Il n'y a qu'un pas entre la mort et la vie : celui que je ferai dans sa direction
Auteur
Message
Beowulf
Messages : 121
Sujet: Il n'y a qu'un pas entre la mort et la vie : celui que je ferai dans sa direction Lun 16 Déc 2019 - 21:46
Au plus profond des terres gelées d'Asgard siégeait le trône de celui qui en avait fait son domaine, celui qui, parmi toutes les divinités, avait décidé de faire une force des faiblesses de ce monde. Celui qui, en dépit de la volupté proposée par le Panthéon, avait décidé de lutter et d'affirmer l'existence au cœur des plus terribles tempêtes. Odin n'était pas un dieu ordinaire : il était celui qui s'était mis au niveau de la dureté de l'existence et de la vie. Là où ma mort était si accessible, la vie était telle qu'il avait fallu inventer un autre verbe par-dessus : survivre. Tel était le sentiment prédominant en Asgard, et telle était la fierté de son peuple.
C'est au pied de la statue de ce dieu si combattif qu'Antéros se rendit, à l'endroit même où le maître des lieux lui avait conféré son armure, faisant de lui l'un des plus ardents défenseurs d'un endroit dont il n'était que l'orphelin, l'adopté au détriment de la volonté de ce peuple. Oui car même guerrier divin il demeurait un étranger aux yeux des asgardiens...une sorte de parias. Certains le craignaient pour son manque de cœur, les autres le détestaient pour sa nature d'homme des basses-terres, là où la vie était si facile en comparaison du froid glacial d'Asgard. Oui, Antéros avait beau être l'un des défenseurs de cette terre, il restait cet être si étrange.
Tandis qu'il était assis au pied de la statue d'Odin, le guerrier divin jouait de sa si précieuse amie : sa Lyre. La mélancolie qui découlait de sa musique marquait une profonde cicatrice dans les sillons de la Terre environnante, sans pour autant oser la dénaturer. Etrangement, la nature si différente de cet homme, humble musicien en l'instant, se mariait si parfaitement avec l'histoire de cette place : comme si les réminiscences du passé fusionnaient avec un présent si imparfait. Il fallut peu de temps pour que l'un des prêtres du palais vienne s'en prendre à Antéros : "- Que faites-vous ici ? Vous n'êtes pas le bienvenu en ce lieu Saint. Malgré tout le respect que je dois à la caste de nos protecteurs, vous restez un étranger pour nous."
Tout en poursuivant sa mélodie, Antéros répondit, yeux fermés, d'une voix toute aussi calme et suave que sa symphonie.
"- Depuis que je me suis vu revêtir cette armure je suis devenu Antéros, guerrier divin d'Eta. Depuis que je suis l'un des porteurs de la parole d'Odin je ne fais qu'accomplir sa volonté et celle du panthéon de ces terres....ces terres qui pourtant me sont étrangères par nature. Et pour seule réponse à mes questions, je n'ai que cette statue : froide et impassible. Je demande audience."
Après un cri d'indignation, le prêtre se mit à courir en direction de l'entrée du palais. Intérieurement, Antéros espérait que sa requête serait acceptée : lui qui n'était qu'un étranger au service d'autres étrangers...
Cyn
Membre d'Or
Messages : 364
Sujet: Re: Il n'y a qu'un pas entre la mort et la vie : celui que je ferai dans sa direction Mar 17 Déc 2019 - 15:08
Ses pieds nus ne foulaient pas encore le sol gelé du parvis, où s'érigeait la vibrante et triomphante statue de son époux, que la douce mélodie d'Eta parvenait déjà à ses oreilles. De tous temps à jamais, Frigg avait toujours considéré Eta comme l'armure la plus particulière que comptait le royaume d'Asgard. De fait, le guerrier dont elle acceptait le serment l'était également. Mais la Mère d'Asgard ne se souciait guère de ce que les hommes pouvaient penser les uns des autres. Elle avait appris, depuis fort longtemps aujourd'hui, qu'ils étaient autrement prompts à se juger mutuellement, plutôt qu'à se remettre en question. Du moins, la plupart d'entre eux. Ainsi les paroles que lui avait rapportées le prêtre, ne l'avaient pas choquée outre mesure. Les hommes sont ainsi.
« La musique est à l'âme ce que l'épée est à la guerre. Indispensable et essentielle, belle et forte, inspirante et courageuse. Porteuse de vie, mais également de mort. »
La voix de la déesse s'éleva doucement près de la statue d'Odin, aussi mélodieuse que les notes qui s'échappaient de l'instrument de son guerrier, avec l'étrange impression que chaque mot teintait à l'égal de la note qui résonnait à l'instant même où il était prononcé. Comme si chaque syllabe s'accordait à la perfection avec chaque élément de cette invisible partition.
La Dame Blanche contourna l'imposante statue et prit place à même la neige, contre son large socle, sans attendre que le guerrier ne se lève, si tant est que cette idée lui soit venue à l'esprit. A peine couverte, les longs pans de sa tunique diaphane étant presque aussi fins que du voile, tout n'était que neige et blancheur chez cette Dame. Seules les deux iris d'un gris perle donnaient un peu de relief à son apparence. Elle ressemblait à ces races animales dont certaines possèdent d'étonnantes variations de neige, comme le renard ou le loup. Que ce soit son étrange tunique ou ses pieds nus, il semblait pour le moins évident que Frigg ne souffrait aucunement du froid.
