Spectre du Bénou de l’étoile Céleste de la Cruauté
Rôle : Spectre céleste au service direct du Juge du Garuda. Loyal mais aime vivre en solitaire.
Assagi depuis que sa vengeance est accomplie mais méfiez-vous de l'eau qui dort...
Tôkyô, ruelle sombre de Kabukichô dans le quartier de Shinjuku. 16h15.
Malgré la population passante, personne ne s'aventurait dans les petites rues presque vides de ce quartier réputé chaud de Tôkyô. Car, même s'il y régnait un semblant de sécurité et de calme dans la ville, l'influence d'Hadès rongeait le cœur des humains et leur faisait commettre de nombreux crimes et délits. La police, comme dans beaucoup d'endroits, fermait les yeux et participait même au problème des fois.
Près d'un amas de planches en bois vermoulu, un jeune Nippon était face contre terre, le regard vitreux et la bave au lèvres. A ses côtés, affalé contre le mur d'un établissement de jeux vidéos, un deuxième avait la main devant sa bouche désormais sans dents et pleurait en silence, les yeux écarquillés d'effroi. Le troisième et dernier larron n'avait plus les pieds en contact avec le sol, son corps soulevé sans effort d'une poigne puissante autour du visage.
Hiiiiii !!! Yamero ! Yamette kure ! O...oneigai... (Arrête ! Je t'en prie ! S'il...te plaît...) Tss...Doitsumo koitsumo... Piipii to urusai na omae. (Pff...Tous les mêmes...Tu me casses les oreilles avec tes jérémiades.)
Main gauche dans la poche de son sweat à capuche, Nathan - puisque c'était lui - rapprocha le visage apeuré du gamin qui avait osé lui manquer de respect et planta son regard assassin dans le sien. Ses iris dorées le sondait jusqu'au plus profond de son âme. Puis il relâcha soudainement son étreinte, laissant tomber le pauvre hère.
Kiero. Ima sugu ni. (Disparaissez. Maintenant.) ... SASATO KIERU'N DA KORA !!! (DÉGAGEZ DE LÀ !!!)
Sans demander leur reste, les trois jeunes déguerpirent en boîtant. Comment est-ce que le Spectre s'était retrouvé dans cette situation ? Revenons un peu en arrière voulez-vous ?
***************
Le matin même un avion en provenance de Francfort atterrit à l'aéroport international de Narita. Lunettes de soleil et casquette vissée sur la tête, Nathan en descendit sourire aux lèvres et sac à dos à la main. Bien que le vol ait duré dix heures il fut des plus agréables. Après tout en première classe tout est agréable. La nuit fut reposante et il allait en avoir besoin car ce soir c'est grand spectacle au Tôkyô Dome. Tandis que le bus limousine l'emmenait en direction du quartier de Shinjuku, l'ancien yakuza se souvint de la période Edo et se rendit compte à quel point la ville avait changé en presque trois cent ans. Plus de rues boueuses et de maisonnettes en bois, il n'y avait que des buildings illuminés à perte de vue. De la publicité en veux-tu en voilà et surtout une cacophonie ambiante envahissait vos oreilles. Voilà ce qu'était devenu Edo. Ou plutôt Tôkyô, la capitale du pays. Chassant ses pensées Nathan voulait commencer la journée avec un solide petit-déjeuner et rien de meilleur que d'aller chez CrissCross dans le quartier chic de Daikanyama. Les meilleurs pancakes de la ville il paraît, et c'était vrai. Ils proposaient aussi du pain frais et bon (pour une fois) et la possibilité de déjeuner en terrasse, ce que Nathan fit. Il faisait beau et chaud ce matin, de quoi faire passer un agréable moment au Nippon d'adoption. Le ventre plein il prit la direction du bureau situé non loin, prêt à faire jouer sa couverture. Une fois en bas il salua le gardien d'un signe de tête et prit l'ascenseur jusqu'au sommet de l'immeuble afin d'avoir une vue imprenable sur le mont Fuji. Une pointe de nostalgie l'envahissait à chaque fois qu'il regardait le volcan mais chaque chose en son temps.
Hmm...Oui, ça puis ça...Ma foi ça me semble parfait pour ce soir. Oya, déjà si tard ? Mais c'est l'heure du repas de midi !
