[Flashback] La lune rouge (PV Akane]

Un clan entier à exterminer, rien que ça. Pour cette occasion si spéciale dans l’histoire des familles japonaises Abel comptait bien mettre les petits plats dans les grands. Hors de question de passer par Ryu qu’il appelait « Grand frère », une des seules personnes en qui le borgne avait confiance et hors de question également de passer par Elyn. Si la demoiselle, excellente servante d’ailleurs, était reconnue lors de ces quelques méfaits les soupçons se porteraient immédiatement sur le clan rival. Il lui fallait un tueur et pas n’importe lequel. Son choix s’était porté sur « la » Veuve Noire, tueuse implacable dont la réputation n’était plus à faire.

C’est donc en ce début de soirée d’hiver que le premier contact entre le borgne et la Veuve Noire allait avoir lieu. Il avait pris soin déjà d’offrir une coquette somme d’argent par l’intermédiaire d’un contact commun du clan afin de s’assurer de sa présence au rendez-vous. La demoiselle avait pour réputation d’être imprévisible voire même capricieuse et il aurait été dommage de se passer de ses services car Abel avait l’assurance qu’elle était la personne idéale pour ce travail. Assassiner tout en clan en une seule nuit, plus d’une vingtaine de personnes sans compter les serviteurs un véritable massacre de masse fidèle aux traditions du Japon Féodal !

Abel était, à cet instant tout excité, comme un enfant qui attendait patiemment le matin de noël afin d’y découvrir ses cadeaux. Il était parfaitement apprêté pour l’occasion et avait poussé les portes de ce complexe thermal, lieu du rendez-vous. Hormis les bains traditionnels il y avait aussi des salles réservées aux massages et autres soins du corps réservés aux personnes importantes autrement dit avec de « gros moyens ».

Privatiser une salle pour discuter affaire, il n’y avait rien de mieux pour s’assurer un secret bien gardé. Le futur spectre retira sa veste qu’il déposa sur un des sofas. La pièce était grande, composée de plusieurs sofas, de deux tables de massage, un feu en son centre. Abel ouvrit le panneau coulissant séparant la pièce de l’extérieur pour y découvrir une source chaude privatiser pouvant contenir plusieurs personnes facilement. Le cadre était idéal et il se disait même qu’à l’avenir il s’assurerait de la présence d’Elyn afin d’y passer un très bon moment.

Il n’y avait plus qu’à attendre cette veuve noire désormais….

Le Japon. Quel beau pays, n’est-ce pas ? Ton pays natal, là où tu as longtemps été séquestrée par tes propres géniteurs. Ce pays que tu as pu découvrir plus en profondeur grâce à ton défunt maître. Qu’il repose en paix. Après tout, tu lui as sans doute offert la plus belle mort qui soit. Tes souvenirs virevoltent, tourbillonnent, en même temps que ton corps alors que tu te rends au lieu de rendez-vous. Un gros bonnet qui a besoin de toi, qui est prêt à y mettre le prix. Mêler travail et plaisir, la meilleure chose qui soit. Tu as plutôt hâte de rencontrer ce riche héritier du nom d’Abel, hâte de lui prouver que tu es encore bien au-delà de la réputation qui te précède déjà.

En ce lieu délicieux, tu revêts un yukata fourni par la maison. De l’excellente qualité, qui plus est, composant parfaitement avec la douceur de ta peau d’albâtre. Quelques pics retiennent ta longue crinière d’argent en un élégant chignon, dénudant ta nuque. Autant paraître présentable, lui donner un aperçu de l’étendue de tes talents, notamment tes charmes, ta beauté. Une beauté mortelle, à n’en point douter.

Te voilà guidée vers le lieu de rendez-vous, une salle rien que pour vous. Tu y entres, tes iris d’or balayant la pièce avant de se poser sur ton employeur du moment. Un sourire naît immédiatement sur tes lippes. Plutôt mignon le borgne. Tu t’approches, lui tends ta main pour pouvoir y cueillir ses lèvres. Après tout, tu es une demoiselle, même la pire des meurtrières peut recevoir ce genre d’attention délicate.

« Joli … Ce décor. »

Tu le contournes, t’approchant de l’âtre enflammée, y approchant tes doigts. Tu ressens cette douce chaleur avant de gracieusement te retourner et t’installer, l’air de rien sur l’une des tables de massage. Tu t’étires, tel un félin avant de clore tes paupières quelques instants. Puis l’une d’elle s’ouvre, dévoile l’une de tes pupilles mordorées, malicieuse.

« Dites-moi tout … Je vous écoute. »

Ce que tu peux être excitée par la situation. Bientôt, tu ferais couler le sang à outrance. Bientôt. Tout ce que tu aimes en ce monde. Ils se noieront dans la peur, tout autant qu’ils sont. Ton menton se pose sur le dos de tes mains désormais placées en calice. Tu sembles calme, attentive, prête à analyser le moindre mot, à profiter du moindre détail qui pourrait te servir dans cette mission des plus périlleuses. Un brin de malice, une bonne dose de folie, il semblerait que vous ayez des points communs tous les deux.

Très jolie, délicieuse même et en plus cette charmante créature sait mettre les formes. Toujours silencieux Méphistophélès déposa ses lèvres sur la main de sa future employée comme un gentleman. La demoiselle, femme fatale s’était également apprêtée d’un yukata pour l’occasion et d’une coiffure typique « geisha ». Parfait. Elle complimente le décor, ce cadre que le japonais avait su dénicher spécialement pour cet entretien, étirant ainsi un peu plus son sourire bellâtre.

