Egypte, lieu de mystère et de délicieuses rencontres ! [FB PV Nephtys]

Les crocodiles, quelles magnifiques bêtes ! Et plus le bateau avançait et plus le borgne pouvait admirer ces charmantes créatures. Si beaux et si dangereux… un peu comme lui en fin de compte ! Ces adorables bestioles à la mâchoire bien fournie pouvait rester des heures sur les bords du Nil, immobiles attendant qu’une proie assez naïve ne pointe le bout de son nez. Dommage d’ailleurs qu’il y ait autant de monde sur ce bateau car le futur Mephistopheles aurait bien pris une ou deux personnes pour les balancer dans le fleuve, histoire de faire bouger ces pauvres bêtes qui devaient mourir de faim.

Outre la faune et la flore locales Abel se sentait nostalgique depuis qu’il était de retour dans ce pays. C’était en effet ici qu’il avait vécu une véritable aventure digne des plus grands bouquins du genre avec la charmante Réa. Hum Réa… une demoiselle pétillante qui avait rythmé ces nuits durant de longs moments avant de le délaisser et de repartir à l’aventure. Une idéaliste pour sûr, comme si les Hommes n’avaient plus besoin d’esclaves pour les basses besognes, charmant. Enfin bref, la demoiselle pirate avait décidé de repartir à la chasse aux négriers laissant le pauvre Abel avec sa suivante au Japon.

Une agitation soudaine sur le pont principal tira Mephisto de ses pensées. Ils étaient arrivés à destination après quelques jours de voyage. « ILS » représentait une petite équipe d’archéologue que le jeune homme avait infiltré afin de participer à quelques fouilles et recherches qu’il jugeait intéressantes. Et voilà que devant lui le temple d’Isis à Philae plus exactement s’imposait de par sa grandeur et beauté architecturale. Il feuilleta rapidement son petit carnet qu’il venait de sortir de sa poche afin de se remémorer quelques informations importantes.

« Hum voyons voir pharaons de la 30ème dynastie… puis construction reprise par les romains et les grecques. Aaah ils sont toujours partout ces petits grecques. Manquerait plus que je tombe sur une statue de cette greluche d’Athéna. »

« Mais ne raconte pas de bêtise Abel. Jamais les égyptiens auraient laissé une statue d’Athéna ici voyons. Simplement les grecques ont ajouté leurs « griffes » notamment pour les finitions des colonnes. »

Interrompu par l’un de ses « collègues », un petit rouquin à lunettes façon je sais tout, Abel fronça les sourcils avant de l’envoyer plus loin d’un signe de la main.

« Mouais va voir là-bas avec les crocos si j’y suis… euh c’est comment déjà ton nom ? »

Le collègue, qui fronçait les sourcils à son tour, le quitta sans même un mot pour rejoindre le reste du groupe dont Abel s’était volontairement écarté. Il y avait bien plus intéressant à faire comme explorer ce vieux temple à la recherche de choses qui pourraient lui être utile ou même ce petit village. Enfin petit village c’était là un bien grand mot puisque selon les saisons tout l’endroit était sous les eaux ce qui avait eu pour effet regrettable la dégradation des lieux. Ainsi il y avait quelques habitants qui vivaient selon les saisons dans des maisons en ruine ou encore d’autres qui avaient établi des campements de fortune uniquement le temps de la saison. Il n’était pas rare que des habitants du coin reviennent en ces lieux pour la culture et actuellement ils étaient en plein « chémou » ou un truc du genre.

Les regardant travailler, Abel avançait tranquillement à travers ces campements improvisés en direction du temple de la déesse Isis.

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Egypte, lieu de mystère et de délicieuses rencontres ! [FB PV Nephtys] Signab10

Spoiler:

A nouveau siècle, nouveau départ.

A Philaé, le Désert ne lui donnait pas beaucoup de choix. Surtout en matière vestimentaire. Malheureusement, les conditions météorologiques ne lui permettaient plus ses anciennes petites fantaisies. Et pourtant, Surplis à disposition ou non, il lui fallait tuer le temps. Dans ce genre de conditions, n'importe qui optait pour une robe sobre et ample, un accoutrement qui n'accrochait pas l’œil. En bref, "un truc simple". Un habit qui, pourtant, jurait profondément avec son éternelle coquetterie. Par chance, l'Egyptienne avait l'embarras du choix, et sa destination ne dépendait alors plus que de ses envies. Parfois alors, Nephtys optait pour un peu de Nouveauté, consciente qu'elle s'élancerait vers une grande inconnue. Et puis parfois, il lui arrivait tout simplement de choisir une simple balade le long du Nil, juste par nostalgie.