Et pour le déjeuner on ne pouvait pas passer à côté d'un incontournable : les ramen de chez Ichiran. La crème de la crème du secteur en matière de nouilles. Tellement bon que le Bénou en prit 4 bols. La symphonie en slurp majeur des Tôkyôïtes en train de savourer leurs bols aurait rebuter pas mal d'Occidentaux mais il était de commune mesure de faire du bruit en mangeant pour montrer que le plat est bon. Repu il décida d'aller se reposer un peu au Shinjuku Gyôen Park, cet immense jardin véritable poumon vert de la ville. Allongé sous un cerisier, la tête reposant au creux de ses mains, Nathan se remémora les événements du passé. Quand il venait d'être nommé wakagashira du clan Shûmei et qu'il avait fait exécuter les traîtres dans ce parc. Que ce temps paraissait loin maintenant... En tout cas le parc était toujours aussi beau et reposant.
La sieste fut courte mais intense. Avant d'arriver s'occuper des derniers préparatifs, le Spectre partit s'adonner à l'une de ses plus grandes passions : les jeux vidéos. Surtout ceux de combat. Et à Kabukichô, l'un de ses anciens fiefs de l'époque on y trouvait les meilleures salles d'arcades.
Avec le temps Nathan était devenu bon à ce genre de jeu et rien de tel que de mettre des fessées aux petits Japonais se croyant les meilleurs du monde. Il appreciait vraiment ce personnage, Ryû. Peut-être parce qu'ils portaient le même nom ? Ou cette focalisation sur les arts martiaux ? Allez savoir.
Assis derrière la borne d'arcade, stick en mains, le guerrier venait d'enchaîner les victoires tout en souriant intérieurement en entendant son adversaire du jour jurer avec un langage très fleuri. L'un des amis du perdant fit le tour de la borne pour voir contre qui ils jouaient et vint murmurer à l'oreille de son ami.
Nani ? Kokûjin datto ? Uso darô. (Quoi ? Un Black ? Arrête.)
Les trois Nippons vinrent entourer Nathan qui reprit une partie solo, ignorant volontairement les quolibets à son encontre.
*soupir* Voilà pourquoi je pourrais passer des journées entières ici avec juste 100 yen. Quand on voit le niveau des mecs du coin... Oï kisama ! Koko wa Nihon ! Nihongo wo hanase !!! (Hey enfoiré ! Ici c'est le Japon ! Parle japonais !!!)
Oh il comprenait très bien ce que ces petites frappes lui disait mais feindre l'indifférence était tellement plus drôle. Agacés ils lui ordonnèrent de le suivre à l'extérieur dans une ruelle sombre, loin des regards. Des insultes et des provocations fusèrent d'abord le laissant indifférent. Jusqu'à ce qu'ils touchent à sa mère. L'erreur à ne pas commettre. Ces jeunes pousses allaient l'apprendre à leurs dépens. Non non il n'allait pas les tuer : ce serait trop facile. Mais imprimer la peur dans leurs esprits, la terreur profonde, ça c'était plus marrant.
Yare yare, shitsukoi na omaetachi (Allons bon, vous êtes vraiment bruyants.) Aitsu...Ni...Nihongo wo wakarimasutte ? (Il...il comprend le japonais ?)
Faisant craquer ses phalanges, le Spectre s'approcha, l'air faussement mauvais.
Ore wa nihonjin. Gakidomo no kuse ni, yokumo senpai wo ? Saa, kakugo wa ii ka ? (Je suis Japonais. Bande de me*deux, vous osez parler à un aîné comme ça ? Bien, j'espère que vous êtes prêts ?) Hiiiiiiyaaaaaaa !!!
***************
Retour au présent donc. Époussetant son pull, Nathan vit qu'il avait des éclaboussures de sang frais sur sa manche droite.
Aigoo...(Zut en coréen) Me voilà bien. Bon...Heureusement que la tour 109 n'est pas loin.
Ici il ne pouvait que s'habiller chez Uniqlo, les grandes tailles asiatiques en général n'allaient pas jusqu'à ses mesures. Et même l'enseigne était limitée. La tour 109 de Shibuya était l'un des plus grands bâtiments du quartier et réputé pour son nombre incalculable de boutiques.
Ano...sumimasen Madomoizeru. Sono sûtsu wa ikura desu ka ? (Excusez-moi Mademoiselle. Combien coûte ce costume ?)
La vendeuse sursauta en voyant un grand homme à la peau ébène lui parler mais elle se ravisa en entendant la langue de Musashi avec un accent français (l'identité qu'il s'était donné pour ce rôle.)
