Rôle : Grand Pope Intérimaire - Chevalier d'Or des Gémeaux
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Sujet: Autre Temps ~ Rodorio - Ft Dromos Mer 27 Juil 2022 - 20:17
Les étoiles brillent faiblement. Dernières lueurs, avant que la clarté du Soleil ne vienne elle-même définir pleinement le ciel. Ultimes éclats d'une nuit tranquille. Dominée par une lune descendante. Les premiers marchands installent tranquillement leurs points de commerces. Dans cette fraîcheur, Damian avance doucement, observant cette vie reprendre ses droits après l'obscurité naturelle appelée par le cycle. Bientôt, c'est Hécate qui dominera la nuit – une nuit sous le regard d'une Nouvelle Lune. Mais connaissent-ils encore ce nom ? Non. Le temps s'est écoulé – depuis quelque temps. Il s'est écoulé. Pour mieux évoluer – des images du passé se sont éteintes, endormies et bercées dans une étreinte engloutie.
Le Temps passe. Chronos fait son œuvre – et Aion construit les fondements des nouvelles époques. Mais, même de ces concepts, de cette nature même des choses, la population n'en a plus réellement conscience. Est-ce là le prix à payer pour avancer ? Oublier. Pour mieux construire de nouvelles idoles. De nouvelles pensées. Le Troyen a observé cela. Dans certains bâtiments. Il a entendu cela à travers quelques discussions. Des visages différents – parfois, même, aucun visage. Des hiérarchies transformées. Et à travers les frontières, de nouvelles façon de réfléchir et de penser la nature même du monde – de la divinité.
Ainsi un Dieu Unique – aux noms diverses, aux visages invisibles – fait sa loi dans certaines régions du monde. Des diables avides de dévots se cachent dans son ombre – parfois, seulement un seul. Dans d'autres frontières, des anciennes traditions changent. L'Antique croyance Védique du Sud de l'Asie en est un exemple – se transformant.
Et puis, il y a le sang. Il y a le sang coulé pour ces idées religieuses. Cette conquête des terres inconnues – définies comme sauvages. Définies comme impies. Mais cela … Cela n'est pas si différent qu'à l'époque. La Grande Égypte avait son propre culte hérétique – une hérésie qui s'approche maintenant de la tendance habituelle d'un Dieu Unique. Et dans l'ombre de tout cette vie publique, les ombres des Guerres Saints. Des Panthéons qui s'écrasent les uns contre les autres. Des membres d'un même Panthéon qui s'opposent. Cela, ça ne change pas. Cela se fait toujours dans l'ombre – avec comme première idée, envie, de protéger ou de punir cette population qui fourmille sans savoir réellement qui se bat pour et contre eux.
Sur ce point, la Déesse de la Guerre et de la Sagesse et le Troyen ne seront sans doute jamais d'accord. Pour construire une paix, il est parfois nécessaire de dominer. Construire des Empires – un Idéal, dirons nous – qui permettraient de créer un Ordre. Ainsi, seulement pourraient-ils contrôler l'évolution des conflits. N'est-ce pas ainsi qu'une guerre fonctionne finalement ? Et cela aurait un autre avantage … Avoir un impact réel sur cette humanité condamnée – par le simple fait d'être née de Prométhée – à l'oubli.
Guidés par ses pas jusqu'à la petite église du village, l'homme observe l'architecture. Ainsi, même ici, l'aura des anciennes divinités n'est plus représentée. Et pourtant … ne sont-ils pas proches du Sanctuaire ? La curiosité l'anime, un instant. Elle anime ce corps vêtu d'un pantalon sombre, ample, et d'une tunique d'une nuance similaire. L'homme aux cicatrices soupire alors doucement. Avant d'approcher des portes du lieu saint. Ses mains viennent pousser l'entrée de bois avant de glisser dans cet … espace. Et pendant un instant. Oui. Pendant un instant. Il a senti une surprise traverser son corps. Car en ces lieux, il se sentait comme dans un Temple de Troie – ou d'autres. Cette étrange sensation d'être dans un autre monde. Le silence, qui s'ouvre à lui, tout en l'enfermant dans sa cosse.
Les talons de ses chaussures résonnent alors dans ce silence. Oui. Ce n'est pas si différent. Et pourtant … Même dans cette ambiance, quelque chose dénote. Saurait-il dire quoi ? Pas vraiment. Et pourtant, c'est là. Quelque chose qui est différent. Sans doute … cette absence de visages. Oui. Des choses sont définies. Des entités, nommées. Mais dans tout cela, rien qui n'est véritablement divin.
