[Quête personnelle fb] La vengeance est un plat qui se mange froid (5)

Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis que Ryûichi avait été recueilli par ses pairs près de Hiroshima. Les premiers instants il était interdit de bouger afin que les soins prodigués soient plus efficaces. Les villageois avaient peu de moyens mais leurs plantes marchaient du feu de dieu. La nourriture locale aida beaucoup à requinquer le jeune homme qui put se lever au bout d'une semaine. Quelques jours plus tard Ryû sortit du cabanon et laissa le soleil caresser sa peau ébène pour la première fois depuis longtemps. Il ne lui restait plus que des bandages au niveau des coudes et autour de la paroi abdominale. Une énorme cicatrice trônait sur son sternum et dans son dos, trace du dernier coup terrible qu'il avait reçu.

Haaaaaa... C'est agréable je revis.

Plissant les yeux il s'étira comme un chat et observa les environs. Se relayant tour à tour les anciens maintenaient la barrière entre le village et l'extérieur. C'était impressionnant à quel point les pouvoirs de son clan pouvaient être pratiques. Tournant la tête il vit au centre du village quelques jeunes en train de s'entraîner. Cela faisait un moment qu'il ne l'avait pas fait mais sa santé l'en empêchait. Pourquoi ne pas voir ce que la jeunesse akposso savait faire ?
D'un pas assuré Ryû alla à leur rencontre et put voir qu'on l'observait avec un mélange de curiosité et de méfiance.

Hé les jeunes ça va ? On s'entraîne à la lutte ? Moi c'est Ry... Nathan et vous ?
Je m'appelle Efo.
Et moi Kokou.
Enchanté. Je peux me joindre à vous ?
...

Le manque de réponse surpris Ryû qui s'attendait à un accueil chaleureux.

Ils ont du mal avec ce qui vient de l'extérieur du village. Comprends-les la vie n'est pas facile pour eux.

La voix chevrotante de sa tante l'interpella. Celle-ci paraissait plus voûtée que d'habitude. Elle n'avait pas l'air de lui en vouloir pour le vol de la réserve de sodabi, du moins pour le moment.

Tantine je vois que tu es toujours là.
Et pour longtemps j'espère. Je vois que tes blessures sont guéries c'est bien. Suis-moi il faut que nous discutons.

Ryû salua ses "neveux" et suivit sa tante dans sa case. Il s'assit sur le sol en soufflant tandis qu'elle se posa sur son lit.

Tu as bien souffert mon petit. Rudol n'y est pas allé de main morte.
Comment as-tu su qu'il était responsable ? Saurais tu des choses que j'ignore ?

La vieille femme soupira et exorta son neveu de sang à la rejoindre.

Ce gamin est le descendant de ceux qui nous ont emmené dans ce pays. Au début, bien que Blanc et esclavagiste il a grandi avec nous et nous avons même passé de bons moments avec lui. Malheureusement en grandissant les mauvaises pensées de sa famille ont gangrené sa tête. Il est devenu vil et mesquin envers nous ses amis d'enfance, il a joué beaucoup de mauvais tours aux habitants. Spécialement à ton père qu'il détestait car il avait les faveurs de ma sœur ta mère mais il se faisait toujours rosser. Trois ans après ta naissance il est venu tout confiant défier ton père et a disparu de la région après l'avoir battu.

Elle prit une pause et reprit son récit.

J'ai assisté en cachette à l'affrontement et ce n'en était pas un. Ton père ne pouvait rien faire contre Rudol car ce dernier avait obtenu un pouvoir divin. Celui qui a du te mettre dans cet état. Et pourtant Kouachi n'était pas un amateur.
Alors que faire ? Attendre qu'il me retrouve et serrer les dents ?

Adjo regarda son neveu et vit qu'il était sans solution. Il était peut-être temps de lui révéler ce qu'elle savait.

La malédiction posée sur lui était puissante mais les gens de son peuple avaient finalement réussi à la dissiper. Ryûichi n'avait plus que quelques blessures à résorber seulement le temps lui faisait défaut. Sa tante lui avait dit de prendre du repos mais comment rester calme et serein quand une menace comme ce bâtard de Batave rôdait ?
Encore bandé sur plusieurs endroits du corps le jeune homme sorti de sa masure pour jeter un oeil sur les habitants du village. Beaucoup avaient terriblement vieilli en peu de temps, les plus anciens étaient morts pour la plupart les autres devenaient séniles. Même les jeunes devaient avoir à peu près son âge désormais. C'était sur eux en train de lutter que Ryû posa son regard cola. Leur technique laissait à désirer mais leur faculté a se servir aussi aisément de leur fragment de pouvoir l'impressionnait.