Hai okyakusama. Eto, 500000en desu. (Bien sûr cher client. Alors, il coûte 500000 yen ou 5000€)
Ah oui quand même. Mais l'événement en valait la chandelle. Il sera vite rentabilisé de toutes façons. Finissant de nouer ses lacets, Nathan se regardant dans le miroir de la cabine d'essayage. Comme d'habitude la tenue lui allait à ravir. Il garda le costume sur lui, paya la vendeuse qui n'avait pas l'air indifférente à son allure et retourna au bus limousine. Car dans quelques heures le spectacle s'annonçait grandiose. Si seulement il savait ce qui l'attendait...
----------------------------------------
Ryûichi du Bénou, le traiteur du Mekai. Salade de phalanges, tartes aux marrons et pains à toutes heures. Yoroshiku !!! (Enchanté!!!)
Seuls les Époux infernaux connaissent son véritable nom
Merci à Wilfrid et Elyn pour le set
Ryûichi
Spectre du Bénou de l’étoile Céleste de la Cruauté
Rôle : Spectre céleste au service direct du Juge du Garuda. Loyal mais aime vivre en solitaire.
Assagi depuis que sa vengeance est accomplie mais méfiez-vous de l'eau qui dort...
Bunkyô, arrondissement de Tôkyô. Tôkyô Dome, 20h. La place était noire de monde et les guichets n'arrivaient plus à suivre l'afflux du public. Dans l'urgence de la situation, les écrans géants autour du stade ont été allumés afin que ceux n'ayant pas de place puissent en profiter tout de même. Moyennant finances il allait de soi. Oh Nathan n'était pas radin au point de faire payer le prix fort une représentation en extérieur mais, un peu plus de la moitié du montant de la place... On est dur en affaires ou on n'en fait pas, c'est ainsi que marchait le business . Les 55000 places assises avaient rapidement trouvé preneurs. De la place standard à 6500 yen (60€) à celles proches de la rampe et du groupe à 45000 yen (400€), toutes avaient un postérieur nippon ou étranger posé dessus. Bâtonnets lumineux vendus 1500 yen l'unité (10€), bouteilles de soda à l'effigie de la chanteuse du groupe ou de ses musiciens au même prix,... tout l'attirail du parfait fan s'était écoulé comme des petits pains. Depuis les loges où il pouvait voir aussi bien l'intérieur du Dome que l'extérieur, Nathan se frottait déjà les mains : des millions de yens venaient d'entrer en plus dans sa poche et celles du Mekai.
Hehehe, jamais je n'aurais cru que quelques paroles chantées pourraient rapporter autant. Ça adoucit les mœurs mais ca adoucit surtout mon humeur. Haha...Quel humour de me*de...
On toqua à la porte. Celle-ci s'ouvrit lentement avant de laisser passer la chanteuse du groupe. Haruka de son prénom était vêtue d'un mélange entre la façon loligoth et la tenue traditionnelle ample, une ombrelle dans une main et un éventail dans l'autre. Ses accessoires pour performer sur scènes avec ses amis de longue date. Un maquillage discret mais marqué rajoutait de la grâce à son visage déjà bien joli. Un dernier détail venait parachever sa beauté : sa peau halée. Peu de Japonais pouvais se targuer de pouvoir bronzer à ce point, mis à part ceux venant de Okinawa. Comme Haruka.
Haru-chan. Je suis content de te voir. Tu sembles prête à faire se lever la foule. Alors, je vous ai fait confiance pour apporter de la nouveauté pour ce concert. Est-ce le cas ? Sachô-san (Monsieur le président), vous allez être ravi. Nous avons travaillé très dur pour proposer un genre qui plaira à notre public. Je suis sûre que vous allez adorer vous aussi. Je n'en doute pas. Allez Haru-chan, va donc nous régaler avec ces nouveaux morceaux.
D'une révérence la chanteuse s'inclina respectueusement et quitta la pièce. Elle était toute mimi alors que physiquement elle était un peu plus âgé que lui. Du haut de ses 35 ans elle en faisait facilement 15 de moins. Cette faculté qu'avaient les Asiatiques à rester physiquement jeune...s'il n'était pas immortel Nathan aurait pu les jalouser.
Les lumières du stade s'éteignèrent ramenant le Spectre sur ses écrans vidéos. Voyons voir ce que son petit groupe avait concocté...
Mina-sama, kon-ban-waaaaaaaaa!!!! (Bonsoir tout le mondeeeeeeee!!!!)
Les spots vinrent d'abord illuminer Haruka puis les membres de son groupe. En voyant les instruments Nathan eut les yeux ronds. Qu'est-ce qu'un koto, un shamisen, un wadaiko et un shakuhachi faisaient au milieu d'instruments électriques comme une basse et une guitare ? Un mélange des genres ?
