Ray, Cardinal du feu

Ray Griffon

« Ares »

VOTRE HISTOIRE

Thermopyles, 480 av. J.-C.

La bataille des Thermopyles fait rage, une sublime bataille où l'ennemi est en large supériorité numérique. Sparte ne possède aucune chance de gagner cet affrontement et pourtant aucun des 300 spartiates ne regrettent leur vie. Ils sont nés pour ce moment. Toute leur vie les a conduit à cet instant précis. De la sélection des nourrissons à la terrible agogée. Devant se trouve Léonidas, le roi qui a défié l'oracle. Derrière des soldats venus des cités libres, stimulé par la présence des spartiates. Ces derniers ne tremblent pas, ils agissent comme un seul homme, une terrible arme au service de leur roi. De l'autre côté des gorges le sol tremble. Les perses arrivent, à la tête d'une armée si grande qu'on ne saurait la compter. La première bataille démarre, les perses sont vaincus, les spartiates s'échauffent. La seconde s'ensuit rapidement, les spartiates rigolent. A la troisième l'espoir apparait. Est-ce donc cela la terrible armée de Xerxes? Au milieu de ces spartiates Léonidas garde la tête froide. Derrière lui un jeune homme en fait tout autant. Il sait que la victoire est loin d'être acquise. Le garçon se met à la place de son ennemi. Si lui aussi il disposait d'une armée de plus de 10 000 hommes et qu'il devait affronter des guerriers d'élite dans un corridor, que ferait-il? Il enverrait les hommes les plus sacrifiables pour fatiguer l'adversaire et il s'agit certainement de l'idée du Dieu-Roi. Léonidas regarde ses troupes, les sourires réchauffent son cœur mais il rugit que le combat n'est pas fini. Un sourire sur ses lèvres.

Trois jours plus tard c'est la débâcle. Les spartiates ont été trahis et les perses les contournent. Léonidas ordonne aux grecs de rentrer chez eux et de compter l'histoire des spartiates qui se sont dressés contre l'envahisseur, qui se sont dressés contre les visions et les probabilités. Jamais un spartiate n'abandonnerait le front, ils retiendront les perses aussi longtemps que possible pour permettre aux alliés de fuir. D'ailleurs les 300 jubilent. Ils vont enfin avoir droit au combat ultime. Mourir au combat, quelle joie, quel orgasme. Le roi se tourne vers le jeune homme et lui pose une main chaleureuse sur l'épaule. Les spartiates n'expriment pas leurs émotions comme les Athéniens. La chaleur de la main et la fierté du regard suffit. Le garçon comprend son roi. La phalange se reforme et se prépare à l'affrontement ultime. Des milliers de flèches obscurcissent le ciel. Logique, si proche de la victoire qui prendrait le risque d'envoyer des troupes en sacrifice? Mais les flèches ne sont rien pour des guerriers d'élites. La plupart sont parées par les épais boucliers. Une fois la pluie finit le sol tremble de nouveau et de toutes parts jaillissent des ennemis. C'est un bain de sang, les spartiates sont euphoriques. Et à chaque fois que l'un des leurs succombe, des cris de joies retentissent. Ce n'est pas l'attitude de personnes saines d'esprits, les perses paniquent. Mais le flot incessant finit par engloutir les braves. Tous les 300 tombent les uns après les autres. Ils ne restent qu'une poignée d'entre eux. Un javelot fonce droit sur Léonidas, mais le jeune garçon lance son bouclier pour le dévier. Son flanc est désormais a découvert, il tente d'esquiver mais c'est déjà trop tard. Une épée le déchire en deux. Il s'effondre et voit son roi lutter seul. L'incarnation de l'esprit de Sparte.