« Sans doute mais pas autant que vous ne l’êtes. »

Son regard enjôleur ne quitte pas cette dangereuse mais néanmoins intrigante veuve noire alors qu’elle se place jusqu’à la table de massage. Oh la petite araignée requiert un peu d’attention… Parfait. Parfaitement parfait. Tranquillement le futur spectre remonte ses manches une à une, déboutonne le col de sa chemise afin de se donner plus d’aisance et vint rejoindre sa future collaboratrice.

Toujours avec la plus grande délicatesse il pose ses mains sur le cou frêle de l’arachnide avant d’écarter le col du yukata. L’habit glisse sur les épaules lentement, il quitte cette surface habituellement protégée pour arriver jusqu’à la taille tout aussi fine. Elle est désormais nue mais aucune vue érotique dans les alentours. Parfait jusqu’au bout, le borgne se retourne jusqu’à un plateau pour prendre une ces huiles parfumées dont il s’en frictionne sur les mains. Naturellement il commence à poser ses mains sur le dos de la Veuve Noire.

« Vous n’êtes pas aussi frêle que vous ne le laissez paraître très chère. Pas besoin de me répondre, votre musculature finement taillée est absolument parfaite. L’entrainement est la clef de la réussite ne dit-on pas ?"

Tout en continuant son office, Abel faisait de son mieux afin de sustenter la prédatrice. Elle semblait étrangement calme, sereine, aucun nœud… elle était parfaitement détendue. Il prenait également grand soin de ne pas descendre trop bas afin de préserver l’intimité de la demoiselle.

« Je me m’empêcher de penser que je suis chanceux. Je ne me voyais masser une veuve noire de 130 kilos et poilu comme un ours. »

Il ponctua cette petite blague par un léger rire forcé avant de reprendre plus sérieusement.

« J’ai besoin de vos services pour éliminer un clan tout entier, en une nuit. Zéro survivant, pas même les servants, femmes ou enfants. Vous serez seule bien entendu à moins que vous n’acceptiez ma présence. Votre prix sera le mien. Tout est déjà programmé dans les moindres détails, il ne me manque juste… vous. »

Monsieur sait s’adresser aux femmes. Parfait, s’il ne t’est pas indifférent, il sera bien plus facile de le mener par le bout du nez. Quoique … Tu te méfies, tout de même. Il te ressemble quelque peu, tu le ressens dans ses gestes, sa manière d’être. On ne peut te berner facilement, puisque tu as toi-même ce don de tromper autrui. Il te flatte, tu souris. Tu t’installes, il s’approche de toi. C’est qu’il est bien dompté celui-là. La plupart du temps, ceux qui te connaissent ont tendance à rester le plus loin possible de toi, mais lui …

Le tissu quitte tes épaules, tu le laisses lentement de dénuder, lui offrant la vue de ton dos. Ta peau est douce, mais néanmoins stigmatée. Quelques blessures de guerre comme on peut les appeler. Des mains chaudes, huileuses, viennent conquérir ta peau. Tu fermes les yeux. Vraiment, affaires et plaisirs font parfois bon ménage. Il est plutôt doué, tu ne peux que savourer ce contact expert. Tu laisses échapper un rire cristallin à ses mots alors que tu soupires d’aise l’instant d’après.

« Il faut savoir mettre toutes les chances de son côté. Je suis sûre qu'il en est de même pour vous, sous ce costume … »

Qui aurait cru qu’un si bon massage t’attendait ? Même toi, tu as bien du mal à y résister. Tu l’écoutes, le sourire ne quittant plus tes lippes. Est-il réellement sous ton charme, ou joue-t-il parfaitement la comédie ? Tu restes un instant muette avant de lui répondre.

« Je dois dire que je le suis aussi. Pour ma part, je n’aurais pas laissé un ours poser ses pattes velues sur moi. Vous êtes plutôt doués. Délicieusement … doué. Je n’en attendais pas tant d’un riche hériter. En général, ils sont plutôt du genre à ne rien savoir faire de leurs dix doigts, à l’accoutumé. »

Tu es plutôt sincère cette fois, bien que tu joues sur la séduction. Histoire t’entretenir de bonnes relations avec ton client du jour. Voilà que la conversation devient beaucoup plus intéressante. Les banalités ne divertissent que durant un moment éphémère, histoire d’entrer ensuite dans le vif du sujet. Ton regard se fait plus sérieux tandis que tu profites toujours des mouvements de ses mains. Tu te mords la lèvre inférieure, avant de te redresser. Tes épaules sont toujours découvertes, mais tu prends soin de couvrir ta poitrine avant de te retourner vers lui, toujours assise sur la table.

« Et bien, cher Abel, vous savez vous adresser aux femmes. » Enfin, pas à n’importe lesquelles. Celles qui savourent les bienfaits d’un bon génocide. Tes phalanges glissent sur son torse. « L’idée est relativement séduisante. Je vous promets un spectacle saisissant … Macabre et sanglant à souhait. Et bien entendu … » Tu te saisis de son col afin qu’il approche son visage du tien. Tu plantes tes pupilles d’or dans son unique œil. « Même si je fais la plupart du temps cavalier seul, vous y êtes cordialement invité. »

Tu le relâches, lui offres un clin d’œil enjôleur, avant de t’allonger sur le dos. Ton regard se perd sur ce plafond pourtant indigne d’intérêt. Tu réfléchis. Ton prix … Quel peut être ce prix que tu désires tant ? Te délecter de la peur de tes victimes, de leur sang, n’a pas de prix. Mais tu finis par sourire. A quoi diable penses-tu ?