« Mon époux vient à peine de revenir du royaume des morts. Il n'est pas encore en état de donner une audience et doit se reposer. Tu devras donc te contenter de moi. »
Elle prononça ses mots avec douceur, un léger sourire amusé se dessinant sur son visage. Inutile de pousser plus loin les présentations. En tant que Guerrier Divin, les quelques informations qu'elle venait de lui donner devraient amplement suffire à ce qu'il déduise facilement qui se trouvait assise à même la neige près de lui.
« Eh bien... Parles, Antéros d'Eta. Puisque tu as des questions, je suis toute disposée à te donner des réponses. Pour peu que tu ne cherches pas trop à savoir ce qui devra rester caché, pour l'heure. »
Frigg était la reine de tous les mortels devins, völva et autres sorciers qui peuplaient les royaumes du Nord, bien au-delà des frontières d'Asgard. C'était bien souvent elle, qui faisait le lien entre les vénérables Norns et ces humains. Ainsi... ne serait-elle disposée à répondre qu'aux questions qui se devaient d'avoir une réponse. A elles seules, et uniquement elles.
Sujet: Re: Il n'y a qu'un pas entre la mort et la vie : celui que je ferai dans sa direction Mer 18 Déc 2019 - 20:51
Seul, assis au pied de la statue du divin protecteur de ces terres, Antéros faisait danser ses doigts sur sa seule amie. La Lyre d'Avnor lui rendait chaque geste, chaque son, et chaque respiration symphonique. La mélodie y était d'une douceur et d'une neutralité absolues, comme un parfait reflet de l'état d'esprit du guerrier divin. Il avait demandé une audience auprès de ses maîtres, mais en lui rien ne transpirait de ses intentions, non pas qu'il n'en avait point...mais plutôt qu'il les voilait dans d'autres mondes avec une subtilité absolue, guidé par le pouvoir surnaturel de son fidèle instrument. Cette scène aurait pu perdurer ainsi pour un instant d'éternité, si la parole grave et divine d'Odin lui-même ne s'était pas immiscée dans son esprit : le Dieu d'Asgard s'adressait à ses guerriers par télépathie. Le temps de ce discours, Antéros intensifia sa cosmo-énergie, la distillant encore plus fort à travers les cordes de sa Lyre. Dire qu'entendre celui qui lui avait tant pris comme tant apporté le laissait de marbre était faux....il avait besoin de sceller instantanément ses ressentiments à travers sa douce mélodie : c'était un mal nécessaire à l'accomplissement de son existence.
Lorsque les paroles furent achevées, le guerrier divin eut à peine le temps de se reconcentrer sur son œuvre qu'une voix d'une douceur infinie retentit juste derrière la statue. Il ouvrit immédiatement les yeux et plongea son regard de feu dans sa direction : c'était elle, enfin ! Combien de temps avait-il attendu cet instant, combien de temps l'avait-il même rêvé, voire pire, espéré, il ne saurait le dire, lui qui avait traversé tant d'épreuves pour en arriver à cet instant. Frigg, déesse parmi les déesses, s'était rendue fidèle à ce rendez-vous au cœur des étoiles. Alors qu'elle s'approchait dans une délicatesse infinie, tout juste vêtue de ce qui suffisait à l'embellir plus encore que les perles de neige au creux d'une vallée d'amour et de volupté, ses yeux la suivaient avec une intensité plus grande encore que la profondeur de sa mélodie. Vite, il fallait intensifier sa musique pour faire s'évanouir tout sentiment inapproprié dans les cinq autres mondes de la métempsychose...il fallait rester cet homme de glace, et assumer sa position de guerrier divin plus que jamais. Elle s'assit près de lui avec juste ce qu'il fallait de distance pour ne pas qu'il succombe à ses charmes divins, et lui adressa des mots aussi doux que ses notes. En marque de respect, le guerrier divin inclina sa tête avant de la relever et de fermer de nouveaux les yeux, se concentrant sur chacune des paroles de sa déesse et chacune de ses réponses à lui offrir.
"- Me contenter de vous ? Peut-être était-ce justement vous que j'attendais..."
Laissant un soupir glacial s'échapper de son âme, il reprit rapidement :
"- Aimez-vous la musique ? Je trouve pour ma part qu'elle est la réponse à tout ce que nous sommes en droit d'attendre : humains comme dieux. Elle reflète ce que nous aimons comme ce que nous abhorrons le plus, à savoir nos sentiments."
Tout en stoppant sa mélodie un instant, Antéros s'autorisa un nouveau regard plongé dans l'insondable beauté de celle qui lui faisait honneur par chacun de ses souffles immortels. Il pinça alors l'une des cordes de la Lyre d'Avnor.
"- Voyez cette corde. Elle est le symbole parfait de mes sentiments : immobile dans l'instant, dressée juste entre amour et haine, entre douceur et violence. Si je la fais vibrer comme ceci, le son produit reflète sa résonance, soit l'hésitation éternelle entre les différentes palettes de sentiments. Pourtant elle continuera extraordinairement de vibrer et d'osciller sans cesse entre eux : sans jamais s'y piéger et y céder. C'est ce que je ressens pour vous, pour Odin, et pour les terres qui m'ont tout pris puis tout apporté."
