Je n’ai jamais eu trop de problèmes à m’adapter à un lieu, une ville. Non franchement, je suis un gars comme ça moi, je vais où le vent me porte. Après avoir baroudé à droite à gauche de part le monde, j’ai décidé de retourner au pays, m’installer en Libye. C’était pas forcément un choix évident à l’époque, mais c’était sans doute ce retour aux sources dont j’avais besoin. J’avais quitté Tripoli depuis plusieurs années déjà, et la ville avait beaucoup changé. En même temps, l’empire Ottoman grossissait à vue d’œil, et l’urbanisation avançait forcément vite. Ils avaient besoin de routes plus praticables, et avaient considérablement renforcé la ville. On était pas mal avant qu’ils arrivent, enfin c’est ce qu’on m’a raconté car je n’ai connu que ça. Le changement de propriétaire a fait beaucoup souffrir le pays, mais à l’époque il avait une stabilité politique et surtout un marché commercial sur lequel il y avait du pain à se faire. Et ça mes amis, c’était ce que je visais. Quand je suis revenu, la ville n’était faite que d’opportunités, prêtes à être saisies.
Tripoli est une ville portuaire, au nord de l’Afrique. Et qui dit port, dit marchandises. C’était donc une ville riche, se basant sur la pêche et profitant de son emplacement idéal pour faire du transport vers les pays européens. Et puis, il y avait toutes les ressources minières, dont l’or. Il ne faut pas se mentir, toutes ces richesses que se soit du sol et de la mer, en plus de l’emplacement stratégique, ça donnerait envie de se battre pour l’obtenir. C’est ce qu’ont fait les soldats Ottoman, et ils ont gagné. Maintenant ils gardent férocement la ville, et mieux vaut ne pas essayer de filouter. Pourtant, c’est comme ça que j’ai fait mon beurre.
Je suis danseur, jongleur, clown, homme d’affaire. Je fais un peu de tout, il suffit de demander, et d’y mettre le prix. Officiellement, je dirige une troupe d’artistes. Ils viennent un peu de tous horizons et n’ont plus d’attaches. On est donc les uns pour les autres la famille maintenant. Pour garder une certaine discrétion et mobilité, nous vivons dans nos roulottes et bougeons de quartier en quartier, de ville en ville, pour présenter nos numéros. Enfin, je dis de ville en ville, mais cela fait maintenant pas mal de temps que nous nous représentons uniquement à Tripoli. Et pour cause, j’ai réussi dans l’ombre à tirer certaines ficelles. Donc officieusement, je suis un homme d’affaire, je rends service aux gens qui en ont besoin. Je possède quelques bateaux sous un faux nom, et je fais passer des marchandises illégales d’un pays à l’autre, au milieu de denrées moins soupçonnables. Je protège aussi certains commerces en échange de faveurs. Je connais bien les gars du coin, les défavorisés. Le système n’a pas été clément à leur égard, alors ils gagnent leur vie en faisant ce qu’ils ont toujours fait pour la conserver : casser des bouches. Quand un marchand est menacé par des bandits, ou quand ses activités pas-très-légales pourraient être découvertes par les gardes, je me débrouille pour envoyer les bonnes personnes aux bons endroits, que ce soit pour régler pacifiquement ou non le problème. Il m’est arrivé plusieurs fois de me déplacer en personne. J’ai une bonne présence, et mon charisme et mon éloquence m’ont toujours permit de me sortir des embrouilles. Généralement j’essaie d’éviter le conflit, je préfère. Mais on ne fait pas toujours ce qu’on veut. En conséquence, pour le commun des mortels mon activité se résume aux spectacles de rues. Cependant, m’ayant mis en scène d’une autre façon pour gérer certains conflits je suis aussi connu des services d’ordre, qui sont bien entendu au courant de l’influence que j’ai en ville. J’ai d’ailleurs été appelé quelques fois en tant que consultant pour aider durant certains rendez-vous diplomatiques. C’est plus ou moins pour cela qu’on me laisse tranquille, je suppose. Je ne suis pas néfaste au point de devoir être enfermé, puisque j’aide le pouvoir quand il me le demande.