« Mon prix … La garantie que je ne disparaîtrais pas dans des circonstances étranges après avoir rempli ma part du contrat ? Oui … Cela me semble relativement équitable. »

"C'est justement parce que je suis un riche héritier que je dois apprendre à me servir de mes mains."

Contrairement à ce que la plupart des personnes pouvaient penser quant à son statut Abel n'avait pas eu une vie des plus faciles. Dès son plus jeune âge il fut forcé de suivre un entrainement intensif dans le but d'obtenir le surplis de Mephistopheles et de rejoindre les enfers et ce uniquement pour le bien de sa famille. A cause de sa position il devait également étudier trois fois plus que les autres enfants de son âge, si bien qu'il était rapidement devenu un petit génie. Génie qui n'avait plus qu'une seule obsession : Faire main basse sur la fortune familiale et évincer son paternel. Pour cela le futur Mephistopheles n'avait pas rechigné à se salir les mains en tuant, torturant et manigançant toute sorte de complot. Il faisait même parti d'un clan maintenant et il s'élevait peu à peu dans la hiérarchie.

"Vous tout comme moi notre vie n'a pas été si simple. Nous avons reçu des coups et adorons en distribuer en retour. Nous tuons, négocions et il n'y a que la mort qui est susceptible de nous arrêter."

La veuve noire se redresse et se retourne. Le riche héritier sait qu'ils étaient faits du même bois. Il n'y avait qu'à voir ces cicatrices parcourant son épiderme pour elle, et cet œil manquant pour lui. Elle le touche, joue comme si elle n'avait qu'une simple proie en face d'elle. De même lorsqu'elle l'attire à lui il se laisse faire bien volontiers, sûr de lui, de sa force. Son cosmos était prêt à jaillir. Ses ombres ne demandaient qu'à sortir de l'obscurité pour se saisir d'Akane. Et elle se recouche admirant ce plafond pourtant d'un banal.

"Si je ne connaissais pas votre réputation je serais tenté de croire que vous avez peur très chère veuve noire. Vous garantir la vie alors que vous allez prendre celle d'un clan tout entier, très amusant."

Le borgne se retourna en direction du lave main afin d'y ôter toute l'huile restante, ne calculant plus son interlocutrice durant ce laps de temps. Prenant tout son temps, il replia la serviette proprement pour ensuite se diriger en direction du sofa. Il tira ses vetements les uns après les autres pour se dirigea vers l'extérieur et sa source chaude privative. Poussant un soupir d'aise, il tournait le dos à la jeune femme.

"La cible principale adore les courtisanes. Le plus dur sera de vous faire "embaucher" par ses soins. Libre à vous de faire ce que vous voulez avec mais une fois la nuit tombée il ne devra plus y avoir de tête sur ses épaules." Il marqua une pause, jouant machinalement avec l'eau avant de reprendre : "Ensuite j'entre et le spectacle commence..."

Tu n'es pas la seule à avoir remarqué vos ressemblances. Qu'il est bon d'être sur la même longueur d'ondes, une chose que tu n'as pas expérimentée depuis le meurtre de ton maître. Attention, tu risques de vouloir le surpasser, lui aussi, pour ensuite, le mettre à mort. Il est si rare que des hommes comme lui ne s'immiscent sur ton chemin, et ce n'est guère pour te déplaire, surtout lorsque tous les coups sont permis, surtout lorsqu'il te promet un bain de sang. Tu joues avec lui, il est réceptif. Lui faire tourner la tête reste une délicieuse idée que tu gardes pour plus tard. Mais il y a cette part de méfiance en chacun de vous.

"Peur." Tu pouffes doucement de rire. "La peur, je ne la ressens point, je l'incarne, Cher Abel. Vous devriez le savoir." Tu bascules sur le côté. Tes pupilles d'or ne le quittent guère alors qu'il s'éloigne. "Déjà terminé ? Dommage..." Tu marques une pause, avant de te reprendre. "Vous savez parfaitement ce que je vous demande. L'immunité vous empêchant toute manigance visant à me nuire. De vous ou de vos sbires. Sachez que je sais tenir ma langue, je ne m'étend jamais sur les activités d'autrui."

Les cartes sont jouées. Tu lui fais part de ta méfiance, bien consciente que celle-ci est réciproque. Après tout, les êtres pourris jusqu'à l'os, cela te connaît, puisque tu en es un. Le fruit pourri, tombé de l'arbre béni. Il s'échappe, non sans s'être dénudé. Tu n'as pas à feindre une quelconque gêne. Tu n'as aucun rôle à jouer face à lui. Tu te redresses, descends de la table pour faire glisser ton yukata. Tu le rejoins, sans une once d'hésitation, sans chercher à dissimuler ta peau ou le moindre recoin de tes zones les plus intimes.