Aujourd'hui était pour Nepthys un jour de nostalgie. Le genre de journée où elle passait son temps à se remémorer une enfance bienheureuse, voire quelques tendres instants passés entre amis. De bien charmantes idées, oui. Mais peut-être était-ce les hiéroglyphes de la façade du Temple d'Isis qui lui faisaient un tel effet ? Plissant des yeux, son regard parcourut une première ligne, puis une deuxième. Dans un soupir de soulagement, l'Egyptienne constata que son art du déchiffrage était resté indemne. Portant sa main sur la façade, ses doigts explorèrent délicatement les crevasses, comme pour saisir un souvenir précieux mais volatile...

"Avec un peu de chance, je pourrais te retrouver", susurra-t-elle en fermant les yeux, visualisant la relique de Khépri qu'elle cherchait depuis toujours. "Tu as disparu depuis maintenant trop de temps..."

Alors que Nephtys s'apprêtait à faire ce vœu, un bruit se fit entendre.

Là, au loin.
Juste là.
La brune recula alors, aux aguets.

Quelle ne fut pas son soulagement lorsqu'elle vit qu'il ne s'agissait là que d'un...Archéologue ? Mais alors, un archéologue...Seul? N'était-il pas en groupe ? Etrange. Nephtys ne sonda néanmoins rien d'ouvertement belliqueux de prime abord. De toute façon, il aurait été particulièrement de mauvais goût de se montrer offensif face à un ancien Sanctuaire sacré...

Et puis, n'avait-elle pas vu quelques hommes explorer ces contrées? Peut-être était-ce ses collègues. Toujours émerveillée par le Temple qui se dressait face à eux, la femme posa ses mots, puis prit la parole...

"Eh bien, je ne m'en passerais jamais. C'est fascinant, de voir une architecture aussi poussée et pourtant vieille de plus d'un millénaire. Plus encore de constater que sur la façade de ces murs, on n'omet pas un seul dieu du conte d'Osiris, et que ces mêmes dieux ne semblent plus se battre..."

Les dieux égyptiens avaient bien entendu certains des défauts, mais pas celui-là. Ou moins que ce que le Panthéon grecque lui avait fait vivre jusque-là. Coupé dans son observation, l'eau crépita et les crocodiles l'interpellèrent. Les deux petits yeux du reptile, froids, fourbes et implacables, lui rappelèrent vaguement l'ancien protecteur de Sobek, aussi féroces et patients que les forces aquatiques. Nephtys ne put y songer davantage, puisqu'elle vit les deux orbes plongés de nouveau dans les abysses du lac. Un sourire amusé apparut sur son visage. Etait-ce un signe ? Sacrés bestioles !

"Je suis surprise de voir toute une expédition ici-même...C'est peu habituel.", fit-elle en reprenant sincèrement. La dernière fois qu'elle était passée près des côtes de Philae, le temple ne faisait pas l'objet de tant d'attention, ni même de fascination. "Mais peut-être que les temps ont changé...Je m'appelle Nephtys. Et vous êtes ?"

Poliment, Nephtys ne se désarma pas d'un sourire aimable, incitant son vis-à-vis à se présenter également. Puis, reprenant son observation, elle ne put réprimer un froncement de sourcils en percevant les colonnes de Justinien et les statues endommagés par l'humidité. Ses lèvres ne purent alors retenir un soupir.

"Tant de précisions, tant de références aux anciens dieux...C'est un magnifique temple pour honorer la déesse magicienne de l'Egypte mais, je dois bien l'avouer, voir ce genre de détails...Ca m'attriste", souffla-t-elle, sans détacher son regard de ces piliers délabrés, redécorés et quelque part, profanés.

On n'y coupe pas. Quand Nephtys percevait les avancées de l'humanité, elle y voyait aussi la guerre. Ou plutôt, "les Guerres". A ce titre-ci, ce n'était plus une question de "griffes". Les Guerres étaient, selon elle, ce qu'il y avait de plus révélateur dans la bassesse humaine : manque de compromis, perte de sang froid, feu, larmes et sang. Tant de notions qui faisaient porter à croire que l'Homme était foncièrement mauvais et les dieux, infiniment injustes. Une telle dichotomie n'avait pourtant pas sa place chez les vivants.

