Au revoir Lumière (flasback pv Akane)

« Au revoir, Lumière. »

Kristr s’en voulait à mort. Elle avait réussi à le manipuler avec une facilité déconcertante et maintenant le jeune homme devait assumer ses erreurs. Trois cadavres hier retrouvés dans son hôtel et deux autres aujourd’hui dans un petit village à l’ouest de la ville où ils s’étaient rencontrés. Akane était une véritable sadique qui tuait uniquement pour le plaisir. Officiellement les autorités retiendraient quatre cadavres à l’hôtel puisque Kristr manquait à l’appel. Ne voulant pas perdre du temps il était parti avec quelques affaires seulement sur les traces de la jeune tueuse. C’était il y a deux jours, à peine.

Rapidement son enquête le mena dans un petit village, essentiellement des pêcheurs autrement dit le lieu idéal pour tuer de jeunes innocents ou de faibles personnes puisque les « Hommes forts » étaient absents de longs moments. Il y avait eu deux autres victimes sur la route ce pourquoi l’ancien chevalier d’Argent avait estimé être au bon endroit. Malheureusement mis à part une fluctuation cosmique il allait devoir attendre un nouveau meurtre pour espérer tomber sur Akane et encore elle aurait toujours ce petit temps d’avance sur lui.

Il devait être à peine 06h00 du matin lorsqu’il pénétra à l’intérieur du village où déjà femmes et enfants s’activaient. Les hommes étaient partis déjà depuis le lever du soleil et ce en présence de leurs familles, comme le vieux leur vieille tradition. Kristr jeta brièvement un regard sur la place du village, le port et certaines ruelles mais aucune trace d’Akane. S’il devait faire rapidement un historique des meurtres, il n’y avait eu que des Hommes pour le moment donc… elle se montrerait peut-être ce soir.

Prenant une chambre avec vue sur le port au sein de la petite auberge du village, il partit pour se reposer quelques heures en espérant réussir son coup de filet.

Un petit meurtre par-ci, un petit meurtre par-là. Et si on en faisait une comptine ? Du sang, à foison, en mare ou en traînée. Tout un art. Des corps semés par-ci, par-là, qui n’apporteront, en se décomposant, qu’odeur nauséabonde et insectes si les leurs traînent à les ramasser. Des traces de ton passage, ni plus, ni moins. L’insaisissable Veuve noire ! Ce que tu aimerais que l’on te surnomme ainsi à grande échelle ! Malheureusement, ces piètres proies sont bien loin d’être appétissantes pour accomplir ton mode opératoire. Tout de même, tu as de l’amour propre ! Peut-être même un peu trop. Tu n’abuserais pas de n’importe qui, et si tu en arrivais là, je me rappellerai à ton bon souvenir ma jolie.

Dommage pour Lumière, il aurait fait un parfait jouet. Mais un jouet se doit d’être distrayant quant à lui … Il était un peu trop ennuyeux à ton goût. Et je t’avoue que tu as fait le bon choix en le laissant planter là. Tu espères tout de même qu’il a apprécié tes cadeaux. Quelques inscriptions sur les murs, tracées avec soin avec le plus époustouflant pigment qui soit. Tu te demandes si certains peintres ont pu déjà s’en rendre compte. Il faudrait songer à te reconvertir, l’artiste ! Oh et puis … Tu préfères les œuvres plus réalistes. Taille réelle. Morts réels. Pourquoi t’encombrer d’imaginaire après tout !

Tes pas te mènent dans ce petit village, là où personne ne songerait à te chercher. Là où tu pourrais t’amuser un peu, jouer au chat et à la souris. Là où tu pourrais te distraire de quelques petites mises en scène visant à inculquer la peur. Pourquoi pas une sorte de « village témoin » façon Akane ? Juste … pour le plaisir. Bien entendu.

Ding dong …

Par vingt fois sonne le clocher du village. Mais il ne sonne pas le glas. La sorcière n’est pas morte, au contraire, elle vient à peine de se présenter. Un capuchon sombre dissimule tes pupilles d’or. Une longue tresse argentée rabattue sur ta poitrine contraste sur cette cape d’un noir de jais. Dans l’ombre, tu observes les pêcheurs rentrer après leur dur labeur. Tu réfléchis. Que vas-tu faire ? Qui ? Comment ? Il y a tant de possibilités. Et tu espères en élaborer plusieurs en ces lieux. Semer la peur, te délecter de son nectar.

Et subitement, la lueur lunaire vient éclairer ton rictus. Quelle est donc cette brillante idée qui te traverse l’esprit ?


Minuit sonne. Les rues sont calmes, désertes. Calmes … enfin presque. Il y a ce bruit. Ce bruit étrange et glauque d’un corps trainé négligemment au sol. Pour ton premier spectacle, tu as choisi le premier poivrot ivre mort que tu as croisé. Histoire de s’échauffer. Histoire d’échelonner. Demain, tu passeras à autre chose. D’un claquement de doigts, tes ombres viennent étouffer les flammes illuminant les flambeaux, plongeant la place dans l’obscurité. Tu soignes ta mise en scène, élèves le corps grâce à tes chers ombres. Un peu de fils barbelés par ci et par là pour le maintenir en hauteur sur le poteau de bois et le tour est joué. Tu t’es bien appliquée à lui élargir son sourire d’un coup de lame, à lui ôter ses globes oculaires afin que ressorte le néant de son regard. Les tâches de sang contrastent parfaitement avec sa tenue de lin beige. Tu observes la scène d’un air satisfait. Un bel épouvantail humain, que demander de mieux ?

Puis tu t’éloignes au bout de quelques minutes. Tu te trouveras une place de choix pour contempler la réaction des habitants lorsque le jour se lèvera.