Tout à coup, Antéros força sa pression sur la corde et la fit se briser. La note parfaite qui en émanait jusqu'alors mourut instantanément, comme sonnant la fin de l'harmonie précitée par le guerrier divin. Ce dernier se contenta d'afficher un sourire des plus chaleureux à la déesse, avant de reprendre, d'un ton toujours aussi doux et calme :
"- A l'inverse de moi cette corde a pu se briser, car forcée d'épouser l'un des sentiments la tiraillant. Vous me demandez ce que je veux.... je ne veux pas être cette corde, je ne veux pas succomber à quel sentiment qu'il soit, je ne veux ni porter l'amour que vous proposez à ces terres ni le courroux qu'Odin propose de porter à ceux qui s'attaquent au royaume. Je crois fermement que je pourrais devenir votre voix vers les autres panthéons, votre bras vers les autres guerriers.... ni un pion ni même un serviteur. Je voudrais être votre extension, fort de ma nature étrangère à ce que vous aimez comme à ce que vous détestez."
Une fois son long monologue terminé, Antéros referma les yeux tout en tapotant les cordes restantes de sa précieuse Lyre d'Avnor : seule témoin de l'entièreté de ce qu'il avait traversé pour en arriver là. Il venait de lui sacrifier une corde, et il savait parfaitement comment faire de ce geste un acte mesuré et réfléchi, tourné vers un bel avenir plutôt que vers un si dur passé. Il reprit une dernière fois :
"- Oh, et si j'osais vous demander une autre faveur : un cheveu de ma déesse pour en faire une nouvelle corde à cette Lyre à laquelle je tiens tant."
Cyn
Membre d'Or
Messages : 364
Sujet: Re: Il n'y a qu'un pas entre la mort et la vie : celui que je ferai dans sa direction Ven 20 Déc 2019 - 10:48
Les hommes sont si prompts à cacher leurs sentiments bien profondément ancrés au creux de leur âme, ou dans les limbes de leur coeur. Rares sont ceux qui les assument pleinement, qui les laissent vivre comme il se doit, qui acceptent leur présence, avec les désagréments que certains d'entre eux peuvent entraîner. Et pourtant... tout cela était nécessaire. Pour l'évolution de l'esprit, pour l'élévation de l'âme, pour l'accomplissement de l'être.
La Mère n'avait jamais réellement compris pourquoi l'humanité s'obstinait de la sorte à refuser de ressentir des émotions, à les refouler au plus profond de son être, à l’exhorter de disparaître comme si chaque sentiment jugé déplaisant était un pariât qu'elle se devait de chasser quel qu'en soit le prix. Tout cela... était inutile et entravait l'évolution de l'homme. Comment... ne pouvaient-ils pas encore l'avoir compris ?
Et Antéros était comme tous les autres à ce sujet. Il fallait cacher, camoufler soigneusement ce qu'il ressentait. Vite vite, avant qu'elle ne s'en aperçoive. Pensait-il qu'elle était si ignorante que cela ? Imaginait-il que celle qui portait sur ses épaules le rôle de la Mère d'Asgard, était incapable de comprendre ses enfants, de ressentir leur trouble ou leur chagrin ? Croyait-il sincèrement pouvoir la... tromper ?
« Peut être était-ce plutôt ce que j'incarne que tu espérais. »
Comme souvent, Frigg se refusait à lire le passé des mortels. Elle y avait accès, parfois bien malgré elle, mais la plupart du temps elle était capable de se couper de ce qu'elle pouvait savoir. A vrai dire, cela dépendait des gens, cela dépendait des situations et cela dépendait... du bon vouloir des Norns également. Car parfois Frigg n'avait guère le choix. Mais aujourd'hui, elle l'avait.
Elle ignorait pourquoi. Elle ignorait encore comment. Mais les paroles d'Antéros résonnaient étrangement avec celles qu'avait prononcées son époux peu de temps avant qu'elle ne déserte la chaleur de leur palais de pierre. Quelques mots... à peine sous-entendus... elle serait la seule à pouvoir soulager le fardeau d'Eta. Vraiment ?
Elle le laissa parler. Oui... longuement, entre confessions et plaidoyer, secret caché à peine dévoilé, triste vérité et réalité avérée. Elle ne l'interrompit à aucun moment. Seules ses prunelles de perle exprimaient toute l'attention qu'elle lui portait. Elle écoutait, bien sûr. Elle percevait, évidemment. Les hommes sont si complexes.
La corde fut brisée. Comme l'eut été son coeur fut un temps. Comme l'eut été son âme à une époque. Comme il l'était encore aujourd'hui, dans un sens.
L'expression de l'épouse d'Odin ne changea pas lorsque la corde se brisa dans un claquement. Elle ne souriait pas mais ne faisait pas non plus triste mine. De part la blancheur qui l'environnait quel que soit le moment, de part les rondeurs de son visage lunaire et les contours qui se dessinaient sous le regard de l'autre, de part ses prunelles grises, seul élément que l'on pouvait qualifier d'intense dans cet ensemble diaphane, de Frigg émanait une sensation de douceur permanente, mêlée à une autorité pour autant dénuée de sévérité.