...

N'est-ce pas ?

A moins d'être un crocodile dans l'âme et de faire fi de ce raisonnement, bien entendu. Une proie restait une proie. Peut-être avait-elle été trop idéaliste par le passé. Et peut-être était-ce toujours le cas.

Mais qu'importe. Le jeune homme avait pour l'instant toute son attention...

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"J'aime ce jeu que les gens appellent "vie", du fond de mon coeur."

Le regard du japonais se posa sur une jeune femme qui semblait, au regard de ses paroles, aimer particulièrement cet endroit. Le mythe d'Osiris... oui il l'avait étudié ou plutôt survolé il y a quelques temps déjà. Cette pauvre divinité tuée par son propre frère, Seth qui au passage lui a volé sa place. Un chic type ce Seth n'est-ce pas ? Et pourtant c'était Osiris qui avait la part belle ! Devenir un martyre tout simplement parce que sa moitié, Isis a retrouvé les morceaux pour les recoller façon puzzle antique. Si jamais un jour un tel truc venait à lui arriver il espérait qu'Elyn ne soit pas aussi folle pour récupérer son patron.

"S'ils existent encore je parie mon œil valide qu'ils se battent toujours. Les divinités sont comme les Hommes, avides de pouvoir, de femmes et de tout un tas de bonnes choses."

Il observa l'inconnue dont le visage semblait "absorbé" par un des reptiles assez proche finalement. L'idée d'en adopter un et le ramener au Japon commençait d'ailleurs à faire son petit bonhomme de chemin dans l'esprit du borgne. Après tout certains chefs de clan aimaient parader en ville avec des animaux exotiques alors pourquoi pas lui ? Restait le problème du nom... Ah mais pourquoi pas celui de l'autre rouquin là ? A l'occasion il essaierait de s'en rappeler.

"Abel très chère. J'admets ne pas trop aimer la compagnie de mes semblables. Ils sont trop... terre à terre. Les colonnes, les fresques, le papyrus, tout ça très peu pour moi. Je suis ici pour des choses beaucoup plus excitantes, plus mystiques dira-t-on."

Aujourd'hui, il n'avait pas envie de rigoler,de mentir ou de tergiverser sur les raisons de sa présence en ces lieux. De toute façon si les gens du coin commençaient à être un peu trop "embêtant" il connaissait quelques crocos qui avaient une dent creuse et qui se feraient un plaisir de rendre service.

"Les Grecques toujours à se mêler de choses qui ne les regardent pas. Si ce tenait qu'à moi il faudrait raser la Terre entière des Hommes et tout rebâtir. Ils ne savent pas apprendre de leurs erreurs, l'histoire en est la preuve. Guerre, meurtre, génocide... j'avoue que sur le papier c'est excitant mais concrètement il faudrait frapper un grand coup, qu'ils apprennent."

Et voilà que le futur spectre partait dans une déclaration de guerre contre l'humanité. Il pouvait remercier son paternel de lui avoir monté la tête durant de nombreuses années dans le but de former un bon petit soldat pour le sombre monarque Hades. Sauf que même s'il partageait certaines idées de cette doctrine particulière Abel comptait bien supplémenter la divinité des enfers et s’asseoir sur son trône.

"Pardonnez ce petit monologue sur l'humanité. Etes vous des environs ? Si ce le cas accepteriez vous de me servir de guide ?"

Il y avait quelque chose chez cette femme, quelque chose qu'Abel ne saurait décrire mais son intuition lui intimait de ne pas passer son chemin, pas encore du moins.

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« Ca, je ne vous le fais pas dire. On serait prêt à admettre le rang et le statut de divinités à la première crétinerie passée aujourd’hui. Ou au premier être qui souffle. » Un léger soupir s’échappa des lèvres de la jeune femme, soufflant son ironie comme le ferait un serpent.« Des imposteurs, si vous voulez mon avis ! Mais bon, à quoi bon en parler et perdre notre temps ? Ceux-là ne méritent pas notre attention…»
En un dédain voilé sous l'indifférence et une certaine rancune, une main théâtrale balaya ces idées flottantes, étouffa un sourire amusé qui menaçait de s'emparer de ses joues. Après tout, Nephtys était une femme de caractère. Avec son avis bien tranché sur le Monde et son goût pour la vie douce. Et dans un silence religieux, son oreille fut toute dédiée au monologue d’Abel. Un monologue qui l’étonna plus que de coutume. Ce fut à ce moment-ci que Nephtys se posa la bonne question. Qui était donc cet Homme ? Il était certain qu’un peu de méfiance était de mise, et ce quel que soit le pays exploré. Néanmoins, jusqu'où devait-elle prendre des précautions ? En tous les cas, les traits de la jeune femme ne filtrèrent ni ses pensées, ni ses ressentiments. Et dans un sourire délicat mais mutin, l’Egyptienne reprit la parole. Au sol, sa main s'empara de deux bâtons portés contre un mur, rassemblés par certains locaux qui appréciaient s'abriter quelques minutes dans le Temple. Autant poursuivre sa musique sur un accord plus harmonieux pour cette rencontre.