Debout depuis le début d’après-midi Kristr surveillait avec attention le port du petit village. Pas de trace d’Akane enfin si c’est son véritable nom. Les heures passaient et les pêcheurs revenaient goute à goute. Toujours pas de tueuse en série à l’horizon…. Pourtant si les conclusions de Kristr étaient exactes Akane charmait ses proies avant de les amener à l’écart pour les tuer et là rien. Se serait-il trompé ? Peut-être même qu’elle n’était pas dans ce village…. Le doute commençait à grandir chez le jeune homme qui d’ordinaire ne respirait pas la confiance en soi.

Peu après une heure du matin, après que le dernier bateau soit de retour l’ancien chevalier d’Athéna sortit de l’hôtel pour arpenter les rues du village à la recherche d’indice. Il n’avait pas perdu tout espoir et dans le pire des cas il aurait pris un bon bol d’air frais. Ce n’est qu’une fois arrivé sur la place centrale du village que son sang se glaça. Akane était effectivement dans les parages et son œuvre se dressait devant Kristr ! Un épouvantail sortit tout droit des animations d’épouvantes entouré de barbelés, les yeux manquaient et le sourire élargit. Il était arrivé trop tard, beaucoup trop tard une nouvelle fois. Il savait qu’il aurait dû arpenter les rues et ruelles plutôt que d’attendre au-dessus du port en embuscade. L’abrutit !

S’assurant que personne ne l’ait vu, Kristr s’engouffra dans la ruelle adjacente pour s’éloigner le plus vite possible des lieux du crime. Cette fois il avait un plan beaucoup mieux ficelé que le premier. Il allait se cacher sur les toits donnant sur la place et attendrait que les villageois trouvent le corps. Une personne aussi dérangée qu’Akane resterait sur les lieux de son crime au moins le temps d’observer et de se délecter des réactions des gens. Elle était folle, fourbe et manipulatrice et devait se complaire dans ses méfaits.

L’ancien chevalier tourna dans une autre rue, un peu plus fréquentée, espérant trouver la tueuse, sans succès, encore. Cette fois il n’allait pas rentrer se reposer mais plutôt se placer dès à présent sur son point d’observation pour retrouver la jeune femme. Il continua donc sa progression et dès qu’il fut à l’abris des regards il escalada les habitations pour gagner les toits et se dirigea vers la grande place.

Il lui fallait encore attendre.

L'heure est venue. Tu n'as pu fermer l'oeil de la nuit tant l'excitation te taraudait. Ce moment où le corps, ou disons plutôt, ton oeuvre d'art, serait découverte. Tu trépignes telle une enfant attendant d'ouvrir ses cadeaux de Noël. Après tout, tu le mérites, tu as été si sage. Une seule victime en une nuit, c'est bien un miracle venant de toi. Elles se comptent minimum par deux à l'accoutumé. Mais tu as décidé de prendre ton temps, cette fois, de te modérer pour mieux savourer ensuite. Qui sait si le jour suivant, tu ne les massacrerais pas tous ?

Tu te lèves, si pimpante qu'en ce jour, tu choisis le blanc. Un capuchon immaculé, une cape tout aussi blanche comme neige couvrant tes épaules. Tu arbores toujours cette longue tresse argentée rabattue sur ta poitrine. Un ange, tout simplement. Qui penserait que derrière ces pupilles mordorées et ce sourire innocent si bien feint se cacherait le pire des démons ? Pas le propriétaire de l'auberge qui passe son temps à te faire les yeux doux en tout cas. Quel sort lui réserves-tu, à celui-là ? Tu as bien une petite idée à vrai dire, mais tu gardes le secret, jusqu'au jour où son corps inerte sera dévoilé d'une quelconque manière. Entier ou en morceaux, au choix.

Cette même cloche sonne de nouveau, l'aube est déjà là. Tu sors de ta cachette pour te rendre sur la grande place. La place de l'horreur. Tu es quelque peu en retard, certains visages horrifiés se fixent sur la victime. Des murmures, des cris. Chacun réagit à sa manière. Pas de veuve éplorée ou d'enfant désespéré à l'horizon. Dommage. La prochaine serait la bonne. A l'écart, ton capuchon couvrant ta jolie bouille, tu claques des doigts.

Des émanations ténébreuses s'échappent du corps. Certains crient au mauvais sort, à la sorcellerie. Ce qu'ils peuvent être bêtes, naïfs. La chasse aux sorcières, ils ont quelques années de retard, voire quelques siècles dirons-nous. Et voilà que les plus "braves" d'entre eux s'entreprennent à rassembler divers matériaux rapidement inflammable. Au lieu d'honorer leur mort, ils le traiteront comme un chien, un insecte sans intérêt. Tu laisses échapper un doux rire cristallin avant de faire volte-face, puis tu disparais dans les ruelles. Telle une ombre.

Les villageois semblaient horrifiés devant ce spectacle sans nom tandis que Kristr était parfaitement dissimulé sur un des toits surplombant la grande place. Le jeune homme se sentait mal pour la dépouille du défunt mais aussi et surtout pour toutes ces personnes qui assistaient à ce spectacle macabre. Si seulement il n'avait pas ce désir ardent d'emprisonner cette psychopathe il aurait pu éviter tout cela mais à croire que l'égoïsme était maintenant une part de lui. Mais la fin justifiait-elle les moyens ? Akane était une tueuse en série tout de même et ce petit sacrifice permettrait peut-être d'éviter tout une nouvelle série de meurtre.

Un cosmos ! Kristr se redressa, ce fut bref mais perceptible. Ces ombres provenant du cadavre étaient une surprise d'Akane, il n'y avait aucun doute. Elle ne devait pas savoir qu'il était là sinon elle ne se serait pas permise une telle fantaisie. L'ancien chevalier d'Athéna ne pensait pas une seconde qu'il pouvait s'agir d'une énième provocation et ne tarda pas à localiser sa cible un peu plus bas, parfaitement encapuchonné.

