Sortir des limbes du temps [2015 ¤ Sanctuaire] / PV Altia & Damian
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Ahina
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Sujet: Sortir des limbes du temps [2015 ¤ Sanctuaire] / PV Altia & Damian Lun 23 Sep 2024 - 0:33
La triste réalité
Elle a été la première. C'est ainsi que vont les choses... Les Dieux sont toujours les premiers, et bien souvent les derniers, enfermés qu'ils le sont dans cette boucle perpétuelle. Ils voient naitre des mondes, ils les observent décliner, ils les contemplent s'éteindre. Parfois ils en sont à l'origine, parfois ils ne sont que les spectateurs d'une déchéance que certains considèrent comme inéluctable.
Chronos et Aîon avaient été très clairs. A la sortie de la distorsion temporelle, ils auraient le sentiment qu'une seconde à peine s'était écoulée. Ils ne sentiraient aucune douleur, aucun changement. Leur corps n'aurait pas souffert des affres du temps, tout comme leur esprit, leurs états d'âme, les sentiments qu'ils ressentaient au moment où l'apocalypse d'Hadès frapperait, seraient exactement les mêmes à la sortie de cet étrange phénomène dont seuls les dieux du temps ont le secret.
Et c'est bien ce qu'il s'est passé.
Cela fait quelques jours qu'elle erre, seule, au Sanctuaire Sacré. Elle sait que ses chevaliers ne vont plus tarder à sortir de leur torpeur temporelle à leur tour. Certains sans doute plus vite que d'autres... de cela aussi, ils ont été prévenus.
L'angoisse qui a enserré son coeur, quand elle a réalisé qu'elle avait quitté la distorsion, peut difficilement être qualifiée par des mots. Cette sensation de savoir sans encore percevoir. C'était comme une... évidence. Oui. Une évidence. Le Sanctuaire était désert comme il ne l'avait jamais été jusqu'à ce jour. Et ce désert... portait dans son sillage la lourdeur du béton. Comme si l'air qu'elle respirait s'était chargé de millions de particules invisibles, pesantes, nauséabondes, néfastes, malveillantes.
Car elle l'a senti. Oh... elle ne l'a senti que trop clairement. L'influence du Sombre Monarque. Partout sur la terre, qui recouvre le monde de son voile de noirceur. Ce... depuis près de trois siècles. Trois siècles ce n'est rien pour un Dieu. Mais c'est largement suffisant pour gangréner un monde. Et... trois siècles... c'est une éternité pour les humains.
Alors a t'elle décidé de faire appel à un moyen qu'elle n'utilise que dans les situations extrêmes. Un pouvoir que seuls les Dieux possèdent, et dont certains abusent, car il leur permet de se sentir si puissants... tellement au-dessus. Suprêmes.
L'omnipotence.
Ce pouvoir n'est pas sans conséquences et ses impacts ne sont pas à prendre à la légère, surtout quand on l'utilise aussi peu souvent. Mais il permet bien des choses... être partout à la fois, tout voir, tout savoir... n'avoir aucune limite dans l'espace. Un pouvoir édifiant. Mais un pouvoir qui va la révéler au regard d'Hadès si elle ne prend pas garde et si elle l'emploie trop longtemps. Aucun de ses chevaliers n'étant encore présent pour éventuellement créer une bulle de protection autour d'elle, Ahina doit agir avec prudence et... sagesse. Qu'à cela ne tienne. N'est elle pas la réincarnation de celle qui en porte haut les couleurs ?
Alors elle s'est abîmée dans les confins d'une méditation si profonde que rien n'aurait pu l'en faire sortir. La concentration ne devait en rien être détournée, pas même une seconde. Sans quoi elle risquerait d'être détectée. Alors elle a choisi. Et cela a duré une minute. Une seule minute au cours de laquelle elle a observé. Une minute, c'est long et à la fois très court. En l'occurrence... cette minute-là, fera sans aucun doute partie du plus long défilé de soixante secondes de son existence.
Ahina voit. Ahina ressent. Ahina discerne.
Le monde et ses changements. Les hommes et leur épée de Damoclès fichée en permanence au-dessus de leurs têtes. La civilisation et ses évolutions, tout ce qu'elle a créé, construit en l'espace de trois siècles. Elle la perçoit... cette ombre qui pèse sur le monde, à ses quatre points cardinaux, sur la terre et dans les mers. Elle ressent... l'angoisse, le stress omniprésents. L'agressivité, la corruption, la perversion, la violence.
Un bruit mat accompagne les genoux de la divine lorsqu'ils percutent le sol. Elle est sur le parvis de son temple, aux pieds de la prestigieuse statue érigée à sa gloire. Mais quelle gloire... quand le monde est dans un état aussi pitoyable. Le monde dont elle a la charge. Le monde qu'elle doit protéger depuis des temps que mêmes les Dieux peinent à quantifier.
Ses mains tremblantes s'élèvent pour se poser tout contre ses lèvres entrouvertes. La situation est terrible... pire que ce qu'elle avait imaginé. Ses espoirs étaient vains... comment avait-elle pu se bercer d'illusion. Des larmes roulent sur ses joues. Son regard est voilé d'un chagrin qui se passe de mots. Qui ne saurait être défini à sa juste valeur.
Elle a échoué. Elle a lamentablement échoué.
Altia Verana
Grand Pope
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Sujet: Re: Sortir des limbes du temps [2015 ¤ Sanctuaire] / PV Altia & Damian Mar 24 Sep 2024 - 14:06
Athéna nous avait pourtant prévenu, mais entre se le faire dire, et le vivre réellement, il y a un gouffre abyssal.
En entrant dans la distorsion, Altia savait qu'une fois sorti, il n'aurait eu l'impression que cela n'avait duré qu'une seconde. Alors pourquoi, en rouvrant ses yeux, couché dans ses appartements, il eu l'impression de sortir d'un long sommeil ?
Se redressant sur son matelas, et s'asseyant sur le côté du lit, le rouquin émergeait, comme si cela était un matin comme un autre. Est-ce même le matin en réalité ? Il n'avait plus aucune notion du temps. Mais, après quelques minutes, cela percuta: il était sorti de la torpeur de la distorsion causé par les Dieux du Temps. Sa première question fut combien de temps s'était-il écoulé, mais il n'y avait personne autour de lui pour lui répondre.
