Finalement... On n'est jamais prêt ¤ Le Pirée [Hevruka]
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Ahina
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Sujet: Finalement... On n'est jamais prêt ¤ Le Pirée [Hevruka] Jeu 3 Oct 2024 - 0:47
Parfois, une pause s'avère nécessaire, presque vitale. Pour le corps comme pour l'esprit. Cinq années se sont écoulées, et ses sorties du Sanctuaire Sacré doivent à peine se compter sur les doigts d'une main, visites à Asgard comprises. Alors, par moment... elle a besoin de s'échapper. Oh pas longtemps, l'espace d'une heure ou deux majoritairement. Très peu souvent également, et la plupart du temps elle ne va guère plus loin qu'Athènes, qui n'est qu'à quelques kilomètres à vol d'oiseau du Sanctuaire Sacré, permettant aux Saints d'intervenir au moindre problème.
Damian désapprouvant fortement ces petites escapades, Ahina ne lui en parle plus. La première fois elle l'a fait, mais sous son regard réprobateur teinté d'inquiétude, elle a choisi de ne plus lui imposer cela depuis. Mais... le Grand Pope actuel du Sanctuaire ayant des yeux et des oreilles partout comme l'exige sa fonction, et ne voulant pas non plus lui mentir, elle s'arrange désormais pour être indirectement sous la garde d'un Chevalier d'Or qui la surveille depuis le Sanctuaire. Convenant d'un moyen de communiquer propre à chacun d'eux, selon leurs capacités, Ahina peut les informer d'un problème en cas de besoin. Ca n'a cependant jamais été le cas jusqu'à présent, ce qui n'endort pas pour autant la méfiance des Gémeaux.
Une veste en jean qui recouvre ses épaules, ses longs cheveux savamment tressés tombant en bas de son dos, en pantalon sombre et baskets de tissu bleu, elle est reconnaissable sans pour autant l'être, tant son apparence change foncièrement de celle qu'on lui connait.
Le petit bateau de la Fondation Graad l'a déposée sur la côte, pas très loin du port d'Athènes, Le Pirée, afin de ne pas trop attirer l'attention, au cas où. Dans ce même état d'esprit, l'idée n'étant pas de se faire remarquer d'une quelconque manière, mais de profiter des belles lueurs qu'offre l'aube et du légendaire petit-déjeuner grec, la Divinité n'a marché qu'un ou deux kilomètres avant de s'arrêter dans la première petite gargote du coin.
Face à la mer aussi calme et paisible qu'un immense lac, Ahina s'assoit à une petite table aux angles arrondis entourés d'une légère bordure de métal. Un serveur, à moins que ce ne soit le patron, s'approche d'elle avec un franc sourire. Vu son visage, la couleur de sa peau tout autant que celle de ses cheveux, il la prend immédiatement pour une étrangère, et lui parle dans un anglais approximatif qui tire un sourire amusé sur les lèvres de la jeune femme.
Elle lui commande un petit déjeuner typique dans un grec absolument parfait, tout en prenant soigneusement garde à ne pas employer de mots venant du grec ancien, et plus usités depuis longtemps dans le pays. Abasourdi par le phrasé impeccable de celle qu'il prenait pour une touriste -bien qu'il en subsiste peu de nos jours-, le patron se détend aussi sûrement que le ballon de baudruche se dégonfle et revient cinq minutes après, montre en main.
Un sourire étire ses lèvres alors qu'elle observe une abondance qu'il est relativement rare de trouver de nos jours. S'étendent sur la table quelques Spanakopitas, les feuilletés aux épinards cuits, feta émiettée et œuf battu, des Tiropitas, les feuilletés à base de feta, œuf, beurre et yaourt, plusieurs yaourts traditionnels et, bien entendu, l'ellikinos, le café froid que chaque grec qui se respecte boit tout au long de la journée.
Pourtant... elle n'a pas très faim aujourd'hui. On a coutume de dire que l'appétit vient en mangeant, alors c'est distraitement qu'elle grignote un feuilleté du bout des lèvres, le regard plongé dans la mer et le soleil qui sort peu à peu de sa torpeur. Quelque chose pèse sur son âme aujourd'hui, mais elle n'arrive pas à comprendre d'où cela peut-il venir...
Athéna... Tu m'as abandonné.
Ses yeux s'agrandissent et son visage se tourne précipitamment de côté, plus par réflexe que pour une raison qui le justifierait. C'était quoi ça... C'était quoi cette... sensation...
Hevruka
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Sujet: Re: Finalement... On n'est jamais prêt ¤ Le Pirée [Hevruka] Jeu 3 Oct 2024 - 20:46
The day you get to the point All illusions are lost The problem is you Becoming so cold
Just wanted to be good Just wanted to be gold Just wanted to be god Just wanted to be
Le jour se lève doucement sur le port du Pirée, et une fine brume marine flotte encore au-dessus de l’eau, caressant les bateaux amarrés. L’air est frais, presque vivifiant, et la ville s’étire après une nuit paisible. Le bureau de tabac, ou « periptero », est l'un des premiers lieux à s’animer. Situé juste en face du port, son petit kiosque de métal peint, aux couleurs légèrement écaillées par l’air salin, se fond dans le décor pittoresque des pêcheurs qui rangent leurs filets et des ferrys qui se préparent pour les îles. Le soleil, encore bas, éclaire doucement les vitrines poussiéreuses du kiosque. Quelques lampadaires diffusent une lumière jaune pâle qui contraste avec les premières lueurs du matin. Derrière le comptoir, le propriétaire, un vieil homme à la peau tannée par des années de soleil, allume un café noir dans un petit gobelet en plastique tout en observant la ville qui s’éveille. Il est l’un des premiers à ouvrir son commerce, comme chaque matin.
Le silence matinal est parfois rompu par les premières conversations des passants ou par le crissement des volets qui s'ouvrent. Les premiers clients arrivent : des marins en quête d’un paquet de cigarettes avant de prendre la mer, ou des travailleurs qui attrapent un journal avec leur café. L’odeur du tabac à peine ouvert se mêle à celle de la mer, créant une ambiance à la fois tranquille et chargée de promesses pour la journée à venir.
Le comptoir du kiosque est modeste, avec des étagères qui débordent de cigarettes et de briquets, mais aussi de chewing-gums et de petites friandises emballées. On y trouve les journaux du matin, humides de rosée, certains titrant les dernières nouvelles politiques, d’autres annonçant les matchs de football à venir. Au fond, des tickets de loterie attendent patiemment d’être grattés, tandis que des cartes postales illustrées des îles grecques décorent les bords du petit espace. Le bruit du port commence à s’intensifier avec le passage des scooters et des voitures, tandis que les premiers rayons du soleil réchauffent lentement les pavés. Les bateaux s'éveillent à leur tour, et les mouettes, qui planent au-dessus, poussent des cris perçants. Le propriétaire du periptero accueille chaque client avec un sourire discret, distribuant ses paquets de cigarettes et ses journaux comme il l’a toujours fait, dans cette ville où les matinées semblent se répéter, mais jamais tout à fait de la même manière.
Le Pirée s’éveille, et la vie reprend peu à peu son cours. Mais pour l’instant, le calme du matin règne encore, empli de cette lumière douce qui caresse le port et baigne le bureau de tabac dans une sérénité éphémère. Hevruka s'avança vers le periptero, ses chaussures Richelieu noires claquant doucement sur les pavés humides du port. La lumière du matin, dorée et apaisante, baignait la scène d’une chaleur réconfortante, contrastant avec l’ombre persistante du Cocyte qu'il venait de quitter. Il respirait profondément, savourant l'air salin, profitant d'un peu de liberté qu'il s'était accordé. En poussant la porte du kiosque, une clochette tinta, et l'odeur familière du tabac frais s'enroula autour de lui, éveillant en lui un mélange de nostalgie et de répit. Ses pensées tourbillonnaient comme des feuilles emportées par le vent. Il se sentait étrangement vivant, comme un spectre ayant enfin retrouvé un souffle de vie.
Il s'approcha du comptoir, où un homme au visage marqué par le temps l'accueillit d’un regard curieux. Hevruka commanda un paquet de cigarettes de tabac blond et un briquet, observant les étagères remplies de journaux et de friandises. Le dernier cri de la mode, ou plutôt la mode du dernier cri ? s’interrogea-t-il en voyant des bonbons à l’orange. Après avoir réglé, il sortit à nouveau dans la lumière du matin, la cigarette entre ses doigts. Avec un mouvement fluide, il en alluma une, le briquet crépitant brièvement avant de se taire. Il inspira profondément, la chaleur du tabac brûlant se mêlant à l'air frais du port. Je me demande si la nicotine peut réellement apaiser l'angoisse de l'éternité…
Le premier coup de fumée s'échappa de ses lèvres et se mêla à la brise légère qui caressait ses cheveux. Devant lui, le port s’éveillait lentement. Les bateaux, encore endormis, se balançaient doucement sur les vagues, tandis que les cris des mouettes résonnaient au-dessus de l’eau. La mer est vraiment comme la vie : un éternel mouvement, des hauts et des bas, et parfois, on se retrouve simplement à faire du surplace. Il marchait le long de la jetée, observant les passants. Regardez-les, tous absorbés par leur quotidien. Ils n'ont aucune idée que l'ancien chevalier des Gémeaux, aujourd'hui spectre, se balade parmi eux, la tête pleine de questions existentielles, comme un personnage de roman dont l'auteur aurait oublié de terminer l'histoire.
Hevruka se laissa aller à ses pensées. À quoi bon vivre si ce n'est que pour se poser des questions sans réponse ? Est-il vraiment libre, ou simplement un spectre errant dans un monde qui ne l'attend pas ? Un léger rire s'échappa de ses lèvres. Peut-être devrait-il simplement apprécier un bon kawa des familles. Il continua à marcher, prenant une grande inspiration, sentant la brise marine lui caresser le visage.
Hev lève-toi avança le long du port, les pavés glissants sous ses pieds, sa cigarette fumant encore légèrement entre ses doigts. Après avoir marché quelques centaines de mètres vers l’ouest, il aperçut un café. Un café, enfin ! Comme quoi même les âmes perdues peuvent tomber sur un bon petit déj. Il s’approcha de l’entrée et, avant de franchir le seuil, sortit son iPhone 11 Pro Max. Il prit en photo le menu affiché à l’extérieur, se disant que c’était une bonne idée au cas où un jour il aurait besoin d’une inspiration gastronomique. C’est sûr, rien de tel qu’une photo de menu pour redécouvrir la joie de vivre. En entrant dans le café, il fut accueilli par le parfum enivrant du café fraîchement moulu et des pâtisseries. L’atmosphère était chaleureuse, même si concrètement, il n'en avait absolument rien à foutre. Hevruka se dirigea vers le comptoir, admirant les rayons de soleil qui filtraient à travers les fenêtres, projetant des ombres dansantes sur le sol carrelé. Deux ou trois personnes étaient présentes dans ce bouiboui, une meuf en terrasse, un bonhomme rabougri à l'intérieur, et un mec qui était arrivé derrière Hev.
Lorsqu'il atteignit le comptoir, il commanda un café chaud, sucré, avec une pointe de lait. Parce que oui, il est peut-être britannique, mais boire de l'eau chaude avec des feuilles dedans, très peu pour lui. Enfin si, il aimait ça, mais ceux avec un parfum bien particulier, presque impossibles à trouver de nos jours tant ils étaient devenus rares. Le barista, une caricature de Enrico Macias, le regarda un instant, avant de répondre avec un léger sourire qui tranchait avec le regard froid de l'Anglais. Hevruka esquissa un sourire, pour ne pas que Enrico ne crache dans sa mixture. Il observa le "barista" mélanger les ingrédients avec précision, profitant du spectacle. Lorsqu’il reçut enfin son café, il s’installa à une table près de la fenêtre, prêt à savourer ce moment de tranquillité. Alors, c’est ça, la vie après la mort ? Des cafés et des réflexions existentielles en terrasse ? Il prit une gorgée de son café chaud, se demandant si la vie après la mort était un roman à lire ou un mauvais script. Peut-être qu'il devrait engager un scénariste… ou pas.
Après une gorgée, il sortit son iPhone 11 Pro Max de sa poche et débuta une navigation distrayante sur les réseaux sociaux. L’écran s’alluma, illuminant son visage d’une lueur bleutée. Sur son fil d’actualités, des photos de vacances scintillaient, des amis souriant sous le soleil, des plats appétissants soigneusement présentés. Une vidéo en direct montrait un groupe de musiciens jouant sur une place, leur énergie palpable même à travers l’écran. Hevruka scrolla sans hâte, s’attardant sur une publication qui vantait un nouveau restaurant de fruits de mer. Une autre attirait son attention, une citation inspirante sur le bonheur, accompagnée d’une photo d’un lever de soleil à couper le souffle. Les hashtags scrollaient rapidement : #Aventure, #Bonheur, #Inspiration. Il remarqua également une discussion animée sur un match de football à venir, des commentaires pleins d'enthousiasme et d'excitation. Qu'on soit en 1660 ou en 2020, les humains restent inutiles, ça ne changera jamais.
La scène autour de lui continuait de vivre. Des clients entraient et sortaient, certains échangeant des rires, d’autres plongés dans leurs propres écrans. Les serveurs apportaient des plats fumants aux tables voisines, tandis que le doux son d’une musique traditionnelle grecque flottait dans l’air. Hevruka s’immergea dans ce mélange de réalité et de virtualité, savourant chaque instant de ce matin paisible au bord du port.
Hevruka finit son café, savourant chaque gorgée comme s’il s’agissait d’un trésor inestimable. Il déposa sa tasse vide sur la table. Avec un soupir de satisfaction, il se leva, paya son dû au comptoir, et quitta le café, laissant derrière lui la chaleur. À l'extérieur, le port du Pirée s'étalait devant lui, vibrant de vie, les bateaux dansant doucement au rythme des vagues. Le ciel s'illuminait de nuances d'orange et de rose, tandis que la ville s'éveillait lentement, la douce brise marine caressant son visage.
Mais alors qu'il admirait la scène, un souvenir le frappa, aussi vif et douloureux qu'une décharge électrique. Dans un flashback, il se revit sur le balcon de la chambre d’Athéna, le paysage s’étendant à perte de vue, les nuages flottant paresseusement dans le ciel. Le vent glacial fouettait son visage tandis qu'il s'apprêtait à commettre l'irréparable. L’angoisse l’envahissait alors qu’il contemplait le vide devant lui, l’idée de ce qu’il s'apprêtait à faire pesant lourdement dans son esprit. Dans un dernier élan de désespoir, il avait tranché dans le vif. La sensation de liberté l’avait envahi un instant, avant que le monde ne se fige dans une explosion de douleur. Il se remémorait ce moment terrible, la vision de sa tête tombant, le sang éclaboussant le sol de la chambre, l'irréversibilité de son acte le hantant encore, le froid de la mort le prenant dans ses bras.
Hevruka cligna des yeux, chassant ce souvenir insupportable. Il se tenait à nouveau sur le port, la réalité du présent l’enveloppant. Mais l'écho de son choix résonnait encore en lui, comme une mélodie triste et obsédante.
"On revenait tous à la vie. Pourquoi n'a-t-elle rien faire pour moi ?" - lança-t-il, parlant peut-être un peu fort. Non, il n'était pas fou. Depuis qu'il avait appris la puissance des mots, il avait arrêté son mutisme. Peut-être une rare bonne chose de son passage en Enfer. Par ailleurs, il a un beau petit cul. Ca n'a absolument aucun rapport, mais il fallait que ce soit dit.
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Dans le monde il n'y a pas d'un côté le bien et le mal, il y a une part de lumière et d'ombre en chacun de nous.
Ahina
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Sujet: Re: Finalement... On n'est jamais prêt ¤ Le Pirée [Hevruka] Ven 4 Oct 2024 - 22:51
La chevelure noir de jais. Alors elle s'est instantanément figée, comme une statue parant l'entrée du port, telle la figure de proue d'un navire. La silhouette, fine, élancée, les épaules carrées. Alors elle n'a plus bougé, plus respiré. Comme si l'air se raréfiait aussi soudainement que gronde l'orage.
Ce n'est... pas possible. Non.
Il a légèrement tourné la tête de côté, et elle n'a qu'entraperçu l'abysse de ses yeux sombres, apparemment posés sur l'horizon, alors que c'est bien au-delà qu'il regarde à cet instant. Alors son coeur s'est mis à battre à tout rompre, prêt à stopper sa course folle au moindre accroc, à la plus petite certitude, à la première confirmation absolue de ce qu'elle a sous les yeux. De qui... elle a sous les yeux.
