Dans les pas de sa mère....

L'aura sombre et sinistre du dieu se fit ressentir avant même qu'il n'arrive. L'atmosphère se faisait plus froide, sans pour autant que les températures ne baissent, une frisson parcourant alors le dos de la jeune déesse. L'obscurité avançait, tel un héraut annonçant la venue de son frère, maître de l'effroi et de l'horreur, instigateur des ombres et seigneurs des spectres hantant le coeur de tout être vivant. Un vent lugubre souffla alors sur les lieux, passant entre les colonnes, tournoyant autour d'elle, l'eau adoptant la teinte de la nuit, comme pour dissimuler des choses indicibles au son sein. Puis les bêtes volantes des ténèbres, messagères symboliques de la Peur arrivèrent dans un ballet aérien grandiose. Puis de cette nuée obscure, surgit alors son frère, le terrible Phobos. 


Son aspect était celui qu'il arborait dans les temps anciens, où Phobos commençait alors à se frayer un chemin tortueux et terrible pour atteindre l'âme de ses victimes, leur faisant goûter à l'amère et froide sensation qu'est encore la Peur. Aussi grand qu'impressionnant, sa longue chevelure noire semblait comme flotter dans les airs, contrastant avec sa sinistre pâleur blafarde agrémentée d'une barbe mi soignée, mi négligée. Il avait un air presque sauvage, sa musculature témoignant de sa force et ses gestes de son habileté, le tout teinté d'une certaine noblesse. Il se baissa alors, et prenant avec soin la main de sa soeur,  y déposa un baiser sincère. 


"Quel plaisir de te revoir parmi nous, Harmonie!" 


Se redressant, il la détailla d'un regard curieux, mais satisfait. 


"... Tu as bien changée depuis notre dernière rencontre. Je dois t'avouer que je te préfère ainsi! Et puis, tu sembles te porter à merveille désormais!" 


Phobos n'avait pas oublié que sa soeur avait été blessée par une entité mystérieuse. Celle ci avait d'ailleurs intérêt à rester discrète et éviter de croiser le chemin du dieu de la Peur, car il se montrerait alors impitoyable envers elle pour ce qu'elle avait osée faire à Harmonie! 

Soudain, ma peau frémis car un froid particulier se fit sentir dans les environs. Naturellement, mes bras se referment, frictionnant mes épaules. Je connais très bien cette sensation, je ne pensais pas qu’il viendrait directement m’accueillir. Je trépigne d’impatience et la sensation de froid s’accentue glissant le long de mon dos, saisissant le creux de mes reins. Mon visage s’illumine lors que le vent lugubre souffle dans mes cheveux. Ma combinaison de cuir jure avec l’obscurité qui s’étende dans la plaine, je deviens une cible parfait, mais est-ce vraiment moi la proie ? Tendant les bras vers les messagères de la peur, tournant sur moi-même, dansant avec elle et riant à gorge déployée, j’étais heureuse. Il venait pour moi, et moi seulement.

Ma danse s’arrêta brutalement, il était là en face de moi. Enfin !
J’avais encore la tête qui tourne. Il avait cette apparence que j’affectionnais tant, celle des rois des temps anciens, un mélange de sauvagerie avec une touche de civilisation. Face à lui, je me sens fragile et faible, ma silhouette de guerrière ne rivalisait pas face à sa carrure de géant.  

Un baise main, c’est ainsi que tu l’as joue, je suis un peu déçu, cela contraste avec ton coté sauvage, néanmoins je rougis, je deviens de la même couleur que ma combinaison de cuir. J’observe le moindre de tes traits, et je vois ton regard couler sur moi. Tu sembles satisfait, et tu le confirmes, je n’attendais que cela. D’un bond, je te saute dessus, enroule mes bras autour de ton cou, mes jambes autour de tes hanches, et mes lèvres se collent contre les tiennes. C’est ma provocation habituelle, tu n’as pas le temps de comprendre, ton souffle est coupé, et cela ne dure qu’un court instant. Le collier autour de mon cou commença à me bruler la peau alors je relâche mon étreint pour retourner sur le sol et éviter que tu sois maudit.

Il est vrai que cette apparence est …..mieux, plus apte à se défendre… plus……Contente qu’elle te plaise.