En hauteur, loin des combats un homme caché sous une capuche observe la guerre avec attention. Son regard n'exprime que de la déception lorsque le combat est fini. Aucun de ces hommes n'avaient ce qu'il fallait pour lui convenir. Alors que les perses se dispersent après avoir profané le corps de Léonidas, le tas de cadavre se met à remuer. Dans un hurlement sauvage qui retentit jusqu'à l'encapuchonné émerge le jeune homme. Des perses se ruent sur lui. Il en tue un à main nues, se saisit de son arme et tuent les trois autres. Sa blessure est toujours ouverte, il se saisit d'une torche et tente de cicatriser la plaie. Il n'est pas mort, il ne doit pas survivre. REVENEZ! hurle-t-il. Venez me combattre, offrez-moi une mort digne. Voilà ce que son hurlement signifiait. L'observateur sourit et descend pour intercepter le garçon. Il essaye de le calmer, il a quelque chose d'important à lui dire. Le garçon n'écoute pas, il veut du sang. L'observateur détruit d'un coup de poing un énorme rocher pour montrer l'étendue de ses capacités et obtenir l'attention du garçon mais ça ne fonctionne pas vraiment. Au contraire, désormais le spartiate souhaite affronter l'étranger, une telle force offrirait un combat de légende. L'homme soupire et assomme le survivant.

"Arès aura besoin d'homme comme toi, γρύπας(grýpas, [Griffon en grec]). Je t'emmène avec moi."

Alésia, 52 av. J.-C.

Le centurion Gryphem s'éveilla en sursaut. Il avait encore fait ce rêve, il se voyait combattre pour Sparte et mourir aux côtés de Léonidas. Puis tout s'enchaînait très vite, il se relevait et se faisait assommer, s'en suivait un entraînement intensif. Le Dieu de la guerre marchait ensuite sur Sparte et en prenait le contrôle afin de créer son armée. Le jeune soldat se tenait derrière Arès et se battait pour lui, pour toujours et à jamais. Le centurion se tenait le visage, assis sur sa couchette et fut sorti de sa torpeur par la voix d'un autre.

"Pourquoi tes souvenirs restent-ils accroché à une vie si lointaine? L'interlocuteur était l'homme qui observé autrefois la bataille des Thermopyles.
-Je repense toujours à cet instant avant une bataille décisive. Je n'ai jamais été dans un meilleur état d'esprit qu'à ce moment précis de mon existence.
-Tu regrettes d'avoir survécu?
-Evidemment, j'aurais eu la mort la plus digne qui soit. Mais je préfère ce qu'est devenu ma vie grâce à vous, maître. Je n'aurais jamais imaginé pouvoir participer à tant de conflit, affronter des adversaires si puissants et si intelligents. Ma vie appartient désormais à Arès et il ne saurait en être autrement.
-Primus pilus!!"

Ce cri provenait de l'extérieur de la tente et mit à fin la discussion. Le maitre de l'officier romain disparut comme par enchantement et un légionnaire entra la seconde d'après. Il semblait essoufflé et tenait une missive qu'il tendit en direction du commandant. Ce dernier s'en saisit et la parcouru rapidement. Sa présence était requise immédiatement auprès de César pour le conseil de guerre. Il s'équipa promptement et se dirigea en direction de la table stratégique. Le camp s'affolait et s'apprêtait. On éteignait les feux et on affûtait les glaives. Les soldats le saluaient avec le respect dû à son grade. Il détestait ça, jamais il n'avait fait la guerre pour une reconnaissance, il ne faisait la guerre que pour son plaisir et celui de son Dieu. Mais la tradition militaire étant ce qu'elle était, même-lui ne pouvait y échapper. Gryphem entra dans la tente qui servait de point de rassemblement et se comporta encore une fois comme il le faisait toujours, il se mit autour de la table s'en prendre le temps de saluer ses collègues ni ses supérieurs. Il n'était pas là pour ça et son comportement avait tendance à exaspérer son entourage. Mais la plupart n'y prêtait plus attention, la moitié ayant été déjà sauvé par le centurion, l'autre reconnaissant ses talents. Le plan était trop beau pour fonctionner, comme à chaque fois. Il retourna auprès de ses troupes pour donner ses ordres et les motiver. Sa cohorte, la "légion de Mars" s'était illustré au combat durant toutes les conquêtes de César dont le point culminant était la défaite de la Gaulle. Son unité était réputée pour ne pas craindre la mort et perdre très peu d'hommes sur chaque affrontement, ainsi elle se retrouvait avec des missions toujours plus dangereuses.
En soi, les conquêtes de César étaient le cadet des soucis de notre protagoniste. Il y avait une raison plus profonde quant à sa prise de position dans ce conflit. Une raison divine. Ce n'était pas réellement une guerre sainte... A moins que ça l'était? L'objectif de Gryphem était de trouver et éventuellement former des combattants qui pourraient devenir des Berserker d'Arès, tout en éliminant des chevaliers et guerriers divins en tout genre. Sa vie était dédiée au combat et à l'entrainement. D'abord avec les spartiates puis avec son maître qui l'avait initié au cosmos et lui avait offert un univers bien plus grand que tout ce qu'il aurait pu imaginer. Des décennies durant il a parcouru le monde afin de parfaire sa maîtrise des armes et du combat. Il participa et créa des conflits partout où il se rendit. Depuis son allégeance à Arès son corps ne vieillissait plus ou beaucoup plus lentement. Il restait cependant mortel et à chaque combat il frôlait la mort ce qui le rendait encore plus vivant. Sa dévotion envers le maitre de la guerre était infaillible. Aujourd'hui, plus de 400 ans après son engagement, c'était à son tour de transmettre ce qu'il avait appris et de recruter des guerriers dignes.

