L'heure de faire le point

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Rappel - précisions de jeu:

Un léger sourire répondit aux quelques mots que lui adressa son chevalier. Avoir à coeur les intérêts des hommes... A coeur oui, sans le moindre doute. Mais faisait-elle toujours pour autant les bons choix... c'était une autre question.

Le voyage fut long, comme à l'accoutumée. Asgard n'était pas vraiment ce que l'on pourrait qualifier d'à deux pas du Sanctuaire, et Athéna rechignait à employer d'autres moyens que ceux des humains si cela n'était absolument pas nécessaire. Ainsi empruntèrent-ils différents moyens de locomotion pour traverser variablement terre et mer jusqu'en Grèce.
Elle ne parla guère durant le voyage. Son esprit était agité à bien des égards, et un sentiment tenace, dont elle n'arrivait pas à identifier la nature, ne l'avait pas lâchée des heures durant.
Ce n'est que lorsqu'ils passèrent les larges colonnes de la Maison du Bélier qu'elle en comprit le sens, du moins en partie car le pire restait à venir. Dans une délicate lueur d'émeraude, un bref éclat presque imperceptible à l'oeil, un pendentif vint se loger autour de son cou.
Alors qu'elle marchait à pas mesurés, Oro non loin d'elle, ses doigts se refermèrent sur la précieuse pierre.

Comment... comment allait-elle apprendre à Altia qu'Orion ne reviendrait pas. Du moins... pas avant longtemps. Alors qu'elle avait enfin la possibilité de libérer l'âme d'Ahina qui s'était entièrement réparée au contact du Bélier... la première chose qu'elle intègrerait à son réveil, serait la disparition de son âme soeur.
Cela n'aurait pas pu plus mal se dérouler en vérité. A croire que le destin ne lui laisserait jamais un seul instant de répit. Les Sceaux d'Ouranos, la Guerre Sainte, l'âme d'Ahina tourmentée par le Tartare, le Tribunal Divin et maintenant... ça.

" J'ai besoin de vous parler à tous. "

Dit-elle au Verseau d'une voix qu'elle essaya de teinter d'autant de douceur que possible vu les circonstances.

" Tu trouveras Altia et Scareface dans le palais du Grand Pope. Ramènes les, je te prie Oro. Je me charge des autres. "

Lorsqu'il eut disparu, Athéna poursuivant vers son temple alors que le jeune chevalier d'or venait de bifurquer vers la résidence d'Altia, elle monta les quelques marches qui menaient vers la salle d'audience, mais ne s'y arrêta pas pour autant. Mais avant qu'elle ne pénètre dans ses appartements privés, une jeune apprentie s'inclina en venant à sa rencontre.

" Athéna, heureuse que vous soyez de retour parmi nous. "

La jeune fille se dandinait d'un pied sur l'autre, visiblement très mal à l'aise. Percevant son trouble bien qu'elle était toujours dans l'incapacité de voir quoi que ce soit, la déesse lui adressa un sourire d'encouragement.

" Qu'y a-t-il ? "

" Et bien... c'est à dire que... Le chevalier d'or des Gémeaux a pénétré dans vos appartements et euh... je n'ai pas osé m'interposer... Il est venu tard dans la nuit, quand tout le monde dormait. C'est un vrai hasard que je l'ai aperçu à ce moment là... et... cela fait déjà plusieurs jours... il ne semble pas en être sorti. "

Le visage d'Athéna s'assombrit. Non pas qu'elle fut contrariée de quelle que manière que ce soit parce qu'il avait pénétré dans sa chambre, bien que cela ferait sans nul doute bondir Altia jusqu'au plafond. Mais ce qui l'étonnait c'était qu'il ait osé, car Hevruka était provoquant mais pas au point de briser l'intimité de sa divinité et d'aller directement dans sa chambre à coucher. Et par ailleurs, que la jeune femme ait le sentiment qu'il y soit toujours n'était en rien pour la rassurer...

" Depuis combien de temps "

Le son de sa voix fut plus sombre qu'elle ne l'aurait souhaité. Aussi, adoucit-elle un peu ses mots en les ponctuant d'un sourire.

" Presque une semaine... "

Athéna manqua alors de défaillir. Une semaine... une semaine qu'il n'était pas sorti de là ? Soit presque le temps qu'elle avait mis pour aller en Asgard, participer au Tribunal Divin, s'entretenir avec Odin et revenir en Grèce...

" Très bien. Je m'en occupe, ne t'inquiète de rien. Cependant... n'en dis rien à personne. Je me charge d'Hevruka. "

La jeune fille acquiesça et se retira en silence.
Athéna hésita quelques secondes, sa main posée sur la poignée de la porte de sa chambre, puis elle se décida finalement à entrer. Rien. Pas un son, aucune présence. Fatiguée par les derniers évènements et son long voyage, la divinité ressentit pour la première fois le manque cruel qu'était de ne pas voir. En cet instant elle en aurait eu grand besoin.

Alors laissa-t-elle parler son cosmos pour la guider. Altia, dont les sens s'étaient aiguisés d'avantage depuis son accession à la fonction de Grand-Pope, risquait de le percevoir et de trouver le phénomène étrange, mais tant pis, il n'y avait pas d'autre moyen à cette minute.
Très vite, quelque chose irradia à son tour, en réponse aux appels de sa cosmo énergie. Cela reposait sur le lit. Mais ce ne pouvait être Hevruka. Si il avait été présent, elle l'aurait senti immédiatement.

Elle se dirigea donc vers le petit lit de bois, sa main se dirigeant sans l'ombre d'une hésitation vers ce qui l'y appelait. Un rictus de surprise anima son visage lorsqu'elle se piqua le doigt sur l'objet en question qu'elle identifia bien vite comme une rose. Un léger sourire anima son visage. Hevruka ne ferait décidément jamais rien comme tout le monde. Mais son sourire s'évanouit instantanément dès que son pouce toucha ses lèvres. Il n'y avait pas uniquement son sang sur cette rose.

Un élan de frayeur inonda son coeur aussi violemment qu'un tsunami s'abat sur la côte fragile d'un village. A tâtons pour ne pas se piquer encore et encore, Athéna inspecta la rose qui avait été déposée sur son lit. Du sang... mais il était sec.

Et c'est à cet instant qu'elle l'entend. La constellation des Gémeaux pleure. Pleure les seules larmes qu'elle n'a jamais su verser, des larmes de sang.
Son coeur se serre fort dans sa poitrine. Non... pas lui. Pas lui aussi. Ahina ne s'en remettra pas. Altia ne s'en remettra pas. Pas Orion et Hevruka en même temps, le même jour, la même heure. C'est trop.

