Spectre Celeste de Janus de l'Etoile de la Machination
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Sujet: Bloody Angel — 17 mai 1838 — Perséphone Sam 5 Oct 2024 - 3:49
What do you say to the dead Is there a place where it's burning It says in a book I once read Yes there's a chance of returning Turn to me
The fundamental principles Say nothing of forever But those are voices that I hear Or I'm just not so clever
It can't be me I know somebody else believes this Well, I'm not alone, I'm not afraid Just one way to see
17 mai 1838
Talleyrand, maître des intrigues et des retournements politiques, est considéré comme un traître pour avoir, à plusieurs reprises, changé de camp au fil des régimes qu’il a servis. D’abord révolutionnaire, il trahit la monarchie, puis il soutient Napoléon avant de conspirer contre lui. Lorsque l’Empire s'effondre, il se rallie aux Bourbons, contribuant à la chute de l'Empereur. Sa vie est marquée par une série de trahisons au gré de ses propres intérêts, abandonnant tour à tour les idéaux, les régimes et les hommes pour lesquels il avait juré fidélité.
Lorsque Talleyrand chute soudainement dans le Cocyte, son corps est instantanément enveloppé par la glace. Il sent le froid mordant l'envahir d’un coup, un froid si intense qu'il semble brûler sa peau avant de la rendre insensible. Ses membres se figent, paralysés par l'immobilité forcée, ses doigts crispés comme dans un dernier geste de maîtrise qui échoue face à la brutalité du gel. Sa respiration se fige dans sa gorge ; chaque tentative de bouger, même la plus infime, se heurte à l’immobilité absolue. Le poids écrasant de la glace l’écrase, l’étouffe, non seulement dans son corps, mais aussi dans son esprit.
Physiquement, la douleur est incommensurable. Le froid pénètre chaque fibre de son être, tel un poison lent mais inéluctable. Ses muscles se contractent puis se figent, comme s’ils étaient eux-mêmes devenus de glace. Son cœur, dans un battement lent et lourd, semble prêt à s'arrêter sous la pression glaciale qui l'entoure. Ses yeux ouverts restent immobiles, et la morsure du gel fait vibrer ses nerfs comme une torture éternelle, sans jamais le laisser sombrer dans l'inconscience. Ses poumons ne parviennent plus à aspirer l’air. Chaque tentative de respirer n'est que vide, un écho de son ancienne vie, où il parvenait toujours à trouver une issue. Mais ici, il n’y a pas d’échappatoire. Tout est figé, statique, sans possibilité de rédemption.
Émotionnellement, l'angoisse est encore plus dévorante. Talleyrand réalise qu'il est à jamais pris au piège, non pas de la trahison d'un homme ou d'un régime, mais de l’impuissance totale. Lui qui a toujours su se sortir des pires situations, négociant des compromis et manipulant les puissants, est maintenant incapable de bouger ne serait-ce qu’un muscle. Son esprit, vif et calculateur, est toujours en ébullition, cherchant une issue, mais il ne trouve que le vide glacial de l’éternité. Il sent l’ironie cruelle de sa situation : le maître des intrigues, l’homme qui a toujours su tirer profit du mouvement et du changement, est désormais figé pour l’éternité. La glace devient son linceul et sa prison, et avec elle vient la terrible certitude que, cette fois, il n’y aura pas de dernière négociation.
Un sentiment de trahison s’infiltre dans ses pensées. Non pas la trahison des autres, mais sa propre trahison, celle envers lui-même. Talleyrand, qui croyait toujours pouvoir échapper à toute conséquence, se rend compte qu'il s'est joué à lui-même. Ses propres actions l'ont conduit ici, dans cette immobilité glaciale. Il a trahi tous les régimes pour survivre, mais en fin de compte, il a échoué à trahir le destin qui l'attendait. L'angoisse de cette éternité sans fin est pire que la douleur physique. Chaque instant dans cette glace rappelle les trahisons successives, les alliances rompues, et la vanité de ses jeux de pouvoir.
Au bord du Cocyte, Hevruka se tenait, une silhouette sombre drapée dans son armure de Spectre de Janus, observant le vide béant devant lui. Le bruit de la chute de Talleyrand résonnait dans l’air glacial des Enfers, un son métallique qui évoquait des souvenirs lointains de trahison et de loyauté déchue. Le regard d'Hevruka se fixa sur l'homme en chute libre, vêtu d'une obscurité qui contrastait avec le reflet de la lumière du Cocyte, un abîme gelé où les âmes errantes étaient condamnées à souffrir pour l'éternité. Talleyrand, ancien homme de pouvoir, avait été pris dans ses propres manigances, et maintenant il se retrouvait confronté à son destin.
Alors que Talleyrand tombait, une expression d'effroi se peignait sur son visage, mêlée à une résignation tragique. Le Cocyte s’ouvrait sous lui comme un vaste océan de glace, prêt à l'accueillir dans ses bras froids. Hevruka pouvait presque sentir l’écho de son âme, un cri silencieux implorant miséricorde, mais déjà, la prison de glace s'apprêtait à l'engloutir.
"Comment est-il tombé si bas ?" - se demanda Hevruka, une douleur sourde pulsant en lui. Talleyrand, ce maître manipulateur, était désormais un simple pion dans un jeu qu'il avait lui-même initié. Hevruka ressentait une étrange compassion pour cet homme, même si leurs chemins étaient si différents. Il se voyait dans ce reflet, tiraillé entre le bien et le mal, piégé dans un cycle de choix mortels. Hevy se remémora ses propres luttes, ses propres trahisons, et la douleur qui l’avait conduit ici. Les souvenirs des Gémeaux le hantèrent, et il se sentit soudainement vulnérable, exposé. La glace du Cocyte, qui attendait Talleyrand, était semblable à celle qui l'avait retenu prisonnier pendant tant d'années.
