[Mission] La paix, la mort et les Berserkers [PV Akane]

Un corps d'expédition chinois en marche en Mongolie pour combattre le Khan de Dzoungarie. Des batailles à foison s'annoncent, une bonne nouvelle pour les troupes du Seigneur Ares qui rêvent de se dégourdir les jambes sur un champ de bataille. Des affrontements épiques, des cris guerriers, le bruit des lames qui s'entrechoquent, du sang et des larmes mais aussi les cris des vainqueurs festoyant autour d'un banquet avec les richesses et les femmes des vaincus.

Toutefois...

Un groupe d'illuminés, des moines prônant la non violence, avait dépêché des émissaires pour négocier la paix. La paix ? Une brochette d'idiots avec des points tatoués sur le crâne. Les chefs de ce groupe étaient connus sous le nom de triumvirat de la paix. La paix, le contraire des Berserkers. La mission est très claire : Sacrifier ce triumvirat pour le Seigneur Ares. Trois types, trois meurtres.

Je range le parchemin à l'intérieur de ma cuirasse pour quitter la salle du trône du château de Maître Phobos. Cette fois je ne vais pas prendre une armée avec moi mais Akane. Je n'aime pas cette peste, on va se prendre la tête durant toute la mission c'est l'évidence même mais c'est l'occasion idéale d'évaluer ses compétences et de les mettre à profit. Je tourne à droite, traverse les cuisines tout en saluant Igor pour descendre vers les geôles. Il me semble qu'elle aime traîner là-bas. Si seulement elle pourrait y rester enfermée.

Je pousse les doubles-portes.

"Akane. J'ai une mission, ça te tente de venir ? Je souhaite y aller au plus vite pour éviter que la gloire ne revienne à d'autres personnes que Maître Phobos."

C'est à elle de décider. D'après ce que j'ai compris le meurtre et les assassinats ce sont un peu ses spécialités. La pauvre elle n'a rien pour elle en fin de compte. Un combat doit se faire avec honneur et ne doit pas reposer sur un assassinat. Voici ma vision des choses, mon credo chez les Berserkers. Je ressors mon parchemin que je lance à l'arachnide afin qu'elle ait tout les détails. Les batailles qui s'annoncent, ce groupe de moines bizarres et les noms de nos trois futures victimes.

C'est à Akane de décider désormais.

Tes doigts pianotent sur les barreaux d'acier. Ils sont glacés. Tu aimes cette sensation. Tu aimes ce silence, cette ambiance morne. Et pourtant, quelques petits hurlements de douleurs auraient été si doux à entendre, pour te distraire. Les temps te paraissent beaucoup trop longs, beaucoup trop calmes. Enfin, jusqu'à ce que cette chère Aria ne fasse son apparition. Toujours dans un brouhaha absolu d'ailleurs. Tu l'observes, l'écoutes. Une mission ? Il est bien étonnant de voir la petite poupée rousse venir demander ton aide.

"Quel genre de mission ?"

Pour toute réponse, tu attrapes ce parchemin qu'elle te lance. Tu lui lances un regard entendu avant de dérouler l'objet, lisant avec attention chaque détail de cette mission. Un sourire s'immisce sur ton visage, écarte tes lippes au fur et à mesure de ta lecture. Ton côté sadique est de retour. Enfin quelque chose à te mettre sous la dent. Des assassinats, parfait. Tu refermes le parchemin avant de poser les yeux sur la rouquine.

"Et bien, qu'attendons-nous pour partir ?" Tu lui tends le parchemin afin qu'elle puisse de nouveau le ranger avant de quitter la pièce. Tu l'observes du coin de l'oeil avant de lui poser une nouvelle question. "Comment se fait-il que tu sois venue quérir mon aide ? Tu ne peux plus te passer de moi, n'est-ce pas ?"

Un sourire narquois sur les lippes, tu attends sa réponse tout en quittant le château de votre Maître.

Pas la peine de répondre à la première question d'Akane puisqu'elle vient d'attraper le parchemin reprenant tous les éléments de la mission. J'observe ses réactions. Je vois son sourire s'étirer au fur et à mesure de la lecture. Elle a le profil type du Berserker capable d'accomplir cette mission : une folle aimant les meurtres et les assassinats et par dessus tout, le sang.

