Portée par les courants et la glace ~ Présentation de l'Horloge

Sphaigne

« Athéna »

VOTRE HISTOIRE

" Froid… Si froid… Pourtant, je te connais, je te connais si bien. Aide-moi, aide-moi à survivre. "

L’odeur du sang qui montant de son buste déchiré. Tout n’était que blessures. Tout l’énergie qui avait frappé sans la moindre pitié son corps, l’ouvrant presque sur toute sa longueur. Serrant les mâchoires à en souffrir, son demi-masque arraché à son visage devenu si pâle, Sphaigne avait cru sa dernière heure venue. Sans doute était-ce un peu cela.

" Froid, froid… "

Et la cloth de l’Horloge se mit à vibrer doucement tout doucement autour d’elle alors que son fluide vital se figeait avec lenteur.

" Je peux me guérir. Je peux encore survivre si un être capable de me tenir, de me soigner me ramène à la surface. "

Plonger en effet de plus en plus bas sans pour autant se laisser périr. Le temps jouait contre elle mais elle savait aussi que le froid ralentissait certaines choses. Le marais tout autour d’elle, une tourbière où elle pourrait se laissait sombrer paisiblement.

" Qu’est-ce qui m’a attaquée ? "

Au fond, elle n’en savait rien, absolument rien. Hormis que l’attaque avait surpassé en fulgurance tout ce qu’elle avait pu ressentir jusque-là. Bien sûr, comme tous ses semblables, elle connaissait parfaitement la puissance et la vitesse vertigineuse des saints de rangs plus élevés. Les silver et surtout les gold saints. Ceux-ci évoluaient en un monde dont elle ne pouvait même pas effleurer tant leurs différentes vitesses surpassaient la sienne et même la limite de ses perceptions. Pas une fois, elle n’avait surpris l’être qui l’avait attaquée. C’était une nouveauté dont elle rageait de ne pouvait transmettre la présence aux siens. C’était si cuisant comme un rappel de sa propre force encore si limitée.

" Non, non, je ne dois pas gâcher le peu de temps de conscience qu’il me reste en ire superflue. Je dois me concentrer.

Glace, glace, entoure-moi. Rafraîchis mon corps sans le détruire à jamais. il faut que je tienne. que nous tenions ensemble. Armure de l’Horloge, ralentis, ralentis qu’elle ne puisse t’entendre. "

Ainsi plongea-t-elle au plus profond d’une eau pas si profonde mais bien assez pour totalement la recouvrir. Etirant le bras vers la surface d’où la lumière réfractée lui parvenait avec une infinie douceur. C’était si fort de ressentir cela, angoissant pour tout être. La pulpe de ses doigts effleura la surface avant de se retrouver totalement sous l’eau.

" Chaque souffle, chaque battement de cœur compte. "

Et un instant ses yeux se fermèrent alors que la gangue de glace était déjà présente tout autour d’elle avec des poches infimes d’air piégée entre les masses cristallines éparses.

" Glace, glace, tu es ce qui va me maintenir, me permettre d’attendre et d’arrêter l’écoulement de mon sang. Aide-moi, Horloge, aide-moi. Ralentit le temps, ralentis la réalité autour de nous. offre-moi la chance de survivre, de demeurer suspendue en stase, le temps que je me maintienne et qu’on vienne enfin me sauver. "

C’était une chute en un état dont elle avait autant de chance d’émerger que de sombrer à jamais.

Et alors que son aura se déployait comme elle l’avait si souvent fait, des images affluaient en sa mémoire. Comme pour la renforcer, se donner du courant, elle se rappelait tout ce qui avait entouré son enfance, sa jeunesse et ses entraînements…

" Oui, Horloge ralentit… Entre tes rouages et les miens, tout se synchronise… Que ton aiguille bouge de plus en plus lentement. "

Et d’autres visions qui remontaient en autant de repères, de jalons en son esprit. S’y raccrocher comme aux racines des arbres ou d’autres branches qui frappaient les eaux assombries de végétaux. Avec force, elle se maintenait ainsi, voguait en une lisière s’étirant entre la vie et la mort.

" Oui, abaisse la, abaisse la tout autour de moi. Ralentis la course de la vie et de la dégradation sans pour autant l’arrêter. "

Dégradation, ainsi, l’imposante lueur blanche s’affaiblit sans s’éteindre totalement. En ces terres devenant si froide à l’approche du solstice d’hiver qu’est-ce qu’un peu de glace aurait de surprenant. Attendre, elle devait désormais attendre, préservée en son enveloppe complexe de glace et de cristaux opacifiés et étendus en tous sens au plus profond du lit de cette étendue humide. La tourbière ne manquerait pas de dissimule avec le temps son corps aux charognards de tout genre et espèce.

" Aquarius… "

La constellation et l’histoire de Ganymède. Les amours de Zeus et du jeune troyen qu’il avait emmené auprès de lui en Olympe. Le jour de sa découverte, de la vision de l’armure d’or du Verseau. Tout lui paraissant si loin à présent, si loin. Ne pas oublier, ne pas oublier ce qu’elle avait ressentie à la première vision de la protection sacrée. Se raccrocher à ce qu’elle sentait comme son choix ultime. Ce qui ne manquerait pas de garder à jamais au plus profond d’elle une tendresse particulière pour l’armure de bronze de l’Horloge.

" L’Horloge et le Verseau… "

Visions des deux armures. Leurs beautés atypiques respectives. Autant celle flamboyante de l’armure du Verseau auprès des autres protection du cercle zodiacal que celle plus mystérieuse, infiniment plus complexe de celle de l’Horloge.  