Tu te glisses dans l'eau chaude, à ses côtés, la vapeur apportant tes couleurs à tes joues pâles, apportant une pointe de fantaisie à ton expression. Le rose de tes joues s'accorde si bien avec tes iris d'or. Tu prends les informations qu'il t'offre. Il s'est déjà bien renseigné. Tu lui souris, malicieusement.

"Je suis une veuve noire, non une mante religieuse. Je ne les prive pas souvent de leur tête, mais si vous me l'imposez, je suis prête à faire une exception."

Tu fermes les yeux, profitant de la chaleur de la source. Tu tends l'une de tes jambes, la sortant de l'eau. Ton doigt glisse le long de ta peau, du dessus de ton pied, jusqu'à ta cuisse, l'air rêveur. Tu frissonnes légèrement, laissant délicatement retomber ta jambe, avant de reprendre la parole.

"Je n'aurais aucun mal à être choisie, je sais être convaincante. Femme fatale ou ingénue, je peux jouer sur tous les plans, tout dépend des préférences de notre proie. Mais puisque je suis en mesure de deviner les vôtres, les siennes seront certainement aisément compréhensibles." Tu lui offres un nouveau regard enjôleur. "Et comment se déroulera ce spectacle ?"

La Veuve Noire n'était nullement gênée par le fait que son futur employeur se retrouve nu dans l'idée de prendre un bon repos au sein de la source chaude. D'ailleurs elle ne fit de même avant de venir prendre place aux cotés d'Abel. Ce dernier écouta les paroles de la jeune femme avec la plus grande attention sans pour autant y répondre. Tout était prévu en ce qui concerne son silence éventuel. Elyn devait être même en train de s'exercer au sabre justement à cet effet.

"Ne vous méprenez pas. Je ne vous ai pas choisi à cause de votre nom et je sais très bien ce que fait la mante religieuse après l'acte. S'il doit manquer la tête du chef de clan c'est uniquement symbolique. Alors oui j'apprécierez assez de vous voir exécuter cette tâche."

Abel ferma les yeux quelques secondes laissant librement cette charmante veuve noire dans ses pensées et ne les rouvrit que lorsqu'elle brisa le silence. La tueuse était certaine de ses atouts et peut-être même un peu trop selon le borgne. Elle ne devait pas faire capoter cet assassina à cause d'un excès de confiance, il ne le tolererait pas. Et ce propos il préféra volontairement ne pas rebondir sur la partie où elle connaissait soit disant ses gouts.

"Peu m'importe la façon dont se déroule le spectacle. Je veux que toutes les personnes qui verront le résultat de ce massacre s'en souviennent jusqu'à la fin de leurs jours, je veux que tout le monde sache que l'on ne me défie pas. Qu'ils me craignent comme ils craigneraient un démon."

Tout en parlant, sa cosmo-énergie s'était emballée et ce n'était plus quelques fumées de vapeurs normales qui s'échappaient des sources mais de la fumée sombre et noire. Ce massacre devait marquer un nouveau tournant dans l'ascension du jeune borgne. Il approchait de la dernière ligne droite, de celle qui l’amènerait au surplis du démon Mephistopheles et de la fin tragique de son père. Là aussi tout était calculé. Sa famille n'y survivrait pas, même sa sœur.

"Selon mes renseignements votre cible principale aime les filles fragiles... et pures. J'ai gracieusement payé la maison des courtisanes de la ville pour vous y introduire. Vous êtes officiellement aussi pure qu'une biche. Pour le reste ce sera à vous d'agir. Une fois mort, tuez toutes les personnes qui vous barreront la route jusqu'aux portes du jardin. De mon coté je m'occuperai des quelques gardes et j'attendrai patiemment de vous voir m'ouvrir les portes." Il inspira. "Et ensuite nous tuerons tous les survivants."

La fumée obscure disparue subitement sous son ordre silencieux pour laisser place à la vapeur habituelle. Il était curieux d'entendre les réponses de la jeune femme et en les attendant il se redressa montrant son torse musclé pour se saisir de deux coupes et d'une bouteille d'un liquide pétillant. Il en versant dans deux conteneurs pour en tendre une à Akane.

"Cela s'appelle du champagne, il vient tout droit de France et je dois dire que je raffole de cette boisson, un véritable délice qui donnerait envie même aux dieux." Il tendit son verre dans le but de trinquer. "Alors on est bon ?"

Il ne relève guère tes sous-entendus. Dommage, il semble moins joueur que tu ne le pensais. Tu l'écoutes, ces quelques renseignements te seront très utile. Tu n'aurais pas besoin d'étudier ta cible avant d'adopter le comportement adéquat à ses préférences. Fragile et pure, tout ce que tu n'es pas, mais il est si simple de jouer ce rôle. Les volutes ténébreuses ne te perturbent guère. En plus d'être similaires, vous usez du même élément. Il te plaît bien, cet homme. Passer du temps avec lui doit être des plus distrayants.

Il veut être craint. Vous avez les mêmes objectifs. Il veut tuer, en ta compagnie. Cela va faire remonter quelques souvenirs. Tandis que la noirceur se dissipe, tu gardes le silence. Le plan est clair. Tu t'infiltres, élimines les quelques éléments perturbateurs pour ensuite faire entrer le chef des opérations. C'est dans tes cordes, bien largement.