Le siège d'Alésia étant en place, il n'y avait rien de mieux à faire que de dormir jusqu'au moment de la fameuse missive. Un gaulois contournait le siège à la tête d'une cavalerie gigantesque dans le but de désorganiser Rome. Le légat Labiénus et six cohortes, dont celle du Primus, étaient détachés pour bloquer Vercassivellaunos, le commandant gaulois. La bataille démarra, la "légion de Mars" chargea. Des troupiers contre des cavaliers. L'ordre fut donné, une formation propre aux légions romaines fut exécutées, les lances dirigés vers l'ennemi. Les chevaux tombaient et on exécutait les hommes aux sols. Malgré tout, les formations furent brisées. La bataille devint un charnier. Gryphem surgit sur son cheval et ordonna aux troupes de reformer les rangs. Sa simple présence changea la donne. Il confia la responsabilité de la formation à son second et s'élança parmi les troupes ennemis. Il voulait trouver un adversaire digne et chargea en direction de Vercassivellaunos. Peut-être que lui pourrait offrir un combat décent. Le centurion tua sans hésiter ceux qui se dressaient sur sa route et trouva finalement sa proie. Il fit en sorte que personne ne les dérange en créant un cercle de feu autour de lui et de son adversaire. Les deux hommes se faisaient face.

"Tu pourrais déployer ton talent au service de l'humanité... dit le gaulois.
-Tu rigoles là? Vos pathétiques Dieux gaulois sont sur le point d'être éradiqués. Si tu es capable de m'offrir un combat épique je te récompenserais en te présentant à Arès.
-Je préfère encore mourir que de servir un tel monstre."

Les deux rivaux brûlèrent leur cosmos et s'affrontèrent de toutes leurs forces. Le combat était féroce, l'ennemie était entraîné et sûr de lui. Le romain échappa à la mort de justesse plusieurs fois. Son bras gauche était en miette. Il lâcha son arme et ferma les yeux. La concentration était la clé, il devait brûler son cosmos encore plus et atteindre le septième sens. Gryphem poussa un cri bestial qui paralysa son ennemi, l'air autour devint lourd, presque irrespirable. Une charge finale envoya son adversaire au tapis. Le centurion récupéra son arme avec sa main valide et la posa contre la nuque de son adversaire.

"Tu as bien combattu, je te le concède. Tu peux mourir ici ou rejoindre Arès."

Il n'eut pour seule réponse qu'un crachat.

"Alors tu as choisi la mort. Je dois te dire que j'aurais été déçu s'il en avait été autrement."

