommeil actuel lui laissait le loisir d’être davantage raffiné que si il avait été dans un corps d’homme. Il avait hâte que tout cela commence, histoire d'être au courant des derniers potins.

Nul besoin de dire à quel point La Giudecca est un lieu particulier. Et puissant. Cœur du Royaume des Enfers, il semble incapable de se briser. Incapable de s'effondrer. Telle est peut-être la grande différence entre le palais d'une divinité et celui de Juges.
Depuis son retour de la prison d'Ezekiel, Dante marche pour la première fois dans les couloirs de l'environnement chthonien et divin. Mais le souvenir des quelques allers et venues en ces lieux restent gravées dans sa mémoire. Même ce lieu de rendez-vous, là où il doit aller. Sans avoir souvent posé ses pieds dans cette pièce … Il sait où elle se trouve.  Tel un avertissement dans l'âme de chaque Spectre. Ils savent où ils ne doivent pas aller, lorsqu'il n'en n'ont pas l'autorisation.

Quelques squelettes croisent l'homme, sans le reconnaître. Mais, ces serviteurs comprennent bien vite la direction dans laquelle il va. Et s'éloignent. Simplement. Pour éviter tout réel contact visuel.

Car là où il se dirige est la Salle de Guerre de La Giudecca. Un lieu où seules les plus importants membres de l'armée spectrale sont invités à se diriger. Les Juges, donc. Mais, et surtout, les réelles autorités infernales. Sa Majesté, Hadès. Son Altesse, Perséphone. Et deux des Enfants de Nyx, Thanatos et Hypnos. Des décisions doivent-elles être prises en cette suite de conflit divin ? Sûrement. Qu'apporteront les Juges dans ces discussions ? Sûrement rien. Ils doivent représenter les autorités. Ils seront là pour écouter. Possiblement. Pour être entendu, s'ils ont des choses à raconter.

Et il est possible qu'il ait, lui, des choses à raconter. Car la mission auprès des Titans est une semi-réussite. Par l'hostilité qu'il a fait naître chez l'un des aînés de ce clan dépossédé de toute légitimité. Au moins a t-il prouvé à la réceptacle de la déesse Niké que signifie la Victoire Infernale. Que les Juges sont capables de vaincre des dieux. Même des Juges qu'elle considérait comme inexpérimenté.

L'Italien fini par arriver auprès des dites autorités. Et du Garuda. Qu'il observe d'un coup d’œil. Avant de s'incliner, respectueusement. Sans un mot. Les dieux savent. Ils n'ont guère besoin de noms pour savoir à qui appartient cette âme infecte. L'apparence a peut-être changé. Mais des choses restent. Les dieux savent. C'est leur don. Entre autre.

Il n'attend qu'un geste ou une autorisation pour finalement rejoindre le siège qui lui est destiné.

J'arrive, j'arrive. s'éleva une voix depuis les ombres.

Non qu'il soit pressé, ces conciles ne l'ayant jamais passionné - mais quand il faut, il faut. Et il était peu de moments où il le fallait autant qu'en situation de crise. Quand une guerre venait de s'achever, par exemple - ou qu'une autre était à prévoir.
Si, comme tous ceux de son espèce, Hadès avait démontré toutes sortes de tempérament au gré de ses incarnations, la rancœur faisait partie de ce qui l'accompagnait dans la plupart, sinon toutes. Sachant cela, il y avait fort à parier qu'il ne laisserait pas cet affront impuni - et, que pour ce qui est de savoir par où commencer, qu'il ait déjà sa petite idée.

Cette convocation n'était donc que bien prévisible, de même que ce qui allait s'y dire - du moins en majeure partie. Alessio aurait simplement préféré que les dieux attendent davantage avant de la tenir. Hélas, ce souhait-là n'était, semble-t-il, pas de ceux qu'on lui exaucerait.
À défaut de pouvoir y couper, à tout le moins espérait-il donc qu'elle se déroule dans le calme ; ayant déjà par trois fois assisté à une colère divine au cours des dernières heures, il estimait en avoir vu assez pour la journée.
 

Mais cela ne l'empêcha pas de s'apprêter en conséquence, la chemise qu'il portait disparaissant dans le néant au profit d'une longue veste blanche de coupe orientale, ouverte sur son torse ; et si son bras gauche était couvert de l'épaule au poignet, on ne pouvait en dire autant du droit, resté à nu si ce n'est pour deux bandes de tissu. Enfin, si son pantalon demeura le même, ses mocassins, eux, cédèrent leur place à de robustes mais néanmoins élégantes bottes de cuir noir lui remontant jusqu'à mi-cuisse ; en somme, une tenue bien différente de celle que l'on avait coutume de le voir porter - mais pas moins soignée pour autant, loin s'en faut.