Son cosmos irradiant toujours autour d'elle, entre en une belle mais aussi tragique résonnance avec celle de la constellation qui brille au firmament. Elle la guide jusqu'à la terrasse, elle lui indique le chemin.
Et c'est là qu'elle fait cette si macabre découverte et que, contrairement à la minute qui précédait, elle était soulagée de ne pas voir ce spectacle.
Comment avait-il pu... pourquoi avait-il choisi cette méthode, cet endroit. Voulait-il la punir...? Hevruka avait parfaitement conscience que personne ne venait jamais sur cette terrasse, seul endroit du monde où Ahina, Athéna, trouvaient un peu de paix le temps de quelques minutes, de quelques heures parfois. Il savait pertinemment que personne d'autre qu'elle ne le retrouverait... dans cet état.

Une odeur pestilentielle se dégageait sur le parvis de la terrasse, ce même si elle était à ciel ouvert. Des nuées d'insectes bourdonnaient à ses oreilles. Pourtant elle se baissa. Pourtant, malgré l'horreur de la mise en scène, elle prit son visage séparé de son corps dans ses paumes. Elle en suivit les contours.

" Tu t'es suicidé le sourire aux lèvres Hevruka... pourquoi... je ne comprends pas. Je ne comprends pas le message que tu as souhaité me laisser... Qu'ai-je fait pour provoquer ta mort... Comment Ahina et Altia vont-ils pouvoir accepter cela... Tu m'auras rendu la tache ardue jusqu'au bout... J'espère que tu as enfin trouvé la paix. "

Elle se leva lentement et posa le visage d'Hevruka contre sa poitrine qui se trouvait un peu plus loin.
Athéna ne confiera cette épreuve à personne. C'est à elle de le faire. C'est sa pénitence. Sa punition.
Aussi, son cosmos s'embrasa-t-il soudainement, rayonnant de sa lumière dorée sur la vaste terrasse qui jouxtait sa chambre, brûlant les chaires déjà décomposées de feu le Chevalier d'or des Gémeaux. L'un de ses plus loyaux.

Avec l'aide d'une servante, Athéna se laissa pour la première fois faire sans esquisser le moindre mot ou le plus petit geste. D'ordinaire elle ne demandait jamais l'aide de personne, comme sa soeur Aphrodite qui avait ce besoin systématique d'une armada de servantes pour la vêtir, la coiffer et la parer. Mais aujourd'hui... elle appela l'une des prêtresses du temple. Avec soin et une infinie gentillesse, la jeune femme vit bien à quel point sa Déesse était l'ombre d'elle-même. Elle s'exécuta donc avec beaucoup de douceur, lava sa peau, la parfuma légèrement et la recouvrit d'une ample robe diaphane éclatante. Elle voulu changer le bandeau qu'elle portait sur les yeux, et qui avait souffert du voyage, mais la divine arrêta sa main. C'était un cadeau de Scareface pour Ahina et il était hors de question de le lui retirer avant qu'elle ne soit de retour.

Lorsqu'elle prit place sur l'imposant fauteuil de velours rouge, elle parla à voix haute. Et bien que le hall soit complètement désert, chaque Saint présent au Sanctuaire pourrait la percevoir très clairement.

" Chevaliers, le chevalier du Verseau et moi-même rentrons d'Asgard à l'instant. J'ai des choses à vous dire, vous êtes attendus dans la salle d'audience de mon temple. "

Il était rare qu'Athéna soit aussi protocolaire que cela. Mais le fait est qu'en dehors d'Oro... la majorité n'avait toujours eu qu'Ahina face à eux jusqu'à présent.

Le pendentif d'émeraude d'Orion autour du cou, renfermant la précieuse âme d'Ahina, une urne d'or sertie de deux joyaux, un rubis et un saphir sur les genoux, Athéna attendait que ses chevaliers viennent à elle au sein de la vaste salle d'audience de son temple.
Il n'y avait désormais plus de bons moments pour éveiller Ahina. Mais cela viendrait après. Car la première chose qu'elle devrait voir à son réveil... la première personne... devrait impérativement être Altia. Sinon elle sombrerait à nouveau.

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Rappel - précisions de jeu:

La fille de Zeus esquissa un sourire à l'attention de Stella quand elle pénétra la vaste salle d'audience. Que son temple soit le plus proche du sien ou non, le Chevalier d'or des Poissons répondait toujours à son appel avec promptitude. La jeune femme impétueuse et tête brûlée avait depuis quelques temps laissé la place à une femme plus mature, intelligente et maline. Elle avait beaucoup évolué, tant en termes de force qu'en termes de caractère. Sa place au sein de la garde d'or était toute acquise et ne saurait être remise en question.

" Merci Stella, je suis également contente de te revoir. "

Lui dit-elle d'une voix douce avant que les lourdes portes ne s'ouvrent à nouveau, laissant passer cette fois un personnage haut en couleurs. Elle le laissa parler tout son soûl sans l'interrompre, imaginant assez volontiers la façon dont son chevalier d'or pourrait considérer ce jeune homme à cet instant.
S'adressant tantôt à elle, tantôt à lui-même et à une tiers personne, Athéna ne mit pas bien longtemps à deviner à qui il s'adressait en réalité. Le seul chevalier qui communiquait ainsi avec l'âme de Bouddha avait toujours été le Chevalier d'or de la Vierge. Mais en de rares cas, cela pouvait aussi être le cas du Chevalier du Lotus. Seule armure très liée à son homologue dorée, il n'était pas étonnant que leurs porteurs le soient tout autant.
Maintenant restait à savoir si ce jeune homme était réellement le digne successeur de la Vierge, si Bouddha l'avait pris sous son aile pour le guider ou s'il faisait simplement preuve d'une ferveur si grande qu'elle lui embrouillait l'esprit. Restait à souhaiter que ce ne soit pas cette dernière possibilité, car en ce cas un chevalier aussi instable pourrait rapidement devenir incontrôlable.

" Sois le bienvenu au Sanctuaire Sacré Li Lian Jie, ainsi qu'au seigneur Bouddha. Je te présente Stella, Chevalier d'Or des Poissons. Elle fait partie des 12 à être tes supérieurs hiérarchiques. Ecoutes attentivement les conseils qu'elle voudra bien te prodiguer, elle a de l'expérience. "

Dans un premier temps il lui sembla préférable de laisser le bénéfice du doute à ce jeune garçon. Il n'était pas dans ses attributions ni dans ses pouvoirs de déceler la cohabitation entre deux âmes telles que celles-ci, du moins pas sans un rituel complexe qui n'était pas du tout de circonstance.

Puis se fut au tour d'Oro d'entrer dans le temple, précédent de peu Altia et Scareface.