Le primus se retourna et quitta le cercle de feu en épargnant son adversaire sans dire un mot de plus. Sans son leader charismatique la cavalerie gauloise fut vite arrêtée et le conflit prit fin. Le siège d'Alésia se termina à la suite de cet évènement. Rome était victorieuse et le centurion Gryphem fut considéré comme mort, bien que son corps n'ayant jamais été retrouvé. Pour lui il était temps d'aller voir comment on se battait dans d'autres régions du monde, il n'avait aucune attache pour Rome et ne souhaitait pas y retourner.

Rome, août 410

La décadence d'un empire, comme toujours. Les puissants finissent toujours par tomber. Cela fait plusieurs fois que l'empereur Honorius refuse d'offrir à Alaric les terres qui lui sont dûs. Pour le Wisigoth la coupe est pleine, il va mettre sa menace à exécution et marchait sur Rome. L'exploit de prendre la cité n'a pas été accompli depuis 800 ans, les romains imbus d'eux-mêmes rigolent de la menace. Alaric réunit ses troupes, parmi lesquelles on trouve un soldat au visage familier. Il se fait désormais appelé Greif et dirige une petite troupe de mercenaire. Il a lui-même proposé ses services gratuitement, comment pouvait-il ne pas participer à un combat aussi prometteur? Et puis il est temps de remettre de l'ordre dans la religion. Déjà qu'il écorchait le nom de Arès en Mars, passe encore, mais alors croire qu'un homme né d'une vierge est le fils du Dieu unique? Le mercenaire serra les rennes de sa monture à l'évocation de cette idée. Le seul vrai Dieu était Arès et Rome semblait s'être perdue. La cité n'avait aucune chance et durant trois jours ce fut un pillage comme on en avait plus vu depuis ce qui semblait une éternité. Alaric posa des règles très strictes, on ne touche pas les femmes, les hommes et les églises. Quel ennui! Heureusement pour Greif et ses hommes, ils n'étaient pas liés aux Wisigoth. Ils prirent d'assaut un bordel et prirent femmes et alcools autant qu'ils le pouvaient. Le commandant ne participait à ce genre d'actions, mais ses hommes étaient comme ça. Il sauta sur le toit de la bâtisse et contempla Rome s'embraser. C'était un spectacle jouissif. Il n'était pas revenu ici depuis longtemps et ne reconnaissait même pas la cité. Pourtant, il sentait comme une nostalgie. La prise de la ville était bien trop simple contrairement au siège d'Alésia. Bâtir un empire suite à une guerre qui semblait perdu et s'écrouler du jour au lendemain, quel triste ironie. Il frappa le toit de rage. Bon sang! Arès ne saurait se contenter d'une guerre aussi minable. Aucune difficulté! Il entra dans le bordel et annonça à son second qu'il devait s'absenter quelques temps.

Il alla au temple de mars et s'agenouilla devant la statue de son Dieu. Les temples païens étaient encore bien présents dans la cité, malgré la montée du christianisme. Il s'excusa longuement auprès du dieu de la guerre et contempla ensuite les lieux. Sa visite touristique fut interrompu par son maître qui surgit de nulle part, comme à son habitude. Il n'avait plus rien à apprendre à son élève. Le combat final qui déciderait lequel des deux survivrait se déroulerait ici même dans ce temple, sous le regard de Arès. La dernière leçon, un combat à mort. Chacun se saisit de son arme de prédilection. La hallebarde pour le maître, l'épée à une main pour le disciple. L'avantage de l'allonge et de la puissance contre celle de la vitesse. Plusieurs assauts eurent lieux. Chaque coup provoquaient des ondes qui détruisaient le lieu saint, mais peu importe les dégâts, tous les deux veillaient à ce que la représentation de leur Dieu en sorte indemne. Ils libèrent leur cosmos, chaque coup cherchent à tuer. Aucune hésitation, ils savent que la moindre inattention sera la dernière. Les blessures s'accumulent, le sang coule, les respirations ralentissent. Le mercenaire a développé une technique en secret, il compte bien surprendre son maître avec celle-ci. Un coup spécial qu'il n'avait jamais, qui ne provient pas de lui contrairement à l'arsenal dont dispose Greif. Il lâche son arme et prends la pose adéquate. Jusqu'à présent tout n'était que physique. Des coups pour endommager le corps, des attaques que l'on peut anticiper. C'est pourquoi il a appris une attaque psychique, qui perturbe le mental de la cible. Cette attaque il la tient d'un maître indien. Il prononce le nom de la technique juste avant de se faire transpercer par l'arme d'hast. Son maître s'immobilise instantanément, le regard vitreux, son âme semble ailleurs. L'ancien spartiate enfonce d'un coup sec et chirurgical sa main dans la poitrine du guerrier et en retire son cœur.