Laisser autant de peau mate à découvert avait également pour effet quelques-unes de ses cicatrices. Car s'il eût été difficile de manquer celles lui traversant le front, ses habitudes vestimentaires faisaient d'ordinaire disparaître les autres sous quelque onéreux costume ; plus maintenant. Et tout cela dans le seul temps qu'il lui fallut pour atteindre la lumière.

Tout le monde est déjà là ? Excusez mon retard, j'ai dû m'occuper de remettre un peu d'ordre en chemin. fit-il tout en s'avançant vers les canapés mis à leur disposition, non sans avoir d'abord salué ses hôtes comme il se doit.

Ce n'était évidemment pas la première fois qu'il entrait ici - et si c'était en effet fort peu courant, ses repères n'en étaient pas perdus pour autant. Ce pourquoi il n'avait pas même envisagé le port du Surplis, par ailleurs, ayant déjà pu constater par lui-même que l'ameublement n'était guère disposé à le recevoir. Il eut tout de même été dommage de lacérer le confortable dossier contre lequel il se laissa choir de l'une de ces ailes qu'il ne savait jamais où mettre sitôt les portes passées.

Je me permets de m'installer, si vous le voulez bien. Ce qu'il fit, se renfonçant un peu plus dans le rembourrage de son siège - autant que cela lui était possible tout en gardant une posture digne. L'envie d'allumer une cigarette le démangeait, mais cela devrait attendre : tant que le mot d'ordre n'aurait pas été donné, sans doute était-il préférable de ne pas trop prendre ses aises. J'ai les jambes sciées, avec tout ça.

L’air perplexe du Printemps suite aux mots d’Hypnos eurent de quoi l’étonner également. Ce pourrait-il que l’épouse du Sombre Monarque ait plusieurs favorites pour être aussi incrédule ? Autant apporter quelques précisions quant à la personne dont il parlait, afin d’éviter quelques malentendus. Un petit sourire gêné était apparu sur les lèvres du Sommeil mais ce dernier prit la parole afin de répondre à Perséphone.

“- Je parle de Persédia, ma Reine. Répondit Hypnos en croisant les bras derrière le dos de sa cape. Sous prétexte qu’elle sous vos ordres directs, la demoiselle s’est senti pousser des ailes et a tenté d’user d’une autorité illusoire pour se faire obéir d’un nouveau spectre fraîchement arrivé. “

Il n’avait fait que la réprimander sans effusion de sang inutile, ce qui était un miracle en soi lorsqu’on connaissait les tempéraments imprévisibles des spectres. Certes Persédia l’avait mal pris, cependant elle avait su contenir son humeur avant de s’en aller. Quant à l’autre spectre, le Cait Sith s’était éclipsé également un peu plus loin dans les Enfers. Suite à cela, le Sommeil s’était assis aux côtés de son frère qu’il avait perdu de vue suite au combat contre Orion. D’après ce qu’il se passait, il avait accompagné l’épouse d’Arès en Elysion et la raison semblait grandement intéressé le Sombre Monarque qui ne tarda pas de lui demander s'il n’avait pas fait de bêtises...

Après tout, la majorité de l’entourage de Thanatos sabait pertinemment que ce dernier avait un faible pour les jolies femmes... Alors s'il était en présence d’Aphrodite en personne, qui sait ce qui ce serait dit... Fort heureusement, il semblait que le jumeau d’Hypnos se soit bien tenu et aucunes informations importantes avaient été divulguée. Tant meix ceci dit, au moins Arès ne leur tomberait pas dessus pour plus d’informations quant à ce qu’il s’était passé. Maintenant que Thanatos avait répondu au Sombre Monarque, celui-ci s’intéressa à l’apparence actuelle qu’arborait le Sommeil. Cela faisait des années qu’il n’était pas incarné en femme et cela ne manqua pas d’amuser Hadès qui lui fit remarquer que cela pouvait bien être une première pour le fils de Nyx.

“- Oh je vous prie de m’excuser pour cet accoutrement. Répondit Hypnos en posant ses billes dorées sur le maître des Enfers. En fait, il s’agit du corps de votre ancienne Prêtresse. Je l’ai privée d’enveloppe charnelle pour la punir d’avoir trahi les Enfers.”