Mais assez bavassé, entrons dans le vif du sujet. Depuis quelques mois, je sentais mon affaire perdre du terrain. Malik, mon second, me faisait des rapports de plus en plus alarmistes. Une nouvelle organisation arrivait en ville et signait des contrats avec pas mal de clients, dont certains étaient engagés avec nous depuis plusieurs années. J’avais envoyé quelques espions surveiller leurs activités, et ils ne semblaient pas plus louches que moi. Donc dangereux. Des rumeurs circulaient en ville comme quoi les réglementations concernant les commerces allaient se durcir. Qu’il serait dorénavant plus que nécessaire de se protéger légalement et de manière plus physique dirons nous. Normalement, ce devrait être du pain béni pour moi, mais ce n’est pas dans ma nature de me réjouir des pertes de droits des individus. Même si j’exerce des activités crapuleuses, je reste un homme avec des principes, des valeurs. On m’a apprit depuis tout jeune à défendre les plus faibles, même si cela implique de faire souffrir d’autres personnes. Il est impossible d’avoir tout ce qu’on veut sans faire de sacrifices. Si je me suis retrouvé dans cette situation, c’était parce que je ne voulais pas devoir en faire. Je voulais que les autres fassent les sacrifices pour moi, et c’est comme ça que j’ai commencé à rendre des services. S’ils voulaient obtenir quelque chose, je le faisais pour eux en étant qu’un instrument. Maintenant, avec cette nouvelle organisation, j’allais devoir me défendre, défendre les miens, ainsi que mon activité. J’allais devoir mettre ma famille avant les autres, et je savais ce que ça voulait dire : faire des sacrifices à nouveau.
J’ai d’abord opté pour une méthode lâche, j’ai ignoré. J’ai simplement laissé faire, me disant que les choses finiraient par se tasser, qu’il fallait aussi apprendre à vivre avec la concurrence bien que je continuais de l’épier. Première erreur. Un des espions que j’avais envoyé n’est jamais revenu. C’était un gamin sympa, compétent mais jeune. Peut-être trop jeune pour ce que je lui ai demandé. Il a manqué de méfiance, s’est approché un peu trop près, et la seule chose qu’on a revu de lui c’est un doigt dans une boîte en bois, accompagnée d’une lettre de menace. Malik s’est énervé, bien sûr. Il voulait qu’on prenne les choses en main. Il ne faisait que répéter que je devenais mou, qu’on devrait se défendre. Il avait raison, mais j’avais peur. Tout ce pourquoi j’avais fuit, c’était pour éviter de me retrouver dans une situation pareille. Je craignais que Malik organise une mutinerie. J’avais beau le considérer comme mon frère le plus proche, cela dépassait tout ce qu’on avait connu. Il voulait protéger la famille, je le comprenais. Il savait bien que je faisais face à plusieurs dilemmes, et voulais que je lui laisse plus de pouvoirs, que je commence à déléguer. C’était hors de question pour moi, il était trop jeune, et j’avais bâti nos activités sur mon charisme, sur mon talent. Sans jamais lui avoir dit, je pensais qu’il ne serait pas à la hauteur. J’étais perdu.
Alors quand je suis perdu, je fais comme tout le monde. Je bois. Je m’étais rendu dans une taverne que je connaissais bien. Je faisais affaire avec le patron une fois de temps en temps. Comme il m’avait à la bonne, j’avais quelques réductions. J’étais donc tranquille à me mettre une bonne mine des familles, quand une lourde main se posa sur mon épaule. On me parlais grec tiens ! Ça remontait à loin, l’époque où j’entendais cette langue. Le temps que l’information monte au cerveau, cette voix me dit quelque chose. Je tournai la tête pour voir mon interlocuteur, et quelle ne fut pas ma surprise. Il était là, toujours aussi grand, aussi imposant. Demos était mon instructeur au Sanctuaire. Il m’avait pratiquement élevé, et avait toujours été patient avec moi. Un homme bon. C’était la seule personne qui me faisait regretter de temps à autres d’avoir fuit. Je savais que je l’avais blessé. Même s’il pouvait faire peur comme ça, c’était un homme avec un grand cœur, toujours prêt à aider son prochain. Il donnait tout pour les autres, c’est d’ailleurs ce qui avait mis fin à sa carrière de chevalier quand lors d’une mission il fut grièvement blessé. Il faillit perdre l’usage d’une de ses jambes. Il marchait maintenant avec une canne. C’était toujours une vision particulière de voir ce grand gaillard, un Chypriote grec, déambuler avec sa canne comme un vieillard. Quoique maintenant, il devait taper une petite cinquantaine, il avait du mal à cacher les cheveux blancs sur ses tempes.
- Demos, c’est vraiment toi ? Ça fait si longtemps ! Que fais-tu ici ? Comment m’as-tu retrouvé ? Tu n’es quand même pas là pour me botter les fesses, hein ? - hic - Tu sais, même avec quelques verres dans le nez, je bouge plus vite que toi !
