[Flashback - PV Kristr] La courtisane d'Edo

Des jeunes femmes exposées comme de vulgaires objets dans une vitrine. Un spectacle bien écœurant à ton goût. Ce soir, tu as revêts toi aussi un yukata. Ta crinière d'argent contraste tant avec leurs chevelures d'ébène. C'est sûrement pour cette raison que les regards se tournent vers toi. Tes lippes habillées de rouge arborent un sourire radieux, rayonnant. Ton scénario est particulier, tu veux te mettre dans la peau d'une courtisane. Pourquoi ? Tout simplement pour en punir quelques uns. Non pas par vengeance pour ces greluches, non. Après tout, chacun est maître de sa vie à ton goût. Si elles sont là, c'est parce qu'elles l'ont cherché ... Pour ton simple et plus grand plaisir.

*Des mets de choix, juste pour nous ...*

Tu es choisie, par un homme dont la réputation n'est plus à faire. L'un de ces gosses de riche bradés persuadé de pouvoir s'offrir la plus belle plante des lieux. Tu le charmes d'un regard. Il te répond d'un sourire assuré. Parfait, le poisson est ferré. Il s'avance vers toi, te murmure quelques mots à l'oreille et toi, tu en fais de même, te hissant sur la pointe des pieds. Ton souffle hérisse la peau de son cou, tu le ressens alors que tu lui glisses quelques paroles relativement convaincantes pour qu'il t'emmène dans un endroit reculé. Là où aucune règle ne le briderait comme dans ces nombreuses maisons closes.

Ton maître a perdu la vie ainsi, esclave de ses désirs les plus primaires. Il en serait de même pour lui. S'il savait, qu'autour de ta cuisse, logée une lame bien acérée qu'il te tarde de plonger dans sa chair tendre et goûteuse. S'il savait, que tes nombreux meurtres t'ont valu le surnom de veuve noire. Il ne serait qu'une victime dans une série interminable. Discrets, vous vous échappez. Sa main t'attire avec fermeté, signe qu'il commence déjà à ne plus se contrôler. Il faut dire que tu as su l'attiser par ces mots relativement enjôleurs.

Une fois seuls, au milieu de cette ruelle sombre. Ton dos heurte un peu brutalement le mur. Il dévoile son vrai visage. Il ne sera pas déçu lorsqu'il verra le tien. Il cueille tes lèvres dans son désir impérieux. Que ne faut-il pas faire pour assouvir ses envies de meurtre. Enfin, il glisse sa main sous ton yukata. Quelque chose le perturbe, il rompt l'échange pour te lancer un regard interrogateur. Qu'est-ce donc que ce fourreau.

Tu lui souris, d'un air de malice, glissant ta main sur sa joue, attrapant sa lèvre inférieur entre tes dents. Ton autre main se saisit du manche de l'arme blanche. Et en un rien de temps, celle-ci se plante profondément dans sa chair. Tu es au premier rang pour voir son expression changer. La stupeur, la douleur. Tu tournes l'arme dans la plaie déjà mortelle, le sang coulant sur tes fines phalanges alors que tu le repousses et qu'il s'effondre, inconscient.

*Déjà ? Tu n'as pas choisi le plus endurant, Veuve noire.*

Tu arbores une mine déçue. Pour une fois, tu es d'accord avec celle qui hante ton esprit. Tu avances d'un pas, tenant toujours la dague maculée d'hémoglobine entre tes doigts. Mais un bruit non loin t'attire. Ton sourire s'élargit. Tu recules de quelques pas, lâchant ton arme au sol alors que tu te recroquevilles. Tu feins l'angoisse, la peur. Tout ce que tu inspires. Qui de mieux pour l'imiter que toi ? Tu forces les larmes, les sanglots. Tes mains, ton visage d'ange sont recouverts de sang. Mais tu passes pour la parfaite petite victime forcée de se défendre légitimement.

Le Japon était un pays parfait pour les herboristes comme Kristr. Cela faisait maintenant deux mois qu'il avait renoncé à son armure et son rang de chevalier pour vivre reculé de tout. Voulant malgré ça se perfectionner dans son art des soins le jeune homme avait quitté sa Grèce natale pour les îles asiatiques. Les magasins d'herboristeries et de médecine étaient monnaies courantes dans ce genre de Pays. Il y avait tellement de connaissance, de chose à apprendre que l'ancien chevalier pensa même s’installer dans les environs quelques temps. Il avait même appris pas plus tard que ce midi que certains repas étaient d'excellents moyens médicinaux comme par exemple les plats à base d'épices. Curcuma, gingembre ou encore le curry étaient d'excellentes épices permettant de réduire les inflammations ou encore de faciliter la digestion. Tout cela était fascinant !