"Arès n'a besoin que des meilleurs combattants."

Il lâche le cœur et s'effondre de fatigue juste après.

Jerusalem, 1187

Son nom a évolué à travers les âges, aujourd'hui on l'appelle Ray Griffon. Griffon est le nom qu'il a gardé toute sa vie traduit dans la langue du pays où il vivait. Ray est le prénom de son maître, qui le tenait lui-même de son maître, comme une sorte de titre. Ces derniers temps il était en France en tant que croisé. Il avait revu sa conception du christianisme, c'était une des meilleures inventions de l'humanité, beaucoup trop belle pour que ce soit réellement humain. L'idée d'un Dieu unique avait engendré tellement de conflit, des guerres perpétuelles, des guerres saintes opposant uniquement les hommes. Des conquêtes, des inquisitions, des conversions... Cette époque était fantastique. Et ces armures dont s'équipaient les chevaliers étaient tellement lourdes qu'elle limitait les mouvements de Ray, une invention incroyable qui lui permettait de s'entrainer et de réduire ses performances.

Les croisés font face à Saladin qui désire ardemment s'emparer de Jérusalem. La température extérieure rend le port de l'armure insoutenable. La ville sera assiégée d'une minute à l'autre et ce sera le chaos. Mais Ray ne participera pas, pas cette fois. Il a une histoire personnelle à régler. Il a une autre et véritable guerre sainte. Il attend du haut des remparts et cherche son adversaire, celui-ci ne devrait pas tarder. Au loin un objet vole dans sa direction en scintillant. Le guerrier sourit et saute en direction de cette masse couleur or. Il s'agit d'un homme, le chevalier d'or de la Vierge. C'est un jeune homme qui semble extrêmement sûr de lui et qui dégage une aura écrasante. Sans se concerter ils s'éloignent du conflit principal, ils ne veulent pas être dérangé et veulent se donner à fond. Ces deux hommes ont un passé commun. Le saint est l'ancien disciple de Ray. Il l'a pris sous son aile lorsque ce n'était qu'un enfant et lui a donné une éducation des plus spartiate. Il a cherché à modeler le guerrier parfait, créer l'outil qui serait capable de le tuer à la suite d'un combat intense. Mais le caractère de son disciple l'entraîna vers le sanctuaire et en fit un chevalier d'Athéna. Tant mieux, c'était exclamé le guerrier, il apprendrait des choses que même lui ne connaissait pas.

"Tu t'es enfin montré!
-Je ne voulais pas en arriver là, mais tu ne nous laisses pas le choix. Le grand pope m'a demandé de t'éliminer.
-Gentil chien, viens donc accomplir la volonté de ton maître."

Tout en s'affrontant aussi bien physiquement que psychiquement, des souvenirs émergeaient dans l'esprit des deux combattants. Ray avait été très dur avec son élève, mais il l'avait également protégé et lui avait sauvé la vie. Il ne cherchait pas à tuer des enfants mais savait que montrer un attachement et de l'amour tisserait des liens qui seraient difficiles de briser. C'est pourquoi il tentait de ne montrer aucune émotion envers l'orphelin, mais en vain. Ce dernier l'avait déjà vu sourire, ils avaient rigolé ensemble. Le chevalier avait refusé d'affronter et de tuer son ancien maître jusqu'à présent, car il considère toute vie comme sacré. Et que malgré tout, il était comme un père. Jamais il ne serait devenu chevalier d'or sans lui. C'est pourquoi Ray avait tué autant de chevaliers ces derniers jours, pourquoi il avait déclenché des conflits. Pour forcer le sanctuaire à agir.