Passant une chemise grecque, le Pope sorti de ses appartements et vagabonda dans le palais destiné au représentant terrestre d'Athéna jusqu'à arrivé au balcon donné une vue magnifique sur tout le Sanctuaire et ses environs. Et c'est là qu'il comprit, de part la taille des bâtiments et les changements du paysage, qu'Athéna et ses Saints avaient été absent que trop longtemps. Sa poitrine se serra: il voulait en avoir le coeur net. Alors, pressant un peu le pas, il descendit le Sanctuaire, jusqu'à en sortir et atteindre le petit village de Rodorio.
De loin, le village en lui-même n'avait pas tant changé: il n'avait pas l'air d'avoir gagné beaucoup d'habitants, ni en avoir perdu énormément. Les bâtiments n'étaient certes pas les mêmes mais certain lieu semblait être considéré comme historique par les habitants. Du moins, c'est comme ça qu'ils sont décrits dans les noms de rue. Cette nouveau n'était pas pour lui déplaire, cela lui éviterait de se perdre à l'avenir.
"Historique" ? Percuta une nouvelle fois le Saint. Combien de temps faut-il pour qu'un lieu considéré comme commun de son temps soit maintenant considéré comme historique ? Et si le village n'avait pas changé de forme ou autre, les évolutions technologique était à tout coin de rue. Des fils noirs, certains épais, d'autres non, passent au dessus des rues et rentre dans les maisons. Les maisons elle-mêmes, il en toqua sur le mur d'une ou deux pour en vérifier la composition et ce n'était clairement pas de la chaux, ou de le pierre. C'était plus dur, plus compact, du "béton" comme on lui dit lorsqu'il posa la question.
Les habitants étaient très gentils avec Altia, répondant de façon éclairé aux question qu'il eut. Comme s'ils savaient tous qu'il n'est pas de ce temps. Et plus le rouquin posa des questions et obtenu des réponses, plus il mesura le temps qui s'était écoulé.
Quelques heures s'étaient écoulés.
Altia reprit le chemin du Sanctuaire, des nouvelles plein la tête mais surtout, une réalisation qui frappa fort: Athéna et les Saints n'avaient pas disparu pour 10 ou 15 ans. Mais plutôt dans les 3 siècles. Autrement dit une éternité au niveau d'un homme. Et pendant ces 3 siècles, Hadès n'avait cessé de régner sur Terre. Le rouquin s'arrêta sur cette pensée, alors qu'il est en haut d'une colline, le paysage donnant sur la mer Egée. Le poing serré, la mâchoire grinçante, il réalisa: il a échoué, il a lamentablement échoué.
Le Saint se laissa tombé lourdement sur ses genoux. Prostré, ses sens lui revenaient petit à petit. Et il ne pu que sentir l'influence d'Hadès sur ce monde.
Merde. Lâcha-t-il dans une vulgarité qui ne lui ai pas habituelle. Mais les émotions finirent tout de même par le submerger, alors que des larmes coulèrent le long de ses joues. Un cri perçant résonna dans la vallée, celui d'Altia qui n'avait aucun autre moyen pour exprimer son désespoir face à la situation.
Quelques jours supplémentaires passèrent ainsi, Altia faisant des aller-retours entre le Sanctuaire et Rodorio pour toujours en apprendre plus sur cette nouvelle époque. Et s'il était peut-être excitant de découvrir toutes ces nouvelles choses, un vide était présent dans l'esprit du Saint. Un vide dans lequel il se plongeait parfois, lorsqu'il y pensait trop, le laissant insensible au monde qui l'entoure. Il revenu au Sanctuaire, après une autre de ses escapades à Rodorio et c'est là qu'il le senti: le cosmos d'Athéna. Cela fut extrêmement bref, mais suffisant pour qu'Altia le sente et se rende machinalement à la statue d'Athéna d'où il émettait.
Et c'est là qu'Altia la vit, pour la première fois depuis la sortie de la distorsion. Athéna était sortie avant Altia, c'est une certitude, mais ce dernier ne voulait pas lui faire face, de honte. Alors il s'occupa comme il pu, le temps que d'autres Saint s'éveillent. Il apprit la situation catastrophique du monde qui ne laissait pas de place à l'espoir. Mais lorsque le cosmos d'Athéna irradie, il a toujours ce réflexe de le suivre. La Déesse était là, à genoux sur le sol et assailli par le chagrin.
Princesse ?
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Ahina
Déesse de la sagesse et de la guerre
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Sujet: Re: Sortir des limbes du temps [2015 ¤ Sanctuaire] / PV Altia & Damian Mar 24 Sep 2024 - 21:53
Unn cri déchirant brise le silence qui s'est étendu aux alentours de la statue d'Athéna. Comme s'il venait de lui hurler dans les oreilles, alors qu'il se trouve loin, bien loin... du moins assez loin pour qu'elle ne soit pas en mesure de l'entendre si elle n'était pas... qui elle est.
« Altia… »
Elle relâche ce nom dans un soupir contrit. Il est lui aussi sorti de la distorsion très rapidement après elle. Pas étonnant, quant l'on sait que l'on parle tout de même du Grand Pope du Sanctuaire Sacré, le général en chef des armées d'Athéna. Il est le dernier rempart qui se dresse entre elle et le reste du monde. L'ultime obstacle à surmonter si on souhaite l'atteindre. Dans ce cadre, mais également à bien d'autres égards, ils sont très proches l'un de l'autre. Ils ont presque tout vécu ensemble... les joies et les rires, les pleurs et le chagrin, la colère, et... même la folie.
Combien de temps s'écoule entre son cri et le moment où elle perçoit sa présence aux abords du parvis...? Elle n'en a pas la moindre idée. Des heures. Des jours. Ce serait des semaines que ça ne ferait pas grande différence. Car tout ce temps, elle n'a eu d'autre choix que de laisser de longs et intarissables filets de larmes dévaler ses joues.
Condenser trois siècles de douleurs, de chagrins, de rancoeurs, de souffrances, d'angoisses, de monstruosités... en une minute, est effroyable, même pour une Divinité. Surtout pour cette Divinité là, dont l'empathie et l'altruisme n'ont d'égaux que la perversion et le machiavélisme d'Hadès.
« Altia. »
Elle aspire une grande bouffée d'air, essuie son regard embué et rougi par des journées de larmes, et relève enfin le visage vers lui en lui adressant un sourire qui sonne terriblement faux à cet instant.
« Tu vas bien, j'en suis heureuse. »
Tout semble étrangement mécanique d'un coup. Comme si la Déesse venait d'enclencher un mode automatique, millénaire. Celui de prendre sur soi. Celui de faire bonne figure.
Elle se relève, époussette brièvement les pans de sa tenue d'un geste machinal, puis enchaîne les mots à une vitesse qu'on ne lui entend que rarement. Voir jamais.
