Vous ne passerez pas ! (ou peut être que si...) [FB Phobos]

Elle a rengainé son... euh... c'était quoi au juste son arme ? Enfin peu importe...
Elle n'a pas voulu se battre. Elle a rebroussé chemin. Théosia n'aura pas dit un seul mot. Lentement la guerrière d'Odin s'était éloignée. Son pas n'était ni assuré ni pressé. La crainte d'une attaque dans le dos n'était pas assez présente pour qu'elle ne se retourne, mais l'assurance que rien ne lui arriverait n'était pas assez vivace pour que son attention ne soit pas focalisée sur ce qui l'entourait.

Pourtant rien ne vint.

- Elle ne veut pas me recroiser... Dit-elle en levant le nez vers l'ourson d'un air songeur.

- A côté de ça ce n'est pas très étonnant mon enfant... Fait remarquer l'ourson en replaçant son oeil tombant pour la 3ème fois.

- Ah tu penses...? Pourtant j'ai été plutôt gentille... non ?

Le nounours garde le silence quelques secondes, semblant se demander de quelle manière il pourrait tourner sa réponse de manière à la rendre la plus compréhensible possible.
Non pas que la jeune fille soit dénuée d'intelligence... disons que la forme que revêt son intelligence est... particulière.

- Tu as une manière bien à toi de communiquer avec le monde. Il faudra t'y habituer. Tu mets les humains mal à l'aise. Explique-t-il posément en jetant des coup d'oeil autour d'eux.

- Hum... ok.

Si certains s'enveloppent de complexité, il est certain que ça n'est pas le cas de Théosia.
Prenant pour argent comptant ce que lui dit l'ourson défraîchi, elle n'en demandera ni n'en attendra plus.

L'atmosphère des lieux tomba drastiquement. Une brume fit son apparition, rendant l'entrée du royaume aussi inquiétante et sinistre que celle des Enfers. Le silence pesant qui y régnait restait comme il l'était, froid et lourd. De simples mortels n'auraient pu rester sains d'esprits dans de telles conditions. La folie, la panique, et l'angoisse les auraient pris à la gorge, comme des loups affamés qui auraient trouvés une proie. Mais ici, la jeune fille était tout sauf une simple mortelle. Elle savait qui annonçait sa venue, et cela devait la ravir. Après tout, elle avait grandie aux côtés de la Peur. Au grand dam de son frère, Phobos avait relevé un potentiel des plus intéressants au sein de cette enfant, et c'est ainsi qu'il l'avait pris sous son aile, l'éduquant d'une façon bien spécifique. En tant que berserker, elle était un soldat d'Arès, certes, mais il aurait été plus logique de la considérer comme étant celle de Phobos. 

La brume se souleva et des ombres une forme s'avança à travers elle. Ainsi surgit des Ténèbres celui qui était en un sens son père. Cette relation était unique, aucun des autres serviteurs de la Guerre ne pouvant se vanter d'avoir de tels rapports avec le fils d'Arès et d'Aphrodite. Sa voix d'outre tombe brisa alors le silence glacial, d'où l'on pouvait relever une pointe d'amusement.

S'approchant de Théosia, il posa sa main sur tête, puis faisant redresser celle ci, il la regarda droit dans les yeux. Sa pâleur effrayante et son regard acier aurait fait plier n'importe qui d'autres, mais pas elle. Et cela fit naître l'esquisse d'un sourire à Phobos. 

Lorsque l'on est une femme, quel que soit son âge, du moment que l'on est doté d'un tant soit peu de raison et de finesse, il y a des choses que l'on sent arriver. Théosia a peut être l'air d'avoir 15 ans, 17 ans tout au plus, cet air restera comme le reste, une image renvoyée telle qu'elle la souhaite.
L'atmosphère n'a pas encore changé qu'elle le sent approcher. Il se dirige droit vers elle. Comme toujours il sait où la trouver, il a toujours su, depuis le premier jour.

Un délicat sourire illumine cette frimousse d'ange, si l'on arrive à faire abstraction de ce regard glacé et de cette aura pour le moins... dérangeante, à ce qu'on lui a dit.
Un sourire qui s'élargit au gré de l'aura du Maître qui s'approche, prend de plus en plus d'ampleur. Et si elles ont beau avoir la même odeur, jamais elle ne se rapprochera de la sienne. Elle l'a compris depuis fort longtemps et ne cherche d'ailleurs pas à l'égaler. Pourquoi perdre du temps en une quête parfaitement impossible ? Non... nulle besoin de l'égaler, tant qu'elle s'en délecte.

- Maître ! Tu m'as manqué ! S'exclame-t-elle alors qu'ils ne se sont quittés que depuis de brèves heures.