Il sauta du toit se réceptionnant à la perfection avec une roulade avant de partir à la poursuite d'Akane sous le regard ahurit des habitants du village. A cet instant, il avait oublié tous les remords qu'il avait pu avoir, le cadavre désormais incandescent, les autres meurtres et même les habitants de ce village ! Une seule chose comptait : Capturer et livrer Akane aux autorités. Kristr fonçait donc à travers les rues et ruelles cherchant à la rattraper à tout prix jusqu'à arriver de nouveau au port du village.

Ce jour, aucun bateau n'était parti sans doute à cause du meurtre d'un des habitants et surtout de la mise en scène. Continuant sa course, Kristr arriva devant un vieil entrepôt servant de hangar à bateaux. De vieux bateaux y étaient entreposés. Akane ne devait plus être très loin. Bientôt il aurait la conscience tranquille, bientôt.

La paranoïa a du bon. Tu as ressenti sa présence, assez tôt pour pouvoir l’emmener à l’écart, là où personne ne pourrait vous déranger. Personne. Le port est désert et ce hangar abandonné est tout simplement parfait. Pauvre petite souris. Le chat te guette, prêt à bondir. Il est prêt à te dévorer cette fois. Un rictus se dessine sur tes lippes. Tu t’approches à pas de loup, lentement, silencieusement. Rien ne peut lui faire pressentir ta présence. Et de cette latte de bois, tu frappes de toutes tes forces, au niveau de son crâne, histoire de l’assommer. Il a peut-être vu le coup venir, mais impossible pour lui de l’éviter. Il s’effondre alors que l’observes quelques instants.

« Bonjour, Lumière. »

Puis, regardant aux alentours, tu le traînes jusque dans le hangar, refermant la porte pour que gardiez une parfaite intimité. Tu fouilles les matériaux pour trouver avec ravissement quelques cordes, en espérant qu’elles tiennent le choc. Si tu les renforces par ton cosmos, elles le devraient. Assis, tu lies ses mains que tu accroches à une poulie. Tu enroules une seconde corde autour de ses pieds afin qu’il ne lui reste que peu de marche de manœuvre. Il y a tout ce qui faut pour la petite tortionnaire que tu es. Il est là devant toi, les bras en l’air, torse nu, vulnérable. Ta main glisse presque tendrement sur sa joue alors que tu mordilles son oreille. Tu sens qu’il s’éveille.

« Je t’ai manquée mon chou ? »

Tu souris, t’écartes, pour lui laisser le temps d’appréhender sa situation. Tes iris d’or ne le quittent guère. Ne sait-on jamais, le sous-estimer serait une erreur après tout. Tu as pu avoir un aperçu de son pouvoir, il n’est pas négligeable. Tu joueras avec lui le temps que cela durera. Puis, tu lui laisseras la vie pour le garder pour plus tard, ou tu le tueras. Le placard ou la mort. Tu tournes sur toi-même en t’adressant à lui.

« Regarde. C’est plutôt romantique. L’Ombre et la Lumière. Seuls … » Tu te mordilles la lèvre inférieure en le dévorant du regard. « Par quoi, on commence ? » Tu pouffes de rire. « J’espère que tu n’es pas chatouilleux. »

Renforçant ses liens de ton cosmos, tu t’avances vers lui. Tes doigts se promènent doucement sur sa peau, sa hanche, son torse. Ton visage s’approche du sien, en y laissant une distance tout de même raisonnable au cas où l’idée lui viendrait de vouloir se défendre. Tu lui souris.

« Je n’aime pas que l’on me suive, petite Lumière … »

A cet instant, le garçon peut la sentir, cette lame aiguisée qui lui entaille le flanc, assez profondément pour que le sang coule, mais assez modérée pour qu’il s’échappe lentement.

Un violent coup derrière la tête et ce fut le trou noir pour Kristr. Il n’avait rien vu venir et cette attaque éclair avait été dévastatrice. L’imbécile qu’il était n’avait absolument pas passé à un piège et pourtant…. Il sent qu’il est mouvement malgré tout mais peine à ouvrir les yeux. Que fait-elle exactement ? Une nouvelle mise en scène macabre ? Quel sort lui réservait-elle ? Mourir ici, dans ces conditions ce n’était pas au programme initialement. L’ancien chevalier se voyait plutôt mourir sur le champ de bataille au cours d’une Guerre Sainte que ce soit contre des spectres ou des berserkers mais pas dans un village appauvri en Asie.

Puis il a l’impression de s’élever, d’être suspendu comme du bétail. Akane devait mettre beaucoup de soin dans les détails de sa mise en scène. Il y a du froid aussi, il lui manque des vêtements puis peu à peu la lumière revient, il voit de nouveau. Akane était effectivement là devant lui et prononce quelques mots que la tête brouillée du jeune homme n’arrive pas à comprendre.

« Oui beaucoup. Tu vas arrêter de commettre des meurtres et me suivre bien sagement au Sanctuaire. »

Il y croyait le bougre ! Bien que suspendu dans le vide comme un saucisson, n’ayant aucune échappatoire il se permettait encore de dicter sa conduite à sa tortionnaire. Kristr regarde tout autour de lui cherchant un moyen presque miraculeux de s’en sortir. Il élude involontairement les propos d’Akane car son esprit est occupé à trouver la faille. Le compte à rebours était lancé, il ne lui restait plus qu’une poignée de secondes avant que sa vie ne prenne fin puis…. Non en réalité il lui restait un peu plus de temps sinon elle l’aurait tué bien plus tôt. Akane voulait jouer avec lui et donc Kristr gagnait un léger sursis.

Mais combien de temps ?

« Arghhh…. »

Les premières douleurs arrivent jusqu’au cerveau. Cette folle prédatrice a déjà commencé sa petite séance personnelle de torture. Cette lame était encore plus froide que la glace et elle allait et venait dans ses entrailles. La douleur devenait vite insoutenable tandis que son sang commençait à couler. Le pire c’est qu’elle semblait bien s’y connaître signe d’une expérience non négligeable dans ce domaine.