Elle accepte en me tendant le parchemin que je reprends et range dans ma cuirasse. Elle prend les devants, prête à quitter les lieux avant de me demander pourquoi je l'ai choisi elle et pas un autre. A mon tour, je lui souris exactement de la même manière.

"Non je te demande pas ton aide mais je t'offre une occasion de me montrer tes talents. Je préfère les véritables batailles aux assassinats. Pour moi, rien ne vaut une démonstration de force devant des milliers de témoins."

Les batailles ont ma préférence. A l'intérieur de l'une d'elles je suis comme un poisson dans l'eau. A l'intérieur je peux insuffler la peur dans le cœur et l'esprit de mes adversaires et porter fièrement l'étendard de mon maître.

Nous quittons donc le château de la Peur direction les provinces orientales avec l'objectif d'accomplir notre mission. Trois assassinats dans l'unique but de préserver la guerre à venir, d'y envoyer nos troupes afin d'agrandir la réputation d'Ares.

Mongolie.

Un chemin au cœur des rizières, une humidité présente dont l'odeur particulière s'insuffle dans les narines. Le paysage n'en demeure pas grandiose pour les non initiés, d'ailleurs il me semble qu'Akane est originaire du Japon, elle ne doit pas être dépaysée de ce fait. D'après les informateurs de Spartes une rencontre devait avoir lieu entre l'expédition punitive chinoise, un des généraux du Khan et le premier membre du fameux triumvirat. L'occasion est parfaite pour mettre un coup aux espoirs de paix.

"On a le choix. Simple assassinat, meurtres de masse, mise en scène... Une préférence Madame l'experte ?"

A nous de jouer.

Elle préfère les spectacles de sons et lumières, tu préfères la discrétion. Bien qu'une effusion de sang de temps à autre ne fait pas de mal. Les massacres, les génocides, cela te connaît également. Mais il est vrai que ta réputation fourbe n'est plus à faire, toi, la Veuve Noire. Elle te précède, elle te poursuit, à ta plus grande satisfaction. Mais personne ne sait qui tu es vraiment jusqu'à ce que tu dévoiles tes "talents" comme le dit si bien la rouquine. Cette petite peste te provoque donc encore. Tu n'as absolument rien à lui prouver, surtout en tant que Héraut de votre Maître. Mais à quoi bon répliquer. Qu'elle continue de se bercer de douces illusions. La provocation reste votre jeu favori entre vous deux.

L'Asie, ton continent natal. Tu n'es nullement dépaysée, bien que la Mongolie est bien loin d'avoir le charme que tu trouves au Japon. En espérant que la petite peste rousse ne s'extasie pas trop sur les paysages sans doute inconnus pour elle. Tu l'observes, elle te laisse le choix. Assassinat discret. Génocide. Ou mise en scène. Tu fais mine de réfléchir avant que ton regard d'or n'affiche une lueur malsaine.

"Pourquoi choisir alors que l'on peut faire les trois ?"

Tu laisses planer un peu le suspense, t'approchant d'elle alors que tes doigts se posent sur sa poitrine, puis tu remontes, à la manière d'une araignée prenant l'ascension jusqu'à son cou jusqu'à caresser sa joue.

"Nous pourrions jouer un rôle, toutes les deux afin de tromper nos cibles pour mieux les dévorer et ensuite ..." Tu te saisis de son menton, approches tes lippes des siennes, un sourire espiègle sur celles-ci. "L’apothéose. Le sang qui coule à flots. Des membres arrachés, découpés, à perte de vue. Des cris. Des larmes. De la ... peur." Tes dents se referment doucement sur sa joue avant que tu la relâches. "Si l'on commence par semer le chaos, nos proies pourraient bien vite nous filer entre les doigts. Après tout, les grandes instances sont pour la plupart du temps connues pour être de véritables poules mouillées, faisant tout et n'importe quoi pour sauver leur peau." Tu l'observes désormais de la tête aux pieds, un sourire au coin des lèvres. "Tu as déjà porté un yukata ? Les étrangères font plutôt sensation dans ce genre de tenue locale."

