Li Bai , ou l'éclosion de l'Alraune

Li Bai

« Spectre d’Hadès »

VOTRE HISTOIRE

Le réveil fut douloureux. Bai se réveillait dans un endroit qu’il ne reconnaissait pas. Il n’avait aucun souvenir de comment il était arrivé là où il se trouvait, et aucun souvenir des derniers jours ne revenait. Il se souvenait être arrivé au royaume d’Arès, presque par hasard. Il a rencontré quelqu’un là-bas et ensuite sa mémoire est trouble. Il pensait à quelques jours, mais en réalité il aurait pu se passer des semaines ou des mois, il n’en avait aucune idée. Tout ce qu’il savait c’est qu’il avait énormément souffert. Ses membres étaient endoloris, il avait des courbatures. Il aurait pu jurer qu’il s’était également fracturé quelques côtes. Et touchant son corps cela dit, il ne trouva rien qui puisse corroborer cette intuition. Il regarda autour de lui pour essayer de mieux comprendre où il se trouvait.

Il faisait nuit, et un vent chaud lui balayait les cheveux. Le terrain n’était que désolation. Cela ressemblait à un désert noir. Le sol était inégal, un chemin se trouvait plus loin. Ce n’est pas une route naturelle, seulement la direction avait tellement est empruntée que le sol s’était érodé, dessinant une ligne de désir. Au loin sur ce chemin naturel, on pouvait observer plusieurs lumières se baladant en ligne. Bai chercha à se rapprocher, et il compris vite qu’il ne pourrait pas. A chaque pas qu’il faisait, le chemin s’éloignait un peu plus, comme si la terre sous ses pieds bougeait toute seule. D’ailleurs, la direction qu’il empruntait n’était même plus la même. Il avançait tout droit, mais c’était le monde autour de lui qui bougeait, changeait. Au bout d’un moment, il ne savait plus pourquoi il continuait d’avancer, mais il ne pouvait faire autrement. Son corps de lui répondait plus.  Le monde le guida alors dans le sens opposé au sentier, vers les ténèbres. Il avançait dans le noir complet, marchant dans ce qui semblait être tantôt du sable, tantôt de la pierre, ou encore des marécages. Il marcha pendant ce qui lui semblait être des jours entiers. Le soleil ne se levait pourtant jamais.

Il finit par voir une lueur au loin. C’était… La Lune ? Impossible de savoir pour le moment. Bai continua d’avancer et son hypothèse se révéla juste. C’était bien la Lune, qui éclairait une clairière. Il passa un bois pour arriver sur une butte dégagée. Sur celle-ci se trouvait un arbre gigantesque. Il n’en avait jamais vu de cette variété. Son corps s’arrêta. Bai sentit qu’il pouvait à nouveau bouger à loisir. Il s’étira un peu, mais remarqua qu’il n’avait plus mal nulle part. Il n’était d’ailleurs même pas épuisé de ces jours de marche, n’avait pas sommeil. Il se rapprocha de l’arbre. Quelque chose était accroché à l’une des branches. Il voulait savoir pourquoi il avait été amené ici, il n’y avait donc pas trop le choix. La découverte qu’il fit le terrorisa. Pendu à une branche, c’était lui qu’il voyait. Il était nu, pâle, ses yeux étaient vides. Horrifié par cette vision, il tomba à la reverse. Il se cogna la tête et lorsqu’il rouvrit les yeux, il n’était plus face à son double. Il était en direction de la forêt. Dos à l’arbre, il voulait se retourner mais il ne pouvait pas. Ses pieds ne touchaient plus le sol. La tension de la corde sur son cou l’empêchait de respirer. Il était devenu le pendu. Il était nu, et sentait son enveloppe corporelle le laisser tomber. Il se débattait comme il pouvait mais il n’y avait rien à faire. Là, au milieu de rien, dans un endroit mystique qu’il ne connaissait pas, Bai mourut. Son corps devient blanc et froid. Ses muscles se raidirent et plusieurs substances s’échappèrent de son corps. Il était cependant toujours conscient.