« Il est hors de question que je te laisse continuer Akane, tu dois être enfermée. »

Qu’il est mignon. Même en situation délicate, il tente de maitriser la situation. Finalement, il n’est peut-être pas si ennuyeux que cela ce jouet. Lumière de son nom. Il va bientôt finir par passer au statut d’animal de compagnie s’il continue ainsi. Le premier cri de douleur vient caresser ton ouïe. Tu souris, glissant un doigt sur le plat de la lame pour porter cet élixir de vie à tes lippes. Tu y déposes une goutte que ta langue vient cueillir. Tu savoures ce goût métallique faisant réagir tes papilles. Tu n’es pourtant guère un vampire. Puis un détail te perturbe. Tu poses ton arme blanche sur une vieille caisse afin d’ôter ton capuchon immaculé. Il serait bien dommage de le tâcher. En dessous, une ravissante robe noire. Elle te va à ravir.

« Si j’avais su que nous aurions ce genre de tête à tête, je me serai apprêtée pour l’occasion, petite Lumière. » Tu reviens vers lui alors que des mots s’échappent de sa gorge. Tu barres ses lèvres de ton doigt, lui intimant de cesser. « Ne me force pas à te faire taire. Tu as une si jolie voix, il serait bien dommage de t’en priver. Et ton sang … Un vrai délice. Goûte-donc.»

Ta phalange ensanglantée trace une ligne irrégulière sur sa joue puis sur sa lèvre inférieure, là-même où tu déposes un bref baiser. Une petite peinture de guerre, n’est-ce pas adorable ? Alors comme ça, il veut t’enfermer ? Comme l’avaient fait tes chers parents ? Pourquoi s’acharnent-ils tous à vouloir te séquestrer. Tu ne fais pourtant rien de mal, tu ne fais simplement qu’assouvir tes pulsions meurtrières. Tu soupires.

« Il y a tant d’êtres humains sur cette terre. Le fait d’en supprimer quelques-uns de temps en temps ne l’empêchera pas de tourner. Et puis, certains le méritent, je suis sûre que même toi, tu ne peux pas le nier.»
*A commencer par lui ~*
« Hmm … Non. J’ai envie de m’amuser un peu. »

Tu réfléchis, faisant tourner ta lame entre tes doigts. Tu es devenue relativement habile avec celui-ci, à force de t’en servir. Tu finis par t’asseoir sur l’une des caisses, croisant les jambes telle une jeune fille bien élevée. Ton regard mordoré sonde ta proie, ton jouet. Tu réfléchis quelques instants, arborant une moue indécise.

« Tu sais, Lumière. Ça me fait du mal de te voir souffrir ainsi. Peut-être que si … tu fermais les yeux sur mes activités, je pourrais te laisser la vie sauve. C’est une fleur que je te fais, tu n’aurais pas de seconde chance. Ou … Nous pourrions devenir bons amis. Il me semble que tu aies mentionner l'envie de supprimer quelqu'un. Je peux t'y aider ~ »

Apprêtée pour l’occasion ? Akane était démente à point que Kristr n’avait pas imaginé. Puis ce surnom, ce « Lumière » qu’est-ce que ça voulait dire ? L’ancien chevalier n’aimait pas ce petit jeu instauré, pour qui se prenait-elle à la fin. Visiblement les paroles du natif de Rodorio ne plaisait pas à en croire sa réponse. Il était impuissant et ne pouvait qu’encaisser ces gestes malsains et ce baiser. Maquiller avec son propre sang qui plus est. Cependant Kristr ne comptait pas se laisser faire et peu importe ce qu’elle pourrait bien lui faire en retour ! Les dernières paroles de la jeune femme n’étaient qu’un ramassis d’absurdité sans pareil !

« Le fait qu’il y ait autant de personnes sur Terre ne justifie en aucun cas tes actes barbares Akane ! Tu te caches en agissant ainsi, tu me fais pitié ! Rien de plus. »

Et la proposition de Kristr le laissa quelques instants sans voix. Comment pouvait-elle croire qu’il fermerait les yeux sur son activité de meurtrière en série ? Mais surtout comment pouvait-elle supposer qu’il accepterait de l’aider à tuer quelqu’un ? Même une personne que Kristr aurait aimé voir morte. Cette « proposition » eut pour effet de mettre le jeune homme hors de lui et son cosmos grimpa en flèche sous l’effet de la colère.

« Comment oses-tu penser qu’un chevalier d’Athéna accepte ton odieux marché ? Jamais je ne trahirais mes principes et c’est une insulte que tu viens de proférer envers ma déesse ! »

Oubliant sa blessure Kristr s’agitait de plus en plus alors que son cosmos ne cessait d’augmenter. S’il fallait qu’il se fasse exploser à l’aide de sa cosmo-énergie pour empêcher Akane de nuire à nouveau alors il n’hésiterait pas une seconde. Cette fois c’était son honneur qui était en jeu ! Elle voulait qu’il tue ? Et bien ce serait elle sa victime !

« Un chevalier d’Athéna … »

Que vient-il de lancer là ? Alors comme cela, tu martyrises un serviteur de la déesse Athéna. Tu montes en grade, belle Veuve Noire. Tu restes pensive, peu encline à prendre ses menaces en considération. Tu n’en as cure. Même s’il vient à les mettre en exécution. La vie, la mort, tout ceci n’est qu’un jeu dans lequel vous n’êtes que de simples pions. Il faut simplement choisir sa propre destinée et la tienne ne sera jamais celle d’une jeune femme normale. Tu finis par laisser échapper un léger rire.