Le maître a clairement l'avantage sur le plan physique. Il est plus rapide, plus précis et plus puissant. Mais sur le plan spirituel il se fait totalement dominer. La Vierge le prive de ses sens petit à petit. La vue, l'ouïe, le goût, l'odorat. Il ne lui reste que le toucher. Tant mieux, il sent encore son corps meurtrie, il ressent le sang qui s'écoule le long de son corps, il ressent les mouvements du vent. Il peut empoigner son arme de toutes ses forces et charger son élève. La vierge sursaute, comment quelqu'un ayant perdu quatre de ses cinq sens peut encore avoir la volonté de se battre? Il n'abandonne donc jamais? Le chevalier esquive l'attaque, mais trop tard, il est touché. Ce n'est pas un coup dangereux, mais très une attaque arrive. Il se téléporte à l'arrière du combat pour reprendre ses esprits. Il n'aurait jamais imaginé que son maître puisse se battre uniquement avec les sensations de son corps. Il est temps d'éliminer ce sens. Le trésor du ciel de la Vierge prive le spartiate de son dernier sens. Celui-ci s'immobilise, il n'a plus de repère. Il est totalement perdu. La Vierge lui ordonne de se rendre par télépathie. Il ne reçoit que des rires pour réponses. Le cosmos de Ray s'embrase comme il ne l'avait jamais auparavant. Le septième sens, celui dont rien ni personne ne pourrait le priver. Maintenant que ses autres sens sont éteints, celui-ci atteint son paroxysme. Le sol tremble autour de lui.

"Pensais-tu réellement que me priver de mes sens m'empêcherait de me battre? Je te l'ai dit, si tu n'as pas l'intention de me tuer tu n'y arriveras pas."

Impossible! Une telle combativité dans un moment pareil? Cherchait-il à mourir? Oui! Mais oui! C'était la réponse. Depuis tout ce temps Ray essayait de mourir, une mort glorieuse au combat. Le chevalier avait trouvé la solution, il lui suffisait de partir, maintenant. Ce ne serait pas une fuite, il avait dominé ce combat et tuer son adversaire ne ferait que lui rendre service. En l'abandonnant ici il brûlerait sous le soleil sans en même en ressentir les conséquences. Le chevalier d'or pris son envol et sans un mot quitta le champ de bataille.

"NON! REVIENS! Tu n'as pas le droit! Tu ne peux pas fuir! REVIENS!"

Les mots de Ray ne parvinrent jamais à sortir de sa bouche désormais muette. L'avenir n'avait jamais été aussi incertain pour lui.

En France, de nos jours

Ray n'ayant pas été très actif ces derniers temps revient reprendre ce qui lui appartient. Son titre, son rang et son armure. Plus prêt que jamais à servir son Dieu, Arès.

MES INFOS +

Son corps musclé est couvert de cicatrice en tout genre, des lames, des flèches, du feu. Il a été blessé et soigné un nombre incalculable de fois et sa chair est un témoin de sa vie de guerrier. Sur le dos un tatouage représentant un griffon se tenant sur les pattes arrières. Sur l'avant-bras droit le symbole de Sparte, souvenir de sa fierté d'antan. Au niveau de l'épaule gauche se trouve le sigle S.P.Q.R., le sénat de Rome. Il possède des yeux verts et des cheveux noirs, qu'il garde souvent relâché, tombant sur les épaules.