Hypnos n’apporta pas plus d’informations quant à ce qu’il s’était réellement passé. Perséphone était déjà au courant ainsi que Thanatos un peu avant la réincarnation de son jumeau devant lui, leur conversation à propos de ce qu’avait fait Elicia lui reviendrait peut-être en mémoire. Le fils de Nyx aurait bien apporté quelques précisions quant à cette histoire mais il n’était pas sûr que cela concerne les Juges d’Hadès. Au même moment, le dernier Juge d’Hadès, Alessio du Griffon, fit enfin son entrée. Il est vrai qu’il en avait mis du temps pour arriver, cependant il ne semblait pas très dérangé d’être le dernier à se pointer dans la salle du trône, tout comme Dante en fait qui était également entré dans les derniers.

S'il affichait un air calme et posé, ce n’était pas trop le cas de Kazuki qui s’adressa à Hadès en demandant à lui parler en privé plutôt que devant ses divinités et collègues. Fébrile, le Garuda l’était toujours autant. Et s’adresser directement de cette manière à Hadès ne serait probablement pas très apprécié par l’assemblée. Si celui-ci avait été seul avec Hypnos, nul doute qu’il aurait eu une remarque pour sa familiarité assez abrupte envers une divinité. Hypnos n’étant pas le maître des lieux, celui-ci soupira discrètement alors que ses jambes se croisaient avec élégance sur son siège. La suite de cet entretien allait être assez intéressant, en tout cas.

Les quelques discussions apéritives étant maintenant termines, le Dieu des Morts tend  à développer le sujet. Le dernier conflit, avec les Saints, les Asgardiens et … Les Titans. Du moins certains d'entre eux. L'italien reste silencieux, écoutant les quelques mots du Monarque des lieux. Océanos et Styx … S'il est surpris d'apprendre pareille réaction de la part de la fille du Titan des Océans – félicitation à elle, les dieux ne sont guère surprenant, par nature, sauf quelques exceptions –, la réaction d'Océanos n'est rien de plus qu'une confirmation de ce qu'il avait pu percevoir dans les différents échanges.

Le Seigneur Hypnos est interpellé. Pour cette affaire. Nulle doute que cela finira bien par venir jusqu'à lui. Mais quelque chose de plus important saute aux yeux due la Wyvern. Qui attrape une de ses mèches sombres, la tirant légèrement, redécouvrant la couleur naturelle de sa tignasse. « Concernant la Déesse de la Guerre et de la Sagesse … Lorsque nous l'avons rencontré, mon Étoile avait déjà laissé échapper la conscience résiduelle de Rhadamanthe. Sa loyauté envers vous est allée jusqu'à défier votre autorité en se considérant comme l'unique propriétaire du Surplis. » Haussant légèrement les épaules, il croise les jambes, ne semblant réellement dérangé par l'idée de parler de cet épisode. Le Paladin des Enfers n'a plus rien d'un problème maintenant … Il a été réduit à sa plus pure existence animique.

Et cela suffit amplement pour ce qu'il compte en faire.

Posant respectueusement son regard sur les dieux suzerains de ce monde – Perséphone et Hadès –, le Spectre reprend d'une voix, naturellement nimbée de malice. « Grâce à l'intervention d'Alessio et à quelques mots bien placés, nous avons pu utiliser l'antique Wyvern au combat. À travers mon corps, certes … mais votre ordre était clair, Excellence. » Caressant la commissure de ses lèvres de son pouce, le Juge semble rechercher un instant dans sa mémoire, pour éviter de perdre l'auditoire dans des détails inutiles. « J'ai pu reprendre contrôle de mon corps en profitant d'une des attaques de votre nièce. » Pour ça, il la remercie, intérieurement. Le parasite est maintenant bien plus que silencieux.
« Suite à quoi, nous avons pu échanger encore quelques mots. Votre nièce et sœur, Majestés, tient beaucoup trop aux humains … Elle est allée, alors que nous parlions d'un être en particulier, jusqu'à abattre Sa Lumière sur moi. Athena Exclamation. » Un léger silence. Le nom de l'Attaque Divine de la Sage Guerrière a le mérite de ne passer par aucune porte dérobée.

Elle frappe. Elle détruit. Tente de purifier ce qui n'a pas à l'être.
En somme une arme de destruction.

Il hausse, à nouveau, légèrement les épaules. « J'ai dû abandonné ma carcasse, mais je ne lui ai pas fait l'honneur … » Une petite pointe d'ironie résonnant entre ses lèvres. « De mourir à ce moment-là. » L'objectif était de l'affaiblir, après tout. Car l'état dans lequel il était ne lui permettait pas de faire autre chose.