Les trois ? Ensemble ? Je ne comprends pas où elle veut en venir. D'ailleurs, j'espère qu'elle a bien compris le sens exact de notre mission. On ne doit pas tuer pour tuer mais tuer pour provoquer la guerre, s'assurer qu'elle ait bien lieu. Il va nous falloir plus d'intelligence, plus qu'un vulgaire massacre organisé par des bêtes féroces. Je la laisse faire son petit manège, bien qu'un peu troublée par son jeu de séduction, je ne laisse rien paraître.

Je pose la main sur ma joue. Poule mouillée ? Yukata ? En porter un ? J'ai déjà une épée, en avoir une autre risque plus de m'encombrer qu'autre chose. Je regarde mon arme, puis Akane.

"J'ai déjà mon épée, tu crois qu'il me faut un Yukata en plus ?"

Le temps passe vite, tellement que les premiers éclaireurs apparaissent dans les environs. Un éclaireur chinois sur la route de gauche, un éclaireur Mongol sur la route de droite et un des membres du fameux triumvirat. Il manque les deux autres, sans doute à l'écart ou à un autre point de rendez-vous. Une cible sur trois c'est déjà ça.

"Je... on procède comment ? Je te suis Akane."

Va-t-elle se jeter sur les trois hommes ? Un seul ? Ou va-t-elle se diriger vers le village le plus proche ? Je suis curieuse de voir ce qu'elle va nous faire faire désormais. Parler ce n'est pas mon truc, vivement un peu d'action.

Tu écarquilles les yeux, arques des lippes en un sourire en coin. Tu l'observes avec intensité. La culture japonaise semble être un mystère pour elle. Tu laisses peser le silence, à l'observer comme si tu t'attendais à ce qu'elle se rende compte d'elle-même de sa bourde. Mais ceci ne viendra pas, tu en as bien conscience. Ta main glisse de nouveau dans les boucles rousses de ton acolyte alors que tu soupires.

"Aria ... Aria ... Un YU-KA-TA ! Et non un katana. Je dois en déduire que non."

Histoire de la faire mijoter un peu, tu décides de ne pas lui révéler la signification de ce mot. Elle le verra bien assez tôt. Et nul doute qu'une perle rousse et étrangère ne fasse pas mouche dans l'habit traditionnel. Enfin, c'est une idée. Reste à voir si celle-ci sera réalisable. Tu as toujours plusieurs plans en tête, plusieurs cordes à ton arc. Il faut toujours prévoir une issue de secours lors d'une telle mission. Et la pimbêche s'en remet à toi. Tu l'observes, encore, longuement avant de lui adresser un sourire mauvais.

"T'attends-tu à ce que je te mâche le travail, ma Chère ? Il semble que c'est toi, qui est venue me chercher alors .. Sers-toi un peu de ta tête. Je sais que c'est dur, mais crois-moi, tu devrais y arriver sans trop faire chauffer les quelques neurones que tu détiens."

Tu la fixes toujours intensément. En fait, tu décides de la tester. De voir ce qu'elle vaut après tant d'années passées aux côtés du Dieu de la Peur. De voir si elle peut se contenir malgré la provocation dans un contexte de discrétion. Que va-t'elle faire ?

Akane ne souhaite pas prendre l’opération en mains, pire même elle préfère se moquer de moi à propos de ce Yuka truc machin chose. Nous n’avons plus le temps d’aller au village d’en face de toute façon. Les représentants chinois et Mongols discutent et je vois bien que notre cible essaie d’arranger les choses. Au début la conversation semble virulente mais rapidement le médiateur arrive à calmer tout ce petit monde. Zut… Je fixe Akane l’air grave consciente que ces trois personnes n’ont plus le droit à la vie.

Je quitte mon buisson pour effectuer quelques pas en leur direction pour constater que les chinois et mongols sont venus avec deux gardes chacun. La tâche va s’annoncer encore plus complexe.