« La majorité des Saints est encore prisonnière de la faille temporelle. Chronos a prévenu que cela pourrait prendre un peu de temps et qu'ils ne s'en extirperaient pas tous en même temps. Damian est en train d'en sortir, sa cosmo énergie vibre très légèrement dans sa Maison. »
Mécanique.
Elle déroule. Déroule les faits. Déroule ce qu'il convient de rappeler. Ahina est d'un pragmatisme qui frise le déni. Rien ne va. Ils ne vont pas faire comme si. Ils savent que la déchéance a été totale et absolue. Mais... ça pourrait être pire. Bien pire.
Elle se détourne, ses longs cheveux fouettant l'air sur ses épaules, et le long de son dos. D'un pas rapide, elle se dirige vers l'entrée de son temple.
« Nous avons... fort à faire. Les Gardiens du secret vont très rapidement percevoir mon réveil, si ce n'est pas déjà le cas. Il faut prendre les dispositions qui s'imposent pour accueillir les chevaliers de cette ère et nous y acclimater le plus vite po... »
Elle stoppe abruptement, et se retourne. Constatant qu'Altia n'a pas bougé d'un centimètre, elle penche la tête de côté et lui adresse un nouveau sourire, un peu plus réaliste que le précédent cette fois.
« Tu viens…? »
Altia Verana
Grand Pope
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Sujet: Re: Sortir des limbes du temps [2015 ¤ Sanctuaire] / PV Altia & Damian Jeu 26 Sep 2024 - 22:12
Elle avait beau avoir essuyé ses larmes rapidement, au moment même où elle entendu la voix du Saint, ce dernier n'avait pas manqué de voir le tristesse de la Déesse. Et rien de plus normal après tout. Pour celle qui même parmi les divinités dispose d'une sensibilité accru, subir cela, d'abord le choc de la défaite puis la découverte du règne d'Hadès, cela n'avait rien d'anodin. Cela était insupportable, même pour elle.
Elle se releva, lui sourit et lui glissa quelques mots, comme si de rien n'était. Mais Altia vit bien que cela était faux. Tout faisait faux. C'est une mécanique bien huilé, ce n'est pas la première fois qu'elle prend sur elle pour rassurer son entourage. Et si Ahina pouvait continuer à prendre sur elle, débitant au passage à une vitesse que le rouquin ne lui connaisait pas, Altia lui, ne pouvait plus. A toutes ces paroles, le jeune homme ne répondit que par un hochement de tête. Etait-ce un hochement de tête ? Il n'en est même plus sûr. Il n'est même plus sûr d'avoir répondu du tout, tant il était profondément enfoncé dans son désespoir.
Ahina continua ensuite, se dirigeant vers l'entrée de son temple, mais voyant que le rouquin n'avait pas bougé d'un pouce, elle s'interrompu net. Altia serra ses poings, puis se mit à légèrement sangloter alors qu'il répondit d'une voix déraillante à sa Déesse.
Je... ne peux pas... Je... ne peux plus...
Dit-il, entrecoupé de larmes qui coula le long de ses joues rougit par la tristesse.
Nous avons perdus... Nous avons laissé tombé l'Humanité, la seule chose que nous disions vouloir protéger, même au péril de nos propres vies...
Enchaîna-t-il. Il se retourna ensuite, faisant face à Ahina, tout en passant sa main sur son visage, juste en dessous de ses mèches rousses.
Je ne suis plus digne de mon titre. Je ne suis plus digne de jouer les chevaliers de l'espoir alors que tout espoir est perdu. Il est même probable que rien de tout cela ne serait arrivé si quelqu'un d'autre était Grand Pope.
Lâcha-t-il, avant de continuer.
Grand Pope... Un bien grand titre pour un perdant tel que moi, incapable de tenir la promesse que l'on s'était faite.
Altia commença ensuite à marcher, se dirigeant à son tour vers l'entrée du temple, dépassant Athéna sans s'en soucier, lui qui habituellement la suit comme le veut la coutume pour un serviteur divin.
Le Sanctuaire sera bien meilleur sans moi...
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Ahina
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Sujet: Re: Sortir des limbes du temps [2015 ¤ Sanctuaire] / PV Altia & Damian Ven 27 Sep 2024 - 0:11
Le regard d'Ahina se voile un bref instant, avant qu'elle ne ferme doucement les paupières pour éviter qu'Altia ne le remarque. Elle ne feindra pas de ne pas comprendre la portée de ses mots. Elle ne le fera pas répéter. Elle ne lui demandera pas où il veut en venir. Elle... ne lui fera pas cet affront.
Il lui arrive d'oublier... parfois.
Oublier qu'Altia n'a jamais réellement connu la défaite. Oublier qu'aucun Saint de la génération 1757 n'a jamais réellement connu la défaite. La défaite, la vraie, celle qui vous cuit l'épiderme et vous retourne les entrailles. La défaite, aux nombreuses conséquences que quelques semaines ou mois de travail acharnés ne suffiront pas à résoudre. La défaite, de celle qui entraîne un futur tellement incertain qu'il en est terrifiant, à chaque minute qui s'écoule.
Bien sûr... il a déjà connu la défaite lors de Guerres Saintes. Mais pas comme cela, pas de cette manière, pas avec ces conséquences... Car ils s'étaient toujours débrouillés pour que les incidences soient les plus minimales possibles pour le monde et ses habitants.
Athéna, elle, sait ce que ça fait. A ce degré, c'est la première fois, elle est bien obligée de l'admettre. Cependant... sa mémoire séculaire reste intacte, même si elle se réincarne, encore et encore, elle est là. Elle est bien présente, avec son lot de douleurs et de joies, de souvenirs. Et si la situation présente est la pire de toutes celles qu'elle a eu à affronter, il est déjà arrivé que les évènements en viennent à des extrêmes presque aussi terribles.
Mais... Altia n'a jamais vécu cela. Pour lui... à son regard... pour sa fierté et son amour propre, l'estime qu'il avait en lui et en ses capacités, le constat qui s'impose aujourd'hui est pire que le plus cuisant des échecs.
« Altia… »
Ses larmes l'affligent tout autant que le chagrin et le dépit palpables qu'il affiche. Ahina fait quelques pas dans sa direction quand il se tourne vers elle, ses prunelles contrites l'enveloppant de toute la tendresse qu'elle peut lui prodiguer à cet instant.
« Altia... que dis-tu là... »
Doucement, elle saisit l'une de ses mains entre les siennes.