" Merci Oro. Li Lian Jie voici Oro Uinku, chevalier d'or du Verseau, également ton supérieur. Oro... "

Elle reprit en s'adressant au jeune homme à la longue chevelure. Il fallait lui expliquer. Oro avait réalisé un long voyage en compagnie d'Atma, et il se retrouvait, à peine quelques jours plus tard, avec une disparition inexpliquée et un nouveau porteur en moins de temps qu'il n'en fallut pour le dire.

" Ne sois pas surpris de l'armure que porte notre nouvelle recrue. Bien qu'il n'ait pas encore eu à affronter les ennemis de la terre, Atma a choisi de soutenir les humains d'une autre manière que celle de servir le Sanctuaire Sacré. Il est retourné en Asie pour soutenir les populations fragilisées et leur porter assistance. Je regrette que les choses se soient passées ainsi, mais sache qu'il a mon plein et entier soutien. Les Bouddhistes ne conçoivent pas la séparation de la même manière que le commun des mortels, des adieux ne lui ont donc pas semblés nécessaires. N'es-tu pas de mon avis... Li Lian Jie ? "

Alors qu'elle prononçait ces mots, ses mains se crispèrent légèrement sur l'urne qui trônait sur ses genoux. Dire adieux... pouvait-elle vraiment considérer qu'Hevruka s'était donné cette peine...

Lorsqu'Altia vint se poster près d'elle et que quelques mots s'échappèrent des lèvres du Grand Pope, un éclair vibrant relativement désagréable traversa l'échine d'Altia de sa nuque jusqu'au bas de son dos. Athéna ne pouvait se permettre de le reprendre devant les autres chevaliers, mais les mots qui venaient de passer la barrière de ses lèvres n'étaient pas dignes d'un Grand Pope et elle se mit bien en devoir de lui faire comprendre.

" Li Lian Jie, je te présente Altia, le Grand Pope du Sanctuaire, mon représentant sur terre et le chef de nos armées, ainsi que Scareface, chevalier d'or du Cancer. A tous, Li Lian Jie est le nouveau porteur de l'armure d'argent du Lotus. Je compte sur vous pour lui faire bon accueil en ces temps difficiles. "

Le message pouvait difficilement être plus limpide. Ce n'était clairement pas le moment de se tirer dans les pattes. La solidarité et l'entraide devaient être les maîtres mots de l'état d'esprit du sanctuaire. Et elle y veillerait, dusse-t-elle reprendre ses chevaliers un par un, avec sévérité. Ahina était encore endormie, et si la jeune femme faisait preuve de plus d'indulgence que la Déesse, c'était encore entièrement Athéna qui se tenait devant eux.

" Bien... Merci à tous d'être venus aussi rapidement. Je vais tacher de faire court car il s'est passé nombre de choses depuis notre départ vers Asgard avec Oro. "

Athéna tendit un parchemin finement roulé sur lui-même à Altia.

" Voici le traité d'Alliance qui nous unit officiellement à Asgard. Nous avons entériné les quiproquos qui résidaient entre nous, ainsi je vous demande d'oublier votre rancoeur contre Thor, pour ceux qui étaient présents lors de l'enfermement de Lucifer et de ne plus porter rancune envers Asgard sur ce point. Tout comme Asgard a accepté de mettre de côté un incident, qui s'est déroulé sur leur territoire et impliquait l'un de vos frères, et de ne plus nous en tenir rigueur. "

Normalement, c'était à ce moment précis que le pressentiment de Scareface devait se confirmer, car c'était bien de lui dont elle parlait. Mais elle n'en dira pas plus et ne rentrera pas d'avantage dans les détails. Ils règleront ce point en privé.

" Nous nous sommes jurés loyauté et fidélité en cas de crise armée, mais cela concerne également des échanges commerciaux. Sachez que désormais vous pouvez vous déplacer librement sur le territoire de nos alliés, tout comme nos alliés le peuvent sur le nôtre. Il s'agira également de nommer un ambassadeur parmi la garde d'or, qui sera l'interlocuteur privilégié du Seigneur Odin si besoin. Si l'un d'entre vous souhaite se proposer qu'il me le fasse savoir, ou à Altia. "

Maintenant venaient les sujets nettement plus désagréables.

" Le Tribunal divin a été convoqué pendant que je m'entretenais avec le Seigneur Ase. Li lian jie, pour que tu comprennes bien ce qu'il se passe, nous venons d'essuyer une défaite cuisante dans une guerre qui nous a opposés à Hadès. Nous devons cette défaite à Poséidon qui est intervenu en faveur du seigneur des enfers avec ses guerriers. Pendant cette guerre, Odin et moi-même avons été contraints et avons choisi de lancer nos attaques divines respectives. Or les attaques divines ont été interdite par le Tribunal Divin qui regroupe toutes les divinités majeures de ce monde. Il a donc été convoqué pour statuer de notre sanction, après un procès. "

Une fois qu'elle eut expliqué les choses au nouveau chevalier du Lotus, qui aurait été sans doute complètement perdu sans cela, Athéna fit une courte pause. Ses mâchoires se crispèrent un bref instant avant qu'elle ne poursuive.

" J'ai invoqué le tribunal pour qu'il statue également sur les actes d'Hadès et les raisons parfaitement ridicules qui l'ont poussées à déclencher cette guerre sainte. Contre toute attente, Poséidon a pris mon parti et c'est grâce à lui que je n'ai pas été sanctionnée. J'ai juste reçu un avertissement. Cependant... "

Toboe, un tigre au pelage roux d'une taille défiant toute concurrence, qui s'était évidemment couché aux pieds du Grand Pope dès qu'il s'était posté près d'Athéna, poussa un grognement sourd.

" ...ce Tribunal a été une totale mascarade. Les jeux du cirque auraient été d'un meilleur effet. Chaque divin présent a refusé de se mettre et Hadès et moi à dos, sous couvert de neutralité. Hadès a donc été relaxé pour avoir déclenché une guerre sainte sans fondement, relaxé pour avoir abattu la déesse Niké, relaxé pour avoir laissé le Juge du Garuda risquer la sécurité du Sceau d'Ouranos que détenait Poséidon. Et pour éviter de me contrarier moi, ils ont tous voté pour un simple avertissement que l'on aurait donné à un enfant qui a mangé un peu trop de chocolat avant le dîner. "

Plus elle parlait et plus Toboe grognait, sa queue foutant l'air en claquant sèchement sur les dalles de marbre. Il donnait l'impression d'être une extension palpable de l'humeur de la déesse à cet instant présent.

" Odin a été condamné à ne plus entrer en conflit direct avec une divinité de l'Olympe pour quelques mois. Une véritable mascarade... qui s'est conclus par l'intervention de la Terre Mère Gaïa, la Primordiale, mère des Titans et épouse et soeur d'Ouranos. "

A son évocation, Athéna conserva quelques secondes de silence. Elle n'en revenait toujours pas. Une intervention physique de Gaïa était un évènement extrêmement rare et sa colère résonnait encore dans ses entrailles.