Ce n'est... pas possible. Non.
Comment cela pourrait-il être... Elle a ramassé son corps en morceaux de ses propres mains. Elle a refusé que quiconque y touche, malgré l'horreur qui se peignait sur les traits des serviteurs et prêtres du Sanctuaire Sacré. Poséidon lui a déjà fait le coup pendable de relever l'un de ses chevaliers par on ne sait quel moyen. Elle se souvient encore du mal aise qui l'avait envahi lorsqu'elle avait revu Endymion arborant une Écaille des mers, puis se transformer en l'hôte du Divin.
Donc... non. Ce n'est pas possible. Ca ne peut être lui.
Car si c'est vraiment lui... cela impliquerait beaucoup trop de choses. Cela enclencherait l'engrenage d'une déduction à laquelle elle ne peut parvenir. Cela sonnerait un constat auquel elle ne veut surtout pas arriver. Cela... provoquerait un séisme tel que Camus débarquerait sans doute dans la minute.
A cette pensée, sa main se referme sur le petit flocon de neige cristalline, de glace éternelle, qui repose au fond de la poche de sa veste. Oh elle ne lance aucune alarme, ne lui instille pas la plus petite once de cosmos. Elle ne compte pas l'appeler. Même si... même si...
Non. Il ne lui fera jamais de mal. Du moins... pas physiquement. Car si cet homme est bien celui qu'elle croit -et malgré toutes les illusions dont elle aimerait se bercer, elle a su dès la première seconde que c'était bien lui- les mots qu'il peut, les mots qu'il va employer quand il s'adressera à elle, la blesseront bien davantage que des milliers de dars étincelants.
Puis c'est au tour de sa voix de se répandre dans l'air. Tout autour d'eux, elle comble un silence que la Divinité aurait préféré voir s'éterniser. Pourtant... s'il parle d'elle, il ne s'adresse pas à elle directement. La triste réalité s'impose. Le constat de l'effroi plante le décor.
Hevruka... a été relevé d'entre les morts et ça ne peut signifier qu'une seule chose.
Ahina fait quelques pas dans sa direction. Son visage a perdu les quelques couleurs qu'il possédait. Son pas est fébrile, pourtant elle reste droite, elle reste... aussi digne qu'elle le peut. Sa gorge est si nouée qu'elle a l'impression que chaque inspiration sera la dernière. Que la prochaine ne saura se frayer un chemin jusqu'à ses poumons.
Elle s'arrête dans son dos, à quelques pas à peine. Ses mains s'entrelacent, ses doigts se croisent comme si elle avait besoin de se raccrocher à quelque chose et, qu'à cet instant, il n'y avait rien d'autre qu'elle même pour le faire... Son visage s'incline légère vers le sol, les paupières closes retenant aussi vaillamment leurs larmes qu'elles en ont la capacité, qu'elles en ont le courage. Et, comme pour les y aider, sa frange tombe en un rideau épais sur ses yeux clos.
« Parce que je n'en ai pas le pouvoir, Hevruka. Les seuls qui peuvent intervenir dans le cas d'une mort par suicide sont... »
...les Dieux infernaux.
Mais ces derniers mots sombrent au fond de sa gorge, en même temps que l'immense chagrin qu'elle ressent tombe en chappe de plomb sur son coeur. S'il est là aujourd'hui. Si elle peut lui parler aujourd'hui. C'est parce qu'il a été relevé d'entre les morts. Et ça ne peut être que part... Hadès, Thanatos ou Perséphone.
Ce qui implique...
Hevruka
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Sujet: Re: Finalement... On n'est jamais prêt ¤ Le Pirée [Hevruka] Sam 5 Oct 2024 - 7:26
Is this the real life? Is this just fantasy? Caught in a landslide No escape from reality Open your eyes Look up to the skies and see I'm just a poor boy, I need no sympathy Because I'm easy come, easy go A little high, little low Anyway the wind blows, doesn't really matter to me, to me
Hevruka lui tournait encore le dos quand il entendit sa voix. Ce fut comme un coup de tonnerre qui résonna dans chaque fibre de son être. Cette voix. Ce timbre qu'il connaissait si bien, qu'il avait entendu tant de fois dans les échos lointains de ses souvenirs. Il ne pourrait jamais l'oublier. Peu importaient les siècles passés, peu importaient la douleur et la haine qui avaient tenté d'effacer tout ce qu'il avait été, cette voix restait gravée en lui, comme une cicatrice indélébile. En cet instant précis, avant même de se retourner, il sut. Il sut que c’était elle.
Le monde autour de lui semblait s’évanouir. Le bruit des vagues frappant doucement contre le quai, les cris des mouettes, le bourdonnement de la ville s’effaçaient peu à peu, comme si tout n’était qu’un rêve lointain. Hevruka restait là, figé, immobile, comme une statue oubliée au bord du monde des vivants. Chaque fibre de son être se tendait sous l'impact brutal de cette vision. Elle.
Athéna.
Le choc fut si violent qu'il crut un instant que le sol s'était dérobé sous ses pieds. Tout autour de lui semblait s'effondrer, la réalité se fragmentant sous le poids insupportable de cette vision. Son esprit se heurta à l’inimaginable, cherchant désespérément à assembler des pièces qui ne pouvaient plus tenir ensemble. Elle est là. Les mots tourbillonnaient en boucle, devenant un mantra déformé, sans sens ni logique. Ses pensées se fracassèrent les unes contre les autres, s’éclatant en éclats de verre tranchants qui pénétraient chaque recoin de son esprit. Comment était-ce possible ? Athéna, la personne qu’il avait si longtemps aimée et haïe, la déesse qu’il croyait perdue à jamais, se tenait là, devant lui, vivante. Le choc ravagea sa conscience, brouillant la frontière entre rêve et réalité. La logique s’évapora, laissant place à une tempête mentale où se mêlaient incrédulité, espoir et désespoir.
Son esprit, forgé dans les flammes glacées du Cocyte, tenta de résister, mais la clarté de la vision pulvérisa les maigres remparts qu’il avait érigés au fil des siècles. Tout ce qu'il avait cru savoir, tout ce qu'il avait construit dans sa folie glaciale s’effondrait d’un coup. Elle ne devait pas exister. L’idée même de son retour défiait la structure même de sa souffrance, menaçait de détruire les fondations de la haine qui l’avait maintenu en vie dans les profondeurs de l'enfer. Chaque pensée devenait un cri silencieux, étouffé par la réalité brutale qui s’imposait à lui. La violence de ce choc mental le traversa comme un éclat de cosmos destructeur, annihilant toute cohérence, ne laissant que l’effroyable vérité : Athéna était là, et il ne savait plus s’il devait pleurer de joie, de souffrance ou sombrer dans une folie encore plus dévastatrice.
Mais les mots de la belle en cuisse résonnaient dans l'esprit des Gémeaux."Je n'en ai pas le pouvoir."
Elle n'en a pas le pouvoir ? Quelle excuse pitoyable ! Elle était censée être une déesse, mais elle se dérobait derrière des règles qu'elle n'a pas créées, des lois qu'elle n'avait pas la force de briser. Qu'elle en soit incapable ou qu'elle ait choisi de ne rien faire, quelle différence pour lui ? Pendant des siècles, il l'avait maudite. Morte ou vivante, son silence était tout ce qu'il connaissait.
La lumière du matin caressait doucement ses traits, un éclat presque divin dans l’air salin. Mais dans ses yeux, dans son âme, tout n’était que tumulte, un océan de rage et de désespoir s’abattant sur lui comme une tempête éternelle. Ses pensées éclatèrent en mille morceaux, tourbillonnant dans son esprit tel un vortex sans fin.
Elle est là.
Elle, qu'il a aimée plus que tout, avec une dévotion brûlante, un amour si pur qu'il en était presque dévorant. Mais cette même personne, cette déesse qu'il vénérait autrefois, était aussi celle qui l'avait condamné, l'avait abandonné aux abîmes glacées du Cocyte, l'avait laissé souffrir, l'avait laissé mourir. Son cœur se contracta douloureusement dans sa poitrine. C'était comme si chaque battement menaçait de le déchirer en morceaux. L'amour qu’il avait pour elle, cet amour qui l’avait soutenu à travers les siècles, était là, aussi vivant que jamais, mais tordu, corrompu par une haine noire, une rage insurmontable. Cette haine ne l’avait jamais quitté, elle avait été sa seule compagne dans les ténèbres infernales.
Et maintenant… maintenant elle était là. Vivante. Intacte.
Le regard d’Hevruka effleura ses traits, ses yeux refusant de se poser directement sur elle, comme s'il craignait que la vérité de sa présence le consume. Elle est là. Tout ce temps à la croire morte, à penser que son existence même avait été anéantie… Chaque seconde de cette croyance était désormais une ironie amère qui brûlait dans sa gorge. Sa présence ici déchirait tout. Chaque instant de douleur qu'il avait enduré, chaque larme, chaque cri muet dans l'obscurité glaciale du Cocyte semblait n'avoir été qu'une farce cruelle. Elle était là, et c'était comme si son existence entière se brisait sous le poids de cette révélation.
Elle est là.
Pourquoi ?
Une seule question frappait son esprit comme un coup de tonnerre, résonnant dans son âme avec une intensité destructrice. Pourquoi était-elle là, devant lui, belle et imposante comme autrefois, alors que tout en lui n’était que ruine et chaos ? Pourquoi avait-elle laissé son cœur saigner durant des siècles pour enfin réapparaître dans toute sa gloire, indifférente à la souffrance qu'elle avait causée ?
Il sentait une chaleur monter en lui, brûlante, suffocante. Mais cette chaleur n'était pas seulement de la colère ou du chagrin, c'était aussi l’amour, cet amour dévorant qu’il avait essayé de tuer, de noyer dans les abysses, mais qui refusait obstinément de mourir. Cet amour venait avec une violence désespérée, se mêlant à la haine dans un tourment insoutenable.
Elle est là.
Il l’aimait encore. Et il l'aimerait toujours. Il était là, le véritable problème. Il savait qu'elle savait. Elle en avait profité. Elle avait profité de cet amour, de cet aveuglement. Il le savait. Il en était persuadé.... Même après tout ce temps, même après toute la souffrance. Comment pouvait-il encore l’aimer ? Comment pouvait-il ressentir ce désir fou, cette envie insatiable de la toucher, alors qu’il voulait aussi la détruire, la faire souffrir autant qu’il avait souffert ? Sa gorge se serra, sa respiration se fit irrégulière, chaque inspiration semblait un combat perdu d'avance.
Il ne pouvait pas détacher ses yeux d'elle. Elle incarnait à la fois tout ce qu’il avait cherché, tout ce qu’il avait perdu, et tout ce qu’il haïssait. Son être tout entier vacillait sous l’impact de sa simple présence. L’amour et la haine dansaient en lui dans une harmonie terrible, comme deux forces jumelles, inséparables, qui le déchiraient lentement en deux. La douleur était là, vive, brûlante, omniprésente. Elle le consommait de l’intérieur, lui faisait sentir chaque blessure qu’il avait subie, chaque instant d’agonie qu’il avait enduré en croyant qu’elle n’existait plus.
Elle est là.
Et pourtant, malgré tout, il restait là, figé, incapable de bouger, incapable de détourner les yeux de celle qui avait été son tout, et qui était maintenant son enfer personnel.
Athéna.
La déesse qu'il aimait. La déesse qu'il détestait.
Et il se tenait là, à la frontière entre le paradis perdu et l'enfer éternel, pris dans une tempête qui ne cesserait jamais de gronder en lui. Le cosmos d’Hevru, habituellement calme malgré ses tempêtes intérieures, commença soudain à s’agiter, comme une mer en proie à un ouragan. Il était là, en lui, depuis toujours, brûlant sous la surface, mais à cet instant, sous l’impact de la révélation insupportable, il s'apprêtait à se déchaîner dans une violence inédite. Les contradictions qui déchiraient son esprit, cette vérité qu'il avait refusé de voir, brisaient toutes les barrières qu'il avait si soigneusement érigées. Le mensonge qu'il avait vécu pendant 300 ans, croyant Athéna disparue, éclata comme une digue rompue. Il n’était plus seulement le chevalier qu’il avait été autrefois. Son cosmos, teinté par des siècles de souffrance dans les glaces du Cocyte, portait désormais la marque indélébile de sa transformation en Spectre d’Hadès.
Elle est là.
Autour de lui, l’air se fit plus lourd, chargé d’une énergie sombre, presque palpable. Ceux qui se trouvaient près de lui, s’ils étaient suffisamment sensibles, auraient pu sentir cette menace subtile mais omniprésente, comme une ombre grandissante. Ce cosmos n’était plus celui d’un Chevalier d’Or des Gémeaux, autrefois noble et lumineux, mais une énergie déformée, corrompue par la douleur et la haine, marquée par la froideur de la mort. On y ressentait une teinte prononcée, sinistre, celle des Enfers. Des éclats d’une noirceur profonde, comme un reflet glacé du Cocyte, s’échappaient de lui, enveloppant l’espace autour de son corps, distordant la lumière. Cette aura était devenue presque menaçante, un mélange inquiétant de l’ancien cosmos doré d’un chevalier et de l’essence funeste d’un Spectre d’Hadès.
Après quelques secondes d'un chaos intérieur dévastateur, le Britannique reprit lentement ses esprits. Son cosmos, qui menaçait de tout submerger autour de lui, se calma aussi brusquement qu'il s'était déchaîné. L'aura oppressante s'effaça, laissant place à un calme trompeur. Il inspira profondément, tentant de retrouver un semblant de maîtrise. Autour de lui, la population du Pirée s'éveillait à son quotidien. La ville reprenait vie, les rires, les conversations, et les bruits de la mer remplissaient l’air, indifférents à la tempête intérieure qu'il venait de traverser.
Mais Hevruka refusait d'accepter ce qu'il venait de voir, ce qu’il avait ressenti. Ce n'était pas possible. Athéna ne pouvait pas être là. Pas après tout ce temps, pas après les siècles de souffrance qu'il avait endurés en croyant qu'elle était disparue à jamais. Cela devait être une illusion, un tour cruel de son esprit torturé. Peut-être était-ce encore une punition des Enfers, une épreuve supplémentaire pour l’âme damnée qu'il était devenu. Il s'accrocha à cette pensée, s'autopersuadant que tout ce qu'il voyait, tout ce qu'il ressentait, n'était qu'un mensonge. Rien de plus qu'une vision fugace destinée à le briser davantage.
Le Spectre se mit à rire, un rire amer et désabusé. Peu à peu, il s’auto-persuada que tout cela n’était qu’une illusion. Ce n’était pas elle. Ce ne pouvait pas être Athéna. C’était juste une fille, une jeune femme qui, par un hasard cruel, lui ressemblait énormément. Son esprit tourmenté lui jouait des tours, tissant des mensonges dans les fils de la réalité. Il se répétait cette pensée encore et encore, comme un mantra destiné à éloigner la vérité qu'il ne pouvait affronter. Ce n’était qu'une coïncidence, rien de plus.
L'Anglais s’enfonça dans cette idée, se raccrochant désespérément à cette explication, comme un naufragé s’accroche à un morceau de bois flottant dans un océan déchaîné. Il observa de nouveau la silhouette, cherchant les détails qui la différencieraient d’Athéna. Oui, la ressemblance était frappante, troublante même, mais ce ne pouvait pas être elle. Peut-être qu'il était devenu fou, que les siècles de solitude avaient finalement brisé les dernières parcelles de sa raison. Non, se répétait-il, ce n’était qu'une simple fille. Une coïncidence cruelle, voilà tout. Le monde était grand, et il devait bien exister quelqu’un qui ressemblait à Athéna, n'est-ce pas ? Oui, c'était une étrangère, une inconnue, rien de plus. Le cosmos qui s’était apaisé en lui restait calme maintenant, apathique, comme pour confirmer cette illusion rassurante. Il devait y croire. Parce que l’alternative, l’idée que ce soit vraiment elle, était trop insupportable à accepter.
"Vous lui ressemblez tellement... C'est presque amusant. Mais ce n'est pas vous, n'est-ce pas ? Non, tu n'es qu'une ombre, une illusion... Un souvenir... une image rémanente..."