Le jeune homme ne savait pas combien de temps il était resté là, la notion du temps était complètement éclatée en ce lieu. Les saisons passèrent, et il repensait à ce qui avait pu le conduire ici. Il s’était refait le film un nombre incalculable de fois dans sa tête. Il repensait à Ahina, à Dame Angèle qui aurait du le former. Sa carrière de Saint était une catastrophe. Il repensa à sa rencontre avec Perséphone, et avec Elyn. Des souvenirs lui revinrent d’avant son arrivée aux Enfers. De sa venue au royaume d’Arès, de sa rencontre avec Phobos. De la destruction et de la mort autour de lui. La femme d’Hadès avait eu raison. Sa voie sur le chemin de la chevalerie ne l’avait emmené que vers plus de carnage. A cette révélation son corps se remit à lui répondre, tout doucement. Il pouvait légèrement bouger ses doigts, et ses yeux. Il pouvait enfin balayer du regard ce paysage qu’il connaissait par cœur. A ses pieds, il remarqua qu’une unique fleur avait poussé. Une jolie fleur violette. Il releva les yeux en direction du bois, et y vit une silhouette. Impossible de déterminer ce que c’était, mais ça avait forme humaine. L’ombre fit un mouvement gracieux du bras, et la corde qui le tenait céda.

Bai tomba lourdement au sol, et mis plusieurs minutes à se relever. La silhouette avait disparu, naturellement. Le garçon regarda autour de lui, et se rappela de la fleur. Il l’observa un instant, la cueillit. Il la glissa dans ses cheveux, et pour un raison qu’il ignorait commença à creuser. Il avait une conviction profonde que c’était exactement ce qu’il fallait faire. Il creusa, sans discontinuer. La scène était absurde. Il creusa pendant encore toute une semaine, plusieurs mètres en profondeur. Il arriva sous les racines les plus profondes de l’arbre. A cet endroit, il y avait une grotte. Elle s’étendait à perte de vue. Bai avança. Sur sa droite se trouvait une rivière fluorescente qui diffusait une lumière bleutée sur les murs. Le jeune homme remarqua qu’il avançait plus vite qu’il ne le voulait. Le monde continuait de le guider, mais cette fois-ci il allait dans la même direction que lui. Plus vite qu’il ne l’aurait pensé, il vit le fond de la grotte. Au milieu d’un lac se retrouvait une île rocheuse, sur laquelle trônait une fleur gigantesque. C’était la même fleur que celle qu’il portait dans ses cheveux. Ni une ni deux, il se jeta à l’eau et nagea en direction de l’île. Là, il put voir que ce n’était en réalité pas vraiment une fleur. Bai reconnu ce que c’était. C’était une armure dans sa forme totémique. Elle représentait une fleur dont une femme sortait. S’approchant doucement, Bai tendit la main, et toucha l’armure.

Plusieurs visions se succédaient. Il voyait des Saints, de toute époque, massacrer des chevaliers d’autres camps. Il voyait les apprentis mourir à l’entraînement, mourir au combat quand les chevaliers étaient déjà tous morts. Il voyait la cruauté humaine, les champs de bataille mais pas seulement. Le rapport de l’homme aux femmes, un sujet qui ne l’avait jamais touché. Son éducation traditionnelle ne l’avait jamais ouvert sur certains sujets. Il vit des femmes battues, abusées, abandonnées au domicile pour ne servir que de bonne. Il voyait sa mère, et tous les sacrifices qu’elle avait du faire. Il vit sa jeune sœur, et le regard que les hommes plus âgés posaient sur elle. Il ressentit la peur qu’elle avait en sortant seule pour aller chercher de l’eau. Il ressentit aussi la jalousie qu’elle avait à son encontre pour avoir eu une scolarité noble, et sa colère pour être née femme. Ce n’était pourtant qu’une enfant, et pourtant elle avait une vision du monde beaucoup plus claire que lui. La vie de Bai avait toujours été facile, pourquoi devrait-il se plaindre ?
Une autre vision lui montra le sort réservé aux animaux de l’élevage, aux animaux tout court. L’état de servitude imposé par l’humain, l’exploitation de toutes les ressources possibles : laine, cuir, lait.
L’animal n’était qu’un matériel de plus.

