Perséphone Déesse des Ténèbres
Rôle : Staff
Planter des fleurs sur la tombe d'Alessio et faire des bébés avec Hadès Messages : 10532 | Sujet: [Flashback] Il n'est de souffrance que l'on ne puisse faire taire Ven 21 Déc 2012 - 0:25 | |
| Il y a dix ans, aux alentours du lac Kawaguchiko, Mont-Fuji
Comment avait-elle pu en arriver là... Comment avait-elle pu laisser les évènements s'envenimer à ce point... Tout avait débuté en un jeu aussi simple que sournois. Un jeu auquel les divinités s'adonnent souvent, qui rythme l'existence de nombre d'entre elles. L'éternité c'est long, très long. Elle peut être aussi trépidante que morne, aussi intéressante que pathétique d'ennui. Tout dépend de la façon dont on la vit, dont on l'aborde.
Perséphone, comme beaucoup d'autres dieux et déesses, aimait à séduire et à être séduite. Ça n'était qu'un... jeu. Qu'un passe temps comme un autre et jamais cela n'avait remis en question tout l'amour, toute la dévotion qu'elle éprouvait pour son unique époux : Hadès. Mortels la plupart du temps, demi dieux rarement, divinités jamais, la déesse des ténèbres avait eu un certain nombre d'amants. Peu nombreux étaient ceux à avoir réussi à passer entre les mailles du filet du sombre monarque. Funeste était la punition des êtres n'ayant pas réussi à échapper à l’œil acéré du seigneur des ténèbres.
Hadès le savait et Perséphone le soupçonnait de se prêter au jeu, lui aussi. Punir ceux qui avaient ainsi osé toucher sa femme, semblait lui procurer d'immenses plaisirs. Et il était rare qu'il le reprocha plus que pour la forme à Perséphone. Il y eut bien une fois... où le dieu se mit tellement en colère qu'elle en eut des frissons. Mais c'était un cas... isolé. L'empereur des enfers s'en amusait plus qu'autre chose, sachant parfaitement que tout cela n'était que plaisir de la chair et jamais plus que cela.
Jusqu'à ce qu'elle le rencontre... lui... Jamais les règles du jeu ne furent dites, mais toujours ils en connaissaient les conséquences potentielles. Ça ne devait pas arriver. Cela devait rester un amusement, une provocation, un passe temps, à qui manipulerait le plus l'autre et rien de plus. Or, comme cela arrive parfois, l'amusement prit un virage pour le moins inattendu. Perséphone ressentait de l'amertume, de la colère aussi. Contre elle même et surtout contre lui. Elle était persuadée qu'il savait, elle était de plus en plus convaincue qu'il avait conduit le jeu là où il le souhaitait. Perséphone était tombée dedans comme une simple mortelle, comme une gamine écervelée. Elle n'avait pas vraiment vu venir l'inéluctable, elle ne s'y attendait pas. Elle ne pouvait croire que ses sentiments, pourtant si profondément ancrés dans son âme, seraient capables de s'orienter vers un autre être qu'Hadès.
Pourtant c'est ce qu'il arriva. Ô bien sûr, son affection pour le sombre monarque n'en fut jamais altérée. Cependant... une seconde place s'était nichée un abris dans sa poitrine et le jour où son cœur battit plus fort qu'à l'accoutumé, en "sa" présence, elle comprit. Elle comprit que le point de non retour venait d'être franchi, comme elle perçut à quel point il allait être insurmontable d'aimer deux êtres en même temps. Cela était invraisemblable, impossible, insupportable. Cela... ne pouvait être. Il ne devait y avoir qu'un seul être et de tous temps à jamais ce serait Hadès, personne d'autre.
Longues furent les heures de profonde réflexion au cours desquelles elle tenta de trouver une solution. Le problème était retourné dans tous les sens, soigneusement repensé, l'histoire minutieusement recontée encore et encore. Rien. Pas l'ombre d'une solution ne venait éclairer l'esprit de la déesse qui s'assombrissait de plus en plus en plus. C'est au cours d'une longue retraite dans les jardins d'Elysion, qu'un prologue de solution lui apparut.
- Perséphone ???
Tirée de ses pensées par la voix au timbre si doux qu'elle connaissait par cœur, la déesse se tourna vers sa mère, Déméter, qui venait à sa rencontre. Un pâle sourire se matérialise sur ses traits tandis qu'elle observait la déesse avancer d'un pas aérien vers elle. Elle lui a tant menti et elle continuait encore de le faire aujourd'hui. Déméter ne le méritait pas, elle avait toujours été une mère patiente et aimable. Présente, surtout, contrairement à Zeus perpétuellement aux abonnés absents. Et pourtant... même après autant d'odieux mensonges, Perséphone ne regrettait rien. Si c'était à refaire, elle ferait exactement la même chose.
