L'air du désert a toujours été chaud, l'air de la terre de mes ancêtres.
Si Allah existe vraiment, s'il règne sur ce monde, peut-il exaucer mon souhait ?
Moi, qui me meurs sur le sable chaud, fixant de mes yeux troubles, le soleil fuir le ciel.
Peut-il m'offrir un destin et une existence ?
J'allais mourir...
Je dois mourir...
Ma vie est si plate...
Si inconsistante...
Elle n'a pas lieu d'exister, pour un oublié comme moi...
Je fermais mes yeux, épuisé, l'obscurité me prenait et pourtant des images parcourait mon esprit, mon histoire, mes souvenirs. Mon père n'a pas de nom ou de visage, il ne connaît sûrement pas mon existence. Ma mère, je n'ai aucun souvenir d'elle, arraché dès que je puisse me nourrir sans son sein. Je fus enfermé dans cette pièce avec d'autres garçons, éduqué pour tués, éduqué pour devenir un assassin.
Malgré tous mes efforts, cette éducation horrible, ces cauchemars répétés, on ne m'a jamais montré de tendresse, on ne m'a jamais aimé. Le pays d'où je viens n'était pas aussi organisé que depuis que je suis né. Je l'ai appris de la bouche de mes compagnons et collègues. Jadis, nous étions des tributs séparées, des peuples vivants sur les mêmes lieux, mais sans les mêmes idéologies. Je n'avais que 4 ans quand le premier état d'Arabie fut créé, quand ce pays où je suis né acquiert enfin une unité. Mais cette Unité, je n'en avais pas le droit, je n'existais pas après tout, j'étais un enfant né pour le trafic, né pour les servir à mon détriment.
Ce fut quand je suis en âge de tenir mon premier couteau, de me faufiler, de me taire et de tuer qu'on m'envoya en mission. En tant que l'assassin enfant faire couler le sang était ma mission. En tant que le plus petit, ouvrir les portes aux autres était mon obligation.
Mais arriva un jour où tout se brisa. Une mission qui échoua, ma proie, ma cible, me repéra avant que je ne puisse le tuer, me faisant échouer dans mon rôle. Comment voulez-vous qu'un gamin de 10 ans puisse lutter contre un adulte ? Je fus contraint de fuir, courir, sauver ma vie et voler vers la liberté, vers la mort.
L'échec n'est pas permis,
Se dévoiler est interdit,
Fuir est illicite,
Peu importe le crime,
Le résultat sera l'expiation.
J'ai couru pour fuir mes poursuivants, moi, l'assassin enfantin qui me précipitait vers ma mort, dans ce grand et cruel désert. Mes poursuivants m'avaient laissé pour moi, pourquoi s'occuper d'un gamin qui s'était précipité vers la fin ? Je perdais peu à peu conscience, j'étais déjà sur le sol alors que le soleil se couchait à l'horizon, j'allais en finir sans avoir eu le temps de vivre, à quoi bon avoir fait ceci si c'était pour échouer aussi lamentablement ?
« Aimerais-tu vivre libre ? »Furent les dernières paroles que j'entendis de cet homme qui m'avait fait fuir, qui avait provoqué ma trahison, fait échouer ma mission et débuta ma cavale.
Une silhouette sombre cachée par le reflet du soleil dans son dos se penchait vers moi. Je trouvais qu'il faisait froid, pourquoi, la chaleur devrait me donner la sensation qu'il faisait chaud. Ma vie déclinait et je sentis quelque chose de chaud me recouvrir puis me cajoler tendrement. De la fraîcheur liquide toucha mes lèvres et je sentis le sol s'éloigner de moi, le vent m'emportait.
Suis-je mort ?
Mon âme, a-t-elle quitté son corps ?
Vais-je enfin rejoindre Allah ?
Je ne lui ai pas répondu.
Je ne savais pas quoi répondre.
Je crois que la réponse était...
...