La culture de ce pays était fascinant également. Un des problèmes majeurs selon kristr consistait aux droits des femmes. Ces dames n'avaient pour ainsi dire le droit à rien. Pour preuve toutes ces demoiselles "louées" ou "vendues" à des hommes qui se servaient d'elles pour assouvir leurs bas instincts. La nature humaine dans toute sa splendeur. Comment reprocher à certains dieux comme Poséidon ou Hades de vouloir les exterminer ? Heureusement les Hommes n'étaient pas tous comme ça et c'était pour cette raison que Kristr se battait... enfin pour cette raison qu'il s'était battu plutôt. Il n'était plus un guerrier désormais, seulement un homme ayant soif de connaissance pour aider son prochain.

L'ancien chevalier d'argent tourna au coin d'une ruelle pour regagner son hôtel plus rapidement lorsqu'un bruit provenant du fond de cette même ruelle attira son attention. Tout d'abord un bruit sourd puis des pleurs, une femme était en danger ! Kristr accéléra pour arriver devant un homme gisant sur le sol dans son propre sang et une demoiselle en habit traditionnel dont il avait déjà oublié le nom.

"Bon sang !"

Il était désormais à genoux en train d'appuyer sur la blessure de ce pauvre homme sans pour autant remarquer que la vie l'avait déjà quitté. Tout en appuyant de toutes ses forces il tremblait, la peur le gagnant et le forçant à se remémorer la perte tragique et récente de ses compagnons d'arme.

"Non non non... Monsieur ! Monsieur !"

Kristr augmenta même sa cosmo-énergie cherchant à se servir de ses pouvoirs de chevalier pour guérir cet homme ou du moins lui apporter les premiers soins. Mais non rien à faire, il ne revenait pas, exactement comme ELLE. Les larmes lui montèrent aux yeux lorsqu'il se rendit compte qu'une nouvelle fois il avait été impuissant devant une personne ayant besoin d'aide. Pourquoi le destin lui infligeait encore une épreuve de ce genre, si peu de temps après la dernière.

Les yeux embués, il porta son attention sur la demoiselle.

"Vous allez bien ?"

Le visage dissimulé derrière tes genoux, tes faux sanglots ne peuvent qu'alerter la personne qui passe par là. Le juron. Le tour est joué, il ne va sans doute pas tarder à venir te réconforter, t'emmener quelque part, là où tu pourras le torturer autant que tu le souhaites. En espérant qu'il soit résistant, celui-là. Monsieur ? Quoi ? Tu lèves le regard empli bel et bien de larmes. Pleurer sur commande, un jeu d'enfant pour toi. Tes iris d'or se posent sur le jeune homme. Pourquoi cet idiot essaie-t-il de sauver un mort ? Et puis des hommes comme lui, il y en a des milliers sur terre. Mais des demoiselles en détresse aussi belles que toi, bien peu ! Tu restes de marbre, il est terriblement ennuyeux ce gamin.

*Tue-le, qu'on en parle plus ...*

C'est ce à quoi tu penses avant de te figer. Un cosmos. Aussi lumineux que sombre est le tien. Tu souris vaguement avant de reprendre une parfaite mine déconfite. Juste à temps puisqu'il pose désormais son regard sur toi. Enfin, il se rend compte que tu es là, que tu existes. Tu restes immobile. Lorsque ton regard se pose sur le défunt, tes pupilles se dilatent.

"Il …Il est … mort ?"

Une véritable crise de larmes qui prend aux tripes de n'importe qui. Tu te balances d'avant en arrière, comme décontenancée. Tu pourrais décrocher un oscar dans le rôle de la meilleure actrice dramatique. De tes iris dorés, perdue, tu fixes le nouveau venu avant d'ouvrir la bouche, sans qu'un son ne sorte. Tu feins le choc. La gorge serré. Tous les signes que tu as pu observer chez tes proies durant bon nombre d'années.

"Il ... Il a essayé de ... me tuer. Il avait ce regard ... effrayant. J'ai eu ... si peur." Tu lèves tes mains maculées de sang, haletant presque, comme si l'air te manque. Tu sembles en panique, en proie à une angoisse incommensurable. "Qu'est ce que ... j'ai fait ... Mon dieu ..."

Tu relèves ton regars vers lui. Ce regard qui le supplie de t'aider, sans même le lui demander. Va-t-il tomber dans le panneau de la demoiselle en détresse ?

Autant de sang, c'était comme cette nuit là où Kristr avait perdu ses compagnons face à ces impitoyables Berserkers. Le type était mort, impossible donc de le soigner même avec son cosmos de Vie. Le Grecque avait demandé à la demoiselle si elle allait bien et mis à part des larmes aucune réponse. Ah si elle avait demandé si l'homme était bel et bien mort. Le choc sans doute. La pauvre, Kristr l'avait négligé pour palier au plus urgent et sauver le blessé. Même si ce type était la pire des engeances l'ancien chevalier ne pouvait pas faire sans essayer de le sauver.

"Oui il est mort."

Ses paroles sonnaient le glas de ce corps sans vie. La victime, elle, était sous le choc comme en attestaient sa gestuelle et ses pleurs. Déglutissant Kristr finit par la prendre dans ses bras pour tenter de la calmer essayant de réprimer ses propres émotions. Le destin était cruel autant avec cette demoiselle qu'avec lui même.

"Ca va aller, shuuuut ça va aller."