Oncle que regardes tu comme ça ?
Rien de spécial. Juste vos mouvements.
Au lieu de regarder viens donc participer. Nous avons hâte d'apprendre auprès d'un aîné tel que toi.
Une démonstration hein ? D'accord. Mais il ne faudra pas pleurer quand vous serez les fesses par terre.

Ryû restait confiant : même convalescent il n'aurait aucun mal à mater ces jeunes fougueux. Tandis qu'il s'étirait doucement il fut surpris de voir que les quatre jeunes en face restaient stoïques, le regard vide et le corps totalement détendu. Était-ce une façon de se préparer à la lutte ? Il allait leur montrer qu'on ne plaisantait pas lors d'un combat.

Vous êtes prêts ? C'est parti !

D'un claquement de doigts Ryû avait disparu sous le regard médusé de la jeunesse.

Oh ça, où est-il passé ? Peut-être ici ?

Efo tendit son poing gauche sur le côté et frappa son ainé de plein fouet à la mâchoire.

Qu...?
Trouvé oncle Nathan.

Encore choqué par ce qu'il venait d'arriver Ryû se redressa et sourit à son neveu.

Je vois je vois... C'était juste une coïncidence. Mais la prochaine fois tss tss tss... dit-il en secouant de la gauche vers la droite son index en guise d'avertissement. De nouveau à grande vitesse il s'élança vers un Efo stoïque comme précédemment.

Ce coup-là sera le dernier !

Ryû arqua son bras dominant prêt à frapper...et se prit un direct en plein visage juste sur le nez. Accroupi par terre il se tenait le pif en gémissant de douleur alors que Efo sourit.

Encore une coïncidence ?
Espèce de petit...

Comment est-ce qu'il pouvait être plus rapide que lui ? Ce n'était qu'une bande de gamins en face.

Ça vous amuse de vous foutre de ma gu*ule ?
Pas du tout mon oncle. Seulement nous espérions en apprendre plus de toi.
D'accord d'accord. Je vous ai sous-estimé en ne vous prenant que pour des jeunots. Désormais j'y vais sans retenue.

Quelques instants de silence le temps qu'il se remette sur pieds et Ryû répartit à l'attaque. Plus fort et plus vif cette fois aucune chance que son neveu ne le prenne par surprise. Pourtant celui-ci esquiva d'un pas en arrière tous les coups assénes envers lui. Après un coup de pied sauté de nouveau évité le Spectre reçu une contre-attaque dans le dos le faisant voler. S'agrippant à un tronc d'arbre il revint à la charge, son 46 fillette rencontrant l'avant-bras d'Efo. Ce dernier lui attrapa la cheville de sa main libre et le projeta violemment au sol.

Je suis déçu oncle. Es-tu vraiment le fils du grand guerrier Kouachi ?

Se redressant difficilement Ryû sentait la colère monter en lui.

Ne te la joue pas trop gamin. T'étais encore dans les co*illes de ton père que je combattais des adversaires bien plus terribles que tu ne peux l'imaginer.
Et ils t'ont tous aussi facilement vaincus ?
Petit merdeux... Je vais te remettre à ta place !

Ryû s'élança la rage au ventre mais aucun coup qu'il portait ne trouvait de cible.

Avec un tel état d'esprit même le plus jeune enfant de nôtre peuple pourrait te battre les yeux bandés oncle. La haine et la colère t'aveuglent et embrument ton âme. Sans sérénité tu ne pourras jamais exploiter ton potentiel.
Nani ?

D'un mouvement agile Efo s'était éloigné et tournait le dos à son aîné.

Tu dois être calme comme le ciel et rapide comme la foudre. Ainsi toi qui nous surpasse allègrement en force, vitesse et technique devrait atteindre des sommets inégalés. Ressentir le moindre mouvement d'air deviendra un jeu d'enfant pour toi.
Calme comme le ciel et rapide comme la foudre...
D'ailleurs tu t'es gratté la joue avec ton index gauche.
Qu... Comment as-tu...?
Si tu le souhaites nous pouvons t'aider mais il va falloir reprendre ton entraînement depuis le tout début.
Efo... Bien montrez-moi la voie les jeunes !