« Où est donc ta belle armure flamboyante, Chevalier d’Athéna ? »

Il est vrai qu’il aurait pu faire appel à elle, surtout lorsque son cosmos s’est manifesté. De ton côté, tu renfermes ta prise par tes ombres. Et l’une d’elle ne tarde pas à lui entailler largement le torse, histoire de le calmer un peu. Tu lui tournes le dos, ton regard devenant des plus sérieux. Tes pensées divaguent quelques instants. A quoi penses-tu ? Tes lippes se meuvent pour laisser sortir ces quelques mots mûrement réfléchis alors que tu lui fais de nouveau face.

« Athéna. Bienfaitrice et sauveuse de l’humanité. Où était-elle lorsque mes propres parents m’ont séquestrée dans une cave parce que je n’étais pas « normale » ? Où est-elle, là maintenant, alors que l’un de ses précieux serviteurs se fait martyriser ? » Tu lèves les yeux au ciel. « Ô Déesse Athéna, je vais saigner ton beau petit chevalier ! Vole donc à son secours ! »

Jamais tu ne croiras en elle, en toute cette niaiserie sur l’amour et l’humanité. Certainement une complainte afin d’attirer une foule de pigeons voulant crever au champ de bataille dans une boîte de conserve reluisante. Tu tritures tes doigts entre eux, signe de ton agacement. Puis tu t’approches de lui. Sans peur, ni reproche. Ton visage est fermé, sans rictus, ni expression. Il est bien rare de te voir aussi sérieuse, aussi « normale ».

« Je me fiche de ta Déesse. Royalement. Tout comme elle se fiche de toi, sinon, tu ne serais pas là. Je me fiche de ce que tu penses, ou de ta pitié. Je me fiche éperdument de l'humanité et de tous vos principes, vos valeurs. »

Tu attrapes son menton, fermement, pour l'inciter à te regarder dans les yeux. Tes pupilles mordorées se plantent dans les siennes. Il peut ressentir le tremblement de tes doigts. Une colère qui t'assaille sans que tu ne saches réellement pourquoi. Mais elle est bien là. Cette colère, cette haine. Bien que ton courroux n'ait jamais été tourné vers cette fameuse déesse en réalité, il l'est certainement vers le monde entier.

« Ose donc me dire que tu n’as pas envie de me faire taire … A jamais. Bon petit serviteur de lumière. Va donc au-delà de tes principes ! »

Kristr se calma bien rapidement lorsqu’Akane lui demanda où était son armure. C’était un sujet douloureux pour le jeune homme que la perte ou plutôt l’abandon de cette dernière. Il ne se sentait plus capable de la porter, plus digne d’elle alors que la Coupe revêtait une importance toute particulière pour lui. Il n’avait jamais exclu un jour de redevenir chevalier pour peu que le Grand Pope ou Athéna elle-même acceptent cependant. La garce, elle était capable de frapper là où ça faisait mal ! Une vraie experte des séances de torture.

« … »

Nouveaux cris de douleurs devant cette nouvelle entaille au niveau de son torse cette fois. Les douleurs étaient presque insupportables. Aucun doute si jamais Kristr devait survivre il aurait gagné une magnifique cicatrice sur tout son corps. La douleur était atroce si bien qu'il crut tourner de l'oeil à plusieurs reprises. L’ancien chevalier préférait ne pas répondre, inconsciemment et sous l’effet de la colère il en avait déjà trop dit. Quant aux nouvelles paroles d’Akane sur la présence ou non d’Athéna pendant son enfance ou actuellement Kristr les trouvait totalement hors sujet.

« Penses-tu réellement que la déesse peut se permettre d’intervenir directement pour un seul d’entre nous ? Elle est la gardienne et la garante de la paix sur Terre. Elle n’interfère pas directement dans les affaires des Hommes, elle protège la Terre d’Hades et ce depuis les temps mythologiques. »

Hop petite leçon d’histoire si on pouvait appeler ça comme ça à l’attention de la folle psychopathe avant que le jeune homme ne s’agit de nouveau. Il devait défaire ses liens, toute cette mascarade n’avait que trop duré. Il avait été trop gentil, trop naïf et maintenant il payait les pots cassés. Sa tête tournait encore et encore sans doute à cause du sang perdu. Akane avait eu la main lourde.

"J'ose espèce de folle ! Je te mettrais en pièce suffisamment pour que tu ne puisses plus faire de mal mais pas assez pour te tuer. Tu moisiras entre quatre murs, même pas tu auras le droit à une fenêtre. Tu es trop dangereuse, trop folle."

Un cet instant ses propos dépassaient ses pensées et limite le jeune homme aurait très bien pu cracher au visage de son bourreau tellement la colère était grande en lui. S'agitant encore un peu plus un cliqueti, que les deux protagonistes avaient remarqué, se fit entendre. Allait il bientôt réussir à se libérer ?

Bla, bla, bla ... Il commence à devenir agaçant à jacasser ainsi. Son avis t'importe peu. Athéna par-ci, Athéna par-là. Qu'il retourne dans ses jupes si elle est si exceptionnelle. La Terre serait certainement beaucoup plus intéressante sous la coupe du Seigneur des Enfers. Moins de niaiseries, plus de violence. Hmm ... Remarque, beaucoup marcheraient certainement sur tes plates bandes donc, oublions l'idée. Tu ne peux t'empêcher de pouffer de rire, ouvertement aux menaces du petit Chevalier.

"Oooh ... J'ai peur. En attendant, à cet instant, tu sembles être le plus fou d'entre nous."

Le faire sortir de ses gonds avait été un véritable jeu d'enfant. Presque trop facile. Beaucoup trop facile. Mais ce cliquetis bien audible te signifie que cette poulie n'est pas bien loin de céder sous toute son agitation. Coriace la petite Lumière. Ton sourire est revenue, alors que tu lui murmures quelques mots.

"Enferme-moi donc. Je trouverais toujours un moyen de m'en sortir." Tu lèves ton regard vers la poulie avant de reporter ton attention sur ta victime. "Ne m'en veux pas mon chou, mais il est grand temps d'en finir avec toi."