Un clin d’œil en direction de mon cher frère, je n’ai aucun envie de lui raconter mes soucis. Il est vrai que j’avais testé autre chose. Mais depuis que j’avais été blessé par une étrange entité, je m’étais aperçu que le corps d’un enfant de 8 ans n’était pas le meilleur choix. Heureusement que j’avais un plan de secours qui n’est autre que ce corps magnifiquement sculpté.

Toi aussi, tu sembles en pleine forme

En disant cela, mes doigts se déplacent sur ces abdos. Puis je te repousse pour regarder vers l’horizon.

Père est ici, mais je crois que mère aussi ….
On pouvait entendre de la tristesse dans cette phrase, je n’avais pas envie de les voir, enfin je n’étais pas sûr.

Si cela était possible, Phobos aurait bien blêmit face à la réaction aussi spontanée que chaleureuse de sa soeur. Il en aurait presque rougit, si il n'était pas si déconcerté, ayant oublié à quel point Harmonie pouvait être... Elle, tout simplement. Pris de court, il ne sut comment réagir. Il était vrai que les démonstrations d'affections étaient loin d'être son fort, pour le malheur de sa Soeur mais également le désespoir de sa Mère. C'était tout de même le comble pour la déesse de l'Amour d'avoir enfanté un être aussi ... froid et rigide que pouvait l'être Phobos. Si Arès se laissait souvent emporter à ses sentiments mais aussi aux plaisirs dépravés et charnels avec grande joie, tout comme Zeus en son temps, ce n'était pas le cas de la Peur, le jeune dieu préférant rester distant, par nature ou par envie difficile de le dire, et énigmatique sur ses sentiments. Car pour être né de la Guerre et de l'Amour, il ne pouvait qu'en avoir, mais de là à les exprimer, les assumer, ceci était une autre histoire. Quoiqu'il en soit, le Maître de l'effroi et des ombres s'était comme figé tandis que la jeune déesse s'agrippait à lui, l'emprisonnant entre ses bras et ses jambes. Les lèvres d'Harmonie se posaient sur les siennes pendant qu'il ressentait la douce chaleur de son corps contre le sien. Cela dura un court instant, Harmonie le libérant de son emprise rapidement, répondant alors à son commentaire. 


"Hum... Oui effectivement. En tout cas, je constate que tu es parfaitement à l'aise avec cette nouvelle incarnation. C'est une bonne chose, je crois..."

Harmonie avait le chic pour le mettre mal à l'aise. Habituellement, c'était plutôt lui qui intimidait ses interlocuteurs, qu'ils soient divins ou mortels, cela ne faisait à la fin que peu de différence pour le dieu qu'il était. Mais c'était tout de même autre chose avec Harmonie. En tout cas, elle était là, et même si il ne le manifestait que froidement, cela l'emplissait de joie. Restait à retrouver son frère, et leur fratrie serait au complet. La main de sa jeune soeur, posée alors sur son torse, le repoussa tandis qu'elle le détaillait, visiblement réjouie de le retrouver ainsi. Mais la joie d'Harmonie se dissipa quelque peu, comme si un nuage venait d'obscurcir la lumière de son coeur tandis qu'elle réalisait que leurs parents étaient présents. Il est vrai qu'Harmonie avait quelques tensions avec eux. 


"Artémis également. Cette dernière s'est éveillée il y a peu, et il semblerait que la déesse de la lune n'a pas encore complètement émergée de son long sommeil." 


Le commentaire de Phobos s'était fait quelque peu sec, et amer. Il n'avait pas encore digéré son comportement mais surtout, surtout, ses premières décisions. Le fils d'Arès était certes, un peu trop porté sur le protocole, mais savoir l'olympienne aller à la rencontre des poussiéreux et désuets titans plutôt que des siens, cela l'avait passablement irrité. Se rapprochant dans le dos de sa soeur qui fixait encore l'horizon, il passa son bras de sorte à l'entourer, l'enlaçant ainsi avec délicatesse et fermeté. 


"Inutile de rester ici plus longtemps, ce lieu ne te convient guère, chère soeur!" 


Puis il disparu, l'emportant avec elle dans un envol majestueux et lugubre, un vent froid tourbillonnant autour d'eux tandis que les ombres virevoltaient, accompagnant alors la Peur et l'Anarchie dans le royaume de la Guerre!

=> Château de Phobos