« Concernant leur alliance … Les Asgardiens survivent depuis des siècles en parasitant la présence du Sanctuaire. L'un ne va pas sans l'autre. Si le Sanctuaire venait à disparaître, je doute de la survie de ces guerriers du Nord. Ce qui est surprenant … Selon les légendes les plus vivaces du Dieu Odin, celui-ci ne se prête guère à être l'allié d'une femme comme Athéna. Du moins, comme celle face à laquelle je me suis retrouvé. »  Un des égarements entre le mythe et la réalité, sans doute.

Odin. Dieu Guerrier, oui. Dieu Sage, oui.
Dieu des morts, surtout. Serait-ce une guerre de territoire que le Suzerain du Grand Nord tente de débuter ?

À peine la réunion avait-elle débuté que Kazuki sollicitait une audience privée. Voilà qui était étonnant de sa part : depuis quand faisait-il des secrets, celui-là ? Alessio ne se souvenait pas l'avoir jamais vu ne serait-ce que tenter de cacher quoi que ce soit, hormis peut-être ses relations crapuleuses avec des représentantes de factions ennemies des Enfers.
Et même alors, le percer à jour n'avait pas été bien compliqué - surtout pour un Griffon qui, fidèle à ses habitudes, se mêlait de tout et surtout des affaires d'autrui. Il avait cependant choisi de garder ses secrets depuis - que ce soit parce qu'il n'avait pas vu d'occasion assez juteuse de les vendre ou tout bêtement pour s'épargner des représailles.

Si l'on ne pouvait pas dire que le Garuda et lui soient amis, au moins faisaient-ils en sorte de s'entendre la plupart du temps, ne serait-ce que dans un souci d'organisation. Alessio ne tenait pas à ce que ça change, et évitait donc de s'attirer ses foudres - au propre comme au figuré - sans qu'il y ait de bonne raison à cela. Entre pouvoir orienter la machine à tuer qu'il était dans la bonne direction ou se retrouver sur sa trajectoire, le choix était vite fait.

Tout cela pour dire que Kazuki n'était pas quelqu'un de subtil -ni n'avait jamais prétendu l'être, se complaisant dans un style brut de décoffrage qui faisait probablement son charme aux yeux de qui y était sensible ; chacun ses goûts. Aussi, qu'il se mette à faire des cachotteries était pour le moins déconcertant, voire inquiétant.
Aussi, s'il n'avait pas à se mêler des confidences que son confrère pouvait avoir à faire au Roi des Enfers, Alessio se promit de  le tenir à l'oeil. Certes, cette Guerre Sainte avait durement bousculé l'ordre établi de par ses proportions, mais de là à ce que même le Garuda se mette à conspirer... Rien n'allait plus. Drôle d'époque, vraiment.

Quand vint leur tour de parler, les Dieux Jumeaux se montrèrent somme toute plutôt en retrait, préférant rapporter les dernières nouvelles au Sombre Monarque que s'adresser eux-mêmes à l'audience. S'il s'assurait d'ordinaire à ne rien rater de tels ragots - si anodins qu'ils puissent paraître, on ne sait jamais quand ils pourraient s'avérer utiles -, il ne s'y sentait pas d'humeur, cette fois. Qui que soit cette Persédia, n'encourait-elle pas déjà assez de malheurs en s'étant fait mal voir d'un des enfants de Nyx ? Nul besoin d'en rajouter.

Se contentant d'acquiescer mollement aux directives du maître des lieux, le Griffon s'efforça de suivre son récit, une main soutenant sa mâchoire, le bras appuyé sur un accoudoir. Rien qu'il ne sache déjà, ou peu s'en faut - la plupart de ses lacunes concernant la façon dont tout ça avait commencé, à ce qui avait mis le feu aux poudres. Pour le reste, il avait su s'en faire une idée assez précise dans le feu de l'action.

Je suppose que laisser aux Titans une chance de se soumettre était encore trop clément. soupira-t-il, se massant la tempe du bout des doigts. Ce n'était pourtant pas faute d'avoir lui-même contribué à clairsemer leurs rangs, il n'y a de ça pas si longtemps. Il aurait pourtant cru avoir été clair, mais Océanos ne semblait pas vouloir retenir où était sa place : parmi les souvenirs. En fin de compte, peut-être était-ce encore trop bien pour lui.