" Dire que la Mère était en colère serait un doux euphémisme... Elle a repris très sévèrement la trinité fraternelle au sujet des Sceaux d'Ouranos, même mon propre père, et aucun d'eux n'a osé dire quoi que ce soit, fort heureusement... sinon je ne serais sans doute pas là pour en parler avec vous. Quoi qu'il en soit, elle a récupéré les deux Sceaux qui restaient en possession de Poséidon et d'Hadès et a décidé de s'occuper elle-même de ce problème. Je gage donc que cet épisode est terminé et que nous n'aurons plus de problème avec ce primordial. "

Elle conclus son récit et laissa le loisir à chacun de s'exprimer s'il le souhaitait. Cela faisait beaucoup d'informations d'un coup.

Le Temps est de nouveau présent. Les années se sont écoulées. Le ciel est-il le même ? Au fil de son apprentissage il a appris, à remarquer les différentes lueurs. Leur positionnement dans ce firmament. Et aujourd'hui … Il arrive à reconnaître seulement ce lieu grâce à ces positions dans le ciel.
Et cette voix, aussi. Cette voix. Qui résonne jusqu'à lui. Jusqu'à son cœur, encore faible. Ses battements lents semblent gagner une certaine force. Alors qu'elle parle. La Déesse. La lueur parmi les lueurs. Là, allongé dans les restes d'un tombeau venu des temps anciens …  Damian regarde ce firmament. Sa main blessée glisse dans le sol. Il ne sent pas le poussière, la roche brisée. Il ne sent pas les grains glissés entre ses doigts. Mais il a la force. De pousser sur ses membres. Il a la force de s'extirper de cela. De cette prison de pierre. Elle veut encore de lui. Elle sait qu'il ne devrait pas.

Damian reposait ici, il y a encore quelques heures. Son corps n'avait plus de chair. Ses os s'étaient effrités, au point de devenir une simple poussière. Son nom n'était qu'un souvenir, gravé sur un visage de pierre, qui immortalisait son apparence. Un visage endormi, dont les paupières closes se reposaient sous la lueur des étoiles, visible depuis cette alcôve. Un tombeau. Comme il peut en exister, ici et là. Un tombeau millénaire – et plus encore. Un tombeau qui date de l'âge mythologique. Mais maintenant. Il ne dort plus. Maintenant, il bouge. Il n'observe plus ce blanc à perte de vue. Il n'entend plus les souvenirs, les lamentations, les cauchemars, les hurlements. Il n'entend plus son esprit crié, à en mourir. En boucle. Encore. Encore. Maintenant, oui, Damian est debout … et Athéna appelle ses Saints.

Il s'extirpe de ce tertre ancestral, le corps recouvert d'un linceul. Une ombre. Qui se détache pour rejoindre le sentier des Maisons.
L'Appel est pour Celles qui portent le Masque. Pour Ceux qui ne le portent pas. Mais, surtout … il est général. Et, à travers cette énergie qui appelle, il ressent … Les âmes qui avancent. Qui vont en direction de ces hauteurs. Et il suit. En retard – jamais il n'est en retard. Toujours, il a détesté l'être. Perdre du temps … n'est pas une chose efficace.

Damian avance. Sous ce drapé clair. La douleur est présente. Elle irradie depuis le cœur même de son œil gauche, figé dans une obscurité lancinante. Là, comme ça, à avoir des difficultés à monter certaines marches … il ne ressemble pas réellement à un Saint. Surtout pas à l'un de ceux portant l'une des Armures d'Argent. Et pourtant … Il l'est. Il continuera de l'être. Encore. Encore. Encore. Jusqu'à ce que le destin lui offrira une autre lumière à suivre. Le goût du sang se mélange à sa salive. Étrangement il l'apprécie. C'est une preuve. Qu'il existe. Qu'il perd de nouveau du sang. Que celui-ci n'est pas gelé. Figé. Ce goût est celui de la vie. Ainsi que celui de la blessure.

Ses pieds avancent. Mais son esprit est déjà en haut. À observer ce paysage. À observer ces piliers. Chronos faisant son œuvre, accompagné d'Aion. Le Temps, oui. Les Âges, oui. Le monde à avancer, évoluer. Sans lui. Sans sa présence. Une réalité qu'il redoutait de voir … mais qu'il acceptait, aussi. Car rien ne peut changer le cours du Temps. Pas même les dieux.
Ses pieds avancent. Ils passent les Maisons. Jusqu'à enfin arriver sur parvis du Palais du Grand Pope. Une inspiration. Ta tombe. J'aimerai la voir un jour. Grand Pope. Rares sont ceux qui méritent le don de l'immortalité. Quelle douleur que cette éternité …

Ses paupières se ferment, un instant. Quelque chose. Une vibration. Faible. Sa main glisse doucement sur le côté, alors qu'une lueur s'éloigne du plus haut pic du Sanctuaire. Là où les Étoiles parlent aux Popes. « C'est donc là que tu te cachais … » La voix est faible. Mais le sourire, fin, est sincère. Toujours à regarder les Étoiles. Toujours à patienter un porteur. Sa main blessée, scarifiée, se pose sur la boîte lourde. Elle ne se cache plus, maintenant. Et bientôt, l'Armure vient recouvrir le corps, se glissant sous le tissu, sans le déformer. Son corps se refait au poids. Un souvenir … et à la fois une sensation … presque nouvelle. Si longtemps. Oui. Si longtemps. Avançant, un pas après l'autre, son regard ne cherche pas l'autorisation des gardiens. Il passe entre eux, guidés par cet appel. Damian s'approche. S'approche de la vaste porte menant à la salle d'audience. Et sa voix résonne.

Il n'entre pas.
Mais il écoute. Sans un mot. Sans un bruit. Sans une simple vibration d'air.

Les mots. Les noms. Altia, le Grand Pope. Mais aussi des Saints aux Armures d'Or. Les Généraux. Les plus puissants guerriers. Une alliance. Avec le Grand Nord. Avec le Patriarche Odin, Père de Tout. Un Tribunal. Pour des actes que les Dieux considèrent comme des crimes. Oui … Les Attaques Divines … Oui … Cette Lumière … Oui … Tout ceci …
Sa main droite se serre légèrement. Tout cela était si proche. Si proche. Et pourtant il n'était qu'une statue de glace. Il écoute. Il écoute. Son regard se fermant. Puis, la voix de la Déesse se tait, après avoir parlé de la Mère de Tout du Panthéon Grecque, la Primordiale Gaïa.