"Tout ceci me semble parfaitement ficeler, je vous en félicite. Cette façon de faire me ravit. J'accepte définitivement cette mission. Il me tarde de me rendre sur les lieux." Il te tend une coupe que tu saisis après avoir longuement soutenu son regard. "Parce que vous pensez que cette boisson m'est inconnue ? Bien loin de là mon cher. Voyez-vous, j'ai quelques goûts de luxe."

Tu lui adresses un clin d'oeil avant d'en boire une gorgée. Délicieux, oui, il n'a pas menti. Tu fermes de nouveau les yeux, profitant de ces instants de détente alors que le liquide coule lentement dans ta gorge. Il te demande une ultime confirmation quant à sa proposition. Tu ouvres les yeux, lui souris.

"On est bon. Je jouerai la plus fragile et la plus pure des courtisanes."

Tu lui tends la coupe à moitié pleine, afin de trinquer au début de votre affaire. Puis tu en bois une autre gorgée sans le quitter des yeux. Ce regard qui mettrait mal à l'aise n'importe qui tant il est profond. Tu laisses peser le silence avant de reprendre la parole.

"Vous êtes un homme de pouvoir. Je serais curieuse de connaître votre objectif ultime. Loin de moi l'idée de paraître intrusive, mais ... Pourquoi les exterminer, qu'ont-ils fait pour vous défier ?"

Il y eu une petite étincelle dans le seul œil valide du borgne quand enfin son interlocutrice accepta le travail. La petite idiote n'avait pas remarqué qu'Abel n'avait pas répondu à sa condition idiote. Il allait être encore plus facile pour Elyn de la tuer celle-là. Elle connaissait tout de même les bonnes choses, les choses très chères de surcroît. Cette charmant veuve était décidément plein de surprise et ce fut à cet instant qu'Abel renonça à l'impressionner avec son argent ou quelques tours comme celui-ci.

La conversation s'orienta sur les motivations du borgne, de ce qui l'avait amené à commanditer un tel crime. Curieuse cette petite arachnide. Abel se tourna vers elle avant de s'approcher, empêchant ainsi la jeune femme d'éventuellement se dérober avec la certitude qu'elle ne tenterait pas une telle chose. Elle n'avait pas froid aux yeux et n'était pas du genre à avoir peur pour rien.

"Outre le fait que ce clan est le troisième plus grand exportateur de drogue de ce pays après le mien... c'est parce que son chef a omis de me saluer il y a quelques semaines. Raison futile me direz-vous ? Pas pour moi. Je vais m'élever encore plus haut que n'importe quel homme. Je serais crains et respecté." Il s'approcha de l'oreille d'Akane, son corps touchant le sien dans une tension au-delà du raisonnable. "Je serais un dieu."

Le futur spectre se recula pour finalement revenir à sa position d'origine. Toujours aussi joueur, il devait malheureusement se freiner sous peine de voir la Veuve Noir refuser la mission qui lui était assigné.

"Si je comprends bien vous voyagez beaucoup ? Si votre travail me plait, il se peut que je vous envoie sur le continent Américain... une histoire de tribu n'aimant pas trop que l'on abîme sa très chère forêt pour les matières premières. Mon dernier émissaires a fini... dans leur estomac !"

Et le jeune japonais éclata de rire....

Il te fait désormais face, te domine de toute sa taille alors que, nonchalamment, tu bois une gorgée de champagne. Sa proximité ne te fait pas rougir malgré vos tenues d’Adam et Eve. Tes iris soutiennent son regard alors que tu l’écoutes. Une affaire d’impolitesse, ni plus, ni moins. Cela ne te surprend guère. Après tout, tu as tué pour beaucoup moins que cela. Outre sa mégalomanie, tu le trouves plutôt sympathique ce borgne. Son corps contre le tien, tu ne bouges pas d’un iota lorsque ses lippes traînent près de ton oreille. Pense-t-il t’intimider, te séduire ? C’est mal te connaître.

« Un Dieu. Rien que cela. Vous avez de l’ambition, de l’audace. Prenez garde à ne pas finir comme Icare. »

Une menace ? Non, simplement la suite de la conversation. Il reprend à ton sujet, après s’être éloigné de toi. Tu profites tout de même de la vue, malgré tout. Autant joindre l’utile à l’agréable. Tu finis ta coupe avant de la poser délicatement sur le rebord. Il te questionne. Tu souris à la mention de l’un de ses émissaires.

« Intéressant. Il ne suffit parfois guère de recruter de simples sous-fifres. Il faut savoir s’entourer de l’élite. » Plutôt hautaine, n’est-ce pas ? Tu reprends. « Oui, je voyage au gré de mes envies. Je ne m’impose aucune limite, aucune barrière. Travailler pour vous ne me déplaît guère. »

A ton tour, tu t’approches de lui, lui infligeant cette même pression que tu as subie quelques instants plus tôt. Tu arbores un air joueur, malicieux, glissant l’extrémité de ton index sur sa joue. Tactile, tu l’as toujours été, mais surtout avec tes proies. Tes lippes rejoignent son oreille, tu mordilles son lobe dans une simple provocation, pour lui prouver que tu ne fais qu’à ta guise.

« N’oubliez pas mon immunité, surtout. » Tu écartes ton visage alors que tes lèvres effleurent les siennes, sans les toucher réellement. « Il serait dommage de perdre d’autres de vos émissaires, cher Abel. »

Tu te recules à ton tour, ne perdant pas ton sourire alors que tu te décides à te sortir de l’eau, les gouttes ruisselant sur tes courbes parfaites sous le nez de ton employeur. Tu t’impatientes tant pour cette mission à venir.

