Sur le pas de porte

Le destin des Titans, de ces deux là du moins, était scellé. Demain, ou au siècle prochain, ils expieront leurs paroles impies. Ils apprendront à implorer avant de sortir leurs misérables têtes des régions les plus sombres et les plus cruelles du Tartare. Dès qu'elle en aurait l'autorisation, Siléa veillerait personnellement à leur destruction.

Sur ces doux rêves de combats et de carnage, la Bahamut s'envola à la suite de l'Unique. Pas un instant elle ne songea à L'interroger sur Ses plans. Ce qu'elle voyait, ce qu'elle comprenait, devait être et était suffisant pour transmettre la Parole au reste des Berserkers.
Et comme elle l'avait compris lors de l'incident avec Zyss, ces Berserkers ne la connaissaient pas encore. Plutôt que de partir à nouveau seule, comme lors de son raid en Irlande qui l'avait amenée à combattre un Juge, la guerrière choisit de consacrer son temps libre à la formation des autres soldats.

Ce fut donc avec un plaisir d'autant plus grand qu'elle atterrit à Spartes. Là se trouvaient Ludwig, qu'elle avait déjà pu rencontrer brièvement et dont elle appréciait beaucoup la tournure d'esprit, ainsi qu'une jeune femme qui lui était inconnue, revêtue d'une cuirasse.
Tout le temps où Arès resta visible de Ses soldats, après avoir donné Ses ordres, Son héraut demeura agenouillée. Lorsqu'Il fut hors de vue, elle se redressa et laissa planer son regard sur ses deux compatriotes, remarquant l'attitude similaire du Nosferatu. Seules la sévérité et la rigueur d'un colonel qui apprécie la discipline se lisaient dans ses yeux. Rien n'aurait permis à Ludwig de deviner l'estime qu'elle commençait à lui porter, si ce ne fut un rapide rictus et un hochement de tête approbateur en recevant le compliment qu'il lui fit.

"Je compte sur toi pour semer la tempête ainsi que la crainte de notre roi et de Ses fils à mes côtés."

Avant de se retirer et rejoindre son seigneur, Ludwig réprimanda la mystérieuse troisième personne sur le respect des supérieurs. Ainsi, il l'avait présentée et Siléa appréciait qu'il lui épargne cette peine.
Elle laissa quelques temps peser un regard scrutateur sur Morrigan. À son cosmos, à sa cuirasse, à son attitude elle estima qu'il s'agissait d'un maître d'armes. Attendant que celle ci se présente, elle la jaugea. Il lui semblait sentir, dans son cosmos, quelque chose de différent au commun des Berserkers, sans pouvoir dire quoi.
Siléa hocha la tête. Tant qu'à rester un moment avec cette guerrière, autant mettre ce temps à profit.

"En attendant le retour de Sa Majesté, entraînons nous. Et si cela correspond à ton style de combat, je peux t'offrir de t'apprendre la glace ou la foudre."

Le héraut était consciente qu'il ne servait à rien de se montrer tyrannique en toute circonstance. Pour une fois ce n'était pas un ordre qu'elle avait donné, mais une proposition pour la seconde partie de ses propos. Si l'entrainement était indiscutable, elle accepterait un refus quant à l'élément si cet apprentissage pouvait être contre productif.

Un rictus étira un instant les lèvres de Siléa. Peu lui importait de savoir à qui s'adressaient les dernières paroles de Morrigan, elle les prenait pour elle. Un prédateur, c'est bien ainsi qu'elle se percevait. Un dragon qui pourchasse et déchiquette tous ceux qui refusent de se soumettre à l'Unique, qui pourchasse et détruit pour son propre plaisir. et pas pour survivre, non... Mais pour voir la proie fuir, supplier, se révolter, et enfin être anéantie dans toutes les règles de l'art.

Siléa fronça les sourcils. La maître d'armes disait reconnaître son infériorité et pourtant tout dans son ton, sa posture,
indiquait qu'elle ne voyait en sa supérieure qu'une simple aînée plus expérimentée. Comme si le héraut ne pourtait en elle aucune parcelle de l'autorité de leur dieu, dont elle transmettait la Parole. La maître d'armes accepta l'entraînemen, mais elle se permit de faire remarquer que le lieu ne lui semblait pas approprié. Pourtant, peu importait à la spartiate qu'une personne extérieure puisse les voir se battre.
Elle poussa un soupir d'amusement. Les personnes à la tête dure ont le crâne plus solide.

Elle soutint avec agacement le regard effronté de Morrigan. Elle savait qu'en un tel moment, avec une telle personne,
réagir comme elle l'avait fait avec Zyss serait une erreur. Elle se contenta alors de charger tout son regard de la froide et lourde autorité qu'inspiraient sa cuirasse et son rôle. Elle dévisagea Morrigan avec le même regard inquisiteur que celui de l'amiral qui passe en revue ses troupes et cherche la moindre faute sur leur uniforme.
Ainsi, Morrigan était une sorcière. Cela pouvait être un apport intressant aux troupes comme un élément perturbateur à surveiller. Siléa se félicita de pouvoir l'évaluer pendant l'entraînement. Puis elle ft un sec hochement de tête: le choix d'élément était sensé.

Après un long discous, Morrigan se présenta. Siléa se contenta de hocher à nouveau de la tête. Contrairement à Morrigan,
elle préférait dire un minimum de mots portant un maximum de sens. Même si elle savait parler et envoûter des foules de civils, agir en stratège et monter des plans, elle préférait de loin agir.

"Bien, allons y."

Elle se mit en route vers un domaine plus adapté à l'entraînement.

/// AILLEURS

Ailleurs !