[FB | Elyn] Sauvez Billy

Sujet: [FB | Elyn] Sauvez Billy Ven 31 Jan 2020 - 14:38

Son chemin avait conduit Bai vers la Turquie, épicentre de l’empire Ottoman. Le garçon connaissait la situation politique que de loin. Il était encore jeune, et ces discussions n’étaient que rarement rapportées dans son contexte familial. Lors de son enseignement, il avait pu apprendre les diverses forces du monde, et leurs rapports entre elles, mais on lui avait fait l’impasse sur la culture. Il ne savait donc pas vraiment où il mettait les pieds. Il avait du traverser plusieurs pays jusque là, et avait rencontré plusieurs troupes ottomanes, mais la culture même de l’empire ne rayonnait pas autant que dans l’endroit où il se trouvait à ce moment. Les rues étaient bondées, le commerce était omniprésent. Sans doute était-il sur une place privilégiée pour les marchants. On pouvait y voir de tous types de de fruits, légumes, épices, bêtes. Des marchants de babioles, d'étoffes, de bijoux cherchaient à attirer les gens vers leur stands. Il y avait également tous types de personnes : des soldats, des marchants bien sûr, des gens aisés et d’autres moins. Dans les recoins sombres, les plus pauvres restaient cachés. Souvent une mère avec des enfants. Peu faisaient la manche, ce n’était pas une chose bien vue et le garçon avait pu l’observer. Les soldats n’étaient pas là que pour surveiller que le marché se déroulait en toute sécurité, mais également pour éviter tous contacts en nobles et pauvres.

Sans s’arrêter Bai glissa trois pièces aux pieds de deux enfants, probablement orphelins car ils étaient seuls, qui se serraient l’un contre l’autre entre deux bâtiments. Pris par surprise, ceux-ci n’avaient pas réagit sur le coup, mais lancèrent un merci chaleureux de loin au garçon qui ne se retourna pas. Un des gardes lança un regard noir dans sa direction mais ne fit rien. Il était évident que le jeune homme était étranger, et du moment qu’il ne créait pas de problèmes, il ne serait que de passage. Cependant ce n’était pas le seul motif de non-intervention de forces de l’ordre. En effet, au bout de la rue, un chariot avançait. Il était tiré par deux puissants chevaux, l’un marron et l’autre blanc. Le chariot était en bois, et transportait des personnes enfermées dans une sorte de cages. Bai s’arrêta sur le coté pour l’observer tandis que l’attelage le dépassait. Il ne lui fut pas longtemps pour se rendre compte que la cage était exclusivement occupée de jeune garçons. Une dizaine d’années, parfois moins. Les chevaux s’arrêtèrent deux mètres après lui, et en descendirent deux hommes, vêtus différemment des gardes. Ils étaient plus haut gradés, sans l’ombre d’un doute. Ils repassèrent (à pied donc) devant l’étranger pour se diriger un peu en amont de la rue, près des enfants que Bai avait aidé plus tôt.

C’était même précisément après eux qu’ils en avaient. Les deux hommes se chargeaient de séparer les enfants, qui tentaient tant bien que mal de se défendre, la sœur ne voulait pas être séparée de son frère. A deux leurs chances de survie étaient faibles, seule elle courait vers une mort certaine. Il n’y avait pas de doute que le garçon finirait dans la cage, emmené par les hommes à la tenue outrancière. Devant les cris, les larmes, personnes ne bronchait. Il y avait bien sûr eu un silence gêné, l’espace de quelques secondes, mais bien vite tout le monde avait repris le cours de ses activités. Ne pouvant se faire comprendre (il ne connaissait pas la langue) Bai ne pouvait régler le problème de manière diplomatique. S’il attaquait, il allait se mettre dans une position très délicate, et il ne savait pas s’il pourrait s’en sortir indemne. De plus, il ne connaissait pas la ville, et risquait de se perdre et de se faire coincer par la garde. Sa maîtrise du qi était encore très superficielle, et il ne savait pas s’il pourrait y avoir recours de manière rapide et efficace. Son combat contre le spectre était loin, et relevait pour lui encore du miracle, accomplit par la volonté du dragon Pulao.