- Et tu oses dire ça au plus rapide des chevaliers ? Vraiment ? Bien sûr que non, je suis ici parce que je suis enfin en retraite. C’est parfaitement par hasard que je tombe sur toi. La vie de chevalier d’or est terminée pour moi depuis un moment, plus de vingt ans, et j’ai décidé d’arrêter d’entraîner de nouvelles recrues. J’ai fait mon temps. Je dois dire que je suis fier de mon parcours, bien que j’ai quelques déceptions bien sûr…
Il détourna son regard de moi mais je savais parfaitement ce que ça voulait dire. Je l’avais déçu. Il n’avait jamais eu le temps de me le dire. Mais bien que je le savais déjà, avoir la confirmation me brisait un peu plus le cœur. Croyez-moi, je ne regrette absolument pas d’avoir quitté le Sanctuaire. J’étais entraîné là-bas depuis mes six ans. Pendant onze ans je n’ai connu que ça. L’entraînement, l’esprit de camaraderie, dépasser ses limites. Je n’en pouvais juste plus. J’avais envie de voir le monde, le découvrir par moi-même. Je ne voulais pas être utilisé pour des guerres millénaires, je voulais vivre ma propre vie, suivre mes propres choix. Cependant, ce n’était pas ce que Demos voulait pour moi.
- Je pense que c’est la volonté du cosmos qui m’envoie à toi. Peut-être n’est-ce pas un hasard après tout. J’ai senti récemment que la Déesse Athéna a été en danger. Et quand bien même tu t’es coupé du Sanctuaire depuis des années, au fond de toi tu as du le sentir aussi. Le Sanctuaire est en mauvais état, Aghilas. Les nouveaux chevaliers se font de plus en plus rares, ou meurent jeunes. La nouvelle génération de chevaliers a du mal à se consolider. Ils ont besoin de bras car les forces d’Hadès, comme tu le sais, sont éternelles. Ils seront à jamais les 108 étoiles maléfiques, et nous nous devons d’être le rempart qui protège l’humanité. Je ne t’ai pas formé pour rien, je le sais. Peut-être n’était-ce simplement pas le moment, qu’il était trop tôt pour toi. Je t’ai peut-être trop poussé, je t’en ai peut-être trop demandé. Mais j’avais tellement foi en toi, j’étais si fier de toi. Tu aurais fait un sacré chevalier de l’Autel. Je te voyais… Je ne sais pas, devenir le prochain Pope ? Tu étais le meilleur de tous mes apprentis, tu étais voué à un grand avenir au sein du Sanctuaire. Notre Déesse a besoin de toi. S’il te plaît, rejoins les tiens.
- Les miens ?! Les miens, ils sont ici ! Tu ne sais rien de moi. Tu ne sais rien de ma vie ! Si tu avais vraiment tenu à moi, tu serais venu me voir plus tôt ! J’ai mes problèmes ici aussi, mais j’ai du soutien, une famille ! Le Sanctuaire trouvera l’aide dont il a besoin, comme d’habitude. Il n’a pas besoin de quelqu’un comme moi. Maintenant si tu veux bien m’excuser, j’ai des affaires à régler. J’aurai du m’en charger depuis longtemps. Ton discours n’aura peut-être pas inutile après tout, il n’aura simplement pas servi ta cause.
Je me levais pour sortir de la taverne, et Demos avait ce sourire en coin que je ne saurais expliquer. Après ce que je venais de lui dire, le message devrait être on ne peut plus clair. Il n’avait pas de quoi sourire, d’avoir de l’espoir. Je ne remettrai jamais les pieds au Sanctuaire.
*
**
Je traînais des pieds, shootant les cailloux sur mon passage. Je m’en voulais d’avoir parlé ainsi à mon ancien maître, il ne méritait pas ça. J’avais trente-trois ans, et mes caprices de jeune loup devraient être derrière moi. Je n’avais pas besoin de défendre mon choix avec tant de férocité, mais ce qui est fait est fait. En réalité, j’avais fuit. Quand bien même maître Demos me pensait prêt, j’étais loin de l’être. J’aurai du être plus fort, plus précis, plus endurant. Il me répétait souvent que j’étais trop dur avec moi-même, mais je n’y pouvais rien, il fallait toujours que j’en fasse plus. Je n’étais jamais au niveau que je voulais me fixer. Le Sanctuaire n’a pas besoin de moi. Je les connais les chevaliers, ils s’en sortiront parfaitement. Et puis, on a pas vu un Spectre depuis au moins 20 ans, non ? Donc Hadès doit continuer de rassembler ses forces, on a le temps. Ma vie est ici de toute façon.