« Et vous êtes tout pardonné. C'est étrange, vous parlez comme une connaissance que j’ai eu par le passé... », souffla-t-elle, songeuse, et dubitative. Le raisonnement qu'Abel venait de tenir la renvoyaient à la mentalité des siens. Ainsi que celui des Berserkers… « Vous savez, j’ignore si un génocide est une solution ou non. Ce qu’il faudrait, ce serait surtout tenir l’humanité en laisse. Mais je vous l'accorde, tout dépend du souverain. »

« Donnez donc du mou, et l’esclave oublie sa place. » C’était exactement ce à quoi elle pensait. Gouverner était un art si délicat, si subtile. Un art complexe que le Monde ferait mieux de ne pas laisser à portée de toutes les mains. Nombreux étaient les philistins à se croire plus importants qu’ils ne l’étaient réellement. Hélas, tout comme on ne choisissait pas sa famille, on ne choisissait pas son Roi. Et malheureusement pour elle, Nephtys en faisait aujourd'hui l'amer expérience. Grattant légèrement la pierre d’un pilier, elle examina sa poussière d’un œil expert et confirma le choix du visiteur.

« Si vous voulez du mysticisme, vous êtes certainement au bon endroit…. Approchez donc ! Je ne mords pas. » fit le Sphinx en lui tendant le bâton en bois qu’elle venait de faire tourner entre ses doigts, non sans laisser égaré un clin d’œil au passage. « Ca vous prend souvent, de visiter des lieux pleins de mythes? Première fois en Egypte, ou alors vous avez déjà eu l’occasion de venir ici par le passé ? Vous m’avez l’air de venir…De loin également. Asie, peut-être ? »

Simple curiosité de sa part. Prenant les rênes, Nephtys passa devant et incita d’un mouvement de la tête à la rejoindre. Traversant les grands piliers et les premières inscriptions dans la pierre, la jeune femme initia ses explications quand elle fut bien certaine d’avoir toute l’attention du Japonais. Et, dans un élan passionné, sa main indiqua les premières gravures et la façade en un geste presque théâtrale.

« C’est un endroit plein de douceur, finalisé par Nectanébo Ier qui fut aussi particulièrement connu pour ses travaux d’embellissement à Héliopolis, le sanctuaire de Rê. Si je dis cela, c’est parce que le Temple que vous avez là, devant vous, est celui « d’Isis qui donne la vie ». Globalement, c'était un lieu de recueil pour les femmes qui souhaitaient avoir des enfants dans l’année, d’où la présence de certains de ces piliers, raclés pour emporter avec soi un peu de Heka, la magie des dieux…Et l'éternité en ce monde », expliqua-t-elle, prise dans son rôle. Avec douceur, ses yeux bleus se reportèrent sur Abel, empreint de curiosité. « Dites-moi, vous voulez peut-être avoir des enfants, très cher ? N’hésitez pas à rapporter un peu de cette pierre à votre bien-aimée, alors. Personnellement, je trouverais ça adorable. »

Quand bien même ses propos avaient trahis une attache toute particulière à taquiner un peu le jeune homme, une certaine bienveillance émanait de ses propos. Aucune moquerie, aucune méchanceté. Juste un moment où elle était détachée des Enfers et de son titre de Spectre. Un rôle dont elle commençait à prendre goût…Arrivés face à la porte, un long couloir se profila devant eux. Malicieusement, Nephtys se retourna pour mieux observer Abel.

« Gauche ou droite ? Choisissez selon votre instinct, ou votre cœur, s'il vous inspire plus...»

Après tout, n’était-il pas éveillé au cosmos ? Ou avait-elle rêvé ? Si tel était le cas...Etait-il un ennemi ? Un allié ? Ou bien, un crocodile égaré ?