D'un bond de puce s'extirpant de son buisson, la jeune fille quitte son rocher tout sec et atterrit aux pieds de la Peur. Son sourire s'affadit brièvement alors que son index se pose sur sa lèvre inférieure.

- Hum... je monte la garde... enfin je crois. Lance-t-elle d'un air songeur, ne semblant pas vraiment convaincue par ses propres paroles.

Electrisée par cette main trônant au sommet de son crâne, Théo prend le temps de répondre à son Maître. Rassemblant toutes les informations données par la créature bizarre qui était restée le temps d'un songe, la mémoire de la jeune fille se mêle rapidement à celle de l'ourson toujours juché sur son épaule.
A eux deux, il convient de les qualifier de mémoire complète. Si quelque chose échappe à l'un, il n'échappera pas à l'autre.

- Oui... Miria, humble guerrière d'Odin. C'est ainsi qu'elle s'est présentée. Une humaine venue soutirer un maximum d'informations sur les terres de sa Majesté. Combattre une gamine ne fait pas partie de ses prérogatives. Elle ne sait pas qui tu es... récite-t-elle d'une voix monocorde presque robotisée, avant qu'un commentaire tout théosien ne soit lâché...la crétine... Puis elle retrouve ce timbre étrange et poursuit. Elle s'enhardit d'affirmer que la peur permet d'apprendre de ses faiblesses mais elle la ressent nettement, bien qu'elle ne la gère pas trop mal. Elle a voulu savoir mon titre et mon lien exact avec les armées de sa Majesté. Elle n'en aura rien su. Elle a cru que je la rabaissais. Elle a dit que la réputation du Maître ne devait pas être assez efficace pour parvenir jusqu'aux terres de son dieu. A cet instant le regard de la jeune fille s'illumine d'une aura aussi noire que le tréfonds des enfers. Elle paiera pour cela. Puis cette étrange sensation morbide disparait et le ton monocorde reprend ses droits. Je ne savais pas si je devais me battre. Donc j'ai demandé à Teddy qui a dit que c'était pas une idée brillante. Elle m'aurait vaincue, oui. Mais je m'en fichais, j'aimerais bien voir les enfers. J'avais peur que tu sois contrarié, alors je lui ai demandé "on se bat ?". Elle a dit qu'elle avait des ordres. Qu'un combat ne mènerait à rien. Qu'elle avait sans doute de la chance d'être tombée sur moi et pas sur un autre. Expérimentée mais pas puissante, a-t-elle dit. Elle a souhaité ne plus jamais croiser notre route, à Teddy et moi. Elle est partie.

Le regard de Théo se détache du vide qu'il n'avait cessé de contempler pendant son récit, pour le poser sur Phobos d'un air perplexe.

- J'ai mal fait ?

Un sourire inquiétant et amusé apparu sur son visage. Il ne s'était ainsi pas trompé concernant la provenance de la guerrière du Nord. Et cette rencontre avait apparemment laissé un goût amer à sa petite protégée. Il était vrai que les Asgardiens, soumis à des conditions de vie des plus rudes, avaient appris à côtoyer la peur et à l'exploiter comme rarement d'autres peuples y arrivaient. C'est pour cela qu'ils intéressaient le fils d'Arès. Il était monnaie courante que le royaume d'Asgard était plutôt protectionniste et davantage enclin à se refermer sur lui même au lieu de s'ouvrir aux autres contrées. Les divinités locales ne voyaient d'un bon oeil les dieux grecs, et Phobos savaient qu'ils n'étaient pas une exception. Sa main froide caressa la tête de Théosia.

Le visage de Phobos devint plus grave, plus strict et plus froid encore.

Le sourire inquiétant de Phobos refit son apparition, un sourire carnassier et amusé par la situation qui risquait de se produire.

Phobos était curieux de voir ce qui était advenu des terres d'Odin. Celles ci avaient dû être en première ligne lors de l'apparition des créatures abjectes dont le fils d'Arès recherchaient les survivantes afin de les massacrer de ses mains. Et par la même occasion, il allait pouvoir s'intéresser de plus près aux seigneurs des glaces. Ils souhaitaient des informations sur leur royaume, et bien soit, lui aussi était curieux. Peu après le départ de Théosia, Phobos ferma les yeux, étendant sa conscience aux ténèbres environnantes. Plus personne ne se trouvait dans le royaume d'Arès hormis lui. Lui et les créatures des ombres. Ces dernières seront suffisamment inquiétantes pour faire tressaillir les mortels qui auraient le malheur de s'égarer jusqu'ici... et si attaque il venait à avoir ici, il ne serait pas difficile de retrouver les coupables et les châtier comme il se doit. Une brume épaisse et opaque entoura le maître des ténèbres pour l'emporter vers le froid territoire d'Asgard.