Une rencontre marquante - Lycos & Stella (2020-Roumanie)

Mais qui es-tu petite fille?
L’air est doux, bien qu’un vent léger se faufile entre les feuilles rougies de l’automne. Les pavés qui s’étendent devant moi semblent chargés d’histoires, tout comme cette terre roumaine que je foule pour la première fois de ma longue existence. C’est une sensation étrange, presque étrangère, que de me retrouver en ce lieu où les souvenirs du passé et les réalités du présent s’entrechoquent. Pourtant, malgré la modernité qui s’impose à mes yeux, je ressens une certaine sérénité en observant le va-et-vient des passants, leurs manteaux sombres se mêlant aux éclats dorés des arbres dénudés à Bucarest.

Il me semble que le monde entier a changé, tout comme moi. Si le Grand Pope m’a autorisée à voyager incognito, c’est bien pour que je puisse apprivoiser cette époque dont je ne connais que peu de choses. Une femme vêtue comme les autres, dépourvue de mon armure d’or, je me fonds dans la foule. Ma robe sobre, mais élégante, semble d’un autre âge, mais assez passe-partout pour ne pas attirer l'attention.

Je me rappelle encore de mon époque et der la dernière guerre sainte, où tout s’effondra. La défaite face aux armées d’Hadès, la chute d’Athéna, et ce monde désormais livré aux ténèbres. J’ai survécu, comme tant d’autres. Mais, à quel prix ? Les siècles passèrent, figées jusqu’à ce que le sanctuaire me rappelle. Mais ce monde-là n’était plus le mien. Ce monde si différent où la technologie règne, où les hommes communiquent à travers de curieux appareils que je peine à comprendre, où les mœurs et les coutumes ont été balayées par les vents du progrès.

Je m’arrête devant un petit café à la terrasse accueillante. Les effluves du café, cette boisson amère que j’ai découverte il y a peu, m’attirent comme un parfum floral. Ah, les fleurs… Elles seules n’ont guère changé. Où que mes pas me portent, elles restent fidèles à elles-mêmes, témoins d’un temps immuable. Mes doigts glissent machinalement sur la tête d’un bouquet de chrysanthèmes disposé sur une table, effleurant leurs pétales comme si je cherchais à leur confier mes pensées.En passant simplement mes doigts, elles se ravivent délicatement avec une infime parcelle de mon essence cosmique.

Je m’installe finalement à une table en coin, où la lumière douce de l’après-midi danse sur le bois vieilli. Un serveur s’approche, et je le salue d’un sourire discret. Ces gestes simples, courants pour eux, me semblent encore souvent emplis de maladresse. Je commande un thé, cherchant dans cette tasse fumante un réconfort que les siècles ne peuvent me donner. Mes pensées s’égarent vers mon ancienne vie, mes anciens combats, et cette époque révolue où l’honneur des chevaliers d’or résonnait encore fièrement sous les cieux. Je repensais à certains camarades disparus...

Mais aujourd’hui, tout cela paraît si lointain. Je dois m’adapter. Apprendre. La Roumanie, avec ses vieilles légendes et ses traditions, me semble être un bon point de départ pour renouer avec l’histoire. Son histoire terrible, le communisme, le règne du dictateur Ceaușescu. Le pays semblait avoir traversé des années sombres, mais aujourd'hui elle était belle. Ses marchés bruissent de vie, ses ruelles sont habitées par des ombres que je connais bien. À chaque coin de rue, je guette des spectres d’Hadès, car je sais que leurs sbires rôdent toujours. Ils sont partout, tapis dans l’ombre, et moi, je suis ce qu'ils recherchent.

Pourtant, malgré cette vigilance permanente, je ne peux m’empêcher de me laisser charmer par la beauté des lieux, de sa modernité, de sa mode. Je pose la tasse sur la table et observe les passants avec une certaine tendresse. Ils m’ignorent, ne soupçonnant pas un seul instant qui je suis réellement, ni les secrets que je porte en moi. Je suis une étrangère, non seulement en ce lieu, mais dans ce siècle. Je cherche ma place, mais je perçois tout de même de la joie chez les humains, avec leurs faiblesses et leur résilience.