Malgré tout... Je ne sais pas si nous aurions tant à gagner à nous en prendre à eux une fois de plus. Certes, ce sont eux qui ont ouvert les hostilités, mais je n'ai pas l'impression que leur présence ait changé grand chose aux cours des événements, corrigez-moi si je me trompe. Il cligna des yeux, l'or de ses prunelles brièvement traversé d'une lueur d'argent - mais il était probable que seule Perséphone le remarque, nul autre n'ayant de raison de s'y attendre.  Il ne reste déjà plus qu'une poignée d'entre eux, et ils sont aussi dérisoires qu'obsolètes : ne perdrions-nous pas plus de temps qu'autre chose à traquer le peu qu'il en reste ? Puisque le nombre de nos ennemis va croissant, je ne sais pas si nous pouvons nous payer le luxe de faire passer les nuisibles avant les nuisances.

Pris indépendamment, ce n'étaient pas Asgard et ses Guerriers qui n'avaient de Divins que le nom qui leur auraient donné des raisons de s'inquiéter, mais puisque le Sanctuaire avait fini par les prendre suffisamment en pitié pour leur faire aumône d'un soutien militaire, il allait bien falloir en tenir compte.
Ce n'étaient pas parce que la puissance des Enfers était à ce jour inégalée qu'ils pouvaient se permettre de dilapider leurs ressources sans réfléchir. Les moyens qu'ils emploieraient à faire la chasse aux Titans en seraient autant qu'ils ne pourraient destiner à un autre usage - comme abattre leur véritable adversaire.
Et tout ça pour quoi ? Tôt ou tard, ces reliques tomberaient en poussière dans leur coin par elles-mêmes. Il ne fallait qu'attendre.

Son regard erra du côté de Dante pendant qu'il laissait le temps à chacun d'assimiler ses propos et de s'en faire un avis. Il s'en était déjà fait la réflexion, mais l'entendre conter ce qu'il lui était arrivé n'avait fait que raviver ses doutes  : n'était-il pas revenu un peu trop vite ?
Après ce qu'il avait traversé, que ce soit aux mains de la déesse ou à celles de Rhadamanthe, l'on aurait pu s'attendre légitimement à ce que sa résurrection prenne du temps - quelques jours au moins. Qu'était-ce pour un Spectre ? Était-il vraiment possible de subir la fureur d'un dieu et de s'en remettre aussi facilement ?

Pour ma part, j'ai raccompagné nos nouveaux alliés jusqu'à chez eux. Sur leur invitation, bien sûr : je ne me le serais pas permis autrement. Seigneur Thanatos, - il tourna la tête dans sa direction tandis qu'il s'adressait à lui -, sachez que la jeune femme que vous avez rudoyé à la Porte se trouve être leur nouvelle prêtresse, même si la nouvelle n'a pas eu l'air de lui plaire. Cela m'a également permis d'assister à une scène singulière. C'est cette fois vers Hadès lui-même que se porta son attention. Sous l'effet de la contrariété, l'âme de Poséidon s'est éveillée pour prendre le dessus, des propres mots de son hôte, et Atlantis toute entière en a tremblé. Ce qui suggère que ce n'était pas le cas auparavant, et, même si c'était le cas, que les relations entre votre frère et son réceptacle ne sont peut-être pas aussi stables qu'elles le devraient... Ce pourrait être un problème.

C'est moi, lâcha Alessio avec nonchalance à la demande d'Hadès.

Oui, c'était lui qui avait abattu Athéna après que Dante se soit sacrifié bien malgré lui ; lui qui avait pris la relève et porté un coup fatal. Il ne servait à rien de le cacher, Perséphone ayant été témoin de la scène et de ce qui avait suivi ; puisse-t-elle le garder pour elle.
Et c'est avec la sobriété la plus totale qu'il revendiquait cette victoire, sans tambours ni trompette, sans parade ni fanfare. Sans fantaisie aucune, en fait. Ça ne lui ressemblait pas. En d'autres occasions, probablement se serait-il fendu d'une remarque, un bon mot, une quelconque facétie - mais pas là. Ce combat l'avait laissé plus là qu'autre chose, et... Pensif, oui.

Elle était morte de sa main, voilà tout ; il n'y avait rien de plus à en dire.

Un messager fit irruption avant qu'ils aient pu y réagir d'une quelconque manière - et le simple fait qu'il ait daigné s'y risquer méritait déjà que l'on flatte son courage. Conscient du sort qui les attendait si leurs raisons étaient jugées insuffisantes, peu de ses semblables auraient osé les interrompre ainsi en pleine séance ; ce devait être important.

Après l'avoir rapidement parcourue lui-même - et en avoir, semble-t-il, tiré une certaine satisfaction -, le Seigneur des Morts la fit passer de mains en mains. Les Titans, encore - et l'on ne pouvait leur retirer qu'ils avaient choisi le bon moment pour se manifester, l'assemblée infernale étant justement en train de décider de leur sort. À croire qu'ils avaient des oreilles en ces murs. Et si... ?