« Akane, tu t’occupes des gardes. Je prends les représentants et les médiateurs. »

Elle veut que je m’occupe de la mission, très bien mais elle a intérêt à m’obéir au doigt et à l’œil. Dommage pour elle. Elle a laissé passer sa chance. D’une impulsion, j’enlève ma cuirasse pour apparaître en tenue simpliste, pantalon de lin et chemise. Je prends mon épée et m’entaille volontairement le bras. La blessure est superficielle mais impressionnante par le sang qui macule désormais mes habits.

J’avance presque en rampant avant de m’écrouler à seulement quelques mètres du groupe poussant un hurlement comme une bête blessée. J’attire l’attention comme souhaité. Je suis pliée en deux cachant habillement mon arme prête à dégainer. Les trois hommes s’approchent et du coin de l’œil je constate que leurs gardes se rapprochent également. Akane va avoir une fenêtre d’attaque parfaite.

Le chinois pose sa main sur mon épaule, geste anodin signifiant le début des hostilités. Je me déplie, m’ouvre comme une fleur étendant mon bras armé qui tranche. La tête du chinois tombe, suprême déshonneur pour eux avant d’embrocher le Mongol à la suite. Quant au moine servant de médiateur je peux voir ses yeux horrifiés se poser sur les corps sans vie. Un sourire narquois et je lui fais comprendre qu’il allait être le suivant. Ses yeux brillent, il est à deux doigts de pleurer comme une petite fille.

Il se sauve.

Je soupire en secouant la tête. Pourquoi lutter alors que la mort est devant lui ? Le malheureux transpire la peur. C’est humain de se sauver oui, c’est ce qu’on appelle l’instinct pourtant cela ne sert à rien. Je ne souris plus, las de ce jeu bien trop court avant de pousser mon cri. Son corps s’envole comme un simple fétu de paille, il ressemble à une poupée désarticulée qui s’écroule avec lourdeur sur le sol. Il est mort.

Je tourne la tête pour voir où en est Akane.

Alors comme ça, la petite peste est capable de prendre les choses en main. Tu souris, de manière narquoise alors qu'elle t'offre un ordre. Après tout, tu peux bien lui laisser un petit instant de gloire à la rouquine. Tu l'observes, toujours dans l'ombre. Ta cuirasse te quitte, en écho à la sienne alors que tu ne la quittes pas du regard. Le sang coule. Hmm... cette odeur. Tu sens ce fabuleux nectar chatouiller tes narines. Venant d'elle, étonnant que tu en apprécies la fragrance. Elle surjoue quelque peu. Elle a des choses à apprendre en comédie, mais ces imbéciles tombent dans le panneau. Tu fais un pas, puis deux, approche de ta démarche discrète, féline. Une araignée tissant sa toile, se refermant autour de ses proies. Une belle image pour toi.

Le glas sonne. Tu te mordilles la lèvre inférieure alors que l'hémoglobine envahit déjà le sol. Tu sautes sur le dos de l'un des gardes, le désarçonnant alors qu'il s'avançait déjà vers ton acolyte, tu attrapes une lame accrochée à ton mollet avant de lui trancher la gorge, sans ménagement. Un cri d'horreur s'ensuit alors que son compagnon le voit s'effondrer dans une mare de sang. La lueur dorée de ton regard en devient presque sanguine. Tu lui décoches un coup de pied dans l'abdomen, rangeant ton poignard maculé de rouge avant de dégainer ton katana. Ton adversaire tombe à genoux, ta lame se plante tendrement dans sa nuque, transperçant l'oesophage, puis les poumons, l'empalant parfaitement.

Tes iris meurtrières guettent la rouquine. Les deux autres s'approchent d'elle. Mais des liens d'ombre s'échappent du sol pour les retenir. Ils tentent de se dégager, en vain. On n'échappe pas à la Veuve Noire. Tes cibles sont habituellement bien plus appétissantes, mais soit ... Tu te postes devant eux, l'un d'eux étant sa lame vers toi, tu l'esquives d'un geste habile, une expression inquiétante tapissant ton visage. Et alors que l'autre pimbêche hurle, des lianes d'ombre viennent enserrer leurs gorges. Ils suffoquent, étouffent, jusqu'à simplement s'effondrer. Tu te détournes d'eux, soupirant devant cette facilité déconcertante, passant tes mains ensanglantées sur ton front, y laissant une trace.