La chute de Talleyrand ne fut pas seulement une perte, mais un rappel brutal de sa propre existence. Hevruka était devenu un Spectre, mais à quel prix ? Les âmes perdues, invisibles autour de lui, murmuraient des histoires de regrets et de souffrances, des échos d’un passé qu’ils ne pourraient jamais changer.« Je sais ce que tu ressens, » murmura-t-il, bien que Talleyrand ne puisse l’entendre. L’empathie d’Hevruka se mêlait à un sentiment d'irréversibilité. Ce qu'il avait vécu, la perte de son ancien soi, se reflétait dans le destin de l’homme qui tombait maintenant, enchaîné par ses propres choix. La pensée d'Athéna le frappa avec une telle force qu’il ressentit un pincement au cœur. Elle était sa lumière, et il l'avait abandonnée pour la puissance des ténèbres.
Hevruka était assis sur la glace du Cocyte, un paysage désolé qui reflétait son âme tourmentée. Vêtu d'une veste noire, d'un pantalon à pinces impeccablement repassé, de richelieu noires et d'une chemise bordeaux, il se tenait comme un roi déchu dans un royaume gelé, figé dans sa propre souffrance. Les frissons du froid perçaient sa chair, mais ce n'était pas seulement la température qui le faisait trembler. C'était la solitude, une présence pesante qui l’écrasait, l'enveloppant comme un linceul. Son regard, autrefois flamboyant, était désormais voilé par la mélancolie. Il observa les ombres glissantes des âmes tourmentées autour de lui, mais aucune ne parvenait à le réconforter.
Un goût amer de désespoir remplissait sa bouche, et il sentit les larmes monter à ses yeux. Il pleura, silencieusement, sans que personne ne puisse l’entendre. Ses pleurs étaient une réponse à son isolement, à cette lutte incessante entre l'amour qu'il avait pour Athéna et la folie qu'il fut un spectre. Chaque goutte de son chagrin tombait sur la glace, formant de petites éclats scintillants, échos de sa douleur intérieure. Sa tristesse n'était pas simplement une réaction à sa condition actuelle, mais un torrent d'émotions refoulées. Hevruka était conscient d'être prisonnier non seulement des chaînes invisibles du Cocyte, mais aussi des démons qui tourbillonnaient en lui. Son cœur était lourd, alourdi par des choix fatidiques et des regrets éternels.
Alors qu'il pleurait, son aura vibrante se teintait d’une profondeur de tristesse mêlée à une colère incommensurable. L’énergie qui émanait de lui était comme une tempête au loin, prête à éclater. Hevruka sentait cette rage enfouie, cette colère contre lui-même, contre le destin, et contre l'abandon d'Athéna. Il aurait pu devenir un héros, mais il était devenu un Spectre, une ombre de ce qu'il avait été. Le contraste entre la beauté de sa tenue et la laideur de son environnement était saisissant. La chemise bordeaux, symbole de passion, se heurta à la froideur du Cocyte, un affront à son existence. Hevruka savait qu’il devait affronter cette colère, mais il ne pouvait s’empêcher de se laisser submerger par la tristesse.
Dans ce monde de glace, son cri intérieur résonnait avec une intensité déchirante, mais il ne trouvait pas les mots pour l'exprimer. Chaque pensée était un coup de poignard, chaque souvenir un rappel cruel de ce qu’il avait perdu. Il aurait voulu crier, hurler contre l'injustice de son sort, mais sa voix restait prisonnière, tout comme son corps. Oui, il s'était suicidé. Mais il ne méritait pas d'être considéré comme un traitre. Enveloppé dans le silence oppressant, Hevruka réalisa qu’il était seul. Il se leva, tremblant, les poings serrés, mais une profonde tristesse se lisait dans ses yeux. Talleyrand, qui avait chuté à ses pieds, était un autre reflet de sa condition : un homme brisé par ses propres choix, un compagnon de douleur dans cet enfer glacé. Hevruka se laissa tomber à genoux sur la glace, le visage caché dans ses mains, se laissant aller à un chagrin qui semblait sans fin. Luttant contre la douleur qui l'assaillait, il savait qu'il ne pouvait échapper à ce tourment. Tout en pleurant, il laissa échapper un soupir, un cri silencieux dans ce royaume de désespoir.
Assis sur la glace du Cocyte, Hevruka pleurait, chaque goutte de son chagrin faisant craquer la surface gelée autour de lui. Comme si la glace, ennuyée par son malaise existentiel, choisissait de répondre à son tourment en se fissurant sous son poids. Les craquements résonnaient dans le vide, une symphonie tragique qui mêlait la mélancolie à un humour noir, comme si les Enfers eux-mêmes se moquaient de lui : "Regardez-le, notre ami Spectre, si malheureux qu'il fait éclater la glace !"
Hevruka se voyait presque comme un artiste dans cette scène tragique, interprétant le rôle d'un héros maudit. Ses larmes, tout en scintillant sur la glace, formaient de petites éclats brillants, mais aussi ridicules, comme si elles essayaient d’apporter un peu de glamour à cet enfer gelé. "Si seulement la tristesse pouvait faire de moi une œuvre d'art," pensait-il, mais l'ironie lui échappait.
Il avait l’impression d’être piégé dans une tragédie grecque ratée, un drame où le héros pleure dans l'ombre des Enfers pendant que les spectateurs invisibles rient de son sort. Les fissures qui se propageaient sous lui ressemblaient à des veines pulsantes, rappelant à Hevruka que même la glace avait une limite. Dans ce monde, sa douleur était palpable, mais l'absurdité de son état n’échappait à personne.
La vue du paysage désolé et froid, faisait écho à son propre sentiment d’abandon. Tout en continuant à pleurer, il ne pouvait s’empêcher de penser à son costume élégant, à la veste noire et à la chemise bordeaux qui, en théorie, auraient dû faire de lui le plus beau des spectres. Pourtant, ici, dans cet enfer de désespoir, il n'était qu'une autre âme perdue, un monument à l'absurde.
Les éclats de glace qui volaient au gré de son chagrin scintillaient comme des étoiles perdues dans le néant, tandis que son aura vibrante mêlait tristesse et colère, laissant échapper des ondes qui déformaient l’espace autour de lui. C’était comme si le Cocyte, avec son froid glacial, avait décidé d’accompagner son tourment d’un spectacle visuel des plus dramatiques. L’humour noir n’avait jamais été aussi glacial.