Kouachi fit quelques mouvements afin de voir comment le corps de son fils réagissait et pour son grand bonheur le résultat fût meilleur que ce qu'il espérait.

Et bien mon salaud tu t'es taillé un corps parfait pour le combat. Tu es sans doute plus fort qu'à ma prime jeunesse, c'est dire.

D'un geste ample du bras une vague d'air fondit à côté de Ryûichi, le vent entaillant sa peau en décomposition et laissa s'échapper une âcre fumée noire.

Avec ta force et mon expérience personne ne saura m'arrêter. Je suis enclin à te laisser moisir ici vu nôtre lien du sang mais si tu t'interposes je serais sans pitié.

Lien du sang ? Quel lien du sang ? Ryû voulait lui hurler tout ce qu'il ressentait mais aucun son ne sortait de sa bouche, pas même l'air exalté. Après tout son père était censé être mort depuis des années. En guise de réponse le guerrier ébène leva les bras pour se mettre en garde.

J'ai pourtant été généreux avec mon offre. Tant pis pour toi.

La seconde d'après le poing du vétéran akposso se retrouva devant son nez. Ryû eut juste le temps de croiser les bras devant son visage pour parer l'attaque qui le fit reculer sur plusieurs mètres. Quelle vitesse, son corps était capable de bouger si rapidement ? Ou bien était-ce son corps d'emprunt qui se trouvait trop lent pour réagir ? En tout cas la suite se déroula à sens unique : son père était beaucoup trop fort avec son nouveau corps. Vitesse, force, technique... Il le dépassait en tous points. Au fur et à mesure le lieutenant d'Hadès sentit un mix de sentiments l'envahir. Un mélange entre dépit et soulagement le travaillait. Peut-être que son salaud de père serait plus à même d'aller affronter Rudol ? Ainsi lui serait libérer des tourments qui le perturbait et la vengeance serait accomplie.

De nouveau mit à terre Ryû parût abdiquer face à l'homme qui avait pris son corps.

Ainsi est-ce ta limite. Je suis déçu. Tu n'as donc rien retenu ni appris ?

À ces mots le jeune homme sentit comme un pincement au cœur : non il ne pouvait abandonner maintenant. Du monde attendait son retour triomphal au Mekai et il comptait bien honorer ses engagements. Les Époux lui avait interdit d'échouer dans sa quête, son âme sœur désirait ardemment son retour et surtout le désirait lui. Il ne pouvait rester pourrir dans ce caveau sans avoir fait découvrir à Hyujae des plaisirs inavouables. Mû par ses pensées obscènes Ryû se redressa une nouvelle fois. Son salaud de père était peut-être devenu très fort en possédant son corps mais, même abîmé par le temps les drogues et l'alcool, celui-ci restait encore en forme.

C'est bien voilà l'esprit anilè.

Le jeune guerrier d'Hadès se remémora les épreuves qu'il avait dû traverser dans la caverne afin d'arriver ici, des épreuves étrangement basés sur ses capacités propres. Des situations pour comprendre que ce n'est pas uniquement le corps qui compte en matière d'énergie cosmique et qu'il y'a l'esprit aussi. Conscient de cela Ryû se concentra et embrasa son cosmos. Avec ceci la lutte allait s'équilibrer ce qui ravi son adversaire de père.

Hehehe on dirait que je vais devoir m'y mettre sérieusement.

Le combat reprit produisant des gerbes de flammes et des étincelles dans la grotte. Sortant d'un bond en arrière d'un mur de feu Kouachi se frotta la joue marquée par le poing de son fils.

Tu t'en sors bien dis-moi. Cependant je suis attendu à l'extérieur et n'ai plus le temps de m'amuser. Je vais te montrer pourquoi je suis le meilleur guerrier !

Ryû suivait son père afin de ne pas le laisser respirer durant ce combat et le vit armer son bras droit pour lancer un direct. Qu'à cela ne tienne il allait le bloquer et contre-attaquer. Garde solide il attendit le coup qui partit accompagné d'un mouvement suspect. Une vrille ?

Ce genre de protection là ça s'ouvre comme une fleur pour moi !