Je ferme un instant les yeux, inspirant profondément, me laissant bercer par le souffle du vent automnal. J’apprendrai à vivre dans ce monde, à comprendre ses subtilités et à apprivoiser ses complexités. Car au fond de moi, je le sais, un chevalier d’or, même perdu dans les âges, ne peut se laisser abattre.

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Stella des Poissons

5 h du mat, et c’est déjà l’enfer. Un bruit tonitruant grondait dans la rue à coté de son appartement. Fichus travaux ! Ils avaient pris du retard à cause des précédentes intempéries, et voilà qu’ils se mettait à bosser à des heures illégales pour rattraper le temps perdu. Foutu boucan, elle avait les yeux ouverts et pestait du bruit désagréable. Allongée sur son étagère qu’elle avait aménagé et adapté pour ses besoins tout comme son minuscule appartement. Elle se bouchait les oreilles et observait l’heure sur son téléphone. Trente minutes ! Cela faisait trente minutes que cela n’arrêtait pas, et aucun voisin n’avait signalé cette infâme mélodie des machines. D’une certaine manière, elle comprenait mieux les termes du propriétaire quand il disait « mauvaise isolation sonore et thermique », mais bon elle ne pouvait pas non plus se permettre le luxe. A part, les petits boulots en dehors des heures de cours, ses revenus n’étaient pas trop stables. Enfin tant qu’elle pouvait subvenir à ses besoins, avoir un toit et profiter de quelque plaisir, Lycos ne se faisait pas trop de soucis pour le reste.

Des rayons de soleil traversèrent la pièce et Lycos ouvrit de nouveau les yeux. Elle s’était brièvement habituée au bruit avant de se rendormir jusqu’à maintenant. La jeune fille regarda l’heure sur son téléphone et elle jura d’avoir passer autant de temps à dormir. Elle se prépara rapidement, enfila une jupe à carreaux rouge, leggings, sweat-shirt noir et une paire de basket usée, et elle enfonça les feuilles de cours pour la journée dans son sac avant de sortir en trombe de son appartement.
Elle continua sa course effrénée jusqu’à arriver vers l’arrêt de bus mais, il était déjà trop tard le dernier bus pour être à l’heure venait de partir. Elle grommela de nouveau et maudit les travaux d’avoir perturber ses heures de sommeil. Lycos retourna sur ses pas, et récupéra son skateboard. Elle passa par d’autre chemin, s’infiltrant dans les petites ruelles, escaladant les murets et sautant sur son skate sur les voies piétonnes. Tant pis si cela dérangeait du monde, elle était en retard le reste n’avait pas d’importance.

Glissant sur une barre d’escalier, Lycos arriva à la gare. Elle se précipita sur le quai et rentra dans le train avant le dernier coup de sifflet. La porte se referma derrière elle alors qu’elle reprenait son souffle. La jeune fille vérifia l’heure sur son téléphone et supposa que si elle se pressait un peu, elle serait à l’heure pour son premier cours.
Durant le trajet, elle coiffa ses cheveux en bataille, regarda quelques informations passer sur les réseaux sociaux et tâtait de temps en temps sa planche à roulette.
Arrivé à son arrêt, Lycos sortit du train et entrepris le chemin vers son école. Elle roula sur son skate et esquiva les passants, elle sentit des vibrations de notification dans les poches de son sweat et regarda son téléphone. Elle observa d’un air las les messages de ses camarades de classe s’exciter dans le groupe à propos d’un professeur absent. Lycos fit ses propres recherches et s’arrêta nette lorsqu’elle vit un mail d’absence de l’enseignant et son cours supprimé sur la journée. La jeune fille soupira d’ennuie, elle s’était pressée pour rien et elle devait maintenant faire un choix. Retourner chez elle et attendre le prochain cours ou attendre ailleurs.