En fixant la glace fissurée, Hevruka ne pouvait s’empêcher de se demander si ses larmes seraient perçues comme de l’art ou comme une simple tragédie ratée, un chef-d'œuvre d’une tristesse inéluctable. Le reflet des fissures semblait lui renvoyer une image tordue de lui-même, celle d’un guerrier déchu, un roi de la désolation, au beau milieu d’un royaume gelé. Au fond de lui, il réalisait que cette scène, bien qu'amusante dans son absurdité, était tout de même profondément réelle. La solitude pesait sur lui comme un poids mort, chaque pas sur la glace craquante était un rappel cruel de son isolement. Il savait qu’il était prisonnier non seulement des chaînes des Enfers, mais aussi des démons qui le hantaient, rendant toute tentative d'évasion illusoire.
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Dans le monde il n'y a pas d'un côté le bien et le mal, il y a une part de lumière et d'ombre en chacun de nous.
Perséphone
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Planter des fleurs sur la tombe d'Alessio et faire des bébés avec Hadès
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Sujet: Re: Bloody Angel — 17 mai 1838 — Perséphone Dim 6 Oct 2024 - 20:47
Depuis quatre-vingt un ans. Cela fait quatre-vingt une, longues, très longues années, qu'Hevruka n'a pas mis un pied en dehors des Enfers. Elle y a veillé.
Quatre-vingt un ans qu'elle s'assure qu'aucun spectre ne lui adresse la parole. Qu'elle fait en sorte que les morts soient sa seule compagnie. Peut-être a t'il eu la chance de trouver un peu de réconfort auprès d'eux. Mais... entre les fous, les assassins, les sociopathes de tous bords, elle en doute. Elle y a veillé.
Quatre-vingt un ans qu'elle l'isole de tout, qu'elle l'isole de tous. Pour que son calvaire ne cesse jamais. Pour que, à chaque jour qui passe, à chaque heure qui s'écoule, il sombre un peu plus. Il sombre toujours plus. Elle y a veillé.
Quatre-vingt un ans qu'elle demandé à son époux de le relever, de lui attribuer une étoile maléfique. Il est depuis lié aux Enfers, sans l'avoir demandé, sans l'avoir accepté. Cela arrive parfois... cela arrive... bien plus souvent qu'on ne le pense à vrai dire.
Il n'a pas le choix. Il ne l'a jamais eu. Dès lors qu'il a osé poser la main sur elle, son avenir était scellé dans le froid glacial du Cocyte.
Alors s'évertue t'elle à le tourmenter. Encore... et encore... toujours plus loin. Toujours plus fort. La cruauté ne souffre d'aucune limite. Celle de Perséphone, du moins.
« Hev...ruka... »
Son ample tunique blanche battue par le blizzard glacial du Cocyte, le regard qu'Ahina pose sur son ancien chevalier suinte la tristesse et le désespoir. Elle se précipite dans sa direction, son cosmos d'or, doux et bienveillant, irradiant tout autour d'elle comme le phare d'une nuit sans lune. Le phare qu'elle a toujours été censée incarner pour l'humanité, tout autant que pour ses chevaliers.
« Hevruka... »
Elle s'agenouille dans la neige pour que son visage soit à la hauteur du sien et, délicatement, rabat une mèche de cheveux d'ébène derrière son oreille. Sa main, chaude et enveloppante, se pose sur sa joue alors qu'elle le dévisage avec tant de compassion qu'une perle d'eau grandit au coin de ses cils, pour finalement dévaler sa joue et s'échouer en un bruit cristallin sur le sol gelé.
« Nous sommes venus te chercher... »
Lui dit elle avec conviction, alors que, derrière elle à quelques pas à peine, se tient Altia. La chevelure flamboyante du Grand-Pope du Sanctuaire tranche foncièrement avec le paysage dénué de couleur qui les entoure. Les deux hommes étaient proches. Très proches... Altia avait été anéanti par la nouvelle du suicide d'Hevruka, à l'époque. Et, pourtant, est-ce un regard sombre et sévère qu'il pose sur lui. Un regard qui contraste assez violemment avec les prunelles pers qui l'enveloppent de toute la tendresse dont elles sont capables.
« Je pense que nous allons plutôt te laisser ici... »
Lâche t'il d'une voix sourde, grondante de colère, alors qu'il achève ces quelques mots en commun avec Ahina, leurs voix se mêlant en une sinistre mélopée à l'oreille du Spectre de Janus.
« Sale traitre.»
Altia est le premier à s'effacer du paysage quant Ahina, elle, s'y fond doucement comme le mirage qu'elle a toujours été. La dernière chose qui restera quelques brèves secondes, suspendue dans l'air froid du Cocyte, sont les regards dardés sur lui. Des regards amplis d'amertume, de rancoeur, de... déception.
Sans qu'elle ne fasse le moindre bruit, Perséphone s'approche de lui sans que ses pas ne semblent ne serait-ce que frôler le sol. Comme si ses pieds divins étaient bien trop purs, bien trop précieux, que pour fouler ce sol parasite.
Un claquement de langue réprobateur conclut son arrivée sur les lieux, alors qu'elle saisit le menton d'Hevruka entre ses doigts fins et l'oblige à relever le visage vers elle.
« Hevruka... Hevruka... qu'est-ce que tu t'imaginais... »
Si le timbre de sa voix pourrait laisser à penser qu'elle regrette que les choses en soient arrivées là, le regard qu'elle darde sur lui et la mine sévère qu'arborent ses traits, renvoient un tout autre message.
« ...que tu pouvais trahir, encore et encore, sans en subir la moindre conséquence ? Athéna, Poséidon... Que tu pouvais poser la main sur moi, sans subir "son" courroux...? Tant de crédulité... pour un homme de ta trempe, frise le ridicule. »
Perséphone relâche sèchement son menton et le toise de toute sa hauteur.
« Si tu estimes déjà que ton calvaire est intolérable, tu ne réalises pas ce qui t'attend encore. Car je vais faire en sorte que chaque jour de ta misérable existence soit pire que celui de la veille. Pas d'alternative. Pas d'échappatoire. Tu ne pourras pas te suicider pour y échapper, cette fois. »
Finalement... cette décision avait sans doute été la meilleure qu'il ait prise dans sa pitoyable vie. Avait-il réalisé, ce jour là, qu'il ouvrait en grand les portes des Enfers pour qu'ils se déchaînent contre lui...? Sans doute pas. Ou peut être une petite voix, chuchotant à son oreille, l'avait elle mis en garde. Mais... il n'avait rien écouté. Trop pressé d'en finir avec ses souffrances terrestres.