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"J'aime ce jeu que les gens appellent "vie", du fond de mon coeur."

Une connaissance ? Assurément une bonne personne si effectivement elle avait tenu ces propos. Certes il y avait tout de même un réel penchant extrémiste à parler de guerres, de génocides seulement existait-il une autre solution ? Faire comme Athéna et ses chevaliers chéris en clamant à tout va que les Hommes sont des Hommes et qu’ils vont apprendre de leurs erreurs et blablablaaaaa. Beurk. Autant de naïveté avait le don de provoquer chez Abel des nausées intempestives. Quoi qu’il en soit cette beauté égyptienne avait également son avis et ce n’était pas en désaccord avec la vision du japonais. Les tenir en laisse…. Avoir un chevalier d’or comme animal de compagnie, c’est beaucoup mieux qu’un crocodile. Et voilà que l’esprit instable de Mephistopheles commençait à dévier….

Heureusement Nephtys revint sur le mysticisme des lieux ramenant le mégalomane d’entre ses rêves. Etait-ce sa première fois ? Oh que non, avec Elyn et Réa il avait parcouru beaucoup de chemins pour en trouver avec toutefois peu de réussites il est vrai.

« D’Asie effectivement et non ce n’est pas la première que je pars à l’aventure. Seulement je dois avouer avoir essuyé quelques échecs cuisants notamment avec les fameux écrits du père de la médecine. Longue enquête, jolie femme, gardes et pièges à foison pour trouver un coffre vide. »

Sans se faire prier, Abel suivit ce guide très particulier. Quelque chose lui disait qu’elle semblait avoir pas mal de connaissances sur le sujet. Enfin de toute façon elle était de meilleure compagnie que l’autre rouquin d’archéologue. Le duo progressa et le borgne écouta avec attention les explications de la jeune femme concernant ces pierres d’un autre temps.

« Hum… je vois. »

Il venait de réaliser qu’il s’était peut-être trompé dans ses recherches. Un temple pour que les femmes puissent avoir des enfants… ça ne laissait à la place à aucun artéfact intéressant. Encore une excursion inutile et couteuse pour son clan. Boarf au moins il avait vu des crocos dira-t-on !

« Non merci. Hors de question d’abimer encore plus cette pierre historique. Je ne suis pas comme ces sauvages qui saccagent tout en découpant la pierre pour en exposer des morceaux dans un musée. » Il marqua une pause avant de reprendre de façon ironique : « Je ne pense pas être la meilleure personne pour avoir un enfant, disons que mon ascendance est déjà spéciale alors… »

Un clin d’œil à la demoiselle tandis qu’ils continuèrent leur chemin jusqu’à arriver à une intersection. Se fier à son instinct ? Avait-elle envie de le faire tomber dans un piège ? Si c’était le cas il espérait vraiment que ce soit une mare aux crocodiles, ce serait si amusant. Il décida de choisir la direction d’une tout autre manière….

« Am, stram, gram, Pic et pic et colégram, Bour et bour et ratatam, Am, stram, gram. »

La direction de droite avait été désignée mais alors qu’il s’apprétait à en prendre le chemin, il bifurqua pour attraper la demoiselle par la main.

« Et vous très chère… qu’est-ce que votre instinct vous murmure à l’oreille ? La fosse aux serpents à droite ? Ou le lieu de repos à gauche ? Dites-moi je suis tout ouïe. »

Lui aussi avait envie de jouer, elle l’aurait certainement remarqué.

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Les piliers défilaient et l'entrée approchait. Avec elle, Nephtys commençait un peu plus à comprendre le caractère tempétueux du Japonais. Probablement aimait-il profiter des plaisirs de la Vie, sans se défaire de ses idéaux personnels. Mais il y avait plus derrière cette façade. Le respect était un trait de caractère intéressant pour qui savait le déceler. Contre toute attente, Abel semblait particulièrement tenir à cette valeur. A sa façon. A sa manière. Une chose que la jeune femme approuva néanmoins vivement, ravivant au passage les attentes du jeune homme au cours de leur marche...