Merci d'être venus si nombreux pour notre premier concert depuis 2 ans. Nous espérons que ces nouvelles chansons vous plairont et que vous en profiterez avec notre prochain album bientôt en vente Sans plus attendre que le spectacle commence !
Chacun prit son instrument en main. À Daisuke, le chauve (ou crâne rasé on ne savait pas trop) la grande flûte en bois, la shakuhachi. Maniable à première vue mais extrêmement difficile à utiliser juste avec son souffle. À Beni, la deuxième femme du groupe, cette guitare typique de l'époque Edo, le shamisen. Le son de cet instrument à cordes était puissant tout en apportant de la douceur dans la musique. Kiyoshi, le plus petit en taille des hommes, s'assit derrière son koto. Sorte de citare tout en longueur, elle produisait des sons harmonieux. Kurona, le seul torse nu peu importe le lieu du concert s'installa derrière son wadaiko, le tambour japonais que l'on percutait avec des bâtons en bois. Visiblement doué avec sa voix il maîtrisait le kakegoe. Ces vocalises typiquement nippones assez puissantes pour réveiller un mort. Quant à Asa, la dernière fille du groupe, elle se saisit de sa basse, prête à faire un maximum de bruit. Machiya, le deuxième chanteur prit sa guitare et Wasabi, les baguettes pour sa batterie. Le groupe était prêt. Qu'allait-il chanter ce soir ?
Aux premières notes du shakuhachi Nathan blêmit (oui un Noir qui blêmit ça existe^^) Il connaissait ce morceau, et pas qu'un peu. Plus le concert avançait et plus il n'en croyait pas ses oreilles. Ces titres avaient presque 300 ans ! Et c'est le dernier du spectacle qui acheva de convaincre le Bénou sous couverture.
Ça alors... Mais comment...? Pourquoi ? Qui a...?
Ces questions se bousculaient dans sa tête. Toutes ces musiques, il les avaient écouté à l'époque du clan Shûmei. Quand il sortait avec la chanteuse d'un groupe local, Yûka Suzuhana. La pauvre avait péri à cause d'une stupide guerre de clans même pas initié par les Shûmei. Et son groupe fut brutalement massacré. Nathan s'en était toujours voulu car, s'il n'avait pas fréquenté Yûka, ils ne leur serait rien arrivé... Alors comment était-il possible que ces chansons vieilles de presque trois siècles ressortent maintenant ?
Le concert qui avait duré plus de 4h finit tard dans la nuit, après plusieurs réclames et des "Ankoru" (Encore) du public. Fourbus les huit membres du groupe étaient en train de célébrer cette folle soirée quand Nathan entra dans la pièce en trombe, interrompant tout le monde.
Sachô-san ?
Il ne dit rien de prime abord puis tendit la main comme pour faire le signe de la victoire.
Ce soir c'est nomikai les gars. Et c'est moi qui régale ! Triple prime pour tout le monde!!!
Loin d'être innocente, cette invitation à boire plus que raison lui donnera peut-être des réponses. Après tout, l'alcool a toujours délié les langues et ce n'était pas près de changer. Surtout au Japon.
----------------------------------------
Ryûichi du Bénou, le traiteur du Mekai. Salade de phalanges, tartes aux marrons et pains à toutes heures. Yoroshiku !!! (Enchanté!!!)
Seuls les Époux infernaux connaissent son véritable nom
Merci à Wilfrid et Elyn pour le set
Dernière édition par Ryûichi le Ven 27 Sep 2024 - 7:28, édité 1 fois
Ryûichi
Spectre du Bénou de l’étoile Céleste de la Cruauté
Rôle : Spectre céleste au service direct du Juge du Garuda. Loyal mais aime vivre en solitaire.
Assagi depuis que sa vengeance est accomplie mais méfiez-vous de l'eau qui dort...
Ce qui était génial dans les très grandes métropoles c'était qu'on pouvait manger (déjà) et boire (surtout) jusqu'à point d'heure. Et Tôkyô ne faisait pas exception à la règle. À l'époque Edo déjà les établissements fermaient tard la nuit afin que la population travailleuse puisse prendre un peu de bon temps avant de retourner trimer le lendemain. Désormais, beaucoup d'endroits dans la ville étaient en 24h/24 afin de satisfaire locaux et visiteurs.