Sans cérémonie, la lame transperce la chair du garçon au niveau de sa cuisse. Tu lâches le manche, laissant l'arme au chaud dans cette plaie béante. S'il se laisse de nouveau aller à la douleur, tu te délecteras de ses cris. Tu attrapes son haut, en déchires un morceau pour lui fourrer dans la bouche. Les cris, c'est bien, mais qu'il est parfois bon de profiter d'un peu de calme.

"Tu te videras de ton sang, comme du vulgaire bétail ... Pendant ce temps, je vais m'occuper de quelques villageois. Adieu, Lumière."

Nettoyant au mieux les tâches de sang sur ta peau d'albâtre grâce aux restes de tissus provenant du vêtement de ta proie, tu enfiles de nouveau ta cape, puis ton capuchon, adressant un dernier regard à ton cher jouet. Cassé, il ne vaut plus rien. Il te faut en trouver un autre. Tu quittes le hangar, le laissant planter là, sans aucun remords.

Un nouveau coup de couteau et voilà que l'arme se retrouvait dans la cuisse de Kristr. Pas le temps de crier qu'il se retrouva avec un linge dans la bouche. Akane savait parfaitement ce qu'elle faisait et l'ancien chevalier semblait désormais plus mort que vif. La jeune femme était désormais partie et Kristr était toujours là suspendu le regard vide. Il venait de vivre un nouvel échec cuisant, encore. Il n'y avait que le bruit des gouttes de son sang tombant sur le sol qui se faisaient entendre au sein de ce vieux hangar.

*Non. Je ne peux pas...*

Son cosmos explosa de nouveau détruisant d'un seul coup la poulie et tout ce qui l'entravait. Le septième sens.... Kristr retira la bâillon et tenta de s'appliquer les premiers soins grâce à sa cosmo-énergie. Au moins les dégats seraient limités.

"Les villageois..."

Kristr devait se faire violence ne serait que pour sauver les villageois de la folie meurtrière d'Akane. La porte du hangar explosa sous son cosmos. Ce n'était pas une démonstration de force mais une manière détournée d'attirer l'attention de la meurtrière. Elle avait loupé son coup et elle devait le savoir ! Boitillant Kristr continuait d'avancer au beau milieu du port. Personne à l'horizon, où était-elle ?

Cette énergie de lumière, tu la ressens. Tu soupires. A force d'être trop clémente, la situation va finir par se retourner contre toi. A vouloir le faire souffrir psychologiquement, tu as fait une erreur. Tu t'en rends compte. Tu aurais dû le tuer, l'achever, quitte à le mettre en pièce pour te distraire. Tant pis, tu t'occuperas finalement de lui. Tu te dissimules dans l'ombre, guettant ta proie. Après t'être débarrassée de lui, ce village sera ton terrain de jeu.

*Pauvre idiote. Il était à ta merci ...*
*Ferme-là ...*

Tu fermes les yeux quelques instants pour apaiser tes émotions, pour ignorer cette voix qui te hante l'esprit, qui te parasite. Ma voix. Il m'arrive d'être de ton côté lorsque tu me satisfais mais pas comme tu te comportes comme une imbécile. Depuis quand effectues-tu le travail à moitié ? Un Saint d'Athéna ne peut succomber à de telles égratignures. Tu aurais dû l'égorger, l'éviscérer, le saigner à blanc avant de quitter les lieux. Le voilà, il boitille. Tu l'as quelque peu affaibli mais certainement rendu furax. Tu enflammes ton cosmos, agissant rapidement. Tu fonds sur lui, profitant de sa faiblesse pour le pousser contre un mur. Bien vite, une toile d'ombre l'emprisonne. Tu lui souris, penches la tête pour l'observer.

"Tu es plus coriace que je ne le pensais, Lumière. Tu aurais dû fuir, tant qu'il était encore temps. Ta vie t'importe si peu, pauvre idiot ..."

Ah ces bienfaiteurs, ces sauveurs de l'humanité, ce qu'ils pouvaient être agaçants. Dire que tu devrais être entrain de mettre ce village à feu et à sang. Quel dommage. Mais le plaisir ne fait qu'être repoussé. Tu le savoureras un peu plus ensuite. Quoique ... Un rictus ourle tes lippes alors que la petite Lumière devient grande. Il s'extirpe de ton piège d'ombre. Dommage que tu n'aies pas ton précieux katana sur toi. Ton aura ténébreuse s'accentue, tu matérialises une épée d'ombre.

"Très bien. Que dis-tu d'une petite danse, mon chou ?"

Et te voilà à t'élancer sur lui, décrivant des cercles gracieux avec ton arme de fortune. Celle-ci s'abat tout d'abord sur son épaule, puis tente de le faucher aux jambes. Que va-t-il faire ?

Une prison d'ombre, des lies cosmiques exactement à l'identique que ceux qu'elle a utilisé il y a quelques jours. Kristr avait pourtant senti le cosmos d'Akane mais une fraction trop tard. Son cosmos à lui crépitait comme jamais à l'intérieur de son être. Sa motivation ? Sa source d'énergie ? Tous les habitants de ce village, la vie était en eux... ils seraient donc sa force. Kristr allait se battre pour les sauver, il briserait ses liens coûte que coûte. Un sourire apparut sur ses lippes. Oui il aurait du fuir et pourtant il n'avait pas hésité une seule seconde.

"Tu es vraiment bête en plus d'être folle. Je te le répète, je suis un chevalier d'Athéna et il est de mon devoir de sauver tous ces innocents de ta folie."

L'ancien chevalier écarta finalement les bras brisant cette toile d'araignée devenue insupportable. Bien que dans un état second Kristr avait conscience qu'il ne serait pas en état de tenir bien longtemps.