Remettant cette pensée à plus tard à défaut de pouvoir la chasser, le Griffon examina la missive à son tour. En effet, voilà qui ne manquait pas d'intérêt. S'il était normal de penser que les dieux d'hier ne présentaient pas un front plus uni ceux d'aujourd'hui, les Titans avaient fait bien peu pour le démontrer jusqu'alors. Un changement bienvenu, donc, à l'heure où leur extermination était une fois de plus à l'ordre du jour.

Ce n'est pas étonnant. Ce qui me surprend davantage, c'est qu'il ait fallu si longtemps pour que ça arrive. Les Titans ne sont pas plus une famille unie que ne le sont les Olympiens de nos jours... Si vous me permettez, seigneur Hadès. L'aigreur de celui-ci quant à sa famille - en particulier son plus jeune frère - n'était pas un secret, que ce soit dans les mythes ou en personne ; elle remontait au moins au grand partage... Mais peut-être était-ce là un sujet sur lequel il valait mieux ne pas trop s'attarder. Si l'instinct de survie les a incité à mettre de côté leurs anciennes querelles au sortir du Tartare, il fallait s'attendre à ce que ce ne soit que temporaire. Corrigez-moi si je me trompe, mais d'après les récits qu'on en fait, Océanos a trahi les siens pendant la Titanomachie. Or, aux dernières nouvelles, il semblait vouloir assumer une position dirigeante en l'absence de votre père... Ça ne doit pas faire l'unanimité.

Les dieux sont rancuniers, ce n'est pas un fait nouveau. Dès lors, comment s'attendre à ce que leurs prédécesseurs soient différents ? De ce qu'il avait pu en voir au moment de le renvoyer à sa prison millénaire, Alessio n'aurait pas prêté au Titan des Flots la moindre aptitude à la duplicité, mais ça n'effaçait pas pour autant son ardoise.

Le tout étant de savoir qui est à l'origine de ce courrier, et, surtout, si nous devons y croire ou s'il ne s'agit là que d'un piège grossier. Dans la mesure où une partie d'entre eux étaient enclins à accepter notre offre généreuse sans trop de mauvaise grâce, je serais tenté d'y croire, mais peut-être est-ce justement ce qu'ils attendent de nous.

Ce qui le poussait à prêter à cette lettre un tant soit peu de crédit, c'était que les Titans auraient eu tout intérêt à se faire oublier, profitant de la confusion de la fin des hostilités et des autres comptes que les Enfers pouvaient avoir à régler. En la leur adressant, ils se rappelaient irrémédiablement à leur bon souvenir - et, avec eux, tous les griefs que l'armée des morts pouvaient avoir à leur égard.
Un bien grand risque pour tendre ce qui ne saurait être guère plus qu'une embuscade. Somme toute, ne serait pas bien malin de leur part- et si l'on ne pouvait pas dire qu'ils l'aient ébloui de leur génie jusque là, le Griffon ne pensait tout de même pas qu'ils puissent être sots à ce point.

Je suppose que nous pouvons bien leur envoyer un émissaire, oui. S'il s'avère qu'il s'agit d'un traquenard, il sera toujours temps de le leur faire payer, ça comme le reste. Cependant, je suggère de ne pas tarder à le faire : ils nous ont déjà prouvé leur opportunisme. Si nous leur laissons le temps de se remettre, de trouver un nouveau giron dans lequel se réfugier, il est probable que l'on puisse faire une croix sur ce que cette personne pourrait nous apporter.

Oh, ils n'avaient pas besoin de l'aide d'une Titanide, quelle qu'elle soit - mais puisque l'occasion se présentait à eux, il aurait été dommage de la manquer... Pourvu, bien sûr, que l'offre soit sincère.
Sans surprise, ce qu'il avait à dire sur le Sanctuaire Sous-Marin - et surtout celui qui se trouvait à sa tête - lui avait valu toute l'attention de ses auditeurs. Si l'attitude de son « frère » l'avait par certains aspects interpellé lors de leur entrevue, ce n'était semble-t-il que maintenant qu'Hadès réalisait la raison de cet inconfort.Si cela ne remettait pas en cause les accords passés - du moins pas encore -, se retrouver forcés de tenir à l'oeil même leurs supposés alliés n'était pas une situation enviable.