Pour le nomikai (réunion entre collègues où l'on boit plus qu'on ne parle travail), Nathan avait choisi un izakaya dans le quartier d'Asakusa. Lieu célèbre pour son temple et sa magnifique porte rouge géante : la Kaminarimon (Porte du tonnerre). Le Spectre eut l'heureuse surprise de voir que son établissement préféré était toujours ouvert depuis les années 1700 et que le patron, descendant de celui qu'il connaissait, servait avec la même attention ses clients. Attablés dans leur box privative, le groupe fêtait bruyamment son succès. Seuls Haruka et Nathan profitaient en silence. Vêtue d'un simple mais magnifique yukata, la chanteuse lui servit un verre de whisky japonais. Le meilleur du monde paraît-il.
Arigatô, dit-il simplement. Tu ne bois pas Haru-chan ? Iie desu Sachô-san. (Non merci) Pas ce soir mais je veux bien fêter avec un mugicha (thé à l'orge) Un mugi...? Bah, pourquoi pas.
L'alcool coulait à flot et les petits plats préparés comme l'anguille ou les abats à peine saisis étaient un délice. Bientôt il ne restait plus que Nathan, Haruka et Kiyoshi le joueur de koto encore debouts. Ce dernier regardait le producteur d'un mauvais œil mais ne dit rien de plus. Pourquoi le lorgnait-il ainsi ? Nœud de cravate défait, le guerrier sous couverture s'assit un peu plus profondément sur son siège, les joues rosies par le whisky.
Dis-moi Haru-chan, je ne savais pas que tu maîtrisais si bien le shigin. Je pensais que cette pratique avait disparue. Elle se perd oui mais pas de par chez moi, à Okinawa. Le club fondé par mon aïeule dure depuis presque 300 ans et marche très bien. On a de nouveaux membres chaque année et de plus en plus nombreux. C'est super ça. Ton ancêtre devait être très douée pour transmettre cette tradition. Elle m'a aussi leguée ses plus beaux morceaux. C'est pour elle que nous avons décidé de changer de style pour cet album. Pour honorer sa mémoire et chanter ce qu'elle n'a pas pu faire. Ah bon ? Pourquoi elle ne pouvait pas chanter à Okinawa ? Ma grand-mère qui tient ça de sa grand-mère m'avait raconté qu'à l'arrivée de son arrière-arrière arrière grand-mère sur l'île, elle était gravement blessée à la gorge et qu'elle avait perdu sa voix. Ne pouvant plus chanter sa poésie, elle s'était contentée d'écrire pour autrui et pour elle.
Nathan tiqua à cet instant et commença à trembler. Non pas d'effroi car ce sentiment avait disparu pour lui en même temps que les Saints mais parce qu'il avait peur de comprendre. Il déglutit deux fois avant de lui poser une dernière question. Vite, un verre de Hibiki (marque du whisky) pour faire passer tout ça.
Haru-chan, Suzumiya est ton nom de scène mais ton nom de famille est différent non ? Hai, sô desu (Oui en effet). C'est Suzuhana. Suzuhana Haruka.
Le liquide ambré quitta sa bouche avec force sous l'effet de surprise, manquant de peu de finir sur le visage du kotoiste. Impossible, c'était tout bonnement impossible. Il l'avait vue de ses yeux vu, dans les bras de son yakuza de père, paisiblement endormie à jamais, le rouge de son sang coulant de l'entaille sur sa gorge. Yûka ne pouvait avoir survécu à une blessure pareille. Il l'aurait ressenti, ou même aperçu qu'elle respirait encore. Mais ses sens étaient moins alertes qu'actuellement. Le tanuki jiji (vieux renard) avait bien pris au mot près la demande de Nathan de l'époque : disparaître loin de sa vue et ne jamais revenir. Et l'île d'Okinawa était loin. De plus, si elle était enceinte à cette période là, donner naissance à un enfant à la peau mate n'aurait éveillé aucun soupçon.
Tombé de sa chaise, le Spectre à la peau ébène regardait la chanteuse avec un mélange de surprise et de tendresse dans ses yeux. De plus près il y avait tellement de Yûka chez elle, le teint mat de peau en plus. Même son timbre de voix lors de ses chants était presque identique. Était-ce cela qui l'avait séduit lors des auditions il y'a maintenant huit ans ? Cette ressemblance qui aurait dû le marquer à cet instant ?
Sachô-san, daijôbu desu ka ? (Est-ce que ça va Président ?)
Haruka était toute proche et paraissait inquiète. Il n'en fallait pas davantage pour que Nathan l'enlace subitement de ses bras puissants.
Yokatta...Honto ni yokatta. Ore...ureshi... (Soulagé...je suis si soulagé...et.. heureux...), dit-il, des tremolos dans la voix.