"Tu crois encore que je vais me laisser faire ? "

Sur de lui mais surtout incapable de faire autrement il encaissa sans broncher le coup d'épée sur l'épaule, l'arme cosmique entaillant sa chaire déjà bien meurtrie. Il sauta en arrière esquivant le "fauchage" avant de s'élancer sur Akane tentant de la frapper à plusieurs reprises. La défaite n'était pas envisageable, surtout pas. Kristr matérialisa des vortex lumineux d'où sortir des racines qui attaquèrent la demoiselle de façon parfaitement synchronisée.

Le jeune homme faisait de son mieux pour tenir le rythme assez élevé qu'il avait imposé d'entrée. Son cosmos irradiait sous chacune de ses attaques sans pour autant réussir à trouver la faille dans la défense de son adversaire.

Et le voilà reparti dans son laïus du bon petit chevalier d’Athéna. A l’entendre, ils sont bercés dans le monde des bisounours au Sanctuaire. Sauver les innocents, punir les méchants, tout ce tissu d’idioties, il n’a que cela à la bouche. Lumière se rebelle, attention, tous aux abris ! Mais toi, cela te fait sourire. Tu ne te sens pas en danger, et puis, c’est bien connu : tu te ris du danger ! Tu rétorques quelques mots, l’air amusé.

« J’aime quand on me résiste mon chou, fais-moi donc ce plaisir. »

La première attaque fuse, et l’effluve de métal envahit l’air, de quoi rameuter quelques charognards s’il y en avait à proximité. Bien plus vive que ton adversaire, puisque tu n’es guère blessée, tu esquives et contres les premiers coups. Tu te retrouves emprisonnée de nouveau au milieu de ces vortex lumineux augmentant ton cosmos pour que tes ombres limitent au mieux les dégâts. Tu te retrouves brûlée à plusieurs endroits de ton corps, mais tu ne lui montres aucune faille. Tu restes stoïque. Tes ombres finissent par prendre le dessus, brisant la lumière alors que tu en profites pour fondre que ta proie, reprenant ta danse meurtrière.

Ses pieds se retrouvent piégés dans de nouvelles toile d’ombre. Un coup de lame au niveau de son flanc blessé, un coup de pied dans cette cuisse déjà bien entaillée. Tu cherches ses points sensibles, pour le blesser, pour le mettre à terre. Il n’a guère la même technique de combat que toi, que celle de ton maître défunt. L’excitation du combat s’empare de toi, à tel point que tu t’en dévores les lippes. Une main d’ombre se matérialise pour venir serrer la gorge du garçon.

« Tu m’impressionnes, je ne te pensais pas si vif, Lumière. »

Tu invoques tes chères petites araignées d’ombre, celle-ci grouillant sur tout le corps de ton ennemi, le mordant à quelques endroits, l’assaillant tandis que la poigne ténébreuse poursuit son œuvre, l’empêchant de respirer comme il le souhaiterait.

Les coups s’enchainaient, les échanges pleuvaient mais bien vite Kristr dû poser un genou au sol sous la douleur. Cette sorcière avait réussi à annihiler son attaque et surtout elle avait réussi à le frapper au niveau de sa cuisse blesser pour le mettre à terre. En plus d’être une bonne tueuse Akane était aussi une excellente combattante et plus le temps passait et plus Kristr avait la certitude qu’elle avait bénéficié d’un entrainement intensif. Personne ne pouvait avoir ce niveau de manière innée.

« Je le serais plus encore si je n’avais pas cette blessure. »

Kristr en deviendrait presque mauvais joueur car la supériorité d’Akane était indéniable. A chaque passe d’arme il souffrait et devait puiser dans ses réserves pour ne pas s’effondrer. Une chose était pourtant sure, il ne lâcherait pas l’affaire ! A quoi cela servirait-il de prononcer tous ces beaux discours si c’était pour abandonner à la première difficulté ? Comme ce fameux jour où il était sur le point de déserter du Sanctuaire sans l’intervention salutaire d’Orion.

La gorge enserrée l’ancien chevalier faisait de son mieux pour ne pas sombrer dans l’inconscience tandis que de nombreuses arachnides venaient l’attaquer à leur tour. Les réserves d’Akane étaient-elles infinies ? Il commençait à le penser sérieusement. Malheureusement pour lui, il ne maitrisait pas la lumière ce qui aurait été utile pour contrecarrer les techniques de cette veuve noire. Finalement le jeune homme réussit à se dégager, le souffle lui manquait mais il canalisa ce qu’il lui restait d’énergie pour former un arc lumineux en direction d’Akane.

« Archer ! »

Peu importe si son corps était en lambeau, que des araignées continuaient de le mordre, il devait mettre fin à la folie meurtrière de cette personne. Et sans attendre d’avantage, il décocha sa flèche en direction d’Akane, une de ses plus puissantes attaques.

Il courbe l’échine face à toi. Oh tu n’en demandais pas tant ! A croire qu’il sait où est sa place. Ca te fait sourire alors que l’intensité du combat demande la plus grande concentration. Il est vrai que la perte de tout ce sang ne doit guère l’aider. Pourquoi n’abandonne-t-il pas, tout simplement ? Tu te gardes bien de le lui faire remarquer pour éviter d’entendre un nouveau discours utopique à vomir. Allez, il est temps d’en finir, sous cette puissance poigne d’ombre, sous ces araignées de ténèbres grouillant par dizaine, voire centaine. Tu dois en finir. N’oublie pas que le cosmos n’est pas une source inépuisable à court terme. Tu le ressens quelque peu, mais ne le démontres pas. Dévoiler une faiblesse à un adversaire n’est pas digne de l’enseignement que tu as reçu.

