Un nouveau général ! Une nouvelle amitié en terres indienne ? [Flash-Back Milan-Kartar]

L'aube pointait le bout de son nez et le disciple de Milan dormait encore à poing fermé dans cette petite auberge Indienne située à une cinquantaine de kilomètres du lieux bien connu de nombreux chevaliers d'Athéna qui répondait au doux nom de Jamir. Un lieux assez connu pour les guerriers du Sanctuaire car selon la légende ce coin renfermerait une sorte de cimetières dédiées aux armures mortes ayant vaillement servie aux combat mais ayant succombé à la puissance des adversaire de la déesse de la justice. Milan ne s'était jamais rendu en Asie auparavant mis à part à deux occasions : une fois pour se rendre sur l'île de la Mort et une autre fois indirectement lorsqu'il avait été téléporté par Chaos à proximité du fameux Mont Fujii au Japon. Étrangement cette fois-ci, il se rendait également sur l'île réputée pour être un véritable enfer sur terre sauf qu'il n'était plus le disciple mais le maître. L'occasion de passer à proximité de Jamir ne se présentait pas tous les jours et c'était pourquoi il avait décidé de s'y rendre. Il avait préféré ne pas réveiller le Puma pour que celui-ci profite un maximum de son repos avant que son entrainement commence. Il serait trop tard après pour penser à avoir un bon lit douiller pour se coucher et de la nourriture aussi succulente que dans cette auberge où il l'avait laissé. Le Capricorne serait de toute manière sans doute revenu avant que son élève ne se réveille et celui-ci ne remarquerait donc même pas sa disparition.

Ce fut donc calmement que le Sethni se rendit sur un passage illusoire censer protéger l'accès au cimetière. Bien que pas mal réalisée l'illusion ne pouvait pas tromper un guerrier de sa trempe. Un humain non éveillé au cosmos aurait sûrement cédé à la panique face aux morts qui voulaient l'attaquer. En se mouvant, l'humain aurait fait une chute mortelle mais le Sethni voyait clairement la route devant lui et ne s'en détourna pas, se contenant d'émettre un Capricorne d'or à l'aide de son cosmos pour lui éclairer le passage et lui permettre d'avancer en toute sécurité. Une fois ce pont rocailleux passé, il ne lui restait plus qu'à se rendre dans le fameux endroits où étaient entreposées les armures abimées ainsi que celles qui avaient rendues l'âme. Pourquoi donc se rendre dans un tel lieux ? A la fois pour rendre hommage à toutes ses armures et à leur porteur qui continuaient de vivre à travers elles mais aussi pour une simple petite chose presque égoïste et nostalgique. Au fur et à mesure qu'il s'enfonçaient, ils voyaient de plus en plus d'armure. Et au milieu de tout ce foutoir, il en apperçu une en particulier. Celle de bronze de l'Hydre, celle qu'il avait porté avant de devenir chevalier d'or. A sa grande surprise, elle n'était pas morte mais plutôt dans un état proche de la récupération totale. Voilà qui faisait plaisir à voir. Le Capricorne la frôla de ses doigts et elle émit une sorte de petite décharge électrique comme si elle le reconnaissait encore.

- Je suis heureux de voir que tu récupères bien et attristé à la fois de voir que tu n'as pas encore trouvé de porteur digne de t'enfiler. Tu m'as fidèlement servie et tu es une protection dont beaucoup ignore le potentiel. Je suis fier de toi ma vieille amie. Peut-être qu'un jour je croiserai un chevalier te portant et que je pourrai lui apprendre quelques trucs pour vivre en parfaite harmonie avec toi.

Après un dernier hommage, le Sethni rebroussa chemin et quitta la montagne sacrée pour regagner le village dans lequel il avait laissé son élève. Il marchait à présent le long de la rivière et regardait les qeulques paysans levé tôt venir se baigner et chercher leur eau quotidienne dans la large étendue d'eau qui bordait les petites villages. Il devait à présent avoir mit entre lui et Jamir une bonne quarantaine de kilomètres et voir ainsi la populations à la couleur de peau si caractéristiques lui rappelait Aurora, une générale de l'armée de Poséïdon qui ne lui avait plus donné signe de vie depuis des mois et qui lui avait promis de lui faire visiter ce beau pays. Mais tout cela fut vite chassé de son esprit quand l'eau de la rivière se mit à bouillonner et que les villageois semblaient apeuré par ce phénomène auquel le Capricorne risquait fort bien de s’intéresser.

Voilà quelques jours maintenant que 'avais décidé de vivre à nouveau. Voilà quelques jours - ou peut-être semaines ? - que j'arpentais le monde, après quatre siècles passés aux enfers. Ma raison première était de connaître cette nouvelle terre que je n'avais jamais parcouru. Les montagnes étaient les mêmes, les océans, les mers et les rivières, les collines et les plateaux... mais l'Homme était nouveau. Il avait grandi, parfois gagné en maturité, parfois en potentiel d'atrocité. Au final, ce n'était que l'Homme, mais des années plus tard, toujours le même, capable du pire comme du meilleur. Les hommes de la surface avaient beaucoup travaillé aussi. Leurs techniques, leurs machines, leurs armes et leurs médecines étaient plus perfectionnés. Mais j'avais déjà constaté deux choses qui pour moi étaient importantes : d'une part, ils étaient encore loin de notre civilisation dans son âge d'or, ou même d'un descendant d'atlante moyen il y a quatre siècle. D'autre part, ils se concentraient sur l'extérieur, et uniquement sur l'extérieur, oubliant l'interne, le Moi, l'âme, et l'esprit. En clair, tout ce qui faisait la force de mon peuple.

Découvrir ce nouveau monde, voilà la raison de mon voyage à travers le monde avant de retourner en Eges. Du moins, c'est ce dont je me suis persuadé au début, mais il n'en est rien. Au fur et à mesures de mes voyages, j'osais me l'avouer : j'avais peur de rentrer en Eges, j'en perdais le sommeil, la boule au ventre qui tord les intestins du matin au soir, les fouets mentaux frappant de ma propre mains, m'infligeant torture mentale jour après jours, martelant toujours les mêmes questions : Poséidon me reconnaîtra-t-il ? Mon écaille sera-t-elle fidèle à un déserteur ? Trouverai-je à nouveau la place qui est la mienne ? Et si rien n'arrivait quand je ferai face à mon armure, que ferai-je ? Me donner la mort ? Si oui, alors autant en profiter avant...

Voilà donc les réponses à certaines de mes propres questions. Pourquoi je voyage ? Parce que j'ai peur d'arriver. Pour re-découvrir. Pour profiter. Et pour fuir, encore un peu. Mais je ne peux pas en rester là, je ne peux plus fuir. Je ne DOIS plus fuir. Voilà la raison pour laquelle j'ai décidé de me rendre dans la vaste région de Jamir. C'est ici que vit les derniers descendants des atlantes continentaux. Ce sont donc les humains les plus proches de moi, qui ne vivent pas en Eges. Cela fera peut-être office de sas de décompression, j'espère. C'est aussi une région où vit un peuple simple, appréciant la vie, le rire, la pensée, un peuple éveillé. Ses montagnes sont belles et fortes, riches en énergies, et non loin d'ici reposent encore nombre d'armures, je le sais, car il en a toujours été ainsi. Ce lieu me permettra, je l'espère, de trouver le calme, la confiance et la fierté que j'ai si longtemps oublié. Actuellement, hormis ma volonté de porter main forte à mes frères d'écailles, je ne me sens que couardise, honte, et remord. Je me dois de me retrouver, je le sais.

Quand j'ai compris tout cela, j'ai quitté le Japon en hâte, nagé à travers les flots, plongé dans les eaux en suivant des courants marins impossible à saisir pour quiconque n'est pas marina, j'ai traversé des failles souterraines et des tunnels immergés oubliés des humains de la surface, puis j'ai débouché sur une rivière. Mon corps brûlant du cosmos intensifié que je dégageais pour me mouvoir faisait bouillonner l'eau autour de moi et quand je me sentis arriver au niveau des montagnes que je chérissais, où j'avais d'ailleurs passé une années comme apprenti, je quittais l'eau et atterris sur la berge. Autour de moi, des villageois avait pris peur et se dispersaient en tous sens. Il faut dire qu'un homme de deux mètres, apparaissant en voltigeant depuis une rivière en ébullition, ça avait de quoi marquer les esprits les plus reposés. J'aurai du les sentir, j'aurai du prévoir. J'étais rouillé.

Mon regard balaya l'espace autour de moi, observant les gens courir alentours et les montagnes puissantes. Déjà, je respirais mieux. Je cherchais cette ambiance, j'avais déjà oublié mon apparition remarquée. Je continuais ce tour sur moi-même, le terminant face aux montagnes de Jamir où je comptais me rendre... et face à un homme qui n'avait pas fui. Qui n'était pas de Jamir. Qui n'était même pas indien. Et surtout, qui n'avait pas peur. Pas une once de méfiance, mais une... lueur d'intérêt. Il n'était pas normal, et lui aussi j'aurai du le repérer. Méritais-je toujours l'écaille de Polyphème ? Je me donnais l'impression de n'être plus que l'ombre de moi-même. Que Poséidon ne m'oublie pas...

