Là où tout a commencé... une fois encore

Tant de choses se sont produites ces dernières années... Quand s'est-elle écartée des voix divines au point de devenir aussi stupide et ridicule que la première humaine rencontrée au bord de la route...
Que de temps perdu à rêvasser, que de longues périodes de doutes, de craintes et de honte. La trahison de l'être aimé jusqu'à s'enfoncer dans des ténèbres bien pires que celles qu'elle côtoie depuis tant de millénaires. Tout ça pour quoi... Tout ça pour qui...

La Reine des Enfers fixe la large étendue d'eau sanguinolente d'un regard plat. C'est ici que tout a commencé. Ici la première fois que son humaine et Alessio commencèrent leur petit jeu de séduction qui finit par éteindre l'âme du Printemps en un hiver morne et rigoureux. Jusqu'à il y a encore quelques semaines, cette idée ne cessait de tourner en boucle dans son esprit.
Comment... comment cela avait-il bien pu se produire. Elle avait beau y avoir pensé des heures durant, aucune explication, aucune raison plausible, logique ou concevable, ne pouvait l'expliquer.

Mais aujourd'hui tout cela appartient au passé.
Dans un sourire délicat, le visage lunaire de Perséphone s'élève vers les ombres qui l'environnent. Son regard aux reflets violins fixent ces espions qui se meuvent dans le plus parfait silence. Le Juge a toujours adoré espionner son monde. Certains endroits des enfers ne peuvent être foulés sans qu'il ne le sache instantanément, fidèles que sont ses petits serviteurs. Fut une époque, comme elle avait pu les haïr, à être toujours sur ses talons comme s'ils estimaient sincèrement que la Déesse ne pouvaient en repérer la présence. A moins que cela ne soit fait exprès, pour rappeler sans cesse à la divinité qu'il est et sera toujours présent. Ce serait bien son genre... Mais aujourd'hui... tout cela est derrière elle.

Léger est le sourire qu'arbore son visage alors qu'elle les contemple à leur oeuvre, tapis dans les plus petits recoins du Lac de sang. Aujourd'hui elle les affronte, tout comme elle affrontera Alessio sans sourciller quand elle croisera sa route. Car aujourd'hui, nulle fraction d'âme, nulle pression sur son esprit, nul envoûtement n'emprisonne son coeur. Aujourd'hui elle a retrouvé ce qu'elle avait trop chèrement perdu. Et aujourd'hui, rien ne l'en détournera. Ni lui, ni personne.

(c) Codage par Asmareth pour Never Utopia

Un souffle de vent si léger qu'il en est à peine perceptible. Un murmure aussi limpide que l'eau claire s'écoulant sur la roche. Une présence connue, une âme déjà rencontrée il y a peu, peu pour elle, peu pour ceux qui connaissent l'éternité, qu'elle soit heureuse ou douloureuse.

Sans se tourner vers la nouvelle venue, Perséphone lève le menton vers le ciel sombre en fermant les yeux, comme si elle cherchait quelque chose, comme si elle réfléchissait. Cela dure un temps assez long, puis, finalement, un délicat sourire se dessine presque imperceptiblement sur ses lèvres alors que sa voix souffle, d'une voix légère.

Dans un froissement de tissu, la Reine se tourne vers son spectre, genoux en terre. Durant de longues secondes elle ne dit mot, alors que ses iris brillants la fixent avec attention. C'est l'une de ses habitudes, que chacun n'apprécie pas forcément d'ailleurs, humains comme divins, de sonder son interlocuteur un long instant avant de prendre la parole.

Elle achève ces quelques mots dans un sourire aimable, ses paupières d'albâtre se fermant l'espace d'un bref instant. Lorsqu'elle rouvre les yeux, ses iris aux reflets violins se posent sur le Papillon des Enfers qu'elle observe encore quelques secondes sans mots dire.

Bien que ces mots soient formulés avec une douceur incontestable et une amabilité certaine, il est plausible de se demander ce que renferment exactement les propos de la Reine. Simple souhait de ne plus la voir disparaitre, ou... mise en garde.

(c) Codage par Asmareth pour Never Utopia

Un sourire amusé étire la commissure des lèvres de la Divine. Se justifier ? Quelle idée. Heureusement qu'elle n'avait pas prononcé de telles paroles au Sombre monarque ou, pire finalement, aux Dieux jumeaux. Elle l'aurait regretté sans doute amèrement.
Mais aujourd'hui peu importe. Aujourd'hui sonne le glas de son retour aux Enfers et certains... vont s'en apercevoir bien vite lorsque la cloche vrillera leurs tympans jusqu'à ce qu'ils défaillent.

Perséphone délaisse la surface ondulée du Lac de sang un temps, posant un regard attentif sur le Papillon des Enfers.
Elle ne se souvient pas vraiment de la nature de son dernier corps et cela lui est parfaitement égal à vrai dire. Cependant elle constate que celui-ci est fort joli. Un avantage certain, dont elle se rendra rapidement compte, pour peu que ça ne soit pas déjà le cas.

Elle prononce ces mots d'une voix basse, dans un sourire. Parfois elle se demande comment sa soeur a pu s'auto-investir sauveuse de l'humanité. Il suffit de leur souffler dessus pour qu'ils tombent en poussière... Quel travail fastidieux, voire inutile car ils sont tous condamnés à mourir d'une façon ou d'une autre un jour, c'est dans leur nature.

Dans un geste aérien comparable au déploiement des ailes colorées de sa spectre, la Déesse lève le bras en direction de Myu.

Une lueur se dégage de la paume qu'elle ouvre en la portant dans sa direction. Un petit paquet se trouve au creux de sa main, composé de feuilles d'un vert olive rappelant les prémices du Printemps.