Voilà qu’il parvient à bouger. Tu ne peux qu’admettre cette force d’esprit. Est-il fou, ou tout simplement inconscient ? L’arc qu’il crée t’éblouit quelque peu. Il semble à bout de force, mais pourtant, son arme de fortune brille tout autant que l’astre solaire lui-même. Tu plisses les yeux, faisant disparaître ton épée d’ombre pour matérialiser un bouclier ténébreux. La flèche lumineuse fuse vers toi, tu es persuadée de la contrer. Mais ton bouclier commence à faiblir. Tu serres les dents.

« Sale petit insecte … »

Luttant contre cette énergie, tu parviens tout de même à dévier la trajectoire du trait de lumière qui vient déchirer ton flanc. Œil pour œil, dent pour dent. Si tu n’es pas aussi gravement blessée que lui, il t’a rendue quelque peu la pareille. Tu sens les perles de sang rouler sur ta peau d’albâtre, ta cape immaculée s’imbibant. Tes iris d’or viennent cueillir l’étendue des dégâts alors que tes doigts tentent de contenir l’hémorragie. Tu n'as cure de cette souffrance, tu en as l'habitude. Tu t’approches de ton adversaire pour lui décocher un coup de poing de ta main libre, puis un coup de genou au visage. Puis, tu recules lentement sans le quitter des yeux.

« Avoue-toi vaincu. »

Ce n’était pas la plus puissante de ses attaques mais cette flèche que Kristr avait envoyé sur son adversaire était l’une des plus puissantes. L’ancien chevalier avait bien conscience que cette attaque serait sa dernière. Le bouclier d’Akane faiblissait mais elle parvint à dévier la flèche de sa trajectoire lui entaillant son côté. Mince, son coup n’était pas assez puissant pour battre Akane. Il était désormais sans force, gravement blessé et dans l’incapacité de prendre la fuite. La mort lui tendait les bras. C’est dingue quand même tout ce que l’on peut revoir de son passé dans de tels moments. Un sourire, presque de dépit, sur le visage et il effectua un premier pas en direction de la jeune femme, puis un deuxième et un troisième avant de se stopper.

Un premier coup fusa dans son abdomen blessé puis un second en plein visage et Kristr s’écroula à même le sol. La garce était très forte ! Crachant du sang, le jeune homme fut pris également d’une quinte de toux le forçant à baisser sa garde contre son grès.

« Jamais… »

L’ancien chevalier d’argent de la Coupe se redressa une nouvelle fois. Par quel prodige ? Même lui ne serait pas en mesure de le dire. Il devait juste faire barrage, empêcher Akane de faire de nouvelle victime au sein de ce village. Pour lui c’était son devoir d’intervenir, de protéger un maximum de monde.

« Même mort je me dresserai devant toi. Et même mon âme fera barrage s’il le faut afin que tu ne touches plus à un seul des habitants de ce village. »

Kristr était donc de nouveau devant Akane, les bras ballants et le regard vide. Il n’avait aucun moyen de la frapper ou d’utiliser son cosmos. Il n’y avait plus que son corps pour faire barrage et il était plus mort que vif à cet instant. Akane pouvait faire ce qu’elle voulait, il ne la lacherait pas.

Qu’il est tenace. Qu’il est casse-pied. Il semble que le rôle de carpette ne lui convienne guère. Il est pourtant parfait, pour ce rôle. Tu soupires, l’observes de tes iris d’or. Tu souris à ses mots, faisant fît de cette douleur qui darde ton flanc. Dois-tu lui rappeler à quel point il est pitoyable ? A moitié mort, ou à moitié en vie, tout dépend de quel point de vue on se place. Lui souffler dessus suffirait à le faire chuter de nouveau. Le moindre petit choc pourrait mettre fin à ses jours. Tu secoues la tête, prenant un faux air de dépit.

« Mon petit Lumière. Tu es chanceux. Aujourd’hui, je vais te laisser la vie sauve. Mais oh … inutile de me remercier. »

Simplement, tu décides de le contourner, comme tu le ferais pour un mort-vivant privé de ses jambes, gardant une distance l’empêchant d’attraper un pan de ton capuchon souillé par ton propre sang. Une fois sur le chemin, tu lui lances un nouveau regard par-dessus ton épaule, arborant un sourire radieux.

« J’espère que l’on se reverra, mon chou. Je commence à m’attacher à toi. Dans tous les cas … Profite donc de la vie qu’il te reste pour savourer ta victoire. Je tire ma révérence pour cette fois.» Tu ôtes désormais ton capuchon maculé de sang, le lançant sur lui. « Un petit cadeau, pour que tu te souviennes de moi. »

Et voilà que tu t’éloignes, en quête de proies faciles … ou de plus difficiles, dans des contrées plus lointaines.

Ce n’était pas une victoire, ni une défaite. Mais dans tous les cas cet évènement qui eut lieu laissa un goût amer chez Kristr. Il avait sauvé les gens de ce village sauf qu’il lui avait été impossible d’arrêter cette dangereuse criminelle. L’ancien chevalier avait démontré ses limites. Il n’était plus forcément digne de revêtir une armure puisqu’il était incapable de se débrouiller sans. Toutefois lorsqu’Akane partit, un petit sourire apparut sur le visage du Grecque. Son cosmos était presque éteint, les hémorragies étaient nombreuses… la fin n’était sans doute plus très loin.

Finalement après quelques minutes supplémentaires le jeune homme s’effondra sur le sol humide. Pourtant il ne pleuvait pas ce jour-là, il n’y avait que le sang de l’ancien chevalier d’argent de la Coupe.

Il revoyait ses parents, une armure d’or… ses années d’entrainements au sanctuaire avec ses compagnons, la rencontre avec Orion, l’obtention de son armure, la mort de ses compagnons et amis, les Berserkers, cette curieuse rencontre avec Elyn… Il revoyait absolument toutes les étapes de sa vie. Finalement où s’était-il trompé ? Pourquoi n’était-il plus chevalier ? La peur ? La mort ?

En tout cas le jeune homme n’était pas en train de partir avec la conscience tranquille. Il y avait tellement de regrets en lui….