Kiyoshi, qui ne comprenait pas la situation, voulu se lever mais d'un geste de la main la chanteuse l'en empêcha. Puis elle passa ses fins doigts dans les cheveux crépus de son producteur.
Maa maa, daijôbu desu. (Allons allons, tout va bien.)
Il regarda de nouveau les yeux de la jeune femme. Sa petite-fille. Avec on ne pouvait plus compter de arrière devant. Quel miracle...Elle s'appelait elle aussi Haruka, comme le nom qu'il aurait voulu donner à la fille qu'il allait avoir avec Satsuki avant de devenir le Spectre du Bénou. Décidément c'était un prénom commun. Nathan sursauta en sentant comme un coup au niveau de l'abdomen.
Haru-chan, tu as contracté tes muscles ou c'est ce que je pense ? Vous avez senti vous aussi ? C'est notre petit bébé à Kiyoshi-kun et moi. Et on voulait vous faire la surprise mais nous comptons nous marier à la fin de la tournée mondiale. EEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE ????????????!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Wow ! Turipuru shokku ! (Triple choc !) Savoir qu'il avait finalement une descendance était déjà fort de café. Mais qu'elle soit enceinte et future mariée... Ça en faisait des révélations d'un seul coup. Beaucoup pour son petit cœur mort de Spectre. S'il n'était pas aussi pudique il en aurait pleuré de joie seulement, en tant qu'aïeuil, il avait un rôle important à jouer. Debout en un instant, Nathan vint prendre les mains du kotoiste dans les siennes et lui lança un regard dur.
Omedeto Kiyoshi-kun, te voilà prêt à avoir beaucoup de responsabilités entre tes mains. Je veux que ces doigts agiles sur un instrument à cordes soient le plus puissant des boucliers pour Haru-chan et son bébé. Si jamais tu devais faillir à ta tâche, je serais sans pitié avec toi compris ?
Le joueur de koto le regardait incrédule : mais de quoi il se mêlait celui-là ?
Et je veux que les poivrots qui vous accompagne et vous servent d'amis soient prévenus aussi. Ah, mais il faut annuler la tournée ! Haru-chan tu as besoin de repos !
Visiblement il prenait les choses bien trop à cœur.
Sachô-san voyons. Je n'en suis qu'au début du quatrième mois. La tournée va durer environ trois mois, nous verrons pour le repos d'ici là. Et puis ce n'est pas moi qui bouge le plus sur scène non ?
Elle avait raison. Et puis ça ferait beaucoup de pertes financières, Hadès ne laisserait jamais passer cela. En parlant d'Hadès justement...
Bon d'accord je vous fais confiance. Mais une fois la tournée achevée vous partez vivre en paix à Tataouine ou n'importe où mais loin des grandes villes. Je ne veux pas qu'il arrive quoi que ce soit à ce petit bout.
Mon dieu...dans une autre vie le guerrier aurait sûrement été un vieux papa gâteau. Il sortit une enveloppe pleine de billets de 10000 yen. Une partie de la recette qu'il tendit à deux mains à Haruka.
Ma contribution pour le bébé. J'insiste vraiment.
Elle savait qu'on ne pouvait refuser ce qui provenait du producteur alors elle accepta la générosité.
Patron, tournée de mugicha et de nouilles froides pour tout l'izakaya !
----------------------------------------
Ryûichi du Bénou, le traiteur du Mekai. Salade de phalanges, tartes aux marrons et pains à toutes heures. Yoroshiku !!! (Enchanté!!!)
Seuls les Époux infernaux connaissent son véritable nom
Merci à Wilfrid et Elyn pour le set
Dernière édition par Ryûichi le Ven 1 Nov 2024 - 19:34, édité 2 fois
Ryûichi
Spectre du Bénou de l’étoile Céleste de la Cruauté
Rôle : Spectre céleste au service direct du Juge du Garuda. Loyal mais aime vivre en solitaire.
Assagi depuis que sa vengeance est accomplie mais méfiez-vous de l'eau qui dort...
Le soleil se levait déjà sur Asakusa quand Nathan sortit de l'izakaya, la majorité du groupe encore endormi dans ses bras. Kiyoshi à moitié saoul aidait sa moitié à marcher jusqu'au bus limousine. Il observait le producteur porter 6 personnes en même temps en se demandant comment pouvait on être fort à ce point.
Voilà une fin de concert comme je les aime. Animée et arrosée comme il se doit. Grâce à vous, la renommée de ma boîte va grandir. Et à vous la notoriété !
Le véhicule ramena tout ce beau monde au studio d'enregistrement à Daikanyama qui servait aussi de baraquement lors des sessions de chant. Réveillés durant la route les membres du groupe sortirent les uns après les autres, s'inclinant poliment devant lui avant d'entrer.