Machinalement Kristr caressait la chevelure de la victime espérant la calmer avant de se relever avec elle. Ils devaient s'éloigner rapidement tous les deux car même si elle était en état de légitime défense dans un pays comme celui-ci cela allait être compliqué.

"Allez faut partir d'ici. Si la police te voit ils vont te jeter en prison."

Prenant la demoiselle par la main Kristr quitta la ruelle pour passer par la rue principale puis il emprunta une nouvelle ruelle. Son hôtel n'était pas très loin, là-bas ils pourraient éventuellement souffler, nettoyer le sang un peu présent partout.

Mort. Quelques délicieux mots. Il est délectable de l'entendre de la bouche de quelqu'un d'autre. Quelqu'un d'autre qui constate avec horreur un meurtre que tu as commis sans même te blâmer. L'être humain peut être étrange, naïf et totalement idiot. Ton petit numéro fait son effet. Plus que tu ne l'espérais, d'ailleurs. Pendant un instant, tu as cru faire chou blanc et finalement ... Les deux pieds dans le plat ! Le genre de type à se faire souvent avoir. Dommage pour lui, sa naïveté lui sera fatale. Comment pourrait-il t'échapper, maintenant qu'il est désormais prisonnier de ta toile ?

Ses bras t'entourent, t'apportant une certaine chaleur. Tu ressens ses émotions qu'il tente de dissimuler. Faible d'esprit, certainement. Le comble qu'il soit plus affecté par cette mort que toi-même. Toi ... Tu jubiles. Un sourire qu'il ne peut voir se dessine sur tes lippes alors que tu ne lâches pas cette mare de sang du regard. Ce genre de scène ... Tu pourrais t'en délecter éternellement ... Enfin, différentes scènes, au vu de l'odeur que dégage un corps en décomposition. Ca, non merci. Tes faux sanglots s'amenuisent, histoire qu'il prenne un peu confiance en lui. Qu'il te fasse confiance à toi. Chaque détail compte pour qu'il ne cherche pas à se méfier.

*Bouhouhou. Cet imbécile me fait pitié ...*

Voilà que l'une de tes mains vient se crisper sur son bras le plus proche. Comme si tu t'accrochais à lui pour ne pas sombrer. Tu es si parfaite dans ce rôle. Deux victimes pour le prix d'une ce soir. Et cette petite mouche s'est accrochée d'elle-même à ton piège de soie. Toutefois, un geste te perturbe durant quelques infimes secondes. Cette douce main qui caresse ta crinière d'argent... Paupières closes, tu en fais abstraction.

*Aucune émotion. Sombre idiote.*

Tu serres les dents, t'empêchant de lui répondre tandis que le garçon t'incite à te relever. Tu suis le mouvement, il t'emmène quelque part. Sur le lieu de son propre crime. Quelle ironie du sort. Tu lèves les yeux vers lui, apeurée.

"Mais ... Si je n'avais pas ... Il ..."

Tu fais mine de déglutir avant de baisser les yeux, cachée par ta frange d'argent. Tu le suis, cachant ta main libre dans ta manche. Tu profites de ta longue crinière pour éviter le regard d'autrui. Tu y ajoutes quelques tremblements de main, afin de ne pas gâcher le moment. Tu dois être minutieuse. Tu finis par te stopper net, attendant qu'il se retourne vers toi.

"Tu ... Tu vas ... me protéger ... n'est-ce pas ?"

Et ce regard larmoyant, suppliant. De toute beauté. Douce Veuve Noire.

"On va essayer oui."

L'ancien chevalier n'était pas homme à promettre à l'aveuglette. Il ne serait pas toujours aux cotés de la demoiselle étant uniquement de passage dans cet environnement japonais. Et il ne pouvait pas deviner ce que demain sera fait. Kristr se força même à sourire pour tenter de réconforter la jeune fille, il ne pouvait faire que cela pour l'aider... malheureusement. Soudainement il eut une idée qui pourrait peut-être aider la gamine. Les plantes médicinales pourraient l'aider à se calmer et à passer une nuit correcte.

"Allez viens j'ai de quoi t'aider mais je ne pourrais pas le faire dans une ruelle."

Kristr retira son sac à dos pour en sortir une de ses chemises. Il essuya ses mains ensanglantées avant d'en faire de même avec les mains de la jeune femme. Devant le standardiste le duo allait pour ainsi dire devoir montrer patte blanche. Si deux personnes avec les mains en sang venaient à se présenter les autorités seraient alertées.

"J'ai une chambre dans une auberge ou hôtel du coin tout dépend comment vous appelez ce genre d'établissement chez vous. Tu cacheras tes mains un maximum il ne faut pas que l'on voit tout ce sang."

Le Grecque prenait les choses en main et sortit de la ruelle avec l'inconnue pour arriver rapidement à son auberge. L'établissement n'était pas bien grand comprenant quelques chambres dont celle de Kristr, une cuisine gérée par l'établissement. Les chambres possédaient un lit, une petite cuisine aménagée et une salle d'eau privatisée chacune, le luxe en comparaison des aménagements du Sanctuaire. Le jeune homme passa l'entrée de l'auberge saluant le réceptionniste avant de se diriger directement vers sa suite en compagnie de la demoiselle.