Alors, sa main, doucement, pousse les portes. Son regard légèrement caché perce sa capuche. Pour se poser sur la Déesse. Un pas. Son corps est faible. Encore faible. Mais il a réussi à grimper toutes ces marches. Il a réussi à porter à nouveau cette armure. Et le voilà devant celle qui l'a fait accueilli après le désastre de Troie. Il pourrait accepter la faiblesse de l'instant. Il pourrait accepter de remercier publiquement la Déesse. De présenter ses excuses. Mais non. « Excellence … Je vous prie d'accepter mon retard … » Il inspire, silencieusement. Avant de retirer doucement sa capuche. Ses cheveux sombres tombent, les mèches aussi pâle que l'est l'os accompagnant le mouvement. Un genou se pose au sol.

Son regard l'observe. Un cours instant. Avant d'observer le reste de la population. Cette assemblée. Puis d'apporter quelques mots. « Mon nom est Damian, fils de Troie, Chevalier d'Argent de l'Autel … Et c'est un véritable plaisir et honneur pour moi d'avoir de nouveau la chance de fouler le sol de votre Palais, Divine Excellence. En votre présence. » Il attend. Le droit de se redresser. Puis les mots viennent, à nouveau. Comme s'il n'avait jamais quitté cet esprit. « L'Alliance avec Asgard – oui, vous avez bien prononcé Midgard – est d'une importance capitale … Son Excellence Wotan n'est pas qu'un grand chef politique et chef de guerre … Il est une véritable vigie, capable d'observer ce qui se passe à travers les autres mondes qui tiennent sur les branches de l'Yggdrasil. » Bien sûr, Odin possède ses défauts. Des défauts que la Déesse devait connaître …

Ou peut-être pas ?
Les dieux sont-ils capable de changer ?
D'oublier … ?

« Ma Dame … Ce jour-là. Je l'ai senti. Cette force. Cette force dont vous avez parlé. Qui vous a coûté un Jugement auprès de vos Pairs. » Sa main se pose sur son torse, inclinant doucement la tête. « Vous avez fait ce que vos ennemis auraient été prêt à faire, sur nos Terres. Vous avez fait, à votre manière, ce qu'ils ont fait lors de cette mascarade. Nous, Saints, n'oublions pas qu'aussi violente que soit une guerre … elle se déroule sur plusieurs angles … Et ce Tribunal … n'était qu'une étape, je le pressens, d'un conflit bien plus grand. La véritable question est que vont faire nos ennemis du résultat de l'Assemblée des Dieux ? »

Le revoilà. Malgré la fatigue.
Malgré ce qui déchire son corps.
Il pense, comme par le passé.

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Rappel - précisions de jeu:

Athéna se félicita intérieurement qu'Altia ait reçu son message douloureusement subliminal. Elle ne l'avait pas choisi par hasard et n'en attendait pas moins de lui. Ce genre de comportement ne devait pas se reproduire.

" Personne n'échappe jamais à la souffrance, ce joli dogme n'est qu'inepties. "

La voix d'Athéna coupa sèchement le nouveau chevalier du Lotus alors qu'il partait dans son envolée lyrique. Les paumes de la divine se crispèrent légèrement sur l'urne qu'elles tenaient sur ses genoux. Après des millénaires et des millénaires d'existence, personne ne lui ferait croire que l'on pouvait échapper à quelque souffrance que ce soit. Certains humains aimaient se raccrocher à cette idée, mais à son regard c'était simplement se voiler la face.

" Absolument pas ! Arrête d'être aussi colérique Scareface ! Nous en parlerons en privé. "

A ce stade on aurait presque pu croire à un concours entre la déesse et son chevalier, de qui allait crier le plus fort sur l'autre. Il était rare que la fille de Zeus se montre agressive, mais la journée commençait visiblement à être un peu longue et sa tolérance, ainsi que sa patience, d'ordinaire relativement larges, semblaient nettement en souffrir.

" Avant d'imaginer apporter conseil et apprentissage à qui que ce soit, surtout auprès d'un chevalier de l'étoffe de Scareface, qui n'a plus rien à prouver à personne ici, je pense que tu as encore beaucoup de chemin à parcourir, Li Lian Jie. "

Là aussi, le ton était ferme. Visiblement Athéna n'avait pas pris la dérision du conseil pour ce qu'elle était.
Et lorsqu'il poursuivit par un long monologue, prodiguant conseils "avisés" et avis bien arrêtés sur ce qu'elle avait fait et ce qu'elle devrait faire. Elle le laissa terminer jusqu'au bout mais la queue fouettant l'air de Toboe, pour qui savait décrypter les attitudes de cet animal, en disant plutôt long.

Elle ne répondit cependant rien car son attention fut attirée vers une nouvelle présence qui venait de se manifester dans le temple. Dès ses premiers mots, les lèvres de la fille de Zeus s'entrouvrirent légèrement d'étonnement.
Impossible. Et pourtant... un nom fut prononcé. Elle se leva de son large fauteuil, déposant la précieuse urne sur le coussin de velours. Avec lenteur, elle descendit les quelques marches qui la séparaient des chevaliers qui s'étaient réunis autour d'elle.

" C'est... "

Arrivé à sa hauteur, la déesse ploya le genoux à son tour, ses mains fines s'élevant dans les airs pour se poser sur le visage du chevalier de l'Autel. Délicatement ses doigts suivaient ses contours, effleurant les tempes, suivant la ligne de ses joues.
Et si le tissu sombre qui couvrait ses yeux ne permettra pas qu'on les aperçoivent, ses larmes finirent malgré tout par dévaler ses joues.

" Damian... je n'espérais pas te revoir un jour ici. "

Athéna semblait avoir beaucoup de mal à contenir son émotion à cet instant, des trémolos parsemant sa voix.

" Si mon attaque divine a pu te permettre de t'extirper du Cocyte... je m'enfoncerai encore et encore aux tréfonds des enfers, je la lancerai encore et encore sans crainte du tribunal, pour que chaque Saint injustement torturé dans cette prison de glace puisse s'en échapper. "

L'intervention de Stella sembla apaiser un peu l'Olympienne qui se redressa pour se tourner vers elle.

" Si cela convient à Altia et que personne d'autre ne se porte volontaire, je n'y vois pas d'inconvénient. Tu entretiens déjà des liens solides avec les Asgardiens, tu seras une ambassadrice très efficace, j'en suis certaine. "

Altia et Oro émirent à voix haute l'interrogation qu'ils se posaient sans doute tous à voix basse. Athéna extirpa un soupir contrit, elle aurait vraiment préféré éviter de leur annoncer une telle nouvelle maintenant. Une pointe de colère naquit brièvement dans son coeur. Hevruka n'avait pas eu le moindre scrupule à lui faire vivre pareille infamie et pas le moindre scrupule à la laisser se débrouiller avec ses actes auprès des autres chevaliers. Quel égoïsme !