Je regarde cet homme, le scrute, le fixe, le dissèque mentalement par une analyse psychique. Ou plutôt une tentative rapidement avortée. Cette homme était un saint d'Athéna, sa cosmo-énergie parlait davantage pour lui que ne l'aurait fait une présentation en bonne et due forme. Je lui adresse finalement la parole, ignorant totalement mon aspect débraillé et les ruisseaux de gouttes s'écrasant sur le sol en tombant depuis les manches et mes cheveux trempés, mais méfiant tout de même. Car je le sens puissant, inatteignable à mon niveau actuel donc en position de faiblesse.

- Salut, chevalier. Je m'appelle Kartar de... Kartar Hatt'Mhêm. Et toi, qui es-tu ? Et que me vaut le plaisir de cet accueil inattendu ?

Je le regarde encore, l'observe. C'est un homme droit, entraîné, expérimenté et sûr de lui, confiant. Comme moi, à une certaine époque. Un chevalier d'or, ce n'est pas possible autrement. Il ne dégage rien, mais justement, même un bronze n'est pas aussi frêle. Etant moi-même puissant, même sous-entrainé, je sais comment on se cache et je reconnais cela. J'espérais soudain que nos deux camps étaient encore alliés ou du moins neutre. Combien de chances pour que je croise un gold saint ici... ? Quel était donc ce signe du grand Hasard ?

Chevalier d'or du capricorne, protecteur d'Athéna... C'est bien ce que je pensais. Et il me prenait pour un chevalier de Poséidon. Pire, un envoyé d'un général de mon dieu. Au moins, malgré qu'il n'ait pas sa langue dans sa poche et se perdait en suppositions, cet homme était amical et ouvert, en dépit de ma légère raillerie concernant le "plaisir de cet accueil inattendu". Cependant, je ne pouvais pas rester sur ce genre de quiproquo. Après quatre siècles d'inactivité et mon écaille retournée au Sanctuaire sous-marin, je n'étais pas en droit de me présenter comme un marina. "Salut Milan Sethni. Je suis ravi de ne pas paraître aussi immonde que es villageois ne le pensent. La quiétude qui régnait ici jadis semble avoir cédé la place à la peur et à l'angoisse des sombres évènements à venir."

Je laissais ces quelques mots s'installer, réfléchissant encore aux paroles du saint du capricorne, mettant mes idées en place pour ne point trop en dévoiler. J'étais effectivement un marina, mais aujourd'hui je ne savais pas si je mériterais encore ce titre. L'écaille de Chrysaor avait été portée par un frère d'écaille, mais Aurora m'était inconnue, puisque je venais seulement de retourner à la surface, n'osant pas encore retourner en Eges. Je me lançais donc, choisissant mes mots. "Comme tu l'as deviné, je suis un natif de la cité sous-marine, fils des descendants d'atlantes, je respecte et sers Poséidon. Après un... long voyage, j'entreprends à présent de revisiter quelques lieux qui me sont chers. Cependant je n'ai pas connaissances des marinas en postes en Eges, et encore moins des généraux actuels. Si celle que tu appelles Aurora a disparu, c'est qu'elle est morte. Ainsi va la vie des chevaliers serviteurs des dieux. Je ne vois pas d'autres explication, si ce n'est la fuite."

Ce que je disais était dur et à sa place, j'aurai nié en bloc, mais ayant moi-même choisi l'exil à cause du poids de la honte, étant pourtant l'un des plus fidèle serviteur de mon dieu, je ne pouvais que supposer cette bien triste possibilité. je me tus un instant, lui laissant s'il le souhaitait l'occasion de répondre et de défendre son point de vue. Puis un silence s'installa, quelques secondes. Je réfléchis. Depuis des siècles, je n'avais parlé presque à personne J'avais bien sûr rencontré quelques chevaliers morts sur le champ de bataille, même certains de ce temps, mais c'était bien rare. Ici, je rencontrais peut-être l'occasion de partager un peu à nouveau. De discuter, reprendre contact avec la réalité de la surface, hors du monde des morts... Je décidais finalement de sauter le pas et ajoutais à l'attention de ce saint d'Athéna :

"Tu te montres amical et fais référence à une écaille de général. J'en déduis que nos camps ne sont pas ennemis en ce temps. Ces montagnes, j'y ai passé une année, il y a très longtemps. Je peux te montrer ses cavernes, ses noeuds telluriques, ses pierres et architectures naturelles rares, les anciens villages qui l'ont peuplé. En retour, je te demanderais de me renseigner sur le monde, les camps en présences, les forces vives et les camps endormis. Je veux savoir le maximum de choses sur la situation géopolitique du monde et des chevaliers. Ce qui est sous le sceaux du secret ne m'intéresse pas, je veux simplement de l'information en condensé. Alors, qu'en dis-tu ?"

Un petit trait d'humour voilà qui était plutôt inattendu mais tout à fait bienvenu de la part de ce Marinas. Perspicace aussi était ce Kartar car il avait remarqué que les villageois guettaient aussi quelque chose d'anormale. Il sur estimait un peu le Capricorne, car Milan n'avait pas du tout déduis qu'il venait de l'Atlantide. Loin de là même car mis à part qu'il s'agissait d'une ville ou d'un continent engloutis et que son peuple semblait être érudit, il ne connaissait pas grand chose d'autres sur ce sujet. Le plus triste dans tout ce qu'il débitait comme informations était qu'il ne connaissait Aurora ni d'Eve ni d'Adam ce qui signifiait qu'il n'était pas venu se présenter sous sa demande. La suite était encore pire puisqu'il prétendait que cette séduisante et forte jeune femme était morte. Voilà qui était triste à entendre. Bien sûr sa dévotion avait pût en prendre un coup et elle aurait décidé de quitter le royaume sous marin pour se consacrer à son pays ou autre. Le Sethni avait apprécié sa compagnie pendant son voyage en navire vers Palerme. C'était d'ailleurs la seule et unique guerrière de Poséidon qu'il avait rencontré si ce n'était un autre Marinas qu'il avait seulement croisé au moment de l'attaque des sbires de Chaos sur le Sanctuaire. En résumé, la nouvelle le chagrinait car cette générale avait manifesté pourtant une farouche envie de défendre son dieu ainsi que des valeurs. Ce phénomène touchait aussi malheureusement les Saints d'Athéna. Il n'était pas rare de voir disparaître de la circulation des chevaliers de bronze ou d'argent et plus rarement des chevaliers d'or. Shirou du dragon et Othir du Phénix, deux bronze que le Sethni avait côtoyé en était d'ailleurs le parfait exemple pour illustrer ce phénomène des plus étranges.

- Voilà une bien triste nouvelle. Aurora était une femme aussi vaillante que belle. Bien que nous n'étions pas d'accord sur certains points idéologiques, je la respectais. C'est une grande perte pour votre camp, vraiment. Puisse son successeur se montrer à la hauteur de la Marinas qu'elle a été.

Après ce petit moment d'hommage, le Sethni écouta les autres paroles du dénommé Kartar qui semblait connaître la région comme sa poche. Il se proposait de lui faire visiter le "monde des cavernes" du coin. Ce n'était pas une mauvaise idée même si la chose sentait un peu le traquenard à plein nés mais comme leur deux camps n'étaient pas opposé et que le Sethni se sentait apte à le gérer en cas d'attaque, il n'allait pas s'y opposer. Il avait encore deux ou trois bonnes heures avant qu'Altia n'émerge de son sommeil et sûrement cinq ou six avant qu'il ne commence à réellement s'inquiéter. En échange, il voulait juste des informations standards sur les camps et les actualités divines de l'époque. Pourquoi pas, cela ne coutait rien de lui faire une petite mise à jour.

- Tant que ce n'est pas des secrets d'états je n'y vois aucun mal. C'est la première fois que je rencontre un descendant des Atlantes. Je pensais qu'il n'en restai aucun en vie. Comme quoi, la vie réserve pas mal de surprise. Et bien je suis partant pour une petite excursion. Les montagnes renferment souvent leurs lot de secrets et nombreuses sont les créatures qui les peuplent et dont les humains n'osent s'approcher. Je serai presque prêt à parier que c'est pour ce genre de chose que les habitants vous ont prit. Pas étonnant avec une telle entrée spectaculaire ! Qu'attendons nous pour nous mettre en route, Kartar (est ce bien comme cela que l'on prononce votre prénom ?).