Est-ce là bien l'erreur que commettent nombre d'humains. Ils pensent que les souffrances du monde d'en haut sont pires que tout. Que rien ne peut les égaler, ne peut être plus douloureux. Comme ils se trompent...
Spectre Celeste de Janus de l'Etoile de la Machination
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Sujet: Re: Bloody Angel — 17 mai 1838 — Perséphone Mar 22 Oct 2024 - 17:53
The calamity makes its way to the inside I know we are feeling the same thing The calamity makes its way to the inside To eat away at our existence Spewed from the wound of this life's worst cavity; the Nightmare spreads it's cancerous lamentations, poisoning Force-feed the plague
Les fissures sous lui craquaient toujours. Leur bruit se répercutait dans le vide glacial, comme une moquerie contre ses pensées. Les mots d’Altia résonnaient encore, aussi tranchants que la lame d’une épée qu'il connaissait trop bien. "Sale traître." La colère du Grand Pope, autrefois son maître, lui perça le cœur bien plus cruellement que les griffes du froid. Le visage d’Altia, autrefois empli de fierté et de bienveillance, n’exprimait désormais que mépris. Mais ce n'était pas cela qui le rongeait le plus. Non. C'était l'image d'Ahina. Sa douceur, sa lumière, sa voix tremblante d'émotion quand elle avait murmuré son nom. Ses mains, réconfortantes, si douces, qui avaient repoussé une mèche de ses cheveux comme elle l’avait autrefois fait, lors d’une époque révolue. "Nous sommes venus te chercher..." Ses mots l'avaient brisé. Ahina, Athéna, la déesse qu'il aimait, le voyait toujours comme un chevalier à sauver.
Il avait voulu lui répondre, lui dire à quel point il était désolé. Mais alors, Altia l'avait coupé. Ce regard enflammé de colère, ce mépris absolu, c'était comme recevoir une flèche en plein cœur. Rien de ce qu’il dirait ou ferait ne pourrait effacer les décennies de silence, les erreurs, les serments rompus. Et puis Perséphone. Cette déesse cruelle qui semblait se nourrir de ses souffrances. Elle s’était approchée de lui, comme une ombre glissante à travers les Enfers, avec ce claquement de langue réprobateur qui résonnait dans son esprit. Ses doigts froids avaient relevé son menton, l'obligeant à la regarder, à affronter son jugement implacable.
Il n’avait pas pu répondre. Pas un mot. Pas un son. La douleur dans ses muscles glacés, l’épuisement, la culpabilité... tout l’écrasait. Perséphone, bien qu'immobile, dominait son être. Elle était l’incarnation de la froideur des Enfers, la reine de ce royaume de morts et de silence. Chaque parole qu’elle prononçait était un coup supplémentaire dans l’âme déjà éreintée d’Hevruka. Hevruka laissa échapper un souffle tremblant, presque un soupir. Avait-elle raison ? Sans doute. Ses pensées tourbillonnaient, désordonnées, incapables de trouver une logique qui puisse le tirer de ce trou béant. Il avait trahi Athéna. Il avait fait des choix, ou plutôt des erreurs, et chacune l’avait conduit un peu plus bas. Un peu plus loin de la lumière qu’elle représentait, un peu plus proche du gouffre glacé où il se trouvait.
Perséphone lui promettait maintenant une éternité pire que tout ce qu'il avait enduré jusque-là. Une souffrance sans fin, une existence où il n’aurait même plus la liberté de mettre fin à ses jours. Cette ironie cruelle le fit presque sourire. Il s’était suicidé pour échapper à la douleur, pour fuir un monde où il ne trouvait plus sa place. Et maintenant, on lui interdisait cette fuite. On l’avait ressuscité pour le plonger dans un calvaire bien pire que celui des vivants. Un silence pesant tomba après tout ceci. La froideur du Cocyte l’engloutit à nouveau. L’air était épais, figé comme son esprit. Tout semblait immobile, gelé dans une éternité sans sens. Il serra les poings, sentant à peine la douleur du froid mordant ses jointures. Il n’avait plus de force. Mais au fond de lui, une lueur vacillait encore. C’était peut-être la dernière chose qui le maintenait debout.
Hevruka laissa échapper un souffle tremblant, presque un soupir. Avait-elle raison ? Sans doute. Ses pensées tourbillonnaient, désordonnées, incapables de trouver une logique qui puisse le tirer de ce trou béant. Il avait trahi Athéna. Il avait fait des choix, ou plutôt des erreurs, et chacune l’avait conduit un peu plus bas. Un peu plus loin de la lumière qu’elle représentait, un peu plus proche du gouffre glacé où il se trouvait.
"Tant de crédulité pour un homme de ta trempe..."
Il se rappelait du regard tendre d'Ahina, de la colère brûlante d'Altia. Mais maintenant, il comprenait la réalité : son calvaire ne faisait que commencer. Cette timpe de Perséphone jouait avec son esprit, manipulait ses émotions. Elle l’avait privé de tout contact avec les vivants, mais elle savait comment recréer les visages qu’il aimait, les personnes qui avaient compté pour lui, pour en faire des armes contre lui. Les paroles d'Ahina, sa promesse de le sauver, n'étaient qu'un leurre cruel. Altia n’avait jamais été là pour le juger. C’était Perséphone, toujours elle, qui tirait les ficelles de ce théâtre infernal. Hevruka se sentait piégé, trahi encore une fois, mais cette fois par ses propres espoirs. Il avait voulu croire à un sauvetage, à un pardon... et c’était précisément cela que Perséphone voulait : qu'il cède à la désillusion totale, qu'il se noie dans la honte et la culpabilité.
Elle avait vu en lui un faible, un traître, un homme brisé qui ne méritait que la douleur et la souffrance. Hevruka, le souffle coupé, baissa à nouveau la tête. Il n’y avait pas d’échappatoire. Tout espoir qu’il avait ressenti était une illusion, un piège tendu par la reine des Enfers pour le briser encore davantage.