Mais là encore, se fut Stella qui enterra dans l'oeuf cette agressivité et colère naissantes, en abordant le sujet des Marinas. C'est donc par ce sujet que la Divine préféra commencer, car lorsqu'elle aborderait la situation d'Hevruka, l'ambiance des lieux allait radicalement changer.

" Les Marinas ne sont plus persona non grata au Sanctuaire Sacré. Traitez les avec neutralité car pour l'instant ils ont le bénéfice du doute de part les actions de leur Dieu, mais ce ne sont pas pour autant des amis. Restez simplement vigilants les concernant.
A ce propos, je dois aller voir Poséidon et je souhaite que l'un d'entre vous m'y accompagne. Je souhaite le remercier car, tout aussi fantasque qu'ait été ce tribunal, ma légère sanction je ne la dois qu'à lui seul. Et j'ai par ailleurs besoin qu'il me rende un service pour soigner les yeux d'Ahina. Je ne souhaite pas qu'elle reste trop longtemps aveugle à son retour. "

A ces mots elle tourna franchement le visage vers Scareface. Oui, il avait bien entendu. Ahina était sur le point de revenir par eux. Cela avait été long, cela avait été douloureux, mais Orion avait fait ce qu'il fallait.

Lorsqu'elle reprit place sur le fauteuil de velours carmin, elle garda le silence quelques secondes, serrant l'urne entre ses doigts.

" Cette urne... "

Son visage se para alors d'une expression assez étrange. Comme si la déesse venait de ressentir une profonde douleur qui provoquait une grimace très explicite sur ses traits.

" Cette urne... "

Le fin tissu noir offert par Scareface s'embua de nouveau, alors que de grosses larmes dévalaient une fois encore les joues diaphanes d'Athéna.

" ...c'est Hevruka "

Sa voix était tellement étouffée par les sanglots que durant quelques secondes ce qu'elle leur dit était inintelligible. Elle avait beau essayer de s'apaiser, pour au moins leur expliquer, il lui fallut de longues minutes pour réussir à placer trois mots d'affilé sans fondre en larmes.

" J'ai découvert les restes d'Hevruka sur ma terrasse personnelle. Il a cru bon de me laisser une rose en guise de cadeau d'adieux, mais également sa tête séparée de son corps. "

Le chagrin semblait prendre une teinte légèrement agressive, au fur et à mesure qu'elle finissait par réussir à leur expliquer ce qu'il s'était passé. Et comment ne pas la comprendre... découvrir une scène aussi macabre, venant d'une personne qu'elle aimait, qu'Ahina aimait infiniment... qui pourrait encaisser une telle chose. Ne dit-on pas qu'Athéna est la déesse la plus humaine que porte ce monde ? Cela se vérifiait encore une fois aujourd'hui.

" Et Orion ne reviendra pas. Il a décidé de quitter le Sanctuaire sans dire un mot. Ne vous attendez pas à un aurevoir de sa part. "

Elle avait pourtant décidé de ne pas trop leur en dire aujourd'hui, car cela faisait vraiment beaucoup à digérer...
Pourtant elle venait de leur lâcher la situation avec le Bélier sans crier gare et dans un élan parfaitement spontané qu'elle avait à peine maîtrisé. En l'espace de quelques jours, deux de ses plus fidèles et puissants chevaliers lui avaient tourné le dos, sans même un adieu.
Sans doute valait il mieux arracher le pansement d'un coup sec. Tout le pansement.

Il est dit que le sang des dieux, l’Ichor, possède de vastes propriétés. De nombreux secrets pourraient être découverts, résolus, grâce à ce sang. Car il est vecteur de puissance. Car il trouve son origine dans une équation particulière, qui est celle de la divinité – et, par causalité, de l’existence des concepts et des forces de ce monde.
Mais, qu’en est-il des larmes ? Quand l’âme d’une divinité vient à s’incarner dans cette émotion, dans ce chagrin, dans cette preuve de désespoir, doit-on voir en ces larmes quelque chose d’aussi précieux que l’Ichor des Dieux et des Titans ?

Peut-être. Peut-être même l’est-ce plus encore. Après tout, en ces instants d’émotions, ne prouve-t-on pas que l’âme d’une divinité est capable de ressentir les mêmes difficultés – à sa manière – que l’humanité ? Ou alors, peut-être est-ce la preuve simple que l’humanité qui appartient au corps hôte possède une force capable de teindre la divinité des imperfections inhérentes à cette humanité ? Il n’est pas simple de trouver une réponse à cette interrogation, n’est-ce pas ? Et encore moins lorsque l’esprit ne prend pas la peine de se poser ces quelques questions. Car, en cet instant précis, lorsque les larmes roulent sur les joues de la Sage Guerrière, cette association d’idées, ces interrogations d’importances, ne résonnent guère. Peut-être vont-elles se faire entendre, un jour – ou peut-être se sont-elles déjà fait connaître –, mais en cet instant ce n’est qu’un respect silencieux pour ces larmes. Pour cette émotion.

Athéna est une déesse de la Guerre qui s’attache à ses troupes. Cela, il le sait depuis bien longtemps. Cela l’empêche-t-elle de porter le Châtiment lorsque cela est nécessaire ? Jamais Damian n’a été témoin d’un manquement dans le rôle de chef militaire de cette Sage Déesse. Peut-être les choses ont-elles changées, durant ces années. Mais ce qu’il sait, à cet instant, c’est que ce cœur, qui lui permet de se souvenir du nom du Saint de l’Autel, de sa vie auprès d’elle, est toujours présent. Ce qu’il sait, aussi, c’est que cette cécité appartient au temps Présent, et non à ses souvenirs de la Déité. Les conflits ont été violent, oui. Suffisamment pour qu’elle soit poussée à ce que les dieux nomment un crime. Un péché.

« Excellence … Pour être parfaitement honnête avec vous … Je ne pensais pas que les Moires accepteraient d’une quelconque façon que le fil de ma vie soit de nouveau tissé. Mais, vivant, je n’ai que deux maisons. Et le Sanctuaire est l’une d’entre elle. » La seconde … ? La seconde … pour le moment il n’a pas pu voir de ses yeux son évolution. Un jour. « À nouveau, j’ai fais le choix d’accepter d’être un de vos soldats. Je réitère devant vous et devant mes pairs et supérieurs mon engagement. » Un coup d’œil en direction du Grand Pope, puis des autres Saints. « Si cette époque de conflit, de la guerre, a besoin de mon corps comme arme et de mon esprit comme stratagème, alors je serai présent à vos côtés. » Puis, les yeux de nouveau sur le visage de la Déesse.