Un frisson me parcouru l’échine. Je n’avais pas ressenti ça depuis longtemps. La visite de maître Demos avait eu plus d’un effet. Relevant la tête, je me rendis compte de la situation. J’étais dans une allée, de nuit, et quatre gars étaient là adossés au murs. Ils regardaient dans ma direction. Me rapprochant un peu, je voyais qu’ils étaient armés. Derrière moi, j’entendais deux autres types fermer la possibilité que j’avais de m’enfuir en rebroussant chemin. Les broches qu’ils portaient à leurs capes me laissaient peu de doute : ils faisaient partie de la famille concurrente. J’allais devoir les affronter si je voulais ressortir de cette allée en vie. Je pouvais sentir leurs pulsions meurtrières. Il allait falloir agir vite.
Par chance une fourche était posée contre le mur à coté de moi, c’était mieux que rien. Je la saisissais et empalait le premier derrière moi. Je me servis de son corps pour frapper le deuxième, lâchait la fourche et frappa la tête du mec contre le crépis. De l’autre coté les quatre autres arrivaient vite, mais comme l’allée était assez étroite, ils ne pourraient pas venir à plus de deux contre un. Je saisis l’épée d’un des corps à mes pieds et la lança en avant, embrochant mon adversaire le plus proche qui tomba à genoux. Je courus et empoigna le pommeau de l’épée que je dégageais en donnant un coup de pied au cadavre qui la tenait prisonnière. J’attaquais ensuite mon prochain opposant. Il se défendait pas trop mal mais un coup de pied sur la jambe le mit à genoux, me permettant de le décapiter. Je m’emparais de son bouclier pour écraser la tête du prochain contre le mur. Je pouvais sentir mon entraînement du Sanctuaire revenir. Le cosmos remontait en moi naturellement. J’en faisais usage avec tant de facilité, comme s’il ne m’avait jamais quitté.
Il ne restait plus qu’un adversaire dans l’allée qui, rassemblant on courage, fondit sur moi l’épée en avant. Cependant, il ne trouvera rien au bout de sa lame. Je m’étais dirigé derrière lui à la vitesse du son. Je glissais alors mon épée à l’arrière de sa nuque, enfonçant la lame vers le bas jusqu’au pommeau. Ce n’était pourtant pas terminé. Je pouvais le sentir dans l’air. Ce n’était pas le sang qui me recouvrait, ni le carnage alentour. Ça sentait la mort, la pourriture, la décomposition. Ce frisson que j’avais ressenti plus tôt n’était pas pour eux. Je le savais, c’était autre chose.
- Allez, sors de là, Nécromancien ! Viens affronter ton destin Spectre !
Un rire retenti sur le toit. Il observait la scène depuis le début.
- Je ne m’attendais pas à retrouver un chevalier ici, quelle bonne surprise ! Si j’avais su qu’on m’embauchais pour en assassiner un j’aurai demandé plus cher !
- Il faut croire que les Spectres sont au chômage alors, pour devenir mercenaires auprès d’organisations criminelles ! Que fais Hadès, il fait encore sa sieste ?
- Ne parle pas de Lui sur ce ton !! D’ailleurs… Tu ne pourrais pas plus te tromper. Notre Maître bientôt régnera sur ce monde. Il lui donnera la beauté et le salut qu’il mérite.
Le Spectre bondit au sol, et atterrit dans un cercle de poussière aux teintes vertes, qui progressivement fut disparaître les corps que j’avais laissé sur mon chemin. Le temps n’était plus aux bavardages. Je me lançais alors sur lui. Mais j’avais beau lui asséner plusieurs coups, aucun ne touchait. Il n’avait pas besoin de bouger, il invoquait des bras et des jambes décharnées pour se protéger de mes attaques. Des os fusaient dans tous les sens, s’enfonçant dans les murs, brisant les fenêtres. Aucun de mes coups ne passaient. Une autre solution me vint alors. Je ne pensais jamais refaire ça à nouveau, mais je n’avais pas le choix. Sautant en arrière, je pris de la distance et concentrais mon cosmos en croisant les bras. Voyant cela, le Spectre commença à invoquer des morceaux de cadavres pour les lancer dans ma direction, mais il était déjà trop tard.
- LA GRANDE CORNE !!
Je déployais mes bras en avant, envoyant d’un coup une onde furieuse qui désintégra les lambeaux de chair et les os qui fonçaient sur moi. Le Nécromancien fut projeté en arrière et tomba sur son séant.