« Penses-tu sincèrement que je t'ai choisi par hasard... Penses-tu qu'en des millénaires d'existence, je sois incapable de discerner l'homme ou la femme qui sera capable de remplir cette exigeante fonction ? Voyons... si je t'ai choisi c'est parce que tu en es digne. Digne d'être ma voix. Digne de diriger les armées du Sanctuaire Sacré. Tu l'as été par le passé, tu l'es toujours aujourd'hui. »
Mais cela n'est pas suffisant car, déjà, il lui échappe. Sa main se dégage, ses talons pivotent et il s'éloigne. Vers le temple d'Athéna, plutôt que vers les contrebas du Sanctuaire, ce qui pourrait être un bon indicatif, mais pourtant...
« Altia. »
Elle se tourne à son tour pour lui faire face mais ne dit pourtant mot. Un cruel dilemme s'engage dans son esprit. Une partie d'elle a envie de l'invectiver. De lui crier qu'il n'a pas le droit de l'abandonner. Qu'il n'a pas le droit de la laisser comme ça. Qu'il ne peut pas. Qu'il ne doit pas la laisser affronter ça... sans lui.
Pour autant elle ne dit rien et le silence s'épaissit entre eux encore de longues secondes avant qu'elle ne le brise.
« Tu n'as rien à te reprocher Altia. Hadès a... été plus malin que nous. A été plus malin que moi. Si tu dois blâmer quelqu'un, c'est celle qui se trouve en face de toi. Je me suis sans doute trop reposée sur les victoires des derniers siècles et sur des défaites qui n'ont jamais eu grande incidence sur le monde des hommes. »
Le regard qu'elle porte sur lui est doux, mais ses paroles ont la saveur de l'acide au fond de sa gorge. Hadès... Qu'a t'il bien pu faire, avec qui a t'il bien pu tisser un pacte pour permettre une victoire aussi éclatante, aussi... écrasante.
« J'ai commis des erreurs et il n'est pas juste que toi ni les autres Saints, aient à en payer les pots cassés. Malheureusement est-ce ainsi que sont constitués nos royaumes. Les Dieux dirigent et tous payent de leurs fautes. Ce schéma n'est hélas pas nouveau, même si je le déplore. »
Elle s'approche de lui en essayant d'esquisser un sourire qui se veut encourageant.
« J'ai parcouru le monde Altia. Rapidement, pour ne pas me faire détecter par Hadès. Et... je ne vais pas te mentir, la situation est catastrophique. Cependant... elle n'est pas désespérée. Il y a toujours de l'espoir... et nous allons en réveiller la lumière. Mais pour cela j'ai besoin de vous tous à mes côtés. De l'ancienne génération de chevaliers, de la nouvelle et de toi. Le choc est rude... j'en ai bien conscience. Et chacun a et aura le droit de prendre du temps pour assimiler cette époque et les conséquences de la Guerre Sainte. Mais... tu ne peux pas tourner les talons Altia, surtout pas maintenant. »
Altia Verana
Grand Pope
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Sujet: Re: Sortir des limbes du temps [2015 ¤ Sanctuaire] / PV Altia & Damian Lun 30 Sep 2024 - 14:12
Comme à son habitude, la Déesse a des mots doux et réconfortant envers le Saint lorsque ce dernier en a le plus besoin. Ces mots, il les avaient déjà entendu. Il avait déjà tout entendu à propos de la confiance de la Déesse envers le rouquin, ce speech elle lui avait déjà tenu lorsqu'elle lui a donné la responsabilité de chef du Sanctuaire en premier lieu. Mais, cela était encore différent cette fois.
Ahina avait pris la main d'Altia entre les siennes, mais très vite le jeune homme la retira et continua d'avancer vers l'entrée du temple, ou plutôt pour lui, la sortie. Il marcha quelques pas, avant que la divinité ne brise une nouvelle fois le silence alors que le Saint ne lui avait pas répondu. Dès qu'Athéna commença son discours, le Saint s'arrêta sur son chemin. Elle commença par dire que rien n'était de la faute d'Altia, qu'Hadès avait simplement été plus malin qu'eux. Mais surtout, bien que cela soit injuste pour tout le monde, les conséquences des décisions des divinité influait toujours leur camps. Et que bien que la situation soit désastreuse, elle n'en restait pas moins encore sauvable. Il y a encore de l'espoir et Altia n'a pas le droit de laisser tomber maintenant, surtout pas maintenant.
Le rouquin écouta les paroles, mais une fois de plus, elle n'eut pas l'effet escompté. Quelque chose s'était brisé chez le Saint.
Vous ne comprenez rien, n'est-ce pas ?
Dit-il d'une voix calme, sans même lui faire face.
L'espoir, c'est moi qui n'en ait plus. Je suis épuisé, autant physiquement que mentalement. Je n'y arrive plus. Je n'arrive plus à prendre tout ce poids sur mes épaules. C'est trop... Trop pour moi maintenant.
Enchaîna le Saint, tournant simplement la tête vers la Déese pour qu'elle puisse voir le regard d'Altia. Ce regard, il est éteint. Il n'y a plus d'éclat, il n'y a plus de flamme pour faire avancer le rouquin. Ses mèches finirent par couvrir ses pupille, alors qu'il retourna sa tête à sa position d'origine.
Tu ne l'avais même pas remarqué, pas vrai ?
Ajoute-t-il, après avoir montré son regard.
Il repris alors son chemin, commençant à entrer dans le temple. Et plus il avançait, plus le cosmos d'Altia s'atténua. Son intensité se réduit tellement, jusqu'à ce qu'il ne soit plus ressentable. Le rouquin se coupe totalement de son cosmos et de celui des autres.
Au revoir, Ahina.
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Ahina
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Sujet: Re: Sortir des limbes du temps [2015 ¤ Sanctuaire] / PV Altia & Damian Lun 30 Sep 2024 - 19:00
Le menton d'Ahina s'effondre contre sa poitrine en même temps que les paroles d'Altia percutent son coeur. Non. Elle ne comprend pas. A moins qu'elle ne veuille pas comprendre. Car... comprendre c'est se rendre à l'évidence. C'est accepter la réalité. C'est mettre une vérité sur une image qui restait floue jusqu'alors. Comprendre... c'est entendre qu'il est sur le départ et savoir que quoi qu'elle dise, quoi qu'elle fasse, elle ne pourra rien y changer. Parce qu'elle le connait. Elle le connait si bien... trop bien.
Alors elle ne dit pas un mot.
Son épaisse frange chute sur ses paupières closes, devenues bien trop lourdes à porter. Le rideau se baisse sur ses sentiments, occulte la faible lumière qui persistait encore difficilement jusqu'à maintenant et depuis qu'elle est sortie de la distorsion, seule face à elle-même durant tant de lunes.