Il se tenait donc là, dans la rue, serrant les poings. Irait-il, n’irait-il pas ? Il ne savait pas quoi faire, et se mordait les lèvres. C’est alors que sa rencontre avec Perséphone lui revint. Il allait aussi être complice. Complice par le silence, par l’inaction. Le monde était pourri. Il fallait remettre l’ordre. Il s’était juré de ne plus tourner le dos à l'injustice. Tant pis si les lois de ce pays leur donnait le droit d’emmener des enfants comme ça. Du malheur allait être créé, une famille allait être déchirée. Plus jamais ça.
Le garçon fondit sur les deux hommes, et du tranchant de la main vint porter un coup au premier soldat, qui s’effondra contre le mur. Le second eut le temps de réagir et dégaina son sabre. Tout autour, les gardes se rapprochaient munis de leurs mousquets, prêts à tirer. Ils hurlèrent plusieurs mots à Bai, qui n’en comprit aucun. Ce qui était sûr, c’est qu’il allait devoir faire preuve d’inventivité pour se sortir de cette situation...

Déambuler. Clairement, c’était que ce que la jeune spectre de la Chimère faisait actuellement. Elle ne savait pas réellement où aller, ni ce que tout cela lui apporterait. Etre en proie aux doutes était une chose qu’Elyn ne se permettait pas à l’accoutumé. Surtout les doutes envers son maître. La dévotion avait toujours été le maître mot de la jeune japonaise, mais maintenant qu’elle avait été reniée, elle ne pouvait que se questionner. Le Dieu du Tonnerre n’avait guère arrangé son état à ce propos. D’ailleurs c’est avec cette pierre qui pourrait lui servir de guide que la belle auburn jouait distraitement au milieu de la foule. Bien sûr, pour éviter d’attirer l’attention, elle n’avait revêtu son surplis. Les serviteurs d’Hadès étaient rarement vus d’un très bon œil aux yeux de la population.

Un brouhaha l’extirpa de ses songes. Levant le nez, Elyn put appréhender la scène qui se déroulait sous ses yeux. Bien entendu, personne ne bronchait, sans doute de peur de subir les foudres de ces hauts gradés. Ses iris écarlates passèrent de cette cage emplie d’enfants, à l’altercation un peu plus loin. Des enfants. Elle serra le poing. Dire que, sous les ordres de l’héritier borgne, elle aussi, avait posé la main sur ces petits êtres. Une chose qui, secrètement, la dégoutait profondément. Une culpabilité bien enfouie dont elle ne se séparerait sans doute jamais. Mais, elle avait obéi, toutes ces fois-là, comme la dévouée servante qu’elle était.

Un nouveau protagoniste fit son entrée en scène. Une jeune homme à la chevelure de jais. Pas d’ici, au vu de ses traits. Il en maîtrisa un avec une facilité déconcertante. Malheureusement, la cavalerie ne tarda pas à rappliquer. En proie au dilemme, elle fit mine de détourner les talons. Oh et puis … Une bonne action, pour un spectre, était-ce interdit ? Et cette fois-ci, elle agirait en son propre nom. Ni pour Hadès, ni pour Abel.

Se faufilant tel un félin chassant sa proie, la demoiselle à la crinière auburn se glissa derrière deux des gardes armés, bien trop occupés à garder en joue le garçon qui les avait provoqués. Heureusement pour elle, tout le monde autour restait ébahi par son intervention, ne trahissant pas sa présence. Une chance à saisir. Attrapant les têtes des deux gardes qu’elle avait surpris de par sa discrétion, celles-ci s’entrechoquèrent avec fracas jusqu’à ce que les deux corps s’effondrent au sol, inconscients.

Bouche bée, ses confrères ne réagirent guère assez vite. Déjà, la jeune femme fondit sur l’homme au sabre, parvenant à le désarmer bien facilement. L’arme vola aux pieds des deux enfants, hors de portée de son propriétaire, qui se retrouvait désormais menacé d’une dague sur la trachée. Son cosmos s’intensifia pour dresser un mur de feu entre les gardes et les innocents. Portant son regard sur le jeune homme tout en gardant maitrise de son prisonnier, elle s’adressa à lui.