Le dégoût de l’espèce humaine montait en lui, et le dégoût qu’il avait envers lui-même finit d’achever la dernière once de protection mentale qu’il avait. La reine des enfers avait vu juste depuis le début. Du torse de Bai sorti une lumière qui fonça vers le plafond. Elle alla si loin qu’en vérité elle aurait du traverser le plafond, mais elle continuait quand même sa course comme si rien n’était sur son chemin, puis s’immobilisa. Elle devint une étoile, la seule étoile de son ciel de pierre. Bai reposa les yeux sur l’armure face à lui, et posa à nouveau la main dessus. Aucune vision cette fois, il ressentait seulement un lien profond, qu’il accepta de tout son être. Le pacte signé, ses os se brisèrent. Il se retrouvait au sol dans une douleur abominable. Il pouvait sentir ses muscles se gonfler, ses nerfs se tendre et se relâcher, ses membres pousser. Ses os bougeaient et se ressoudaient, sa poitrine se gonflait, sa taille s’amincissait. Ses cris résonnèrent pendant un long moment dans la grotte, jusqu’à ce que sa transformation s’achève. On aurait pu jurer qu’il était devenu sa sœur, si elle avait eu quelques années de plus, tant il lui ressemblait à présent. Cependant, il n’y avait pas que son corps qui avait changé. L’étoile céleste avait complètement pris possession de lui. Ce qui restait de la psyché de Bai s’était endormie. Il conservait ses souvenirs, quelques traits de personnalité, mais il avait complètement fusionné avec l’étoile de la Magie. Il était Bai, sans être Bai, une toute nouvelle personne.

Le surplis de l’Alraune recouvrait à présent son nouveau corps, et Queen se demandait maintenant comment elle allait bien sortir de cet endroit. Perséphone devait l’attendre.

MES INFOS +

La personnalité de Li Bai a été profondément altérée par l’éveil de son étoile maléfique. En effet, l’étoile de la Magie se réincarne depuis des temps séculaires dans un corps humain qui lui convient et entre en osmose avec lui. Par conséquent, il ne se reconnaît plus comme homme, et se fait désormais appeler Queen, moyen d’affirmer sa nouvelle identité. Son corps à changé pour s’accorder à sa nouvelle personnalité, sa transformation lui permettant d’atteindre un niveau de puissance supérieur sans même avoir eu besoin de s’entraîner. Son sens de la justice a été renforcé, cependant elle prendra maintenant tout moyen nécessaire pour atteindre son but. Elle n’a plus aucune patience envers l’humanité, et ne s’encombrera plus de négocier. Elle noue une haine profonde des hommes et ce qu’ils représentent. Ses compagnons spectres ne feront pas exception. Naturellement, elle montrera à Hadès le respect qu’elle lui doit mais sa loyauté suprême ira envers Perséphone, celle qui lui a ouvert les yeux et brisé ses chaînes.

Il sera hors de question mettre ses valeurs de coté, et anéantira quiconque se mettra en travers de ses plans. Pour cela, elle usera principalement des armes à disposition de l’Alraune. Elle charmera les ennemis lui présentant de l’intérêt, pour qu’une fois sous sa coupe les décapite à l’aide de son attaque héritée de l’étoile de la Magie. Ses techniques de combat consisteront en illusions et autres stratagèmes, mais saura se défendre au corps à corps en utilisant les lianes de son armure comme bras supplémentaires. L’affinité à l’élément Vent de Li Bai sera renforcée, s’inspirant de l’Excalibur du chevalier du Capricorne qui se présentera sous forme de guillotine.

Il arrivera que Queen soit en proie au doute lors de violentes attaques cérébrales, lui faisant prendre le contrôle dans un accès de violence. Il s’agit en réalité d’une partie endormie de Bai qui essaie de se rebeller.