J'ai rouvert mes yeux, j'étais dans une tente. Il ne faisait ni chaud ni froid, il faisait bon. J'étais faible, j'avais mal partout, je savais que j'étais en vie. Je me redressais un peu paniqué quand un homme me rejoignit vivement, me poussant à me rallonger.
« Tu devrais te reposer, Ithnan, tes blessures ne sont pas rétablies. »Je regardais l'homme qui m'avait plaqué au lit de fortune de la tente, je ne comprenais pas, qui était Ithnan ? Je fermais mes yeux, silencieux, avant de replonger dans mes rêves, bien trop fatigué. Je dormais souvent, mais je savais qu'on avançait, la chaleur était sans cesse différente. Dans mes rares moments d'éveil, je mangeais en silence, il ne me disait rien, je ne lui disais rien, cela nous convenait ainsi.
Quand j'y repense, son visage me disait quelque chose, n'était-ce pas la personne qui devait mourir, ce jour-là ?
Quelques jours de voyages plus tard, je commençais à reprendre des forces. Il prenait soin de moi, me nourrissait tendrement. Nous quittâmes la Péninsule d'Arabie et dû prendre un navire, cet homme me semblait être riche, avoir tant d'argent. Il put payer notre voyage sans problème, nous offrant même une suite où dormir et de la nourriture comme on pouvait le désirer. Il soignait mes blessures, veillait à mon alimentation. Il m'avait acheté de nouveaux habits dont une cape pour cacher ma tête.
Il m'expliqua que j'étais atteint d'une maladie,
Elle qui me rendait sensible au soleil,
Qu'à cause de cette maladie,
J'avais les cheveux blancs.
Je réalisais alors quelque chose.
Qu'à cause de ces cheveux blancs,
Les gens se méfiaient de moi,
Qu'à cause de ces cheveux blancs,
Les autres assassins me détestaient...
...
Je déteste le blanc.
Le voyage dans le navire était long, pendant ce temps l'homme, celui qui m'avait sauvé tentait de se rapprocher de moi. Il disait se nommer Priam, venir de Grèce et être un ami de mes parents. J'avais beaucoup de mal à le comprendre, à saisir ce qu'il disait. Priam s'occupait énormément de moi, il m'apprenait que ma mère était certes Arabe, mais mon père non. J'avais 4 ans quand je fus séparé d'eux, moi qui me suis toujours pensé fils de prostituée. Ce n'était pas contre moi, mais à cause d'un incident qui changea ma vie et celle de mes parents.
Il me dit que ma mère, avant de partir, avait écrit une lettre, une chanson, et qu'elle l'avait donnée à Priam. Elle voulait que celui-ci me retrouve et me la donne. Qu'il me sauve et me permette de vivre une nouvelle vie. Il m'appelait Ithnan, mais ce n'était pas mon nom, je ne comprenais pas, parfois, je lui répétait qu'il se trompait d'enfant, et il me rappelait qu'il n'avait jamais vu d'autre enfants aux cheveux blancs et les yeux verts de mon âge.
Il me confia la lettre de ma soit disant mère, mais quand je voulu la lire, je ne le pouvais : je ne savais ni lire, ni écrire, ni compter. La seule chose que je savais faire était de parler l'arabe et de tuer des gens. Priam alors m'apprit à lire, puis à écrire, puis à compter. Il m'apprit les jeux, il m'apprit la science, l'histoire, la géographie. Il m'apprit à parler, lire et écrire le Grecque. Il me montra les animaux, les plantes, leur beauté.
Grâce à lui, j'appris tout ce qu'on m'avait pris.
Nous étions arrivés dans une île, il disait qu'elle se nommait l'Andromède, c'était de là dont venait mon père et lui-même. Il m'expliqua ce qu'étaient les chevaliers d'Athéna et les dieux Grecques.
Est-ce qu'il y a d'autres dieux ?
Est-ce que je dois croire en eux ?
« Est-ce qu'Allah n'existe pas ? »« Crois en ce que ton cœur désire, seul toi peut répondre à ta question. »Je voulais croire.