« Mes émissaires ne sont que chaires à canon jolie Veuve Noire. Les marches qui me permettront d’atteindre le succès. Il n’y a qu’à sortir dans les rues pour en trouver. »

Abel ne se priva pas une seule seconde de regarder le corps nu de son interlocutrice. Après tout elle était tout aussi joueuse que lui. Dommage qu’une mission de la plus haute importance était sur le point de débuter car il n’aurait pas été contre « jouer » avec ce magnifique corps et pourquoi pas dans un élan fougueux y inscrire de nouvelles cicatrices. Il était de ces jeux pervers que le borgne maniait avec une précision certaine. Il ne répondait toujours pas à cette demande d’immunité et pour cause il ne comptait pas lui accorder un tel privilège. A moins qu’elle ne se décide éventuellement à proposer ses services pour ce petit problème de cannibalisme.

Terminant avec un petit retard, sur la demoiselle, sa coupe de champagne, il sortit à son tour de l’eau avec une pointe de regret. Il attrapa une des serviettes à disposition avant de la mettre autour de sa taille et de se servir une nouvelle coupe.

« Vous décidez déjà de me quitter très chère ? Il serait dommage de gaspiller un aussi délicieux breuvage non ? »

Il remplissait de nouveau son verre qu’il lui tendait. Sa tenue ne le dérangerait guère et visiblement elle non plus. Mais quoi qu’il en soit il avait envie d’explorer un peu plus le passif de cette créature. Akane avait cette chose qui poussait inexorablement le borgne à vouloir en connaître davantage.

« Accepteriez-vous de m’en dire un peu plus sur vous ? j’imagine que vous possédez certaines compétences dans l’art du combat non ? »

Abel attendait la réponse de la jeune femme. Si elle acceptait, il continuerait de papoter en tout bien tout honneur mais si elle refusait alors il attendrait patiemment le jour de la mission et l’extermination de ce clan.

Aucune réponse. Cherche-t-il à te berner ? Il se trompe lourdement. Tu ne lâcheras pas l'affaire, tu ne te laisseras pas embobiner par son regard charmeur. Tu te détournes de lui, lui offrant pleine vue sur ta croupe sans réellement t'en soucier. Après tout, ton corps est une arme, lui aussi. Une arme redoutable face aux hommes. Tu n'hésites guère à t'en servir. Tu souris alors que tu lui tournes le dos. Tu attrapes une serviette, mais à son contraire, tu ne l'enroules pas autour de toi, tu ne fais que la tenir d'une main pour dissimuler ta poitrine. Tu te retournes, t'approches de lui.

"Vous vous languissez déjà de moi ?"

Tu lâches un léger rire, signe de taquinerie. Tu te saisis de la coupe, de ta main libre avant de porter le breuvage à tes lippes, l'observant de ton regard de braise. Il s'intéresse à toi. Il veut en savoir plus. Tu pourrais te servir de cela pour l'avoir un peu plus à ta botte. Quoique ... Il est loin d'être idiot, tu le sens. Il est aussi fourbe que toi, alimentant certainement quelques désirs malsains.

Tu te détournes de nouveau, l'arrière de ton corps toujours dénudé. Tu ne cherches à te cacher, bien au contraire. Tu prends place sur la table de massage que tu as quittée il y a peu, t'y assaillant en croisant les jambes. Tes phalanges tiennent toujours la serviette en place, cascadant sur l'une de tes cuisses bien que l'autre reste à la vue du borgne. Tes dents se referment brièvement sur le verre. Tu bois une nouvelle gorgée avant de te pencher un peu pour déposer ta coupe sur la petite table non loin.

"J'aime que l'on s'intéresse à moi. J'aime satisfaire la curiosité d'autrui. Qui serais-je pour refuser de répondre à un homme si charmant ? Voyons ..." Tu fais mine d'hésiter. "Je vais vous épargner le passage de l'enfance. C'est ennuyeux et sans importance. Allons droit au but. Oui j'ai pu acquérir quelques compétences grâce à mon défunt maître. Paix à son âme."

Tu arbores un rictus ironique. Vas-tu lui révéler dans l'immédiat que tu es à l'origine de sa mort. Qu'il s'agit de l'un de tes plus beaux meurtres. Il a été l'une de tes expériences les plus complètes. L'un de tes tableaux les plus réussis. Du grand art ! Tu reprends ton sérieux, tes pupilles mordorées le fixant sans ciller.

"Katana ... C'est sans doute l'arme que je préfère. Mais les poignards et les dagues ont un certain charme à mes yeux."

Et voilà que tu décides de nouveau à mettre pied à terre, pour t'approcher gracieusement de lui, telle une nymphe mystérieuse. Tu arrives à sa hauteur, lèves le visage vers le sien. Il est bien plus grand que toi. Il te domine de quelques têtes. Bien que tu as sûrement dû en trancher plus que lui.

"Mais l'art que je maîtrise le mieux, c'est sans doute ... la séduction. La seule chose que j'ai apprise par moi-même. Les hommes sont si vulnérables face au charme d'une belle femme. Ils sont idiots ... Esclaves de leurs désirs les plus primaires."