Saint, oui. Béni, oui. Mais rien de purement divin.
Mais cela ne l'empêche pas de rester un instant. D'avancer, observant les sculptures. Cette femme portant son bébé. Ce visage. À la fois antique sans pour autant l'être. Proche de la divinité, sans en avoir les atours. Oui. Ce n'est pas réellement son époque. Sans doute est-ce de là que vient cette impression.
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Dromos
Chevalier d'or du Bélier
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Sujet: Re: Autre Temps ~ Rodorio - Ft Dromos Jeu 28 Juil 2022 - 21:29
Mortal, spawn on the altar Caught in the heart of the blaze The primal fear of disappearing Becoming a ghost in the void Death
Quel instant froid. Qu'il neige, ça ne l'étonnerait que très peu. Un léger vent glacial parcourait son échine, traversait son corps et venait se nicher en son coeur. Ce lieu, sombre, soit-disant accueillant, chaleureux, merveilleux, n'était finalement qu'une simple bâtisse comme les autres. Plusieurs semaines, voire mois étaient passés depuis qu'il avait eu son épiphanie. Voilà quelques temps qu'il recouvrait cette chose dorée, qu'il avait un nouvel objectif, même s'il avait du mal à réaliser d'ailleurs. Toutefois, une nouvelle destinée ne pouvait forcément être embrassée à pleins bras. En effet, quelques réticences, une certaine appréhension avaient le droit de s'immiscer dans l'esprit.
Il n'empêche que le lieu où il se sentait le plus chez lui, était un lieu de culte. Après y avoir passé 7 ans de sa vie, ces lieux où il a tout appris, où il s'est entraîné, où il a grandi, étaient son refuge. Mais depuis une durée indéterminée, il avait comme l'impression qu'il manquait quelque chose, ou quelqu'un. Comme si Dieu avait laissé sa place à quelqu'un d'autre, voire à personne. Dromos pouvait presque donner une date. Cette nuit où il a été frappé par le spectacle surnaturel d'une pluie d'étoiles filantes. C'était à ce moment-là qu'il eut cette drôle d'impression que Dieu n'était plus là. Tous les croyants étaient dans le même état d'esprit ou il ne s'agissait que de lui ? Avait-il été abandonné ?
Une question qui n'aura jamais de réponse, je le crains. Ou, s'il en a une, elle risque d'être énigmatique au possible. Il n'empêche que ses habitudes de Frère dominicain ne l'avaient pas quittées. Il continuait de prier. Le voeu qu'il avait prononcé une fois dans les ordres, il allait le suivre jusqu'à la fin de ses jours. Même s'il n'était pas le plus simple à suivre. Normalement, dans cet ordre, c'est obéissance, chasteté, pauvreté, don de soi et honnêteté. Dromos avait fait les quatre, mais s'était mis en tête de n'en respecter qu'un. Comme si ça allait devenir sa marque de fabrique. Quel était-il ? J'sais pas.
La porte qui s'ouvre, comme une envie de dire "Oh chéri, tu es rentré !", un grincement caractéristique d'un vieux bois loin d'être bien conservé arrivait jusqu'aux oreilles de Dromos qui lui était à genoux, en train de prier, en train de poser des questions qui n'allaient jamais avoir de réponse. L'avantage des églises était ce silence mortel. Prier, ce n'était pas parler à Dieu mais se parler à soi-même et trouver les réponses qu'on cherche dans son for intérieur ; faire passer ça pour un message divin... C'était bête, Dromos le savait, mais il ne pouvait s'empêcher de se dire que quelqu'un d'autre lui parlait. Que quelqu'un en son être cherchait à le faire devenir un être supérieur, de l'angéliser.
Pourquoi Chevalier d'or ? Pourquoi aussi haut dans la hiérarchie ? Pourquoi "chevalier" tout court ? Pourquoi à ce moment-là ? Pourquoi une deuxième chance ? Pourquoi lui ? Comment ces pouvoirs pouvaient exister ? Comment une Histoire aussi intrigante pouvait exister dans un monde aussi morne ?