Après réflexion, elle se rendit compte que cela faisait un moment qu’elle n’avait pas mangé. Entre les petits boulots et les devoirs pour l’école, elle n’avait pas pris le temps d’avaler quelque chose. Reprenant son élan, Lycos roula sur son skate jusqu’à un petit café qu’elle allait de temps en temps pour se poser et attendre ses prochains cours. Arrivée, elle s’assit comme à son habitude à une table légèrement éloigné du bruit et de l’agitation social. Elle posa sa planche à roulette et son sac à dos à ses pieds puis elle commanda un milkshake et une gaufre à la fraise. Laissant son téléphone en mode silencieux sur la table avec les notifications de son groupe de classe défilé, Lycos ne s’en préoccupa pas. S’appuyant confortablement sur sa chaise, elle prenait son temps à se détendre dans l’atmosphère du café. Un peu de repos ne faisait pas de mal après une mauvaise nuit de sommeil et un stresse sur son retard. Elle observa attentivement son environnement et vit à la table à côté d’elle, une femme vêtue d’une jolie robe, déguster son thé ou méditer ou dormir. La jeune fille ne savait pas trop face à l’expression paisible et les yeux fermés de la femme.
Lycos détourna son regard de la femme pour regarder son téléphone s'allumer et s'éteindre à chaque notification, puis ses yeux se baissèrent sur la tasse de thé de la femme puis sur le petit biscuit qui accompagnait toujours les tasses de café ou de thé. L’appétit grandissant en elle au fur à mesure que les minutes passaient, elle regarda longuement le biscuit sur la soucoupe. Lycos finit par tendre silencieusement la main et prit méticuleusement sans un bruit le biscuit pour ensuite tenter de le grignoter.

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Mais qui es-tu petite fille? Je sentais d'abord un léger mouvement, un souffle d’air qui troublait à peine la tranquillité dans laquelle je m’étais plongée. Les yeux toujours clos, je m’imprégnais de la fragrance de mon thé, la bergamote et le jasmin qui fumaient de la tasse encore fumante. Ce moment de calme, si précieux dans cette époque qui m’échappe, cela m’aidait à retrouver un semblant de sérénité, ces bruits, ces machines tout cela me semblait si étranger, presque irréel. Pourtant, j’apprenais à m’adapter, pas à pas.

Le café où je m’étais installée était charmant, à sa manière. Un peu bruyant, certes, mais l’automne roumain offrait une douceur particulière que je savourais, assise près de la fenêtre. Les fleurs qui décoraient l’espace, bien qu’artificielles, ravivaient en moi une douce réminiscence du passé. Elle me rappelait des jardins autrefois fleuris sous un ciel bleu.

Mais quelque chose troublait ce moment de tranquilité. Un petit mouvement sur la table. Discret, presque imperceptible, mais suffisant pour éveiller en moi une alerte. Je réouvrais doucement les yeux et apercevais à côté de moi une jeune fille, assise là, l’air concentré sur son téléphone. Elle semblait absorbée par ses notifications, ses doigts pianotant distraitement sur l’écran. Mais ce n’était pas cela qui retenait mon attention.

Non, c’était ce petit geste, rapide et adroit, qui faisait disparaître le biscuit posé à côté de ma tasse. Son regard hésitant, presque coupable, et son air affamé me faisait sourire intérieurement. Elle n’avait pas vraiment l’intention de mal faire, cela se voyait. Je prenais une gorgée de mon thé, puis je tournais lentement la tête vers elle.

"Ce biscuit est-il à votre goût, charmante mademoiselle ?"dis-je d'une voix douce, légèrement amusée. Mon regard, bienveillant croisait le sien. Je vis ses joues se colorer de rouge tandis qu’elle cherchait quoi répondre, visiblement prise au dépourvu.

Je laissais un bref moment planer, appréciant la situation assez atypique. Les jeunes de ce siècle étaient si différents de ceux de mon époque, mais au fond, dans leur insouciance, je retrouvais parfois des traits familiers. Cette audace, ce détachement des conventions, cette spontanéité presque enfantine… autant de caractéristiques qui me rappelait la petite Stella au même âge. La même gamine qui avait grandi dans un orphelinat d'Italie avait l'hôte du seigneur Hadès et que je n'avais pas encore découvert après tant de siècle. Je me voyais encore sur les marchés m'esquiver pour voler un peu de nourriture pour survivre à la faim.

"Je comprends que le sommeil perturbé puisse rendre l’estomac capricieux" ajoutais-je en me penchant légèrement en avant, mon sourire s’élargissant légèrement. "Les travaux bruyants à une heure indue… Je crois que nous en avons souffert toutes deux, n’est-ce pas ?"

Je pouvais lire sur son visage, la fatigue et les cernes, la nuit n'avait pas été efficace. Dans un autre temps, peut-être que j’aurais réagi différemment face à une telle familiarité. Mais aujourd’hui… tout était différent, moi y compris. Je ne pouvais m’empêcher de trouver cette situation étrangement rafraîchissante, un rappel que même dans un monde différent, les êtres humains, malgré les siècles et les révolutions, restaient les mêmes dans leurs désirs simples.

Je repris ma tasse et je faisais signe au serveur pour qu'il vienne prendre à nouveau ma commande.

"Monsieur, je souhaite commander autre chose à mon addition s'il vous plait" Je tournais mon regard vers la jeune fille "Que souhaites-tu manger?"

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Stella des Poissons

Ah ! Prise en flagrant délit. Décidément, elle devait de nouveau s'entrainer à jouer les pickpockets. Passer quelques mois sans pratique et paf... Elle se faisait avoir sur un petit vol de biscuit. Elle aurait peut-être dû se montrer encore plus discrète. Lycos avait clairement sous-estimé le sommeil léger et détendu de la jeune femme à côté d'elle. Elle s'arrêta de répondre à un message de son groupe de classe et s'immobilisa quelques instants de sa situation légèrement embarrassante. Mais les rougeurs sur ses joues se sont vites changé pour un sourire amusé de la situation. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire à part se confronter à l’échec de son petit vol. Elle se tourna vers la femme et parla joyeusement sans gêne.

« Il est délicieux, ne vous en faites pas. J'ai pris le temps de le savourer. C'est tellement rare de pour avoir ces biscuits dans les cafés, à croire qu'ils apprécient de confier cette nourriture qu'avec que du thé ou du café. C'est frustrant. »

Lycos fit brièvement une moue et balançait ses pieds en dessous de la table. Elle n’avait pas encore découvert le moyen d’avoir l’un de ces délicieux biscuits sans avoir à commander un thé ou un café, qu’elle ne boirait même pas. Lycos leva un sourcil confus lorsqu'elle vit la femme avec un sourire. Bien qu'elle la remarquer, elle ne s'était pas plainte du vol. Elle avait même un air de bienveillance. Lycos sourit amuser et fut légèrement perplexe à ces paroles.

« Hein ? Ma fatigue se voit autant que cela ? »

Elle se posa plus confortablement et rit nerveusement à la remarque.

« Je dois dire que ma nuit était assez courte, entre les devoirs de l'école et les travaux à l'extérieur. Mais je ne peux pas trop me plaindre, d’un côté j’apprends plein de chose et de l’autre, avec la mauvaise météo, les ouvriers ont pris du retard et comme l'hiver arrive bientôt, ils doivent faire des heures supp' sinon ce sera plus compliquer si les flocons tombent. »

Lycos repensait brièvement à sa mauvaise nuit, puis elle fût surprise par la proposition de la femme. La jeune fille ne pensait pas que la dame agirait comme cela et qu’elle était invité à commander de petits plats dans ce café. Elle se sentait reconnaissante, avait l’eau à la bouche mais son esprit ressentait un brin d’angoisse et de méfiance d’être entrainer dans un piège.

« Vous… Vous êtes sûr ? Je peux commander ce que je veux ? »

Lycos fût brièvement pensive puis sourit d’excitation.

« Je suis désolée d’avoir voler votre petit biscuit qui accompagnait votre thé. Dites, vous avez déjà goûté le cheesecake ? ou les gaufres fruits rouges boisés ? les brownies fondant et pépite de chocolat blancs ? les cookies caramel ? ou les glaces chocolat-vanille avec chantilly et coulis framboise ? C’est délicieux ! »

Lycos se montrait surexcité aux variétés de nourriture offerte par le café. Elle fit rouler involontaire son skateboard et lorsqu’elle en prit connaissance, elle le rattrapa rapidement pour le mettre en dessous de la table dans une position moins encombrante. La jeune fille continua observa attentivement la jeune femme avec son sourire enjoué.

« Vous êtes une très jolie demoiselle ! C’est quoi le nom de votre coiffeur ? Où est-ce que je peux trouver des belles robes comme les vôtres ? »

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Mais qui es-tu petite fille? Je ne pouvais pas m’empêcher de sourire devant l’énergie débordante de la jeune fille, qui, quelques instants plus tôt, semblait presque gênée. Sa joie de vivre, cet enthousiasme pour les pâtisseries, me rappelaient que, malgré les siècles qui nous séparaient, certaines choses restaient inchangées. L’appétit pour les plaisirs simples, la spontanéité de l'enfance…

"Le cheesecake, dites-vous ?" répondais-je, amusée par son excitation. "Eh bien, je dois admettre que je ne suis pas très familière avec toutes ces douceurs, mais je suis curieuse de goûter, je te fais confiance pour que nous commandions les plus divins des désserts."

Et oui, je venais d'une époque où l'on avait pas toutes belles pâtisseries. Je prenais une gorgée de mon thé, la chaleur de la boisson calmant doucement l’effervescence qui montait à notre table. Malgré ce monde moderne, ces instants de partage avaient quelque chose d’intemporel. Lycos, avec son skateboard, son franc-parler et sa vivacité, représentait tout ce qui m’échappait encore dans ce monde, mais cela ne me déplaisait pas.

"Vous n’avez pas à vous excuser pour le biscuit, il ne me manquera pas, je vous assure." Je lui adressais un clin d’œil complice. "Quant à ma robe, j'ai trouvé une boutique locale assez sympathique à quelques rues d'ici, les boutiques locales sont de véritables pépites et mes cheveux… disons que je m’efforce de les entretenir avec des huiles végétales, remède de grand mère...mais je dois admettre que j’apprécie votre compliment."

Remède de grand-mère...bien sûr....comment lui dire que cette routine, je la faisais déjà il y a 200ans..je jouais un instant avec la manche de ma robe, caressant distraitement le tissu entre mes doigts, avant de poursuivre. "Pour être tout à fait honnête, je ne me soucie pas trop des tendances actuelles. J’essaie de trouver des pièces simples, élégantes, intemporelles." Je marquais une pause, observant son visage curieux. "Vous semblez avoir un style bien à vous. Quelque chose me dit que vous ne vous conformez pas vraiment aux règles, n’est-ce pas ?"

Je laissais échapper un léger rire en voyant son sourire s'élargir. Elle avait cette énergie, cette étincelle que je reconnaissais chez les jeunes, cette envie de vivre pleinement chaque instant sans trop se soucier du lendemain.

"Quant à mes cheveux, je crains de ne pas pouvoir vous recommander un coiffeur. Je les coiffe moi-même, d’une manière assez simple, comme je l’ai toujours fait. Peut-être devriez-vous me montrer les styles en vogue aujourd'hui, je pourrais m’en inspirer."

Elle avait cette manière d’interagir, à la fois directe et décontractée, qui me désarmait un peu. J’avais passé tant d’années en retrait du monde, à observer plutôt qu’à m’y plonger. Mais, ici, à ce moment précis, dans ce café modeste, je me surprenais à apprécier la compagnie de cette jeune fille. Une rencontre inattendue, comme la vie sait parfois en offrir.

Je repris une dernière gorgée de mon thé et déposai ma tasse avec soin. "Je m'appelle Stella et toi ma grande?"

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Stella des Poissons

Lycos était confiante sur le choix des pâtisseries de ce café. Après tout, cela faisait un moment qu’elle passait dans les parages. Et qu’elle engloutissait les desserts de cet endroit quand elle trouvait un moment pour faire une pause. Elle sourit gaiement à la réponse de Stella et elle appréciait que la demoiselle ne semblât pas mécontente de son acte improvisé pour combler une partie d’appétit.

« Je ne manquerais pas de vérifier partout en ville pour trouver une jolie robe comme la vôtre ! »

Cependant Lycos était un peu plus perplexe sur le fait que la beauté et les soins des cheveux de la demoiselle était uniquement dû à l’utilisation d’huile végétale.

« Des huiles végétales ? Et il n’y a pas d’autre processus comme mettre sa tête dans une friteuse ? Ma foi, les grands-mères ont beaucoup de talent. Je voudrais bien avoir une mamie, moi aussi ! Elles ont des dons pour la science assez étonnant ! Donc j’imagine qu’avec de simples huiles végétales peuvent faire de belles choses ! La science est vraiment fascinant, comme la création d’une sarbacane juste avec un stylo, quelque cartouche, et un pinceau. Je voudrais en apprendre plus sur la science quand je serais plus grande. »

Lycos ne parlait pas souvent de mode mais elle se montrait plutôt très attentive aux discussions avec la jeune femme. Elle trouvait leurs échanges divertissants, qu’elle la questionna sur son style de tenu.

« Je prend tout le temps des tenues qui me semblent mignonnes, et mon style n’intègre pas les catégories des autres jeunes filles de mon âge. Après tout la mode se diversifie et les tendances se rejoignent sur un point que tout le monde suit. Je ne fais partie de cette catégorie surtout que parfois je me promène en skateboard donc ma tenue doit être adapté et confortable pour mes trajets. »

Lycos était pensive, c’était vrai qu’elle ne suivait pas la mode. Elle n’aimait pas cette idée de se plier à des codes vestimentaires pour se faire accepter. Vraiment c’était une mauvaise tendance. Comme si la personne se résumait à ce qu’elle montrait à l’extérieur. Elle marmonna avec nonchalance.

« Les tendances changent trop vite dans le temps… »

Lycos écarquilla les yeux de surprise et d’émerveillement face au fait qu’il était possible d’avoir un rendu cool avec ces cheveux avec quelque coup de brosse et des huiles végétales...

« Vraiment ?! »

Elle sourit amusé, s’agita un peu plus sur sa chaise. Elle se décala sur le coté pour se rapprocher de Stella et commença à écrire sur son téléphone des recherches tel que « coiffure cool », coiffure cheveux long », « coiffure tendance 2020 » … Avant de finalement cliquer sur un lien de Pinterest à partir de google image, et de naviguer dans l’application avec un énorme « P » dans un fond rouge. Elle scrollait les images et cliquait de temps en temps en faisant attention que son écran était assez incliné pour permettre à Stella de regarder. Elle sourit amusé et parla gentiment avec un grand sourire.

« Moi, c’est Henry. Cela va faire quelques années que je passe ici et toi ? Bucarest est vraiment un endroit sympa si on ignore la pollution et toute la pression sociale dans les endroits de passage et les transports. »

Lycos gardait toujours son sourire puis brièvement, elle sembla surprise et pensives comme si une idée avait immergé. Son sourire revint aussitôt.

« Quand il s’agit de tendance, il y a une application assez pratique avec des vidéos tutos. »

Lycos glissa son doigt sur l’écran et ouvrit Instagram. Elle tapa dans la barre de recherche les mots « tendance » et « coiffure ». Puis elle lança sa recherche avec des photos et des vidéos de coiffures rapide et différente qui était actuellement en vogue durant ce temps.

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Mais qui es-tu petite fille? Je suis amusée par ses idées si modernes et directes, la petite Lycos a quelque chose de rafraîchissant, de vrai, une spontanéité dont j’ai si peu l’habitude.

"Trouver une robe ? Je ne doute pas une seconde que vous saurez mettre la main sur quelque chose de joli, je vous fais confiance !" Je lui adresse un clin d'œil, repensant aux beaux tissus de Bucarest, comme ceux qu’on trouvait autrefois. La finesse des broderies, l’odeur du cuir ou du lin frais me manquent parfois… Quoiqu’ici, il semble qu’on ait remplacé tout cela par des tenues plus légères, des styles plus libres que je n'aurais pu l’imaginer.

Puis elle mentionne avec naturel ses envies d’apprendre plus sur la « science », m’arrachant un sourire. "Pas de friteuse, non, ni de magie de grand-mère, quoique leurs recettes sont souvent les meilleures ! De simples huiles font l’affaire pour les cheveux. Les plus belles choses de la nature se révèlent souvent dans les plus simples détails, vous verrez. C’est aussi fascinant, parfois, que les inventions modernes." Je la laisse un instant, espérant qu’elle puisse sentir la beauté de ce qui demeure immuable, même dans ce monde où tout semble vouloir changer à tout instant.

Lycos semble profondément ancrée dans son propre style, une expression authentique, et je l’observe avec attention tandis qu’elle parle de son skateboard et de ses trajets. La mode, pour elle, semble être une question d’aisance et de praticité, un principe que j'apprécie d’autant plus. Je n’ai jamais aimé l’idée de se perdre sous les apparences.

"Votre choix de style vous appartient, et c’est une belle chose, croyez-moi. Les tendances, comme vous dites, ne sont que des vagues… Elles viennent et s’en vont. Ce qui importe, c’est de rester soi-même, en toute sincérité, elle révèle votre personnalité, votre style, votre coeur" Mon ton est doux, presque murmuré, mais elle semble attentive. Après tout, la mode des autres importe peu quand on sait qui l’on est.

Elle m’impressionne vraiment lorsqu’elle se met à naviguer sur son téléphone, cette boîte de lumière fascinante que chacun semble posséder. Elle commence à faire défiler des coiffures aux mille variations, en me présentant des images avec une aisance déconcertante. Je m’approche d’elle, jetant un coup d’œil aux photos.

"Ces coiffures sont d’une grande originalité ! Qui aurait imaginé une telle diversité de styles, je dois dire… fascinant !" Je m’approche davantage, m’efforçant de mémoriser les noms et les formes, bien que je me doute que tant de changements me perdraient bien vite. "Je crains que l’élégance naturelle n’ait été ma seule règle jusqu’ici. Mais je dois reconnaître que ces... tutoriels peuvent être une belle source d’inspiration !"

Je la vois entrer un peu plus dans son monde, joyeuse et active, jusqu’à ce qu’elle me lance avec légèreté, "Moi, c’est Henry…" Je la regarde avec une douce surprise. Ses mots sont francs et sincères, emplis d’une vitalité peu commune.

"Enchantée, moi c'est Stella, Je suis ici depuis peu, pour tout vous dire. Bucarest m’offre l’occasion d’explorer le continent, et je dois dire que vos conseils me seront d’une grande aide, Henry. La ville me semble à la fois familière et lointaine… mais je crois que j’en apprécie les charmes."

Elle continue, m'expliquant cette application où les tendances défilent. Ses doigts glissent sur l'écran, déclenchant des vidéos, et les coiffures prennent vie en quelques gestes rapides. Une telle prouesse !

"Eh bien, vous avez vraiment le don de partager votre univers, je dois l’admettre" dis-je en observant les détails des vidéos. "Merci de m’ouvrir ainsi aux mystères de la modernité… Ce serait un plaisir de connaître encore quelques-unes de vos astuces."

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Stella des Poissons