Un sourire amusé se dessine sur son visage lunaire alors qu'elle repense à l'expédition punitive qu'elle avait envoyé mener Thanatos sur son traitre de frère Arès. L'une des plus belles déculottées qu'il ait subit, sans le moindre doute. D'ailleurs il devait lui en vouloir à mort pour cela, mais qu'importe il l'avait bien cherché.

(c) Codage par Asmareth pour Never Utopia

La Reine agite la main comme si ces pilules n'étaient rien. Ce qui, en définitive, est la réalité. Pour le Printemps, ce genre de traitement est très facile à réaliser. N'est-elle pas la maîtresse de tout ce qui pousse en cette saison et de la croissance des plantes ?
Alors certes, ce n'est pas un remède miracle, mais cela aide bien malgré tout.

Perséphone, à force d'observer son interlocutrice, ne peut pas ignorer le mal aise et la gêne qui enserrent la poitrine de Myu. Sans pour autant montrer sa satisfaction, c'est un comportement qu'elle apprécie, chez les spectres évidemment, mais en dehors des Enfers surtout.
Seul un imbécile n'adopte pas la tenue adéquate élémentaire en présence d'une divinité. Les gants que prend sa jeune spectre indiquent qu'elle a assez de jugeote pour savoir qu'il vaut mieux marcher sur des oeufs en présence des divinités, particulièrement infernales qui plus est. Bien qu'a priori, il n'en soit pas besoin à cet instant précis.

Répond-elle dans un léger sourire à l'évocation de Setesh.

Réflexion fort à propos étant donné l'endroit où elles se trouvent et qui regorge de cadavres à tous les coins de cailloux.
Reportant son attention sur le Papillon, Perséphone lève les yeux d'un air songeur. Y aurait-il eu d'autres guerres pendant son absence ?

Elle n'en dira pas plus. Setesh portant toujours sa marque, s'il venait à lui arriver quoi que ce soit elle serait la première au courant. Peut être a-t-il rencontré des déconvenues durant son absence, c'est tout à fait son genre et comme elle avait renoncé à une part de son essence divine, la connexion n'était plus telle qu'elle l'était. Mais aujourd'hui, quoi qu'il en soit, il allait bien. Reste maintenant à savoir où le petit bougre se cache...

(c) Codage par Asmareth pour Never Utopia

Un sourire amusé étire les lèvres rosées de la Divine. Il est certain que la discrétion n'est pas l'apanage de Setesh. Mais c'est aussi pour cela qu'elle l'a toujours apprécié. Au moins on sait toujours à quoi s'en tenir avec lui.
D'ailleurs... elle se demande ce qu'est devenu le "cadeau" qu'il lui avait offert après être revenu de son combat contre les étonnantes sandales d'Hermès. Qu'a-t-on fait de cette bête... un chameau ou un dromadaire, elle ne sait plus trop...

A l'évocation de cette bataille, Perséphone en ressent encore aujourd'hui une intense satisfaction. D'ailleurs, il faudra qu'elle aille voir ce cher Thanatos pour savoir comment s'est déroulée la petite purge qu'elle lui avait confiée. Bien, fort probablement, mais un petit compte rendu s'impose.

Lorsque le Papillon évoque la Wyvern, le regard du Printemps se pose sur sa spectre. Comme ça les trois juges sont donc au complet... Cela faisait bien longtemps que ça n'avait pas été le cas. A son départ le Juge n'était pas encore incarné. Il va falloir qu'elle s'enquiert de qui endosse désormais ce rôle.

Lorsqu'elle prononce le nom du Griffon, la Reine sent comme une décharge électrique de bien mauvais aloi lui traverser le bras et remonter jusque dans son épaule. Elle n'en montrera rien, mais la simple évocation d'Alessio reste une contrariété.

Faisant une courte pause avant de poursuivre, la reine lève les yeux vers le premier Shadow qu'elle aperçoit. Elle le fixe d'un regard noir, comme si elle le mettait au défi d'aller tout répéter à son maître en bon chien chien qu'elle est.

A première vue, il parait assez évident que la Déesse ne porte pas vraiment le Griffon dans son coeur. Elle n'en expliquera pas les raisons, évidemment. Hadès seul est au courant, et cela est déjà assez fâcheux comme ça.
Les mots sont prononcés sèchement d'une voix grave, appuyant ce qu'elle pense du spectre.

(c) Codage par Asmareth pour Never Utopia

Perséphone acquiesce en silence. Au final, Myu fera comme elle l'entend. Elle aura prévenu, maintenant à elle de faire ses propres choix et... d'en subir les conséquences.
Ainsi Setesh n'est-il pas en Enfers... Peu importe pour l'instant, elle n'a pas besoin de lui de manière urgente. La discussion qu'elle souhaite avoir peut largement attendre.

Alors que le Papillon des Enfers se retire, le regard de la reine se pose brièvement sur la surface du lac de sang. Et bien que tous les liens qui la rattachaient au Griffon soient irrémédiablement détruits, elle a tout de même cet étrange besoin de faire ses adieux.
Comme la page d'un livre qui se tourne juste avant qu'on ne le repose sur son étagère car il n'en bougera jamais plus.

C'est donc sans l'ombre d'un remord, sans le plus petit regret, que Perséphone s'éloigne du domaine qui s'est vu confié tant de secrets, à son corps défendant.
Car il est maintenant temps de reprendre les priorités là où elle les a laissées. Retrouver son éternel époux, étant la première et l'ultime, dans un sens.

(c) Codage par Asmareth pour Never Utopia