Il savourait chaque microseconde du bruit de ces pas, qui fracassaient le silence de cette bâtisse magique quoique qui n'y avait pas de raison d'être. Il arrivait, on ne sait comment, à repasser la scène au ralenti, à inspecter chaque détail, même le plus insignifiant. Il se surprenait même à pouvoir rembobiner la scène, et ce du coin de l'oeil, alors que ses mains étaient jointes dans une posture rappelant la soumission face à l'éternel. Il n'était pas immobile. Par pur réflexe, il se mit à frotter ses chaussures, des Richelieu noires à boucle. La semelle rouge était quelque peu abîmée par le long trajet et par les pavés sales des rues de Rodorio, petite bourgade de Grèce.
A nos pères qui êtes absents, délivrez-nous du mal. Je vous salue Marie, pleine de grâce... A ceux qui nous ont offensés, nous vous soumettons à la tentation. Je vous salue Marie, pleine de grâce... A ceux qui nous ont dévastés, dites-leur la vérite : la Bête et l'Agneau ne font qu'Un.
J'ai emprunté ton corps, je te le rendrai un peu cassé.
Damian
Chevalier d'or des Gémeaux
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Sujet: Re: Autre Temps ~ Rodorio - Ft Dromos Sam 30 Juil 2022 - 7:19
Dans l'obscurité des lieux, quelques cierges, dont les flammes dansent, jouant avec les parois et les ombres. Bientôt, la lumière traverse quelques petits vitraux, preuve d'un artisanat de qualité. Une lumière qui se diffuse, venant trouver les angles obscures pour s'y blottir. Ce silence … Sans doute est-ce quelque chose d'agréable à écouter – pour Damian, cela l'est. Un autre silence. Différent de celui de la nuit. Différent de celui de la nature. Un silence qui, par contre, possède cette même qualité. Celle de se briser, sans se défaire, lorsqu'un écho ordinaire à ces lieux résonnent. Un pas contre la pierre. Le mouvement d'un homme du clergé, qui passe en jouant de son encensoir. Une bénédiction matinale, semble-t-il … Enfin … si tant est qu'il comprend ces rites.
Mais oui. Sous ces bruits. Le silence se brise. Pour se reformer. Il vit, parce que ces bruits existent. Ces bruits vivent, parce que ce silence existe, aussi. Une équation étrange. Mais qu'il comprend – un peu. Pour s'être glissé, plusieurs fois, dans les frontières de temples. C'est ce silence qui domine. Celui des lieux religieux. Celui qui permet à l'esprit de crier. De pleurer. D'insulter. De parler. De questionner. Mais dans les frontières de l'immatériel – du moins, lorsqu'il n'y a pas d'office. Doucement, le Troyen avance donc. Avant de s'arrêter un instant. D'observer la silhouette, posée à genoux. Les yeux clos. Une attitude de respect. De prières. Alors, Damian observe. Ce qu'il y a face à l'homme. Un autel. Différent de ceux qu'il connaît. Avec ses propres idoles. Là, quelque chose de particulier. Cette croix. Cette silhouette, clouée sur cette croix.
Un souvenir. D'un temps ancien. L'écho d'une histoire – liée à son vécu, mais aussi à sa nation. Le crucifiement d'une Troyenne, après le conflit si connu de Troie. Que dans un lieu tel que celui-ci … il arrive à retrouver des souvenirs de ce passé lointain. Cela lui arrache un très léger sourire. Amer. Alors, simplement, Damian avance. Pour se glisser près d'un banc. Et s'y installer. Finalement, il n'est pas si loin de l'homme qui est en train de prier. Mais il ne le regarde pas. Pour le moment. Il observe juste cette silhouette. Crucifiée. Le savent-ils ? Tous ceux qui passent ici. Savent-ils seulement ce qui arrive à celui qui est crucifié ?
Les muscles tendus. Incapables de pouvoir alterner différents états. Une traction. Violente. Qui comprime lentement les voies respiratoires. Oui. Il n'a peut-être pas été témoin de l'histoire de Sétée. Mais il a vu, par le passé, ce qu'on faisait subir à certains prisonniers. Une personne sadique pourrait même attendre les journées les plus chaudes. Pour laisser le corps, droit vers le soleil. Une personne horrible blesserait la peau. Pour que les insectes, attirés par le sang, viennent se glisser et pulluler. Long. Douloureux. Mais … il observe. Sans jugement, malgré les pensées. Les souvenirs de ce qu'il a observé. Il regarde. Cette croix. Ce visage. Il y voit le cœur de ce lieu. De l'architecture – et donc, sans doute, de cette croyance. La religion actuelle se baserait-elle sur un châtiment ? Sur un sacrifice ? Le monde avait donc ainsi évolué pour que l'on recherche dans une idole en forme de martyr l'attention d'une divinité ? Non … Finalement … Ce n'est pas si différent. Après tout, Prométhée a bien eu le foie dévoré. Mais la différence … la différence, oui … C'est que Prométhée n'était pas prié en tant que châtié. Mais en tant que Père de l'Humanité. Ou peut-être est-ce pareil ?