"Quatre contre ... Trois. Tu es à la traine, ma Chère." lui balances-tu d'un ton relativement nonchalant, comme si vos massacres n'étaient qu'une simple course, un simple défi.

« Je préfère la qualité à la quantité… ma chère. »

Lui dis-je tandis que ma lame reprend sa place dans son fourreau. Je ne suis pas ici pour faire un concours mais pour accomplir une mission au nom de mes maîtres. Si Akane ne le comprend pas c’est dommage pour elle. Je fais quelques pas en direction de ma première victime et le fouille. Rien. J’agrippe le corps et le pose à proximité de ma deuxième victime. Ainsi disposé, même maladroitement le premier imbécile venu peut croire qu’ils se sont entretués. Je fais signe à Akane de faire pareil. Pendant ce temps je fouille un autre corps mais toujours rien.

Dommage. J’aurais bien aimé avoir plus d’information sur les autres rencontres notamment les lieux exacts. Ce serait tellement plus simple ainsi et nous permettrait de mieux préparer nos embuscades. Je me dirige donc cette fois vers le dernier des trois corps, celui du Moine en espérant que la chance serait de mon côté.

Bingo.

Je trouve une vieille pochette en cuir contenant des papiers, des lettres de correspondance. J’essaie d’en lire un avant de voir que mon sang tâche le papier. J’ai oublié ma blessure. Je range les papiers maladroitement avant d’arracher un morceau de la chemise et de le nouer autour de mon bras. Ce n’est pas très bien fait mais au moins le sang n’abimerait plus les papiers. Je reprends mon enquête. Les premières lettres ne sont pas très intéressantes, une simple correspondance avec ses deux autres amis où il est fait mention d’une guerre imminente et qu’il faut l’empêcher et blablabla. Cette histoire on la connait déjà.

La dernière lettre par contre….

« Il y a un village plus au Nord, réputé pour ses sources thermales. Si je me fie au contenu des lettres, les deux autres attendent notre ami ici présent demain soir dans une des pensions avant de nouvelles négociations prévues le surlendemain. »

Mon regard croise celui d’Akane qui attend sans doute la suite des opérations. Mon pansement de fortune, lui, vient de se faire une nouvelle fois la belle sans que je n’ai mon mot à dire. Saleté. Je grince des dents conscientes que ma « partenaire » avait le parfait prétexte pour se moquer de mes deux mains gauches. Je range une énième fois les papiers dans l’une de mes poches.

« Après toutes ces nuits à la belle étoile que dis-tu de se prendre une chambre dans l’une de ces pensions ? »

Je me tiens le bras dans le même temps voulant stopper le saignement.

La qualité à la quantité ... Tu es quasiment certaine que ces gardes auraient pu - au conditionnel relativement éloigné - te donner plus de fil à retordre que ces moines, médiateurs ou tu ne sais quoi. Enfin, l'espoir fait vivre, paraît-il. Tu l'observes fouiller les corps, les mettre en scène avant qu'elle ne te fasse signe. Tu lèves les yeux au ciel. Et en plus, elle te file de la basse besogne. Soit, allons-y. Tu l'imites, afin que la bataille feinte paraisse plus vraie que nature.

Tu observes la rouquine alors qu'elle lit, espérant qu'elle trouve quelques informations utiles dans ces écrits. En attendant, tu guettes le moindre mouvement. Si quelqu'un témoignait de la scène, il vous faudrait l'exécuter sans sommation. La voix cristalline du Leviathan te rappelle sa présence. Tu l'écoutes, sans un mot, l'air impassible. Bien sûr que tu la prends au sérieux, cette mission. Tu prends juste un mâlin plaisir à la faire sortir de ses gonds. Déjà, les idées font le chemin jusqu'à ton esprit, mais tes iris d'or se posent sur le bandage de fortune ne faisant guère son office. Tu ne prends pas la peine de répondre à sa question, l'ignorant avec superbe alors que tu t'avances vers elle, attrapant avec fermeté mais pourtant précaution son bras blessé.

