A l'est rien de nouveau...

Cela faisait une bonne dizaine de minutes que le chevalier d'Or des Poissons avait quitté la clairière, errant comme un zombi à travers les plaines rougeâtres de cette île maudite. Le paysage qui encerclait Villiu était horriblement austère... Une absence totale de verdure verdoyante et chatoyante, une chaleur écrasante. Il n'y avait rien de nouveau à l'est de l'île. Villiu évita de s'enfoncer davantage au centre de cette terre bannie, la présence de colline et d'émanation de vapeur grisatre devait signifiait la présence d'un ou de plusieurs volcan.

Il ne manquait plus qu'une éruption se produire et nous sommes tous morts...

Le chevalier au visage angélique préféra alors, non pas rebrousser chemin, ne souhaitant pas rejoindre ses compagnons d'aventure, mais s'échouer sur la plage. Observer l'océan, la mer se jetant sur les glaces polaires du Groënland le rassurait dans sa petite enfance.
Arrivée sur le rivage, l'immensité de l'océan se dessinait sous ses yeux horrifiées. Un océan d'un bleu d'une couleur aussi sombre que la nuit s'etendait sur des milliards de kilomètres. Cette terre semblait si éloignée du reste du monde.

Villiu soupira.profondemment. Elle devait se faire à l'idée de vivre ici pendant un temps. Elle s'assit délicatement sur le sable chaud qui longeait le rivage. Un sable infiniment fin qui pénétrait dans les ouvertures de son armure dorée. Il était grand temps de la quitter, d'ailleurs, cette armure d'or. Il ne faisait aucun doute que le climat était suffocant, mais porter sur ses épaules une telle cuirasse ne pouvait qu'intensifiait cette chaleur.
Un regard sur la droite, un regard sur la gauche. Il n'y avait a priori personne. Elle ne ressentait aucune cosmo-énergie de ses alliés. Elle était alors visiblement seule sur cette portion de l'île.

Personne !

Pourquoi une telle précaution avant d'ôter son équipement de chevalier ? En fait, Villiu ne tenait point à ce que l'on connaisse son secret. Sous ses attraits, pensées et comportements féminins, Villiu n'était autre qu'un garçon biologiquement. Il serait malvenu que l'on découvre qu'elle ait menti sur ce point, à ses compagnons, depuis le début de leur épopée chevalesresque. Ce secret n'avait rien de bien nuisible pour la communauté athénienne, mais personne ne devait être au courant afin d'éviter les éventuels conflits ou rejets.

Tout en restant vigilante, Villiu enleva le buste de son armure dorée, puis le bassin, avant de finir par les bras et les jambes. Un changement radical se produisit. Même si cette armure n'était plus un fardeau, contrairement aux premiers jours; Villiu se sentait réellement beaucoup mieux, comme libérée d'un poid. Une fois dénudée, Villiu s'approcha d'un pas délicat vers la mer qui s'échouait paisiblement sur le rivage ensablée. Son pied gauche entra le premier en contact avec l'océan. La température de l'eau était agréable, nettement plus fraiche qu'à l'extérieur. Une agréable sensation envahissait Villiu. Elle pouvait enfin se purifier. Elle s'enfonça dans l'océan jusqu'au niveau de la poitrine, carressant entièrement son corps comme pour évacuer toute la moiteur qu'elle avait accumulé depuis un long moment. Elle ferma les yeux, se laissant emporter par diverses émotions palpables. Elle espérait que ce moment ne prendrait jamais fin...