Ces mots, bien que calmes en apparence, seraient chargés d'une profonde tristesse et d'un désespoir masqué par un cynisme glacé. Il parlerait à la fois à cette personne et à lui-même, cherchant à se convaincre qu'il a raison, tout en sentant au fond de lui que la vérité est bien plus complexe et douloureuse. Sa voix semblait celle d'un fou avec lequel on essayait d'avoir une discussion.
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Ahina
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Sujet: Re: Finalement... On n'est jamais prêt ¤ Le Pirée [Hevruka] Dim 6 Oct 2024 - 22:25
Si elle avait espéré se tromper... Si elle avait prié pour que la raison pour laquelle il est là, à quelques pas d'elle, debout face à la mer, en train de respirer un semblant d'oxygène, ne soit pas du fait des Enfers... Si... durant ces minutes interminables, le doute était encore permis, il ne l'est plus.
Ahina est dans l'oeil du cyclone, elle ne risque rien. Quoi qu'il ait enduré. Quelles que soient les horreurs auxquelles les Enfers l'ont confronté. Jamais... non... jamais... elle ne pourra envisager qu'il lui fasse du mal. Pas volontairement en tout cas. Pas de son propre chef, en tout cas. Et si cela venait malgré tout à arriver, un Dieu est largement capable de gérer un être humain.
Cependant... ils ne sont pas seuls, bien qu'excentrés de la population Athénienne qui se prépare à affronter cette journée comme toutes les précédentes. Pour l'heure... ils sont trop loin pour que quiconque s'intéresse ou ne perçoive le vent mauvais, l'aura tourmentée, qui se dégagent de lui à cet instant. Mais cela pourrait changer. Cela pourrait... abruptement tourner en la défaveur de ceux qui les entourent. Si Hevruka venait à perdre le contrôle... les humains à proximité courraient un danger certain.
Dans ce cas de figure aussi, elle pourrait intervenir. Elle saurait les protéger. Nul doute sur ce point. Malheureusement, au moment où elle le fera. A l'instant précis où son cosmos se manifestera au contact du sien, Hadès saura. Car Ahina ne doute pas un instant que, de tous les Spectres qui peuvent peupler le monde souterrain et la surface actuellement, si il y en a bien un dont les faits et gestes doivent être surveillés, c'est bien Hevruka. Les Ténèbres seront sans doute instantanément avertis qu'elle est belle et bien en vie. Qu'elle est belle et bien... de retour. Elle ne peut courir ce risque.
Alors...
Elle se rapproche un peu plus de lui, malgré les volutes de cosmos nauséabondes qui se dégagent de son épiderme, traçant un sillon violine dans les airs. Sa main s'extirpe de sa poche, serrant le petit flocon de Camus au creux de sa paume. Il saura maîtriser Hevruka et le ramener au Sanctuaire sans avoir à utiliser son cosmos. Il saura... quand Ahina n'aura que sa puissance divine pour le stopper, ne tenant pas et n'ayant jamais tenu la comparaison physique avec un chevalier, quel qu'il soit, toute Divine soit elle.
Mais la tempête s'apaise. Presque abruptement, elle retombe comme le vent chasse un nuage devenu gênant. Un bref soupir de soulagement s'extirpe de la poitrine d'Ahina, alors qu'elle remet le flocon de cristal à sa place, soigneusement lové au fond de la poche de sa veste.
Il l'a regardée. Plusieurs fois. Mais toujours de manière détournée. Comme s'il ne pouvait tolérer qu'elle soit vraiment là. Comme si son coeur, jusqu'à son âme, ne sauraient souffrir que ce qui se trouve sous ses yeux soit l'absolue réalité. Ahina se mord les lèvres alors qu'il laisse échapper quelques mots.
« Par les Dieux... que t'ont ils infligé là-bas... »
Ces mots sont à peine murmurés, pratiquement inaudibles. Comme si elle les prononçait plus pour elle-même que pour lui. Surtout que... si elle ne peut décemment pas être certaine de ce qu'il a affronté, elle en a hélas une idée assez précise... Et, rien que d'y penser, son estomac se retourne aussi sèchement que la vague se fracasse contre une falaise.
Elle s'approche de lui, encore. Il ne reste déjà pas beaucoup de distance, et c'est avec crainte, mais une profonde peine ancrée au fond de son regard clair, qu'elle la brise une bonne fois pour toutes.
Ses paumes se posent sur ses joues et elle lui parle à voix basse, comme on tente de rassurer un enfant en proie à une terreur nocturne.
« Hevruka... c'est moi... C'est bien moi. Hevy... Hevy... regarde moi. »
Elle cherche à happer le regard à demi fou, à demi obscur, totalement renfermé, qui est le sien à cet instant.
« Je t'ai appelé Hevy une seule fois, quand un mal sombre et étrange me frappait. Souviens-toi... ce jour là, tu as été capable de me ramener vers la lumière... »
Sa prise sur ses joues s'affermit, alors qu'elle le dévisage avec compassion, quelques larmes venant flouter les traits du visage de son chevalier. Car... de tous temps à jamais... Hevruka restera un Saint, et rien d'autre.
« Je t'expliquerai tout. Tu sauras tout. Mais, Hevruka, écoute moi. C'est très important. Tu dois me dire... as-tu passé un pacte volontairement avec Hadès ? As-tu accepté quoi que ce soit de ton propre chef ? Je t'en prie, tu dois me répondre. »
Car s'il n'a pas désiré être un Spectre... S'il a été contraint à cette situation, ce dont elle ne doute qu'à peine, tout espoir n'est pas encore vain...
Hevruka
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Sujet: Re: Finalement... On n'est jamais prêt ¤ Le Pirée [Hevruka] Lun 7 Oct 2024 - 10:59
You're the villain You're the villain Give into the Villain
This is what I get Unjustifiable punishment I gave you my hand, you broke my wrist And scorched my skin How could I let you in ? I can never forget your transgressions You won't let up till I'm in a coffin
La stupeur s'installe. Toute son auto-persuasion s'effondrait brutalement, le laissant face à une vérité qu'il a tenté, même cinq secondes, de fuir. Comme s'il n'avait pas assez souffert. Sa gorge s'est serré et ses pensées devenaient un brouillard confus. Celle qu'il a servi, qu'il a tant aimé au point de se perdre lui-même, était vraiment là, à quelques pas de lui. La douleur de cet instant était presque physique, comme si un poids immense s'était abattu sur lui, ravivant des souvenirs qu'il avait enfouis et des blessures qu'il croyait cicatrisées. La colère est de suite montée, brûlante et dévorante. Il ne comprenait pas comment elle pouvait être là, vivante et entière. Surtout que lui, il était resté tout ce temps à l'attendre, perdant espoir jour après jour. Cette colère n'était pas seulement dirigée contre elle mais aussi contre lui-même, contre sa propre faiblesse qui l'a mené à ce destin... infernal. Sa transformation en Spectre, sa malédiction, tout semble découler de cet instant précis où elle l'a, selon lui, abandonné. Les Enfers n'ont fait que nourrir cette rancoeur, et la présence d'Athéna l'avait ravivée.
Mais derrière cette colère, au-delà des brasiers de la haine, une autre émotion surgit, plus douce, plus déchirante : l’amour. Cet amour qu’il a toujours ressenti pour elle, un sentiment complexe et contradictoire, mêlé de loyauté et de trahison. Elle est là, avec son regard plein de compassion, posant ses mains sur ses joues comme pour tenter de le ramener à la lumière. C’est une scène si familière, si intime, qu’il est pris d’un vertige de souvenirs. Malgré la noirceur qui a envahi son âme, quelque chose en lui se brise sous l'éclat de sa présence. Enfin, la peur s'intalla. Hevruka ne l’admettrait jamais, mais il était terrifié. Terrifié de ce qu'il était devenu, de ce qu'il pourrait lui faire malgré lui, et surtout, terrifié par l’idée que, peut-être, il était déjà allé trop loin. Peut-être que cette partie sombre de lui, cette part de lui-même qu’il a nourrie dans l’obscurité, est désormais plus forte que l’homme qu’il était autrefois. Si c'est le cas, qu'adviendra-t-il d'elle et des autres autour de lui ?
Son "cœur" battait à tout rompre, tandis qu'il lutte pour maîtriser ses émotions. Il voudrait fuir, hurler, briser ce moment, mais il est figé, pris dans un mélange déchirant de colère, d'amour et de peur, incapable de se détourner de la réalité qu'il ne peut plus nier. Hevruka était comme un naufragé pris dans une mer d'émotions, chaque vague le jetant contre une nouvelle facette de sa douleur. D'abord, il y avait eu ce mur, ce déni solide et froid, érigé pour protéger son cœur de la vérité insoutenable. Pendant quelques secondes, il avait pu croire que ce visage devant lui, ce murmure familier, n'était qu'une création de son esprit brisé, une illusion perfide des Enfers. Cela avait été plus facile, plus sûr, de se cacher derrière cette idée. Comme quelqu'un qui, face à la nouvelle de la mort d’un proche, refuse d’y croire, espérant que la réalité s’effondrera pour lui offrir une autre version, moins cruelle. Mais cette illusion se désintégrait maintenant sous ses yeux, la laissant tomber en morceaux dans son esprit déjà tourmenté. Il n'y avait plus de fuite possible.
Et alors, la douleur. La douleur viscérale, celle qui lui tordait les entrailles. Cette souffrance n’était pas simplement celle d’un homme condamné à l’Enfer, mais celle d’un être qui avait aimé et qui, en retour, avait été trahi — du moins, c’est ainsi qu’il le percevait. Elle était là, debout devant lui, Athéna... ou plutôt Ahina, en chair et en os, et il était forcé de se souvenir. De se souvenir de ce qu'il avait perdu, de ce qu'il avait sacrifié, et du fait que, tout ce temps, elle avait existé, en dehors de lui, intacte, alors que lui n’avait connu que la souffrance. Ses pensées se chevauchaient dans un chaos amer. Pourquoi avait-il souffert ? Pourquoi lui ? Et, dans le même souffle, il se demandait, silencieux, s’il avait lui-même mérité ce sort.
Et cette colère... cette colère, une colère brûlante et insatiable, comme une tempête qui dévaste tout sur son passage. Hevruka sentit la rage s’élever de sa poitrine, nouant sa gorge d’une fureur presque inhumaine. Comment pouvait-elle être là, maintenant, et espérer qu’il l’accueille à bras ouverts ? Comment osait-elle se montrer, elle, la cause de son malheur ? Il voulait hurler, la repousser, lui cracher à la figure cette colère qu’il avait nourrie durant des siècles. Dans un coin de son esprit, il voulait marchander avec la réalité : "Si seulement elle pouvait expliquer... Si seulement tout cela n'était pas de sa faute... Peut-être qu'il y a une raison ?" Mais aucune réponse ne semblait pouvoir soulager cette brûlure. Pas maintenant.
Au fil des secondes, cette colère, bien qu'intense, laissait place à quelque chose d’encore plus désarmant : l’amour. Car malgré tout, malgré la haine, la rancune, il y avait cet amour indélébile, cette tendresse qu'il n'avait jamais pu tuer, même dans les profondeurs de l'Enfer. Il la regardait, tentant de refuser son propre cœur, mais l’image d’elle, ses mains sur ses joues, son regard empreint de compassion, tout cela le ramenait à des jours plus doux. Athéna, même sous le visage d'Ahina, restait celle qu’il avait aimée, et ce sentiment refusait de mourir. L’amour avait toujours cette capacité de se mêler à la haine, de la déchirer, de la rendre plus douloureuse encore. Dans ce maelström de sentiments, il se tenait là, impuissant, incapable de se détourner. Chaque étape de cette confrontation avec Ahina, chaque mot, chaque geste, le faisait s’enfoncer un peu plus dans la marée du deuil, de la perte de lui-même. Parce que ce n’était pas seulement Athéna qu'il avait perdue, mais également celui qu'il avait été avant que tout ne s'effondre.
Lorsque les mains d'Ahina s'étaient posées doucement sur ses joues, Hevruka avait réagi comme s'il avait été frappé par un éclair. Instinctivement, il s'était reculé, brusquement, comme si la chaleur de son toucher le brûlait. C'était un mouvement vif, presque violent, qui trahissait une terreur instinctive, un refus viscéral. Il la regarda, les yeux écarquillés, comme si elle était devenue empoisonnée, comme si son contact risquait de le détruire. Son corps tout entier se raidit, ses muscles tendus sous l'impact de cette proximité qu'il ne pouvait supporter. Ce geste avait réveillé en lui un gloubi-boulga indigeste d'émotions contradictoires. Il la voulait proche, il la désirait presque comme une ancre pour ne pas sombrer. Mais il ne pouvait pas. Pas après tout ce qu’il avait vécu, pas après ce qu’il était devenu.
Le silence se prolongeait, tandis que les vagues continuaient leur ballet incessant, indifférentes à la tension qui planait entre eux. Hevruka, les épaules légèrement voûtées, évitait toujours le regard d'Ahina. Il avait voulu croire qu’elle n’était pas réelle, une simple illusion des Enfers. Mais maintenant, il ne pouvait plus fuir la vérité. Ses mains se crispèrent légèrement à ses côtés, cherchant une stabilité qu’il ne trouvait pas.
« Je ne l'ai jamais voulu… » finit-il par dire, sa voix rauque comme s’il craignait que les mots ne l’étranglent. Il n’était pas vêtu de son surplis, mais il sentait toujours le poids de ce fardeau invisible, cette armure qui représentait sa damnation.« Je me suis réveillé, il y a des siècles... habillé d'un surplis, sans comprendre pourquoi. »
Il inspira profondément, son souffle se mêlant à l’air salin, et ses yeux se perdirent dans l'immensité du regard océanique de la divinité. « Ce n’était pas un choix. Je n’ai jamais fait de pacte. Je n’ai jamais demandé ça... Mais c'est ce que je suis : le Spectre de Janus »Sa voix se fit plus faible, presque comme s’il parlait à lui-même, tentant de trouver un sens à tout cela.
Mais plus il y pensait, plus il trouvait que cette interrogation de la déesse était absolument hors de propos. Qu'est-ce que ça pouvait lui faire de savoir s'il était devenu un spectre contre sa volonté ? A quel moment ça a la moindre importance ? Elle essayait de le calmer, de détourner son attention pour ne pas assumer pleinement ses actes. Oui, il a mis fin à sa vie volontairement. Oui, il a déjà prêté serment à Poséidon. Oui, il a fait des erreurs. Mais pourquoi est-elle partie ? La relation qu'il entretenait avec elle était bien plus que particulière. Contrairement à un fanatisme, imprévisible, le Britannique avait développé des sentiments pour cette femme. Un amour platonique, certes, mais l'amour était présent. L'inconvénient du fanatisme c'est qu'on retourne facilement sa veste. L'inconvénient de l'amour, c'est que la haine n'est jamais vraiment très loin. D'autant plus qu'il n'était pas très saint, de naissance, une pathologie développée plus tard. Il est difficile de savoir si un enfant est juste un enfant ou s'il souffre de troubles dissociatifs de l'identité.
Il se ferait teindre en blond, il irait décrocher la Lune si elle le lui demandait. Mais quelque chose en lui imposait d'agir comme un ennemi. Une force froide, teintée d'une noirceur sans nom l'appelait, lui disait d'en finir avec elle. Elle devait être morte, alors autant joindre la rumeur à l'acte. Mais dans un éclair de lucidité
« Votre Majesté, donnez-moi une bonne raison de ne pas en finir.» - lâcha-t-il avec un ton d'une neutralité alarmante, comme s'il n'était pas réellement maître de ses mots.
Alors que les mots qu'il venait de prononcer semblaient flotter dans l'air, l'énergie autour de Hevruka changea brutalement. Une vague de cosmos sombre, presque palpable, monta en lui, comme si quelque chose de plus profond, de plus ancien, se réveillait. L'atmosphère devint plus lourde, chargée d'une tension sinistre. Il n'était plus tout à fait lui-même, et la noirceur qui résidait en lui se manifestait. Une partie de son surplis, cette armure infernale qu’il n'avait jamais choisie, se matérialisa sur son bras droit, entourant ses muscles d’un métal sombre et oppressant. Le contraste entre cette apparition soudaine et l’absence totale de contrôle dans ses gestes était frappant. C’était comme si une force bien plus grande que lui prenait les commandes, et cette force semblait dangereusement proche de se libérer entièrement. Le cosmos tourbillonnait autour de lui, et la température baissa soudainement, comme si l’obscurité même des Enfers s’était invitée dans ce moment déjà tendu. Tout ce qui était autour avait disparu. Ils n'étaient plus qu'eux deux. Aucun humain ne put se rendre compte de ce qu'il se passait, les deux protagonistes se retrouvant comme invisibles. Une autre dimension ? Peut-être. Une illusion ? Peut-être.