- Mécréant ! Tu paieras pour cet affront !
Il se releva, et des flammes bleues et blanches flottaient autour de lui. Il en appelait à la puissance des enfers. Si je ne faisais pas attention, je pourrais mourir plus vite que prévu. Des macchabées sortirent alors lentement du sol, leurs os se brisant au passage. Ils se relevèrent néanmoins et avancèrent dans ma direction. Ce n’était pourtant qu’une diversion. La terre remua sous mes pieds et des mains m’agrippèrent les chevilles. Derrière moi d’autres cadavres m’attrapèrent sous les bras, m’empêchant de bouger. Je pouvais sentir la fin arriver, je m’étais fait avoir comme un bleu. Je n’étais pas prêt finalement, maître.
- Alors ?! Tu vas bien avoir du mal à relancer ton attaque maintenant hein ? Allez, meurs, chevalier !
D’autres mains m’attrapaient le visage pour tenter de me briser la nuque. Je ne pouvais que faire ma prière.
* Déesse Athéna, pardonnez-moi d’avoir fuit. Pardonnez-moi d’avoir insulté mes camarades. J’aurai aimé être le chevalier que vous attendiez de moi, mais je n’étais pas à la hauteur. Pardonnez-moi de vous avoir déçu. *
Je sentis alors une vague d’espoir, d’amour, se rependre en moi. Une colonne de lumière écarta les nuages et une boîte tomba du ciel pour écraser les morts qui me tenaient prisonnier dans mon dos. La boîte s’ouvrit, diffusant alors plus de lumière, et mes bras furent recouverts d’or. Je tenais entre mes mains les nunchakus de la Balance. Sans réfléchir une seconde, je terrassais les revenants autour de moi, libérais mes pieds en faisant tournoyer mes armes. Je fonçais alors en direction du Nécromancien. Les nunchakus repartirent d’eux-mêmes dans la Box, remplacés dans mes mains par les tonfas. J’exécutais les morts qui ne cessaient de se relever sur mon chemin. Une vingtaine de mètres me séparaient du Spectre. Les tonfas repartirent et les épées arrivèrent dans mes mains. Je fracassais les corps putréfiant et continuait mon chemin. J’envoyais ensuite les boucliers couper en deux les derniers zombies devant moi et arrivait devant le Spectre, sansetsukons en main.
Il n’avait pas le choix que de m’affronter au corps-à-corps. Nous échangeons quelques coups et je sens que j’arrive au bout de mes forces. D’autres morts-vivants arrivent derrière moi, et je ne pourrais pas gérer les combats en même temps. Les cadavres me tirèrent en arrière s’agglutinant sur moi. Seule ma tête dépassait du tas de morts qui me recouvrait. Les sansetsukons retournèrent dans la Pandora Box.
- HA HA HA HA ! Tu vois, même ta Déesse t’abandonne ! Que vas-tu faire maintenant, privé de tes armes ?!
- Et pourquoi tu viendrais pas le voir par toi-même ?
Le Spectre rit de plus belle.
- Tu crois que t’en as encore dans le ventre ? Tu es sans défense maintenant ! Mes serviteurs te tiennent sous mon joug, tu ne pourras pas t’en sortir !
Il fit apparaître une grosse flamme bleue dans sa main. C’était mon aller sans retour pour le royaume des morts. Le Nécromancien s’approcha lentement de moi, mais au moment il allait mettre fin à mes jours les zombies qui me retenaient explosaient, et je tenais en main le trident qui s’était glissé dans le tas de chair par l’arrière. Incrédule, le Spectre se figea et je plantais le trident dans sa gorge. J’en avais enfin fini. Tout le carnage disparut progressivement en l’espace d’une minute, comme si rien ne s’était passé. Restaient les murs lacérés, et les fenêtres brisées. Et moi, au milieu de tout ça, couvert de sang.
Dans la nuit, je rejoignais la troupe et expliqua que je devais partir. Je n’avais pas pris maître Demos au sérieux mais la menace était réelle. Athéna m’avait confié cette Pandora Box pour me sauver la vie, et j’allais devoir retourner au Sanctuaire pour la lui rendre. Malik prendrait ma suite en mon absence. J’avais beaucoup de doutes sur ses capacités à tenir la boutique, mais il devrait néanmoins s’en sortir, je lui avait tout appris.
Sans plus de cérémonie je leur dit au revoir, et passa par la taverne. Naturellement, maître Demos était introuvable. J’arborais le même sourire en coin qu’il m’avait lancé la dernière fois que je l’ai vu, et me mis en route pour la Grèce.