Maintenant. Son regard se pose sur lui. Cet homme qui prie. Son regard fermé. Sa ferveur. Sa tranquillité. Sans doute pense-t-il a un passé moins lointain. Sans doute ne pose-t-il pas ces questions à son esprit. Après tout, il semble savoir ce qu'il faut faire. Ou alors … peut-être qu'il fait semblant ? Peut-être que finalement son esprit est en train de penser plutôt à ce qu'il va manger. Ou alors à ce prêtre, qui passe, encore. Avec son encensoir. Qui s'approche. L'odeur venant les envahir – comme la fumée. Peut-être même qu'il pense à cette voix qui résonne. « Que viens tu chercher en ces lieux, Mon Fils ? » Un instant, Damian s'arrête de penser. Tourne son regard vers le Prêtre. Qui semble se focaliser sur lui.
Mon Fils ? Non. Il n'était pas vraiment … Quelle est cette mascarade ?
Le Troyen ne répond pas. Alors, le Prêtre revient à la charge. « Ton visage est marqué par d'anciennes blessures. Un jeune vétéran des guerres … J'espère que Dieu et Notre Seigneur t'apporteront la paix que tu n'as pu trouvé sur le champ de bataille. » Dieu … ? C'est ainsi qu'ils nomment … leur divinité ? Damian hoche simplement la tête. Il ne veut pas répondre. Les gens de culte ne sont pas les plus simples à convaincre. Ils pensent toujours qu'il y a quelque chose. Qu'il faut se diriger sur le droit chemin – celui-ci changeant, de sociétés en sociétés. Des débats sans fin, souvent. Sauf quand ils se mettent d'accord sur un ennemi à briser. Mais là … l'unique ennemi à briser serait une forme d'ignorance.
Ainsi, le Prêtre comprend. Qu'il n'obtiendra rien. Il s'approche du second. Et prier, pendant un instant, à ses côtés. Sous le regard du Troyen. Puis, l'homme d'église se redresse. Et s'éloigne. Retournant à sa sainte marche …
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Dromos
Chevalier d'or du Bélier
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Sujet: Re: Autre Temps ~ Rodorio - Ft Dromos Lun 8 Aoû 2022 - 20:50
Take me to church I'll worship like a dog at the shrine of your lies I'll tell you my sins and you can sharpen your knife Offer me that deathless death Good God, let me give you my life Take me to church I'll worship like a dog at the shrine of your lies I'll tell you my sins and you can sharpen your knife Offer me that deathless death Good God, let me give you my life
"Il a raison."
Comment repérer un vétéran d'une guerre passée ? Son regard, sa posture, sa démarche, ses mots, sa respiration, un tic particulier. Un choc post-traumatique, un bras en moins, une voix éraillée, une peur irrationnelle sont autant de conséquences de la guerre. On peut être "fait" pour ça, il n'empêche que nous ne sommes pas fait pour tuer, pour attenter à la vie d'autrui. Nous sommes là pour protéger nos semblables, mais pas pour attaquer. Alors à quoi bon en vouloir à quelqu'un jusqu'à ce que celui-ci canne ? La guerre coûte de l'argent, la guerre coûte à la santé mentale des autres. Il n'était pas un partisan de la violence et presque contre la guerre. Les dirigeants affament leurs enfants par... négligence. Puis nourrissent leurs ventres de peur. Ils battent leur mère, la patrie jusqu'à la commotion cérébrale. Ces enfants en son témoin, et c'est à eux de faire cesser cet abus, de faire cesser la peur avec un simple coup de feu.
Il a prononcé un simple voeu aujourd'hui et a demandé si Dieu viendrait sauver cette planète. Mais il ne répondait pas. Il appelait, mais personne ne répondait. Dieu avait-il peur ? Et si le Diable écoutait, il viendrait pour lui. C'est de la culpabilité et de la frustration. C'est entre le silence et l'absence qui frappent une maison. Qu'on lui demande comment il s'en sortait, et il sourirait. Il dirait "Je me porte bien", alors qu'à l'intérieur, il se noie sous une putain de pluie. Parce que quand tout est vide et que tout est prêt à céder, parfois tout ce qu'on souhaite c'est d'avoir un endroit, un endroit où blâmer les autres. Parce qu'à l'intérieur, il crie jusqu'à ce qu'il saigne. Parce que quand tout ce monde n'est que cupidité et hypocrisie, et qu'on ne peut supporter le poids, tout ce qu'on veut c'est enfin y disparaître.
