Le retour du porteur de Lumière

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Il observait la ville du haut d’un promontoire rocheux. Le vent violent faisait claquer son long manteau dans son dos. Ce bruit sec lui arracha un demi-sourire. Aspirant une bouffée de cigarette qu’il rejeta aussitôt, le jeune homme s’amusa de superposer la fumée blanche aux maisons qu’il distinguait en contrebas.
Le soleil resplendissait au sein d’un ciel sans nuages. Une bien belle matinée. La Grèce était décidément un beau pays qui pouvait parfois paraitre comme figé dans le temps. Depuis combien de siècles n’avait-il pas eu le loisir d’en contempler l’aride splendeur ? Seul Zeus aurait pu répondre à cette question.
Jetant sa cigarette d’un claquement de doigt dédaigneux, il se jeta dans le vide d’un bond.
A mi-chemin du sol, un premier cri de stupeur et de surprise retentit. Vite suivi d’une clameur montante. Les villageois le montraient désormais du doigt, terrorisés, hagards. Déployant les pans de son habit tel des ailes d’un noir de jais, le jeune homme se posa en douceur sur le toit de l’église. Faisant fi des réactions diverses des paysans, il observa longuement la croix de métal qui surplombait l’édifice. D’un geste d’une rapidité colérique, il l’arracha pour la jeter au sol.
Un sourire de prédateur ceint sur son visage aux traits fins, il dévisagea chaque villageois et savoura l’atmosphère de terreur et de superstition qui dominait l’assemblée pouilleuse.

- Vous êtes si aveugles que vous préférez adorer une idole invisible et muette plutôt que les dieux légitimes. L’Olympe n’est-elle qu’une légende à vos oreilles ? Hadès n’hanterait plus vos terreurs nocturnes ? Poséidon ne bénéficierait plus de vos prières lorsque vous sortez en mer ? Que ce monde a changé…

…

Le soleil entamait déjà sa descente vers les montagnes dans le lointain.
Le village n’était plus qu’un charnier brûlant. Des vagues de flammes obscures terminaient de faucher vies et habitations. Au centre de cet enfer, le jeune homme observait le moindre mouvement. Il lui faudrait peut-être épargner quelques habitants… Sinon, nul ne pourrait témoigner de son retour. La terreur qu’il avait inspirée jadis lui servait de carte de visite.
Un des corps les plus proches sembla bouger. Il s’en rapprocha aussitôt et écarta d’un mouvement de pied le tonneau brisé qui empêchait l’adolescente de se mouvoir à son plein gré. Le regard terrorisé qu’elle lui lança le replongea loin en arrière. Un retour aux sources délicieux.

- Qui… Qui êtes-vous ? Un démon ? Qu’avons-nous fait pour mériter ça ? Mes parents… Les villageois…

Interloqué, il lui renvoya un sourire contrit et haussa un sourcil.

- De quoi te plains-tu, belle enfant ? Je viens d’apporter le salut à tous ces gens de bien. Quelle vie misérable et dépourvue d’espoir menaient-ils… vénérant une idole creuse pour mieux dissimuler l’angoisse du lendemain. Ne souhaites tu pas connaitre, toi aussi, le repos ? La paix ?  

- Pitié… Ne me tuez pas… Pitié…

Le jeune homme dévisagea l’enfant implorante. Pourquoi donc voulait-elle à ce point vivre dans ce monde qui n’avait rien à lui offrir ? Cela dépassait sa compréhension…

- Soit. C’est ton choix. Mais tu te maudiras pour ne pas avoir saisi l’opportunité que je t’offre aujourd’hui. Une mort sans douleur comme tes parents ou les autres villageois. Va donc de l’avant, mortelle. Ma compassion t’accompagne…

Sans un regard de plus pour l’adolescente, il lui tourna le dos et s’avança le long des ruelles désertes et ravagées d’un pas lent. Tout autour de lui, les flammes sombres terminaient leur office. Plus un cri, plus une seule supplique. Juste le crépitement du brasier infernal. C’était sa façon à lui d’épargner l’humanité. Ces mortels jouets des dieux et de leurs caprices, soumis à une vie bien trop éphémère dédiée à la souffrance et à la peur.
Le Bien… Le mal… La vacuité de cette dichotomie philosophique lui avait sauté aux yeux depuis fort longtemps. C’était pour cela qu’il avait quitté les cieux et renier les enfers. C’était pour cela qu’il s’était éveillé d’un lourd sommeil. Lucifer venait sauver l’humanité d’elle-même.

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Le Bien ou le Mal?

Simple question de point de vue. -