Priam était un vieux chevalier d'Athéna, si vieux qu'il pourrait être mon grand-père, mon père était l'ancien chevalier d'Andromède. Il m'apprit à manipuler le cosmos, à me battre, mais je n'avais pas besoin d'apprendre, je savais déjà me battre. Quand il me sentit prêt, Priam me parla alors de l'armure de mon père, il me parla alors de tenter de l'obtenir si je le voulais, mais que pour cela, le prix était lourd, car je pourrais y mourir.
6 ans ont passés,
Je me sentais prêt,
Je voulais le devenir,
Pour racheter mes crimes.
L'eau me privait de l'air alors que les chaînes me retenaient, et je tenais bon. Je devais y arriver, je devais le faire, pour avoir un espoir de comprendre qui j'étais, et qui étaient mes parents. Et je sentis cette douce énergie en moi me parcourir. Une armure se posa sur mon corps alors que j'étais aux portes de la mort, à me sacrifier dans l'océan. Elle me protégea, me rendit le souffle de la vie, faisant de moi son nouveau porteur.
J'étais heureux,
Tellement heureux,
Je voulais que Priam soit fier,
Pourquoi est-ce qu'il ne sourit pas ?
J'ai fini par lire la chanson que m'a mère m'avait écrite, j'ai fini par comprendre la vérité cachée derrière, la raison des larmes de Priam. Je suis retourné le voir, affolé, je voulais des explications, je voulais lui parler. Je l'ai trouvé contre un arbre en face de notre maison, il dormait, sagement. Mes larmes se mirent à lentement couler en le fixant.
« Je suppose que tu ne pouvais pardonner à ton fils ce qu'il a fait à ta belle-fille, mais qu'en même temps, tu voulais aider leur enfant. Merci, grand père, je te jure que mes chaînes ne feront jamais couler le sang injustement. Je ne suis plus un Assassin, je suis Ithnan, chevalier d'Andromède. »Prenant un bateau pour la Grèce, je partais vers les espoirs de Priam, je partais vers le sanctuaire d’Athéna pour devenir un véritable Saint, un véritable Chevalier, ayant laissé la chanson de ma mère posée sous ce petit caillou taillé sur la tombe face à la maisonnette abandonnée.
« Reposes en paix, grand père. »--- Alya's Lullaby ---
C'est pourquoi...
Pardonne-moi d'être une mauvaise femme.
Une fleur au nectar trempée se morfondant seule,
Mais si cela peut te calmer, toi mon aimé,
J'accepterai cette douleur.
Laisse-moi ce soir oublier pour encore quelques instants.
Un verre suffit à apaiser la douleur.
Je t'aime,
Je ne peux pas te pardonner.
Je veux t'oublier,
Je ne peux pas me séparer de toi.
C'est ainsi que les cicatrices que tu as laissées,
Me refont souffrir cette nuit une nouvelle fois.
S'il te plait...
Pardonne-moi d'être une mauvaise femme.
Il y a la voix qui bat, et celle qui se lamente,
Mais si cela peut protéger mon tout petit fils adoré,
Je peux supporter cette blessure aussi.
Je me suis résolue à ne laisser aucune blessure se former,
Sur son corps si impeccable qu'il me rendrait jalouse.
Une femme reste forte même seule,
Ne pleure pas, sinon tu flétriras.
Même une petite fleur peut s'épanouir,
Si elle joue le rôle d'une délicate rose.
C'est pourquoi...
Ce soir j'ai mis mon rouge à lèvres,
Trinquons une dernière fois ensemble,
Afin que plus personne n'ait à souffrir,
J'ai pris un poison indolore.
Afin de ne pas dévoiler le "Derrière de mon Masque",
Je mets un terme loin de lui.
Il est maintenant dur de discerner les blessures.
"Je t'aime."
S'il te plait...
Pardonne-moi d'être une mauvaise mère.
J'avais dit que je serai rentrée pour minuit,
Mais ne t'inquiète pas, je vais bien,
Ce soir, mes blessures ne me font plus mal.