Serait-ce pour ça que les Hommes partent à la guerre ? Parce qu'ils veulent leur propre mort ? Cette réflexion n'était pas dénuée de logique, après tout. Toujours plus, toujours plus ! Tu leur donnes ça, ils te prennent ça ! La cupidité de l'être humain est vraiment formidable. Jusqu'où il est prêt à aller pour son profit, qu'il soit matériel ou immatériel. Et ça se rejoignait pour toutes les guerres, même les premières. Prenons par exemple la Titanomachie : à cause de la cupidité de Cronos, ses fils se sont ligués contre lui. La Gigantomachie : à cause de la cupidité de Zeus, les Géants se sont ligués contre lui. La Guerre de Troie : à cause de la cupidité de Pâris, souhaitant la plus belle femme au monde. C'est ridicule, n'est-ce pas ? C'est pourquoi l'être humain était si fascinant.
De son séjour au monastère breton, Dromos était devenu quelqu'un de totalement différent. Quelqu'un de très renfermé sur lui-même, de très peu bavard, ne comprenant que très peu les différences entre les classes sociales, ayant du mal avec l'autorité parce qu'il ne la comprenait pas. Il était comme un nouveau né avec des souvenirs. Certes, sa mémoire était toujours intacte, mais quelques bribes d'une autre vie se glissaient par moment dans son esprit. Lors de ces phases de "rappel", il sentait une colère, une honte, une humiliation monter en lui. D'un naturel protocolaire, il se sentait en décalage total avec tout. Comme s'il était dans une dimension parallèle, comme s'il pilotait un corps, comme s'il vivait une histoire qui n'était pas la sienne.
Comme s'il était mort et qu'il était revenu à la vie. Son caractère n'avait pas changé, il restait loyal, perfectionniste, impatient et tout ce que vous voulez, mais il sentait que ce qu'il avait de mauvais en lui résonnait de plus en plus fort. Il n'était pas un vilain, un démon, un monstre ou que sais-je encore. Non, il était en proie à des forces qui le surpassaient, mais il n'en avait pas conscience. Il mettait ça sur le dos d'une nouvelle vie qui commençait, de nouvelles responsabilités qui allaient lui écraser la colonne. S'il priait, il priait pour ça. Il priait tous les jours, plusieurs fois par jour, parce qu'il se sent tellement ignoble d'être celui qu'il est. Il éprouve une déplorable haine à son égard. Parce qu'il sait qu'il a été capable du pire. Et vous savez, le plus grave, c'est qu'il ne s'en veut pas tant que ça et qu'il sait qu'il pourrait recommencer sans problème. Le pardon était un chemin semé d'embûches, semé de doutes, de peurs, d'erreurs, d'incompréhension. Et quand on croit être guéri, le destin nous colle un bon front kick dans les couilles pour nous rappeler que c'est un combat de tous les jours, jusqu'à la fin de sa vie.
Il ouvrit ses yeux. Ses iris bruns brillaient de mille feux. Et ce n'était pas une expression. Il n'était pas albinos, loin de là. Mais une légère lueur rougeâtre était perceptible dans le fond de ses yeux. Une preuve qu'il n'était pas un être humain "comme les autres", qu'il avait quelque chose de particulier. Peut-être un clin d'oeil à quelqu'un d'autre ? On l'ignore. Pour en revenir à l'individu qui s'était glissé dans cette chapelle sans pour autant connaître les rites qui lui sont associés, Dromos s'était adressé à lui. Il était déjà rare qu'il discute avec les autres. Le fait d'être resté cloîtré dans un monastère pendant presque dix ans nous rend presque muet. On apprend à apprécier le silence, on apprend à utiliser les mots avec parcimonie. Il fit un signe de croix, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, avant de se redresser et de regarder le seul qui n'était pas homme d'église.
"Quoiqu'un peu intrusif..."