Hevruka se redressa lentement, son corps engourdi par le froid et l'épuisement, enveloppé dans le surplis sombre qui le liait aux Enfers. La sensation du métal glacial contre sa peau lui rappelait son fardeau éternel. Le surplis n'était pas simplement une armure, c'était une cage, un symbole de son esclavage. Chaque maillon, chaque pièce, représentait la force des Enfers qui le maintenait captif. Il ne pouvait détacher ses pensées de Perséphone. Sa silhouette flottait toujours dans son esprit, comme un spectre omniprésent, dominant chaque espace de son existence. Il se souvenait de leur dernière rencontre, des décennies auparavant. C'était lors de cette attaque, un combat brutal, où il avait été submergé par une haine qu'il ne contrôlait plus.
Il l'avait affrontée avec une rage dévorante, une violence incontrôlable, dans un déchaînement de cosmos. La reine des Enfers n'était pas son égale en force brute ce jour-là. Elle, la reine des morts, la compagne de Hadès, s’était retrouvée à la merci de sa colère ou plutôt de sa perversion. Et dans un moment de folie, dans cette effervescence sadique qui le caractérisait alors, il s'était permis une ultime humiliation. Après avoir attaqué son esprit par le biais du poing démoniaque, il dansait avec elle et, le visage tordu par un sourire cruel, et avait léché sa joue. Un geste aussi dérangeant que calculé, un moyen de lui montrer sa domination, de l'anéantir psychologiquement autant que physiquement.
Le goût du sang de Perséphone était encore gravé dans sa mémoire, métallique et froid, comme tout ce qui la représentait. Ce n'était pas seulement un geste de provocation, c'était un défi lancé aux Enfers eux-mêmes. Mais ce jour-là, il avait commis une erreur. Une erreur qui avait scellé son destin, car elle ne l'avait jamais oublié. Et depuis, elle veillait à ce qu'il paye chaque instant, chaque souffle, pour cet affront. Ses souvenirs se brouillaient à nouveau, pris dans la spirale de la culpabilité. Le goût de ce pouvoir, de cette violence, revenait le hanter. Il avait été consumé par la rage, par la haine envers tout ce qui était lié aux dieux, et surtout par sa propre impuissance à trouver un autre chemin. Il avait attaqué une déesse, et aujourd'hui, il en payait le prix. Le surplis collait à lui comme une seconde peau, comme s’il était une extension de sa propre noirceur.
Hevruka sentit ses mains trembler légèrement, non pas à cause du froid, mais à cause de cette mémoire vivace qui le consumait. Il avait laissé son humanité glisser entre ses doigts ce jour-là, tout comme il avait laissé Athéna derrière lui. Ses erreurs s'empilaient, ses trahisons le hantaient, mais le visage de Perséphone, brisé et blessé, continuait de surgir dans ses pensées. Un rappel cruel de ce qu'il avait fait et de ce qu’il ne pourrait jamais réparer.
Hevruka se tenait là, immobile, le froid du Cocyte se mêlant à la glace qui semblait s’infiltrer dans ses os. Son surplis pesait lourd sur ses épaules, comme un fardeau qu’il ne pouvait plus ignorer. Les souvenirs du passé affluaient avec une clarté douloureuse. Perséphone était toujours là, flottant au-dessus de lui, comme une ombre omniprésente. Il ne pouvait s’empêcher de revoir cette scène. L’attaque. Son côté obscur qui avait pris le dessus, ce jour où il l'avait frappée. Il n’avait pas réfléchi, il n’avait pas cherché à prouver quoi que ce soit. Il voulait seulement passer... et l'humilier, quand même. Athéna était plus loin, quelque part dans ces profondeurs des Enfers, et Perséphone... Elle s'était dressée sur son chemin. Ce n’était qu’une nécessité. Passer. Rien de plus.
Mais le côté sombre en lui avait saisi cette opportunité. Il se souvenait de ses propres mains, de la force brutale avec laquelle il l’avait poutrée, comme si elle n’était rien. Juste un obstacle à franchir. Une violence froide et insensée. Il se souvenait du goût du sang sur sa langue, le moment où, dans une pulsion incontrôlée, il avait léché sa joue. Ce n'était pas un acte de défi, ni de vengeance, juste un déferlement de cette part monstrueuse en lui.
Il ne parla pas. Pas immédiatement. Ses yeux, vides, se tournèrent lentement vers la silhouette de Perséphone. Il la vouvoyait toujours, par habitude, par respect envers son pouvoir, envers sa qualité de déesse, aussi pouffiasse soit-elle. Mais les mots restaient pris dans sa gorge, comme figés dans le même froid qui le paralysait.
Le silence s’étira, pesant, presque suffocant.
Enfin, dans un murmure à peine audible, il brisa ce silence.
"Si un de vos spectres avait commis les mêmes actes que moi contre Athéna, vous l'en auriez félicité."
Il ne chercha pas à relever les yeux vers elle, mais l’amertume dans ses paroles transperçait le silence environnant. Il connaissait les règles des Enfers, les jeux de pouvoir et de violence que Perséphone et Hadès maîtrisaient si bien. Les coups qu'il avait portés, les actes qu'il avait commis sous l'emprise de son côté sombre, auraient été applaudis s'ils avaient visé un ennemi des Enfers. Mais lui, Hevruka, avait osé toucher la reine elle-même.
Le silence se fit à nouveau pesant, mais cette fois, il semblait chargé de sens. Les mots d'Hevruka flottaient dans l’air glacial, comme une accusation muette.
Hevruka sentait monter en lui une haine froide, acide, une colère contenue depuis trop longtemps. Perséphone, cette reine des Enfers, n'était rien de plus qu'une pouffiasse déguisée en déesse. Toujours là, à jouer les maîtresses de la souffrance, à s'arroger le droit de tourmenter quiconque osait lui déplaire. Son pouvoir n’était qu’un jeu de manipulation, une farce cosmique dans laquelle elle excellait à se faire passer pour une figure de terreur. Elle avait beau arborer son visage sévère, sa prétendue pureté divine, il n’y avait rien de noble en elle. Pas plus qu’un parasite qui se nourrissait des âmes brisées, les réduisant à l'état de jouets misérables. Elle régnait sur les morts parce qu’elle ne serait jamais capable de dominer les vivants. Sans Hadès, elle n'était rien. Une vraie femme de footballeur. Toute sa gloire se résumait à ça : torturer des spectres, s'assurer qu'ils ne s'en sortent jamais, qu'ils s'enlisent dans une éternité de désespoir. Une reine ? Non. Juste une gamine capricieuse qui jouait à être puissante, tout ça parce que Hadès avait trouvé son cul appétissant.