Quant à taire cette entente... S'il en comprenait l'intérêt stratégique, le Juge doutait que ce soit seulement possible. Les différentes factions éveillées avaient toutes autant qu'elles sont eu un oeil dans cette guerre, d'une manière ou d'une autre ; nul n'ignorait que les Chevaliers des Mers étaient intervenus en leur faveur. Ils auraient beau raconter à qui voulait bien l'entendre qu'ils avaient agi de leur propre volonté, les raccourcis n'en seraient pas moins faciles à faire.

À défaut de savoir ce qu'ils pouvaient réellement espérer de leurs alliés actuels, il convenait d'en chercher d'autres, oui - mais le manque de choix parmi leurs options n'était pas de nature à leur plaire. À lui non plus, à dire vrai ; même les quelques relations qu'il avait pu entretenir chez les Berserkers au fil du temps n'avaient pas changé l'idée - peu flatteuse - qu'il se faisait de leur corps d'armée.

Est--il vraiment possible de s'en faire des alliés ? Si les Marinas ne sont pas fiables, je ne suis pas sûr qu'ils soient beaucoup mieux. Bon nombre de Berserkers valent à peine mieux que des bêtes sauvages et se battent déjà entre eux. Je doute que la notion « d'être du même côté » - ses doigts mimèrent les guillemets - ait vraiment leur place dans leurs cerveaux étriqués. Et même en admettant qu'on le puisse, je doute que nous soyons les meilleurs candidats à leurs yeux après la défaite que nous leur avons infligé il n'y a pas si longtemps. Il y a trop de passif entre nous pour seulement y songer avant de remettre les choses à plat... Et pour cela, je ne vois guère qu'une offrande.

Le silence plane comme s'il venait de proférer une insulte - car ce n'était pas loin de la vérité. Le sujet-même était sensible, de toute manière : l'idée-même de se rapprocher de quelque façon que ce fut d'Arès et ses fauves avait de quoi ulcérer la plupart des présents à elle seule.
Le vol du corps originel du Sombre Monarque, affront suprême s'il en est, était encore bien présent dans les esprits, et n'était pas près de les quitter. Que lui-même soit capable d'évoquer cette possibilité aussi sereinement avait de quoi surprendre ; se pensait-il à ce point menacé qu'il était prêt à fermer les yeux, ou était-ce quelque chose d'autre qui le poussait au pardon ? S'il y avait bien une chose qu'Hadès n'était pas, c'était un dieu de miséricorde.

Laissant à chacun le loisir de jauger sa proposition, il fit apparaître deux cigarettes du néant - une pour lui et une pour Dante, assis sur le siège voisin. La fumée avait peu de chance d'incommoder qui que ce soit, compte tenu des proportions de la salle. Son camarade tardant à s'en emparer, il finit par tourner la tête vers lui - et constater qu'il n'avait pas l'air en grande forme.
Plus blafard encore que de coutume, même pour cette nouvelle apparence, il paraissait peiner à fixer son regard sur quoi que ce soit ; des plaques d'écailles apparaissaient et disparaissaient aléatoirement à la surface des sa peau, pour ce qu'il était possible d'en voir, sans que ce soit de son fait. Si c'était encore assez discret pour qu'ils n'aient rien remarqué, malgré son mutisme prolongé, le phénomène s'aggravait rapidement.
Alessio pesta intérieurement ; il se disait bien qu'il était revenu trop vite, après ce par quoi il était passé. Il se leva prestement de son siège, faisant disparaître de sa main les deux bâtons de tabac, pour s'adresser au quatuor de divinités qui trônait face à eux.

Si Vos Majestés me le permettent, j'aimerais raccompagner le Juge de la Wyvern. Il me paraît clair qu'il ne se sent pas très bien, et je pense peu judicieux de le laisser sans surveillance.

Citation :

Si vous acceptez de l'excuser, considérez qu'Alessio disparaît immédiatement (et Dante avec).

La discussion prenait bon train et les informations semblaient abonder dans tous les sens. Heureusement pour lui, Hypnos en connaissaient déjà la plupart, cependant seule celles qui concernait le revirement des titans à l’égards des Enfers l’intéressait réellement. Etant avec eux juste avant le conflit, le Sommeil se posait encore des questions. Il y avait une dissentions parmi les reliques du passé pour que deux décident de se soumettre momentanément aux Enfers alors que deux autres s’étaient alliés à Asgard et le Sanctuaire. Le fils de Nyx avait eu vent de ce qu’il s’était passé par Rhéa lors de l’entretien avec Typhon et elle, aussi il avait promis de s’occuper du cas de Dante plus tard, sur quoi la femme de Cronos eut été d’accord. Malheureusement, cet échange s’était passé au même moment que l’arrivée d’Océanos et sa fille en Enfers. Jugeant cette information utile, Hypnos, qui était jusque-là aussi silencieux qu’une tombe, décida d’entrer lui aussi dans la discussion.