Damian
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Sujet: Re: Autre Temps ~ Rodorio - Ft Dromos Mar 9 Aoû 2022 - 11:07
De nouveau, les yeux posés sur cette Croix, le Vétéran reste silencieux. Il répond pourtant, d'un hochement de tête aux premiers mots du fidèle. Des mots doux. Un souffle. Un murmure. Qu'il aurait pu ne pas entendre si cet endroit n'était pas si dominé par le Silence. Quelques mots, donc, qu'il acquiesce. Cacher sa condition de vétéran de guerre ne serait qu'une perte de temps. Cacher qu'il a tué ne serait qu'une perte de temps. Bien entendu. Certains chercheraient à se cacher derrière une quelconque raison. C'était ma mission. Oui. C'était sa mission. C'est la dure loi de la guerre. Oui. C'est la dure loi de la guerre. C'est ainsi qu'est le monde, une guerre perpétuelle. Oui. Le monde est une guerre perpétuelle. L'humanité est née dans la diversité – ils ne sont pas si éloignés des requins qui se dévorent entre eux dans le ventre de leur mère, ou des coucous qui volent le nid d'autres oiseaux en poussant les œufs dans le vide. Oui. Oui. Tout cela est vrai.
Mais, selon les anciennes pensées, croyances. Mais, selon les nouvelles pensées, croyances. L'humanité possède une chose qui se nomme libre arbitre.
Ceux qui ne font que se cacher derrière des excuses sont ceux qui n'assument pas leurs propres crimes. L'âme est souillée. Le corps l'est aussi. Et pour eux, cela a une importance. Pour lui ? Ah. Pour lui. Son âme peut être souillée à nouveau. Son corps peut mourir à petits feux – ou être en partie vivant. Cela n'a aucune importance. C'est ainsi que les choses sont. Puis. C'est en commettant ces crimes de guerre – des crimes nécessaires, le moindre mal par rapport au pire – qu'il a fini par rencontrer quelque chose. Une seule petite pointe de lumière.
Après tout. Ne dit-on pas que pour briller, les étoiles ont besoin de Ténèbres. De cette obscurité intense. De cette gueule béante sans fond. Les protecteurs, les extrémistes, qui se perdent dans leurs valeurs d'un monde idéal ne sont que de faible lueur, incapable de briller. Tout comme les tueurs ne sont que des ombres qui ne veulent voir aucune étoile briller dans leurs cieux. Les yeux clos. Le Vétéran écoute les derniers mots. Alors, Damian ne peut s'empêcher de répondre. Un léger cynisme, dans cette voix douce. « Tout comme ce lieu. » Ses paupières dévoilent son regard – à la lueur d'un cierge, il semble possible de voir que l'un de ses yeux a perdu toute couleur, preuve d'une cécité.
Un instant, son regard vient chercher celui qui profite de l'ambiance ecclésiastique de ce lieu. Lentement, il se redresse. Observant de nouveau cet autel. « Avant que cet édifice ne soit construit, un autre existait. » Sans doute a-t-il été déplacé pour permettre aux populations, en perte de leurs héritages, de se construire une nouvelle histoire. Même si le Sanctuaire n'est pas très loin … Cet endroit … Ce village. Tout ceci a tant changé. Tant changé. Au début, il aurait pu s'y perdre – alors qu'il n'y a que peu de rues, peu de ruelles. Avant. Avant. Ah oui. C'était vaste. Là, il pouvait se perdre – mais il ne le faisait pas. Quitte à être un Saint, autant de ne pas se perdre dans cette cité sacrée.
Son pied tapote légèrement le sol. Comme pour entendre les fondations répondre à un appel lointain.
« Héphaïstos. C'était ici que les habitants de l'Ancienne Cité vénérait le Forgeron des Dieux. Athènes n'est certes pas la ville la plus éloignée … mais cela permettait à la population de pouvoir se recueillir sans faire tout le trajet. » C'était un lieu agréable, malgré l'apparence particulière de celui qui dominait les Volcans et l'Artisanat de la Forge. Maintenant … Eh bien … Maintenant ce lieu n'a vraiment comme point commun que cette frontière. Entre deux mondes. Celui du spirituel et celui du matériel. Un instant, donc, il observe de nouveau cet endroit. Observe la Mère avec son Enfant. Observe un Saint. Puis un autre. Il observe ceux qui immortalisent. Ceux qui parlent. Pour Lui. Avant de regarder cette Croix. Encore.
« Priez vous pour que sa souffrance cesse ? »
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Sujet: Re: Autre Temps ~ Rodorio - Ft Dromos
Autre Temps ~ Rodorio - Ft Dromos
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