"Ne pas abîmer ces piliers...Une délicate attention de votre part et pourtant, les pilleurs sont monnaie courantes...Enfin, c'est un autre souci. Un autre élément pourrait vous rendre plus curieux, car le plus intéressant pour ce temple, c'est bien le fait que le Pharaon chargé de son élaboration fut...Eh bien, l'un des derniers de l'Egypte Antique. Il s'était intéressé également à d'autres bâtisses moins féminines, dirons-nous. D'où certaines inspirations, ou échanges de pierre et de techniques. Et...C'est peut-être cela, ce que vous en retiendrez. Parfois, le diable se cache dans les détails...Cela pourrait nous mener sur autre chose qu'une simple potion."

Avec un peu d'espoir, elle-même retrouverait certaines gemmes antiques, voire même tout un pan d'Histoire qui lui avait filé entre les mains. Collectionneuse dans l'âme, les jolies choses avaient leur place dans les Temples, mais aussi dans ses affaires personnelles. Comme elle se savait plus précautionneuses, là demeurait un moyen d'éviter que les biens de valeur ne reviennent entre certaines griffes trop ignares pour manipuler les trésors du passé...

"Il y a toujours de la compétition, mais le tout...C'est d'être patient, je crois."

Il en fallait aussi, pour élever des enfants. Un sujet de conversation qui sembla pourtant faire douter Abel sur ses capacités . Pour quelles raisons ? Ô, cette question n'avait pas à être posée. Ou tout du moins, pas par un Spectre dont il ignorait probablement tout de son existence. A ces mots, sa silhouette s'avança dans le couloir du temple et ses ombres. Alors qu'elle s'était apprêtée à jouer plus longuement avec les doutes et les incertitudes du voyageur, qu'une étrange sensation s'était emparée de sa main...

"C'est...", hésita-t-elle, concentrée sur cette main qui lui empoignait la sienne.

C'était chaud. Mais aussi doux. Ni divin, ni défunt. Juste humain. Un quelque chose de trop oublier, au fil des siècles passées dans l'obscurité. Tendue, l'ancienne prêtresse de Rê s'apaisa finalement. Ce n'était rien. Ce n'était que "ça". Un "ça" qu'on échangeait volontiers entre amis, familles et êtres chers par le passé. Toutefois, la chaleur d'une telle emprise brisait étrangement avec l'abysse glacial qu'elle avait connu avant son éveil...Aussi s'éclaircit-elle la gorge pour chasser cette stupéfaction qui n'avait pas sa place sur son visage. Les premiers instants après l'appel la rendaient toujours plus sensibles. Aussi reprit-elle ses explications dès la minute qui suivit... Munie de cette aura plus joueuse et plus familière qu'auparavant...

"Eh bien, je n'ai pas d'avis fixe dessus. Comme il s'agit d'un passage peu commun, les lieux sont peut-être bien gardés par des forces mythiques..."

Un sourire mutin s'esquissa sur ses lèvres et, plongeant ses orbes bleutées dans celles mordorées de son vis-à-vis, la jeune femme se prit à taquiner le jeune homme. C'était de bonne guerre, après tout. Si la méfiance qu'Abel lui portait aurait pu la blesser, ce ne fut aucunement le cas. Et, tout en se rapprochant de quelques pas, à quelques centimètres de son visage, ce fut sur le bout des lèvres que la Voix d'Heliopolis prononça l'ironie comme la tension environnante du danger qui logeait au sein du Temple d'Isis...

"Ou peut-être bien maudits par un antique Pharaon..." , susurra-t-elle, feignant une certaine inquiétude.

Ce murmure fut prononcé d'une voix cristalline et délicate. Une voix à faire frissonner certains esprits en quête d'exotisme. Mais qu'importe, car sa main frôla légèrement celle qui venait de lui agripper le poignet, en une caresse semblable à la brise. Puis, comme pour revenir à la réalité, Nephtys brisa le charme et tapota sa main, arborant un sourire cette fois-ci plus rassurant. Et surtout, plus sincère.

"Mais j'ai bon espoir que les premiers couloirs soient bien moins dangereux que les suivants. Alors...Mon instinct, ou ma tête, me dit qu'on peut bien se permettre de se tromper pour cette fois-ci. Mais, je crois que vous comme moi, nous aimons plutôt attendre, puis parier certaines mises afin de gagner double. Va pour la gauche !"

Cela ferait travailler sa patience...En tous les cas, le Spectre du Sphinx arborait une mine particulièrement enjouée désormais. D'un mouvement de la tête, elle intima le jeune homme à prendre la gauche.

Et à faire attention aux pièges sournois que pouvaient dissimuler les pierres du Nil...

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"J'aime ce jeu que les gens appellent "vie", du fond de mon coeur."