« Pour représenter Vos intérêts. Militaires ou diplomatiques. Pour combattre Vos ennemis. Pour Vous défendre. »

Depuis combien de temps n’a-t-il pas prononcé ces mots ? Les mots de quelqu’un qui a vécu l’entraînement des officiers de l’armée de Troie. Les mots de quelqu’un qui partage, avec eux, l’enseignement difficile du Sanctuaire. Un hiver doux est le souvenir de son premier engagement auprès d’Athéna et du Grand Pope de l’époque. L’hiver, là encore, semble prédominer.
Certaines choses ne changent pas. Peut-être est-ce là le lot de ce que les Anciens appelaient la destinée : des moments clés, qui construisent une partie de l’existence d’un être. Ainsi, selon cette théorie, l’hiver est la saison de sa loyauté, prononcée non pas une, mais deux fois. Douloureuse ironie pour celui qui a ressenti la morsure glaciale du Cocyte … Cela lui arrache pourtant un sourire, sur ce visage marqué à jamais.

L’émotion passée, la Divine reprend la parole concernant différents éléments mis en avant par Pisces Observant un instant la demoiselle, Damian évalue de son regard neutre. Bien entendu, un premier coup d’œil ne permet pas d’avoir une véritable idée de ce qu’est la personne, de ce qu’elle peut apporter dans une armée. Se fier à la première impression est l’erreur des débutants. Mais que personne ne se sente délaisser : discrètement, avec cette même neutralité, il observe chaque personnage de cette scène. Du Grand Pope au Lotus. Qu’importe leurs visages. Qu’importe leurs âges. Ils font partie du Zodiaque, du firmament. Un fragment de leurs constellations. Peut-être, donc, ont-ils des choses à dire. À observer.

L’humain juge l’humain. Cela fait partie de sa nature.
Il juge la valeur de l’autre. Mais la réponse à cette observation ne vient qu’après différentes expériences.

Lorsque la Déesse met en avant son souhait de rejoindre le domaine de son oncle Poséidon, l’Autel pose une main sur son torse. « Si le Grand Pope et vous-même êtes d’accord, Excellence, je me propose pour vous accompagner durant ce voyage. » Un bon moyen de prendre conscience du nombre d’années écoulées. Un bon moyen aussi d’apprendre certaines choses. Comme ce nom. Ahina. Sûrement celui du corps hôte. Le retour de cette demoiselle au nom proche de celui de la Divine.

Puis … L’urne. Dès le départ, l’expression sur le visage de la Sagesse n’augure rien de bon. Et lentement, cette expression laisse échapper de lourdes larmes. Une émotion puissante … Qui résonne dans le cœur même de l’Armure de l’Autel. Le nom est prononcé. Et cette émotion devient plus forte.
Une main vient se poser sur l’armure. L’Autel ressent cette tristesse. Pas seulement par compassion pour la déesse. Non … Cela est bien plus profond. Bien plus … personnel. Les paupières viennent cacher ses yeux. Hevruka. Ancien Chevalier d’Or des Gémeaux et … selon toute vraisemblance … Tu l’appréciais, toi aussi. Un silence. Personnel. Intime. Les yeux toujours clos.

Les soldats tombent au combat. Parfois non. Les guerriers, les stratèges, les assassins, meurent de bien des façon. Et qu’importe cette mort, nombreux sont ceux qui pensent que les plus peinés sont les survivants.

Non. Damian ne lui fera pas l’affront d’un quelconque conseil. D’une quelconque parole, sur des êtres qu’il ne connaissait pas. Que cela soit le défunt, ou celui qui a quitté l’Ordre. Il ne leur fera pas cet affront.
Il accompagne, simplement, la tristesse, l’agressivité, de la divinité, avec son silence. La mort ou l'absence surviennent quand elles le désirent. Oui. Les survivants et les laissés pour compte doivent s'adapter. Accepter la dure réalité.

Les immortels le comprennent, le ressentent, eux aussi. Ceux qui aiment autre chose que d'autres immortels. Ceux qui détestent, aussi, autre chose que des immortels. Oui. Mortels comme immortels doivent accepter la perte. Et parfois ... cela est violent.

Rentrer chez soi

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Rappel - précisions de jeu:

Altia ayant donné également son accord, il fut entendu que Stella deviendrait leur ambassadrice auprès d'Asgard.

" Bien. Puisqu'Altia n'y voit pas d'objection, présentes toi dans tes nouvelles fonctions auprès d'Asgard quand tu voudras Stella. Mais ne tarde pas trop.  Enfin... fais comme tu veux. "

Finit-elle par lâcher d'un air détaché, presque totalement indifférent à la situation. Et lorsque Damian mentionna les Moires, la Divinité des hommes ne parut pas plus concernée par le sujet. Elle haussa brièvement les épaules en s'adressant à lui d'une voix lasse.

" Les humains aiment à dire que les voix des dieux sont impénétrables. Pour ma part, c'est plutôt celles des Moires qui le sont. "

Toboe se mit de nouveau à gronder. Un grognement sourd, puissant, permanent. Comme si le tigre percevait une menace invisible aux yeux de tous, ou qu'il était simplement dans une humeur épouvantable.
Comme accompagnant le grondement du tigre au pelage d'automne, la voix d'Athéna répéta un mot. Un seul mot.

" Ha... "

Toboe se mit à rugir alors qu'il se levait d'un bon, s'écartant d'Altia comme s'il était un pestiféré et se mettant à tourner autour du trône de la déesse comme s'il était pris de toc. Athéna tourna le visage vers son Grand Pope. Et bien que le large bandeau qui encerclait ses yeux ne permettait pas d'en desceller les sentiments, son corps bandé comme un arc et sa mâchoire contractée à s'en briser, donnaient la note.

" Ha...? HA  ?!!!! C'est tout ce que tu trouves à dire Altia ??? HA ?! "

Son indifférence se mua en une colère noire, dont les colonnes tremblantes du temple en furent la démonstration. Et c'est à ce moment que Li Lian Jie intervint. Intervention salutaire à vrai dire, si l'on considérait la fureur de la fille de Zeus dont on aurait pu croire qu'elle allait s'abattre à tout moment sur le plus proche ami d'Ahina.

Aux mots du Lotus, la sensation d'oppression qui s'était abattue sur le temple disparut comme par magie, presque comme si il ne s'était rien passé. Athéna se leva, légèrement tremblante, et s'avança vers le chevalier d'argent qu'elle prit dans ses bras.

