[a supprimer] Braco - Maître d'Arme de l'Epée

Fils d’un soldat français et d’une veuve italienne, Braco grandit à La Rochelle, où les hommes des plaines croisent ceux des mers. De son paternel, il reçoit peu, il n’est qu’une image de force et de bravoure. Sa mère, aimante et dévouée corps et âme, lui donnera tout.

A l’adolescence il travaille sur les docks, et c’est ici, parmi ces travailleurs robustes, que son pouvoir se révèle. Lors d’une rixe avec un salopard d’armateur, il est à terre et sous la menace d’une dague. Désespéré, il ferme ses doigts sur la lame, qui soudain s’enflamme et brûle la main de l’armateur devenu fou. Dès lors, chacun va se faire son opinion sur cette histoire, d’aucuns croyants dur comme fer à une magie démoniaque. Braco, lui, ne peut pas se mentir à lui-même, il ressent bien ces flammes qui montent chaque jour en lui, cet invisible que ses yeux se montrent capables d’observer parfois. Sa volonté allume des torches, des brasiers de caisses en bois pour réchauffer les hommes en ce début d’hiver. Sur les docks, son pouvoir n’est plus un mystère, et les sentiments sont partagés entre la crainte et l’admiration pour ce jeune garçon qui ne cache pas ce don surnaturel. Et puis la rumeur fait son office, l’Eglise aussi.

Encordé à sa mère sur le bûcher, il entend la haine de tous ceux-là, en communion sur la place publique. Le cul-béni fait ce qu’il faut pour galvaniser la foule, elle n’a maintenant plus le moindre doute, elle est dans son droit, car cette femme est fille de la Bête et ce garçon son élu. On fait naître le feu de l’enfer à leurs pieds, sa mère tousse, sa jolie mère, pure et belle. Et les flammes viennent lécher leurs chevilles, bientôt elles sont partout, masquent les haineux, alors il la sert contre lui, pleure contre elle. Et puis les cris de sa mère, jamais il n’a entendu ça, jamais il n’a ressenti telle douleur chez quelqu’un, et pourquoi lui ne souffre-t-il pas ? Pourquoi il ne se sent pas brûler ? Braco enrage et ses larmes s’assèchent, s’évaporent soudainement. Alors il devient son propre bûcher, foyer d’un feu bleuté, qui vient mordre la foule qui s’écarte paniquée, et sa rage enfle, gronde sourdement, avant d’exploser...

Pendant un an il marche, dans le nord du pays, à l’est, au sud, mais plus jamais à l’ouest. Il apprend à mieux maîtriser son pouvoir, et à conserver son secret. Mais c’est une rencontre, en Italie, qui va lui révéler toute l’étendue de ses capacités.

Cosmos, un mot manié par une poignée d’initiés. Cet homme, qui sert la déesse Athéna, lui donne les clefs de cette nouvelle sphère d’existence, lui en donne assez pour le tenter de rallier sa cause. Mais Braco n’est pas un suiveur, et l’autre se trouve devant un jeune homme taiseux et remarquablement sûr de lui. Le chevalier sait qu’il n’en fera jamais un serviteur du sanctuaire. Par sensiblerie, il lui apprend à faire du cosmos une arme affûtée, et lui enseigne l’essentiel du combat à l’épée, pour survivre sans se compromettre dans le monde du commun.

Pendant une bonne décennie, Braco va perfectionner sa technique et mener une existence vagabonde, simple, mais sans privation. Car il est un dieu, personne ne peut se dresser contre celui qui manipule les flux invisibles, et il peut jouir de tous les bienfaits de la nature sans forcer beaucoup. Discret, il parvient à vivre de son pouvoir sans rencontrer d’obstacle. Car il sait que d’autres de son espèce existent, et que certains sont de la race des redresseurs de torts. Il tue des hommes, parfois il n’a pas le choix, et d’autrefois il doit s’avouer qu’il l’a fait avec un certain plaisir concernant deux tyrans notoires. Intouchable, il se laissera aller à quelques jeux pervers avec les puissants, leur fera subir des humiliations mémorables, parfois dans le sang. Mais rapidement il se détournera de ce poison pour l’âme.

Pendant quelques années il posera son épée pour partager le quotidien de Margot. Elle a les cheveux courts, les yeux noisette et intelligents, et semble pouvoir tout pardonner, comme ses chevaux. Elle l’aime, et il finit par l’aimer comme jamais il n’a aimé. C’est un après-midi d’automne qu’il la perd, pour retrouver son père, le temps d’un court duel. Il enterre sa bien-aimée dans le jardin qu’ils ont fait grandir ensemble. Son assassin de père, il le sert contre lui et l’embrase de son cosmos jusqu’à le réduire en cendre.

Il reprend la route, cheminant lentement sur sa jument noire, le souffle profond, calme d’apparence, bouillonnant dans ses veines. C’est ce sang ardent que reniflera Arès.