Au fil de tes mots, tu t'es approchée un peu plus de lui, tes doigts glissant à la limite de cette serviette qui le sépare de sa tenue d'Adam. Joueuse, toujours, sans aller plus loin. Tu viens pourtant de lui révéler l'un de tes plus grands atouts. Tu lui souris, ta poitrine désormais collée à son torse, bien que le tissu qui la couvre l'empêche d'en apprécier la douceur.

"Je me demande ... Si vous auriez pu être l'un de ces idiots." Tu lui souris, sans même broncher, lui imposant ta proximité. "Et vous, cher Abel, quel est donc votre art ?"

Surpasser le maître en le tuant. Cette demoiselle était un véritable trésor pour le borgne. Si elle continuait ainsi à l'intriguer peut-être qu'il ne demanderait pas à Elyn de la traquer. Lui aussi il tuerait bientôt son maître, ce paternel qui l'a forcé à se préparer à un avenir particulier. Servir une divinité avec une armure et se battre contre d'autres divinités, non encore une fois le japonais ne se destinait pas à ça. La Veuve Noire aimait donc les armes tranchantes, Katana, poignards et dagues.... Personnellement Abel adorait se servir de couteaux de cuisine et plus particulièrement les debas, excellent pour la découpe des poissons d'ailleurs.

La petite arachnide s'approche, joueuse alors qu'une humble serviette gâche maladroitement la vue du Borgne. Dommage qu'il n'ait plus ses deux yeux même. Ironique surtout qu'elle n'hésite pas à le clamer, son corps, sa séduction : ses plus grands atouts. Ajoutons un talent de comédienne et voilà la meilleure tueuse de mâle des environs. Abel se laisserait même tué s'il n'avait pas autant de chose à accomplir. Elle se colle à lui. L'aguiche un peu plus et lui retourne sa question.

"Assurément que j'aurai pu l'être." Il marque une pause, ajoutant rapidement : "Quant à mon art, vous devriez me tuer si d'aventure je venais à vous le montrer. Enfin si votre réputation est exacte."

Il passa lentement sa main sur le dos d'Akane, caressant son épiderme. Il aimait particulièrement s'attarder sur les cicatrices de la demoiselle, s'arrêtant au niveau de cette agréable chute de rein. Abel porta sa coupe de champagne à ses lèvres et se recula laissant libre choix à la serviette ou non de tomber.

"Je manie très bien les couteaux également... les coupes fines j'adore ça. Et lorsque je passe mes doigts sur vos cicatrices... brrrr." Il se rapprocha pour lui chuchoter à l'oreille "J'aimerai tellement qu'une soit de moiiiiiii."

Sa voix se perdait comme le sifflement d'un serpent. Elle se croyait être une tueuse redoutable ce qui était sans doute le cas mais Abel était lui aussi tout aussi dangereux. Il profita de tout cela pour aborder de nouveau le sujet du contrat.

"Votre sabre, je veux vous voir le manier lors de votre mission. Je veux voir votre danse mortelle...."

L’héritier se semble pas insensible aux charmes féminins, bien au contraire. Mais serait-il réellement prêt à céder à une beauté meurtrière ? Tu l’écoutes tandis que ses phalanges parcourent ta peau d’albâtre, s’attardant sur les quelques zones que d’autres ont plutôt tendance à éviter à l’accoutumé. Tu frissonnes, tes cicatrices restent un point bien plus sensible que d’autres parcelles de ton corps. Tu le laisses s’éloigner, relâchant l’emprise que tu avais sur sa serviette qui s’échoue mollement au sol. Tu l’observes de tes iris curieuses, non pas pour profiter de ce joli fessier, mais plutôt, pour en savoir plus sur cet art défendu. Il poursuit, te révélant sa passion pour les coupes fines avant qu’il ne s’approche de nouveau de toi, te susurrant quelques mots à l’oreille.

« Durant un instant, j’ai cru que vous alliez me proposer de me faire une démonstration de vos talents de cuisinier. » La preuve que ces mots menaçants ne te font ni chaud, ni froid. « Je serai moi-même ravie de vous rappeler à mon bon souvenir avec quelques traces de griffes … »

Tu lui adresses un clin d’œil, vous êtes encore et toujours sur la même longueur d’ondes. Il n’est pas rare que tu infliges quelques sévices corporels pour ton propre plaisir avant d’annihiler tes proies. Et parfois, il arrive même qu’elles en prennent elle-même un certain plaisir. Dernier instant de luxure avant l’heure du jugement. Le sujet bifurque, tu souris.

« Et je suppose que ce que vous voulez, vous l’obtenez toujours … Assurément ? »

Tu te détournes rejoignant ta coupe toujours posée sur la petite table. Tu en bois une gorgée avant de jouer quelque peu avec le liquide restant dans le récipient. Il est vrai qu’il t’offre un met de qualité. Tu laisses planer le doute, le suspense avant de revenir vers lui, trinquant une dernière fois avec lui avant de finir ton verre.

« Vous la verrez. Mais ne restez pas dans les parages lorsque ce sera le cas. Il serait dommage d’abimer ce si beau visage et je ne voudrais pas vous priver de votre œil restant. »

Tu lui souris. Tu préfères le mettre en garde, lorsque tu inities ta danse mortelle, tu te laisses emportée, au gré de tes mouvements. Personne n’est à l’abri d’une « balle perdue », pour ainsi dire. Tu penches la tête tout en l’observant distraitement.