" Merci pour ta compassion. J'espère que tu ne partiras jamais d'ici... non jamais... restes avec moi, pour toujours. "

Murmura-t-elle alors qu'elle pleurait si fort que ses sanglots étouffaient à demi les mots qu'elle lui adressait. Elle eut toutes les peines du monde à se détacher de l'étreinte qu'elle prodiguait à Li Lian Jie, mais les mots que lui adressa Oro, et sa demande, la contraignirent à le faire.
C'est donc le visage ruisselant de larmes, s'écoulant à travers le tissu sombre de son bandeau pour dévaler ses joues diaphanes, qu'elle se tourna vers lui en acquiesçant.

" Qu'il en soit ainsi Oro. Tu seras désormais également le protecteur du Bélier. Trouves parmi les Saints d'argent et de bronze présents, quelqu'un à qui tu confieras la tâche de ta maison en attendant. "

Puis elle se tourna vers Damian.

" Très bien, tu m'accompagneras donc au Sanctuaire sous marin. J'ai cependant une chose à régler avant. Profites en pour reprendre tes marques au Sanctuaire et faire connaissance avec tes nouveaux compagnons d'armes. "

Alors qu'elle reprenait place sur le large fauteuil, elle sentit une main se poser sur son épaule. Inutile de se concentrer ou de demander à qui appartenait cette paume. L'énergie d'Altia était reconnaissable entre mille, et même si ça n'avait pas été le cas, ce n'était certainement pas Scareface, chevalier le plus proche d'elle à cette minute, qui risquait de faire preuve d'un tel égard.

Sa main couvrit la sienne et, à nouveau, les larmes baignèrent son visage tandis qu'il rendait hommage à ses frères d'armes disparus. Athéna pleura beaucoup. Cependant... ses larmes s'estompèrent comme par magie lorsqu'il prononça "la réalité qu'ils nous imposent". A ces mots, elle se releva et se mit à faire les cent pas de long en large devant son trône, passant tantôt devant Scareface, tantôt devant Altia.

" ...qu'ils nous imposent... oui il est certain qu'ils n'ont pensé qu'à eux ! "

Le tigre se mit à effectuer les mêmes mouvements que la fille de Zeus, ce qui donnait franchement l'impression d'avoir deux lions en cage en face de soi.
Parlant visiblement plus pour elle-même qu'à l'assemblée réunie autour d'elle, Athéna continua de longues secondes à vociférer, voire carrément hurler par moment.

" Comment avez-vous osé... Toi Hevruka... te suicider, te SUICIDER !!! Sur MA terrasse qui plus est... Et toi Orion... Abandonner Ahina comme ça ! Qu'allons-nous bien pouvoir lui dire ! Tu y as pensé à ça ? NON BIEN SUR QUE NON ! Tu n'as pensé qu'à ta petite personne et les autres n'ont qu'à faire avec hein ? "

Les mots que lui adressa Scareface la sortirent de ce bouillon colérique instantanément. Sur le moment, elle se tourna dans sa direction et resta quelques instants sans bouger, comme si elle n'avait pas compris de quoi il parlait.
Ce n'est qu'au bout de longues secondes qu'elle finit par hausser les épaules, comme si elle venait soudainement de comprendre l'essence des mots qu'il lui avait adressé un instant plus tôt.

" Que veux-tu que je te dise, Scareface. Tu n'en fais toujours qu'à ta tête. Alors fais comme d'habitude et fais comme tu l'entends. "

Se tournant dans le sens opposé, elle passa près d'Altia alors que Toboe la collait avec l'énergie du désespoir, comme s'il craignait qu'elle ne s'évapore. Elle saisit la main de son Grand Pope et s'éloigna vers ses appartements.

" .Damian, ne t'éloignes pas trop, nous partons sous peu. Les autres... faites ce que vous voulez. "

Lâcha-t-elle d'un air maussade en disparaissant dans un couloir, tenant toujours la main d'Altia dans la sienne.

-> Appartements privés d'Athéna

Silencieux, l'Autel observe et écoute. Le tourment de la Sage Guerrière alors que son environnement change. Alors que les pertes s'accumulent. L'Autel écoute aussi l'hommage. Le Troyen présente le sien. Par ce silence. En faisant le lien entre les mots et l'aura de cette armure d'argent. Triste aura. Froide réalité. Mais qu'a-t-il à dire ? La guerre, le conflit, la discorde. Le monde n'est pas tendre. Le monde ne permet que peu de secours. Peut-être … Peut-être que ce choix est le plus judicieux – alors que l'inverse, bien qu'il soit plus agréable pour les autres, pourrait être la pire décision.
Nombreux diraient « Qu'en savons-nous ? », ou alors « Comment peut-on penser ce genre de choses ? ». Mais la vérité est qu'entre les conséquences, l'arborescence de celles-ci, et les émotions … il est parfois difficile de prédire ce qui peut se dérouler.

Oui. Celui qui était Gémeaux aurait pu faire encore de grandes choses.
Oui. Celui qui Bélier aurait pu lui aussi faire encore de grandes choses.
Tout comme leurs esprits morcelés, fatigués, auraient pu être à l'origine d'une tragédie plus importante.

Mais … Le silence est le meilleur hommage à rendre. Leurs choix. Qu'ils soient fuites ou courageuses décisions. Qu'importe où l'un est arrivé. Où l'autre est allé. Les souvenirs les plus importants continueront de résonner – pour le meilleur et pour le pire.

Cachant une dernière fois ses iris derrière ses paupières pendant un court instant, le Chevalier d'Argent se redresse doucement, alors que la voix de la Déesse s'est de nouveau fait entendre à son encontre. Un moment, il observe le Cancer de son unique œil valide. En voilà un qui lui aussi aurait des choses à dire, même si celles-ci passent par la provocation. Il y aura toujours d'étranges âmes qui peupleront le Sanctuaire. Et, fort heureusement, la Garde d'Or n'est pas exempt de défauts.

Puis, les ordres. Alors, simplement, l'Autel glisse ses mains dans son dos. Un hochement de tête respectueux. « Je profiterais de votre temps auprès du Grand Pope pour faire connaissance et me préparer à notre voyage. Soyez certaine, Dame Athéna, que je saurai répondre à vos ordres, comme cela était déjà le cas par le passé. » S'inclinant respectueusement, Damian observe le départ du Pope et de la Divine, avant de regarder le reste de l'assemblée. « Seigneurs de la Garde d'Or, Initié Li Lian Jie, ce fût un honneur. Si vous souhaitez échanger un peu avant mon départ, vous me trouverez dans l'un des sanctuaires de la cour du Palais Pontifical. »

Un hochement de tête en direction du Chevalier d'Argent.
Une main sur la poitrine et une légère révérence militaire en direction des Chevaliers d'Or.

Suite à cela, le Troyen prend congé de ses pairs et supérieurs, quittant la salle chargée en émotion. Prendre la direction d'un lieu séparé de cette tension. De cette émotion.