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Sujet: Re: Finalement... On n'est jamais prêt ¤ Le Pirée [Hevruka] Dim 13 Oct 2024 - 13:39
Il arrive parfois que certains silences résonnent plus bruyamment que le plus violent des tapages. Qu'ils s'étirent si longuement, de manière si pesante, que l'air lui-même se retrouve saturé de particules qui, bien qu'invisibles au regard, alourdissent tant l'espace qu'elles en meurtrissent jusqu'à l'âme.
Hevruka n'échappe pas au flegme anglais si caractéristique de son peuple. Et pourtant... à cette minute, les émotions qui se dégagent de lui sont si violentes, si contradictoires, si... terribles, qu'aucun mot n'a besoin d'être prononcé. Et bien que l'espace s'étende à pertes de vue tout autour d'eux. Bien qu'aucun vase clos ne les retiennent. Bien qu'aucune barrière ne soit capable de condenser ses émotions. Le trouble qui envahit l'ancien Chevalier d'or est si profond, qu'il contamine tout ce qui les entoure.
A quoi pense t'il... qu'imagine t'il...
Espère t'il qu'elle ne soit encore qu'une chimère, fruit de son esprit torturé... La croyait il morte... comme Hadès a du le claironner à ses troupes les trois derniers siècles. Est-il en train de se dire qu'elle savait les tourments qu'il a subit ces derniers siècles... Envisage t'il qu'elle l'a purement et simplement abandonné, sans plus ce soucier de son sort... Redoute t'il qu'elle ait menti à la face du monde, à la face de tous, en faisant passer sa disparition pour réelle... Va t'il jusqu'à envisager l'horreur, jusqu'à imaginer qu'elle a vécu tout ce temps repliée sur elle-même, cachée du regard des mortels comme des immortels, en sécurité et sans se soucier de rien d'autre que d'elle-même...
En vérité, Ahina n'a pas la moindre idée des pensées qui peuvent traverser Hevruka à cet instant. Tout ce qu'elle est à même de constater, c'est le florilège d'émotions qui danse au fond de ses prunelles sombres. La colère, l'incompréhension, le soulagement, l'amour, le dépit, l'amertume, la dévotion, la... haine.
Il se recule d'un mouvement sec. Le contact se brise aussi vite qu'il a été instauré. Il refuse, mais l'important reste dans ses mots. Avec la spontanéité qu'elle lui a connue par le passé, Hevruka, bien que perdu dans cet océan d'informations et de réalité qui contredisent foncièrement ce qu'il a vécu ces dernières décennies, parle avec honnêteté. Répond ce qui est, ce qui a été. Sans tergiverser, sans mentir.
Le soulagement est immédiat. Ahina extirpe un profond soupir tout en fermant les paupières quelques brèves secondes. La partie n'est pas gagnée. L'opération sera aussi sordide que délicate, et elle aura besoin d'aide. Mais, désormais, l'espoir est tangible. Si Hevruka n'a pas conclus de pacte avec les Enfers... elle le sortira de là. Quoi qu'il en coûte.
Les lèvres d'Ahina s'entrouvrent alors qu'elle s'apprête à lui répondre, à lui expliquer en quoi cela est important, en quoi cela change absolument tout, mais elle n'en a pas le temps. Les paroles restées au fond de sa gorge sont stoppées nettes par la phrase glaçante qu'il lui adresse, auréolée de la partie de surplis qui se greffe sur son bras comme une seconde peau.
Le regard de la divinité se fait contrit. Hélas, sans surprise... les Enfers s'invitent dans le paysage. Et, comme toujours, ils n'y ont cordialement pas été invités.
L'atmosphère se sature d'ondes infernales qui proviennent directement du bras qui n'attend qu'un infime relâchement de son propriétaire pour frapper. L'environnement change. Le port s'efface. Les sourcils de la déesse se froissent. Il ne lui est pas possible de savoir avec exactitude quelle étoile maléfique a été choisie pour Hevruka. Sachant cependant qu'il n'y a jamais consenti de son plein gré, Hadès a t'il choisi pour lui quelque chose de bien glauque, qui serait capable de porter atteinte au Sanctuaire si jamais il renaissait de ses cendres d'une manière ou d'une autre. Et sans doute... le choix s'est il également porté sur l'étoile qui pourra engendrer le plus de souffrance pour Hevruka.
Cependant... Ahina lève légèrement le nez, comme si elle humait l'air, alors que son regard balaye les alentours, sous la retentissante menace qu'il vient de lui asséner. Quelque chose a changé... ils sont présents sans l'être pour autant. Les humains sont là, sans l'être. Ce qui pourrait laisser à penser... qu'une partie d'Hevruka les protège de ce qu'il pourrait advenir. Consciemment ou non... ce n'est pas l'attitude d'une étoile maléfique, qui se moque bien des dommages collatéraux.
Par contre... ce n'est pas le cas de la constellation des Gémeaux qui, si elle est capable d'une dualité parfois effrayante, possède ce côté illusoire, cette capacité de déformation de la réalité, qui pourrait expliquer le phénomène qui se produit en ce moment même sur Le Pirée. Elle n'en a cependant pas la certitude... mais se raccroche à cet espoir. Car, de l'espoir, il y en a réellement. Le surplis ne recouvre qu'une infime partie de son corps, bien que ce soit l'une des plus importantes en l'occurrence. Il laisse une chance, ne frappe pas, n'attaque pas directement. Et si l'atmosphère qui les enserre provient belle et bien de son ancienne armure... alors dans ce cas... cela ne peut signifier qu'une chose.
Hevruka se bat contre l'influence des Enfers. De toutes ses forces. Même s'il n'en a pas conscience.
Puisque c'est ainsi...
« Je vais t'en donner une, en effet. Parce que tu n'es pas un spectre et n'en as jamais été un, Hevruka. »
Elle brise la distance et plaque sa paume sèchement sur le bras armuré. Elle ne peut faire appel à son cosmos d'aucune manière que ce soit, ce serait trop risqué s'il venait à entrer en contact direct avec le Surplis d'un Spectre, qu'Hadès aura sans doute choisi intentionnellement pour punir l'un de ses Saints.
Mais si le Sombre Monarque imagine qu'elle n'est pas capable de faire face sans son cosmos... de rivaliser avec le pouvoir des Enfers sans cela... voilà encore un point à propos duquel il l'a sous estimée.
« Hevruka. »
Ses lèvres ne bougent pas et, pourtant, sa voix pénètre son âme aussi sûrement que si elle avait parlé à haute et intelligible voix. L'atmosphère qui les entoure change aussi radicalement que lorsqu'il a revêtu une partie du surplis des Enfers. La lourdeur s'évacue pour laisser place à la douceur. La pénombre s'éclaire. Les relans infernaux qui flottaient dans l'air laissent la place à autre chose... une sensation qui lui sera familière. Une sensation.... amie.
Puisque le surplis a entraîné dans son sillage une partie des Enfers, Ahina le chasse en le remplaçant par l'énergie dégagée naturellement par le Sanctuaire Sacré, qui se trouve tout proche d'eux et dont elle incarne l'essence vivante, aussi sûrement que l'air que respire un être humain.
Car Ahina est un Dieu. Un Dieu majeur du Panthéon le plus puissant que la terre ait jamais porté. Et elle n'a pas besoin de faire appel à son cosmos pour le rappeler au monde. Pour le rappeler à Hevruka.
« Tu as choisi de mettre fin à tes jours pour trouver la paix. Cette paix t'a été refusée par Hadès qui a usé de son pouvoir pour te relever contre ton gré, brisant ainsi toutes les lois qui régissent les âmes humaines au royaume des morts. »
Alors que ses lèvres n'articulent toujours pas un mot, sa voix tonne dans l'esprit d'Hevruka, comme si elle faisait preuve d'autorité envers la partie spectrale qui l'habite, afin de la faire reculer, de la faire retourner dans les profondeurs abyssales qui sont les siennes.
« Tu n'es pas, n'as jamais été et ne seras jamais un serviteur d'Hadès. »
Sa voix percute l'âme, sans clémence, sans douceur. Elle lui rappelle avec force d'autorité qui elle est, ce qu'elle incarne, ce qu'elle incarnera toujours, dans la vie comme dans la mort.
« Et puisqu'Hadès a librement bafoué les règles élémentaires de vie et de mort, j'en ferai tout autant. Je te ramènerai d'entre les morts, Hevruka. Que la Terre soit le témoin de mon serment. »
Hevruka
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Sujet: Re: Finalement... On n'est jamais prêt ¤ Le Pirée [Hevruka] Dim 20 Oct 2024 - 23:26
I am not stating a lie for you Kick me, beat me, do what you can I am alone in this land full of sin Cut me, skin me, kill me again I'm breathing alone, breathe as deep as I can
Alors qu’Athéna pose sa main sur son bras, Hevruka sentit immédiatement un choc profond, une énergie douce et familière remplaçant les ténèbres qui l'entouraient. C’est comme si, pendant un bref instant, les chaînes des Enfers qui le retenaient se desserraient, et l’étau autour de son âme se relâchait. Mais cette libération temporaire n’apportait pas le soulagement escompté. Au contraire, elle exacerbait la tourmente en lui. Ses yeux s’écarquillent, non pas d’étonnement, mais de colère sourde. Comment osait-elle, après tant d’années, effacer ainsi, par un simple toucher, le poids des siècles de souffrance qu’il a endurés ? Il put sentir sa douceur réconfortante s'infiltrer en lui, mais cela le déstabilise encore plus. C’est comme si cette lumière pacifique tentait de dissoudre ce qu’il est devenu : un être façonné par la haine, la colère et la solitude.
Il recula d’un pas, brusquement, le visage crispé par l’amertume et la confusion. Ses émotions étaient un maelström déchaîné. Il voudrait rejeter cette sensation, la repousser, car elle lui rappelait qui il était avant. Mais cette personne-là était morte, du moins, c’est ce qu’il croyait, ou ce qu’il s’est persuadé pendant des siècles. L’écho de la promesse d’Athéna – qu’il n’a jamais été un Spectre, qu’il n’en sera jamais un – résonnait dans sa tête comme une cloche sinistre. Cela touche une corde sensible en lui, le ramenant à une époque où il était un Chevalier d'Or, un protecteur d'Athéna... un homme autrefois dévoué. Un tremblement parcourut son bras droit, celui recouvert du surplis. Le métal sombre semble presque palpiter, en conflit avec l’énergie divine qui l’enveloppait. Le visage de Hevruka se fermait. Son regard était dur, mais quelque chose vacillait. La main qu’Athéna a posée sur son bras brûle comme une blessure autant qu'elle apaise. Elle remuait quelque chose d'enfoui sous des couches d'amertume et de douleur.
Puis, dans un éclat de colère refoulée, il murmure, sa voix rauque et brisée :
« Il est trop tard pour moi. »
Mais derrière cette affirmation désespérée, un faible éclat d’humanité se devine. Hevruka sentait une rage sourde monter en lui, une rage qu'il croyait éteinte depuis des siècles, consumée par la froideur des Enfers. Pourtant, à cet instant, en présence d'Athéna, c'est comme si une tempête se déchaînait à nouveau. Son corps tremble sous le poids de cette violence intérieure. Ce n’est pas simplement de la colère… c’est une fureur primale, une haine accumulée qui n’a jamais pu être relâchée. Une rage d’abandon.
Il voyait son propre reflet dans l’ombre projetée par le bras couvert du surplis. Ce bras qui n'était plus tout à fait le sien, ce bras qui semblait avoir une vie propre, une volonté de destruction. Il respirait difficilement, le souffle saccadé, chaque inspiration plus douloureuse que la précédente. La présence d’Athéna aggravait tout, comme une brûlure sur une plaie ouverte. Sa simple proximité éveillait en lui des souvenirs qu’il aurait préféré oublier. La trahison, l’injustice… la solitude. Il serra les poings, sentant la puissance noire émaner du surplis, comme une bête prête à frapper. Ses pensées étaient un tourbillon de chaos. Abandonné… enfermé… torturé. Son esprit, jadis lumineux (plus ou moins), était maintenant une chambre noire, et dans cette chambre, il hurlait. Pas à haute voix, mais au plus profond de son âme.
L’image d’Athéna vacillait devant lui, se mélangeait à ses souvenirs, se transformait en cette figure d’indifférence qui l'a laissé sombrer dans l'oubli, dans les abîmes des Enfers. Il n’y a pas d’échappatoire, il le savait. Pas de rédemption. Juste cette douleur qui l’enserre comme une chaîne qu’on resserre autour de son cou, l’étouffant un peu plus à chaque instant.
Il veut la frapper. La faire souffrir comme lui a souffert. Il veut tout détruire autour de lui, comme cet enfant qui, dans sa solitude, s’attaque à la seule chose qu’il peut encore briser : sa propre poupée.
« Je n’ai plus rien… »
Les mots s’échappent de sa bouche avant même qu'il ne les réalisa. C’était unee vérité brute. Une vérité qu’il a refusé de prononcer, mais qui s'impose maintenant avec une violence dévastatrice. Ses yeux brillent d’une folie contenue. Ce n’est pas la voix d’un homme qui parle, mais celle d’un être brisé, perdu entre deux mondes, ne trouvant ni répit, ni paix.
Son bras se soulève instinctivement, comme guidé par cette rage qui bout en lui, prêt à libérer toute la douleur accumulée. Mais quelque chose l'arrête. La main d’Athéna, toujours posée sur son surplis, semble empêcher l’explosion de violence imminente. Sa voix résonne dans son esprit, douce mais ferme, et c’est précisément cette douceur qui le fait vaciller encore plus.
Hevruka resta figé, son corps tendu comme un arc prêt à se rompre. Les mots d'Athéna résonnaient dans son esprit, et pourtant, ils ne trouvaient aucun écho. Chaque syllabe se heurtait à un mur de culpabilité et de doute. Il baissa les yeux sur son bras recouvert du surplis, cette armure sombre qui lui rappelle chaque instant où il a échoué. Le poids du métal froid semble soudain plus lourd, presque insupportable. Pourquoi ferait-elle ça pour lui ? Pourquoi bafouerait-elle les lois de la vie et de la mort pour quelqu'un comme lui ? Peut-être qu'il n’a pas scellé de pacte avec Hadès, mais cela ne changeait rien. Il portait ce surplis, cette marque de sa chute, de sa faiblesse. Et plus que tout, il savait qu'il avait fui. Au lieu de chercher Athéna, au lieu de retrouver ses frères d’armes, il s'est laissé emporter par sa colère, par son désespoir. Il s’est perdu dans les ombres, et maintenant… maintenant, il est trop tard.
Il inspira profondément, sentant la rage en lui se transformer en quelque chose de plus sombre, plus silencieux. Une acceptation amère. Il n'est plus ce qu'il était. Il n’a plus sa place parmi les Chevaliers. Athéna fait une erreur. Elle croit encore qu’il peut être sauvé, mais il sait que c'est impossible. Il ne méritait pas son pardon, ni même son attention. Le poids de son surplis semblait s’alourdir, comme pour lui rappeler la distance qu'il a mise entre lui et elle, entre lui et tout ce qu'il était censé défendre. Il relèva les yeux, cherchant à croiser son regard, mais il n'y a plus de défi dans ses yeux. Seulement une résignation glacée.
« Pourquoi... »,murmure-t-il, sa voix à peine audible. « Pourquoi faire tout ça pour moi ? Je ne suis même pas digne de me tenir ici devant vous. »Ses mots sont lents, chaque syllabe lourde de la honte et du désespoir qui l'étreignent.« Ce surplis, je l’ai porté... je l’ai laissé me consumer. »
Hevruka resta debout, immobile, pris dans un tourbillon de contradictions. Chaque fibre de son être se débattait entre deux réalités opposées. Une part de lui hurle que c'est elle, Athéna, qui l'a abandonné. Elle l'a laissé sombrer dans les Enfers sans un mot, sans un geste pour le sauver. Il a été seul, et la colère qui en découle l’a nourri pendant des siècles, ravageant tout ce qu’il était. Mais maintenant… Ses mots, sa promesse… tout cela bousculait ce qu'il s’était dit pour survivre. Cette Athéna qui se tenait devant lui, prête à braver les lois divines pour lui, n’était pas l’image qu’il s'était forgée dans les tréfonds de son amertume. Et ça le détruisait. C’est comme si, en un instant, elle balayait toute cette rage qui l'avait tenu debout, qui lui avait donné une raison d’exister au milieu de la douleur.