- Que fais-tu ici mon enfant ? J'ai senti ta présence... alors je me suis hâtée... Tu n'es pas en enfers ? Ou est Hadès ? Impossible.... Accepterait-il de te rendre à la terre aujourd'hui ???!
Perséphone fut presque attendrie par tous les faux espoirs que sa mère venait de nourrir en un temps record. Elle secoua légèrement le visage dans une attitude négative.
- Non, pas aujourd'hui mère. Lui répondit-elle en un sourire.
- Cependant... j'ai besoin de toi. Tu es la seule qui puisse m'aider et dont je sois assurée de la plus totale discrétion.
Déméter était en effet l'idée lumineuse qui était apparue à la brune quand elle séjournait à Elysion. Qui mieux que sa mère, pouvait comprendre ses sentiments. Qui mieux qu'elle pourrait entrer dans son esprit pour éradiquer la plus petite trace de "sa" présence. En qui... pouvait-elle avoir réellement confiance. Déméter, la seule et l'unique. Il n'y avait qu'elle pour accomplir ce miracle.
- Que se passe-t-il... tu me sembles soucieuse. Parles mon enfant. Tu sais que je suis toujours là pour entendre tes peines.
Un nouveau sourire illumina brièvement le visage de la déesse. Non... définitivement, elle ne méritait pas tous ces mensonges. Mais avait-elle le choix ? Non, évidemment. Déméter ne pourrait comprendre, ne pourrait accepter que sa fille soit véritablement éprise d'un dieu comme Hadès. Elle refuserait toujours de l'entendre, alors pourquoi se fatiguer inutilement...
- Tu sais à quel point Hadès peut être jaloux... Commença-t-elle d'une voix sombre.
Déméter acquiesça silencieusement de la tête, fronçant les sourcils.
- Je pensais que je serais assez forte pour tout affronter. Je me suis trompée. Mère... j'ai commis un acte très grave et si tu ne m'aides pas, il me portera grand tort. Je n'ose imaginer dans quelle violente colère sera Hadès quand il l'apprendra...
Le mensonge est un vilain péché... paraît-il. Perséphone n'était pas très à l'aise de devoir manipuler sa mère comme si elle était la dernière des idiotes. Cela était d'ailleurs bien loin de la déesse. Mais son amour pour sa fille la rendait aveugle sur bon nombre de choses. Des mots judicieusement choisis par Perséphone suffisaient à ce qu'elle la croit sans douter une seconde de sa parole. Ou alors faisait-elle très bien semblant, allez savoir...
Le visage de Déméter se fermait au fur et à mesure des mots prononcés par sa fille. L'inquiétude se lisait sur son visage et la mine désespérée qu'arborait la déesse des ténèbres n'aidait en rien.
- Parles je t'en prie ! Que puis-je faire pour t'aider ? Souhaites-tu que nous allions trouver Zeus ???
Perséphone eut toutes les peines du monde à ne pas esquisser une grimace à la hauteur de son opinion sur son paternel, mais se retint de justesse.
- Non, surtout pas... regardes comment ça s'est passé la dernière fois...
- Ça n'est pas faux... Reconnut Déméter d'un ton dépité.
- Maman... Lâcha Perséphone à voix basse en prenant les mains de Déméter au creux des siennes.
- Tu dois faire disparaitre de mon esprit une personne en particulier.
Les lèvres divines s'entrouvrirent légèrement sous l'effet de la surprise. Déméter fixa sa fille d'un air meurtri.
- Tu es tombée amoureuse et tu as peur du châtiment d'Hadès s'il l'apprend...
- Oui...
Même si elle avait menti, sa mère venait de résumer le problème à la perfection. Elle ne se doutait pas à quel point c'était la vérité. Mais ce dont elle ne se doutait pas, c'était à quel point Perséphone redoutait que son tendre Hadès lui fasse du mal à "lui" et non pas à elle, comme le croyait Déméter. Elle ne supportait plus de les aimer tous les deux, mais elle ne supporterait pas qu'Hadès le tue non plus. La seule solution, était que ses sentiments disparaissent à jamais. Sans souvenirs, il ne risquerait rien. La situation à laquelle elle était réduite était pathétique. Perséphone était furieuse d'en être arrivée à cette extrémité. Comment une déesse de son envergure avait-elle pu se laisser piéger par une amourette d'adolescent.
- Tu peux le faire, n'est-ce pas...
- Et bien... Déméter fixa sa fille d'un air perplexe.
- Oui je peux le faire, tu es ma fille, notre lien le permet... Mais ça ne sera jamais aussi précis que tu le souhaites. Je ne peux pas être certaine de n'effacer que tes sentiments pour cette personne, comme je ne peux pas t'affirmer que jamais ils ne reviendront. Je risque d'effacer certains autres souvenirs en même temps... Tu es sûre de vouloir prendre ce risque ?