Haru-chan. Genki de ne. (Prends soin de toi.)
La chanteuse sourit avant d'interpeller Nathan.
Ano...Sachô-san, j'ai quelque chose pour vous. La maquette de l'album est prête à passer à la finition. On a un exemplaire pour vous, avec un inédit que nous n'avons pas chanté au concert hier. Vous nous en direz des nouvelles. Ah oui ? Je suis impatient d'écouter ça.
Haruka rentra dans le bâtiment et revint quelques minutes après avec une clé USB dans sa main droite qu'elle lui remit.
C'était le dernier texte de mon aïeule. J'espère qu'il vous plaira. Je ne sais pas pourquoi mais, quand je vous parle, je ressens comme un lien profond entre nous. Peut-être que ce sont les hormones...
Le Spectre regarda sa descendante, le coin de l'œil brillant. On dirait qu'elle avait hérité de sa capacité de perception. À une moindre échelle évidemment. Il était content de savoir qu'il avait une famille désormais seulement son rôle dans l'armée d'Hadès prévalait sur tout. Et si le Sombre Monarque décidait de raser cette région de la planète, le Spectre serait en première ligne.
Après un bon repas composé d'un kaisendon et d'un unagidon, Nathan regarda sur son téléphone de fonction son agenda : l'avion pour l'Allemagne était prévu pour 18h ce soir, ce qui lui laissait le temps de faire son fameux crochet avant de rentrer. Crochet qu'il effectuait régulièrement depuis presque un siècle.
Sur les hauteurs de Chiba oneigai. (S'il vous plaît dit de façon neutre)
Le bus le conduisit au sommet des collines surplombant la préfecture de Chiba, proche de Tôkyô et endroit où se situait l'aéroport international de Narita. Marchant une dizaine de minutes, Nathan s'arrêta devant une vieille et immense bâtisse délabrée. Malgré son état on pouvait facilement deviner que cette demeure était le lieu de vie faste d'une riche famille. Le portail rouillé avait été barricadé et cadenassé mais ce n'était pas ça qui allait retenir quelqu'un comme lui. Puis il connaissait déjà le passage secret perdu depuis des siècles. Nathan traversa la cour envahie par les hautes herbes - heureusement qu'il avait remis sa tenue streetwear entretemps - et se retrouva dans le jardin intérieur un peu mieux entretenu. De l'immense terrain des Ôta il ne restait plus que ces dizaines de mètres carrés vert. Le reste avait été racheté pour y construire l'aéroport.
Hm... Je ne pensais pas que des dahlia pouvaient pousser ici...
En plus des fleurs, quelques arbres fruitiers persistaient malgré le passage du temps. Il prit une pomme verte et croqua dedans : le fruit était mûr et frais en bouche. Il finit par s'asseoir devant ce qui ressemblait à un mausolée. Quelques pierres entassées avec au sommet un chapeau haut-de-forme. Planté derrière le monticule de roches, une lance de belle facture avec des dragons entrelacés sculptés.
Yo. Sashiburi da na, omaetachi... (Salut. Ça faisait longtemps, vous deux...)
Le Bénou sortit de son sac trois coupelles à nihonshû ainsi qu'une bouteille d'alcool de prune de l'époque.
Presque trois cent années se sont écoulées et je ne vous ai toujours pas retrouvé... J'espère encore mais il va peut-être falloir que je m'y fasse. À moins que, comme le dit l'adage : pour vivre heureux, vivons cachés. Si c'est le cas, bravo. Vous vous êtes vachement améliorés en cache-cache. Haha...
Il sourit mais le cœur n'y était pas vraiment. La dernière fois qu'il les avait vu, il avait juré de les éliminer pour avoir essayé de le tuer. Bien sûr qu'ils étaient innocents et qu'ils n'avaient rien à voir dans tout ça mais la haine aveuglait son raisonnement. Maintenant que la vérité avait éclaté au grand jour il voulait leur demander pardon pour son attitude mais le couple avait disparu sans laisser de traces. À part un ultime coup de main lors de son raid sur Ôsaka, Nathan n'avait plus eu de nouvelles. Avec toutes les avancées technologiques il pensait les retrouver facilement mais ce ne fut pas le cas.
Vous manquez au Mekai mais vous me manquez surtout. Avec l'autre là qui a osé récupérer le Surplis du Méphistophélès comme si c'était toujours le sien. Charogne va. J'aurais aimé vous le demander de vive voix mais est-ce que vous me pardonnerez un jour ? Abel-kun...Elyn-chan...Waga tomodachi...Hontto ni gomen na... (Mes amis...Vraiment désolé pour tout...)