- Ca se prononce bien Kartar. Hatt'Mhêm est mon nom de famille, il signifie "fils de Mhêm", qui était donc mon père. Par ce procédé, nous pouvons nous présenter entre nous et en même temps faire montre de notre lignée et de notre histoire. Les descendants d'Atlantes sont encore nombreux en Eges, le royaume sous-marin, et sont aussi présent ici dans ces montagnes. Mais commençons notre route. Donnant donnant, je t'offrirais en sus quelques informations sur la région de Jamir et son histoire. Ceci étant dit, je m'approchais de lui et scellait ce pacte à court terme qui nous liait pour les heures à suivre en lui tendant la main, qu'il prit. Je le regardais dans les yeux, n'y décelait aucune malveillance. Alors nous partîmes enfin côte à côte. Je lui posais des questions, lui présentais les lieux en même temps.

Nos corps traversaient les espaces par bonds gigantesques et sauts multiples de roche en roche, utilisant les diverses aspérités des lieux. Je l'emmenait directement dans les profondeurs des pics. A un moment, je m'arrêtais. "Voici le pic qu'on nomme dans la langue indienne l'Aiguille. Dans la légende, ce que tu vois là devait, au début du monde, toucher le ciel. Depuis, il ne cesserait de tomber et le jour où il ne serait plus, ce serait la fin du monde. Les mythes et légendes apparaissent toujours farfelues chevalier. Mais ce n'est pas pour cela qu'elles sont fausses. Certains disent bien qu'en Grèce vivent des enfants capable de briser la terre d'un seul coup de pied."

Nous continuions notre traversée des lieux, je lui montrait le pont aux armures, connue par tous les chevaliers car derrière ce pont maudis, après une longue marche encore, se trouvait la traditionnelle tour de Jamir, où j'avais suivi une formation d'un an en compagnie du maître forgeron de l'époque. "Là-bas se trouve la tour. On dit que le seul chemin passe par ce pont mortel. Mais ce sont de vieilles histoires. En réalité, il suffit de contourner les montagnes et de grimper encore plus haut, passer l'arrête et on arrive par l'arrière. C'est simplement plus long et plus fastidieux. Combien sont morts pour s'être montrés trop pressés ou irréfléchis ? Et pourquoi la tour de Jamir est-elle là-bas ? Non, ce n'est pas pour la qualité de son ciel dégagé les nuits. Du moins pas uniquement. C'est le plus haut plateau de Jamir, il permet donc de voir l'arrivée des météores, et de les rechercher pour en faire des matériaux à travailler. Pour les armures. Cette région est très puissante, ses champs telluriques sont nombreux (il y en a d'ailleurs un sous la tour) et très concentrés. Ils attirent les roches et c'est donc un endroit où les métaux étoilés ont plus de chance de tomber."

Je lui livrais ces choses là sans crainte, car ce n'était qu'un novice et ces informations, bien que précieuses car rares, n'avaient rien de confidentielles. Que pourrait une personne mal intentionnée face à une région montagneuse toute entière ? Je décidais finalement de lui en dire plus sur les forgerons.

- Tu es un chevalier d'or, tu dois être renseigné sur les qualités uniques des descendants de Jamir. Il faut bien comprendre que leur capacité à manipuler et restaurer les armures ne leur vient pas de l'entraînement. C'est une science secrète, oui, mais c'est aussi une forme de don. Les descendants de cette région font tous partie d'une même tribu, la tribu de Jamir, et ont deux points sur leur front. Ils partagent un sang commun et ancestrale, celui des créateur des premières écailles de Poséidon, premières armures de l'histoire. C'étaient des Atlantes. Par la suite, l'Atlantide fut engloutie sous l'action de chevaliers devenus renégats, peut-être étaient-ce ceux d'Athénas, devenus par la suite les blue warriors. Rien n'est certain encore. Des millions des nôtres moururent durant la catastrophe. La majorité des survivants furent installés par Poséidon lui-même en un royaume protégé de la folie humaine, des rustres. C'était le royaume sous-marin. D'autres, enfin, décidèrent d'empoigner leur liberté, bravant l'interdit et accostant sur les autres continent. Certains dressèrent des pyramides, oubliant la forge au profit de l'architecture amplifiant les pouvoirs psychiques. D'autres se cachèrent, se mêlèrent, oubliant peu à peu leur glorieux passé. D'autres enfin s'installèrent ici, en Inde, et se firent connaître peu à peu comme l'unique peuple capable de réparer les armures de chevalier. Voilà, Milan, une partie de l'histoire de mon peuple, et des habitants de Jamir.

Il y avait encore beaucoup à découvrir ici. Ca me faisait un bien fou de parler, de m'exprimer, de... partager ! J'avais l'impression de sentir mes épaules se remettre à leur place petit à petit, de sentir mon dos se redresser, ma nuque se replacer doucement droite, comme si après avoir trop longtemps traîné dans des tunnels étroits et sombres je redécouvrais la liberté. Parler ainsi de mon peuple glorieux me faisait de plus en plus reprendre conscience d'un fait simple, mais que je crois avoir oublié parfois : mon peuple était grand. Je me devais d'en être fier, et de l'honorer chaque jour en étant moi-même grand et fier. J'étais un atlante, et je me devais d'en tirer joie et fierté !

- Maintenant que tu m'en as dit sur le Sanctuaire, parle-moi des marinas. Que sait-tu d'eux ?

Cet homme était intéressant parce qu'il n'acceptait pas mes paroles. Il avait devant lui un fils d'atlante, un homme formé à l'histoire de son peuple et à des sciences dont il ne soupçonne même pas l'existence. Et quoi ? Il s'amusait des légendes de ce pays, peut-être n'y croyait-il tout simplement pas.

- Tu sais, en Grèce, on parle d'un héros. Achille. On dit que ce petit homme a affronté les éléments, contré les plans des dieux, et qu'il était protégé d'un je ne sais plus lequel d'entre eux. Chez vous, cet homme aurait vaincu le cyclope Polyphème et l'aurait piégé en disant s'appeler Personne. Ainsi, quand il s'est fait crevé l'oeil, et que les autres cyclopes l'ont interrogé sur l'identité de son agresseur, il aurait répondu "C'est personne". Le beau nigaud. Chez les habitants d'Eges, Achille et son peuple aurait posé le pied sur son île, négocié et tenté d'entourlouper les cyclopes de l'île. Polyphème, fils de Poséidon et de la muse Thoosa, dite de la réflexion avant l'action, aurait repoussé le héros et ses marins. Alors, tu vois, chevalier, les légendes sont changeantes selon les civilisations, mis aucune ne mérite d'être décrédibilisée. On ne peut que les accepter et tirer profit de leur enseignement.

Lorsque le Sethni, plus tard, parla des camps de Arès et Hadès, je souris. C'était drôle de voir ce saint d'Athéna défendre l'image de son camp. Pourtant je savais que c'était les chevaliers d'Athéna et lui expliquait notre version. Tout cela remonte à un autre temps, alors que l'humanité était encore jeune et violente, plus destructrice encore qu'aujourd'hui. Une époque où les dieux étaient en guerre ouverte, usant de leur pouvoir incommensurable, entraînant les hommes avec eux. La puissance même des chevaliers de l'époque était différente d'aujourd'hui. Les armures nouvellement crées étaient au summum de leur puissance. C'étaient des kamuis, et aujourd'hui, leurs forces avaient lentement décrues, devant ce qu'elles sont aujourd'hui.

Enfin, nous arrivions dans le vif du sujet. Milan m'informa de tous les camps actuellement éveillés et surtout des manipulations d'Arès. Ce dieu avait toujours été le plus vil, le plus retord. Bref, il était à l'image de ses berserkers. J'avais déjà croisé ces derniers, ainsi que les spectres, et j'éprouvais à l'époque une grande haine envers eux. Après quatre siècles aux enfers cependant, j'avais eu tout le temps de revoir mes pensées initiales. Bon nombre de spectres sont retords, mais certains ont des principes, voire même un honneur. Les chevaliers d'Arès en revanche avaient toujours droit à ma haine la plus totale.

- Que ce dieu félon ait manigancé et manipulé pour renaître ne m'étonne pas. Pour tout avouer,... je savais qu'il était de retour. Je pense que si je veux avoir ta vérité, je te dois la mienne. J'ai passé un très long moment dans les geoles des enfers, vivant. Là-bas, le temps ne s'écoule pas, et l'on ne vieillit pas. Je n'ai pas été assez fort à l'époque, j'ai perdu une bataille contre les trois juges, entraînant la défaite de notre camp et le scellement de l'esprit de Poséidon. Je me suis isolé dans les enfers, empli de honte. Si je suis sorti, si je suis remonté à la surface, c'est parce que je suivais les péripéties de mes frères d'écaille. Gastone, Simbad en particulier. J'ai décidé de revenir, et après un tour du monde, de reprendre la place qui était la mienne à l'époque. Celle du Général du pilier central. Voilà mon histoire. Parle moi de ton camp, de comment sont perçus les marinas, des asgardiens, des alliances et des guerres ouvertes.