Il va l'abandonner.
Elle peut se leurrer autant qu'elle veut. Elle peut tenter de se convaincre qu'un évènement va venir bouleverser sa décision. Elle peut se bercer de toutes les douces illusions à sa disposition. Il va l'abandonner.
Alors elle ne dit pas un mot.
Milan l'a abandonnée. Orion l'a abandonnée. Même Hevruka... l'a abandonnée et de la pire des manières. Car si certains ont choisi de fuir comme le fait Altia, quel que soit le terme qu'ils aient employé pour qualifier leur départ à ce moment là, Hevruka... lui... a choisi le suicide.
Depuis quand... les Chevaliers de l'Espoir sont ils devenus ceux du Désespoir... Depuis quand... un serment n'a t'il plus aucune valeur... Depuis quand... ne s'aperçoit elle plus du moment où le poids devient trop lourd à porter...
Alors elle ne dit pas un mot.
Sa gorge se noue douloureusement lorsqu'il lui assène un ultime coup de poignard. Elle ne relève pas le visage, ne regarde pas ce qu'il attend d'elle. Ne veut pas voir cette absence de lueur dans son regard.
Depuis quand... es-tu devenu aussi cruel envers toi-même... Altia. Depuis quand... es-tu devenu aussi cruel envers elle... Altia.
Il s'éloigne. L'adieu résonne sur le parvis du temple d'Athéna comme une sinistre mélopée. Un éloge funèbre auquel un "Adieux" aurait mieux convenu qu'un "Au revoir". En a t'il conscience... l'a t'il fait exprès...
Son aura s'amenuise. Non par la distance qu'il met entre eux, mais parce qu'il le désire. Parce que telle est sa volonté. Il se coupe de tout. Choisit de se couper de tous. Il la renie. Il renie son rôle. Il renie toute forme d'espoir, quelle qu'elle soit.
« Altia… »
Sa voix est aussi audible qu'un murmure étouffé par le vent alors que, déjà, il a complètement disparu. Ahina se tourne vers la statue qui la représente bien mal à cet instant. Forte, grande, imperturbable, inaltérable, inébranlable...
« Lorsque tu auras franchi l'épreuve de l'orgueil... et que tu sombreras dans la culpabilité et la honte... Je serai là. »
Ces mots s'envolent et se perdent dans les hauteurs d'une nuit sans lune. Une nuit aussi obscure que l'est cet instant. Une nuit qui ne les portera pas jusqu'à lui. Car il n'est pas prêt à les entendre. Il a brisé son serment. Il a brisé ses serments. Il a promis de protéger l'humanité coûte que coûte lorsqu'il a obtenu l'armure de la Balance. Puis il a réitéré son serment lors de sa nomination en tant que Grand Pope. Et s'il vient de les fouler du pied, Ahina ne brisera pas le sien.
Face à sa statue, le visage aussi fermé qu'il peut l'être, Ahina pose doucement ses paumes contre le marbre séculaire, avant que son front ne le rejoigne à son tour. Peut-être est-il temps de briser l'ordre. Peut-être... la chevalerie d'Athéna est elle vouée à s'arrêter aujourd'hui. Trop d'âmes brisées. Trop de souffrances. Trop de coeurs et de corps meurtris par les combats, par l'adversité.
« Je suis... Athéna... »
Son cosmos d'or se met à irradier tout autour d'elle. La distorsion temporelle est encore bien en place, pour l'heure... elle ne risque rien. Pas encore du moins.
« Je suis… la Protectrice de la Terre... »
Sa voix se fait plus forte, plus tonnante, alors que son aura se dégage avec une soudaine violence. Tel le seul phare d'une nuit sans étoiles. Telle la seule chandelle d'une habitation plongée dans le noir. La tempête se lève sur le parvis du temple d'Athéna.
«
Je reprendrai la Terre des mains d'Hadès...
»
Les bourrasques soufflent en rafale sans discontinuer. L'atmosphère est étouffante, pesante, aussi sûrement que le sont l'âme et le coeur de la Divinité des Hommes.
«
Je ne faillirai pas… j'en fais le serment.
»
Peut-être... est-il temps qu'elle poursuive ce combat seule. Peut-être... est-il temps qu'elle reprenne ce fardeau sur ses seules épaules.
Damian
Chevalier d'or des Gémeaux
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Sujet: Re: Sortir des limbes du temps [2015 ¤ Sanctuaire] / PV Altia & Damian Mar 1 Oct 2024 - 12:22
Le corps est assis contre un mur, à la lueur vacillante d'une flamme. Ce n'est pas s'endormir. Ce n'est pas perdre pieds. Il connaît ses sensations. Il les a expérimenté. Par la mort. Par l'illusion. Par l'aventure. Par les étoiles. Les transes et les errances psychiques. La perte des sens et du contact avec le réel. L'idée même que tout vous quitte. Tout ceci il connaît. Mais cela n'a rien à voir. Juste … des paupières qui se ferment lorsque le temps est venu. Et rien. Rien. Ce n'est rien. Rien. Absolument rien ! À part ce silence. Assourdissant. Un silence qui domine la vallée. Un silence qui domine le Sanctuaire, antique vigie de cette planète et de cette humanité. Il ne voulait pas être debout quand cela devait arrivé. Son Temple avait été scellé par une légère distorsion – qui s'est brisée naturellement lorsque l'astuce mise en place par les Anciens Temporels s'est réalisée. Il voulait simplement cette solitude. Contempler son propre échec, sa propre incapacité à réaliser cette partie d'échec. Il a senti des regards sur lui. Il a entendu les murmures. Qui n'ont jamais touché sa sensibilité, son orgueil.
L'homme qui ne réagi pas. L'homme trop stoïque. L'homme qui accepte, sans se débattre. L'homme qui ne hurle pas. Qui ne cri pas. Qui ne frappe pas du poing sur la table. Qui ne vocifère pas.
L'homme sans passion. L'homme d'un temps révolu.
L'homme qui joue son rôle. Et l'homme qui doit se relever. Qui le fait, d'ailleurs. Alors que sur son corps ne repose aucune armure. Au niveau de sa main gauche, des bandages qui couvrent la totalité de sa peau. Sa main droite, elle, sans aucun artifice, vient récupérer le lourd manteau sombre qui est posé sur le sol. Le mettre sur ses épaules. Quitter la pièce. Flamme vacillante qui éclaire la contemplation de Damian.