Ses lèvres tremblaient alors qu’il serre les poings, les jointures blanchies par la force. Il la voyait maintenant, non comme la déesse distante qui l’a laissé à son sort, mais comme une figure de rédemption. Et ça le déchirait. Car s'il acceptait cette réalité, s'il acceptait qu'elle ne l'eut pas abandonné, alors tout ce qu'il a ressenti, tout ce qu'il a fait, était réduit à néant. Ses souffrances, ses années de haine, tout cela n’avait plus de sens.
Il étouffe un rire amer. Un rire douloureux, né du conflit intérieur qui le ravage. Comment peut-il la haïr et se sentir indigne à la fois ? Comment peut-il vouloir la détruire et pourtant être sauvé par elle ?
« Vous êtes la cause... et le remède… »Sa voix se casse, et ses yeux se fixent sur elle, brûlants d'une intensité qui le dévore.
Mais au fond de lui, une autre voix murmure, faible mais présente : C'est toi qui es coupable, toi qui n'as rien fait pour revenir à elle. Et cette voix-là est pire que toute la colère, pire que toute la haine qu'il a pu ressentir.
Hevruka tomba lourdement à genoux, incapable de soutenir plus longtemps le poids de son propre désespoir. Ses épaules s'affaissèrent, et un cri étouffé, brisé, s'échappa de sa gorge. Il pleurait, des sanglots déchirants qui semblèrent jaillir de siècles d’agonie et de regrets. Les larmes coulaient sur son visage, mouillant le sol sous lui, comme si tout le poids de sa faute s’écoulait enfin, lui échappant après avoir été retenu si longtemps.
« Je suis désolé… »murmure-t-il entre deux sanglots, à peine audible. Sa voix est rauque, brisée par des siècles de silence et de souffrance.« Tellement désolé... »
Il serra les poings sur le sol, ses ongles s'enfonçant dans la terre comme s’il voulait se punir, se faire mal pour ce qu’il a fait, pour ce qu'il est devenu.« J’aurais dû… renoncer. Renoncer à cette résurrection... Je n’aurais jamais dû revenir. »Ses mots sont presque étouffés par la douleur qui le submerge.« Je ne mérite pas… je ne mérite pas votre pardon… Je ne mérite pas votre amour. »Sa tête s’inclina en avant, le front touchant le sol, brisé sous le poids de sa propre culpabilité. Il a succombé à la facilité de la mort, et ensuite, il a accepté la résurrection des mains d’un ennemi. Il n’a pas eu la force de résister, de rester fidèle à ce qu’il était. Comment pourrait-il encore se tenir devant Athéna, après tout cela ?
Hevruka restait à genoux, ses larmes inondant le sol sous lui. Ses mains tremblent, serrées si fort que ses jointures blanchissent, ses doigts s’enfoncent dans le sol comme pour s’ancrer à quelque chose de tangible alors que tout en lui se disloque. Ses épaules sont secouées par des sanglots silencieux, et chaque souffle qu’il prenait semble lui coûter un effort immense, comme si même respirer était devenu un acte trop lourd à porter.
La lumière douce d’Athéna l’entoure, mais il ne peut s’y abandonner. Son corps est accablé sous le poids invisible de sa propre culpabilité. Ses bras retombent lourdement le long de son corps, la tension les quittant, laissant place à une lassitude infinie. Il sent la froideur du surplis contre sa peau, rappel constant de ce qu'il est devenu, de l’échec qu’il incarne.
Son front reste penché vers le sol, incapable de lever les yeux vers elle, incapable de faire face à l’amour et au pardon qu’elle incarne. Il est seul avec sa peine, seul avec ses choix. Ses genoux s’enfoncent dans la terre sous le poids de son corps effondré. Il reste immobile, perdu dans la spirale de ses pensées, dans cette tempête de sentiments qu’il ne peut plus contenir.
Le vent souffle doucement autour de lui, mais il ne le sent pas. Le monde semble se rétrécir, se refermer sur lui, ne laissant place qu’à l’écho de ses erreurs et de ses regrets.
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Dans le monde il n'y a pas d'un côté le bien et le mal, il y a une part de lumière et d'ombre en chacun de nous.
Ahina
Déesse de la sagesse et de la guerre
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Sujet: Re: Finalement... On n'est jamais prêt ¤ Le Pirée [Hevruka] Lun 21 Oct 2024 - 15:10
La gorge d'Ahina se noue quand il relâche quelques mots dans un souffle. Un souffle de colère, de dépit, d'amertume.
Comment... Comment n'a t'elle pas perçu sa détresse. Lors de la Guerre Sainte, les cosmos s'entrechoquaient avec tant de violence, partout sur le monde, que cela pourrait expliquer pourquoi elle n'avait rien ressenti. Puis... il y a eu la distorsion, la coupant de tout et de tout le monde. Cela faisait partie de ses plus grandes craintes. Cette absence totale de ressentis. Cette impression d'avoir traversé le temps en un battement de cils à peine, sans rien percevoir des tragédies qui s'étaient jouées pendant ce lapse de temps.
Mais depuis cinq ans... quelle excuse, quelle justification, pouvaient expliquer qu'elle n'ait pas perçu le trouble de son Chevalier. Qu'elle n'ait pas entendu ses cris, ses appels, son désespoir... Avait-il abandonné à ce moment là...? Trois siècles c'est tellement long... Trois siècles à se voir imposer un Surplis, un lien, qu'il n'a jamais désirés. Trois siècles de tourments, sans le moindre doute là-dessus. Alors... peut-être est-ce là la raison. Peut-être... qu'Hevruka a fini par abandonner. Abandonner d'implorer, abandonner de chercher la lumière, abandonner... de l'attendre.
« Il n'est jamais trop tard... »
Elle ne bouge pas, elle reste plantée face à lui, sa paume tentant d'empêcher l'influence des Enfers de se répandre. Ici, en lui, sur son corps, dans son âme. Il n'est jamais trop tard... elle pense ce qu'elle dit. Elle en est convaincue. Pour autant... est-ce vraiment la réalité ? N'y a t'il pas, n'existe t'il pas un moment où la fracture est si intense, si profonde, que tout retour en arrière est impossible ? Elle ne peut ni ne veut l'envisager. Cela est hors de question, hors de propos. Il y a forcément de l'espoir, même ténu. Il y en a toujours.
Ahina retient son souffle lorsque le bras s'élève. Mais le mouvement est stoppé aussi net qu'il a été lentement entrepris. Il se bat. Il se bat de toutes ses forces, de toutes les forces qu'il lui reste. Et il est bien là... bien ici... bien en cela... l'espoir dont ils ont besoin. L'espoir dont il a besoin.
Pourquoi.
Les paupières d'Ahina se plissent, sa mâchoire se contracte sous le poids des mots qui s'extirpent de la poitrine de son Chevalier. De colère et besoin de vengeance, Hevruka sombre doucement dans la pénombre de la culpabilité. Il prend sur ses épaules le poids de la situation actuelle. Il se sent indigne, faible, déshonoré...
La cause... et le remède.
Ses genoux cèdent sous le poids devenu trop lourd à porter. Elle ne bouge pas, ne dit pas un mot, quand le bras lui échappe. Quand sa main s'ouvre délicatement pour laisser filer ce pan d'armure maudite, qui rejoint son porteur agenouillé sur le sol du Pirée. Son regard pers se fait contrit, alors que les mots s'écoulent en cascade. La culpabilité... encore. Fourbe, puissante, nauséabonde, elle s'insinue dans la moindre faille laissée dans son coeur, dans son esprit. Et ces failles... sont fort nombreuses. Alimentées par des décennies, des siècles d'errance infernale. Alimentées par des années et des années de tourments.
Hevruka a toujours été comme ça. Les Enfers ne font qu'amplifier un symptôme déjà bien présent dans son coeur. Car malgré toute la force que cet homme là est capable de développer. Malgré un caractère qui sait être bien trempé quand la situation l'exige. Hevruka a ce point en commun avec Kazuki... Aucun des deux ne se pardonne ni ses lacunes ni ses erreurs.
« Hevruka. »
La Divinité rejoint le sol à son tour, alors que ses genoux reposent sur le chemin poussiéreux qui mène jusqu'au port d'Athènes. Ses bras s'enroulent avec douceur autour des épaules de son Chevalier, sa main cherchant sa nuque pour attirer son visage baigné de larmes contre son épaule.
« Écoute moi attentivement... »
Elle murmure à son oreille. Sa voix est douce, empreinte de tendresse tout autant que de solennité. Car ce qu'elle lui explique, l'histoire qu'elle lui conte, tel le secret qu'elle lui chuchote, n'a pas de fin heureuse. Du moins... pour le moment.
Alors... elle lui raconte tout.
L'horreur de la Guerre Sainte de l'année 1757. Le carnage, le sang, la terreur des humains. La violence et la force jamais égalée. Elle lui narre comment Hadès s'est attaqué à des territoires qu'il n'avait jamais osé envahir les millénaires qui ont précédé, semant le trouble et la panique dans les villages, désorientant Saints tout autant qu'Asgardiens. Ahina lui raconte sa rencontre avec Zeus, le Père des Dieux. Comment elle l'a prié de les aider quand certains Chevaliers lui ont rapporté qu'Hadès préparait un mauvais coup qui risquait de provoquer la chute des deux royaumes, de leurs Chevaliers, des Dieux eux-mêmes... Elle lui explique le pacte avec les Dieux temporels, en quoi consistait leur proposition de distorsion, qu'elle impliquait que le Sanctuaire et Asgard pouvaient être totalement absents du monde durant près de quatre siècles au maximum. Enfin, Ahina lui parle du passé proche et du présent. Que la distorsion a commencé sa lente destruction il y a cinq ans, que ce n'est qu'à ce moment là qu'elle a pu s'en extirper et contempler tristement le sinistre spectacle qu'est devenue la Terre des Hommes.
« Le pouvoir des temporels perdure encore mais sans doute plus pour très longtemps. Bientôt... Hadès saura que nous avons survécu. »
Avec tout ce que cela implique. Est-ce bien pour cela qu'ils se préparent sans relâche en prévision de ce jour. Car ils ne peuvent pas se permettre de déclencher une nouvelle guerre tout de suite. Ils ne peuvent pas se permettre... de perdre la Terre encore une fois.
« Je ne t'ai jamais abandonné, du moins... pas volontairement. Et je ne t'abandonnerai jamais. »
Ses paumes se posent sur ses joues alors qu'elle lui relève doucement le visage, ses iris pers cherchant à happer l'attention des prunelles sombres. Son pouce balaye rapidement une larme qui persiste au coin d'une paupière, menaçant de dévaler sa joue pour se perdre dans l'étoffe de sa chemise.
« Tu n'as rien à te faire pardonner. C'est moi qui n'ai pas entendu ta souffrance. Moi qui n'ai pas perçu tes tourments. Moi qui ai laissé les Enfers te détruire. »
Si elle contient mal la colère qui enserre son coeur à l'évocation de tout ce que cela peut impliquer d'horreurs pour lui, Ahina reste cependant stoïque et poursuit fermement.
« Je te libèrerai. D'une manière ou d'une autre. Je trouverai un moyen. Mais tu dois me dire... Hevruka... tu dois me dire ce que tu veux. »
Sa gorge se noue et quelques larmes embuent soudainement son regard. Ils n'ont pas pu se dire adieux avant... peut être qu'aujourd'hui leur permettra de combler ce vide. Mais peut-être... qu'il choisira un autre chemin.
« Veux-tu reposer en paix ou... veux-tu revenir auprès de moi et reprendre la place qui t'est acquise au Sanctuaire. »
Dernière édition par Ahina le Mar 22 Oct 2024 - 1:24, édité 1 fois
Hevruka
Spectre Celeste de Janus de l'Etoile de la Machination
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Sujet: Re: Finalement... On n'est jamais prêt ¤ Le Pirée [Hevruka] Lun 21 Oct 2024 - 23:13
The End of Everything
Hevruka releva légèrement la tête lorsque Ahina commença à parler. Sa voix douce mais grave résonnait dans cet espace hors du temps, dans ce refuge qu’ils partageaient. Elle lui expliquait ce qu’il s’était passé au Sanctuaire, les événements qui avaient bouleversé son existence et celle des autres chevaliers. Le récit de la Guerre Sainte, la rencontre avec Zeus, et surtout, la distorsion temporelle qui avait coupé le Sanctuaire du reste du monde pendant près de quatre siècles.
Il écoutait attentivement, chaque mot éveillant en lui une étrange résonance. Pendant tout ce temps, il avait cru qu’elle l’avait oublié, abandonné à son sort. Pourtant, en l’entendant parler, il commençait à comprendre que rien de tout cela n’avait été voulu. Elle non plus n’avait pas choisi cette coupure, cette distance qui les avait séparés. Le Sanctuaire, lui aussi, avait été piégé dans cette distorsion temporelle, coupé de la réalité, comme lui l'avait été dans les Enfers.
Chaque détail de cette histoire se frayait un chemin dans son esprit, révélant une vérité qu’il n’avait jamais osé envisager. Tout ce temps, il avait cru être seul dans sa souffrance, mais Ahina, elle aussi, avait été prisonnière de forces qui la dépassaient. Cela ne justifiait peut-être pas tout, mais cela éclairait d’une nouvelle lumière son sentiment d’abandon. Il se surprit à ressentir une forme d’empathie, une connexion renouvelée avec elle. Cette distorsion temporelle avait été un mur invisible qui les avait séparés, rendant impossible toute communication, tout appel au secours. Elle avait été piégée autant que lui, coupée de ses chevaliers et de leurs souffrances.
Hevruka comprenait mieux maintenant. Le voile du ressentiment se levait, petit à petit, remplacé par une lucidité nouvelle. Leurs destins avaient été déformés, leurs chemins forcés de diverger par des forces bien au-delà de leur contrôle. Il ferma les yeux un instant, laissant cette compréhension imprégner son esprit. Tout cela faisait sens. Les Enfers, la solitude, l’abandon, ce n’était pas une conséquence de sa faiblesse ou de sa trahison. C’était une tragédie imposée par les dieux, par des puissances qui jouaient avec le temps et l’espace. Quand Ahina termina, le silence s’installa entre eux, mais ce silence n’était plus rempli de colère ou de haine. C’était un silence plein de compréhension, un moment suspendu où tout ce qui avait été caché pendant des siècles se révélait enfin.
Hevruka restait immobile, ses genoux sur le sol, les larmes roulant silencieusement sur ses joues. Chaque mot d'Ahina résonnait en lui, comme un écho sourd traversant les cavités vides de son être. Ses paroles étaient douces, mais elles portaient un poids écrasant. "Je ne t'ai jamais abandonné... Je ne t'abandonnerai jamais." Ces mots s’incrustaient dans son esprit, une promesse qu’il n’avait jamais osé espérer. Pourtant, une part de lui résistait. Comment pouvait-elle affirmer cela, alors qu'il avait erré seul, plongé dans les ténèbres, sans aucune lueur d’espoir pour guider ses pas ? Comment aurait-elle pu comprendre les horreurs qu’il avait endurées dans les Enfers, les voix, les cris, la sensation constante d'être enchaîné à ce surplis maudit ? Chaque seconde passée dans cette prison l’avait éloigné un peu plus de tout ce qu’il était autrefois, de l'homme qu'il aurait voulu être pour elle.
Il sentait le poids des bras d’Ahina autour de lui, une chaleur qui le déchirait de l’intérieur. Une tendresse qu’il n’avait pas ressentie depuis des siècles. Cela le consumait, encore plus que les flammes infernales. Son esprit se battait pour comprendre ce qu’il voulait vraiment. Retourner auprès d’elle... vivre à ses côtés comme avant... Cela semblait si loin, presque impossible. Mais pouvait-il vraiment reposer en paix, sachant qu'il n’avait pas encore trouvé de rédemption ? Sa voix intérieure, celle qui le hantait depuis si longtemps, murmurait dans un coin de son esprit. "Tu ne la mérites pas." Ce murmure avait toujours été là, mais aujourd'hui, face à Ahina, il devenait plus fort, plus oppressant. Il serra les poings. Ce surplis, ces liens qu’il n’avait pas choisis, le rattachaient toujours à cet univers sombre. Ses erreurs, ses choix… il ne pouvait pas simplement les effacer. Pouvait-il vraiment aspirer à une seconde chance ?