« Tu es déjà cette corde »
Ces quelques mots furent prononcés après un long silence. Très légèrement, comme une plume s'élevant vers le ciel nuageux, il était plus que probable que ce n'était pas ce que son guerrier s'attendait à entendre. Mais Frigg n'était pas ici, ne marchait pas sur terre pour permettre aux hommes de se complaire encore d'avantage dans la douceur des mensonges qu'ils se tissaient eux-mêmes, tel un doux et bienveillant cocon qui les protégerait de tout.
Le pouce et l'index de la Divinité s'élevèrent vers le menton du guerrier qu'ils saisirent délicatement mais fermement. Plongeant son regard de perle dans les iris chaleureux de son chevalier, Frigg se rapprocha de son visage sans ciller un seul instant. Ses traits étaient doux et sereins, son visage ne s'arrêtant que lorsqu'il fut à un ou deux centimètres de celui d'Eta.
Elle avait parfaitement conscience de ce que cela provoquerait. Tout ceci avait une raison d'être et le trouble qu'elle risquait de provoquer était nécessaire. Il ne restait plus à Antéros qu'à tendre la main pour le frôler, à accepter, à commencer à accepter, tout du moins.
« Pour vivre pleinement, il faut s'exposer à la vie. Se mettre en danger. La vivre. La ressentir, Antéros. »
Alors qu'elle parlait, son souffle léger, presque aussi frais que l'air qui les entourait, glissait sur la peau de son guerrier comme un mince filet d'eau le long d'une pierre. Plus elle parlait, et plus son guerrier risquait d'être mal à l'aise, à l'évidence.
« Antéros. Vivre implique d'accepter de ressentir, même si cela n'est pas toujours facile, même si cela demande des efforts. Parfois l'intensité est telle que la corde cède et qu'il faut se reconstruire. C'est un risque. Si tu souhaites que ton âme évolue, qu'elle grandisse, aimes Antéros. Aimes et haïs, ressens la puissance des émotions. Laisses les... exister. Aimes moi et détestes mon époux. Aimes mon époux et détestes moi. »
Dans un sourire, elle relâcha enfin le menton de son guerrier, s'écartant de lui pour le laisser reprendre ses esprits. Dans les cultures nordiques, si un homme osait se tenir aussi près, d'une manière aussi peu convenable, de l'épouse d'un Yarl, il serait à coup sûr sanctionné d'une manière bien sévère. Alors imaginer qu'elle pourrait être la sanction quand l'on parlait de l'épouse du Père de tout... Pourtant Antéros n'en subirait aucune, et Frigg ne recevrait pas la moindre remontrance de la part de son époux. Parce que tout a une raison, chaque geste, chaque mot prononcé par la Mère d'Asgard possède un objectif propre. Souvent il peut se passer des semaines, voire des mois, avant qu'ils ne le réalisent. Odin sait tout cela. Il n'ignore pas l'étrange magie qui auréole son épouse. Tout comme il n'ignore pas qu'elle lui a toujours été fidèle, et le restera à jamais.
D'un mouvement aérien, la main de Frigg s'élève dans les airs et détache l'épais et complexe chignon de tresses blanches. Dans une cascade qui ressemblerait presque à une chute de neige, l'ample chevelure de la déesse s'écroule en une nappe soyeuse le long de son dos, se répandant sur le sol tout autour d'elle. La requête d'Antéros était relativement osée. Si une Valkyrie avait assisté à la scène, nul doute qu'elle aurait lavé l'honneur de sa déesse dans le sang, dusse-t-elle combattre l'un des plus puissants guerriers divins en personne. Mais sa demande ne sembla pas choquer Frigg outre mesure.
Elle présenta son dos au guerrier, sur lequel se répandait sa longue chevelure de neige.
« Choisis scrupuleusement, Antéros »
Une mèche n'en valait-elle pas une autre ? Il semblerait que non. Et pendant qu'il réfléchissait, un mince filet cosmique d'un vert éblouissant se détacha de la Déesse, filant à travers Asgard à la recherche d'un être bien particulier...
Sujet: Re: Il n'y a qu'un pas entre la mort et la vie : celui que je ferai dans sa direction Sam 21 Déc 2019 - 14:20
« Tu es déjà cette corde »
Ces quelques mots susurrés sous les étoiles d'Asgard suffirent à éveiller de très anciens démons dans l'âme d'Antéros. Ses yeux se plongèrent dans ceux de la déesse sans la moindre hésitation, sans la moindre gêne, et surtout sans la moindre expression de colère ni de joie... Frigg avait tout simplement touché le guerrier divin dans l'un de ses retranchements si bien scellés. C'était bien là la magie dont elle était capable. Ce n'était pas pour rien que les manipulateurs du Cosmos sur Terre étaient appelés les éveillés, et la déesse Mère d'Asgard était l'une des quelques manifestations divines capables de provoquer cet éveil.