"Tu ne peux pas t'empêcher d'aller dans l'extrême, toi, n'est-ce pas ?"

Sans ménagement tu arraches un pan de ta chemise sombre, t'aidant de tes dents puisque tu n'as guère l'intention de la laisser se dérober à ton étreinte, puis, tu t'attèles à lui présenter cette fois un pansement correct qui ne se défilerait pas au moindre mouvement, qui permettait de contenir l'hémorragie et même de la stopper, en y insufflant un peu de ton cosmos d'ombre. Tes iris trouvent les siens.

"Je ne le fais pas pour toi, mais pour éviter que tu ne mettes notre mission à mal."

Que les choses soient claires. Tu la dépasses sans un mot, direction ce village, jusqu'à atteindre la fameuse pension. Prenant les opérations en main, tu quémandes une chambre pour une nuitée à l'hôtesse d'accueil. Mais alors qu'elle vous montre le chemin de votre chambre, tu empruntes un autre couloir en attrapant la rouquine de son bras valide, te faufillant vers une pièce qui semble faire office de réserve à vêtements. Tu balayes les portants de ton regard mordoré avant d'attraper un yukata vert émeraude orné de fils d'or dessinant des motifs floraux, que tu tends à ton acolyte.

"Yu-ka-ta."

Tu fais à ton tour ton choix avant de ressortir avec discrétion pour rejoindre votre chambre. Tu poses délicatement ton étoffe avant de lever le nez vers le Leviathan.

"Le plan est simple. Se faire passer pour des courtisanes pour l'approcher sans soupçon. Ce genre de porc apprécie particulièrement les "fruits exotiques". Nullement dans l'idée de te flatter, mais tu feras sans doute l'affaire, princesse. Je suppose que je vais devoir t'habiller moi-même ?"

J’ai une sainte horreur quand elle m’ignore. Ce n’est pas faute de faire des efforts pour l’intégrer mais c’est à croire qu’elle s’en moque. Cette mission j’aurais très bien pu la faire toute seule. Même là elle me laisse tout faire. Akane s’avance donc vers moi, m’ignorant encore et toujours. J’ai une sorte d’appréhension. Va-t-elle m’attaquer ? J’ai un mouvement de recul mais elle attrape mon bras blessé.

Elle arrache un morceau de son vêtement devant mon air ébahi. Oui je dois avoir l’air d’une belle cruche tellement je n’en reviens pas. Je dois même faire les yeux ronds. Elle s’occupe de mon bras, elle sait y faire. Notre nouvelle recrue fait preuve de ressources insoupçonnées jusqu’à lors. C’est appréciable.

Je bredouille, ignorant son autre remarque.

« M-Merci. Tu sais bien t’y prendre. Tu as appris comment ? »

Toujours aussi curieuse, j’essaie d’en apprendre plus sur ma camarade. Après tout nous faisons partie de la garde personnelle de la Peur et comme Maître Phobos l’a lui-même dit, nous devrions apprendre à nous entendre, pour le bien commun.

Elle me dépasse rapidement, prend les devants en direction du village. La petite araignée en a sans doute marre de cette mission et souhaite rentrer à Spartes. Dommage, j’aime beaucoup les missions en extérieur, elles sont l’occasion pour moi de sortir du château et de me balader, découvrir de nouvelles choses, de nouvelles fleurs pour mon livre. Akane prend définitivement les devants, commande une chambre mais au lieu de s’y reposer me force à entrer dans une autre pièce, une sorte de laverie.

« Yukata ? Oui c’est ce que je disais. Je le savais. »

Une nouvelle feinte de ma part malgré les rougeurs qui parent mes joues. Akane doit me prendre pour une cruche c’est définitif. Le vêtement est superbe surtout composé de ce motif floral. J’adore. Nous sommes de nouveau dans notre chambre mais je ne l’écoute plus. L’ignorant royalement j’enlève mes vêtements un à un, le tout sans aucune pudeur, pour enfiler ce qui ressemble à un kimono.