Le poing droit força la garde et vint le frapper de plein fouet au niveau du cœur. Sous la puissance de l'impact Ryû se retrouva les bras ballants et la bouche ouverte sans émettre le moindre son. Il se demanda ce qu'il se passait, la suite se déroula comme au ralenti. Il vit le gauche arriver en direction du foie mais ne parvint pas à lever la garde. Quelle était cette technique qui l'avait comme paralysé ? Le coup au foie le souleva du sol de quelques centimètres et lui fit baisser le menton, attaque rapidement suivi du uppercut du droit. Hagard le Spectre vit le haut du corps d'emprunt de son père se mouvoir en formant un huit horizontal puis vint la pluie de crochets. Droite, gauche, droite... Chaque coup l'atteignit avec une force et une violence rares, la friction des poings sur l'air embrasant les attaques. C'était cette chaleur que ses ennemis ressentaient ? Cette douleur après chacun de ses coups ? Le dernier crochet le fit chanceler, ses jambes ne le soutenaient plus, le sol se rapprochait puis l'éclair dans ses yeux ralluma sa volonté de vivre.
Prenant appui sur sa jambe gauche Ryû se redressa avec bravoure, une lueur vert émeraude dans le regard. Cette lueur c'était un éveil : l'éveil de la rage.
En un instant son upper jaillit faisant valdinguer son père vers le plafond où il se ressaisi. Sans lui laisser le temps de respirer il enchaîna avec son attaque signature, un torrent de flammes noires fusa avec la ferme intention de réduire son salaud de père en cendres. Et tant pis pour son corps.

Beau regain d'énergie anilè seulement j'ai moi aussi plus d'un tour dans mon sac !

Bien que animées par la rage les pupilles de Ryû s'ouvrirent davantage en grand quand elles virent son père exécuter la même technique de feu. Après tout n'avait-il pas annoncé qu'il maîtrisait totalement son corps ? Les deux énergies cosmiques se heurtèrent avec violence produisant de nombreuses gerbes de flammes sombres. Rapidement l'attaque de Kouachi repoussa celle de son fils.

Je t'avais prévenu mais tu n'en as fais qu'à ta tête. Disparais donc, tué par ton parent comme tu l'as fait il y'a 25 ans !

Les deux attaques énergétiques se trouvaient à portée des mains de Ryû. Il pouvait sentir la chaleur destructrice proche de ses paumes brûlantes mais refusait d'abandonner. Dans son esprit plusieurs moments de sa vie passée se bousculaient, de son parricide jusqu'aux évènements récents l'ayant conduit ici pour affronter de nouveau son destin. Alors que le feu s'apprêtait à le consumer le Bénou réalisa qu'il s'était trop reposé sur ses acquis. Que tout ce qu'il avait appris au village demeurait le plus important. Calme comme le ciel et vif comme la foudre...
L'aura du Spectre prit une couleur bleutée tandis qu'il repoussa les flammes en direction de son père. Sourire en coin il ne chercha pas à se défendre.

Tu en auras mis du temps à comprendre.

Balayé par cette combustion azur Kouachi retomba tête la première en direction du sol, prêt à s'écraser. Seulement il retomba dans les bras de son fils, son corps mû par une volonté propre de le rattraper. À l'instant où ils entrèrent en contact la même lueur dorée que précédemment les engloba, chacun pu récupérer son propre corps. Bien que marqué par sa puissante attaque bleutée Ryû maintenait son père dans ses bras fumants.

Pourquoi ? Pourquoi as-tu fais toute cette mise en scène ?
Parce qu'il le fallait. Dans ton état actuel tu ne peux pas vaincre Rudol. Sans le pouvoir complet de Mawu il reste trop fort pour toi. Cette épreuve t'as permis de mettre ton corps et ton esprit en adéquation avec ce pouvoir, maintenant tu es entier. Te voilà devenu l'héritier de Mawu. Regarde tes flammes.

Ryû ouvrit sa main droite, une flamme désormais bleue dansait dans son creux.

C'est un feu purificateur. Même un dieu n'en sortira pas indemne. *Kof kof* Anilè prends ma main et tu comprendras tout. Le temps me manque dépêche-toi.

Celle-ci tremblait fortement. Est-ce que la dernière heure de son salaud de père était venue ? Ryû la saisi et son esprit se brouilla, comme si on l'emmenait voyager mentalement de force. Allait-il enfin apprendre la vérité ?