Chaque fois qu'il la regardait, ce n’était plus la peur ou même le respect qu'il ressentait. C'était un mépris profond, viscéral. Elle n'était qu'une farce divine, une erreur cosmique que personne n'osait corriger parce qu'elle se tapait le roi des Enfers. Combien d'autres dieux la prenaient vraiment au sérieux ? Probablement aucun. Parce que derrière ses airs, derrière cette froideur calculée, elle n'était rien de plus qu'une opportuniste, une reine des cadavres qui se glorifiait de régner sur des ruines. Hevruka, le visage tordu par la frustration, sentait cette vérité crue le brûler de l'intérieur. Perséphone n’avait aucun mérite. Si elle n'avait pas été mariée à Hadès, personne ne lui aurait accordé un seul regard. Elle vivait dans l'ombre de plus grands qu'elle, comme une ombre maligne qui profitait des failles des autres. Et c'était bien pour ça qu'elle continuait à le tourmenter : parce qu'elle avait peur de ce qu'il représentait. Peur de la force brute, incontrôlable, qu'elle n'avait jamais su dompter.
Hevruka se redressa lentement, ses jambes raides par la glace et la douleur, mais un éclat de défi brillait dans ses yeux. Peut-être que Hadès l'avait relevé pour le plier à sa volonté, pour qu'il serve les Enfers. Mais Perséphone... elle, elle n’était qu’une ombre dans ce jeu divin, et jamais il ne se soumettrait à elle. Que cette reine des morts ne se méprenne pas : il ne se tiendrait jamais à genoux devant elle.
Il était là contre son gré, un pion dans des machinations qu'il ne contrôlait pas, certes. Oui, il allait souffrir. Les Enfers allaient probablement le briser, peut-être le rendre fou, ou plutôt, encore plus fou qu’il ne l’était déjà. Mais peu importait. Tant qu'il ne cédait pas à cette "majesté mes couilles" de Perséphone, il pourrait endurer tout ce que les Enfers lui imposeraient.
"Fou... je le suis déjà", pensa-t-il en serrant les poings. Mais ce serait bien mieux que de courber l’échine devant cette reine pathétique. Elle n'avait aucun pouvoir sur lui, aucun contrôle véritable. Ce n’était qu'une illusion, une farce. S'il devait devenir un spectre à la solde des Enfers, il ferait tout sauf obéir à cette idiote couronnée. Sa présence était une malédiction, mais jamais il ne plierait devant elle, peu importe ce qu'elle pourrait inventer pour le tourmenter.
Les Enfers pouvaient le broyer, le pousser à bout, le rendre fou. Mais pour ce qui était de Perséphone..."Qu'elle aille se faire foutre,"pensa-t-il en levant la tête, les yeux glacés d’un mépris profond.
Il parait que l'auto persuasion, ça fonctionne : la méthode coué (du nom du célèbre animateur radio).
Hevruka sentit un frisson familier parcourir son corps. Ce n’était pas dû au froid éternel du Cocyte, mais à quelque chose de plus profond, plus ancien. Son côté obscur, toujours tapi dans l’ombre, se réveillait lentement, insidieusement. Un sourire glacial se forma sur ses lèvres. Peut-être que tout cela n’avait pas besoin d’être un combat. Peut-être que sa souffrance, son statut de spectre, n’étaient pas une condamnation après tout. Et si, au lieu de la défier constamment, il se laissait aller à cette noirceur, à cette pulsion qui avait toujours été là ?
Il ressentait cette part de lui-même, celle qui avait léché la joue de Perséphone avec une jouissance perverse, remonter à la surface. Pourquoi continuer à la mépriser, alors qu’il pouvait tout simplement s’abandonner à ce chaos ? De toute façon, Athéna n'était plus là, elle n'existait plus. Autant se laisser aller. Peut-être que ses intérêts finiraient par rejoindre ceux de Perséphone. Après tout, n’étaient-ils pas tous deux des agents des Enfers ? Il n’était pas là pour servir une quelconque noble cause, pas cette fois. Il n’y avait ni lumière ni rédemption à attendre.
Son sourire s’élargit. Cette pensée plaisait à son côté sombre. Les Enfers pouvaient se révéler un terrain de jeu, et Perséphone, peut-être pas une ennemie, mais une alliée potentielle. Qu’est-ce qui le retenait vraiment ? Le froid, la douleur, tout cela ne faisait que nourrir cette part de lui. S’il devait sombrer dans la folie, autant le faire avec panache, en embrassant pleinement ce qu’il était devenu.
Hevruka sentit la transformation se produire en lui, comme une vague sombre et irrésistible. Ses cheveux, déjà foncés, se muèrent en un noir absolu, plus profond que les ténèbres qui l'entouraient. Ils semblaient absorber la lumière elle-même, comme un gouffre sans fond. Ses yeux s’injectèrent de sang, tandis que ses iris prenaient une teinte rouge vive, flamboyante. La sensation était presque familière, mais cette fois, il la laissait prendre pleinement le contrôle. Son côté obscur s'éveillait, s’étendant dans chaque fibre de son corps, le dévorant de l’intérieur. Là où le Hevruka rationnel aurait lutté, cette autre part de lui, perverse et insidieuse, embrassait ce pouvoir sombre. C’était ce même côté qui avait autrefois attaqué Perséphone sans hésitation, la réduisant à un simple obstacle.
Hevruka, désormais complètement envahi par son côté obscur, laissa ses pensées dériver. Son esprit, toujours plus perverti par cette part sombre, se mit à imaginer une scène grotesque et décalée. Ses yeux rouges brûlants de désir malsain, il s'imaginait s'approchant de Perséphone, plus près qu'il n'aurait jamais osé le faire en réalité. Dans son esprit, il lui adressait un sourire narquois, son regard balayant ses formes avec une indécence assumée.