« Prends ces deux-là avec toi. Veilles à ce qu’ils ne les retrouvent pas. Je vais les retenir. »

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La situation semblait désespérée. Il allait devoir se rendre et faire face au jugement. Il n’avait même pas pu sauver les enfants. Ils étaient encore tous les deux derrière lui, blottis l’un contre l’autre. C’est alors qu’à leur grande surprise, les têtes de deux gardes vinrent s’entrechoquer, les mettant k.o. instantanément. Le dernier homme armé d’un sabre se retrouva immédiatement immobilisé, et désarmé. Il était menacé d’une dague sous la gorge par une jeune femme, encore absente il y a une seconde. Tout c’était passé en un instant, Bai ne comprenait rien. Soudain, un mur de flammes se dressa entre eux et le restant de la garde. La demoiselle trouva le regard du garçon et s’adressa directement à lui, en lui donnant des indications précises. Il devait fuir avec les deux enfants pour qu’on ne les retrouve pas pendant qu’elle retenait les autres soldats. Bai resta ébahi un instant, avant de reprendre ses esprits. Il avait une porte de sortie à présent, il fallait saisir cette opportunité. Faisant un signe de la tête à sa fortuite alliée, il saisit les deux enfants par les poignets et courra sur quelques mètres avec eux dans la ruelle qui leur faisait dos jusqu’alors.

Pourtant, une fois hors de vue de toute l’agitation, les enfants s’arrêtèrent, coupant Bai dans son élan. Ils lui ânonnèrent des phrases confuses, que le jeune homme ne pouvait comprendre. Ils montraient la rue, plus haut, d’où on pouvait encore sentir la fumée. Le petit garçon poussa maladroitement Bai dans cette direction avant de prendre sa sœur avec lui pour disparaître dans une des nombreuses rues étroites. Quel était le message ? Dans l’action, il en avait oublié les autres. C’est vrai, d’autres enfants étaient encore prisonniers. S’il restait là sans rien faire, les gardes allaient faire demi-tour et récupérer l’attelage encore chargé de la cage pleine d’autres enfants. Ceux-là devaient être secourus également. Que risquait-il de plus ? N’écoutant que son cœur, Bai fit volte-face et retourna vers la place du marché. Il dépassa la jeune femme qui l’avait aidé plus tôt et fonça à travers les flammes. Il se retrouvait alors face à une quinzaine de gardes, armés jusqu’au dents. Ils étaient déjà plus nombreux, l’information avait du circuler rapidement. Il tenta de se frayer un chemin en poussant quelques soldats, mais ne put guère aller loin. Deux d’entre eux le soulevèrent par les bras pour l’immobiliser. Il essaya tant bien que mal de se défendre, se libérant presque à chaque reprise, mais d’autres gardes vinrent renforcer l'étreinte.

Il eut alors un vision. Les enfants enfermés dans des tours, battus, mal nourris, envoyés au combat. Une extrême minorité s’en sortaient, pour devenir les hauts gradés qu’il avait combattu plus tôt. Un destin funeste leur était réservé, à tous. Une telle injustice le mit hors de lui. Il revoyait la guerre, les massacres, le sang versé pour des causes politiques. Bai ne savait pas d’où venait cette vision, mais elle avait la même intensité que ce qu’il avait vécu avec Perséphone. Il s’était promis de devenir un rempart contre les inégalités, contre la violence. Il s’était promis d’être le bras armé de la Justice. Le sang ne devait plus couler, les guerres devaient cesser, le cycle de haine devait se briser. Devant ce nouveau choc, il perdit le contrôle. Les quelques forces mentales qui avaient résisté contre les illusions de Perséphone s’effondrèrent, et les yeux de Bai se révulsèrent. Il souffrait énormément, se prenant la tête entre les mains. Un cosmos violet brillant se dégagea autour de lui. Celui-ci prit la forme de fouets aux mouvements imprévisibles. L’un alla s’abattre contre une maison, l’éventrant comme si c’était du papier. Un autre balaya quatre gardes qui furent envoyés dans les cieux.

Bai criait. Il était dans un état de désespoir et de colère intense. Les gardes les plus courageux firent quelques pas en arrière, mais rien de plus. Ils étaient tétanisés faces aux huit fouets de cosmos sombre qui s’échappaient de l’enveloppe de cosmos du jeune homme. S’il n’était pas maîtrisé rapidement, il pourrait très bien détruire la ville complètement.