Lorsque Ryû rouvrit les yeux il vit qu'il se trouvait à l'extérieur de la grotte. L'endroit ressemblait au village seulement il paraissait bien moins grand. Les masures étaient moins nombreuses aussi. Et cet environnement en noir et blanc...

Qu'est-ce que c'est que ça ?

Des enfants couraient tout droit dans sa direction en riant. Comme si de rien n'était ils passèrent au travers du Spectre qui fut surpris avant de comprendre qu'il n'était qu'une projection astrale. La voix de son père se fit entendre en toile de fond, expliquant que ces enfants là se trouvaient être lui, des amis à lui et Rudol. Le Néerlandais était même son meilleur ami quand ils étaient petits. Ryû les vit repousser une jeune fille qui voulait jouer avec eux et à ses traits il reconnut sa mère. Elle paraissait triste de ne pas pouvoir rester avec les garçons et repartait en pleurant.
Le temps fit un bond en avant propulsant le guerrier d'Hadès une dizaine d'années plus tard. Il put apercevoir le changement d'attitude du Batave envers les habitants du village, en particulier envers son père. Pourquoi tant de haine ? Il compris que le blondinet était amoureux de sa mère mais que ce n'était pas réciproque. D'ailleurs elle était devenue une véritable beauté qui lui coupa le souffle. Quant à son père il avait développé un corps bien bâti, sans doute qu'il commençait à se donner à la tâche de guerrier du village. On sentait bien que les deux se tournaient autour mais la timidité de l'un et le fait qu'une femme ne doive pas faire le premier pas ralentissait les choses. Le bruit d'une gifle fit sursauter Ryû qui se focalisa à nouveau sur les évènements. Rudol venait de s'être fait envoyer paître par sa mère et son visage montrait que ce geste ne lui avait pas du tout plu, tout comme les raclées successives que son père lui avait infligé. Plus tard il vit ses parents sous un cerisier en fleurs se promettre de s'attendre car son père avait décidé de quitter le village pour un temps. Il voulait parfaire sa condition physique et embrasser pleinement ses fonctions de protecteur. Ce ne fut pas la seule chose qu'il embrassa d'ailleurs ce qui fit rougir Ryû.
Le temps passa montrant quelques bribes en accéléré du passé de son père dans l'Empire du milieu tandis que sa mère attendait patiemment son retour tout en devenant la prêtresse du culte de Mawu. En voyant toute l'expérience accumulée par son paternel Ryû comprit à quel point il l'avait ménagé quand il occupait son corps. Combinée à sa puissance cosmique il n'aurait fait qu'une bouchée de lui et peut-être même de pas mal de guerriers des différentes castes. Le jeune homme vit sa naissance et ses trois premières années de vie paisible, la défaite amère de son père contre ce bâtard de Batave puis les cinq suivantes de galère jusqu'au jour où...

Ryû reconnut immédiatement le lieu : c'était leur maison. Lui n'était pas là, parti étudier dès le matin. Son père criait comme d'habitude et sa mère soupirait. Des noms d'oiseaux fusaient puis son père qui quittait la maison. Quelques minutes plus tard la porte s'ouvrit avec fracas laissant apparaître Rudol Von Bernstein tenant son père saucissonné et bâillonné. Celui-ci avait un regard lucide complètement différent du regard que Ryû connaissait. Des menaces envers le village et surtout envers le jeune Nathan firent que sa mère baissa les armes. Sous les yeux impuissants de son père Rudol l'outragea ce qui fit détourner le regard Du jeune homme. Ce n'est que le cri étouffé de sa génitrice qui le ramena à la scène : d'un coup de couteau Rudol l'avait égorgé. C'était ce fils de p*te le coupable ! Sous l'effet de la rage son père réussit à se défaire de ses liens mais éprouvé par l'alcool et la drogue ingurgités toutes ces années il se fit massacrer et laissé pour mort le couteau à la main. Ce fut après ce passage que Ryû rentra et découvrit l'horreur. La suite il la connaissait déjà.

Je suis tellement désolé. Je ne savais pas et j'ai... j'ai...
Ce n'est rien anilè tu ne pouvais pas deviner. Ce qui est fait est fait. Il reste le plus important. Regarde.