Il visualisa sa main, désormais libre de toute retenue, glissant lentement le long de ses hanches, pour finalement se poser sur ses fesses avec une audace outrageuse. Ses doigts se resserrèrent, une pression calculée qui se voulait à la fois provocatrice et dominatrice. Dans cette vision tordue, il se pencha à son oreille, murmurant des paroles qu'il n'aurait jamais cru possibles : des compliments crûs, des sous-entendus vulgaires, tout ce que son côté rationnel aurait condamné.
Mais tout cela n’était qu’une illusion dans sa tête. Une hallucination fantasmée, née de sa folie croissante, accentuée par le Cocyte, alors qu’il se tenait là, immobile. Perséphone ne voyait rien de tout cela, et elle ne sentirait jamais sa main contre elle, car tout se jouait dans l’esprit déformé de Hevruka. Son imagination débridée projetait cette scène avec une clarté troublante, mais la réalité restait inchangée : il était encore là, figé dans son surplis, une statue d'ombre dans un royaume de glace.
Dans cette bulle mentale, Hevruka riait presque, savourant l'idée absurde de la séduire, de lui montrer qu'il n'était pas qu'un jouet à tourmenter, mais un homme capable de s'imposer. Mais tout cela restait une illusion. Une distraction grotesque de son esprit corrompu par la folie des Enfers.
Hevruka était entouré par les reflets glacés de la prison qui l’enserrait. Ses cheveux, désormais noirs comme la nuit, tombaient lourdement sur ses épaules, tandis que le vent hurlait doucement à travers les fissures de la glace. Le froid était omniprésent, se glissant sous son surplis comme une étreinte mortelle. L'air était dense, chargé de la mélancolie des âmes condamnées à errer ici pour l'éternité. Les ténèbres semblaient engloutir tout espoir, ne laissant que ce silence écrasant.
Dans la réalité, Hevruka restait immobile, son regard injecté de sang posé sur Perséphone, bien que ses pensées soient ailleurs, perdues dans ce délire où il jouait avec elle comme un prédateur avec sa proie. Mais malgré cette vision dans sa tête, les Enfers étaient implacables. Rien n'avait changé. Le froid mordait toujours sa chair, et Perséphone, implacable reine des lieux, se dressait devant lui avec la même froideur. Il se redressa légèrement, ses yeux rouges toujours fixés sur elle, et, d'une voix rauque et chargée de défi, il brisa le silence :
« Et que comptez-vous faire de moi ? »
Le souffle glacial des Enfers accompagnait sa question, comme une plainte invisible, alors que les images fantasmées de sa domination sur Perséphone se dissipaient lentement, ramenant Hevruka à la réalité de son calvaire éternel.
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Dans le monde il n'y a pas d'un côté le bien et le mal, il y a une part de lumière et d'ombre en chacun de nous.
Perséphone
Déesse des Ténèbres
Rôle : Staff
Planter des fleurs sur la tombe d'Alessio et faire des bébés avec Hadès
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Sujet: Re: Bloody Angel — 17 mai 1838 — Perséphone Dim 27 Oct 2024 - 21:32
Pauvres êtres humains... si fragiles, si malléables, si... manipulables. Depuis la nuit des temps, ils adorent ou se dressent contre les Dieux. Depuis leur création, ils tentent de trouver une excuse, une justification, une raison à leur misérable existence. Le regard baissé vers le sol tels les insectes insignifiants qu'ils incarnent. Ou bien trop levé vers le ciel, entraînés par leur stupidité sans nom, dans l'espoir de l'atteindre.
Hélas pour eux... jamais... Jamais ils ne parviendront au niveau des Dieux. Jamais ils ne leur arriveront à la cheville, malgré tous leurs efforts. Oh... ils peuvent prier. Il peuvent espérer. Ils peuvent se bercer de toutes les illusions que leur pauvre esprit de mortel perdra son temps à engendrer. Cela ne changera rien. Personne n'y changera jamais rien. Pas même Athéna. Surtout pas Athéna. Car, toute déesse qu'elle est, sa jeune soeur est bien celle qui s'illusionne le plus.
Perséphone assiste à la déchéance mentale d'Hevruka sans sourciller. Son regard brillant vibre de quelques reflets violines, tandis qu'elle observe, admire peut-être, le tourbillon de sentiments qui enlace sournoisement ce coeur qui bat à nouveau dans sa cage thoracique. L'espoir... est le pire de tous les fléaux. Il leur confère un courage qui n'est pas dénué d'intérêt parfois, elle doit le reconnaitre. Cependant... il est aussi bien mauvais conseiller. Et lorsqu'il s'abat tel le château de cartes qu'il s'avère bien souvent être en définitive, la pression qui s'exerce sur l'âme humaine est capable de causer des ravages bien plus sournois que tout ce que l'on pourrait imaginer.
Les espoirs d'Hevruka. Elle les brisera, les uns après les autres. Encore et encore... Puis elle les ravivera. Pour qu'il y croit, pour qu'il s'y laisse bercer. Encore et encore... Jusqu'à ce qu'elle les brise de nouveau.
« Détrompe toi. »
Ses mots sont d'une froideur comparable à celle qui les enveloppe au Cocyte.
« Je ne tolère aucun manque de respect du à un Dieu, fusse t'il ma soeur. Alessio s'est par ailleurs sévèrement fait réprimander de lui avoir arraché les yeux. »
Pas vraiment.... en réalité. La vérité est qu'elle en avait l'intention, ayant assisté à la scène lors de la Guerre Sainte qui avait vu la vie d'Athéna ou plutôt, de son hôte, être fauchée par l'action commune de la Wyvern et du Griffon. Cependant... un petit incident était venu perturber la situation et elle avait tout simplement omis de le sermonner sur ce point. Son esprit revenant brièvement sur les évènements de la Caïna, selon les fils de ses pensées, la mâchoire de la Reine se contracte sèchement avant de se relâcher l'instant d'après. Soirée plus que fâcheuse que son esprit essaie tant bien que mal d'éradiquer de sa mémoire, sans réel succès.
Quoi qu'il en soit, rappelle t'elle ce tragique évènement pour le faire souffrir un peu plus...? Sa gentille et douce déesse, atrocement mutilée et souillée par un Spectre... par un des trois Juges des Enfers... Probablement. Car il semble évident que le Printemps n'omettra rien qui pourrait causer un tourment supplémentaire à "son" nouveau Spectre.