Eta n'eut pas le temps d'ajouter quoi que ce soit à la si juste analyse de Frigg que déjà la déesse avait pénétré encore plus son intimité : lui saisissant le menton de ses doigts délicats au contact ni froid ni chaud, et collant presque son visage au teint parfait près du sien. Son souffle s'était mêlé à celui d'Antéros, et chose incroyable qui ne s'était plus produite depuis des années.... le cœur du guerrier divin se mit à s'emballer. Elle continua sur cette douce et folle lancée, cherchant à pousser son protégé au pied du mur protecteur qu'il avait mis tant d'années à se construire. La volonté d'Antéros vacilla une fraction de seconde avant qu'une légère note pincée sur sa si précieuse amie ne lui redonne juste ce qu'il fallait de force pour résister. Dès lors il écouta les divines paroles de sa maîtresse et parvint à les stocker profondément en lui, sans y céder pour l'heure.
C'était là un véritable exploit qui lui coûta très cher dans ses réserves cosmiques, mais il le fallait....l'heure n'était pas encore de s'ouvrir totalement.... mais en partie, oui. Frigg voulait pénétrer dans l'intimité de son guerrier avec le consentement de ce dernier, et Antéros allait lui offrir une parcelle de son passé en remerciement de sa si grande considération. Tandis qu'elle le tenait toujours à la merci de ses sentiments voilés, le guerrier divin entama une légère mélodie sur les 6 cordes restantes de sa Lyre, et immédiatement les deux esprits furent projetés dans l'un de ses souvenirs. A la manière d'un rêve dans lequel on incarne parfois quelqu'un d'autre sans pour autant s'en rendre compte, Frigg se retrouva toujours face à son guerrier divin, le tenant toujours par le menton, mais lui aussi la tenant de la même manière...
"- Je te tiens....tu me tiens, par la barbichetteuuuuh..."
Il n'était plus Antéros guerrier divin d'Eta, elle n'était plus Frigg, et ils n'étaient plus en Asgard au pied de la statue d'Odin. Il était le jeune prince d'Avnor âgé de 8 ou 9 ans tout au plus, elle était son amie de toujours : la petite Agoraïs. Ils jouaient à ce jeu d'enfants dans l'une des cours du palais d'Avnor, baignés dans la douceur d'une innocence à la pureté indicible. Au delà du balcon, un royaume idyllique s'offrait à eux, éclairé par les rayons orangés d'un soleil couchant à la bienveillance extraordinaire. Dans la ville qui se dressait en dessous, la vie grouillait, mêlée aux cris de joie, au son des balades et à l'ombre virevoltante des danseurs. La fête était comme d'habitude au beau fixe en Avnor : c'était l'exact contraire d'Asgard.
Antéros souriait à la belle Agoraïs qui lui rendait le même sourire complice. Au fil des années passées à s'amuser ensemble leurs sentiments l'un pour l'autre prenait de l'ampleur : une ampleur qu'ils ne se cachaient point. Lequel allait éclater de rire en premier et s'incliner dans cette manche de jeu était leur seul souci, si tenté que l'on puisse parler de souci. Comme dans un rêve le jeu se poursuivit avec un temps allant à l'accéléré tout autour des deux enfants. La nuit tomba rapidement, les lumières de la ville s'allumant un peu partout, et une étrange brume s'immisçant autour d'eux, jusqu'à complètement les isoler de ce décor de rêve.
Tout à coup un cri d'effroi à glacer le sang d'un dieu. La brume se dissipa pour se muer en un autre type de décor. Les deux enfants étaient toujours là mais ne se tenaient plus le menton. Leurs deux cœurs battaient la chamade presque au point de se rompre mais plus parce qu'ils étaient heureux d'être ensemble. Tout autour d'eux c'était la guerre : une véritable scène d'horreur. La ville en contrebas n'était plus éclairée par les torches mais par les brasiers des maisons incendiées. Les cris n'étaient plus de joie mais de terreur et de souffrance. La musique n'était plus celle des bardes mais le tintement froid et acéré des lames égorgeant et éventrant le peuple d'Avnor. Les Geths étaient passés à l'attaque sans la moindre semonce, et le massacre battait son plein. La lueur rouge qui parsemait le ciel et les étoiles n'était plus celle d'un soleil couchant mais celle du sang des innocents. Dans le palais où ils se trouvaient : gardes, nobles, et personnels couraient ça et là, affolés, terrifiés, perdus. Perdue, telle était devenue Avnor en un rien de temps à l'échelle d'un souvenir. Tout à coup une vive douleur dans la poitrine d'Agoraïs, qui s'écroula dans un ultime souffle et un dernier échange de regard mi-amour mi-tristesse envers le jeune prince Antéros, dont le cri déchira cette nuit d'horreur :
"- AGORAIS, NOOOOOOOOON !"
La flèche lui avait transpercé son cœur d'enfant, mais Frigg pouvait toujours voir et ressentir à travers elle. Rapidement, sa vision accompagna l'enfant terrifié qui se mit à courir en direction de la grand salle où se trouvaient ses parents, la famille royale d'Avnor. Le son sifflant des flèches le frôla quelques fois, toujours bercé par le tumulte environnant du massacre. Non loin le cri d'un garde royal résonna dans les grands couloirs ensanglantés :
"- Ils cherchent Celle qui peut contrôler les dieux, vite, avec moi, nous devons les retenir !"