« Et vous, vous m’en diriez plus sur votre fameux art ? Je dois avouer que vous avez de nouveau piqué ma curiosité. »

« Je ne dirais pas cela comme ça. Disons que je m’arrange toujours pour l’obtenir avec parfois plus ou moins de succès. Mais globalement oui, j’ai ce que je désire. »

C’était délicat à expliquer car bien que riche Abel ne sombrait pas systématiquement dans la facilité. Il aimait bien participer, apprendre et gagner en expérience et s’il se contentait d’user de sa fortune ou d’autrui il n’arriverait jamais à être quelqu’un. Pour preuve il avait lui-même entamé les négociations avec grand frère Ryuichi et son clan et participait même aux embuscades.

« Oh que si je compte bien rester près de vous charmante Veuve Noire. On ne peut apprendre comme il faut en restant cacher comme un couard. Ne vous en faites pas pour moi je sais aisément me défendre. »

Son aura sombre commençait sournoisement à envahir la pièce comme pour mieux démontrer ses dires à la demoiselle. Le borgne n’avait pas encore la prétention d’être aussi fort que les juges des enfers ou les chevaliers d’or mais il était certain de ne pas être sans défense. Il avait bénéficié d’un solide entrainement et jouissait d’une parfaite maitrise de sa cosmo-énergie.

Et quand elle lui pose une question sur son fameux art, son sourire s’étire encore un peu plus. On pourrait croire qu’il est fou à le regarder ainsi. Il coinça de manière douce le menton d’Akane entre son pouce et son index et lui offrit un baiser passionné. Rompant le contact par manque d’air, il caressa la chevelure argentée de la jeune femme avant d’ajouter :

« Si je devais vous le montrer, vous seriez sans doute bien trop fatiguée pour effectuer votre mission correctement. Voyez ce baiser comme une petite démonstration de mon talent. »

Un héritier qui n’hésite pas à se salir les mains, à remplir les basses besognes. C’est intéressant. Te cacher n’a jamais été une option pour toi. Tu as toujours fait face. S’il y a bien une chose que l’on ne peut te reprocher, c’est bien cela. De nouveau, les ombres oppressantes de ton employeur envahirent la pièce. Tu ne ressens aucune crainte, aucune menace, toi qui est également maîtresse des ombres. Tu pourrais bien y entremêler les tiennes, mais tu n’en fais rien.

Tu n’es guère surprise en le voyant s’approcher de toi, se saisir de ton menton. Un léger rictus s’insinue sur tes lippes alors que les siennes s’y apposent, alors que tu n’hésites pas à immiscer ta langue dans l’échange. Un mélange de fougue et de passion, rien de plus. Point d’amour, ni de tendresse, juste une certaine excitation. Ta serviette tombe mollement au sol dans un léger bruissement. Le baiser se prolonge jusqu’à ce que le souffle vous manque. Tes iris mordorés le sondent d’un air satisfait. Aucun voile rosé ne pare tes joues, tu n’as guère besoin de ce genre d’artifice face à lui.

« Je me dois reconnaître votre talent. » Tes lèvres rejoignent son oreille pour lui susurrer quelques mots. Tes mains glissent sur ses hanches, frôlant ensuite l’aine. « Mais ce ne serait pas moi la plus épuisée de nous deux, croyez-moi. »

Tu lui souris, t’écartes de lui, en tenue d’Eve alors que tu pars en quête de ton yukata pour t’en couvrir. Tu remets de l’ordre dans ta chevelure dont plusieurs mèches se sont échappées sous les mains du borgne. Une fois plus apprêtée, tu reviens vers lui, l’air plus sérieux.

« Je pense que nous n’avons plus rien à nous dire avant le début de cette mission. Dans tous les cas, sachez qu’un petit séjour chez les cannibales ne me déplairaient guère. » Un moyen de te faire de l’argent facilement, pourquoi pas, après tout ? « Seriez-vous du voyage, là aussi ? »

Evidemment qu’elle reconnaissait le talent du borgne ! On parlait là d’une pratique assidue dans l’art de la luxure, une pratique de presque tous les instants et jusqu’ici aucune dame, ni monsieur n’y trouvait à redire. Abel aimait ces jeux de séductions, art qu’il maitrisait à la perfection et Akane aussi d’ailleurs puisqu’à aucun moment elle ne se débina. La Veuve Noire alla même jusqu’à dire que ce serait Abel qui serait épuisé. Si seulement il pouvait accepter le défi….

« Peut-être qu’une fois votre mission achevée…. J’adore relever les défis. »

Le jeune homme commença donc à se rhabiller afin de paraître plus convenable. Une fois cela fait, son interlocutrice revenait vers lui mettant fin de façon assez brutale à leur entretien. Quel dommage que ce tête à tête prenne fin. Il nota néanmoins sa petite allusion aux cannibales et cette éventuelle mission en Amérique du sud.

« Bien évidemment que je serais présent, jamais de mon vivant je me risquerais à manquer une escapade amoureuse avec une personne aussi charmante que vous. »

Il en rajoutait mais la vérité n’était pas loin. Il était clair qu’il se risquerait à passer du bon temps avec son employée si l’occasion venait à se présenter. Quel fou dirait non ? Il changerait peut-être ses plans vis-à-vis des instructions qu’Elyn avait déjà reçu.

Ils se séparèrent pour se revoir très bientôt, très très bientôt.