“- Pardonnez-moi de réagir seulement maintenant au sujet des titans, commanda Hypnos en s’adressant dans un premier temps à Hadès, comme vous l’avez dit, j’étais avec Rhéa et Typhon lors de la signature du traité. Ils m’ont donné vent de ce qu’il s’était passé avec Dante. Rhéa était déjà prête à signer le traité mais elle a demandé si les Enfers comptait s’occuper de Dante.”

Le Dieu aux cheveux doré se tu quelques instants, avant de reprendre :

“- Je lui ai promis de voir ce qu’il s’était passé dans la tête de Dante pour avoir provoqué la fille de Styx, surtout pour ce que ça a entraîner par la suite. Son regard obliqua sur Dante d’un air contrarié. Alors que Rhéa signait le traité, Océanos et sa fille débarquaient en Enfers au même moment que vous engagiez la Guerre Sainte.”

Hypnos s’était adressé à nouveau à Hadès pour clôturer son rapport à propos des titans. Certains dans la salle semblaient se méfier d’eux et à juste titre. Heureusement pour les titans, aucuns ne semblaient vouloir se rendre chez eux demander réparation. Rhéa avait signé le traité ce jour-là mais ni Typhon, ni elle ne l’avait honoré. Comme l’avait dit le Sombre Monarque ainsi que son frère, envoyer une délégation chez eux serait une bonne idée. Juste une visite diplomatique serait suffisante, ensuite les autorités des Enfers aviseront la suite des opérations. Bien que leur trahison évidente fût une raison suffisante pour leur faire payer, la fin de la Guerre Sainte était toujours dans leurs pattes aussi créer un nouveau conflit serait une mauvaise idée.

Thanatos se proposa pour aller faire cette fameuse visite diplomatique, ce qui fit rire son jumeau. Avait-il bien entendu la Mort, proposer d’aller discuter plutôt que se battre ? Hilarant était sa demande lorsqu’on connaissait l’énergumène... Discuter n’avait jamais été le fort de Thanatos, bien loin de là même et son jumeau le soupçonna d’avoir une autre idée en tête en proposant ses services.

“- Mon frère... fit Hypnos en souriant en coin, Je dois t’avouer que demander à aller discuter avec quelqu’un au lieu d’aller lui taper dessus me surprends un peu... Si tu ne vois pas d’inconvénients, j’aimerais t’accompagner car je crains le pire...”

Thanatos proposer de discuter était tout même comme le raisin dans une couque suisse. Une surprise assez vilaine quand on s’attend à du chocolat. Quoi qu’il en soit, il était logique dans la tête du Sommeil que ce soit lui qui mène la visite de courtoisie chez les titans puisque lui-même était celui qui avait discuté avec Rhéa et Typhon. Seulement ici, ils riaient plutôt s’entretenir avec Océanos et sa fille histoire de tirer tout ça au clair. Envoyer Thanatos dans une mission aussi épineuse était du suicide, surtout lorsqu’on savait à quel point il était impatient et colérique. Il y aurait à coup sûr un affrontement ou quelque chose, pourvu que cela ne se transforme pas en une nouvelle Guerre Sainte. Quant à Dante, pour une raison obscure, il ne semblait pas dans son assiette. Après tout il avait été tué par Athéna après s’être pris son attaque divine, Hypnos n’était donc pas étonné qu’il soit encore un peu sur les rotules. Le Juge du Griffon s’en rendit compte et décida de s’éclipser alors que les autres figures d’autorités semblaient se demander dans quels royaumes ils pourraient se rendre afin de se faire des alliés.

“- S’allier avec Arès ..? s’étonna Hypnos, un air incrédule sur le visage. Pardonnez-moi, Seigneur Hadès mais je partage l’avis de votre épouse. Aller quémander une alliance à Arès serait se mettre une épine dans le pied consciemment et après les titans, avoir des traîtres n’est pas une option envisageable.”

Et comme l’avait dit si bien Kazuki juste après, il était indigne de confiance. Se prendre le Royaume de la Guerre sur le coin de la gueule dès que les Enfers auraient le dos tourné était une très mauvaise idée, pire que d’avoir des titans avec eux. Quoi qu’il en soit, la fin de la réunion semblait se profiler au loin. Bientôt Hadès donnerait ses ordres et tous pourraient vaquer à nouveau à leurs occupations ou désignations éventuelles.