Je l'écoutais me répondre et nous continuions à avancer. Nous arrivâmes en vue de nouvelles falaises aux aspérités très marquées. Milan allait continuer sa route mais je le retins d'une main. "Ne voulais-tu pas découvrir les grottes secrètes de Jamir ? Il n'y a rien dedans, mais on dit qu'il y a très longtemps, ces tunnels naturels avait servi de chemin de fuite pour les habitants, en cas d'attaque. Viens par là" Je me dirigeais vers ces falaises, et entre certaines aspérités gigantesques, le menais à une fissures d'un petit mètre de large. Nous y pénétrâmes doucement et nous enfonçâmes dans la faille. La lumière se fit moins vive, puis nous eûmes soudain un toit au-dessus de la tête, les échos de nos pas furent répercutés à l'infini. Nous avions pénétrés dans le grottes de Jamir. Le noir était alors complet.

- Il y a méprise chevalier. Je n'était pas seul. J'ai combattu aux côté du général du Démon des Lyumnades et d'Aventer, Général de Scylla. Nous avions remporté une grande victoire en Eges et devions en profiter pour contre-attaquer rapidement, avant les résurrections. Notre trio s'est donc directement rendu aux enfers. Nous avons traverser les domaines, et non loin de notre but, nous avons été intercepté. Lyumnades est tombé contre un juge, achevé par Scylla. Un autre a tué Aventer et a été blessé. J'ai donc vaincu un seul juge, et achevé le dernier sans autre forme de procès. A ce stade, nous pensions... enfin je pensais que nous avions gagné. Qu'il me suffirait d'avancer encore un peu et de faire face à un Dieu pour le vaincre. Mais j'avais mille fois tord. Hadès, ne prenant même pas la peine de 'attendre, ressuscita les trois juges quelques minutes seulement après leur mise à mort. Seul contre trois, j'ai perdu. Ils ne m'ont pas tué, ils m'ont enfermé et obligé à regarder la chute du royaume que je servait. Puis ils m'ont laissé vivre dans les geôles des enfers, comme une ultime punition. C'était il y a quatre cents ans environ. Enfin, c'est le passé, je veux le racheter et vivre à nouveau le présent. Continuons notre route !

Je m'étais beaucoup confié. Je crois que je n'avais encore jamais raconté le fin mot de cette histoire. Je me sentais à présent soulagé d'un poids que je ne savais même plus être sur mes épaules tant j'y étais habitué. Ensuite, Milan Sethni m'expliqua ce qu'il savait du camp des saints, ce qu'il ne savait pas du camp des marinas, et m'informa que celui d'Hadès était puissant, que Thanatos était éveillé aussi. Cela ne présageait pas forcément une nouvelle guerre qui mettrait dans la bataille toutes les forces de tous les camps, mais dans le doute, mieux valait garder la tête froide et être aux aguets. "Je te remercie, Sethni, pour ces informations. Moi qui me suis habitué aux enfers, j'en oublie parfois à quel point ils peuvent être dangereux. Je garderai mes réserves. Merci pour ce rappel."

Et plus tard, nous étions arrivés dans la grotte. Il me proposa d'éclairer les lieux. Je souris dans le noir et, ouvrant ma paume, fit naître une boule lumineuse, d'abord timide pour ne pas nous brûler les yeux, puis peu à peu plus forte, et je l'élevais au-dessus de nous, un peu devant afin d'éclairer nos pas à l'avance. Nous reprirent notre marche. Je lui décrivait ces cavernes que j'avais visité déjà. Parfois des gens se perdaient, en quête de secrets enfouis, mais en réalité il n'y avait aucun danger pour qui maîtrisait son cosmos. Il suffisait de suivre les fils menant ou s'éloignant des noeuds telluriques qui se trouvaient au centre de la roche. Les jamiriens connaissaient ce procédés, du moins ceux qui étaient initiés. Ces gens là avaient donc la responsabilité de guider les habitants dans les entrailles, mais aucun évènement n'avait poussé à une telle manoeuvre depuis longtemps, enfin, depuis quatre siècle, je ne savais pas.

Milan devait maintenant ressentir lui aussi que nous approchions du centre névralgique de la montagne car pour qui est formé au cosmos, il y avait une sorte de vibration sourde et régulière. C'était le noeud, nous approchions. Il y avait de plus en plus de couloirs artificiels, des tunnels élargis et rendus plus réguliers sous l'action des pioches de l'homme, un sol net et lisse, des portes-chandelles installés dans les parois, afin d'éclairer les hôtes et réfugiés... Nous traversions des couloirs vieux de plusieurs millénaires, nous marchions naturellement plus lentement, conscient ce cela. On entendait un goutte à goutte régulier au lieu je lui expliquais qu'il s'agissait d'un lac intérieur qui était renouvelé par la fonte des glaces du haut du pic montagneux, qui s'infiltrait entre les interstices jusqu'ici. Je le menais vers ce lac et voulus lui raconter une anecdote à propos de ce lac. Je me tournais vers Milan pour lui raconter cette histoire et je m'arrêtais. Il avait les sourcils froncés. Pourquoi ? Je tendais l'oreille, rien n'avait changé. Le goutte à goutte était toujours là, et rien d'autre. J'étendis ma perception du monde grâce à mes pouvoirs psychiques... et butais soudain contre une conscience qui ne devrait pas être là. En direction du lac, il y avait quelque chose. C'était conscient, mais ce n'était pas - ou plus - humain.

Le Sethni venait de me prouver que lui aussi maîtriser l'élément difficile qu'est la Lumière. En un instant, l'espace d'un battement de cil, il fit briller une puissante lumière, un simple flash ultra-lumineux. Ce fut donc court, mais ce temps infime nous avait permis de reconnaître de véritables sales bêtes sans âges. Le chevalier du Capricorne d'or les avaient lui aussi reconnu et fut plus prompte que moi à les nommer. Des Acheris. De véritables saloperies qui vivaient la nuit et bouffait de la gamine dès que c'était possible. Voilà un genre de bestiaux qui avait de quoi faire fuir les villageois comme ce matin. Même s'ils s'attendaient a priori à autre chose que moi. Bref, là, je pense et elles approchent. J'adresse un mot à Milan qui, fort heureusement, partage le même élément que moi. Aux enfers, la lumière était si faible... Mais ici.... ici.... "Lumière !" criai-je.

Au même instant, nous avons bandé nos cosmos comme un athlète aurait bandé ses muscles, comme un sprinteur qui, d'un instant à l'autre, serait parti comme une flèche droit devant. Au même instant, des dizaines, puis des dizaines de dizaines de boules lumineuses apparurent partout dans les couloirs, et nous avancèrent en même temps, nous infiltrant entre les créatures qui gémissaient, crachaient, grognaient, hurlaient à la mort ! L'éclairage était sec et brut, Milan devait certainement être dans la même disposition que moi : yeux plissés à la limite de la visibilité. Mais les créatures, elles, souffraient certainement le martyr.

Voilà bien longtemps que je n'avais pas agi tout en me sentant utile à quelqu'un. Là, en ce moment, j'étais en train de détruire des horreurs fantomatiques et je savais qu'ainsi je protégeais la quiétude des villages environnant. Ces créatures ne devaient d'ailleurs pas être aussi nombreuses. Est-ce que les protecteurs de Jamir ne faisaient plus leur office ? A moins que le territoire protégé soit devenu plus restreint. C'était une possibilité à ne pas ignorer et il me faudra me renseigner ensuite afin d'en apprendre davantage à ce sujet. Mais l'heure n'était pas à cela.

Grâce à nos luminosités conjuguées, nous avions brûlé nos adversaires sans comptabiliser la moindre blessure, et c'était tant mieux. Ces choses pouvaient vous maudire au premier contact qui vous faisait verser le sang. Il ne restait d'eux à présent que des masses de cendres noires et froides, comme ces vies depuis longtemps disparues. Après ce cosmos dépenser, un peu trop dispendieux comme je me suis montré, je me sentais fatigué. Ca passerait, bien sûr, mais cela me fait bizarre d'avoir tant dépensé d'un seul coup. Tentant d caché mon malaise, car digne et fier, je me redressais. "Voilà qui est fait. Désolé Milan, ce n'était pas prévu. Il ne devrait normalement rien vivre d'inhumain entre ces tunnels et la présence d'Acharis prouve que la région de Jamir n'est pas aussi bien portante qu'on pourrait le croire. Il y en avait beaucoup, signe qu'elles n'ont pas été chassées depuis longtemps. Et au vu de leur réactivité quasi inexistante, je pense qu'elles n'ont pas du se battre contre des humains depuis bien longtemps. Certainement ceux-ci fuyaient-ils, tout simplement. Si tu as encore le temps, je souhaiterais visiter les abords du lac intérieur. J'avais ressenti quelque chose par ici avant que tu ne découvres nos tristes hôtes rendes poussières." Disant cela, j'espérais grâce à la marche que j'aurai le teps de rprendre totalement mes moyens. Ca allait mieux de seconde en seconde, il fallait simplement espérer que nous ne rencontrerions pas une nouvelle créature. Pourtant, je n'osais jurer qu'il n'y avait rien. J'avais ressenti quelque chose, ou quelqu'un. La chasse aux monstres... comme si on avait que ça à faire !