Reportant son attention sur Hevruka, elle reprend une attitude égale, toisant l'ancien Saint d'un regard plat dénué de la plus petite once d'empathie.
« Fais très attention... Hevruka. »
La menace à peine voilée s'abat lorsqu'il relève le visage et lui adresse un regard aussi méprisant que glacial. Inutile de développer outre mesure. Il sait... il est le mieux placé pour savoir ce qu'il ressent à l'égard de l'épouse du Sombre Monarque. Tout comme il commence à être également sérieusement bien placé pour savoir que les conséquences ne seront pas des plus agréables pour lui s'il s'obstine dans cette voie.
Un sourire assez improbable étire soudainement la commissure des lèvres de la Divinité, alors que ses iris brillants n'ont pas lâché Hevruka.
« Le voilà enfin... J'ai presque failli attendre. »
Le côté obscure de l'ancien Saint est enfin réapparu. Près de quatre-vingt années. Il faut lui accorder qu'Hevruka est loin d'être dénué de force, de caractère ou de ténacité. Parvenir à le maintenir en sommeil tant de temps et après tout ce qu'elle lui a fait endurer... cela forcerait presque le respect. Presque.
« Ce que je compte faire de toi, hum... Pour aujourd'hui en tout cas, cela va être très simple. Un jeu d'enfant... pour toi. »
Perséphone ne s'explique pas comment il est possible que le côté nébuleux des Gémeaux perdure après sa mort. Si ce dernier n'avait pas été simplement effacé quand il avait trahi Athéna pour Poséidon, il aurait du être éradiqué quand Hadès l'avait relevé. Et pourtant, il n'en était rien... Une dernière trace de son allégeance envers sa soeur qui perdure malgré l'adversité ? A moins qu'il ne soit complètement fou de nature, la constellation des Gémeaux ne s'étant greffée à lui que pour cette raison. Quoi qu'il en soit, peu importe les raisons qui permettent que cette double personnalité démoniaque soit encore présente. Car... c'est tout ce qui l'arrange.
« Dans un premier temps, tu vas t'agenouiller devant ta Reine, Spectre de Janus. »
A ces mots, l'armure de l'étoile Céleste se greffe sur le corps d'Hevruka, comme répondant à l'injonction des Ténèbres. Contrairement aux armures qu'il a pu porter jusqu'alors, celle-ci est lourde, peu confortable, comme si l'un n'allait pas avec l'autre. Comme si ils n'avaient rien à faire ensemble et se repoussaient mutuellement. En définitive, c'est totalement le cas. Hevruka a été contraint de pactiser avec les Enfers, il ne l'a pas choisi. Tout comme l'étoile céleste n'a pas non plus choisi Hevruka de son plein gré, Hadès l'y a contrainte.
Elle est lourde... si lourde... Elle pèse sur chaque membre avec la densité du plomb. Les articulations de son genoux ploient sous la menace infernale, l'obligeant à le poser sur la glace. L'influence du Cocyte, celle de l'armure, la volonté de Perséphone... peut-être un peu des trois, qui sait.
Le décor change soudainement. La glace se meut en terre pâle parsemée de pierres de toutes les tailles. Un soleil cuisant prend la place du sinistre ciel sombre du Cocyte. Le paysage de neige désertique s'efface au profit d'un village aux toits en ardoise mal assemblées les unes aux autres, semblant prêts à s'effondrer au moindre coup de vent. Quelques cheminées fument ici et là, tandis que les bruits de quelque foule se distingue, toute proche. Les conversations vont bon train et il n'est pas difficile d'imaginer qu'un marché se tient actuellement au coeur de la petite bourgade.
« Rodorio, charmant petit village pittoresque. Je suis certaine que tu es de mon avis. »
A pas lents, la Divine fait le tour du Spectre comme si elle évaluait une nouvelle recrue. Les pans de sa longue robe frottent contre le sol qui dégage une fine poussière, alors qu'elle finit par s'arrêter derrière lui. Sa voix murmure à son oreille, comme si elle se penchait dans sa direction alors qu'il n'en est rien, la Reine restant droite dans son dos, à un ou deux mètres derrière lui.
« Voilà ce qu'il va se passer, Hevruka. »
Rodorio. Le village qui a toujours été au plus proche du Sanctuaire. Un village dont il connaissait la plupart des habitants, il y a quatre-vingts ans de cela. Certains sont sans doute encore en vie. Nourrisson ou enfant à cette époque, ils doivent tous être vieillards aujourd'hui. Pour ceux qui ont survécu, bien sûr... Car le XIXème siècle n'est pas exempt de maladies et fléaux en tout genre, surtout vu le contexte de domination totale des enfers et la période de chaos qui a succédé à la dernière guerre, et ne s'est achevée qu'il y a peu.
« Je veux que tu détruises Rodorio. Aucune pitié, aucun scrupule. Hommes, femmes et enfants. Tue les. Tue les tous. Qu'aucun d'entre eux ne survive. »
La Reine s'est déplacée sur le côté alors qu'elle prononce ces mots, son bras embrasant le village dans un ample mouvement. Un léger sourire illumine son visage alors, qu'enfin, la pression exercée sur les articulations d'Hevruka cède, lui permettant de se redresser.
« Je vais t'attendre ici et admirer ton oeuvre. Je suis certaine que l'autre appréciera le spectacle lorsqu'il reprendra sa place. »
Va t'elle attendre que le côté obscure d'Hevruka se rendorme pour le confronter à la réalité... au drame qu'il aura lui même perpétré de ses mains... ses mains qui s'apprêtent à souiller l'un de ses souvenirs sans doute parmi les plus précieux. Ses mains qui s'apprêtent à se couvrir du sang de pauvres innocents, de personnes dont certaines restent probablement encore très attachées à Athéna... de gens... dont la mémoire se souviendra peut être de lui...
Oh oui... elle attendra. Elle lui donnera même un petit coup de main pour revenir si nécessaire.
Hevruka ne sait pas... ne peut réaliser... l'éternité de souffrances qu'elle lui réserve. On ne bafoue pas une Divinité, surtout une Infernale, bien qu'elle ne le soit pas de naissance. Il paiera son attitude au prix fort. Pour toujours.