Ainsi, les années passèrent, intenses, chaotiques. Des années aussi passées à s’entraîner, à se fortifier le corps et l’esprit. Toute jeune et encore bien fragile du haut de ses dix hivers, elle s’était soudain retrouvée clouée sur son lit. Des heures qui se changèrent en autant de jours et de nuits avant de finalement se muer en semaines qui devinrent à leurs tour des saisons. Des années où écartée des autres apprentis, elle apprenait à fortifier autant son savoir auprès des disciples d’Asclépios que son cosmos et ses capacités psychiques. Plongée en son monde, elle apprit à moduler son énergie, en jouant tantôt à abaisser la température qu’à sculpter des formes de glaces dont la dureté et la pérennité croissaient avec l’intensité de son cosmos et sa capacité de concentration. Maîtriser le froid était une étape essentielle à la poursuite de son désir de se mettre au service de la déesse Athéna qui veillait sur l’ensemble de la terre. L’immense déesse qui avait marqué son tout jeune esprit tout en l’inspirant à jamais. L’appel de la déesse, une réelle vocation à vouer sa vie au service de la plus ingénieuse et inventrice des déesses grecques. Celle pour qui, elle avait aussi consacré tant d’années à apprendre l’art de guérir en invoquant et sacrifiant au dieu Asclépios. En savoir un maximum sur les arts de la guérison en plus d’être une guerrière accomplie. Des facettes diverses de la combattante.

Devenue une puissante apprentie aussi bien dotée de capacités psychiques que cosmiques, la future sainte se présenta enfin face à la plus surprenante de toutes les armures. Une lutte commença aussitôt entre elle. Une lutte où la maîtrise de la glace de Sphaigne atteignit son paroxysme, approchant les frontières du septième sens. Aller au bout de tout, lutter à en s’en briser le corps alors que la glace l’entourait encore et encore de toute part. A la fois proche et lointaine, elle ressentait l’appel de l’armure.

Ce fut si fort, si irrésistible qu’une véritable choc se passa en elle. Traversée par cet écho d’énergie pure émanant de la protection sacrée, elle réalisa soudain que ce n’était pas la force brute qui lui permettrait de s’en rapprocher. Se rapprocher de l’armure jusqu’à atteindre la parfaite synchronisation avec elle.

" Complexe, aussi complexe que nos corps. nous sommes des œuvres d’art, chacune à notre façon…

Approche-toi… Laisse-moi t’approcher… "

La maîtrise pure et la modulation par le froid. Atteindre la Cloth de l’Horloge, harmoniser son cosmos avec le sien…

" Bouge… "

L’Horloge paraissait figée dans le temps dans une gangue qui semblait la retenir prisonnière. Une prison dont seule la violence du cosmos de Sphaigne pourrait l’en dégager, la faire à nouveau tourner.

" Bouge… "

Elle le sentait. En sa transe cosmique, elle ne pouvait que sentir le danger de passer la limite et périr d’avoir trop pousser ses forces et son corps. perdre le contact avec lui, sa conscience de la détérioration rapide en laquelle il pouvait tomber. Sphaigne en avait conscience, une part d’elle tirait l’alarme. Se rapprocher et refaire partir l’armure jusqu’à la relancer ou en périr.

"En périr… "

Allait-elle déjà en finir avec la vie, après avoir accumulé tant de connaissances, de capacité et de talents ? Une part en elle hurlait sa révoltait alors que sa vue virait au rouge. Se débattre et en sortir sans paniquer. Ne pas paniquer. Aligner les battements de son cœur sur les émanations cosmiques de l’armure. Une lutte par-delà les sens, par-delà la simple force physique, celle qui la menait à entrer réellement en harmonie, presque en symbiose avec sa protection.

Puis, enfin, au terme de la plus épuisante de toutes les luttes, la jeune femme finit par sentir des mouvements et un son, un son qui lui fait ouvrir les yeux.

" Que ? Tu bouges, tu vibres de nouveau… "

L’armure venait de se réveiller et la rejoindre mais trop sonnée, Sphaigne avait mis du temps à le réaliser. L’armure l’entourait de toutes parts en une protection en parfaite adéquation avec son corps, sa morphologie toute féminine.

" J’ai réussi… J’ai réussi, nous sommes en parfait accord, toutes les deux… "

Du temps, tant de temps s’était écoulé. En effet, ce ne fut qu’à la sortie du lieu de la rencontre qu’elle réalisa que son corps avait maigri et qu’une soif intense la tiraillait. Elle était même devenue si fine que ses forces en étaient amoindries. Perdre tant de poids mais cela ne manquait pas de valoir les efforts et les marques sur son corps dont l’apparition de quelques mèches blanches en sa chevelure.

" Oui, nous sommes en accord, nous sommes en accord. Aide-moi à me maintenir, aide-moi le temps qu’un être capable d’entrer en communication mentale avec moi passe à proximité… "

Ainsi s’endormit la sainte sans réaliser que les séquelles effaceraient une large part de sa mémoire. Tout juste aurait-elle la possibilité d’entrer en contact mais aussi d’amener l’être à approcher le lieu de son sommeil…

MES INFOS

En fait, à ce point du récit, il ne reste pas grand chose à dire sur Sphaigne. Tout juste le fait que son long séjour dans la tourbière, prise dans la glace a entraîné des séquelles certaines. Tout juste se rappelle-t-elle dans les premiers temps sa connaissance des plantes et des soins en plus d'une grande maîtrise des poisons.

Le reste de sa mémoire se perd dans les immensités du froid et de la glace qui, paradoxalement, l'ont sauvée.


Le peu que l'on peut ressentir d'elle sont les quelques relents de justice et de sagesse qu'il lui reste.

Tout autre trait de caractère ne pourra remonter à la surface qu'avec la libération et la guérison complète de Sphaigne.