Alors que la maison était la proie des flammes Ryû put voir sa mère user de ses dernières forces afin de sceller l'âme de son époux dans son corps. Elle lui implorait d'aider leur fils à l'avenir et qu'elle lui faisait confiance sur la manière de faire avant de rendre son dernier soupir. Le soir même, alors que le jeune Nathan était cloué au lit avec une forte fièvre, sa tante Adjo se lamentait dans la caverne du Souvenir : après tout elle venait de perdre coup sur coup sa sœur et son beau-frère. Cependant ce dernier ne pouvait quitter ce monde sans avoir accompli la dernière volonté de sa femme. Avec l'aide de la future matriarche du clan son père allait rester là, scellé au plus profond de la caverne afin de raconter la vérité à son fils et lui transmettre son savoir.

Tu connais toute l'histoire maintenant. J'ai tellement honte de ne pas avoir été là pour ta mère et toi. J'espère que malgré tout tu me pardonneras.

C'étaient des mots que Ryû avait attendu durant toute son existence. Il sentit les larmes lui monter aux yeux tandis que la poigne de son père se fit moins forte.

Anilè où es-tu ?

C'était sans doute la dernière occasion de l'appeler comme avant alors il fallait absolument la saisir. Enlaçant son père de ses bras Ryû lui répondit avec des trémolos dans la voix.

Je suis là P'pa.
Tu sais anilè, finalement ce n'est pas si mal de mourir dans les bras de son fils...

Faire référence à son parricide finit d'ébranler Ryû. Les larmes coulèrent à torrent tandis que Kouachi s'exprima une ultime fois.

Aoooo Oubouèkolé o ! J'ai tenu ma promesse envers toi. Permets-moi de venir te rejoindre et d'implorer ton pardon pour l'éternité à venir !

Lentement son corps pourrissant se décomposa en particules de lumière et s'envolèrent par une ouverture du toit.

P'pa ! P'pa reviens ! J'ai encore tant à te dire !  P'PAAAA !!!!

Sous l'émotion son énergie cosmique augmenta drastiquement au point d'en faire trembler l'archipel tout entier. Un éboulis de pierre proche du Spectre révéla alors un coffret en bois bien caché. Surpris Ryû s'en approcha et reconnu le travail de finition sur le bois.

Cette boîte... Je croyais qu'il l'avait jeté.

La dernière fois qu'il l'avait vu c'était quelques jours avant que son père ne soit maudit par Rudol. À l'intérieur se trouvait l'ultime héritage de son père : sa tenue de guerrier du village. Il se devait de lui faire honneur désormais et c'était avec plaisir qu'il l'acceptait.
Se débarrassant de ses vêtements abîmés il s'habilla pièce par pièce puis emprunta le même chemin de sortie que feu son paternel. Il se retrouva au rez-de chaussée non loin de l'entrée qu'il se dépêcha de franchir. À l'extérieur les villageois attendaient, leurs visages montraient un mélange entre anxiété et peur lorsque que des bruits de pas se firent entendre. Au fur et à mesure que Ryû approchait le doute disparu dans les têtes des akposso et la surprise se lut quand ils aperçurent la nouvelle apparence du jeune homme. Habillé d'un ensemble en tissu traditionnel son pantalon était d'un blanc immaculé tandis que son haut à manche courte était noir comme la nuit. Par dessus il portait une veste toute aussi blanche que le bas. Ses mains gantées de mitaines noires et ses chaussures montantes en toile finissaient la tenue. Cependant le plus surprenant restait que aucune énergie cosmique n'émanait du Bénou.

Oncle tu... Woah ! Tu as réussi ?
Oui. J'ai fais la paix avec moi-même ainsi qu'avec de vieux démons. Il est désormais temps de régler les choses une bonne fois pour toute. Je vois que vous avez réparé mon Surplis. Bon travail, je suis agréablement surpris. Où est tantine ?

Son neveu ne dit rien quelques secondes avant de lui répondre.

Elle...se repose. C'est grâce à elle si ton armure est flambant neuve.
Je vois... Bien, Rudol est toujours à Fukuoka : une demie-heure et je suis de retour.
Et ton armure ? Tu vas en avoir besoin non ?
Pas la peine de rayer cette œuvre d'art pour des futilités. J'y vais.
Fais attention oncle. S'il est si fort que ça tu risques de ne pas revenir.

Pour seule réponse Ryû sourit et disparu en un clin d'oeil. Quelle vitesse !

=> Fukuoka

HRP : devenu complet le pouvoir de Ryûichi atteint désormais des sommets de puissance. Sa défense Zanzôken évolue. Sa capacité spéciale évolue. Ryûichi passe rang Platine