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Sa proie se débattait de plus en plus. Mais la belle auburn attendit que les enfants tournent au coin d’une rue pour le relâcher, lui décochant un magistral coup de poing dans la tempe. Il s’effondra bien vite, assommé. Elle aurait pu le tuer, lui faire payer ses pêchés de la pire des façons. Mais était-ce bien raisonnable d’offrir une nouvelle vision d’horreur à ces enfants séquestrés dans cette cage non loin ? Car oui, désormais que les deux jumeaux étaient saufs, Elyn devait s’occuper de ceux-ci. Une fois prise dans le complot, autant ne pas faire les choses à moitié. A sa grande surprise, le jeune brun la dépassa. Elle lui avait pourtant dit de fuir. Pour qui se prenait-il, un héros ? A son âge ?

« Attends ! »

Trop tard, il s’était jeté à travers le mur de flammes. Inconscient ou héroïque, la Chimère avait quelques doutes là-dessus. Elle le suivit traversant la barrière enflammée qui s’entassa sur elle-même pour former un fauve de feu. Cette technique qui le liait à son maître depuis bon nombre d’années. Même si Abel l’avait reniée, elle ne pouvait renoncer à son cher lion. Déjà, le jeune asiatique se faisait prendre d’assaut.

« Et voilà ce qui arrive quand on veut jouer les héros … » susurra-t-elle avant d’hausser un peu plus le ton. « Hé ! Prenez-vous en à un adversaire de votre taille ! »

La demoiselle fut royalement ignorée par les gardes, trop occupés à immobiliser le garçon qui se débattait comme un diable. Il était vrai qu’avec la barrière de la langue, s’adresser à eux par la parole ne rimait à rien. Elle devrait s’y prendre autrement. La belle auburn s’engagea, dans la mêlée, en assommant quelques-uns tout en prenant garde à envoyer leurs armes hors de portée. Lorsque l’un des canons fut pointé sur elle, elle s’en saisit, le faisant fondre par le pouvoir de son cosmos. Combien étaient-ils exactement, elle n’y voyait pas réellement clair dans ce fouillis. Mais une lueur d’améthyste attira son attention alors que les gardes reculaient sous cette anomalie.

« C’est seulement maintenant qu’ils ont peur … »

Les iris écarlates de la jeune spectre se posèrent sur l’asiatique qui semblait en proie à une souffrance infinie. Jamais, elle n’avait vu ce genre de phénomène. Elle esquiva d’un bond l’un des fouets nés de l’éveillé, celui-ci neutralisant quatre gardes d’un coup. Plutôt puissant, mais sans doute complètement hors de contrôle. Les dégâts en seraient rudes si Elyn le laissait poursuivre dans cette voie. Il lui fallait réfléchir, et vite. Le calme olympien de la belle meurtrière n’en fut guère perturbé, mais elle devrait malheureusement faire appel à son surplis pour ne pas subir la morsure de ces fouets. Son aura s’intensifia alors que le surplis de la Chimère recouvrait ses courbes. Ses pupilles sanguinaires se posèrent sur les gardes restants.

« Dégagez ! »

Il ne fallut pas leur dire deux fois. Il semblerait que ce mot soit universel, ou il était question du regard de la demoiselle, tout simplement. Sa lance ne lui seraient pas d’une grande aide en ces circonstances. Et lorsqu’un fouet menaça de s’abattre sur la charrette transportant la cage des enfants, elle s’interposa, tranchant celui d’un coup d’épée flamboyante.

« Reculez ! » Effrayés, les enfants obéirent sans sommation, laissant la jeune spectre éclater les barreaux les maintenant prisonniers. « Allez ! Sauvez-vous ! Dépêchez-vous ! »

Quelques braves hommes vinrent aider les enfants, conscient qu’Elyn se chargerait ensuite du plus gros danger. La place du marché se vidait à un rythme soutenu, laissant place à un désert ne comptant plus qu’elle et l’éveillé enragé. Il y avait bien une solution. Le tuer … Mais elle ne voulait en arriver à cette extrémité. Pour le moment, elle s’élançait, trancher au mieux les fouets d’ombre alors que l’un d’eux l’envoya valser contre un mur. Le souffle coupé, elle s’effondra au sol, se redressant tant bien que mal. L’idée de porter son surplis n’était pas si mal finalement. Elle tenta de s’approcher du garçon, traversant cette enveloppe cosmique pour lui saisir les épaules. Elle en souffrait, de cette puissante, mais elle tint bon.

« Hé … Calme-toi … Les enfants sont saufs … »

Autant tenter la manière douce, au cas où …

HRP:

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