Perséphone n'eut pas longtemps à réfléchir. De toutes façons, elle n'avait pas le choix.
- Il le faut. J'en assumerai les conséquences.
- Bien... si c'est ton choix mon enfant, je ne peux que m'y résoudre. Je suppose que tu y as déjà trop réfléchi.
Pour toute confirmation, la brune hocha lentement le visage. Ô que oui elle y avait déjà trop réfléchi. Il fallait que cela cesse et sur le champ.
- Il me faut son nom.
Perséphone hésita quelques brèves secondes. Elle savait pourtant qu'il lui faudrait dévoiler son identité. Ses lèvres bougèrent lentement, sans pour autant qu'un seul son n'en sorte. Quand Déméter compris le nom de celui qui avait causé dans de tort à sa fille, peut être à son insu, ses yeux s'écarquillèrent sous l'effet de la surprise. Sans doute ne s'attendait-elle pas à connaître ce nom. Sans doute, ne s'attendait-elle pas à ce que la situation soit effectivement aussi problématique que sa fille le disait. Mais la réalité était que, désormais, Déméter comprenait parfaitement que cet homme ne pouvait subsister dans les pensées de Perséphone.
Une belle aura dorée et lumineuse auréola le corps de la "mère de la terre". Apaisante, réconfortante, elle s'immisça en Perséphone lentement, doucement, s'insinuant en chaque parcelle de son corps. Cela dura longtemps, très longtemps... Et ce n'est qu'après de longues minutes que Déméter fit taire son cosmos, fixant sa fille avec attention.
- Te souviens-tu pourquoi tu es ici ?
Perséphone acquiesça d'un mouvement de visage.
- Oui. Je suis venue te demander d'effacer des souvenirs.
- Te souviens-tu de quoi il s'agit ?
Perséphone réfléchit un moment avant de répondre. Elle se souvenait clairement d'être en grand désarrois. La peine, l'amertume, se mélangeaient à ses souvenirs en une sorte de magma dont la raison lui échappait. Elle avait beau fouiller son esprit, elle n'arrivait pas à se remémorer ce qui avait provoqué tout cela.
- Non... je ne me souviens de rien... Dit-elle en posant ses prunelles sombres sur sa mère.
Un sourire illumina le visage de Déméter.
- Alors ma mission est accomplie. Je suis contente d'avoir pu t'aider ma fille.
La déesse des ténèbres était complètement perdue. Elle ne comprenait pas à quoi rimait tout ce cirque. Mais une chose était certaine. Elle savait qu'elle en était l'auteur. Elle ne savait pas pourquoi ni comment, mais visiblement elle en était arrivée au dernier recours. Elle avait fait appel à sa mère pour l'aider et effacer une partie de sa mémoire. Si elle avait pris une telle décision, c'est que les choses devaient être sérieuses.
- Je ne me souviens plus pourquoi... mais je te remercie mère. Dit-elle en un sourire apaisé.
Les deux déesses se quittèrent sur ces mots. Déméter était affligée de voir sa fille repartir vers le royaume des morts, et elle savait qu'elles ne se reverraient surement pas avant longtemps... Perséphone lui fit ses adieux et quitta le pourtant si beau paysage du Mont-Fuji. Quand elle le regarda une dernière fois, elle ne put s'empêcher de se dire qu'il n'était en rien comparable à Elysion.
Les effets du cosmos de Déméter ne furent pas uniquement ceux escomptés. Perséphone avait décidé de ne pas rentrer tout de suite en enfers et de parcourir un peu la terre dans l'anonymat le plus total. Elle passa quelques années à visiter les contrées humaines qui attisèrent autant sa curiosité que son amertume, selon les scènes qui s'offraient à elle. Au bout de quelques mois, elle ne se souvenait même plus être aller trouver sa mère. L'étape du jardin d'Elysion avait également délaissé sa mémoire, ainsi que d'autres informations primordiales ou évènements couvrant les 2 dernières décennies. Il semblerait que le cosmos de sa mère ait continué de faire son œuvre en sa fille bien après qu'elles se soient séparées.
Tant et si bien qu'au bout de dix années elle se demanda ce qu'elle pouvait bien être en train de faire et pourquoi elle avait passé des mois à vagabonder comme une humaine. Ses souvenirs étaient flous, imprécis. Elle se souvenait de ce qu'elle avait fait ces derniers mois mais certains passages étaient bizarrement manquants... Lasse de son voyage et souhaitant retrouver son époux au plus vite, Perséphone délaissa la terre des humains sans aucun regret, et entama le voyage qui la conduirait chez elle, au royaume des morts.
-> Palais d'hadès
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