Une salle ravagée. Brisée. Comme si le bois qui composait les meubles s'était écrasé sur lui-même. Comme si la la pierre s'était elle-même fissurée, sans un poids autre que celui de l'air lui-même. Un froid. Qui s'est appliqué dans les recoins et les angles, cherchant à figé les ombres elles-mêmes. Le Chevalier des Gémeaux ne regarde pas. Il ne contemple plus. Oui. Il a cherché le silence de la solitude. Mais, peu avant ce phénomène divin, ce n'était pas le silence qui résonnait dans les salles les plus isolées de son Temple. L'expression d'une colère froide, mortifère, qui a animé chaque aspect de son énergie cosmique.
Il ne hurle pas ? Oui, définitivement. Il ne montre aucun signe de rage ? Oui, absolument. Il ne semble pas se perdre dans la passion ? Oui, sans doute.
Mais Elle existe. Sa colère. Aussi sûrement que le Vide existe entre les Étoiles.
Il a ainsi ressenti cette Colère. Froide. Qui ne s'exprime que par les mots, souvent. Par ceux qui touchent. Ceux qui blessent. Ceux qui tranchent. Parfois, l'air devient plus froid. Palpable. Nourri par une chose maudite, rampant sous sa peau. Et, dans de rares fois. L'abysse avale. Le Vide entre les étoiles. Il n'a pas besoin de hurler. Il n'a pas besoin de montrer sa rage. Tout cela est comme le Vide. Silencieux. Mais définitif. Surtout lorsque cela a été nourri par une haine. Sa propre haine de cet échec contemplé. Cette incapacité à voir le mouvement. Et surtout.
Cette incapacité à pouvoir Les Servir. Cette incapacité à pouvoir Les Conseiller. La Déesse et son Représentant. L'incapacité à pouvoir porter Ta Flamme …
Il n'y a pas pire Fléau que celui de contempler l'impossibilité. Il n'y a pas pire Fléau que comprendre l'incapacité. Il n'y a pas pire Fléau … Et, pour un homme tel que lui, le froid du Cocyte est un châtiment bien doux à côté de cela.
Mais tout cela s'est caché à nouveaux dans les profondeurs de cet océan, calme. La seule vibration qui anime son cosmos est cette même sensation qui l'a toujours accompagné. une forme de stoïcisme qui s'inscrit sur son visage.
Le Chevalier des Gémeaux finit par atteindre une terrasse isolée de son domaine. Les yeux qui se lèvent vers le ciel nocturne. Ses paupières se ferment. Un instant. Le chant stellaire. Ce lien naturel qu'il a ressenti, depuis l'enfance. Accentué par Cette rencontre … Qu'êtes vous devenue … ? Puis, l'enseignement de son Maître lorsqu'il est devenu l'Autel. Un soupir. Son regard qui se pose maintenant sur les outils d'observations et ses notes sur le mouvement stellaire. Il faudra revoir tout cela. Car le ciel est différent. Le chant est différent. Athéna n'avait pas menti. Les choses doivent être différentes, à l'extérieur de cette enclave naturelle. Mais à quel point … ? Il faudra agir. Réagir. Ressentir. S'adapter. Il l'a déjà fait. Il peut continuer. Il continuera.
C'est son devoir. Son serment.
Une sensation cristalline. Douce. Le borgne tourne les yeux en direction des hauteurs du Sanctuaire. La Sage Guerrière est éveillée … Et dans l'air ambiant … Le silence est trop intense. Le silence est trop présent. Par son lien spirituel avec la Déesse, le Représentant doit être éveillé … Mais dans le Cercle d'Or, il semble qu'il fasse parti des premiers. Un mouvement de main. Il laisse le manteau tomber sur le sol. Alors que son armure d'or vibre depuis le cœur du Temple. La forme dorée apparaît face à lui pour que chaque morceau se disloquent. Viennent sur son corps. Seul le heaume ne vient pas recouvrir sa tignasse, le glissant sous son bras. Un pas. Puis un autre. Pour rejoindre par un sentier dissimulé les marches du Sanctuaire. Il avance. Dans ce silence.
En plusieurs siècles, le Sanctuaire a bien changé. Et le visage de cette vigie séculaire n'a pas changé en quelques secondes – quelques minutes, peut-être, depuis le phénomène. Mais, par la nature même de cette manifestation ésotérique, le silence est différent. Plus pesant. Vide. Tout est vide. L'érosion de la roche, le sifflement du vent entre les reliefs. Certains artistes trouveraient sans doute cela magnifique. Lui … ? Il s'arrête. Un instant. Observe derrière lui. Les premières Maisons et le domaine qui accueille les rangs inférieurs de l'Armée. Lui, cela lui rappelle juste qu'il a vu le Sanctuaire par le passé. Qu'il était différent. Qu'il était plus vivant. Ce temps n'est pas le sien. Mais il s'y est adapté. Ce nouveau temps … ne sera toujours pas le sien. Mais il s'y adaptera. Qu'importe la distance temporelle réelle qu'ils ont parcouru en l'espace de quelques secondes. Il apprendra. Il comprendra. Il s'adaptera.
Pour Elle. Pour Eux.
Il avance, donc. Traverse chaque Maison qui le sépare des plus hauts domaines. Une pensée, une question. Sur les réactions de ses pairs. Sur ce sentiment qui va les posséder, alors qu'ils ont partagé ces mêmes courtes secondes … mais que le monde avance, sans eux. Car la course des étoiles continue. Ainsi l'ont décrété les Primordiaux, les Titans et les Dieux après eux. Le Silence de la dernière Maison l'accueille. Mais il finit par traverser ce domaine, là aussi. Ces marches. Chacune de ces marches. Combien de corps ont-elles supportées depuis l'élévation de cet endroit ? Une question à laquelle il ne pense finalement pas … Elles sont là. Elles existent. Et il foule chacune d'entre elles. Alors qu'une silhouette fait de même. Dans l'autre sens …
L'homme à l'armure des Gémeaux – décorée d'une cape portée à l'épaule, qui recouvre la partie droite de son corps – observe cette silhouette. La tignasse rousse. Cette tenue. Il s'arrête. Un instant. Incline respectueusement le buste. « Excellen... » Il s'arrête dans son mot, alors que son regard s'est levé pour croiser le sien … Son corps se redresse. Suit des yeux le mouvement de cet homme qui descend. Cette absence d'éclat … Cette absence de sensation, à travers ce corps, qui a traversé les dernières Guerres Saintes. Cette flamme … elle n'est plus là … Et cette posture, cette attitude. Ce mouvement.