La fin de cette vision était très proche et s'acheva lorsque le prince poussa les grandes portes de la chambre royale, avant de pousser un autre cri effroyable que la déesse, toujours spectatrice, ne pouvait ressentir que de plein fouet. Face à lui, son père baignant dans son propre sang, en train d'agoniser....puis sa mère étendue sur le lit. Sa robe blanche ne l'était plus. Dans un dernier souffle accompagné d'une gerbe de sang, son père l'exhorta, avant de sombrer dans la nuit :
"- Antéros.... prends ta Lyre et sauve toi, mon fils....sauve....toi."
Mais déjà les yeux du prince, et ceux de sa déesse à travers ce qui semblait avoir viré d'un rêve au cauchemar, n'étaient plus rivés que sur une seule chose : cette immense lame enfoncée dans la poitrine de sa mère : une épée qui à jamais marquerait la destinée de l'enfant, dont la poignée ne pourrait jamais être oubliée. Le jeune Antéros s'écroula en larmes, jurant et criant qu'il retrouverait celui qui possédait cette épée pour l'avoir enfoncée dans ce qu'il avait de plus cher en ce monde...
La vision s'arrêta nette mais pas encore pour ramener Eta et Frigg au présent. Il se trouvaient pourtant bien au pied de la statue d'Odin mais cette fois-ci en plein jour, et entourés par une foule de guerriers. La vision de Frigg accompagnait cette fois-ci un Antéros adulte, vêtu d'une simple protection de cuir et de fourrure de conception Geth, et équipé de sa Lyre, s'apprêtant apparemment à découvrir pour la première fois l'effigie de son dieu afin de lui offrir sa plus belle mélodie. Il l'ignorait alors, mais d'ici quelques minutes son dieu lui enverrait un signe des plus cruciaux avec les Geths à témoin, en lui envoyant l'armure divine d'Eta, faisant par la même de lui l'un de ses grands guerriers divins.
Mais pour l'heure, celui qui avait été recueilli, torturé, puis finalement accepté par les Geths, devait simplement faire honneur à son nouveau dieu pour la toute première fois, découvrant enfin le visage du maître de ce royaume gelé à travers sa statue. Mais alors qu'il leva les yeux vers cette statue, un éclair le foudroya dans son esprit. En un instant, ses yeux se rivèrent sur un point précis de la statue, avec le même effroi qu'il avait eu lors du précédent souvenir dans lequel il avait décidé d'emmener Frigg. Cette épée....aucun doute n'était possible ! Il apprendrait plus tard qu'elle s'appelait Balmung.
La seconde et dernière vision s'arrêta nette elle aussi, et les deux êtres se retrouvèrent enfin dans l'instant présent, redevenant un guerrier divin face à sa déesse. Frigg lâcha son emprise et démêla sa si belle chevelure pour lui proposer ce qui normalement constituerait un terrible affront, et donc une merveilleuse faveur. Tout en approchant sa main de la divine crinière aux couleurs de la plus pure des neiges, il céda un très bref instant à la requête de Frigg en écoutant, ne fut-ce qu'un très très bref moment, son cœur. Ce dernier guida sa main vers le cheveu qu'il lui faudrait pour poursuivre son office. Il le préleva avec la plus grande délicatesse avant de le glisser dans sa Lyre et de le tendre pour en faire la septième corde de sa seule amie.
Puis, dans une grande révérence, il s'inclina face à celle qui lui avait tant offert, et à qui il avait offert en retour une bribe de lui-même à travers ces deux souvenirs. Il ne s'attendait pas à ce que la déesse réagisse par rapport à ce qu'elle avait vu à travers lui, certaines choses devaient être digérées, même pour les dieux. D'un ton parfaitement calme il s'adressa à elle, toujours incliné :
"- Je saurai me montrer digne de cette faveur, ô ma déesse. Je suis le guerrier divin d'Eta, et je suis prêt à recevoir mes ordres."
Cyn
Membre d'Or
Messages : 364
Sujet: Re: Il n'y a qu'un pas entre la mort et la vie : celui que je ferai dans sa direction Sam 21 Déc 2019 - 20:14
Ce qui est, disparaît dans les méandres du temps. L'homme s'efface au profit de l'enfant. Ce qui fut, reprend ses droits sur l'esprit de chacun. Leurs liens ne font plus qu'un. Le passé prend le pas sur le présent. Pour qu'ainsi se dévoilent les souvenirs d'antan.
Frigg laissa le jeune homme l'entraîner dans les couloirs du temps, au plus profond de ses souvenirs. Lui ouvrant ainsi son coeur et son esprit, il faisait un premier pas vers la corde cassée qu'il incarnait. Sans doute la décision n'avait pas été aisée à prendre. Sans doute lui avait-il fallu beaucoup de courage pour montrer cela à la Mère d'Asgard. Mais il le faisait, là était l'essentiel.
Le paysage évoluait au fil des souvenirs qui se succédaient. Les visages, les sentiments... changeaient eux aussi. L'amour. Le véritable amour. Celui qui jamais ne se ternit. Celui qui à jamais reste intact, quelles que soient les épreuves. Le plus beau, le plus pur, celui qui prend son essence au plus profond de l'enfance. Celui qui ne cesse de grandir en même temps que les muscles se dessinent, que l'esprit et l'intelligence s'affinent. Celui qui ne meurt jamais, qui ne disparaît pas lorsque son aimée expire son dernier souffle. Le plus terrifiant, le plus douloureux de tous les amours que porte cette terre. Celui qui fut marqué au fer rouge ce jour là. Ce jour précis.
Elle ressentait l'incommensurable chagrin qui n'était pas sien, mais qu'elle partageait sans mal. Elle ressentait cette insaisissable douleur fulminante dans sa poitrine, qui n'était pourtant pas sienne. Elle ressentait le désespoir, ce puissant sentiment d'injustice et cette colère sans nom.
Une enfant. Un père. Une mère. Un peuple. Tous... sacrifiés sur l'autel de la conquête.
Frigg n'aurait pas eu besoin d'assister à la suite. Elle n'aurait pas eu besoin de voir cette épée plongée dans ce coeur pétri de douleur. Non... elle n'en aurait pas eu besoin. Car dès que la ville se dessina sous ses prunelles grises, elle sut. Avnor. C'était si loin pour une vie humaine, mais si proche pour la sienne. Comme si c'était hier.
Finalement... avec ce simple nom, tout était dit.
Comment pourrait-il comprendre. Comment pourrait-il l'entendre alors qu'il avait tout perdu ce jour là. Les peuples du nord étaient ainsi. La conquête était profondément ancrée dans leurs gênes depuis fort longtemps. C'était un peuple dur, en proie à un climat et une existence que peu de mortels pouvait entendre ou accepter de vivre. Du haut de leur vie confortable, quelles qu'en soient les épreuves, les citoyens d'une cité comme Avnor ne pourraient jamais les comprendre. Oh bien sûr... cela n'excusait sans doute en rien les massacres perpétrés par son peuple, par son époux, par leurs guerriers.
La mentalité du Nord était quelque chose qui échappait à bien des égards. Frigg ne s'attendait pas à ce que cela change de si tôt. Et certainement pas venant de quelqu'un qui avait tout perdu à cause de cela. Les souvenirs s'estompèrent tel un mauvais songe disparaissant au réveil. Il en était cependant tout autre, car de mauvais songe il n'en était rien. Tout cela... avait été vécu et faisait partie intégrante de l'être qui se tenait à ses côtés.
Frigg laissa le Guerrier Divin prélever un cheveux puis se tourna vers lui, sans prendre garde à son ample chevelure foulant la neige. Alors qu'il prononçait quelques mots, elle le fixa avec attention. Il était difficile de savoir ce qu'elle pensait véritablement à cet instant, l'expression qui parait son visage étant d'une absolue neutralité. Pourtant elle venait de prendre une décision. Et si Odin devait lui en vouloir pour cela, subirait-elle son courroux sans mot dire.
« J'en ai un, Antéros. »
Allait-elle l'envoyer en mission à Asgard ou bien à l'autre bout du monde ? Allait-elle lui confier une tâche toute particulière que lui seul pouvait remplir ? En quelques sortes.
« Après les longues années que tu as passées dans le Nord, si tu comprends désormais ce qui guide son peuple, prêtes allégeance une fois encore, ici même, face à la statue de mon époux. Si au contraire tu restes à nos côtés par habitude ou pour une raison inopportune qui te serait propre, je te délie de ton serment et te libère de tes engagements envers le royaume d'Asgard. »
Frigg ne semblait pas attendre qu'il pardonne. N'exprimait-elle pas le souhait qu'il le fasse. Ce qui avait été fait ne saurait être défait. Mais ce qui allait être accompli, ce qui était en passe de devenir réalité, la minute qui venait, l'heure suivante, les semaines et années qui allaient s'écouler, eux... restaient à écrire.
Un léger sourire se dessina sur le visage de la Mère d'Asgard, alors que sa paume s'éleva brièvement vers le palais. Une faible lueur blanchâtre s'en extirpa pour former une sphère de cosmos d'un blanc immaculé. En quelques secondes la sphère était parfaitement formée, et s'en alla, comme mue par une volonté propre, vers le palais en direction de sa jeune Valkyrie au coeur noble.
« Ainsi sont les choses, Antéros. Tu es libre de partir si tu le souhaites. Ou bien... de rester, de nous aimer et de nous détester. »
Sujet: Re: Il n'y a qu'un pas entre la mort et la vie : celui que je ferai dans sa direction Ven 27 Déc 2019 - 14:18
A genoux devant sa déesse, Antéros attendait ses ordres, lui qui n'avait connu que ce mot presque toute sa vie, lui dont le destin n'avait pas été d'être celui qu'il aurait dû être sous les étoiles d'une constellation inconnue, lui qui ne pouvait que rêver de ce que le mot "liberté" pouvait signifier. Il était là, prisonnier de ceux qui lui avaient tout pris et tout offert à la fois. La réminiscence de ses souvenirs les plus douloureux auprès de Frigg avait ébranlé son esprit, mais fort heureusement la cloison le séparant de ses sentiments avait tenu le choc, et pourtant...