« Et la ceinture faut la serrer par devant ou derrière ? c’est compliqué… »

Je fais une petite moue. Je m'en sors, décidément ce n'est pas mon jour. Si Akane en avait porté souvent c’est clair qu’elle devait en avoir marre à la longue. C’est chiant ce truc.

Et la mission dans tout ça ?

Merci ? Un sourire narquois se dessine sur ton visage. Alors, elle est capable de politesse. Tu lui as soufflé une rapide réponse du style : "il le faut bien pour survivre". Sujet désormais clos. Tu ne t'étaleras guère plus. Tu poursuis la mission, la mène quelque peu pour l'avancer. Tu as autre chose à faire que de passer des jours en ces lieux, en compagnie de cette rouquine insupportable. Ton plan fonctionne plutôt bien jusqu'à maintenant. Tu hausses un sourcil lors que le Léviathan te fait croire qu'elle avait compris ton allusion plus tôt.

"Hmm. C'est cela oui. D'où le fait que tu ressembles actuellement à une tomate un peu trop mûre ?"

Désormais dans la chambre, tu observes la rousse se dévêtir sans aucune pudeur. Sa peau est aussi pâle que la tienne. Et pendant que celle-ci tarde à s'habiller, tu enfiles ton yukata en quelques minutes, impeccablement apprêtée après avoir même pris le temps d'essuyer les tâches de sang maculant ton épiderme. Tu commences à tresser ta longue crinière argentée sans lâcher ton acolyte des yeux. Puis tu soupires, abandonnant ton oeuvre pour t'approcher d'elle sans lui répondre.

"C'est un obi. Pas une ceinture. Mais je suppose que tu le savais aussi ?" Tu t'appliques à nouer sa ceinture avant de reprendre d'une voix douce, tes lèvres trainant près de son oreille. "Je tiens à te prévenir ... Ton jeu doit être parfait. Aussi, lorsqu'il ..." L'une de tes mains effleurent sa croupe. "... te touchera là ... ou ..." Ton autre main glisse sous le tissu pour effleurer sa poitrine. "Là ... Tu ne devras pas montrer le dégoût que tu ressentiras. Sinon. Tu feras échouer notre mission si divertissante." Tes dents croque son lobe. "Compris, ma jolie ?" Puis, telle une ombre, tu t'écartes, te glissant vers la porte. "Après toi, ma Chère. Epate-moi."

« Un obi ? Oui oui bien sûr que je sais ce que c’est. C’est une ceinture quoi. »

Je suis toujours aussi rouge. Akane m’aide à bien ajuster ma tenue et à nouer ce obi truc. C’est vrai que c’est joli comme tenue et je me demande ce que penserait Maître Phobos d’un tel vêtement. Se moquerait-il de moi ? Ou bien est-ce qu’il dirait que je suis jolie ? Quoi qu’il en soit je n’ai pas remarqué l’araignée qui a tissé sa toile de manière astucieuse pour m’emprisonner. La berserker d’arachnée est proche de moi, me chuchote à l’oreille.

Je frissonne, rougis encore plus. Elle se moque de moi, joue avec moi, mes courbes pour me mettre mal à l’aise. Jamais personne n’a… Je me renfrogne et la repousse lorsqu’elle me mord l’oreille. C’est… beurk.

Je me tiens l’oreille comme choquée et je tente alors d’obtenir plus d’informations concernant ses propos. Tout cela c’est nébuleux pour quelqu’un comme moi.

« Ils vont me mordre l’oreille ? Mais ça fait mal… »

Choquée, je finis par sortir de la chambre pour me diriger vers la salle de réception. Tu parles de Moines pacifiques et religieux ! L’endroit est bourré de filles dansant, chantant plus ou moins dénudées parmi les troupes chinoises, mongoles et donc les moines. C’est presque une orgie qui se déroulait sous nos yeux. Inquiète sur le jeu potentiel que je dois jouer, je cherche Akane du regard. Pour la première fois depuis très longtemps je ne suis pas franche. On dirait presque une débutante incapable de porter sa cuirasse convenablement et donc de se battre sur le champ bataille.