Il n'a pas besoin de savoir les mots prononcés, pour comprendre. Et il sait qu'il ne pourra rien dire pour l'arrêter. Il le regarde descendre. Une à une. Ces marches. Combien de personnes ont foulé ces marches pour le rencontrer, lui ? De nombreux visages sont passés devant les yeux de cet homme, de ce chef de guerre. Des alliés. Des ennemis. Des êtres qui tentaient de tourner en ridicule le protocole. D'autres qui avaient confiance. Des dieux et des humains. Des salauds et des loyaux. Des criminels et des paladins. Son regard a vu le monde, depuis les plus bas rang de la hiérarchie, jusqu'au plus élevé. Et ce regard est vide. Et ne voudra rien entendre.
Alors, le Stratège ne prononce aucun mot. Mais sa main attrape cette épaule. Pour le regarder. Ses yeux dans les siens. La seule lueur de son regard. Une chose. Une chose. Un serment ne se foule pas. Un serment ne se brise pas. Un serment ne s'ignore pas. Un serment … est un lien inviolable. Il pourrait jouer le rôle' de celui qui vient des temps anciens. Rappeler cette importance. Il a déjà lancé ces mots. À d'autres. Il pourrait sentir sa propre colère. Mais pas là. Cette fois. Il ne fait que regarder ces yeux. Cet homme. Qui ne semble plus rien ressentir à part l'abysse dans lequel il est plongé ? Comment l'aider … si lui-même ne tend pas une ultime fois la main vers la surface ? Il le lâche. Ne dit rien. Et avance. Ne se retourne pas. Là. Il ne dit rien. Alors qu'il s'enfonce dans ce temple qui n'a plus de raison d'être. Celui du Grand Pope.
Le Chevalier des Gémeaux le sait. Même dans le vide, une étoile peut briller. Mais souhaitez vous voir cette étoile ... ?
Elle, La Déesse. Elle est en capacité, en droit, de le détester et de l'aimer à la fois. De le vilipender et de l'injurier. De l'étreindre et de le protéger. Mais lui … ? Non. Car il n'a ni la force, ni les mots … De détester ou d'aimer un homme qui refuse. Qui se laisse sombrer. Car il n'a ni la force, ni les mots … De détester ou d'aimer l'esprit d'un homme qui n'est plus rien. Dont le monde intérieur n'est plus qu'un champ de débris et de ruines. Un homme qui doit se reconstruire. Là. Oui. Il pourra.
Mais qu'il n'oublie jamais. Qu'une décision donne naissance, inévitablement, à un sentier. Et qu'à travers celui-ci, ce sont les conséquences de son choix qui lui feront face.
C'est là un droit de l'être humain … « Le droit pour lequel nous nous sommes battus … Le droit pour lequel nous avons sacrifié nos âmes. N'oubliez pas ... que c'est ce serment que vous avez brisé ... » Sa voix résonne. Alors qu'il traverse ce temple. Le domaine d'un être qui n'est plus présent. D'un rôle. D'une mission. D'un objectif. Elle. Il traverse et ne se retourne pas. Mais il ferme les yeux. Respecte les prédécesseurs d'Altia Verana. Dont il se souvient de chaque nom, pour les avoir appris. Avant et dans un passé plus lointain. Aéropos. Une pensée. Pour lui. Il ne veut pas s'arrêter. Il le fera, plus tard. Il se recueillera. À ses côtés. Plus tard. Car là il sait. Qu'Elle a besoin de lui. C'est pour cela que son pas est plus rapide. Car il ressent déjà. Cette solitude. Cette sensation. Ce n'est pas encore un tourment. Mais un prélude.
Le Troyen arrive alors sur ce parvis. Il observe. Cette silhouette qui fait face à cette statue. Un frisson traverse son échine. Alors que le tourment semble avoir débuté. Une force. Une pression. Son regard se pose sur son armure. Qui vibre. Légèrement. Comme si elle résonnait avec le tourment de sa Déesse. Un lien irrévocable. Entre les Constellations tutélaires et la Déesse qui a imaginé cette façon d'en extraire et d'en exploiter le pouvoir. Il plisse ses yeux. Car l'Or domine. L'Or Divin. Il se souvient. Un instant. De cette impression horrible alors qu'il faisait face au Coeur de l'Univers. Et il avance. Un pas. Il sait qu'elle ne le blessera pas. Mais il sait qu'avancer ne sera pas si simple. Que son corps devra faire cet effort. Supplémentaire. Pour approcher.
« Je suis… la Protectrice de la Terre... »
Les mots résonnent. Et il avance. Alors que ce qui déchirait son cœur commence à tordre l'environnement. Faisant tournoyer l'air et imposant sa puissance, son intensité, à travers chaque respiration et chaque mouvement. Son pas continue. Il aimerait être plus rapide. Mais même son armure ne peut le protéger de cette intensité. Alors. Il avance, seulement. Vers Elle. Vers l'origine de cette tempête. L’œil du cyclone. Qu'il fixe.
«
Je reprendrai la Terre des mains d'Hadès...
»
Sa voix plus forte vrille dans ses tympans. La musique puissante, tonitruante, résonne à travers son armure. Son pas ne recule pas, pourtant. Alors que l'atmosphère se plie contre son corps, sans pour autant le blesser. Une masse d'eau. Qui n'entraîne aucune asphyxie. Mais une masse d'eau, naturellement puissante. Imposante. Dont la pression ne faibli pas. Et ne peut faiblir. Car c'est là une divinité. Une chose que certains oublient. Car Elle a un visage. Car Elle a un sourire. Car Elle a un cœur, pour les mortels. Car Elle a le pardon. Mais Elle est la Guerre. La Sagesse. La Stratégie. La Lance et l'Égide.
Alors, non. Il n'y a rien de simple à avancer. Ni à écouter. Ni à ressentir. Mais il le fait. Pour finalement être une ombre. Un sans visage. Qui écoute. Sans abandonner. Qui accepte. Cette intensité. Qui la reconnaît.
«
Je ne faillirai pas… j'en fais le serment.
»
Et être cette ombre. Qui est maintenant face à elle. Un genou au sol. Il a avancé. Jusqu'à elle. A été cette ombre bougeant dans la tourmente. Car il savait que son cosmos aurait pu réagir violemment, s'il avait utilisé ses propres arcanes. Il a avancé, jusqu'à elle. Pour lui faire face. Pour poser le genou au sol. Pas par épuisement. Mais car Elle est la Déesse. Il ne sait pas, si Elle le voit, tant sa tourmente semble porter son esprit. Mais sa voix résonne. Avec cet accent particulier. Celui de l'antique Troie et de l'Asie Mineure. Celui qui accompagne les mots d'un temps révolu – vérité bien plus juste maintenant.