Les yeux du guerrier divin s'écarquillèrent lorsqu'il entendit la douce voix de sa maîtresse lui proposer ce qui jamais ne lui avait été proposé de toute son existence....il avait le choix ! Oui, la déesse Mère d'Asgard lui offrait le choix, celui de faire son allégeance à Asgard de son propre gré, ou bien de partir, libre. C'était insensé aux oreilles du guerrier divin, et pour autant si...logique ! Oui, toute sa vie il n'avait été qu'un pion trimbalé de tribu en tribu, d'une cage à une autre, puis de bataille en bataille. Et le voici qui pouvait enfin faire un choix : laisser libre court à son libre arbitre. Mais en dehors d'Asgard qu'était-il sinon rien ? Qu'est-ce qu'un monde parfaitement inconnu avait à lui apporter sinon la souffrance ? La liberté ? Ce mot n'était qu'un rêve, et pourtant il devenait réel en provenance de la bouche parfaite de Frigg.
Toujours prosterné aux pieds de celle qui venait de faire voler en éclats toutes les convictions de son guerrier, Antéros était perdu dans ses pensées. La droiture et le stoïcisme habituels avaient cédé la place aux doutes....mais par delà ces doutes se cachait encore un profond désir, celui de se retrouver lui-même, là où il n'avait jamais osé aller, vers l'inconnu. Tout en fixant le sol gelé d'Asgard avec une profonde intensité, le guerrier divin prit une décision toute aussi insensée que la question de la déesse...peut-être était-ce là sa destinée après tout, peut-être était-il voué à renouer avec ce qu'il n'avait jamais connu mais aurait dû connaître tôt ou tard dans son existence de mortel. C'était bien là un cruel avantage que les hommes avaient sur les divinités. Ces dernières étaient condamnées dans l'immortalité à demeurer l'incarnation de ce qu'elles représentaient, là où les hommes avaient le privilège de changer et d'emprunter eux-mêmes les bonnes comme les mauvaises voies. D'un soupir accompagné d'une simple larme sans même savoir si elle était de joie ou de tristesse, il s'adressa à sa déesse :
"- Ainsi soit-il..."
En une fraction de seconde, le cosmos lumineux du guerrier divin s'embrasa tout autour de lui, résonnant avec son armure dans une intensité rarissime, qui fit même trembler le sol tout autour de la statue de son dieu protecteur. Une à une, les pièces de l'armure divine d'Eta se détachèrent de son corps, avant de s'envoler et d'aller se lover à quelques mètres, aux pieds de la statue d'Odin. L'intensité cosmique qui accompagnait cette séparation était telle qu'on aurait dit qu'une étoile venait de naître sur la Grand place du palais. Lorsque cela fut terminé, la lumière s'estompa brutalement pour céder la place à une scène des plus insolites. Un homme, un simple mortel, affaibli et tremblant sous le froid glacial d'Asgard, admirait une dernière fois l'immense présent qu'Odin lui avait fait et qu'il venait d'abandonner. L'armure luisait encore de son cosmos, mais ce dernier s'estompait rapidement, la connexion se rompait.
Il restait néanmoins une dernière chose à faire pour parfaire cette séparation, en faire non pas un drame mais une étape nécessaire à l'évolution de tout être et de toute chose. Tenant toujours sa seule amie dans ses bras, sa si précieuse Lyre d'Avnor avec laquelle il avait été recueilli en ces terres, Antéros s'adressa à elle comme si l'objet était pourvu d'un esprit.
"- C'est donc ici que nos chemins se séparent, ma vieille et fidèle amie. Je te confie à cette armure, puisses-tu l'accompagner ainsi que ses porteurs au fil de leurs périples, emportant avec toi une portion de moi à tout jamais."
D'un pas lent et tremblant mais néanmoins décidé, Antéros alla déposer la Lyre auprès de l'armure, dont le seul signe en retour fut d'harmoniser instantanément son énergie rémanente avec celui de la Lyre d'Avnor, qui faisait dorénavant partie intégrante de la God Robe d'Eta. Un maigre présent mais qui aurait son importance tôt ou tard dans l'histoire de ces Terres. Comme pour symboliser la tristesse d'une Lyre, ou bien celle de tout un peuple : un fin flocon de glace vint se lover contre l'une des cordes de l'instrument, se fondant en une larme et s'écoulant tout au long de celle-ci. N'osant plus regarder la déesse en face car il en était devenu indigne en tant que simple mortel : Antéros entama quelques pas dans le froid glacial d'Asgard avant de marquer un arrêt, s'adressant une dernière fois à celle qui lui avait offert sa liberté :
"- Merci, ô déesse de ces terres, merci de m'offrir ce que jamais personne ne m'avait offert. J'espère me montrer digne de cet immense présent, et qui sait, peut-être nos destins se recroiseront-ils un jour, sous ces étoiles que je vais apprendre à aimer autant qu'à haïr. Je ne fuirai plus mes sentiments à présent, je les réapprendrai à chacun de mes pas."
Se sentant très faible d'avoir perdu sa protection et son arme, le jeune homme reprit sa marche, accompagné de son seul désir d'arpenter le monde en tant qu'homme libre. La traversée des terres d'Asgard dans une telle condition ne représenterait absolument pas une partie de plaisir, mais tout avait un prix, et pour la première fois de sa vie il se sentait désireux de le payer.
[HRP : si pas d'interruption d'ici là, je pense entamer ma quête dans environ trois jours, merci pour ce superbe RP Frigg^^]
Contenu sponsorisé
Sujet: Re: Il n'y a qu'un pas entre la mort et la vie : celui que je ferai dans sa direction
Il n'y a qu'un pas entre la mort et la vie : celui que je ferai dans sa direction
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum