Tibarn, La lune

Tibarn

« Poséidon »

VOTRE HISTOIRE

Noir, toute mon existence n'est faite que de noir. Je vis dans la pénombre incapable de distinguer quoi que ce soit. Plus aucune forme, plus aucun paysage, plus aucune lumière et pire encore, plus aucun visage. Je baigne dans un néant de solitude. Je suis perdu dans mes pensées, j'essaye de comprendre ma situation, je me demande quels dieux j'ai pu contrarier pour une telle sanction.
Je suis incapable de dire depuis combien de temps ma peine dure. Une seule et unique question me taraude et m'effraie : Suis-je devenu aveugle ?  Je ne trouve pas de réponse. Tout ce que je peux faire c'est de rester là, ici dans ce petit rien, cet immense vide. Immobile dans mon désarroi, j'entends mon cœur battre faiblement, ma respiration est irrégulière. Je ferme les yeux espérant chasser mon triste destin, je les rouvre peu après. Toujours rien, la pénombre domine.

Depuis combien de temps suis-je dans le noir ? J'essaye de me calmer, de me remémorer mes dernières actions mais, rien ne me parviens. Je suis incapable de me rappeler la raison de ma présence dans ce purgatoire. Mes souvenirs s'effritent, ma tête bouillante reçoit à un rythme effrénée des coups, des coups douloureux qui me paralyse encore davantage.
Je pose ma main sur mon front, le palpant doucement, cherchant à atténuer la douleur qui me triture sans relâche le crâne. Je soupire devant ma situation. Je me retrouve dans une situation que l'on pourrait difficilement décrire comme agréable. Me voici seul, amnésique, sans notion de temps et coincé dans un noir infini avec pour seule compagnie une migraine tonitruante qui ne cesse de me rappeler que je suis vivant.

Le temps passe lentement, trop même. Je ne sais depuis combien de temps je ère dans ce chaos. Pourtant, j'ai encore espoir. Je me raccroche à plusieurs possibilités pour que l'on me sauve de mon malheur. La miséricorde des dieux, qu'un proche, quelqu'un, n'importe qui purge ma malédiction. J'espère que ma sentence possède une fin...
Si je suis ici, dans une telle situation c'est sûrement la faute à un grave crime que j'ai dû commettre. Je dois rester patient. Résister à cette épreuve que l'on m'impose. Elle est justifiée parce que s'il y a une chose que j'ai appris sur moi depuis mon errance dans cet enfer c'est bien une chose, je suis loin d'être patient.

C'est étrange, je commence à m’habituer à mes migraines incessantes. Cette épreuve est en train de me rendre plus fort, je vais transcender mon ancienne existence et je ressortirai plus fort de cette expérience.
S'il y a bien une chose que je n'ai pas oublié, c'est que je déteste m'ennuyer. Et ici, on peut dire que je suis plutôt bien servi.

Mes mains tremblent, je craque. Je veux sortir. J'agite mes poings dans le vide, rien, aucun contact, juste le vide.  J'essaye de hurler mais aucun son ne sort de ma bouche . Je ne peux que penser. « En plus d'être aveugle, je suis muet ? C'est le bouquet putain ! »

Je pense à la mort, ma vie vaut elle vraiment d'être vécu si c'est pour ne ressentir que de la souffrance et autant de solitude. J'ai encore en moi une envie de vivre et pourtant régulièrement j'essaye de couper ma respiration, de mordre ma langue afin de m'étouffer mais rien à faire, je vis.

Le temps est relatif, je me pose beaucoup trop de questions. Pourtant, une chose est certaine, je dois être le roi des rois. Je suis le seul être toujours vivant de cet univers, je suis un dieu surpuissant qui déborde de pouvoirs. Pourtant même pour le plus fort des dieux, je ne me sens pas si vivant.


« Osiris.... ». Ce nom traîne dans ma tête depuis un moment. Après plusieurs heures d'intenses réflexions,  je doute que ce soit mon nom. Au contraire, mon nom doit être quelque chose de particulier, de hors du commun comme Herman, Paul ou bien Picsou. Mais je me demande quand même « Qui est cet Osiris ? ».
A force de penser à ce nom, des souvenirs ou plutôt des images me reviennent en tête. Je vois un homme assis sur un trône doré portant une coiffe constituée elle aussi de ce matériel si précieux. Je lui distingue deux étrange sceptres dans les mains. Créer cette image mental au milieu de mon univers de noirceur me rassure. Et je me réjouis encore plus à l'idée de  penser en couleur. Je ne suis peut être pas aveugle. Mon moral remonte.

Je viens de rêver pour la première fois depuis mon calvaire. Dans celui-ci, je vois. J'ai pu voir. Et ma vision m'amène dans un lieu qui tranche de ma routine. Empli de soleil, un si beau soleil. Avec une étendue de sable à perte de vue et ce fameux Osiris qui apparaît soudainement. Ma vision ne peut se soustraire de sa présence. Son regard quant à lui est fixe et me transperce. Je sens toute son aura qui s'élève autour de lui. Soudain, une croix ansée part de lui pour se rapprocher de plus en plus de moi. Je reste figé. Je suis prisonnier jusque dans mes rêves. Cette croix d'or heurte ma poitrine et provoque mon réveil.

Depuis cet événement dans mon rêve, la douleur dans ma tête semble presque disparaître, mon cœur semble battre à un rythme plus régulier. Je ressens même une douce chaleur réconfortante et agréable sur ma peau. Je ne sais pas si ce rêve à un effet placebo ou si c'est la fin de ma sentence. Dans tous les cas, ma situation évolue.

Je retrouve la vue, je distingue les choses qui m'entourent. Je constate que je suis en train de flotter sur une étrange mer d'un violet foncé des plus perturbants. Je nage dans cette étendue un long moment mais je ne distingue rien d'autre. Je ménage mes efforts. Cette épreuve vient de m'apprendre la patience de la plus cruelle des manières.
Un son me surprend dans ma si longue solitude, un bruit puissant. Un courant semble m’entraîner. Je distingue une vive lumière qui m'éblouit. Mon cœur bat la chamade à la vue de cette sortie. Je suis le courant, agitant de toutes mes forces mes bras dans son sens. J'arrive au bout de mon voyage, la lumière parvient jusqu'à moi, me touche, me réchauffe. L'eau devient claire à son contact et retrouve sa bleuté habituelle. Un immense sourire s'affiche sur mon visage. Il finit par vite disparaître lorsque le courant m'entraîne dans sa chute. Ma gorge se dénoue et un grand cri accompagne ma descente.

« Putain ! Cette cascade m'offre la liberté mais également mon trépas ! J'vais quand même pas mourir ici ! »

Je sombre lourdement et mon corps soumis à la gravité se fracasse contre l'eau. Je sens une décharge électrique me parcourir de part en part. Je distingue très rapidement le fond de l'eau avant de me débattre pour remonter vers la surface, mais la force du courant me ramène dans les profondeurs aquatiques. Mes muscles encore affaiblis peine à suivre la cadence des rapides. La fatigue vient à vive allure, je parviens en gesticulant de toutes mes force à sortir ma tête hors de l'eau pour récupérer tout l'air possible. Je parviens au prix d'un terrible et exténuant effort à m'accrocher au bord de la rivière et à me hisser hors de l'eau. Je crache, respire lourdement. Je me pose sur le dos pour accorder du repos à mon corps. Je distingue un rayon du soleil qui m’éblouit le visage. Je le laisse m'aveugler, profitant de sa présence, de sa lumière après tant d'obscurité. J'écarquille d'un coup les yeux en distinguant la forme d'Osiris dans le soleil. Surpris, plusieurs questions me viennent en tête « Est-ce un dieu ? Mon gardien ? Mon sauveur ? ». Mais coupant court à mes pensées, un son qui semble parvenir directement dans ma tête me parcours et me traverse.

« Adieu... »

Je me relève d'un seul bond, scrutant l'astre de feu, plissant les yeux et guettant une action, un mouvement, quelque chose mais rien d'autre que cet unique mot me parvient. La vision d'Osiris disparaît. Mon cœur se resserre, je me sens mal, un sentiment de tristesse m'envahit. Abattu et vidé de toute mon énergie, je traîne les pieds jusqu'à un arbre avant de m'endormir.
Depuis, je suis toujours admiratif et heureux en voyant le soleil se lever et un sentiment de mélancolie m'accompagne avec un pincement au cœur quand il se couche.


Poursuivant mon errance dans cette contrée inconnue, je finis par arriver devant une maison. Un peu perdu, retrouvant soudainement de l'appétit et étant désespéré, je toque à la porte. Une femme m'ouvre. Son visage reculer à ma vue. Sans autre réaction, elle me claque la porte au nez. Surpris, je continue de frapper contre la porte tout en espérant la convaincre de m'accueillir pour la nuit.

« Je...Écoutez, je ressors d'une lourde épreuve, je ne comprends pas encore tout. J'ai même ma tête et mes souvenirs complètement en vrac. Je suis fatigué, affamé et perdu. Je viens ici en désespoir de cause
-Et c'est lors de votre 'lourde épreuve' que vous vous êtes retrouvés totalement nu ? »

Je baisse la tête et remarque ma nudité. Je pose la paume de ma main contre mon front en me traitant d'imbécile avant de reprendre la conversation.

« Maintenant que vous le dites...oui. Mais je le répète, ma mémoire n'est pas très efficace en ce moment et puis, puisque l'on en parle, vous n'auriez pas un vêtement à me donner ?
-Mais vous êtes sérieux ? Je ne connais même pas votre prénom !
-Hum je crois que c'est Herman le navigateur ou bien Picsou le roi des rois. Mais j'en suis pas encore très sur. »

La femme comprend ma situation délicate finit par m'ouvrir, m'offrir des vêtements, un repas et un lit pour la nuit. Elle finit même par me donner le nom de Tibarn. Ce nom m'a séduit et je le conserve depuis. Et après cette nuit, j'ai continué à lui parler, l'aider dans ses tâches. Travaillant si bien et formant une bonne compagnie puisqu'au final je n'ai jamais quitté sa vieille maison. Construisant ma nouvelle vie avec elle et savourant mon existence à ses côtés. Avec le temps, en plus de mon nom, elle finit par me donner un trésor encore plus précieux, une petite fille portant le nom de Luna. Un bonheur se savourant à travers une vie simple.

Chaque matin en voyant le soleil se lever, je reste silencieux appréciant ce calme, ce silence qui maintenant m'apaise. J'accorde une pensée pour Osiris, le remerciant pour ma liberté, pour tant de joie dans ma vie tout en espérant qu'il dure autant que possible. Je ne me lasse pas de cette routine. Voir grandir ma fille, lui apprendre le peu que je connaisse, la protéger des animaux sauvages, même les mauvais moments me sont supportables.

Cette nuit, couché au lit avec ma compagne, celle-ci vient glisser sa main sur mon torse pour le caresser doucement. Amoureux, je me retourne vers elle.

« Non, reste couché. Je voulais juste te dire qu’aujourd’hui, je crois que ça va faire cinq ans que nous nous sommes rencontrés. Et...
-Ne me dis pas que tu regrettes d'avoir ouvert ta porte à un amnésique nudiste ?
-Non, au contraire. Je voulais juste te dire que je ne regrettes rien des instants que l'on a partagé ensemble, j'aime l'enfant que tu m'as donné et surtout je t'aime toi. »

Surpris devant tant de mots doux, je regarde son si beau visage, ses longs cheveux noirs de jais qui tombent, ses minces lèvres, ses yeux bleues d'une grande clarté. Je ne comprends pas ce qui l'a poussée à rejoindre un homme comme moi. Arrêtant mon admiration, je viens coller mon visage au sien avant de l'embrasser. Ma main droite glisse sur ses hanches, tandis que ma main gauche s'approche de sa poitrine. Je parviens à me frayer un chemin à travers ses vêtements quand un grand cri aigu se fait entendre. Coupant net mon excitation, je reconnais la voix de ma fille. Je saute hors des draps, commençant une course folle pour la rejoindre. Je tremble. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi j'ai soudainement si peur. Je pousse la porte de la chambre de Luna d'un grand coup d'épaule. Dans la pénombre je plisse les yeux à sa recherche. Je m'avance jusqu'à son lit, imaginant le pire. M'éclairant à la lumière de la bougie, je distingue son visage pâle mais surtout je remarque une grosse main posée sur sa bouche l'empêchant de parler. Mon sang bouillonne. Sans la moindre hésitation je m'élance d'un bond sur le lit et saisi l'inconnu. Sur le coup de l'adrénaline, je le soulève et le fait tomber lourdement au sol. Je me laisse choir sur lui pour l'immobiliser.

« Qu'est-ce que vous nous voulez ? Pourquoi vous en prendre à ma fille ?
-Attendez, pitié, on est venu affamé et sans le moindre sous. On ne savait pas que c'était la chambre de votre fille. On cherchait juste à manger, on a...On a juste faim.. »

Surpris par cette information, je freine ma colère et retiens mon poing. Je reste hésitant, ne sachant comment traiter cet homme.

« Je...je vais te donner de quoi manger et tu repars aussitôt. Mais ne touche plus jamais à ma famille.
-Oui monsieur, promis. »

Je me relève toujours sous tension. J'ai l'impression qu'une information m'échappe. D'oublier un détail. Je me tourne vers ma fille pour m'assurer qu'elle va bien quand mon cerveau calmé analyse mieux la situation.

« Attends une minute, tu as dit on ? Tu as des com...
-Papa non !»

Un coup brutal heurte mon crâne, surpris par le choc, je perds l'équilibre et m'effondre au sol. J'entends Luna crier. Je plie mes bras pour me relever. Je dois me relever. Je dois la protéger. Je me redresse sur mes jambes malgré la décharge répétée qui provient de l'arrière de mon crâne. Un couteau me pointe du doigt. La menace ne m'impressionne pas, ma fille à besoin de moi. D'un coup rapide, je balaye sa main tenant l'arme afin de la lui faire lâcher. Je le frappe au flanc avec mes deux poings rapidement avant de reculer. Je dois garder de la distance tant que je ne possède pas toutes les données. Je balaye la pièce du regard. L'homme est bien accompagné de plusieurs acolytes. Je vois malgré l'obscurité trois personnes. Je m'élance sur le premier, je le prends à nouveau de vitesse et lui assène une série de coup de poing contre son flanc droit. Je m'élance sur le côté pris par mon impulsion, je recule mon bras droit et poursuivant mon mouvement, je lui assène une droite en plein   visage. Il tombe au sol sur le coup. Profitant de sa position de faiblesse, je ramasse son couteau tombé plus loin. M'élançant de toute ma hauteur sur lui, je plante la lame dans son cou. J'essaye de me relever le plus vite possible mais un coup de pied me fait tomber sur le côté. Continuant dans le pêle-mêle de la bagarre, je brandis d'un geste ample mon couteau dans sa direction. Le troisième intrus voulant aider son compagnon me donne plusieurs coups de pieds pour me faire lâcher l'arme. Je lance la lame sur lui tout en lui saisissant son pied afin de l’entraîner au sol. Le suivant dans sa chute, je pose mes mains sur son cou. J'empoigne de toutes mes forces sa gorge, serrant ce monstre qui ose s'en prendre à ma famille. Mon dos encaisse les ruées de coups de poings suivi par le tranchant de l'acier qui s'enfonce dans ma chaire. Plusieurs coups de couteau pénètre ma peau, laissant librement le sang sortir. Je ne bronche pas, je maintiens ma prise. Refusant de lâcher tant qu'il respire encore. J'entends les gouttes qui tombent sur le parquet. Je sens les gouttent glisser tout le long de mon corps.

« Arrête, ARRÊTE ! Laisse mon papa tranquille !
-Ta gueule gamine, il est en train de tuer mon pote. Et toi putain?Tu veux pas mourir ?
Je reste calme, serrant les dents. Ne le voyant plus réagir, je me relève promptement pour me tourner vers la lâche qui m'a poignardé à de multiples reprises. Il semble effrayer. C'est à son tour d'avoir peur. Je choppe son poignet tenant l'arme. Il crie terrifié. Je force pour le forcer à lâcher le couteau. Il cède et je ramasse la petite lame. Je m'avance lentement vers lui, le sang continuant de couler hors de mon corps. Je tente de lui planter en plein cœur mais son réflexe de se protéger avec son avant bras lui est salvateur. Tétanisé, son premier réflexe est de fuir. Je le suis, essayant de suivre son rythme malgré mes blessures. Agissant de manière instinctive, je tends ma main droite pour essayer, de le retenir, de le freiner à distance. Étrangement, l'agresseur ralentit. Je le rattrape et profitant de ma course lui assène une frappe qui le fait tomber au sol. Ne comprenant pas toute la situation, je me contente de le frapper au visage à plusieurs reprises. Un cri retentit à nouveau. C'est Luna. J'oublie mon pleutre d'assaillant pour retourner vers la chambre. Je découvre un homme maintenant ce que j'ai de plus précieux au sol de ses pieds répugnants tandis qu'il tient une hache entre les mains. Ils sont bien plus nombreux que prévu. Cette vermine me regarde avec un air satisfait sur le visage. De sa voix rauque, il prend la parole.

« Ah, tu es déjà revenu ? Tu te fais du soucis pour ta fille peut être ? »

Je m'élance vers lui pour lui faire subir le même sort qu'aux autres. En me voyant réagir, il agite sa hache et beugle.

« Ne bouges pas, si tu fais encore ne serait-ce qu'un mouvement, je plante ma hache dans le jolie petit minois de ta chère fille. »

Je reste paralysé devant sa menace. Je ne peux prendre aucun risque, je ne peux pas la perdre. Je me rends. Je les laisse m'attacher, ne trouvant pour le moment aucune solution pour sauver Luna. Ils nous emmènent à l'extérieur. L'homme tenant la hache profite de me savoir démuni pour m'examiner. Je me demande ce que peut bien faire ma femme. J'espère qu'elle est en sécurité. Il regarde le sang imbibant ma chemise. L'ignorant, je me tourne vers Luna.

« Ne t'inquiète pas, papa va régler ça, je vais trouver une solution. Fais moi confiance. »

Je la regarde avec le visage le plus serein possible malgré la douleur provoquée par mon dos. J'essaye de la rassurer autant que possible dans cette épreuve. Mais elle ne parvient pas à retenir ses larmes.
Mon agresseur quant à lui garde en permanence un sourire narquois. Il semble gonflé d’ego pour un lâche. Il approche ça sale face près de mon visage. Il me débecte.

« Dis-moi super papa, vous vivez seul ici ?
-Oui, j'élève ma fille seul. Ma femme est morte en la mettant au monde. Maintenant que vous avez gagné, je vous laisse prendre ce que vous voulez mais laissez ma fille partir.
-Doucement mon gars, deux de nos amis sont morts et on va pas laisser cela impuni. »

Durant l'heure qui a suivi, ils m'ont frappé, étranglé sans relâche. Redoublant d'ingéniosité pour me torturer, ils m'amènent près de la rivière et m'enfonce de force la tête sous l'eau. J'ai mal. Le sang dans ma bouche et l'eau ce mélangent. Ma vue se brouille, je me sens faiblir. Je sens une force me tirer hors de l'eau. Je peine à respirer, je m'étouffe, je crache de l'eau. L'homme à la hache m'oblige à le regarder en me tirant les cheveux. Je n'ai plus la moindre force en moi. Je le regarde fatigué et las. Il semble satisfait de sa perfidie. Il m'écrase le visage au sol.

« Je pense que tu as compris la leçon...Donc c'est le moment de dire au revoir à ton petit papa »

Je lève la tête, un liquide pourpre me coule dans l’œil gauche. Je souris à Luna et articule comme je peux une phrase pour la rassurer.

« Lu...Luna, papa va revenir...pour toi...ça ira... »

L'homme à la hache soupire, lève les yeux au ciel en écrasant de son pied mon visage pour laisser ma nuque en évidence.

« Coupe lui la tête, je le tien. »

Il tend son arme à son compagnon et appuie du bout de son pied contre l'arrière de ma tête. Je ne peux pas finir ainsi. Je ne peux pas abandonner Luna. Je puise dans mes dernières force pour me relever. Surpris et le pied en l'air, mon adversaire perd l'équilibre. J'en profite pour le saisir et le jeter contre un rocher de la rivière. Sa tête semble se briser dans un bruit très agréable à mes oreilles. Essoufflé, je regarde la rivière emporter le corps. Je me sens vide. Faible. Je ne comprends plus ce qui m'arrive. Je vois mon corps tomber suivi d'une trompe d'eau. Dans une giclée de sang, ma tête vient de sombrer dans l'eau. Mon corps chute paisiblement. Mon assassin jette le reste de mon corps dans l'eau glacée. Je me sens si fatigué. Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive.

« PAAAAAAAAAAAAAAAAAPAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!! »

J'entends la voix de Luna. Elle a besoin de moi. Sa voix me calme et je ferme mes paupières.



J'ouvre les yeux. Ma tête me fait mal. Je me redresse doucement, essayant de rester à l'écoute de mon corps fatigué. Je regarde autour de moi, je ne distingue qu'une petite forêt et un bord de rivière sur lequel je patauge. Une migraine épouvantable puisse dans mes maigres ressources. Je ne me rappelle de rien. J'essaye de réorganiser les informations dans ma tête. Je parle à voix haute pour essayer de stimuler mon cerveau.

« Bon, tu ne sais plus où tu es et tu te réveilles au milieu de nulle part avec un maux de tête plutôt énervée. Sûrement une sacré gueule de bois....Allez fais un effort...Je suis Tibarn.....et je dois....Je dois retrouver une Luna, une lune. Je ne sais pas. Je ne suis pas certains. Allez mémoire fais ton travail.... »

Errant sans autre souvenirs, je parcours les environs à la recherche de réponses. Aucun autre élément m'est venu et je suis partie en quête de cette Luna à trouver. Mais ne trouvant aucune bonne piste de recherche et l'appétit et l'argent manquant, je séjourne dans un port cherchant quelqu'un capable de me reconnaître. Je ne trouve aucune réponse à mes questions. Pourtant à force de rôder, un homme travaillant pour le dieu Poséidon vient à ma rencontre. Il semble apprécier mes capacités et me propose de rejoindre sa bande et par extension une armée. N'ayant aucune autre piste, j'accepte sa proposition. Après tout, c'est dans l'eau que je me suis réveillé. Peut-être qu'un dieu des Océans va pouvoir m'en apprendre davantage sur qui je suis. On m'amène sur une île qui m'est inconnue. Je ne comprends pas vraiment ma situation mais une aventure m'attends. Et le temps que ma mémoire et mes souvenirs sur cette Luna reviennent, je serai la Lune au sein des Marinas de Poséidon.

MES INFOS +

Tibarn n'est que très peu intéressé par les biens matériels. Le plus important à ses yeux sont l'expérience, les souvenirs et les bons moments qui découlent d'une aventure plutôt que la récompense. L'aventure en elle-même, l'intéresse davantage que la finalité de celle-ci. Sociable et travailleur, il se fait rapidement apprécier des gens qui l'entourent. Il fait rapidement confiance aux gens et se montre impatient voir impulsif si la situation traine en longueur selon lui.

Selon les chocs comme une décapitation par exemple ou d'autres mésaventures, sa mémoire à tendance à effacer toutes les histoires, rencontres et bons moments qu'il a vécu. Pris au dépourvu, ce manque d'information sur son passé et sur qui il est, à tendance à le déprimer de plus en plus. Surtout quand un élément lui semble important et qu'il n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Parfois l'information est si importante à ses yeux que certaines données restent imprégnés dans son cerveau d'amnésique.

Une rumeur évoquant sa combativité à survivre commence à circuler dans un petit port et dans certains endroits reculés.