« Vous ne serez pas seule … Dame Athéna … »
Le visage est baissé. Dans cette attitude respectueuse. Son regard est fermé. Dans cette introspection. Car elle est au centre de tout. Et il est là. Et lève les yeux dans sa direction. Pour regarder la Déesse aux yeux de pers. Il est là. Pauvre Champion d'une ère révolue. Il pourrait prononcer d'autres mots. Il prononcera d'autres mots. Car son serment n'a pas encore été renouvelé. Mais il le fera. En temps et en heure. Là. Sa voix se tait. Car les mots suffisent à eux-mêmes. Pour dire que c'est pour Elle qu'il est là. Que ce tourment ne soit pas vécu par son cœur seul – puisse-t-elle avoir la force nécessaire de le faire. Elle n'est pas faible. Elle ne s'écroule pas.
Mais qu'elle n'oublie pas. Que les étoiles continuent de briller. C'est là un phénomène naturel. C'est là un phénomène qui l'a toujours guidé, lui.
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Si vis pacem ... Para bellum ...
Altia Verana
Grand Pope
Rôle : Grand Pope et représentant terrestre d'Athéna
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Sujet: Re: Sortir des limbes du temps [2015 ¤ Sanctuaire] / PV Altia & Damian Sam 19 Oct 2024 - 17:00
Cela ne lui prit pas longtemps pour finalement sortir du Temple d'Athéna, puis du Temple réservé au Grand Pope, lui qui ne méritait plus ce titre. En quelques minutes, le voilà de retour sur les marches des Douze Temples qu'il commence à descendre.
Sur ces marches, qu'il descendit tranquillement, presque soulagé de n'avoir enfin plus à porter le poids du monde sur ses épaules, il le vu. Lui, qu'Ahina sentait déjà commencer à s'éveiller, vient finalement la rencontrer après être sorti de la distorsion à son tour. Il ne prit qu'un coup d'oeil à Damian pour comprendre ce qu'il se passait. Un seul coup d'oeil au regard du rouquin. Altia ne comptait pas s'arrêter pour lui, le fait qu'il s'arrête même dans sa salutation en disait assez long, et il n'avait pas besoin de s'étendre à son tour.
Ses pas résonnèrent donc sur le marbre des marches, petit à petit se rapprochant de la position de Damian, puis se retrouvant finalement face à lui. Le Gémeaux ne dit pas un mot, posant seulement une main, qu'il veut probablement réconfortante, sur l'épaule du Saint. Ses mèches rousses cachant ses yeux, Altia retira la main de Damian après seulement quelques secondes. Peut-être que lui, en tant que guerrier, comprit ce que traverse le rouquin. Lui qui est le plus proche de sa position. Mais Altia n'a pas envie, pas maintenant, d'essayer de comprendre les sentiments des autres. Il est trop fatigué et amer pour cela.
Après avoir retiré la main de son épaule, Altia continua calmement son chemin. Il descendit une première marche, dépassant Damian, puis une seconde, avant de lui glisser quelques mots.
Je te confie Ahina, Damian.
Chuchota-t-il presque, tout en continuant son chemin vers le contrebas du Sanctuaire. C'était une nouvelle période de sa vie qui s'ouvrait. Une période dont il ne sait absolument pas de quoi elle sera fait.
Autre part
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Spoiler:
Ahina
Déesse de la sagesse et de la guerre
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Sujet: Re: Sortir des limbes du temps [2015 ¤ Sanctuaire] / PV Altia & Damian Lun 21 Oct 2024 - 0:15
Les paumes et le front plaqués contre la statue qui la représente, le regard d'Ahina fixe le sol de marbre qui s'étend sous ses pieds sans réellement le voir, sans réellement avoir conscience de sa présence. Ce qui n'est pas le cas de la personne qui vient d'apparaître sur le parvis du temple.
Damian.
Damian... qui a vécu tant d'années, tant de siècles. Damian... qui a vu tant d'atrocités, tant d'horreurs, tant de guerres. Damian... qui s'est tant battu à ses côtés, à différentes époques, sous différentes latitudes. Damian... un seul homme pour tant de vies vécues. Damian... le genoux en terre et la tête basse, qui prononce des mots qui percutent son coeur de plein fouet.
Il sera là. Il a toujours été là. Du moins... tant qu'il le pouvait.
« Damian… »
L'atmosphère qui régnait jusqu'alors sur le parvis change drastiquement. De tempétueux, elle passe à un calme surréel. Le vent retombe comme s'il ne s'était jamais levé. Plus un bruit, plus un son. Tout semble soudainement s'effacer, comme si un voile léthargique impénétrable venait d'étendre son joug sur le Sanctuaire Sacré.
L'aura de la Divinité faiblit mais ne s'éteint pas. Une pâle lueur d'or irradie encore le long du pourtour de sa silhouette, alors qu'elle se tourne lentement dans la direction de son Chevalier d'Or des Gémeaux.
Elle est droite, digne, comme si rien ne pouvait la faire plier. Comme si rien n'était en mesure de lui faire baisser la tête. Et pourtant... lorsqu'elle se retrouve enfin face à lui, une ombre sinistre plane sur son visage, la couvrant à demi d'une épaisse obscurité. Et si on ne perçoit pas son regard, à demi étouffé par l'épaisse frange de cheveux clairs qui le recouvre, les larmes de sang que verse la Divinité sont, quant à elles, bien perceptibles.
Seuls quelques Chevaliers savent ce qu'elles signifient. Et ils sont encore moins nombreux à en avoir fait l'expérience, ce qui est une bonne chose. Mais Damian lui... sait. Car Damian... en a déjà versé.
Les larmes de sang. Ces larmes contre nature qui sont le symbole de la tourmente de l'âme. Des larmes que l'on ne peut verser que lorsque son âme a été profondément affectée, tourmentée, blessée, meurtrie.
Elle ne les lui cache pas. Elle ne lui cachera plus rien. Car en cette heure... en ces lieux... à ce moment précis...
« Damian, Chevalier d'Or des Gémeaux. »
Sa voix résonne puissamment dans le silence pesant qui s'est installé sur le parvis.
« Acceptes-tu la charge de Grand-Pope du Sanctuaire Sacré le temps que durera l'absence d'Altia. Acceptes-tu de devenir mon coeur et ma voix auprès des hommes de ce monde. Acceptes-tu d'incarner le rôle du chef des armées du Sanctuaire et de les guider. Acceptes-tu de plonger à mes côtés dans les méandres de la corruption d'Hadès afin de purifier le monde de son emprise. »
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Sortir des limbes du temps [2015 ¤ Sanctuaire] / PV Altia & Damian
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