Et il avait raison. Cet endroit était proprement magnifique. C'était à en oublier que nous nous trouvions dans une caverne creusée par les âges, à des dizaines de mètres de toute lumière solaire. J'acquiesçais aux dires du capricorne d'or et le laissais à sa contemplation mi-béate mi-studieuse tandis que je me penchais au-dessus de l'eau. J'étais peut-être rouillé, mais je n'étais pas encore gâteux et si je pensais avoir ressenti un malaise par ici, c'est qu'il y avait effectivement quelque chose. Je savais reconnaître mes défauts. Dans mon cas, j'étais buté. Mais un Marinas ressent la mer et toutes les présences tapies dans les eaux bien mieux que n'importe quel chevalier d'or.

Je me penche au-dessus du minéral liquide et je vois le jeune saint dans le reflet. Immédiatement, je repense à son capricorne de lumière et au flash ultra-lumineux. C'était très personnel, et très maîtrisé. Il faudra que je me souvienne de tout cela lorsque je reprendrais mon propre entraînement... Sur cette dernière idée, je fixe mes pensées sur le fond de l'eau, tente de percevoir son essence, les images vaporeuses qui y circulent, mes messages qui y sont échangés... Y a-t-il seulement une vie là dedans ? Ou peut-être de la non vie ? ... Ou peut-être rien. Non, je dois aller voir. Je plonge.

Dans le lac souterrain, l'obscurité est encore plus forte que dans les ténèbres de la montagne à l'air libre. Ici, ce ne sont pas des ténèbres, c'est un abîme, une abysse, un noir sans fond et sans matière, appelons ça comme on veut. J'offre la lumière à l'abysse et je découvre que la vie est bien là. Des petits poissons transparents et aveugles habitent ces lieux. Mais quelques secondes après il n'y a déjà plus rien. Ils ont tous fuient ma présence. Peut-être ont-ils déjà vu un humain, ou autre chose. En tout cas, je me décide à poursuivre mes recherches. Deux nouvelles lumières s'allument dans l'eau. Mais ce n'est pas moi qui les fait naître ! Tant pis pour la politesse, tant pis pour la douleur que cela peut provoquer, je crée un crie télépathique, sans viser directement le cerveau de Milan mais un envoi général qui emplit soudain l'espace de la caverne où nous nous trouvons. Il l'entendra comme si je lui criais dans les oreilles, ce qui vaut mieux qu'une infiltration impromptue de son mental :

* Açoura ! Prends garde à toi ! *

A peine ai-je le temps de dire cela que je suis pris dans un puissant courant et expédié contre un mur, puis mon corps est projeté à la verticale vers la surface, où je rencontre un plafond de roches, puis retombe dans l'eau. J'ai le dos douloureux et une épaule endolorie. J'envoie une surbrillance générale afin de voir la créature. Sa description défile dans ma tête. Açoura, littéralement : anti-dieu. Ces créatures sont des êtres anciens, nés du fond des âges, bien avant l'apparition de l'homme. Pour quelque antique raison, elles sont restreintes aux mondes souterrains, pourtant leur seul désir est de grimper vers la surface, d'escalader les montagnes et de grimper encore, toujours plus haut, jusqu'à retrouver les dieux et leur voler leur place. Du moins c'est ici que se mêlaient mythe et réalité. De ce que j'en savais, ils étaient très puissants et ne vivaient que pour grimper les montagnes, et une fois en haut, redescendre dans leur triste profondeur. Qui étaient-ils, que voulaient-il ? Nul ne le savait, car toute rencontre avec une de ces créatures se soldait invariablement par la mort d'un des deux parties.

Le combat commençait déjà. Et le niveau de l'eau monta rapidement. Signe que le pouvoir antique de cet Açoura était l'élément liquide.

La créature, contrairement aux légendes qui avaient fait de cette race des sortes de semi-dieux mauvais, était bien en chair. Dans ses yeux visibles malgré l'obscurité de l'abysse, je reconnus l'intelligence, mais aussi la menace et l'appréhension. Il se savait puissant, mais il ne savait pas non plus à qui il avait affaire, preuve qu'il n'était pas bête, l'Açoura. Son affinité était l'eau, c'était clair car je sentais les courants qu'il manipulaient à sa guise. Je ne parvenais pas à quitter ses tourbillons, qui étaient nés en un temps si infime que je ne l'eus pas vu venir. Pris dedans, je maintenais ma respiration, voyant cet être d'un autre temps qui approchait lentement de moi, comme un dieu flottant dans l'air. Alors qu'il n'était plus qu'à quelques pas, deux autres lumières s'allumèrent, et deux autres encore. Trois paires d'yeux m'observaient à présent, tous déchargeant sur moi la haine des créature souterraines pour les créatures de la surface. Je le sentais pas bien du tout. Dans cette situation, je parvenais à peine à me maintenir dans une stabilité précaire, afin que les courants ne me brisent pas contre les roches des parois. Il approchait... vite, lentement ? Aucune idée, c'était comme la mort en marche, mais personnifiée, vivante. Et soudain je sentis une aura puissante, une cosmo énergie qui brûlait et s'intensifiait à une vitesse vertigineuse, l'espace d'un battement de cils, puis la lumière vint. Fine comme une feuille de papier à livre, dure comme de l'orichalque, brillante comme un soleil. Un trait avait jalli de la surface et frappa soudain mon adversaire de plein fouet, lui inscrivant immédiatement un profonde marque en travers de la poitrine. La créature recula dans l'eau et émit un cri qui fit vibrer toutes les parois et augmenta la température de l'eau. Le danger n'était pas éradiqué, mais je fus soudain libre de mes mouvements. L'instant d'après, ma transposition me mena à côté du capricorne d'or.

- Un Açoura, c'est une ancienne race qui vit dans les profondeurs. On en trouve parfois près du domaine de l'Océan Indien. Je suppose que comme les lieux n'ont pas été habité depuis longtemps, les Achéris comme l'Açoura ont été attirés par l'énergie des noeuds telluriques. Il est blessé, il est donc mortel. Ton attaque était impressionnante chevalier, elle ne sera pas de trop mais elle ne suffira pas !

Je reconnaissais dans ce jeune homme qu'il n'y avait pas simplement de la puissance. Je voyais aussi un entraînement acharné. On ne maîtrisait pas ce type de technique, transformant la lumière d'un cosmos en lame effilée, en quelques jours. Mais trêve de compliments. La créature à trois têtes revenait vers nous, et l'eau montait encore.

- J'ai peut-être une idée, chevalier. Il te faudrait l'occuper quelques secondes. De mon côté il va me falloir charger mon cosmos. Quand je serais prêt je prendrai ta place, tu concentreras ton attaque de lumière sur son thorax afin de lui faire une blessure ouverte profonde. Il faudra qu'on soit synchro pour que je puisse le frapper avant qu'il ne cicatrise. Tu as compris ? Alors vas-y !

A peine dis-je cela que l'Açoura frappa. Juste à temps, je dressai un mur de lumière qui retint sa première attaque, et se brisa à la seconde. Mais à ce moment-là, Milan et moi nous étions déjà séparés. Je me permis d'entrer en contact avec lui, sans agression. Télépathie : *je vais intensifier mon cosmos et il me faut une dizaine de secondes. je t'offre un coup de main avec ça !* Et je lançais un flash de ma création, cru comme s'il était blanc, le Champ Lumineux (Par une puissante projection de cosmos de lumière, Kartar aveugle son adversaire, ce qui permet de frapper avec plus d’efficacité.)

Yeaaaah ! Le coup d'Excalibur porté rapidement avait permit à Kartar de se sortir de l'eau et donc de s'éloigner de l'Asura qui en voulaient à leurs vies. C'était déjà une bonne chose. L'air de rien, rester seul face à un tel monstre était probablement les premières lettres signées pour leur arrêt de mort. Se séparer était hors de question sauf si c'était pour attirer la bête dans un traquenard. Pour le moment, mieux valait cependant frapper assez fort à deux pour conjuguer les efforts et l'affaiblirent un maximum, histoire de minimiser ses pouvoirs. Si la bête faisait monter grandement le niveau de l'eau ainsi que sa température, il pourrait y avoir du steak haché de grec et d'atlante au menu d'un Asura, ce soir. Milan ne comptait pas terminer en délicieux repas pour une créature mythologique hindoue et il écouta attentivement les paroles de son compagnon d'arme et d'infortune du jour. Quelques menus renseignements supplémentaire sur l'Asura qui expliquait probablement sa présence dans le coin. Le Marinas semblait en connaître en rayon en géologie et autre chose du genre. Pas étonnant quand on descend d'une civilisation que l'on prétendait des plus avancées. Milan répliqua sur un ton humoristique histoire de détendre un peu l'atmosphère.

- Merci pour le compliment. La seule chose que je regrette c'est que nous ne tombons jamais sur des monstres comestibles histoire de faire d'une pierre deux coups. Je commence à avoir l'estomac dans les talons. Je donnerai cher pour quelques olives et un bon bout de fêta !

Kartar lui exposa ensuite son plan d'attaque pour vaincre la créature. Un plan simple qui consistait à une diversion, une attaque profonde suivit d'une seconde attaque qui le détruira de l'intérieur. Simple et efficace mais malheureusement pour eux, l'Asura se lançait déjà à l'attaque ce qui sépara les deux guerriers au service de leurs dieux respectifs. Un message télépathique demandant d'occuper l'animal une dizaine de secondes : rien de compliqué, le Sethni pensait avoir la technique idéale pour cela. Même si le monstre était parti se replonger dans l'eau, il allait l'avoir. Grâce à l'attaque flash du serviteurs des mers, l'animal était aveuglé et encore plus vulnérable. Intensifiant rapidement son cosmos, le chevalier d'or du Capricorne commença à mouvoir ses bras rapidement, donnant des coup de poing puissant dans le vent direction du monstre. Ses frappes étaient tellement rapides qu'elles donnaient l'illusion que le Sethni possédaient en réalité 7 ou 8 bras. Cela ne dura que trois ou quatre secondes à tout cassés et un tourbillon d'air fut créer grâce aux déplacements d'air créer. A l'aide de son cosmos, le Sethni dirigea son tourbillon en direction de l'Asura. Il plongea la queue dans l'eau et cela fit un effet d'aspiration attirant le monstre dans le maelström. Le Gold Saint fit ensuite monter son tourbillon jusqu'au plafond de la galeries souterraines pour éclater le monstre contre la parois rocheuses, le faisant ensuite retomber sur le bords de pierres du lac. Quelques secondes plus tard, l'anti-dieu se releva . Pendant ce temps, le guerrier d'Athéna avait concentré son cosmos et il l'embrassa d'un coup, un halo lumineux doré entourant son avant-bras. Milan donna deux coups quasi simultanée de son épée légendaire. Le premier frappa le monstre à la poitrine profondément et le second juste à côté ne fit qu'ouvrir plus la plaie profonde dont sortait une sorte de liquide bleuâtre. Il se recula alors pour se mettre à l'abri de l'attaque du descendant des atlantes.

- Maintenant ! Kartar, maintenant !

Le jeune saint d'or avait très bien utilisé mon flash lumineux et s'occupait avec intelligence de l'Açoura, me permettant de gagner un temps non négligeable, comme demandé. Je fermais les yeux et ne le regardait plus, m'enfermant dans mon être, recherchant le souvenir en moi de cette puissance qui me servirait à vaincre d'un seul coup, dès que Milan m'offrirait la brèche nécessaire. Je partait dans mes souvenir, centrant mon esprit sur ce que je suis. Le cosmos qui m'enveloppe diminue d'abord et je sais que si je continue de suivre ce chemin, je vais bientôt... ça y est, mon cosmos s'est tellement ramassé qu'il grandit à présent de manière exponentielle, comme une étoile qui deviendrait supernova ! Je me sens comme un noyau de planète qui soudain ne rencontre plus de couches minérales refroidissant sa chaleur, et cette énergie présente en chacun de nous et que l'on peut faire ressurgir avec beaucoup de pratique, je l'ai nommé la Puissance de la terre. Quand cela est fait, je rouvre les yeux. Milan saute partout, frappe, esquive, tranche, repousse. J'ai encore quelques secondes. Depuis combien de temps n'ai-je pas ait tout cela ?

*Poséidon... Dieu... vous savez que j'ai fauté. Pourtant j'ai toujours dans la tête que vous me pardonnerez un jour. Je vous ai toujours été dévoué, dès ma plus tendre enfance. J'ai grimpé les échelons, j'ai été écuyer, marina, je me suis entraîné jusqu'à endosser une écaille de capitaine, et quand la guerre a débuté, je suis devenu votre Général, ultime gardien de notre royaume, ultime défenseur de votre intégrité. Je suis votre dévoué serviteur et... oui, je sais où est ma place. Elle n'est pas celle d'un vagabond errant sur les continents. Elle n'est pas celle d'un pénitent infini qui restera aux Enfers pour toujours. Ma pénitence est terminée, je ne suis plus celui que j'ai si longtemps été. Pourquoi suis resté si longtemps en retrait ? Pour me punir, oui, mais surtout pour vivre le jour où je pourrais à nouveau vous servir et être utile à mon peuple. Ce jour est arrivé je le sais ! Je ne dois pas rester ici, je dois retourner parmi les miens !*

Ce que j'avais fait là s'appelait un exercice de confiance, d'autres l'appelait chemin d'auto-persuasion. Pour moi, c'était plutôt un rappel de ma croyance en la conspiration de l'Univers. Croire en soit, en son Destin, en ses actes, c'était leur donner de la matière, c'était permettre à ses pensées d'exister, de prendre corps. Mon énergie s'était faite plus confiante, grâce à mes pensées mais assi ) ma rencontre avec ce jeune homme qui me permettait, par cette aventure, de me souvenir celui que j'ai toujours été, et que j'avais oublié. Je suis englobé dans un cosmos de Lumière. Je suis Kartar Hatt'Mhêm, je suis le général de Polyphème, et je suis votre dévoué serviteur, Seigneur !

- Maintenant ! Kartar, mainten...

Les éléments sont avec nous, Milan a répété son attaque lumineuse par deux fois et la créature avait maintenant une ouverture au milieu du torse. C'était le moment ! Devoted Warrior !

Comme une simple image, comme une transposition, je disparais. En réalité j'atteins pendant un instant infime la vitesse de la lumière. Je fonce plus vite que tout être sur terre, mon poing est chargé d'un cosmos lumineux concentré au maximum. Cette énergie m'enveloppe, je brille. Ma plus puissante attaque et décuplée par la Puissance de la terre.

...ant !

Dès que Milan a fini sa phrase, mon poing droit est enfoncé dans le coeur de l'Açoura. Dans son corps ouvert par Milan et son attaque surbrillante se transmet ma propre énergie faite de cosmos agressif, nourri de mon amour et de ma dévotion renouvelée pour Poséidon. Pour opérer cette attaque, je me devais d'y croire. Je me sentais à nouveau pleinement moi-même. La créature des profondeurs ne bougeait plus tandis que de ses pores s'évaporait sa vie.

Kartar avait concentré son cosmos lumineux dans son poing et avait frappé à une vitesse digne des chevaliers d'or, celle de la lumière ni plus ni moins. Son poing se trouvait à présent dans la poitrine de l'Asura où il s'était enfoncé comme dans du beurre, aidé par la brèche créer par l'épée légendaire du chevalier d'or du Capricorne. Une attaque nette, précise et dévastatrice qui mit fin au jours de l'anti-dieu qui n'était à présent plus qu'un corps sans vie, symbole de la créature qu'il avait été et ne serait plus jamais. Son âme irait-elle dans les enfers d'Hadès ou bien dans le Tartare ? Nul ne le savait même si cela préoccupait un peu le Sethni. Le corps sans vie tomba sur le sol dans un bruit mât et lourd. Le chevalier d'or s'avança en direction du général de Poséidon et posa sa main sur son épaule dans un geste d'attention et d'amitié. Sa voix résonna alors de le silence qui s'était installé dans cette grotte qui était encore il y avait de cela quelques minutes, le repère d'un être terrible, un Asura millénaire.

- Votre attaque était impressionnante. J'ai reconnu en vous un véritable guerrier à la fois en terme de valeur et de puissance. Vous avez parfaitement agi. Puisse cette union contre le mal incarné, inspirés nos compagnons mutuels pour l'avenir. Dans un lointain passé, nos deux camps furent ennemis mais cela s'est passé il y a tellement longtemps. Ce jour prouve encore une fois qu'une collaboration et une entente pacifique est plus que réalisable entre Athéna et Poséidon. Je peux maintenant me faire un avis sur vous, Kartar, héritier des guerriers atlantes.

Ceci étant dit, le Sethni retira sa main et avança pour se pencher vers la dépouille encore chaude de l'Asura. Une simple élévation de cosmos pour qu'Excalibur fasse son apparition autour de son avant bras et un bref mouvement pour créer un splosh sonore et décapiter la créature inerte. Reposant les têtes sur le sol, le chevalier d'or fit rouler du pied le corps sans tête de l'Asura et le poussa sur quelques mètres pour qu'il tombe du rebord, puis dans l'eau dans un splash sonore. En quelques secondes, il n'en restait plus aucune trace à cause de l'obscurité de l'endroit et des flots. Un geste simple pour rendre hommage à cette créature qui bien que maléfique, avait droit elle aussi à un dernier salut et hommage.

- Cette chose aimait l'eau plus que tout. Quel meilleur cercueil que ce lac intérieur où elle aimait se réfugier. Que son repos soit aussi calme et propice que le courant de cet étendue aquatique et qu'il trouve la paix qu'il n'a jamais trouvé sur cette Terre.

Le porteur de l'armure d'or s'abaissa pour ramasser les trois têtes de l'Asura, signe de sa défaite et de sa mort. Il n'allait pas s'en servir comme trophée, cela serait le réduite à du gibier et à réduire le Capricorne et Kartar a de vulgaire chasseur, tuant pour leur propre plaisir, pour se divertir. Il avait fait cela dans un but bien précis qui était loin d'être dans son intérêt personnel ou encore celui du descendant des atlantes. D'une voix calme, il montra les trois têtes à son interlocuteur tout en parlant.

- Cette créature qui souhaitait s'élever au niveau des dieux va pouvoir remonter à la surface pour contempler la lumière du jour et indiquer aux villageois du coin qu'il n'y a plus de danger dans le coin, sans pour autant nous attirer leur remerciement incessant et leur bienveillance. Nous ne sommes pas des mercenaires, nous n'avons pas besoin de payement pour débarrasser la terre des créatures maléfiques. Et si nous poursuivions notre chemin ?

Milan se mit à avancer calmement puis s'appuya contre le mur se rappelant que la personne qui connaissait l'endroit était le marinas et non sa petite personne. Il allait lui laisser reprendre la tête de leur marche pour voir ce que leur réservait ces galeries souterraines indienne.

Mon poing était encore enfoncé dans le corps de la créature, dont les yeux s'étaient éteint. Elle chuta lourdement en arrière et je ne bougeais toujours pas, grisé par le pouvoir que je savais encore déployer, par toute cette énergie qui avait circulé et refluait maintenant lentement, et par cet être que j'avais envoyé dans je ne sais quel enfer. Mlan me sortit de ma torpeur en posant une main sur mon épaule, je ressentis alors toute la douleur que m'avait infligé l'Açoura en me projetant contre les roche au début de notre duel. Je n'étais pas protégé d'une écaille, mais je m'en sortais très bien. Le chevalier d'or me parla et je me retournait vers lui. Ses mots me firent du bien, il me jugea comme un égal, digne de respect et valeureux. L'étais-je donc ? Si seulement mon Dieu le jugerais ainsi aussi... Je l'observais, ce jeune homme, brillant dans son armure. Respect. Envie aussi. Cet homme était à son exacte place dans le cosmos, j'en étais persuadé. Oui, nos camps pourraient s'entendre... Mais ma situation et mes connaissances de l'état actuel ne me permettait toujours pas d'en discuter.

- Tu es digne de porter cette armure Milan, le Sethni. Ou plutôt, l'armure est digne de te revêtir, dis-je simplement, n'osant m'exprimer davantage.

Suite à cet échange, il repoussa le cadavre dans l'eau après en avoir coupé les têtes. L'ancien tricéphale coula lentement, et j’acquiesçais, d'accord avec ses actes. Par la suite il me présenta les têtes, proposant d'offrir à cet être l'ultime rêve de sa race, et de rassurer les villageois. "Encore une fois, tu es digne de porter l'armure d'or du Capricorne. Ce que tu proposes là est sage et respectueux. Je te propose d'en profiter et de grimper les tunnels jusqu'au point culminant du pic rocheux. Il y a un passage, s'il n'est pas éboulé, qui s'ouvre sur la lumière, à quelques dizaines de mètres du sommet. Ici, nous pourrions laisser l'une des têtes, et je te montrerais ainsi l'un des plus beaux panorama de Jamir !" Le Sethni m'écouta et donna l'air de se rendre compte de où il se trouvait.

Le jeune saint fit un signe de la tête avoir avoir d'abord fait quelques pas tout seul, comme s'il s'était cru un instant dans l'un de ses temples grecs, oubliant déjà que nous avions affronté des êtres monstrueux cherchant à nous apporter la mort. Insouciant, et pourtant tout à fait "présent". J'aimais bien ce jeune homme. Nous poursuivions donc, chacun nos têtes sous les bras, moi deux, et après une longue demi-heure à grimper dans des conduits parfois exigus, nous arrivâmes à un point où il y avez, visible au loin, un point de lumière naturelle, rougeoyant. Le soleil devait être en train de se lever. Nous étions exactement là où nous devions être dans l'univers, j'en étais persuadé... Ce paysage, je ne l'avais observé que deux fois auparavant. Il avait pour moi quelque chose de magique et de sacré. Peut-être était-ce une grande amitié qui devait naître ici-même, après avoir discuté, exploré, s'être soutenus et protégés, nous allions partager un panorama sacré, têtes d'Açoura sous le bras.

Lorsque nous arrivions dans la lumière, j’exhortais0 Milan à baisser les yeux, à ne pas regarder devant lui, à ne pas regarder l'horizon baigné de photons, mais à accélérer l'allure, à grimper plus vite encore la muraille naturelle afin d'arriver au faîte avant qu'il ne soit trop tard. Il avait bien compris le sens de ma démarche : le paysage ne devait se révéler que lorsque nous serions à l'endroit idéal. Et quelques dizaines de mètres plus haut, comme dans mes souvenirs, nous arrivions sur un petit plateau à ciel ouvert, face au disque solaire à demi-levé, assis dos à un ultime petit muret naturel en pointe mais plat dans le dos. Enfin, nos deux visages chauffés par la chaleur du matin, les trois têtes disposés dans la même direction que les nôtres, nous ouvrîmes les yeux, et les sourires naquirent...

Nous étions installés et Milan entreprit de relancer la conversation. Il me posa des questions sur mon peuple, ou plutôt mes ancêtres atlantes. Sur le moment, pensif, je ne dis rien. Peut-être prt-il cela comme une volonté affirmée de ne pas répondre. En tout cas il enchaîna et m'avoua que lui-même n'y connaissait pas grand chose à sa propre région natale. Soit. Mais mon silence butée ne signifiait pas que je refusais de parler de ça. Je me tus encore, et le jeune saint accepta le silence. Les minutes s'égrenèrent, l'astre lumineux grandit, s'éleva encore un peu, un peu, toujours plus, révélant davantage les pics, les arêtes, les anfractuosités, les plaques, les murailles et les gouffres, les arbres et les nids. Grandiose ! Enfin, il ajouta quelques mots et je sus alors qu'il avait compris le sens de mon silence : Oui, il avait raison en disant que les dieux étaient capables du pire comme du meilleur, mais surtout, surtout : ce que nous voyons ici, maintenant, c'était le meilleur de ce que l'on pouvait voir. Il y avait peu de lieux qui surplombaient ainsi le monde sans pour autant nous laisser dans un climat neigeux. Jamir, à mon sens, était tout bonnement magique. Un lieu sacré que je défendrais quoi qu'il en coûtait si elle était menacée un jour. Je pris le temps de m'enfouir encore u peu dans mes souvenirs. Ce que m'avait appris ma mère. Ce que m'avait appris mon père et mes professeurs, mes amis et mes maîtres, ainsi que les livres et les récits des quidams. L'Atlantide...

- L'Atlantide... Por la plupart des émergés, il s'agit d'une légende. Pourtant, vous avez des pyramides en Egypte, en Chine, au Mexique, et même au Japon, sans plus savoir à quoi elles servent. Vous avez tous subi un bon technologique en même temps, et ce n'est que quelques exemples. Oui, l'Atlantide à existé, et a été engloutie par les blue warriors, anciens chevaliers d'Athéna. Mais de cette punition infligée, rares sont ceux qui nourrissent encore une rancoeur. Athéna n'avait certainement pas prévu cela, tout comme nous.

Je m'arrêtais, retournais dans mes pensées, essayant de trouver quelques exemples de savoirs que les émergés n'avaient pas perdu avec le temps.

- Tout ceci, ce sont des traces de nos aïeux, oui. S'ils ont laissé des savoirs ? A ça je te réponds oui aussi. Les pyramides par exemple sont des constructions obéissant aux lois du chiffre d'or, qui a été redécouvert par les émergés dans l'antiquité grecque. Ce chiffre correspond à un rapport constant de la nature physique et psychique. Les pyramides, bien construites, permettent, si l'on se place au bonne endroit à l'intérieur, de développer ses capacités mentales. Il y en a de nombreuses pour qui sait les chercher, mais c'est un secret d'égéen. Mais tout cela, ce n'est que les vestiges d'une civilisation déjà disparue, puisqu'elles ont été crées après l'engloutissement, par des survivants qui ont décidé de fuir sur les terres. Ce sont des... maquettes, si on veut. Des modèles réduits, affaiblis et mal construits. Notre peuple était un grand peuple de bâtisseurs, et nos huit piliers en témoignent. Concernant les cités en ruines, non, il n'y en a pas au-dessus de la surface. Nos cités étaient sur le continent atlante, entre l'Amérique et l'Europe. Tout à disparu, enfin, tout est submergé. Peut-être qu'un jour...

Perdu dans mes souvenirs et mes rêves, j'oubliais peu à peu le temps et la présence de Milan. J'oubliais ma honte, mes remords et mes regrets, j'oubliais mon histoire pour n'être plus que le souvenir de mon peuple, ma pensée et ma conscience se diffusait dans l'espace-temps. Puis je revins à mes préoccupations présentes, lentement ramené à la réalité. Comment expliquer ce qu'un fils d'atlante, éduqué comme tel, sait sur la nature, l'univers, l'atome et la lumière...

- Beaucoup d'enseignements ont été perdus depuis longtemps, mais nous travaillons toujours, du moins certains d'entre nous, nos talents. Nous ne sommes pas meilleurs, simplement nous étudions de parent à enfant certaines matières depuis des milliers d'années. Des branches de la science que vous n'avez peut-être pas encore découvert. Les émergés découvrent encore l'hypnose, nous connaissons le voyage dans les vies antérieures, seul ou en groupe. Vous connaissez les mathématiques et la physique, nous appliquons les mathématiques spatiales, c'est-à-dire que nous pouvons compter avec notre inconscient, simplement en comprenant un rapport volume/onde/superficie dans un espace donné. Mais l'intuition et le subconscient y participent aussi grandement, ce sont des muscles à forger.

Milan faillit s'endormir lors de l'explication ésotérique et scientifique car cela ne l'avait jamais réellement intéressé mais aussi parce que ses propres connaissances n'étaient pas spécialement les plus poussées au monde dans ce domaine. Il préférait de loin l'histoire, la mythologie, les cultures étrangères et aussi tout ce qui avait un rapport de près ou de loin avec le combat et la cosmo énergie. Voilà pourquoi il décrochait quelque peu sur ces sujets mais entendre l'emplacement géographique précis de l'Atlantide ainsi que la possibilité qu'il y ait encore des ruines lui mettait du baume au cœur. Tout cela sentait bon les embruns de la mer et l'aventure mais ils se trouvaient à des milliers de kilomètres de là et le Sethni, lui n'avait pas le temps pour se lancer dans de telles recherches, surtout sans l'aval du Sanctuaire et surtout du Grand Pope ou d'Athéna. Sa dernière recherche sur un territoire neutre et pouvant contenir des artéfact s'était soldé par une attaque des Spectres, la mort d'un compagnon et sa fuite sous la menace du dieu de la mort. Il ne voulait plus revivre ce genre de chose même si l'Atlantide ne lui offrirait sûrement pas de tel frayeur, il ne partirai pas seul dans un tel endroit, de peur de se faire assaillir de nouveau mais aussi par simple prudence. Après des temps si troubles, le Sanctuaire n'avait pas besoin de perdre un chevalier d'or dans le fond de l'estomac d'un ventre marin où sous un effondrement marin.

- Si je comprend bien, quelque part nous sommes tous des descendants des atlantes. Peut-être pas de père en fils comme vous mais tout simplement par nos techniques, nos inventions ou simplement pour certains côté spirituel. La Terre est jalonnée par votre savoir et nous l'occupons. La perte de votre peuple est à déplorer et c'est tout à l'honneur de vos descendants de ne pas tenter de se venger de ces blues warriors.

Kartar continua son monologue et Milan préféra ne plus l'interrompre pour le moment. Il fut un peu perdu quand le Marinas parla de mathématique spatiale et d'autres choses du genre qui risquaient de ne pas être découvertes avant de nombreux siècles à moins que les descendants de la brillante civilisation ne les révèlent au monde avant. Il demanda ensuite au Sethni de ramasser les cailloux, de les mélanger et de les lui montrer brièvement. Ne sachant pas trop pourquoi, le Capricorne d'or s'exécuta. L'atlante trouva le nombre juste et vanta sa science ainsi que d'autres don qu'il semblait posséder comme la téléportation, la télépathie ou encore une connaissance profonde de l'âme des armures. Bref Kartar était un véritable puits de science et ça question était plus embarrassante pour Milan qu'autre chose car lui ne venait pas d'une famille riche ou cultivée.

- Ha ha ha pour tout dire ma famille m'a appris que les choses classiques qu'on apprend à un enfant. Ne met pas les doigts dans ton nez, ne mange pas ça tu vas être malade, mange tes légumes. Sinon mis à part une connaissance basique de la religion chrétienne, couplée à un enseignement à passer le balai et à en éviter les coups, ma mère n'avait pas vraiment le temps de m'apprendre beaucoup de chose. Être seule avec un enfant et devoir gagner sa vie, ce n'était pas vraiment facile pour elle, je crois.

Je l'écouter résumer un peu l'histoire, mais je ne pouvais le laisser sur ce raccourci qui ne correspondait pas à la réalité. Mélanger les mots, ça transformait les sens, les messages, et finalement il croirait rapportait mon récit alors qu'il racontait celui qu'il croyait avoir compris. La différence pouvait être énorme et je me devais de le rectifier, quitte à passer pour un vieux professeur tatillon. "Attention à tes paroles qui pourraient semer le doute parmi ceux à qui tu parlerais. Ceux qui savent l'histoire de l'Atlantide n'en veulent pas à Athéna. De parent à enfant, on rappelle que si les chevaliers responsables étaient des envoyés d'Athéna, ils se sont fait renégats par leurs actes et le fuite dans les terres glacées, proches de la Sibérie. Ainsi, puisqu'ils ont renié leur déesses, Athéna n'en est plus responsable, selon nous. Les Blue warriors portent entièrement la faute de leurs actes. Pour autant, nous ne leur donnons pas la chasse. Du moins pas officiellement, car il arrive que de jeunes écailles impétueux partent en mission de reconnaissance pour évaluer leurs forces et parfois en profitent pour un duel. Je ne sais rien de leurs forces actuelles aujourd'hui, l faudrait que je vérifie cela, si jamais Poséidon décide de me réintégrer. Je me souvenais avoir tenter une attaque alors que j'étais encore capitaine. Je n'ai du ma survie ce jour-là qu'à Siluana. J'aimerais tant retrouver son incarnation présente. Peut-être est-elle toujours en Sibérie...

- Concernant ton terme de fils d'atlante, il faut le prendre à la légère. Ce sont des survivants, refusant d'entrer à jamais dans la cité sous-marine d'Eges, qui ont poursuivit les enseignements. Pour autant, ils n'ont as tout appris aux émergés, loin de là même ! Notre peuple a participé à l'évolution, car il était à l'époque avancé, mais il ne l'a pas faite. Si je devais employer un terme lié à la famille,j'utiliserais celui de parents. Non pas de père à fils, mais au sens d'individus liés dans un tout, enfants, cousins, oncle, tante... Nous sommes tous parents et les atlantes et égéens ont autant appris des autres peuples que les peuples ont appris d'eux.

Ensuite, Milan se permit de répondre à ma question. Je lui demandais des informations personnelles, concernant sa vie, sa famille. Son premier rire en dit long sur son embarras, pourtant il tenta de n'en rien laisser paraître. Son expérience était assez limitée en comparaison de la mienne. Beaucoup de chevaliers de tous camps avaient une histoire difficiles, incluant un éveil rapide et réflexe par exemple. Souvent les parents n'étaient plus, le reste de la famille aussi, ne laissant que les frères et soeurs d'armes. Milan devait être dans ce cas de figure. Que dire. Je me rendais soudain compte de tout ce que j'avais dit et qui, certainement, avait du le ramener à cet état de fait. Finalement, je décidais qu'il n'y avait simplement rien à dire. Il s'était livré et je l'acceptais. J'acquiesçais simplement d'un signe de tête et le remercie pour sa franchise. Et nous regardâmes encore le paysage, quelques minutes. Le temps avançai, et le moment de se séparer approchait à grands pas. Il devait le sentir lui aussi. Les têtes étaient là, attendait d'être dévorées par les vautours tibétains qui déjà commençaient à rôder en tournoyant autour de nous, haut dans le ciel. "Peut-être qu'il faudrait les emporter jusqu'au village où nous nous sommes rencontrés. Nous pourrons ainsi rassurer les populations. Tu es agile, nous pourrions descendre en passant par l'extérieur, et rejoignant cette facette de l'arête, là-bas. D'ici, on pourra procéder par bons ou en glissade si on trouve une roche qui s'y prête. Ca nous éviterait de repasser par les tunnels, qu'en dis-tu ?"