Une fois seule, à l'abri dans la chambre il se présenta :

"Je m'appelle Kristr et toi ? Je vais te préparer un petit remontant. Reposes toi."

L'ancien chevalier à la chevelure argentée posa son sac à même le sol et se dirigea vers la petite cuisine.

Essayer ? Seulement, essayer. Tsss... Certains donneraient leur vie pour faire le paon devant une belle demoiselle et lui ... Il va essayer. D'où sort-il celui-là ? Et si tu l'exécutais, là maintenant, dans cette ruelle ? Non ? Soit ... fais ce que tu veux. Il semble pouvoir t'aider, tu te demandes bien comment. Dans le fond, aux yeux de la lois, tu es dans le pétrin jusqu'au cou. Et lui, il se rend complice. Si jeune. Si naïf.

Il sort une chemise de son sac, tente d'effacer toute trace de sang de ses mains avant de se saisir des tiennes. Il te prend pour une enfant ? De plus en plus étrange ce garçon. Tu es pourtant une jeune femme, une belle femme. Il devrait te demander la permission avant de te toucher de la sorte. Il te donne des consignes, tu ne fais qu'acquiescer d'un signe de tête, gardant cet air toujours niais et choqué avec tes yeux brillants de chien battu. Tu obéis glissant tes mains dans tes manches.

Tu entres dans l'établissement, sans même lever le nez. Le sang que tu as sur le visage risque de tout faire capoter. Tu le suis, dans le silence jusqu'à sa chambre. Une auberge miteuse. Que faisait-il donc dans ce genre de quartier alors qu'il ne peut même pas se payer une suite digne de ce nom ? Il s'appelle Kristr. Il n'est clairement pas d'ici. Il fait ... européen. Tu gardes un visage d'ange, veillant bien à conserver cet air perturbé.

"Akane. Mon nom … c'est Akane."

Tu te demandes bien quel est ce fameux remontant. Tu ignores sa suggestion et le suit dans la modeste cuisine. Tes iris balayent le plan de travail avant qu'ils ne glissent sur ce qui attire le plus ton attention. Tu t'avances, attrapant l'un des couteaux. Tu caresses le dos de la lame, avant d'y observer ton reflet. Tu jettes un oeil discret au garçon avant que tes doigts ne viennent s'entailler d'eux même sur le tranchant.

"Aïe !"
*Oooh ... Je n'ai rien senti pourtant. Encore l'une de tes combines ?*

Des larmes coulent sur tes joues, simultanément au sang qui se répand sur tes mains, s'écroulant au sol. Tu es forte, très forte. Tu appuies les plaies, ton liquide de vie s'échappant désormais avec abondance.

"Je ... Je n'imagine même pas ... la douleur qu'il a dû subir ..." Tu fais mine de déglutir. "Je... Je suis un monstre … n'est-ce pas ?"

Gagner sa confiance … pour mieux le dévorer. Ta spécialité.

La demoiselle rencontrée dans cette ruelle sombre, les mains en sang et à côté d’un cadavre se prénommait donc Akane. Kristr pensa tout d’abord que c’était un joli prénom mais préféra s’abstenir de tout commentaire à cet égard. Après ce qu’elle venait de vivre, ce serait malvenu de la complimenter au risque de la gêner. L’ancien chevalier était donc à la cuisine en pleine préparation d’un thé aux plantes qui permettrait à la demoiselle de passer une bonne nuit mais c’était sans l’attitude de cette dernière. Kristr se retourna pour voir Akane les mains en sang une nouvelle fois et avec des couteaux de la cuisine….

« C’est pas vrai… »

N’attendant pas d’avantage, Kristr attrapa les mains d’Akane pour les placer au-dessus de l’évier et les nettoyer à l’eau clair. Il avait au passage attraper le couteau qu’il avait posé sur le plan de travail. Akane devait être en état de choc pour s’automutiler de la sorte surtout qu’il n’y avait plus aucun risque pour elle. Ou alors elle était folle et donc elle aurait pu tuer volontairement cet homme dans la rue. Non ce serait trop bizarre. C’était impossible.

« Pourquoi tu as pris le couteau ? Je peux t’assurer que la douleur que ce type a éprouvé est au moins cent fois supérieur à la tienne. »

Kristr s’éclipsa quelques secondes le temps de revenir de la salle de bain avec des bandages propres et commença à panser la main d’Akane avec le plus grand soin. Elle semblait si frêle et pourtant elle avait réussi à prendre une vie. L’ancien silver de la Coupe repensa à la blessure du malheureux. Un coup un seul avait suffi à le faire vider de son sang… Un coup de chance sans doute bien que dans ce genre de cas les victimes frappent à plusieurs reprises sous la peur ou la colère…. Il ne fallait pas faire de généralité. Jusqu’à preuve du contraire c’était Akane la victime et non le bourreau.

« Tu faisais quoi dans cette ruelle ? »

Il réagit, comme tu l’espérais. Tu te fais violence pour ne pas afficher un air satisfait. Mais tu ne laisses rien paraître, jamais. Tu fais mine d’être troublée, choquée, traumatisée. Etre déséquilibrée n’est pas un rôle pour toi, mais bien une réalité. Tu as juste à adapter un peu ta personnalité. Tu restes muette alors que la douleur darde dans tes doigts tandis que la fraîcheur de l’eau a tendance à la soulager. La souffrance te laisse de marbre à l’accoutumé, mais cette fois, tu grimaces. Ton jeu paraît plus vrai. Il s’adresse à toi, tu ouvres la bouche, perturbée. Mais aucun son ne sort. Tu le vois s’éloigner. Tu t’accordes un sourire narquois. Juste pour un millième de secondes. Il ne le voit pas, puisque lorsqu’il revient, tu es redevenue cette pauvre fille apeurée.

« Je … Je sais pas … »

Tu réponds enfin à la question qu’il t’a posée plus tôt, avec une voix tremblante. Il s’applique à te bander les mains. Il pourrait t’être utile ce garçon. Quoique… Le traîner partout comme un boulet, non merci. Et puis, il n’adhèrerait sûrement pas à ta philosophie « meurtre en série par pur plaisir ». Pour un animal de compagnie, tu peux trouver mieux. Il finit par te poser une question qui a tout de même du sens. Tu clignes des paupières, innocemment.

« C’est lui … Il … Il m’a entrainée là … Il m’a soufflée à l’oreille que je devais le suivre … Et ensuite il … »

Tu déglutis de nouveau, te mordant la lèvre inférieure alors que tes pupilles d’or se remplissent de larmes. Peut-être que le coup de la pleurnicharde fonctionnera de nouveau ? Oh et puis … Remets-en une couche, pour être sûre. Sans attendre, tu te jettes presque dans ses bras pour sangloter, telle une enfant traumatisée.

« J’ai peur … Qu … Qu’est-ce qu’il va m’arriver ? »

Tu presses ton front contre son torse. Allez … Il finira bien par craquer … pour que tu puisses t’amuser.

« Et tu suis quelqu’un parce qu’il te le demande toi ? Tu es trop naïve. »

Kristr ne prenait pas de gant pour s’adresser à Akane. Traumatisme ou non elle aurait pu y laisser sa peau dans cette ruelle et elle devait le comprendre. Par chance elle avait pu se défaire de son agresseur mais dans le pire des cas ? Dans le pire des cas Kristr n’osait même pas imaginer ce qu’il serait arrivé à la jeune femme. Il ne comprenait pas ses envies « primaires » que la plupart des Hommes avaient besoin d’assouvir. C’en était même dégoutant.

« Arrêtes de pleurnicher aussi. Tu vas attirer l’attention, les murs ne sont pas épais dans ce pays. »

Il faisait indirectement référence à certaines cloisons intérieures faites en papier. Le Japon était un pays à part pour énormément de chose. Une fois les soins terminés Kristr essaya de reprendre sa préparation mais c’était sans compter les paroles d’Akane. Elle avait peur, c’était compréhensible mais tout de même, de là à se jeter dans ses bras.

« Il ne va rien se passer. Tu vas boire ce que je te prépare et passer une bonne nuit et demain tu retourneras à tes activités sans rien laisser paraître. »

L’ancien chevalier ne connaissait pas les lois en vigueur dans ce pays mais il avait fort à parier qu’Akane sera exécutée si elle venait à être reconnue coupable de ce crime. Comme dans la ruelle, il caressa la chevelure argentée de la jeune femme avant de reculer et de mettre un peu de distance entre eux.

Kristr retourna à son plan de travail pour servir une tasse de thé à Akane.

« Tiens bois. Après tu prendras ma chambre, je dormirai sur le canapé. »

Il n'énerve. Tu commences à perdre patience avec lui. L'un de tes plus grands défauts : ton ego. Allez, fais lui regretter ses paroles. Fais lui donc regretter de te croire si naïve, de s'adresser à toi de la sorte. Même cette caresse qui t'a quelque peu perturbée dans cette ruelle t'agace désormais. Il se détourne de toi, tu l'observes, t'avançant vers lui tel un félin chassant sa proie. Avec douceur, tu l'enlaces, posant ta joue contre son dos, faisant croire à un élan de reconnaissance, de tendresse. Tu te hausses ensuite sur la pointe des pieds pour lui glisser quelques mots à l'oreille.

"Oh, Kristr ... Je me demande bien qui de nous deux est le plus naïf."

Sans attendre, tes dents viennent se planter dans la chair de son cou, lui laissant une marque sans pour autant le faire saigner. S'il cherche à se dérober, il comprendra bien vite que tes ombres se sont emparées de lui, l'immobilisant telle la toile d'une araignée. Tu t'écartes de lui. Tu as envie de jouer, ne pas le tuer tout de suite.

Tu le libères. Un prédateur aime chasser après tout et tu as hâte de savoir ce qu'il t'attend. Tu te hisses sur le plan de travail, balances tes jambes en attrapant la tasse de thé qu'il t'a servi. Tu en bois une gorgée, fermant les yeux, sans craindre une attaque surprise.

"Hmmm ... Tu es doué. Je me demande si ..." Tu souris, t'approches de lui, glisses une main sur sa joue s'il te le permet. "Non, tu n'es pas comme ces porcs qui bavent devant les courtisanes de ces vitrines. Tu mérites un autre traitement ..."

Tu te détournes, gracieusement, faisant mine de réfléchir avant qu'un sourire n'arque tes lippes. Une idée te vient, n'est-ce pas ? J'espère qu'elle est sanglante. J'espère qu'elle est époustouflante. J'espère qu'elle est ... meurtrière. Tu le scrutes de ton regard étrange, totalement différent de ce que tu as pu lui montrer jusqu'à maintenant.

"Donne-moi une raison de ne pas te dévorer..."


Voyons comment il va s'en sortir …

"Le plus na..."

Une douleur lancinante... Akane venait de le mordre, elle venait de planter ses dents dans sa chaire. Kristr était également dans l'incapacité de bouger tandis qu'un comos, celui d'Akane se faisait ressentir. Elle avait parfaitement bien caché son jeu la demoiselle. En bon naïf Kristr était tombé dans le panneau. Il garda le silence et ce même après avoir été libéré de l'étreinte. L'ancien chevalier devait évaluer au mieux le danger que pouvait représenter cette femme.

"Une raison ? Je n'en ai aucune. Seulement..."

Plusieurs portails lumineux apparurent tout autour d'Akane. Kristr était prêt à se battre s'il le fallait cependant il préférait négocier la rédition de la jeune femme. L'ancien chevalier se sentait bête d'être tombé dans son piège mais au moins il avait toujours le temps de se rattraper. Il empêcherait de tuer d'autres personnes.

"Je t'offre le choix. Soit tu me suis directement au Sanctuaire où tu seras jugé pour tes crimes soit je te neutralise ici et tout de suite."

Le cosmos de Kristr irradiait de plus en plus, de même que les vortex qu'il avait matérialisé. Au moindre mouvement d'Akane, elle se retrouverait frappée par des flèches lumineuses.

*Oh, on dirait qu'il a perdu sa langue ~*

Le silence. Cette sensation de s'être fait berné. Tu la ressens chez lui. Mais aucune peur. Mince, il est plus robuste que tu ne le pensais. A moins que ce ne soit toi qui te ramollisse. Non, au vu de l'expression de ta précédente victime, il ne s'agit pas de toi. Il a quelque chose de spécial. Il est une énigme, un défi à relever pour toi. Et tu en as la certitude lorsqu'il t'entoure de portails lumineux. Tu souris.

"Les ombres face à la lumière."

Une menace. Tu en reçois des tonnes et celle-ci ne t'impressionne pas. Tu gardes le sourire. Tu restes silencieuse de nombreuses minutes. Il t'a prise au piège. Mais tu n'as pas peur. La peur, c'est toi. Tu es incapable de la ressentir. Tu penches la tête, reprenant une voix des plus innocentes.

"Tu ferais du mal à une pauvre jeune fille, victime de l'ardeur des hommes ?" Tu te mords la lèvre inférieure. "Non, tu n'es pas capable de prendre une vie. Toi qui pleures comme un enfant face à la mort d'un inconnu."

Frapper là où ça fait le plus mal. C'est ton objectif, toujours. Tu espères atteindre ton but, le déstabiliser un peu. L'empêcher de te faire ce mal qui te menace. Tu es comme un fauve en cage, sauf que ne bouge pas d'un pouce. C'est sans doute la première fois que tu es sous l'emprise de quelqu'un. Mais tu n'as aucune idée de la force de son cosmos. Tu ajoutes quelques mots.

"Vas-y. Je n'ai pas peur de la mort. Et tu pourras te vanter d'avoir ôté la vie auprès de cette chère Athéna. Peut-être qu'elle te trouvera un rôle à jouer dans cet amas de ruines. Ou peut-être te punira-t-elle d'un acte si barbare. Parce que ... si tu m'exécutes ... Tu ne vaudras pas mieux que moi."

"Fermes là."

Son ton était sec. Le regard noir, Kristr observait Akane qui semblait se moquer de lui. Non elle se moquait bel et bien de lui surtout en reparlant du passage de la ruelle. Il n'y avait pas de honte à verser une larme suite à des événements pareils. Voir autant de sang lui avait fait repenser à un événement de son passé encore très douloureux. Et comment pouvait-elle encore se faire passer pour la victime ? Elle le prenait vraiment pour un idiot ! L'ancien chevalier d'argent augmenta encore un peu l'intensité de sa cosmo-énergie.

"Si prendre une vie permet d'en sauver plusieurs autres alors ça ne me dérange pas. Tu ne devrais pas me sous-estimer Akane."

Kistr n'était pas du genre à prendre une vie à la légère, ni même à se vanter d'un tel geste auprès d'Athéna. Valoir pas mieux qu'elle ? De la lumière commença à jaillir des petits vortex sans qu'aucun projectile n'apparaissent pour le moment. Akane semblait si sure d'elle qu'elle devait forcément avoir un plan en réserve. En parfaite manipulatrice qu'elle était ce n'était pas à exclure.

"S'il faut te convaincre que je ne plaisante pas alors soit..."

Les vortex brillèrent encore un peu plus et l'un d'eux envoya un projectile directement sur Akane. Il n'était pas assez fort pour la blesser grièvement ou même la tuer mais comme ça elle verrait bien de quoi il était capable.

Oh, tu l'as mis en rogne. Peut-être que le petit chaton qu'il est va révéler un fauve redoutable ? Alors comme ça, il serait capable de prendre une vie ? Tu as bien du mal à la croire en réalité. Tu restes stoïque face à ces propos. Il ne t'impressionne toujours pas. Mais sa colère semble s'intensifier, tout autant que la lumière qui t'entoure. Tu l'as piqué à vif, le petit ange de lumière. Tente-t-il de t'avoir à coup de bluff, ou osera-t-il ? Une vive douleur parcourt ton épaule lorsqu'un trait de lumière vient l'effleurer. Tu grimaces légèrement avant de baisser les yeux vers la plaie qui semble relativement superficielle.

"Hé ! Mon yukata ! Tu sais combien il m'a couté ?!"

Tu arbores une mine froissée, ignorant totalement les perles de sang qui roulent désormais le long de ton bras, imprégnant le tissu de ton précieux yukata. Tes pupilles d'or finissent par le fixer quelques instants. Cette fois tu sembles relativement normale. Différente de celle qu'il vient d'entrevoir. Bien que tu n'aies pas peur de lui, il te faut te libérer de son emprise. A toi de jouer. Une parfaite comédie.

"Non ! Aaargh..."
*Qu'est-ce que tu fais ...?*

Tu prends soudainement ta tête entre tes mains simulant une douleur insupportable au niveau de ta boîte crânienne. Il ne peut dissimuler le vrai du faux, tant ta souffrance paraît véritable. Ta voix déraille, tremble.

"Arrête ... Laisse-moi ! Laisse-moi ! Je ... je ne veux plus faire de mal ... S'il te plait ! Ne ... me ... force ... plus."
*Oh, te servir de moi comme ça ... J'aime. J'adore ...*

De nouvelles larmes roulent sur tes joues. Tes mains poursuivent leur pression contre tes tempes. Tu feins parfaitement une crise psychotique. De nouveaux mots s'évadent de ta gorge, s'adressant cette fois à ton interlocuteur.

"Kristr ... Aide-moi ... Elle ... Elle veut me forcer ... à faire du mal ... Je ne veux plus..." Tu serres les dents. "Tue ... moi ... tant que je la garde ... sous contrôle ..."

Quitte ou double. Après tout, tu es une grande joueuse, belle Veuve Noire.

Et la première attaque de Kristr fusa, effleurant l'épaule d'Akane. La demoiselle maugréa tout d'abord à cause de sa tenue puis il y eu quelques gouttes de sang qui tombèrent sur le sol. Et pour finir cette réaction bizarre digne d'une psychopathe puissance mille. Sans baisser sa garde l'ancien chevalier d'argent regardait cette scène sans un mot. Comment décerner le vrai du faux ? Akane, si c'était bien son vrai nom, était capable de jouer admirablement la comédie.

"A qui tu parles ?"

Kristr fronçait les sourcils devant ce spectacle invraisemblable. La gamine se parlait à elle même. Elle pleure aussi. Il faudrait qu'il lui manque une sacrée case pour pleurer sur commande. Akane était donc sincère. L'ancien Saint poussa un soupir et effectua un rapide mouvement du poignet afin que les vortex ne disparaissent.

"On va faire ce qu'il faut pour t'aider."

Il s'avança vers elle et posa un genou au sol. Kristr ne savait pas quelle attitude adopter afin de l'aider et de la rassurer. Il tenta maladroitement de lui tendre la main. Si elle venait à accepter son aide il l’emmènerait directement au Sanctuaire afin que l'on puisse lui couper son lien avec le cosmos. Ainsi elle serait déjà moins une menace avec moins de pouvoir.

"Allez relèves toi, on part tout de suite."

Adieu le Japon !

La lumière s'éteint. Tu as réussi ... Je ne l'aurais jamais cru. Quel sombre idiot. Pas étonnant qu'il soit l'un des sbires du Sanctuaire. Tu relèves ton regard encore larmoyant vers lui, clignant des paupières comme si le fait qu'il te propose son aide te choque au plus haut point. Comme si tu ne t'y attendais pas. Se jouer des faibles, des émotions, c'est ton crédo. Et si lui ne semble guère être sensible à ton charme, sa bonté d'âme te servira tout de même.

Tu te dois de réfléchir. L'avoir de ton côté pourrait être un argument de taille. Oh, tu as pourtant tant envie de faire couler son sang, de planter tes crocs dans sa chair jusqu'à cette fois lui entailler. Tu aurais bien profiter de son corps avant de l'envoyer dans l'au-delà. Tu as fait une erreur en t'en prenant si tôt à lui. Tu aurais dû gagner sa confiance peu à peu. Mais toi, en grande impatiente que tu es ... Et puis ton ego surdimensionné. Tu fais mine d'hésiter avant de saisir sa main, feignant encore des tremblements.

"Où ... Où est-ce qu'on va ?" Tu poses ta main libre sur ta tempe. "Et pourquoi tu m'as pas tuée ... Tu en avais pourtant envie, n'est-ce pas ? Je te dégoutes ... alors pourquoi m'apporter ton aide ?"

Dans le fond, la réponse t'intrigue. Comment peut-on vouloir venir en aide à quelqu'un que l'on méprise ? Toi, Veuve noire, tu aurais profité de ce moment de faiblesse pour t'écraser toi-même si tu avais été à sa place. Soyons lucides, la fourberie, le côté déloyal, te vont comme un gant.

"J'aimerais ... me reposer un peu, avant. Je pense qu'elle ne reviendra pas maintenant." Tu essuies tes larmes de crocodile, tes iris d'or se plantant dans les siennes. "Tu veux bien m'aider à aller dans la salle d'eau ?"

« La seule personne que j’ai envie de tuer n’est pas présente en Asie. » Répondit Kristr aux propos d’Akane. C’était un des Berserkers d’Ares, celui qui avait tué ses compagnons et l’avait laissé pour mort. Jamais l’ancien chevalier n’oublierait ce guerrier, cela lui était impossible surtout qu’il hantait toutes ses nuits depuis l’incident. Le jeune homme reprenait alors rapidement : « C’est mon devoir d’aider les gens, peu importe qui, pourquoi, comment. Ne cherche pas à comprendre, je suis comme ça c’est tout. »

Il soupire devant les propos d’Akane. Il avait pourtant bien spécifié qu’ils devaient vite partir tous les deux et elle voulait se reposer ? Kristr n’aimait pas cette situation mais n’avait pas d’autre choix que de l’accepter. Si Akane venait à piquer une crise avec du monde aux alentours cela compliquerait la situation.

« D’accord. »

Avec un sourire presque forcé, Kristr accompagna la demoiselle jusqu’à la salle de bain, lui ouvrant la porte mais tout en restant à l’extérieur. Hors de question d’y entrer avec elle.


« Fais ce que tu as à faire, je vais nettoyer un maximum la cuisine avant notre départ. Dépêches toi s’il te plait, vaut mieux ne pas trainer ici. »

Kristr donnait le tempo à son interlocutrice. Il serait méfiant c’était une évidence et elle n’arrivera plus à le prendre par surprise.

Alors comme ça, le petit chevalier de la lumière a des envies de meurtre ? Que c’est vilain, très vilain ! Qu’a donc fait cette fameuse personne pour mériter de telles pensées de la part de ce petit oiseau égaré ? Un devoir d’aider les gens … C’est à vomir. Les gens ne sont guère reconnaissants. Du chacun pour soi dans ce monde où ils sont plus pourris les uns que les autres. Encore un idéaliste, cherchant cette utopie qu’est la paix, la sérénité et tout ce bordel. Il en devient ennuyeux. Même jouer avec lui te paraît fade et je ne peux que t’approuver. Tu le manipules encore un peu de sorte à ce qu’il t’emmène dans la salle de bain.

Même là, ton plan tombe à l’eau. Tu aurais pu l’amadouer, prendre un peu de bon temps. Il n’est tellement pas désagréable à regarder. A croquer. Hmmm … Ce qu’il doit être délicieux. Monsieur Lumière préfère encore s’improviser femme de ménage plutôt que d’accompagner une damoiselle en détresse. Bon ok, pour la détresse, on repassera. Pitié fais quelque chose. Torture-le ! Montre-lui ce qu’est la souffrance, la vraie ! Pas ces petites douleurs de pacotille que l’on ressent au quotidien. Ou bien … Echappe-toi de là, histoire de faire encore quelques petites victimes pour assouvir notre soif de sang.

Tout ce que tu veux mais ne reste pas là à rien faire !

Tes iris d’or se posent sur la fenêtre. Une bonne option pour éviter qu’il ne te rattrape en effet. Mais avant … Un petit cadeau pour le gentil garçon qui t’a tout de même un peu aidé et qui semble friand de tâches ménagères. Tu vas devoir y donner du tien … Tu matérialises une lame d’ombre, la glisse délicatement sur ta peau, entaillant assez ta chair pour te donner de la matière. Tu t’approches du mur et y dessine soigneusement quelques symboles japonais signifiant tout simplement « Au revoir, Lumière. ». Peut-être perdra-t-il un peu de temps à déchiffrer ? Ou pas, qui sait.

Tu ouvres la fenêtre, te penches pour évaluer la distance entre toi et le sol. Et voilà que la belle Veuve Noire se fait la malle !