Hevruka ferma les yeux, cherchant dans ses souvenirs la moindre trace de l’homme qu’il était avant. Mais tout était flou, brisé. Il n’y avait que les cris des damnés, les chaînes des Enfers, le poids de ce surplis. Pourtant, la présence d’Ahina, sa chaleur, ses promesses, percutaient ce monde de douleur. Elle lui demandait ce qu'il voulait. Mais comment aurait-il pu savoir ?
Avec un soupir tremblant, Hevruka tenta de parler. Sa voix était rauque, brisée, presque méconnaissable.
« Athéna... Je... Je ne sais plus... »
Ses mains tremblaient, et il sentait à nouveau cette colère sourde remonter en lui, comme une marée qui menaçait de tout emporter. Il luttait contre elle, comme il luttait contre l’obscurité en lui. Cette lutte était incessante, et il était fatigué, épuisé même. Peut-être qu’il avait envie d’en finir. Mais à cet instant, sous le regard perçant d’Ahina, il ressentait une minuscule étincelle de lumière au fond de lui, une flamme vacillante mais bien réelle.
« J'ai passé tant de temps... à vouloir vous haïr... à croire que c’était vous qui m’aviez abandonné. Mais maintenant que vous êtes là, je ne sais plus... »
Ses yeux noirs cherchaient les siens, perdus et en quête de réponses. Mais la seule chose qu’il voyait dans les siens, c’était une promesse. Un espoir auquel il ne savait pas s’il pouvait ou voulait s’accrocher. Pourtant, cette idée de paix, de repos éternel, semblait si douce. Mais à quel prix ? Repartir maintenant serait comme accepter la victoire des Enfers, la victoire de cette partie sombre de lui qu'il avait essayé d'étouffer.
"La lumière ou les ténèbres... Que choisis-tu, Hevruka ?"La voix d'Athéna se superposait à ses pensées, et il sentait qu'elle était prête à lui offrir une dernière chance. Sa gorge se nouait, et ses larmes redoublaient.
« Je... je ne sais pas si je suis encore digne... de me tenir à vos côtés... »
Ses mains agrippaient le sol, comme pour s’ancrer dans cette réalité qu’il peinait à accepter. Il avait encore le choix. Mais avait-il vraiment la force de le faire ?
Le silence retombait autour d'eux, aussi lourd qu'une chape de plomb. Pourtant, quelque chose avait changé. Au milieu de cette pénombre, une fissure s'était ouverte, minuscule mais bien réelle, laissant filtrer une lueur si ténue qu'elle paraissait presque irréelle. Cette lueur, c'était l'espoir, une force qu'il n'avait pas ressentie depuis des siècles. Hevruka sentait cette présence étrange et réconfortante, comme une chaleur qui renaissait dans son cœur gelé par les Enfers. Il ne s’était jamais attendu à ressentir cela à nouveau. Lui qui avait cru sa propre âme trop corrompue pour trouver une quelconque rédemption, il percevait désormais une possibilité, une voie qu'il n'avait pas envisagée depuis si longtemps. Mais avec cette nouvelle lumière naissait aussi une peur plus profonde. Une peur qui enserrait ses entrailles, lui rappelant que la lumière est fragile et que la chute vers l'obscurité pouvait être brutale.
L'espoir était dangereux. Il ne se souvenait que trop bien des déceptions, des rêves brisés, de la solitude glacée qui avait suivi chaque éclat de lumière dans sa vie passée. S'accrocher à cette flamme, aussi petite soit-elle, impliquait de risquer à nouveau. Risquer de croire qu'il pouvait être sauvé, qu'il pouvait retrouver un semblant de vie, de paix. Mais cette perspective le terrifiait. Car si cette nouvelle chance échouait, si cette flamme s'éteignait… alors il sombrerait pour de bon. Et cette fois, il n'y aurait plus de retour possible. Les Enfers avaient façonné une partie de lui, gravé en son être des chaînes invisibles mais puissantes. Il pouvait encore sentir le poids du surplis sur son âme, prêt à resurgir à tout instant. L'obscurité rôdait toujours, prête à l'engloutir de nouveau, et chaque instant passé à hésiter ouvrait une brèche dans sa volonté déjà vacillante. L’espoir, aussi fragile soit-il, le maintenait en équilibre précaire, mais ce fil sur lequel il marchait pourrait à tout moment se rompre sous le poids de ses doutes.
Ce mélange d’espoir et de peur créait un tourbillon dans son esprit. Chaque pensée positive était aussitôt balayée par le souvenir des horreurs vécues, de ses propres échecs, de sa trahison, de sa faiblesse. Comment pourrait-il revenir de là où il se trouvait, de cet abîme dans lequel il s'était enfoncé depuis des siècles ? La possibilité de retrouver la lumière semblait si belle, mais elle était accompagnée de cette terreur sourde : celle de n'être plus assez fort pour la saisir, celle d’être trop brisé pour la mériter. Il n’y avait aucune garantie, aucune certitude. Juste un choix. Un choix terrifiant entre la résignation et la lutte. S’abandonner à la paix apparente de la mort, ou risquer de tout perdre à nouveau en cherchant la rédemption, en espérant que cette lumière vacillante ne le trahirait pas.
Les souvenirs des siècles passés en Enfer ne cessaient de se superposer à cette infime chance qu’on lui offrait. La voix de ses tourments résonnait encore dans son esprit, lui rappelant que l’obscurité était plus familière, plus sûre, plus certaine. L’obscurité ne trahissait jamais, elle était constante, implacable, alors que la lumière était fragile, fugace, susceptible de s'éteindre au moindre faux pas. Il sentait son corps frémir sous le poids de cette décision qui pesait de tout son poids sur ses épaules. Le combat entre ces deux forces, l’espoir et la peur, se jouait en lui comme une guerre invisible. L’une promettait une sortie du cauchemar, l’autre lui murmurait que la chute serait d'autant plus terrible s'il se trompait.
Cette peur de l'échec, de la déception, devenait presque insupportable. Mais malgré cette terreur, malgré cette envie de fuir vers l’oubli, l’espoir refusait de disparaître. Il était là, insistant, brûlant encore faiblement dans les profondeurs de son être. Et c’était cette petite étincelle, si fragile soit-elle, qui le maintenait debout, qui empêchait les ténèbres de le consumer totalement. Il savait qu'il lui faudrait choisir. La lumière, la rédemption, ou l'obscurité éternelle. Et c’était ce choix, cet unique choix, qui serait déterminant. Mais pour l’instant, Hevruka restait là, immobile, tiraillé entre ces deux mondes, le cœur lourd, l’esprit en guerre.
Et au fond de lui, bien qu'il hésitât encore, une partie de son âme commençait doucement à incliner vers la lumière. Peut-être, juste peut-être, n’était-il pas encore totalement perdu. Hevruka restait agenouillé, le poids de la décision pressant sur ses épaules comme jamais auparavant. D’un côté, la promesse douce et séduisante du repos éternel lui tendait les bras, lui offrant enfin une échappatoire aux siècles de souffrance. Il imaginait un silence apaisant, loin des cris et des chaînes, une fin à ce cauchemar. Cette idée avait un goût sucré, celui d’une paix tant espérée, d’une libération des tourments qui l’avaient ravagé.
Mais cette paix n’était pas sans prix. Accepter de reposer en paix signifiait tout abandonner. Abandonner ses rêves, ses espoirs, mais surtout, abandonner Ahina. Elle était là, face à lui, prête à le soutenir, à lui offrir une seconde chance. La lumière dans ses yeux, cette lueur de détermination, représentait quelque chose de plus grand que lui. Redevenir un chevalier signifiait saisir cette main tendue, malgré toutes les peurs, malgré le poids des siècles passés. Sa poitrine se serra alors qu'il pesait ces deux choix opposés. La paix éternelle semblait si tentante, si douce après tant de chaos. Il pourrait enfin laisser derrière lui la douleur et la culpabilité, cesser de se battre. Mais dans cette idée de repos flottait aussi la certitude qu’il trahirait une part de lui-même. Était-ce vraiment ce qu’il voulait ?
En fermant les yeux, il sentit l’ombre des Enfers se resserrer autour de lui, lui rappelant que l’obscurité n'était jamais loin. Le surplis maudit n’avait jamais vraiment disparu. Il l’avait toujours senti peser sur lui, même en cet instant. Laisser cette obscurité gagner en choisissant de s’éteindre... Cela revenait à admettre la victoire des Enfers. Cela signifierait que ces trois siècles de souffrance n’avaient servi à rien, que tout ce qu’il avait enduré n’était qu’un chemin vers l’oubli. Mais il n’était pas seul. Pas cette fois. Ahina était là. Elle ne l’abandonnerait pas. Cette pensée fit naître une chaleur inattendue en lui, une chaleur qu’il n’avait plus ressentie depuis une éternité. Si elle croyait en lui, peut-être y avait-il encore quelque chose à sauver. Peut-être qu’il n’était pas trop tard.
Le doute revenait, toujours aussi insidieux. Il avait tant échoué par le passé. Le surplis, les ténèbres, sa propre culpabilité… tout cela risquait de le happer à nouveau. Redevenir un chevalier ne serait pas une route facile, et il le savait. Ce choix impliquerait de replonger dans les combats, d'affronter ses démons, à commencer par celui qu’il voyait dans le miroir chaque jour. Il ne serait jamais vraiment libre de ses erreurs passées. Mais c’était justement cela : la liberté ne venait pas du silence éternel, mais du choix de continuer à se battre, de se relever après chaque chute. S’il acceptait de redevenir un chevalier, il reprendrait ce combat, non seulement pour elle, mais pour lui-même. La rédemption ne pouvait venir que de l'action, de la lutte contre les ténèbres, même si elles menaçaient de le submerger à nouveau. Il n’y avait aucune certitude, aucun chemin tracé, mais il savait que, s’il renonçait maintenant, il ne trouverait jamais cette rédemption qu’il cherchait désespérément.
Hevruka leva lentement les yeux vers Ahina. Ses mains tremblaient, mais ce n’était plus la peur qui dominait, c’était la certitude, fragile mais réelle, que la lumière qu’elle lui offrait valait tous les risques. La paix, il pourrait la trouver en réintégrant le Sanctuaire, en se battant à nouveau pour elle, pour ce qui était juste. Il inspira profondément, ses poings se serrant à nouveau, mais cette fois pour marquer une décision, un engagement. Il choisirait la lumière, aussi incertaine soit-elle. Car le repos éternel, si tentant qu'il fût, ne le libérerait jamais des chaînes de ses regrets. Seule l’action, la lutte pour redevenir ce qu’il avait été autrefois, lui permettrait de se racheter. Le choix était fait. Il était prêt à redevenir un chevalier, à marcher de nouveau dans la lumière, même si cela signifiait affronter à nouveau ses propres ténèbres. Parce que cette lumière, aussi fragile soit-elle, valait la peine d'être poursuivie.
Hevruka resta un moment agenouillé, la décision brûlant encore dans son esprit comme une flamme vacillante. La peur ne l'avait pas quitté, elle était toujours là, tapie dans les ombres de son cœur, prête à ressurgir à la moindre faiblesse. Mais quelque chose avait changé. Ce n'était plus cette peur qui dictait ses choix, qui écrasait chaque tentative de rédemption. Il avait pris la décision la plus difficile de sa vie — une décision qui, pour la première fois depuis des siècles, n'était pas un acte de fuite ou de résignation. Lentement, ses muscles tendus et engourdis par la tension. Ses mains tremblantes se posèrent sur le sol, cherchant un point d’ancrage, quelque chose de tangible pour le rattacher à cette réalité nouvelle qu’il venait d’accepter. Le sol poussiéreux du Pirée, la chaleur du soleil se levant, le bruit des vagues lointaines — tout cela lui semblait à la fois étranger et familier, comme s'il redécouvrait le monde après une trop longue absence. Mais ce n'était pas le monde qui avait changé, c'était lui.
Il se redressa doucement, prenant appui sur ses jambes encore faibles, comme s'il apprenait à marcher de nouveau. Il avait l’impression que son corps portait encore le poids des Enfers, comme une charge invisible mais bien réelle. Pourtant, à mesure qu’il se redressait, quelque chose en lui commençait à s’alléger. Le simple fait de se relever symbolisait plus qu'un geste physique. C'était un acte de défi contre tout ce qui l'avait brisé. Il se tenait maintenant debout, droit, bien que vacillant encore intérieurement. Son regard sombre se posa sur Athéna, et pour la première fois depuis des siècles, il n'y avait plus que cette haine qu'il s'était obstiné à nourrir. Elle lui avait tendu la main, elle avait offert un chemin, et il avait choisi de l'emprunter. Non pas parce que c’était la voie la plus simple, mais parce que c’était la seule qui pouvait encore lui offrir une chance de rédemption.
L'ombre de son surplis se manifestait à nouveau, une ombre qu’il ne pourrait jamais totalement repousser. Mais cette fois, ce n'était plus une malédiction. Il comprenait que son passé ne disparaîtrait jamais, que les erreurs commises laisseraient toujours des traces. Pourtant, cela n'effaçait pas sa capacité à choisir la lumière, à continuer de se battre. Il ne serait jamais parfait, jamais totalement libéré de ses tourments, mais cela ne signifiait pas qu’il était condamné à sombrer. Ses pensées s'attardaient sur ce qu'il avait perdu, sur les siècles de souffrance et d'abandon, mais en même temps, il ne pouvait ignorer ce qu'il venait de retrouver. Ahina était là, avec sa promesse de ne plus jamais l’abandonner, et cette promesse était tout ce qu’il lui fallait pour avancer. Il n’était pas seul. Pas cette fois.
La peur restait en lui, comme une vieille compagne, mais elle n'était plus paralysante. Elle était une partie de lui, mais pas celle qui le contrôlerait. L'espoir, aussi ténu soit-il, avait pris racine. C’était cet espoir qui lui donnerait la force de continuer, même dans les moments où tout semblerait à nouveau sombrer dans les ténèbres. Le vent frais du port caressa son visage, et Hevruka ferma un instant les yeux, laissant cette sensation le traverser. Il n’avait jamais cru que ce moment arriverait, cette possibilité de se tenir à nouveau debout, d’être autre chose qu’un pantin enchaîné aux Enfers. Mais c'était réel, aussi incroyable que cela puisse paraître.
Son regard se durcit légèrement. Il savait ce que cela impliquait. Reprendre sa place au Sanctuairer signifiait reprendre les armes, affronter de nouveau les dangers, les trahisons, et peut-être même, à nouveau, les Enfers. Mais cette fois, il était prêt. Pas parce qu'il se sentait invincible, mais parce qu'il savait que le combat en valait la peine. L’avenir était encore incertain, et les ombres ne disparaîtraient pas facilement. Mais Hevruka avait fait son choix. Il lutterait. Pour lui. Pour Ahina. Pour tout ce qu’il avait perdu et tout ce qu’il pouvait encore récupérer. Et, dans cette lutte, il trouverait sa véritable rédemption. La mer était calme, presque apaisante, comme si elle reflétait le calme qui, lentement, s’installait en lui. Il n’y avait plus de retour en arrière désormais. Ses épaules semblaient plus légères, non parce que le fardeau avait disparu, mais parce qu’il n’était plus seul à le porter.
Le chemin devant lui était encore long, encore semé de dangers et de défis. Mais pour la première fois, en cet instant, Hevruka se sentait prêt à l’affronter. Parce qu’il avait retrouvé ce qu’il avait cru perdu à jamais : l’espoir.
Alors que Hevruka se tenait debout, un changement subtil parcourut son être. Il sentit les liens invisibles du surplis commencer à se détacher, comme si cette armure maudite qui l’avait emprisonné pendant des siècles se dissolvait lentement. Il baissa les yeux et vit le surplis disparaître, fragment par fragment, s’évaporant dans l’air comme une ombre balayée par la lumière. Il avait repris le contrôle. L’obscurité ne l’avait pas quitté, elle restait tapie au fond de lui, prête à surgir à la moindre faiblesse, mais pour la première fois depuis des siècles, il la dominait. Elle ne le gouvernait plus. Il savait qu'elle ne disparaîtrait jamais vraiment, qu'elle ferait toujours partie de lui, mais cela ne l’effrayait plus autant qu’avant. Il avait appris à vivre avec cette part d’ombre.
Ils étaient toujours isolés du monde, comme si le temps s’était figé autour d’eux. La maîtrise des dimensions, un don qu’il avait développé au fil de ses tourments, leur offrait cet espace hors du temps et de la réalité. Un refuge temporaire où personne ne pourrait les déranger, où ils étaient seuls face à leurs vérités respectives. Il leva les yeux vers Athéna. Ses mains se détendirent, relâchant la tension qui les habitait. Il savait qu’il devait lui parler, lui dire ce qu’il ressentait, lui expliquer ce choix qu’il venait de faire. Pourtant, les mots étaient difficiles à trouver. Pas par hésitation, mais parce que la profondeur de ses sentiments pour elle était bien plus vaste que tout ce qu'il pouvait exprimer simplement.
Il inspira profondément et brisa enfin le silence.
« J’ai choisi de rester. De redevenir un chevalier. »Sa voix était calme, maîtrisée, mais un léger tremblement trahissait l’émotion sous-jacente.« Pas parce que je suis certain de pouvoir effacer tout ce que j’ai fait. Ni même parce que je suis certain de pouvoir me racheter. »
Il fit une pause, laissant ses yeux noirs se plonger dans les siens. Il la connaissait trop bien pour savoir qu’elle comprendrait ce qu’il s’apprêtait à dire, même sans tous les détails. « Mais parce que… je ne peux pas me résoudre à être loin de vous. »
Ces mots étaient simples, mais leur poids était immense. Derrière eux se cachait toute la profondeur de son amour pour elle, cet amour qu’il avait essayé d’étouffer pendant des siècles, qui avait souvent été masqué par la haine et la culpabilité. Ce n’était pas une déclaration explicite, ce n’était pas un aveu flagrant, mais dans cette phrase, dans cette façon de dire "vous", il y avait tout ce qu’il n’avait jamais osé prononcer. Il l’aimait. Et c’était cet amour, plus que toute autre chose, qui l’avait poussé à choisir la lumière plutôt que le repos éternel. Parce qu’il savait que, malgré tout ce qu’il avait traversé, malgré ses erreurs, ses doutes et ses faiblesses, il ne pouvait supporter l’idée de la quitter à nouveau. Pas maintenant. Pas après tout ce qu’elle voulait faire pour lui.
Hevruka baissa légèrement la tête, son visage toujours marqué par la fatigue et les émotions refoulées, mais ses yeux trahissaient cette nouvelle résolution qui l’animait. Il était prêt à tout affronter, même ses propres ténèbres, pour rester à ses côtés. Il n’avait pas besoin de dire plus. Athéna comprendrait. Elle avait toujours compris.
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Dans le monde il n'y a pas d'un côté le bien et le mal, il y a une part de lumière et d'ombre en chacun de nous.
Ahina
Déesse de la sagesse et de la guerre
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Sujet: Re: Finalement... On n'est jamais prêt ¤ Le Pirée [Hevruka] Lun 28 Oct 2024 - 0:10
L'absence. Qu'elle ait ou non une raison, l'absence est l'une des pires épreuves auxquelles les êtres humains peuvent être confrontés. Les humains ? Pas uniquement... car les Dieux ne sont pas exempts de sa morsure, elle en sait quelque chose.
Alors sa main se referme doucement sur l'un des poings serrés qu'elle presse contre sa paume, en silence. Parce qu'elle est là. Parce qu'aujourd'hui... elle est là et n'en bougera pas. Cela ne changera pas les siècles de souffrance. Cela n'effacera pas l'absence... les douleurs qu'il a provoquées, tous les espoirs nourris qui se sont avérés vains. Vains... jusqu'à maintenant. Car il suffirait qu'il le décide pour que tout change. Et tout changera... d'une manière ou d'une autre...
La décision lui appartient et c'est bien parce qu'elle la respectera qu'elle n'essaie de l'influencer d'aucune manière. Pourtant son coeur est lourd. Lourd de culpabilité. Ployant sous le poids du chagrin qu'elle lui a infligé, même si c'était bien à son corps défendant. Même si elle ne l'a jamais voulu. Même si elle aurait tout donné pour que cela se passe autrement...
Elle le conserve contre elle, dans ses bras, alors que c'est désormais la voix d'Hevruka qui murmure, rauque et contrite à son oreille. Son estomac se noue, son diaphragme se resserre si abruptement que l'air semble manquer l'espace de quelques secondes. Elle ne pourrait lui en vouloir de choisir de reposer en paix. Il a tellement souffert... dans la vie, encore plus dans la mort. Elle n'a pas le droit. Ahina, Athéna... aucune n'en a le droit. N'a le droit de lui imposer quoi que ce soit, de l'influencer de quelle que manière que ce soit. Il doit... Hevruka doit faire son choix en son âme et conscience.
Car, aujourd'hui et...
« Pour une fois... fais ce qui est le mieux pour toi, Hevruka. Pas pour moi. Pas pour tes frères et soeurs d'arme. Pas pour le Sanctuaire... Pour toi. »
Elle aurait pu ajouter "Pas pour la terre", mais ça serait lui rappeler bien cruellement le devoir qui était le sien avant que tout cela ne se produise... Il est hors de question de l'entraîner sur le chemin d'une culpabilité qui est déjà bien trop pesante sur son coeur.
Il parle de dignité mais elle n'y répond rien. Digne... il l'est. Mais, là aussi, ce serait l'influencer que de lui répondre. D'une manière ou d'une autre... elle pourrait l'influencer dans n'importe quelle direction et ce n'est pas ce qu'elle souhaite.
Alors le silence s'installe. Il est lourd. Il est délié. Comme s'il ne faisait pas partie de ce monde. Ne faisait pas partie de cette temporalité. Comme si Hevruka... Ahina... étaient aux prises avec leur distorsion temporelle personnelle.
Ses paumes se relâchent, ses bras s'écartent sur l'impulsion du haut de son corps qui se détache d'elle. Elle ne cherchera pas à le retenir, ne cherchera pas à l'empêcher. Elle reste à genoux face à lui et pose simplement son regard pers sur cet homme qui a tant donné, tant pris et tant perdu.
Ses mains se pressent contre le sol, comme pour y chercher une certaine stabilité, comme pour le prier de l'aider à prendre la bonne décision. La terre rempli son office. Les paumes poussent, les jambes se déplient. Le sol tient bon, comme il est dans sa nature de le faire. Ahina l'observe, toujours sans mots dire. Mais elle se relève à son tour. La ressemblance est flagrante, presque inquiétante. Car la Déesse... semble ne pas moins peiner que son Chevalier. Ses genoux claquent quand les siens tremblent. Ses muscles vibrent sur la même mélopée sinistre que ceux d'Hevruka. Tels... un reflet dans un miroir.
L'influence des Enfers touche bien plus la Divinité des hommes que l'on pourrait l'envisager, ou l'imaginer. L'aura d'Hadès sur le monde. La terreur insufflée par la présence sous-jacente de Thanatos, qu'il lui est bien trop facile de percevoir. La surveillance omniprésente d'Hypnos, sur les rêves, au plus profond des limbes du sommeil. Dès lors qu'elle pose un pied en dehors du Sanctuaire Sacré, Ahina y est soumise bien davantage que la majorité des gens, même ses Chevaliers qui y sont par nature moins sensibles.
Alors... si l'on ajoute à cela les émotions de découvrir qu'Hevruka a été relevé par le Sombre Monarque, l'atmosphère pesante dégagée par son Surplis et la nécessité de convoquer le Sanctuaire en ces lieux pour lui rappeler que la Lumière existe toujours en ce monde, ses forces s'amenuisent plus qu'elle ne le voudrait.
Cependant.
Le Surplis disparait... l'atmosphère qui régnait jusqu'alors sur le port s'adoucit, s'allège, se teinte de la lumière d'un soleil qui avait été floué par les ténèbres des Enfers. Ahina sent un poids se disperser, tout autant bien réel, alourdissant sa poitrine, que sur son esprit. Hevruka a repris le contrôle. Son seul regard aurait suffit à le prouver, même si la disparition du Surplis en est une preuve matérielle flagrante.
Droit. Digne. Empreint de solennité. Le regard franc, l'iris brillant, la conviction transpirant dans chacun de ses mots, chacune des syllabes qui franchissent la barrière de ses lèvres. Si... si Damian pouvait voir cela... Il serait si fier de succéder à cet homme là.
« On ne change pas le passé Hevruka. Cependant, on peut tout faire pour créer un futur qui ne lui ressemble en rien. »
A ses premiers mots elle s'est avancé d'un pas vers lui, saisissant ses mains au creux des siennes. Il n'effacera rien. Ce qui est fait et fait. Mais... il a toutes les cartes en main pour changer ce qui pourrait être, d'une manière ou d'une autre. Ou, du moins... les aura t'il bientôt en main.
Mais lorsqu'il plonge son regard sombre dans le sien, si clair, et que ses premiers mots indiquent qu'il va révéler la raison principale, peut être la seule raison, pour laquelle il accepte de revenir à la vie et d'être libéré des fils de marionnettiste d'Hadès, le visage d'Ahina pâlit d'un coup.
Ce regard... elle le connait. Elle l'a déjà vu. Mais elle avait délibérément choisi de l'ignorer. Choisi de faire comme si ça n'était jamais arrivé. Car, la première et seule fois où il l'avait regardée ainsi... Ahina avait cru qu'elle s'était trompée. C'est plus facile ainsi. Pour tout le monde, sans doute.
Ce regard... elle le connait. Elle l'a déjà vu avant. Elle l'a vu chez Vaelastraz. Orion a eu le même plusieurs fois. Et... Kazuki, récemment.
Ahina relâche ses mains et avance sa paume ouverte pour le faire taire. Pour poser la pulpe de ses doigts contre ses lèvres. Pour qu'il ne dise rien. Ne prononce plus la moindre parole. Pour qu'il se taise. Parce qu'elle ne veut pas l'entendre. Parce qu'il ne peut pas le dire.
Mais les mots s'échappent tout de même. Oh... ils auraient pu être plus explicites, c'est ce qu'elle redoutait. Mais, dans un sens, s'ils auraient pu être choisi avec plus de... d'audace... le résultat revient exactement au même. Elle ne peut plus nier ni se bercer d'illusions.
Alors le silence s'instaure de nouveau entre eux.
Le visage baissé pour lui. Le regard perdu dans la chevelure d'ébène qui chute sur ses traits pour elle. Que répondre à ça... Que lui dire... Les mots ont une force. Ils en ont toujours eu une. Il serait stupide ou illusoire de s'imaginer le contraire. Un mot... est capable de faire bien plus de dégâts que n'importe quel coup de poing donné en plein visage. Alors elle doit choisir avec attention ceux qu'elle va employer. Elle ne peut pas le blesser. Elle ne veut pas le blesser. Elle le connait si bien... depuis si longtemps...
« Hevy... »
Intentionnellement, elle l'appelle par le diminutif qu'elle n'emploie pour autant jamais à son égard, en dehors des premières minutes de leur rencontre car elle avait choisi de notamment se servir de lui pour l'ancrer à la réalité, lui faire comprendre qu'elle était belle et bien là. A ce moment cependant... qu'elle choisisse de l'employer maintenant n'a pas du tout la même connotation.
Un sourire illumine son visage alors que ses paupières se ferment doucement, comme si elle cherchait, malgré l'expression douce et tendre qui trône sur ses traits, à fuir le contact visuel.
« J'ai vraiment de la chance de t'avoir à mes côtés. »
Qui aurait cru que la Déesse des hommes, qui marche sur le monde depuis tant de millénaires, se retrouve à court de mots. Qu'elle soit incapable de réagir avec discernement et calme face à une situation qui ne se présente pas pour la première fois... et débite des... banalités sans nom. Même si il est évident qu'elle pense ce qu'elle dit. Pourquoi se sent elle si terriblement maladroite à cet instant...
La vérité. La vérité... c'est qu'elle ne sait pas comment y réagir. Oh... elle sait comment il conviendrait qu'elle y réagisse. Elle sait comment Damian attendrait qu'elle y réponde. Qu'elle étouffe immédiatement tout espoir. Qu'elle transforme le vœux d'Hevruka en velléité sans fondement. Mais elle ne s'y résout pas. Parce que la vérité... c'est qu'elle ne sait pas. Elle sait ce qu'il faut faire, mais elle n'en fera rien.
« Nous... en parlerons, c'est promis... »
"Plus tard" n'a même pas besoin d'être énoncé pour affirmer l'intention sous-jacente. Echappatoire ? Sans doute. Mais il n'est en effet pas le moment de parler de cela même si, au fond, Ahina espère que ce moment n'arrivera jamais. Pour chacun deux.
« La priorité est de nous concentrer sur le lien qui t'unit aux Enfers et le briser. »
Ahina se détourne pour poser ses coudes sur le rebord de la rembarde qui longe toute la jetée, jusqu'au port où sont amarrés de nombreux bateaux de toutes les tailles. Son regard se perd dans le bleu azuré de la mer méditerranée. Elle reprend son souffle. Elle reprend contenance. Elle doit reprendre son rôle de Déesse. Ce n'est pas le moment de laisser quoi que ce soit interférer dans son jugement, interférer dans les actions qu'elle s'apprête à entreprendre. Car le moindre faux pas... aura de désastreuses conséquences pour tout le monde.
« Je sais que je vais t'en demander beaucoup... »
Elle expulse ces quelques mots en même temps qu'un profond soupir, avant de poursuivre.
« Je pense avoir une idée de la façon dont nous allons pouvoir te sortir de là. Mais... ça risque de nous demander un peu de temps et ça ne sera pas facile. »
Elle se tourne alors à nouveau vers lui et lui adresse l'un des plus beaux sourires qu'elle soit capable d'offrir à quelqu'un, empli de douceur, de compassion, alors qu'elle ajoute des mots d'encouragement. Car... il risque d'en avoir besoin.
« Nous ferons tout notre possible pour te sortir de là le plus vite possible. Alors... ne te décourage plus. N'imagine plus que nous t'abandonnerons. Car ça ne sera jamais le cas. Ca ne sera plus jamais le cas. Je sais que je n'ai pas le droit de te demander ça mais... attends encore un peu... »
Attends moi... encore un peu.
Même si Damian et Camus lui refusent leur aide, elle le fera seule. Quoi qu'il advienne... Hevruka ne passera pas plus de temps en Enfers qu'absolument nécessaire au succès de leur entreprise.
Hevruka
Spectre Celeste de Janus de l'Etoile de la Machination
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Sujet: Re: Finalement... On n'est jamais prêt ¤ Le Pirée [Hevruka] Mer 30 Oct 2024 - 0:04
Wake me up inside (I can't wake up) wake me up inside (Save me) call my name and save me from the dark (Wake me up) bid my blood to run (I can't wake up) before I come undone (Save me) save me from the nothing I've become Now that I know what I'm without You can't just leave me Breathe into me and make me real Bring me to life
Face à la mer, Hevruka sentait la fraîcheur du vent chasser les dernières traces de l’atmosphère pesante laissée par son surplis. Il ferma un instant les yeux, écoutant le murmure des vagues s’écraser contre la jetée, une musique douce et lointaine qui semblait calmer le tumulte intérieur de son esprit. Ces lieux — la terre ferme, le soleil, la mer étincelante sous l’éclat du jour — étaient si étrangers, et en même temps, si rassurants, presque familiers. Il réalisait peu à peu l’ampleur de ce qu’il venait de gagner en reprenant contrôle sur lui-même : une liberté fragile, mais inestimable.
Cette liberté retrouvée, après tant de siècles passés enchaîné à un destin imposé, l’appelait à un engagement nouveau. Il y avait une décision à prendre. Celle de renoncer aux Enfers, de se tenir une nouvelle fois face à l’avenir avec une force qu’il croyait perdue. Cette lumière qu’il percevait maintenant, aussi vacillante soit-elle, était à portée, et elle éveillait en lui quelque chose de profondément enfoui : l’espoir. Pourtant, Hevruka connaissait le prix de chaque instant de lumière. Cette sensation d’espoir lui paraissait à la fois rassurante et terrifiante, un pont entre les ombres et un avenir incertain.
Il inspira lentement, laissant ses poumons se remplir de cet air pur. La décision de retourner au Sanctuaire n’était pas une voie facile ; il en avait pleinement conscience. Des combats, des sacrifices, et peut-être des trahisons l’attendaient à chaque tournant. Mais se tenir là, libéré pour quelques instants de l’emprise de son surplis, lui donnait la sensation que tout cela en valait la peine, que cette lutte avait un sens. Pendant des siècles, il avait été un pantin des ténèbres, ses choix dictés par une force qu’il ne pouvait contrer. Mais ici et maintenant, face à cette mer infinie, la décision lui appartenait enfin.
Hevruka savait que même le souvenir de cette libération serait une arme puissante contre les ténèbres. La détermination en lui, bien que nouvelle, résonnait profondément. Chaque fibre de son être lui criait qu’il devait se battre, non seulement contre les Enfers, mais contre ses propres peurs et doutes. Ce combat serait intime, constant, mais il en accepterait le fardeau. Il s’imaginait déjà au Sanctuaire, son armure en main, prêt à affronter cette part de lui-même qui avait failli sombrer pour toujours. C’était là qu’il retrouverait sa dignité, son identité de guerrier, et peut-être même sa rédemption.
Lorsqu’il ouvrit à nouveau les yeux, il porta son regard au loin, vers l’horizon, laissant cette vision emplir son esprit d’une force nouvelle. Il s’engageait non seulement pour lui-même, mais pour tout ce qu’il avait perdu, pour tout ce qu’il pourrait encore reconquérir. C’était une promesse silencieuse qu’il se faisait, celle de ne plus laisser les ténèbres le gouverner, celle de rester fidèle à ce qu’il avait été autrefois, même si les années et les souffrances avaient failli l’effacer à jamais.
Il ne savait pas encore comment ce retour au Sanctuaire se déroulerait ni quelles batailles il y trouverait. Mais une chose était sûre : chaque épreuve, chaque confrontation serait pour lui un moyen de se reconstruire, de trouver sa propre voie vers la lumière.
Alors qu'il restait debout, les pieds ancrés dans le sol comme s'il tirait une force invisible de la terre même, Hevruka laissait chaque fragment de son passé défiler devant lui. Ce long voyage dans les ténèbres, ces années d’errance aux Enfers, les cris des âmes damnées, la solitude oppressante — tous ces souvenirs faisaient partie de lui, comme des cicatrices invisibles gravées dans sa mémoire. Mais aujourd’hui, il comprenait qu’ils ne définissaient pas qui il était. Ils avaient façonné l'homme qu'il était devenu, mais ils ne dicteraient plus sa destinée.
Ses doigts se crispèrent légèrement, les jointures blanchissant sous l'effort alors qu'il canalisait sa résolution naissante. Il n'était plus cet être enchaîné, soumis aux caprices de Hadès. Le monde lui paraissait presque neuf, chaque détail autour de lui regagnant une signification qu'il n'avait plus ressentie depuis des siècles. La sensation du vent, l’odeur du sel, le mouvement apaisant des vagues — tout cela semblait l’inviter à reprendre sa place parmi les vivants. La lumière de ce nouveau jour, même si elle demeurait fragile et vacillante, représentait une promesse que les Enfers n’avaient pas pu anéantir.
Il ferma les yeux, plongeant au plus profond de lui-même pour se confronter une dernière fois à cette ombre qui l’avait hanté si longtemps. Cette part de lui, obscure, insidieuse, était toujours là, comme un murmure menaçant de le faire vaciller. Mais maintenant, il la regardait en face, sans crainte, et il acceptait son existence. Car même cette part de ténèbres faisait partie de lui. Elle n’était plus une menace, mais une composante de sa force. La rédemption ne viendrait pas du rejet de ses ténèbres, mais de leur intégration. Il avait survécu aux Enfers, non pour s’y soumettre, mais pour les transcender.
Le silence autour de lui semblait se faire plus dense, comme s’il avait été transporté dans un espace entre deux mondes. La ligne entre lumière et obscurité paraissait floue, mais c’était précisément dans cette zone d’ombre et de clarté qu’il trouverait son équilibre. Cette promesse, celle qu’il s’était faite en silence, devenait une flamme intérieure, douce mais constante, qui le pousserait en avant.
Sa détermination se renforça, solidifiée par un espoir nouveau, un espoir qui n’appartenait qu’à lui, loin des Enfers et de leurs chaînes. Il savait qu’il lui faudrait du temps, des épreuves et des sacrifices, mais il s’était engagé à marcher sur ce chemin. Peu importait combien de fois il chuterait, combien de fois l’ombre menacerait de le submerger. Ce jour-là, sur cette jetée où il avait retrouvé sa liberté, il se promit de se relever chaque fois, de persévérer jusqu’à ce qu’il ait purifié son âme du poids des Enfers.
Alors qu'il se tenait sur la jetée, droit et résolu, une étrange sensation commença à s’infiltrer en lui, douce mais implacable. Au début, c’était comme un engourdissement, une légèreté insidieuse qui s’étendait de ses extrémités jusqu’à son centre. Il fronça les sourcils, confus, puis cette sensation se transforma rapidement en quelque chose de plus menaçant. Il regarda sa main droite, et ce qu’il vit le glaça d’effroi : elle semblait se fondre dans le vide, comme si la matière elle-même se désagrégeait. Son corps, ses contours, tout devenait flou, ses membres comme dissous dans l’air environnant.
« Non… pas maintenant… »murmura-t-il, mais sa voix paraissait aussi lointaine que le souffle d’un fantôme.
Chaque parcelle de son être semblait échapper à la réalité, se dissolvant lentement, se fragmentant en particules éthérées. Une vague de panique le traversa alors qu'il comprenait ce qui se passait : les Enfers le rappelaient à eux. Ce n'était pas seulement un simple rappel. C'était une main invisible, tenace, qui s’enroulait autour de lui pour le tirer inexorablement dans l’obscurité. Les Enfers n'avaient jamais relâché leur emprise ; son âme et son corps restaient enchaînés à ce monde maudit.
Il tenta de résister, de puiser dans cette détermination qu’il avait trouvée, mais son corps lui échappait. Il ne contrôlait plus rien. Un vertige le saisit, et il sentit la texture même de la réalité s’effilocher autour de lui. Son regard se brouilla, la jetée, la mer et la lumière disparaissant peu à peu, comme un rêve dont il ne pouvait plus maintenir les contours. Une terreur sourde l’envahit alors qu’il percevait, dans ce flou évanescent, l’ombre du Cocyte, la glace étouffante, les cris des damnés. Il était encore un Spectre, et ce rôle le condamnait à être rappelé au domaine des morts, comme un pantin obéissant aux fils d’un maître invisible.
La jetée, le bruit des vagues, la lumière du soleil… tout ce qu’il venait de retrouver, tout ce qu’il s’était promis de défendre, lui échappait, glissant entre ses doigts comme de l’eau. Sa chair se dissolvait par fragments, lui laissant une sensation vertigineuse de vide, comme si chaque partie de lui-même retournait à cette matière éthérée des Enfers, irrévocablement. Il pouvait encore sentir son lien avec la terre, mais il s’affaiblissait, se réduisant à un fil ténu. C’était l’attraction implacable des Enfers, cette force ancienne et cruelle qui exigeait le retour de ce qui leur appartenait.
Il se débattit, tentant de retrouver un semblant de contrôle, mais il comprenait maintenant l’ampleur de l’emprise que les Enfers exerçaient sur lui. Ce n’était pas seulement une simple convocation ; c’était un rappel brutal, un avertissement qu’il restait un Spectre, lié à ce royaume de ténèbres par des chaînes plus profondes que son corps ou son esprit. Tout ce qu’il avait cru échapper, cette lumière éphémère qu’il avait entrevue, s’évanouissait sous ses yeux.
Des voix, indistinctes mais puissantes, chuchotaient à la lisière de sa conscience, des murmures venimeux lui rappelant qu’il n’était qu’un serviteur des Enfers, un soldat mort-né qui n’avait jamais eu le droit de goûter à la paix des vivants. C’étaient les murmures du Cocyte, cette voix glaciale et sournoise qui semblait lui promettre une éternité de souffrance s’il tentait de se rebeller. La mer, la terre, le vent salé… tout se fondait autour de lui dans une lueur froide et fantomatique. Il ne sentait presque plus ses pieds contre le sol ; il lui semblait même ne plus avoir de pieds, comme si son corps était déjà à moitié absorbé par ce monde spectral. L’image du Cocyte se superposait à son environnement, le givre, la glace, les âmes figées dans le froid éternel… Tout autour de lui s’estompait dans une brume morne qui tirait son âme avec une lenteur implacable.
Un dernier sursaut de détermination se réveilla en lui. Il concentra toute sa volonté, tentant de se stabiliser, de repousser l’étreinte qui le consumait. Il sentit un éclat de cosmos jaillir de lui, fragile mais tenace, un dernier éclat de résistance face aux forces qui le happaient. Mais l’appel des Enfers s’intensifia, ses membres se dissolvant dans le néant avec une implacabilité terrifiante.
Alors qu'il luttait, puisait dans ses dernières forces pour résister, Hevruka sentit une froideur intense s’infiltrer dans ses membres. Ce n’était pas une simple fraîcheur, mais un froid absolu, un gel pénétrant qui semblait s’ancrer dans la moelle de ses os, dans les fibres de son être, comme un écho glaçant du Cocyte. Et, avant qu'il n'ait eu le temps de comprendre ce qui se passait, il sentit le surplis de Janus se matérialiser brusquement, recouvrant son corps d'une armure lourde et impitoyable, marquant son retour sous les traits d’un Spectre.
L’armure de Janus, noire comme l'obsidienne, semblait se fondre avec les ombres autour de lui. Le métal sinistre, glacé au toucher, pulsait avec une énergie qui rappelait les profondeurs des Enfers. Chaque parcelle de cette armure, chaque pièce, était gravée de symboles anciens, énigmatiques, illustrant la dualité et la manipulation. Le visage caché derrière le masque, Hevruka sentit la froide emprise du Cocyte l’envelopper, transformant son souffle en vapeur gelée qui se dissipait dans l’air, écho de la glace éternelle des Enfers.
Ses membres, alourdis par l’armure, répondaient à peine à ses ordres, comme s’il n’avait plus le contrôle total de ses mouvements. Il percevait la présence de Janus, l'étoile céleste de la Machination, comme une conscience sombre tapie dans les recoins de son esprit. Cette étoile, qui lui donnait autrefois une puissance inégalée, s’imposait de nouveau en lui, exigeant sa soumission, pressant son esprit d’accepter la place qu’il avait rejetée.
Un frisson le traversa. Le froid du Cocyte devenait plus intense, se répandant dans chaque fibre de son corps. Il se sentait figé, piégé dans une étreinte glacée et inexorable. Ce surplis, cette étoile, cet appel… tout cela le ramenait inévitablement aux Enfers, au rôle pour lequel il avait été relevé, une figure de Janus au service d'un maître sombre et impitoyable. Cocytus, implacable et silencieux, le tirait peu à peu vers les profondeurs d'où il ne pourrait jamais vraiment échapper.
Le corps de Hevruka continuait de devenir éthéré, son être se dissipant peu à peu, comme s’il était happé dans un monde parallèle. Les contours de son corps s’effaçaient, se dissolvaient dans une brume spectrale, le tirant inexorablement vers les Enfers. Il se sentait entre deux réalités, flottant dans une zone de passage où l’ombre et la lumière se confondaient, le rendant impuissant.
C’est alors qu’il les remarqua.
Sur la rambarde, quatre oiseaux étaient apparus. Des passereaux, silencieux et sombres, observaient chaque mouvement d'Hevruka. Ils restaient immobiles, leurs yeux brillant d’une lueur intelligente, chargés d’une vigilance froide. Leur présence, mystérieuse et solennelle, avait quelque chose d’oppressant, comme si chaque oiseau annonçait un pas de plus vers une condamnation inévitable. Ces créatures n’étaient pas de simples oiseaux ; ils étaient les psychopompes, les guides silencieux de l’âme vers le monde des morts.
Hevruka sentit un frisson glacé parcourir son corps. Il connaissait le symbole qu’ils représentaient. Si un cinquième oiseau se posait à leur côté, alors ce serait la fin : son âme serait définitivement condamnée, liée aux Enfers, et il ne pourrait plus jamais connaître la vie. La tension montait, chaque seconde plus lourde que la précédente, et les yeux de ces passereaux semblaient percer son esprit, rappelant sans un mot qu’il ne restait plus beaucoup de temps.
Le temps semblait s’étirer à mesure que les quatre passereaux restaient posés sur la rambarde, figés, comme des sentinelles impassibles. Hevruka, bien que sa conscience commençât à s’effilocher, les fixait avec intensité. Chaque battement de cœur le rapprochait de cet instant où un cinquième oiseau apparaîtrait, scellant ainsi son destin. L’air autour de lui devenait de plus en plus glacial, chaque respiration provoquant un nuage de vapeur, comme si le Cocyte lui-même s’infiltrait dans le monde des vivants pour le récupérer.
L’envie de lutter bouillait en lui, mais ses membres, presque transparents désormais, ne répondaient plus. Il tenta de lever la main, de repousser l’inévitable, mais son bras n'était plus qu’une ombre, une silhouette floue en train de disparaître. Le froid mordait jusqu'à la moelle de son être, tandis que les psychopompes restaient implacables, observant chaque fragment de lui s’effacer peu à peu. Il pouvait presque entendre les murmures d’outre-tombe, des voix sourdes et lointaines qui l’appelaient, résonnant dans son esprit comme une mélodie spectrale.
Il tourna la tête, cherchant désespérément un ancrage, un espoir, mais le monde autour de lui commençait à s’estomper. Ses yeux se posèrent sur Ahina, l’unique point de lumière dans cette obscurité croissante. Dans un dernier sursaut de volonté, il parvint à articuler, sa voix brisée et rauque, presque méconnaissable :
« Ahina… si je dois retourner… là-bas… pouvez-vous me ramener ? »
Ahina, peut-être la première fois qu'il utilisait son nom. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, quand il voyait Ahina, il voyait surtout Athéna. Sa dévotion, mélangée à de l'amour et de la folie faisaient les marioles dans son esprit. Les mots étaient entrecoupés de faibles halètements, chaque syllabe arrachée avec difficulté. Il se sentait comme s’il chutait dans un puits sans fond, se raccrochant à la moindre parcelle de réalité. La présence des psychopompes, aussi silencieuse qu'oppressante, s'intensifiait. Il savait que le cinquième oiseau ne tarderait pas, et avec lui, sa dernière chance s’effacerait pour de bon.
Dans cet instant suspendu, il attendait une réponse, un mot, un geste, quelque chose qui pourrait raviver cette étincelle de vie qu’il sentait encore faiblement battre en lui.
Alors que le silence s’épaississait, Hevruka sentit un frisson le traverser. Une fissure étrange, comme une rupture dans la réalité, s’ouvrait dans son esprit, et il ne savait plus où il se trouvait vraiment. Le monde autour de lui oscillait entre la lumière douce du port et les ténèbres glaciales des Enfers. Les passereaux, toujours posés sur la rambarde, le fixaient de leurs yeux perçants, leurs plumes sombres comme un voile entre les mondes. Chaque battement d’aile muet et calculé semblait marteler son âme, lui rappelant que le temps était compté. Le cinquième oiseau pouvait apparaître d'un instant à l'autre, et son esprit se préparait à sombrer dans l'abîme. La distance entre le monde des vivants et celui des morts n’avait jamais semblé aussi fragile, comme si une simple brise pouvait le faire basculer dans le Cocyte.
D’une voix étouffée, tremblante sous l’effet du froid qui s’intensifiait, il parvint à murmurer :« Comment comptez-vous… me libérer de cette malédiction ? Viendrez-vous… me chercher en Enfer, même si Hadès lui-même s’y oppose ? Devons-nous… nous retrouver quelque part ? »
Sous l’emprise glaciale des Enfers, Hevruka sentait ses pensées se dissoudre, tout comme son corps. Son esprit s’embrouillait, chaque souvenir de lumière devenant une lueur évanescente qu’il peinait à maintenir vivante. Le port, les vagues, la lumière du jour… tout lui semblait à la fois proche et inaccessible, comme un rêve qu’on ne peut retenir en s’éveillant.
Les quatre passereaux, toujours posés en silence, demeuraient immobiles, leur présence aussi lourde qu’un présage funeste. Leurs yeux, aussi sombres que des puits sans fond, fixaient Hevruka, le jaugeant, mesurant chaque parcelle de son être qui continuait à s’effacer. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était attendre — attendre cette décision cruelle qui le maintenait entre les deux mondes.
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Finalement... On n'est jamais prêt ¤ Le Pirée [Hevruka]
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