Il y a du monde. Beaucoup de monde mais j’ai l’impression qu’ils sont là pour s’amuser et non négocier l’arrêt des hostilités. Une belle bande d’ivrogne ! Comment allons-nous procéder ? Empoisonnement ? Massacre ? Ou vais-je devoir être l’appât comme Akane l’a suggéré ? Cette dernière solution me met mal à l’aise. Un point faible que je dois gommer rapidement. Peut-être qu’Akane pourrait m’aider sur ce point à l’avenir ?

D’un pas discret, je me dirige vers la table principale comprenant donc nos dernières cibles pour que notre mission soit un succès.

Sa peau réagit. Tu ressens ses frissons. Elle se crispe. De toute évidence, elle n'a jamais rien connu de tel. Certainement aussi pure qu'un enfant venant de naître, en tout du point de vue des plaisirs de la chair. La morsure est de trop, elle te repousse. Tu souris narquoisement. Pauvre petite, bien trop prévisible, bien trop sensible. Elle a échoué au test, tu ne pourras rien faire d'elle au vu de sa comédie si peu concluante. Tu aurais dû la croquer plus fort afin de te délecter de son sang. N'empêche ... Cette expression de vierge effarouchée est relativement délicieuse. Rien que pour cela, tu es fière de ton oeuvre. Et elle fuit. Tu soupires. Ton plan tombe à l'eau.

Tu la suis, peu choquée de ce que tu peux voir. Après tout, cette ambiance, tu ne l'as que trop connue. Tu as toujours profité de celles-ci pour t'occuper de tes proies ou pour en arriver à un véritable bain de sang. Tu gardes l'idiote à la chevelure de feu en ligne de mire, au cas où. Phobos n'appréciera pas que tu la lui rendes amochée. Tu passes la foule au crible avant de repérer ta troisième cible. Il boit. Les joues écarlates, il semble incohérent. Et alors qu'il brandit sa coupe, le bras en arrière, tu agis. Tu verses une petite fiole dans celle-ci et, tous aussi ivres sont-ils, ils ne se formalisent pas de ton geste. Personne.

Tu réapparais auprès d'Aria, passes ton bras sous le sien, tout en lui accordant un regard lui signalant de ne pas discuter. A peine as-tu franchi la porte, qu'un bruit de chute se fait entendre. Un cri retentit. Tu jettes un regard derrière toi, et souris de toutes des dents immaculées. Tu glisses quelques mots à l'oreille d'Aria.

"Venin de veuve noire ..."

Kumo t'a aidée dans ce meurtre, tu en as toujours sur toi, en cas de besoin. Ta fidèle Kumo qui te chatouille désormais la nuque. Alors que le brouhaha se fait entendre, signe que vous êtes passées inaperçue, tu relâches ton acolyte.

"Allez. C'est le moment de rentrer."

Akane m'a devancé. Je crois bien l'avoir vu déposer quelque chose dans la coupe du dernier moine chargé des négociations. L'abruti. Mais je ne suis pas moins qu'une idiote moi même. J'ai hésité, perturbée par les propos de ma camarade Berserker. La mission aurait pu être un fiasco par ma faute. L'arachnée m'attrape le bras pour m'emmener à l'écart, direction la sortie. Elle me glisse quelques mots concernant son venin de veuve machin chose. Je n'écoute pas vraiment prenant cette mission comme un échec personnel. J'ai eu faux sur toute la ligne.

Elle me relâche et j'en profite pour me stopper. L'air gênée.

"Merci... et pardon de ne pas avoir été à la hauteur."

Je baisse la tête et reprend ma route trop honteuse pour continuer la discussion avec Akane qui à coup sûr ne se gênerait pas pour ma rappeler mon incompétence. Pire même, elle n'hésiterait pas en parler à Maître Phobos pour mieux me discréditer. Je repasse par notre chambre, abandonnant ce yukata débile préférant largement mes vieux vêtements pour le chemin de retour. Je ne compte pas m'attarder de toute façon et je comprends bien que les missions d'assassinats ce n'est pas mon truc.

Moi ce que j'aime c'est la guerre, la guerre pure et dure. Les cris sur le champ de bataille, le fracas des armes et l'agonie de nos adversaires. Vivement la prochaine d'ailleurs, que je montre de quoi je suis capable....