Les jeunes spartiates apprennent à vivre en communauté, dès l'enfance ils sont formés comme un seul homme. De ce fait Ray a toujours été une personne extremement sociale, pour qui la vie de ses frères d'armes importe plus que la sienne. Mais avec le temps il a eu de plus en plus de mal à trouver des gens qu'il considérait comme des égaux, son arrogance prenant le pas sur son envie de se faire des amis. Durant cette formation on enseigne aux jeunes le goût de l'effort, comment survivre à tout prix, on en fait des guerriers, mais les arts théoriques et artistiques ne sont pas délaissés. Ils apprennent les mathématiques, un brin de philosophie et à faire de la musique. L'entraînement est aussi valable pour les femmes, bien qu'amoindris car elles ont la responsabilité d'engendre les meilleurs guerriers au monde. L'égalité est une notion extrêmement importante à Sparte. Que ce soit des femmes, des hommes ou des enfants, tout citoyen est traité avec le respect qui lui est dû. La plupart des ressources sont mises en commun pour le bien de la cité et de l'armée. L'intégralité de ces traits sont ancrées profondément en Ray.

Il apprécie être entouré des gens qu'il apprécie mais n'est pas un gros fêtard. Il a tendance à ne pas prendre part aux festivités, pas de manière direct. Il restera plutôt assis à table à discuter calmement ou observer les gens qui s'amusent. Il refuse de boire de l'alcool ou de prendre n'importe quelle substance pouvant altérer sa perception. Ce comportement lui donne un aspect un peu froid, distant, mais ce n'est pas vrai. C'est une personne très chaleureuse et prête à tout pour son entourage. Il n'aime juste pas faire la fête.

Avec le temps, à force de voir mourir les gens proche de lui, il a commencé à se détacher émotionnellement. Il est devenu plus méfiant et plus sélectif dans ses relations, privilégiant la qualité plutôt que la quantité. Il a déjà connu l'amour, une guerrière incroyable. Il aurait pu mourir pour elle. En sa présence c'était un autre homme, il voulait créer un foyer paisible et élever ses enfants. Mais l'appel de la guerre grondera toujours en lui. Il partit lorsque une bataille perdue d'avance commença, il devait rejoindre le camp des perdants et inverser la situation. Plus le défi est important et plus il arrive à se surpasser.

Ray considère que le combat n'est pas juste une question de force ou de maîtrise de l'arme. Pour beaucoup l'usage d'arme, notamment à distance, est perçu comme lâche. Mais la réalité d'un combat est tout autre, il y a un vainqueur et un vaincu. Chacun ses points forts et ses points faibles. Se perfectionner c'est combler ses défauts. On ne demande pas à un poisson de grimper aux arbres et on ne lui reproche pas de tricher parce qu'il respire dans l'eau. C'est ainsi qu'il perçoit l'essence du combat. Peu importe les techniques, ce sont deux volontés qui s'opposent.

Tout adversaire valeureux mérite d'être épargné alors que lui-même refuserait qu'on l'épargne. Ce paradoxe est une caractéristique importante chez Ray. Il estime qu'un combattant puissant ayant perdu pourrait le devenir encore plus, il le laisse vivre pour que celui-ci s'entraîne, se surpasse et tente de prendre sa revanche. Ce n'est pas de la pitié, c'est même un acte purement égoïste. Le seul but est de pouvoir faire face à des conflits toujours plus difficiles. Cependant, si un adversaire lui laisse la vie sauve il prendra ça pour de la pitié et ne le supportera pas.

Les insectes, entendez par là ceux qui sont faibles, se dressant sur sa route seront écrasées. L'homme regarde t-il où il marche afin d'éviter les fourmis?

Quand il ne s'entraîne pas il aime méditer. Il lui arrive de jouer de la musique, mais ce n'est clairement pas un domaine où il excelle. Il s'est également découvert une passion pour la lecture depuis l'invention de l'imprimerie et la lente diffusion des livres.

Son rapport personnel à Arès est particulier. Il le vénère comme un Dieu tout en le considérant comme son objectif ultime. Il est le maître de la guerre et est le plus puissant guerrier, indubitablement. Ray à conscience de n'être qu'un insecte pour lui, il lui voue donc une dévotion implacable, en attendant le jour où il pourra se battre contre lui.