L'ancien yakuza servit l'alcool dans les coupelles et en déposa deux sur le mausolée. Il porta la siennes à ses lippes épaisses.
Kanpai. (À la vôtre.)
L'alcool de prune descendit comme de l'eau. De l'eau de feu. Ses souvenirs de l'époque Shûmei avec leur deux Spectres affluaient et lui remémorait le bon vieux temps. Malheureusement le temps commençait à faire défaut et on ne faisait pas attendre les Époux infernaux.
Je reviendrais. En espérant que cette fois nous ayons des choses à nous raconter de vive voix. Abayo. (Salut.)
Deux heures plus tard, à bord du vol Japan Airlines en direction de Francfort, Nathan avait ses écouteurs dans les oreilles, branchés a son ordinateur portable. Pas besoin de Wi-Fi ou de Bluetooth pour écouter ce qu'il y avait sur la clé USB de Haruka.
Alors voyons voir...Ikuza...Senbonzakura...Ah Nijiirô chôchô ! Ce doit être l'inédit.
Il cliqua sur lecture et ferma les yeux.
Traduction paroles:
1er couplet Cachée par les nuages blancs La lune flotte par-delà le ciel étoilé Sans savoir, je me suis retrouvée ici Dans cette petite pièce couverte de poussière Et cette chandelle qui vacille...qui tremble... Ondulant de l'avant vers l'arrière...encore et encore... D'une manière ou d'une autre, mon cœur brûle Maladroitement, comme il l'a toujours fait
Flottant doucement vers le bas J'écarte mes ailes et vole vers toi
Refrain Je veux être à tes côtés Regarder le monde à travers ton regard aimant Juste un toucher de la pulpe de tes doigts Suffit à me sentir soudainement tellement au chaud
2ème couplet Combien de temps s'est écoulé ? Je me demande Depuis le jour où nous étions ensemble dans cette froide pièce hivernale Tu m'as regardé, les yeux embrumés de larmes Devant ce regard, je ne pouvais m'envoler
"Si seulement je pouvais oublier tout ce qu'il y'a eu entre nous" C'était mon premier mais aussi mon dernier mensonge
Refrain Là quand je suis enlacée dans tes bras Je ferme juste les yeux et profite de ta chaleur Dehors, les flocons de neige tombant du ciel Se changent en larmes de solitude
3ème couplet Toi qui m'a procuré tant de douceur et de joie Mais aussi tant de douleur et de tristesse Ces précieux souvenirs doux-amers Comment pourrais-je les oublier ?
Peu importe quand, peu importe où, si nous nous retrouvons un jour Je déploierai encore mes ailes pour te rejoindre
Refrain La neige fond et se transforme en pluie Bientôt les nuages partiront pour laisser poindre l'arc-en-ciel Tout comme mes ailes, quand les beaux jours seront là Ils pourront se parer une nouvelle fois de splendides couleurs
Une larme roula le long de sa joue gauche alors que la chanson arrivait à sa fin. C'était clairement un message d'adieu de son ancienne compagne ainsi qu'un message de regret solennel. Sur chaque couplet, des moments tendres partagés à deux lui revenaient en memoire. Ryû et Yûka...Dans une autre réalité, ils se seraient endormis vieux et fatigués mais heureux ensemble pour toujours, sous le soleil paradisiaque d'Okinawa, entourés de leurs enfants et petits-enfants. Une réalité auquelle il aurait volontiers couru après fut un temps. Mais désormais il était lié au monde des morts, fiancé à une autre et prêt à détruire le monde sur un simple ordre.
Warui na Yûka (Désolé Yûka) mais le passé reste et restera le passé. Je garderais ce message au fond de moi pour l'éternité et le chérirais précieusement.
Il débrancha la clé et la rangea avec le pc. Le passé était beau mais l'avenir s'annonce plus radieux. Du moins pour le Mekai. Dix heures de vol après ça...Mon dieu que le voyage risque d'être long...
-> Pays de l'Est
----------------------------------------
Ryûichi du Bénou, le traiteur du Mekai. Salade de phalanges, tartes aux marrons et pains à toutes heures. Yoroshiku !!! (Enchanté!!!)
Seuls les Époux infernaux connaissent son véritable nom
Merci à Wilfrid et Elyn pour le set
Contenu sponsorisé
Sujet: Re: [Asie, Japon] Révélations
[Asie, Japon] Révélations
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum