[FB an 562 - Nimuë / Hermès] Les affaires sont les affaires [TERMINÉ]
Auteur
Message
Nimuë
Messages : 608
Sujet: [FB an 562 - Nimuë / Hermès] Les affaires sont les affaires [TERMINÉ] Mer 28 Aoû - 22:52
Reine
Londonium. Théâtre d’insurrections, ville conquise par les Romains des siècles auparavant, j'en avais fait mon nouveau point d’ancrage depuis quelques années. Je m’y étais établie, m’amusant à croire que j’incarnais la nouvelle Boadicée, la Reine Icène qui s’était soulevée contre l’envahisseur romain. Mais, à la différence de cette chère Boudicca, mes actions rebelles se concentraient sur des visées plus… ou moins nobles, selon le point de vue.
La Tamise m’offrait le luxe de pouvoir amarrer mon navire. Et le « D'ardaigh an Fuilteach » ou la Rose Sanglante se forgea rapidement une terrifiante réputation. Tout comme le reste de son équipage, bien sûr. Si je faisais des affaires fructueuses ici, c’était avant tout pour la gloire du Sanctuaire sous-marin. Cinead m’avait demandé, sans détour pour une fois, de conquérir les lieux : un point stratégique avait-il affirmé.
Je compris vite pourquoi. Ces terres regorgeaient de richesses et le commerce y était fructueux. Cependant, notre royaume ne fut pas le seul à avoir jeté son dévolu sur cette partie du monde. Et comme les Romains s’en détournaient de plus en plus, les loups, nombreux, furent prompts à agir et à sortir de l’ombre.
Les Saints, tout d’abord, voulurent gérer l’affaire diplomatiquement. J’avais découvert, peu de temps après mon arrivée, qu’ils avaient œuvré dans le feutré -tout pareil que les copains- en faisant naître l’impulsion de cette nouvelle religion du Dieu Unique. Un courant tout à fait étonnant, mais hélas vite détourné par l’esprit des Hommes, guidés par le désir d’émancipation des déités qui les gouvernaient. Les Saints, qui paraissaient perdre le contrôle de la situation, se présentèrent à moi alors que je déployais des trésors d’ingéniosité pour… les éviter et la leur faire à l’envers.
Alors que je m’enfonçai dans une situation inextricable, les Spectres s’en étaient mêlés, prétextant que la terre leur appartenait, qu’une porte infernale s’y trouvait depuis des siècles. À ceux-là je ne manquai pas de leur faire remarquer qu’il s’agissait d’un très vieux tertre de MA famille et leur demanda gentiment d’aller se faire voir chez les gre… Romains !
Finalement, après quelques coups de pied aux fesses, des soulèvements divers et de longs discours interminables, me voilà Souveraine absolue de la future Londres, accordant aux perdants, une maigre compensation qu’ils acceptèrent sans ciller. Les cons.
Aujourd’hui je m’offrais le luxe de me détendre et d’arpenter, seule, les abords du quai. Habillée d’une cape de voyage, je dissimulai mes cheveux sous le tissu déjà gorgé d’eau de pluie. Je poussai un soupir : ce n’était pas pour le climat que nous avions choisi ce territoire. Ni la brume.
Alors que j’évoluai dans ce manteau caligineux, je levai la tête vers une enseigne d’auberge au nom tout à fait approprié : « Le Leprechaun saoul. » Ou mensonger : je n’avais jamais vu l’une de ces Créatures bourrées ! Haussant les épaules et distinguant l’écho de musique paillarde, je poussai la porte de l’établissement.
Aussitôt, une odeur d’alcool, de nourriture et de chien mouillé me sauta au nez. Hm, ça aurait pu être pire ! La dernière fois, ils avaient laissé un poivrot dans son vomi et sa pisse.
Je pris place directement au comptoir et interpellai l’aubergiste, occupé à reluquer l’une de ses serveuses - une nouvelle - : une beauté plantureuse, mais au sourire niais. J’imagine, à ses gloussements et aux mains qu’on portait à sa croupe, qu’elle n’était pas farouche, ni très éclairée. Bon après tout, y’en a que ça rebute pas.
« Qu’est-ce que j’vous sers ? »
Cette fois, je fronçai vraiment du nez : en plus de probablement se taper la jolie blonde, il tapait directement dans ses réserves et, dans son haleine chargée, je distinguai toute autre chose : un effluve moribond. Un de ces jours, son cœur allait lâcher. Je ne me trompais rarement. « On va commencer par… ce que vous avez de plus fort. »
Une lueur s’alluma dans ses yeux torves. Je le vis se retourner, l’air de rien pour me servir une liqueur ambrée qu’il fit couler dans un verre presque propre. Ce faisant, je le vis faire un signe à quelqu’un dans le public amassé autour d’un barde pas très compétent. Suspicieuse, je glissai une pièce à l’intention de l’aubergiste tout en gardant à l’œil le type qu’il avait fait appeler. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre que ça puait. Très fort. Dans quel traquenard je m'étais encore fourrée, moi ? En plus la boisson était immonde.
Une grosse main se posa en travers de mon épaule.
Et sans plus de cérémonie, je décrochai à l’imprudent une droite fulgurante. Dans l’action, ma capuche s’était affaissée, dévoilant de longs cheveux de feu qui dansèrent en même temps que moi. Car le gars n’était pas seul et, sous les acclamations joyeuses des soiffards de l’auberge, d’autres se jetèrent sur moi. Je les évitai sans le moindre problème, contre-attaquait avec une précision chirurgicale, me contentant de viser des endroits qui les mettraient à coup sûr hors d’état de nuire.
Or, le premier que j’avais envoyé valdinguer s’était redressé et laissa échapper un cosmos singulier qui me fit lever un sourcil.
« Vous travaillez pour qui, bande de trous du cul ? »
On ne me répondit que par un rire et un crachat sanguinolent. Ce dernier eut l’outrecuidance d’atterrir sur mes bottes. « Tant pis pour vous. »
Je dégainais mon épée hors de son fourreau. Et avant que je comprenne ce qui m’arrive, je reçus un coup derrière la nuque. Le noir s’imposa. Les bruits, confus, me parvinrent dans mon état proche de l’inconscience. Je me sentis entraînée dans une ruelle, la pluie tombait sur moi. Des couinements de rats. Une porte qui grince, des clapotis, des murmures échangés. On me balança au sol et la porte se referma. Le froid m’engourdissait et je fus emportée dans l’inconscience. Vous parlez d'une Reine !
"Et si l'on glisse et tombe aux portes de la mort, se relever bien vite et danser encore et encore !"
Habits:
Dernière édition par Nimuë le Sam 11 Jan - 10:58, édité 1 fois
Hermès
Rôle : Tourment.
Messages : 67
Sujet: Re: [FB an 562 - Nimuë / Hermès] Les affaires sont les affaires [TERMINÉ] Sam 21 Sep - 11:39
Les heures semblent défiler, lentement. L'inconscience est parfois une amante fort possessive... surtout en cet instant. Car, oui, les heures semblent défiler, lentement, dans cette cellule. À leur image, l'humidité s'agglutine, s'écoule, frappe contre le sol, tandis que l'écho, lui, accompagne ce claquement... sans pour autant briser ce silence. Car il est là, il est présent, il s'accroche à cet endroit. Il empli totalement cette petite pièce, semblant l'isoler bien plus que cette lourde porte en bois. Un silence pesant, effrayant même, pour certains. Naturellement, la majorité des gardes ont commencé à éviter la cellule une heure après l'arrivée de la demoiselle. Sans vraiment savoir pourquoi. Sans vraiment se demander pourquoi. Parfois, il y en a bien un, plus courageux que d'autres, qui ouvre cette petite trappe, pour épier la prisonnière.
Et il voit le corps de cette Reine. Il voit la petite flaque formée par les gouttes qui, toutes les 10 minutes, avec une précision presque obsessionnelle, se forment, pour éclater, sur le sol, alimentant ce point d'eau souillée. Mais voit-il la silhouette, installée depuis quelques heures maintenant, à la même place – un coin de la pièce –, observant cette pirate endormie... et cette eau continuer de tomber ? Voit-il son léger sourire et son visage légèrement marqué par le temps ?
Pas vraiment. Et ce n'est pas seulement à cause de la capuche, non... Il ne peut juste pas voir ce que l'ombre accepte de cacher. Même cette pièce, que les doigts de sa main gauche font bouger, à un rythme régulier, précis.
Alors, il laisse entendre – lui, ce garde – un grognement satisfait, avant de se détourner, se disant quand même qu'il ne voit pas pourquoi ses collègues ont aussi peu envie de vérifier cette cellule. La peur que la furie se réveille, peut-être. Ce serait la seule explication logique.
Ainsi, une demi-heure s'écoule... Et à la troisième goutte – rappelez-vous, il faut dix minutes pour qu'une goutte se forme et s'écrase –, ce n'est pas l'écho qui résonne, mais simplement quelques mots. « Il est temps de se réveiller. » Son sourire s'étire légèrement. La situation a attiré son œil. Depuis qu'il avait entendu qu'une de ses enfants des mers – métaphoriquement parlant, bien entendu, il n'avait guère de liens de parentés avec cette charmante rousse – avait pu atteindre la haute fonction de dirigeante de l'ancienne cité romain, oui, il s'est impliqué à observer. L'ombre a été son repère, comme souvent elle l'a été. Il a avancé dans les rues qu'elle a visité, à travers les flots qu'elle a fendu... de loin, bien entendu. Parfois par les yeux de corbeaux, qui venaient chanter à son oreille. Le tout, jusqu'à cette pièce, exiguë, humide...
Et pour la première fois, il lui parle. Pour la première fois ? Difficile à dire... Son regard clair pourrait lui rappeler celui d'un mendiant qui a observé ceux qui refusaient de lui offrir une pièce. Et qui remerciait ceux qui lui en offraient une. Malgré tout, sa voix résonne difficilement, comme lointaine, dans cette inconscience. Le son qui, finalement, se fait plus fort, plus présent, est celui d'une pièce qui est lancée, puis rattrapée. Il en devient même assourdissant. Quand elle ouvrira les yeux, elle ne verra rien. La cellule vide. Pendant quelques secondes. Puis, lentement, ses yeux s'adapteront, et elle remarquera cette forme à la discrétion digne des plus astucieux voleurs ou des plus silencieux des assassins.
Elle reconnaîtra les traits légèrement tirés et fatigués du mendiant, sans savoir où elle les as vu, réellement. Oh, certes, elle aura du mal à le voir tout de suite : ce ne sont pas des haillons qui recouvrent son corps, mais une sombre tenue, aussi discrète que silencieuse, une capuche couvrant une tignasse dont la vitalité de la couleur commence a être arrachée par le temps.
Et il lance à nouveau cette pièce, qu'il rattrapera à nouveau.
« Ce n'est pas un bon endroit pour une Reine, n'est-ce pas ? »
Nimuë
Messages : 608
Sujet: Re: [FB an 562 - Nimuë / Hermès] Les affaires sont les affaires [TERMINÉ] Sam 21 Sep - 12:55
Un Pion ou le Fou ?
Mes doigts s’animèrent, appréciant chaque aspérité humide d’une roche froide et dont la dureté m’arracha un grognement. Mon corps entier se rappela à mon bon souvenir, perclus de douleurs. Je reconnus la résonnance des coups portés, la plainte des muscles tétanisés d’avoir conservé longtemps cette odieuse immobilité. Il me semblait avoir entendu quelqu’un me parler. Mais, à travers le voile de l’inconscience , je pensais à une illusion de mon esprit. Pourtant, une fois accommodée aux ténèbres, mon regard discerna une forme. Puis un mouvement dans l’air. L’éclat doré, aussi bref fût-il, m’interpella. De même que cette voix, écho indéchiffrable : où avais-je pu déjà l’entendre ? Je ne répondis pas tout de suite, découvrant, en me redressant, une sale blessure à mon flanc gauche. Cette saleté s’était probablement rouverte lors de mon incarcération. Je l’avais récolté quelques jours auparavant dans un duel m’opposant à un homme qui… je grimaçai, appuyai dessus pour stopper le saignement. Ma chemise s’imbiba d’écarlate.
« Putain. » Sifflai-je entre mes dents, prise d’un vertige. Depuis combien de temps étais-je dans cet état ?
Je cherchai quelque chose des yeux qui pourrait m’être d’une quelconque aide. Je réalisai que l’homme n’avait pas bougé. Je l’aurais presque oublié ! J’eus un sourire ironique.
« En existe-t-il seulement un ? Car une Reine est toujours menacée. Surtout sans un Roi qu’elle peut manipuler. »
Je m’étonnai à faire des traits philosophiques avec un parfait inconnu. C’était tout moi ça, trouver dans des situations désespérées, un moyen de m’en amuser. Je pris cette fois le temps de le détailler. Quelque chose d’étrange flottait dans l’air, sans que je puisse savoir quoi. Il ne dégageait rien de particulier et c’était justement ça qui me rendit perplexe. Je lui tendis une main ensanglantée.
« Enchantée, Nimuë O’Bannon. »
Je marquai une pause, renifla, assez contrariée.
« Il faut croire qu’on n’est pas tous logé à la même enseigne. À toi, ils t’ont laissé ta dignité. »
Pas que cela me gênait outre mesure de n’avoir que ma chemise sur le dos, mais quand même, ce traitement de faveur me fit tiquer. « Allons bon. Ai-je devant moi un Pion ou le Fou en personne ? Je préfère te prévenir : je ne suis pas très friande des papotages inutiles. Ni même de la torture, pour tout t’avouer. »
"Et si l'on glisse et tombe aux portes de la mort, se relever bien vite et danser encore et encore !"
Habits:
Hermès
Rôle : Tourment.
Messages : 67
Sujet: Re: [FB an 562 - Nimuë / Hermès] Les affaires sont les affaires [TERMINÉ] Dim 6 Oct - 10:11
Un premier ricanement traverse la capuche. Il apprécie la répartie de la demoiselle. Elle vient de gagner un bon point. Deux autres en plus et qui sait ce qu'elle pourrait gagner. Un Roi peut-être ? Oh, il n'est pas difficile de trouver une bonne tête à couronner. Tant que son esprit n'est finalement pas supérieur à celui de la demoiselle. C'est un contrat que tout dirigeant se doit de signer – et se devra de signer. L'un des deux membres du couple se doit d'être la véritable tête pensante. Le deuxième, lui, est souvent un charismatique imbécile. Bon, bien entendu, parfois le contrat change. D'imbécile il peut passer à rêveur. Mais nulle doute que celle qui souhaite un Roi à manipuler préférera l'imbécile. Bien plus prévisible. Bien plus facile de le faire entrer dans un système de pensée.
« Permettez moi, ma Reine, de vous certifier qu'à l'heure actuelle... » À nouveau, il lance la pièce. Cette dernière tourne sur elle-même, avant de revenir entre les doigts – vêtus de mitaines sombres et abîmées – de l'inconnu à la capuche. « La présence d'un Roi accentuerait votre sentiment d'être menacée. Après tout, s'occuper d'un poids mort... » Il ouvre ses doigts, la main vide de tout objet... bien que ce dernier réapparaît vite, sur les doigts de l'autre main de l'homme, faisant danser la pièce d'une phalange à l'autre.
« N'a jamais été un bon moyen d'être en sécurité, surtout en territoire ennemi. »
Une vérité qui au moins confirme ce qu'elle savait déjà : elle n'est pas dans un environnement neutre. Elle est bien enfermée. Certes, cela aurait pu être pire : être enfermée sans beau parleur à ses côtés. Quoique. Il faudra lui demander à la fin de cette aventure qui semble se profiler.
Il hoche légèrement la tête, retirant par la même sa capuche. Son visage est ainsi plus visible. Un visage qui semble avoir vécu plus d'années que cette Reine. Des yeux bleus, célestes tant ils sont clairs. Et un petit sourire au charme joueur. « Breval. » Il caresse un instant son menton, avant d'observer en direction de la porte, écoutant la petite remarque de la demoiselle. « Voyons, ne l'avez vous pas deviné ? » Il pose son regard sur elle. Il penche un instant la tête sur le côté. « Quelle dignité croyez-vous pouvoir enlever à un corbeau ? Alors qu'à une Reine... » Logique. Irréfutable. Il est dans la nature humaine d'humilier ceux qui ont du pouvoir. Et c'est ce qu'elle vit en ce moment.
Et vient maintenant la question, alors qu'une nouvelle goutte vient rejoindre la petite flaque. Un petit sourire se pose sur ses lèvres. « Si j'étais un pion, je préférerai sûrement, je le confesse, emmener votre corps, totalement silencieux, jusqu'à la Tour - qui se moque éperdument de votre absence de désir concernant la torture, j'en ai bien peur - , ou qui sait... au Roi, aussi sombre que vous êtes immaculée, chère Reine.» Car oui, il semble qu'un Roi soit bien derrière tout cela. Un clan, face à un autre. Chacun ses rôles... Mais est-ce réellement important ? « Plus que mon rôle, vous devriez déjà vous demander... Quelle est ma couleur... ? »
Là est toute la question. Et bien vite, un bruit sourd frappe contre la porte. « Silence ! » Un ordre direct, qui s'accompagne de pas qui s'éloignent. L'un des pions ne semble pas content.
Dernière édition par Hermès le Mar 10 Déc - 3:05, édité 1 fois
Nimuë
Messages : 608
Sujet: Re: [FB an 562 - Nimuë / Hermès] Les affaires sont les affaires [TERMINÉ] Lun 7 Oct - 20:13
Écarlate
Au moins, mes réponses semblaient amuser ce drôle d’individu. Mes sens ne parvenaient pas à clarifier certaines choses le concernant et ça m’agaçait autant que ça m’intriguait. Hypnotisée quelques instants devant son petit manège, suivant la pièce des yeux qui apparaissait et disparaissait à sa convenance, je lançai, d’un ton moqueur :
« Et tu le connais le tour du foulard avec un nœud, on souffle dessus et il y a plus de nœud ? »
Je ne pus cacher mon amusement. Tout comme une autre grimace trahissant le fait que ma blessure m’incommodait.
« Immaculée, vraiment ? Et si c’était moi, la méchante Reine dans cette histoire ? »
Car après tout, j’avais été envoyée ici pour conquérir ces terres. Elles nous revenaient certes, de droit, or il avait fallu déployer des trésors d’ingéniosité et de… disons le franchement, d’entourloupes perfides et vicieuses. Je ne m’étonnerais pas qu’un de ces imbéciles ait finir par comprendre la combine. Et de s’en offenser. Je l’observe retirer le tissu qui recouvrait ses traits. Je le détaille, plonge dans l’azur de ses prunelles. Me sentis aussitôt happée, comme emportée par une vague impétueuse. Je gardais ainsi le silence, avant de le briser :
« C’est là leur première erreur. Le corbeau revêt pour nous une importance capitale. Ah… une bien regrettable erreur stratégique. Heureusement, j’ai bien plus de discernement ! »
Chez les Celtes, cet oiseau porte en lui de multiples facettes. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été en lien avec cet animal. C’était d’autant plus troublant.
« Je rectifie donc : point un Fou, encore moins un Pion, mais un Prince ! »
Une lueur espiègle s’alluma dans mes prunelles rouges.
« La Tour, hm ? Attention, ta Reine a tendance à avoir l’esprit mal tourné. »
Je m’esclaffai, couvrit ma bouche des mains quand un homme ordonna, en beuglant, de nous taire. Je m’approchai de Breval, réduisant la distance nous séparant à néant. Je plongeai à mon tour mon regard dans le sien, cherchant clairement à lire en lui.
« J’ai connu un Corbeau Rouge une fois. Il me fait penser un peu à toi. Je dirai donc écarlate, par pure envolée poétique que notre… situation m’inspire ! »
Je penchai la tête sur le côté, ne me séparant pas de mon expression badine :
« Et parce que je ne suis pas manichéenne pour un sou. »
Doucement, je montai, au niveau de ses yeux, sa pièce en or que je fis disparaître entre mes doigts. Je soufflai à son oreille :
« Bien, j’imagine que ton aide ne sera pas gratuite, gentil Prince. Alors, dis-moi quel sera ton prix ? Ou alors… tu es autant dans la merde que moi et dans ce cas les négociations risquent d’être plus rapides, quoique moins amusantes ! »
Il était sans doute temps de mettre enfin le large.
« Donc ! Personnellement je ne cache rien de très intéressant sous ma chemise. Quoique. Mais toi. Je suspecte que tu dissimules d’autres atours sous ton plumage ! »
Fis-je en désignant ses habits du doigt. Mon index se porta ensuite vers une tache sombre qui continuait de s’étaler sur le lin de mon vêtement.
« À tout hasard, tu ne pourrais pas m’aider avec ça ? Je n’aimerais pas être un poids mort. C’est que je n’aime pas l’idée d’être une demoiselle en détresse… »
"Et si l'on glisse et tombe aux portes de la mort, se relever bien vite et danser encore et encore !"
Habits:
Hermès
Rôle : Tourment.
Messages : 67
Sujet: Re: [FB an 562 - Nimuë / Hermès] Les affaires sont les affaires [TERMINÉ] Mer 23 Oct - 16:40
« L'esprit de Ma Reine ne peut être plus mal tourné que le mien. » Un sourire s'étire sur les lèvres de l'homme qui lui fait face, alors qu'il tourne ensuite son regard vers la porte. La voix terne, bien que puissante, du gardien est accompagnée d'un écho qui convient bien à ces anciens souterrains, aussi humides que sordides. Oh, sûrement pas un lieu qui effrayerait cette royale invitée. Mais a t-elle le luxe de ne pas être apeurée, ou tout simplement inquiète ? Après tout, n'ont-ils pas réussi à la capturer ? Certes, une méthode peu honorable, mais ce n'est pas elle qui allait faire la leçon. Qu'y a t-il d'honorable à prendre ce qui n'appartient pas aux autres de la méthode la plus efficace qui soit ? Oh, n'y voyez là aucun jugement, au contraire... Si cela existe, cela peut m'appartenir. C'est ainsi que certains représentants de la population mondiale fonctionnent.
Et ils sont bien plus nombreux que l'autre partie de cette population l'imagine. Au grand bonheur de Breval. Mais ils sont nombreux à lui offrir du bonheur. Parfois, une simple transaction à observer est suffisante. Parfois, il a besoin de plus de sensation que le simple jeu de négociations. Les émotions humaines, si formidables à contempler. Du moins, lorsqu'elles ne sont pas limitées, cadenassées.
La réponse de la jeune femme concernant le plumage de ce Prince arrache un nouveau sourire à celui-ci. « Bonne réponse, nous devrions bien nous entendre. » Ce qui n'est pas manichéen est bien. L'esprit, libéré de toute chaîne de ce genre, est plus productif ainsi que plus agréable à contempler... Ce qu'il faut, avant toute chose, est respecter son intérêt. À long, ou à court terme, tout dépend bien entendu de vos objectifs. Une chose que cette Reine comprend parfaitement bien en mettant sur le tapis les négociations. Aide contre quelque chose... voilà qui est bien proposé.
« Nous remarquerons que vous êtes la première à faire cette proposition. » Il rigole légèrement, laissant entendre que c'est bien ce qu'il souhaitait. Mais peut-être pas de la forme qu'elle imaginait. Car bien vite, les doigts de Breval s'ouvrent, laissant voir la pièce qu'elle avait elle-même subtilisée. Voler à un voleur, est-ce une bonne chose ? « Je suis, en fait, dans une situation assez similaire à la vôtre. » Son sourire s'étire, doucement, alors qu'il lance à nouveau la pièce. Cette fois, elle semble ralentir... avant de tomber à la vitesse ordinaire... après s'être dédoublée. « Donc nous pouvons nous entraider... et pour illustrer cela. » Il ferme ses doigts, les pièces étant remplacées par un foulard, noué lorsque la main est de nouveau ouverte.
Il souffle dessus. Et lorsque le nœud est défait, le foulard tombe au niveau de la flaque. Puis, simplement, il lève le foulard. L'eau a disparu. Et à l'intérieur du creux, un manteau plié.
« Je connaissais aussi ce tour. »
Enfin, il se redresse, tendant sa main vers la demoiselle. Une proposition d'entraide. Il attend simplement qu'elle accepte cet engagement. « J'ouvre cette porte. Et vous me défendrez pendant que je m'occuperai des autres mécanismes de cet endroit. J'y ai déjà fait un tour, avant de me faire arrêter. » Il pourrait expliquer, plus en détails, bien entendu. Si elle demande. Seulement si elle demande. « Qui sait quel trésor ce Roi cache dans ses coffres. Car il y en a beaucoup. »
Une petite aventure. Un brin de magie. Et une potentielle fortune. Quelle histoire !
Dernière édition par Hermès le Dim 3 Nov - 18:27, édité 3 fois
Nimuë
Messages : 608
Sujet: Re: [FB an 562 - Nimuë / Hermès] Les affaires sont les affaires [TERMINÉ] Mer 23 Oct - 18:13
Reine rouge
« Décidément, cher Prince, tu es bien surprenant. Et c’est un compliment que peu de personnes se voient affubler. Ta Reine peut parfois se montrer difficile… »
Je l’observe faire son tour, fascinée par son adresse. Lui et moi, j’en étais convaincue, pourrions former un duo remarquable. Mieux, inoubliable. De nouveaux desseins voyaient le jour dans mon esprit. En même temps qu’un sourire carnassier. Mon âme de pirate aspirait à le suivre, curieuse de le voir à l’œuvre. J’allais jouer le jeu, mais hors de question de le laisser faire tout le boulot tout seul. J’avisai sa main tendue et, sans me départir de mon rictus, scellait notre alliance en glissant la main dans la sienne. Je me figeai aussitôt, ressentant ce même sentiment de trouble qui l’auréolait. Mes doigts se resserrèrent sur les siens de façon totalement inconsciente. Encore une fois, mes yeux cherchèrent à desceller une chose tapie dans l’ombre des siens. Un mystère que je ne pouvais résoudre, ça m’agaçait plus que tout ! Me reprenant, je desserrai ma poigne et ne bougeai plus, semblant attendre quelque chose de sa part. Le coin de ma lèvre se releva dans une moue mutine.
« Même un Prince devrait se plier à l’Étiquette, tu n’es pas très chevaleresque ! » fis-je en le taquinant, libérant un léger rire. « Et s’il te plaît, au diable les convenances, tutoie-moi. C’est un ordre ! »
Trêve de plaisanterie, il était temps de lancer les festivités. Je me détournai un instant de mon compagnon d’infortune (ou de future fortune ?) pour aller revêtir le manteau qu’il avait fait apparaître comme par magie. Ou par magie. Ce gars-là connaissait son affaire.
« Très bien Breval, mais on va faire ça à ma façon si tu veux bien. Oh et… je te conseille de te boucher les oreilles. »
L’idée de découvrir l’identité du Fou qui se cachait derrière toute cette affaire m’enthousiasmais. Plus encore quand il y avait à la clef, nombre de trésors à dérober ! Ajustant ma mise pour dissimuler ma blessure et ma chemise, je pris une grande inspiration. Yeux clos, je laissai mon cosmos danser autour de moi, animer ma chevelure de feu telle une oriflamme. Il n’y aurait pas de quartier ! Ce n’était pas du tout le genre de la Reine Rouge !
Le chant que j’entamais, d’abord doux, évoquait la mélancolie d’une amante se désespérant de la disparition de son bien-aimé. Très vite, les premiers effets se firent sentir avant d’être tout à fait visible sur ma personne : une aura dorée dessina des ailes membraneuses dans mon dos, qui, tout en majesté, se déployèrent, invitèrent notre gardien à abandonner son poste. Celui-ci, totalement hypnotisé, s’accrocha aux barreaux de la porte et, déçu de ne pouvoir me rejoindre, bloqué par un rempart de bois qu’il pouvait traverser, chercha frénétiquement ses clefs. Au moment où la porte grinça sur ses gonds, le ton de ma chanson se fit plus lugubre, grave. Une lance se matérialisa dans mes mains et, esquissant une danse aussi belle que sanglante, je le transperçai en plein cœur. L’élan que j’avais mis dans le coup l’emporta contre le mur où le corps, déjà sans vie, se ficha. Ma voix n’était plus qu’un murmure presque inaudible, à la fin de ma prestation. Je pris soin de refermer les paupières du mort dans un geste presque maternel. Je délogeai mon arme, accompagnai la chute du gardien pour l’asseoir à même le sol. Puis, je tournai la tête vers Breval :
"Et si l'on glisse et tombe aux portes de la mort, se relever bien vite et danser encore et encore !"
Habits:
Hermès
Rôle : Tourment.
Messages : 67
Sujet: Re: [FB an 562 - Nimuë / Hermès] Les affaires sont les affaires [TERMINÉ] Jeu 28 Nov - 12:45
« Eh bien, pour ne rien te cacher... » Il la suit des yeux un instant, son sourire sibyllin s'étirant doucement alors que ses doigts jouent avec une nouvelle pièce. Faisant l'objet celle-ci quelques instants, c'est à la dernière chute que l'objet finit par se dédoubler, les deux pièces arrivant entre ses doigts. « Les manières chevaleresques et moi sommes en constantes opposition. Je pense même pouvoir dire que nous sommes enfermés dans un cycle de conflits ouverts. » Bien vite, son sourire devient amusé. Il est vrai que pour un Prince, il a été plus cavalier que chevaleresque. Voire totalement agaçant. Mais que voulez-vous, on ne représente pas une certaine idée de la liberté sans compromis. « Mais ne t'inquiète pas... » L'homme ne semble vraiment pas avoir mit longtemps à s'habituer à la demande personnelle de la demoiselle, qu'il continue d'observer alors que le manteau vient épouser par endroits certaines courbes de sa silhouette. « Je suis toujours victorieux. » Toujours. Même lorsque l'essence de ses manigances vient à apparaître, il est celui qui en tire le mieux parti. Oh, certes, parfois certaines de ces dites manigances sont plutôt des services rendus. Et le plus souvent, dans ce genre de cas, la victoire n'est pas une véritable envie. Oh, qu'il aimerait que Héra rappelle à Zeus qui est son épouse officielle – ironique, venant de la part d'un de ses bâtards reconnu. Cela arrangerait bien ses problèmes. Mais pour sa survie – ou du moins sa santé – il est préférable que Zeus soit satisfait.
Pauvre Argos. Il était plutôt sympathique dans son genre. Un peu anthropophage, mais sympathique ! Au moins le Paon est magnifique maintenant.
Enfin, qu'importe... Haussant un petit sourcil derrière la proposition, ou plutôt l'ordre, de la Royale Écarlate, le Prince lève un instant ses mains, avant de reculer, s'inclinant légèrement. « Oh mais je t'en prie. » Après tout, n'est-elle pas chez elle ? Oh, non, pas encore... Ce n'est pas encore chez elle. Ou peut-être que si ? Laissant le champ libre à la demoiselle, il obéit alors simplement à son conseil... bien qu'il finisse par tout entendre. Ou du moins à ressentir, les vibrations, à travers chaque centimètre de son corps. Il ferme les yeux, laissant ce reliquat de musique venir aguicher ses sens, profitant de ces vibrations qui viennent à la perfection imiter la voix.
Mais elle ne le sait pas, là aussi. Pas encore. Elle est, de toute façon, loin de savoir où elle se trouve.
Ses paupières libérant ses yeux, Breval observe alors la scène, cette action digne des sirènes grecques. La mort est violente pour celui qui se fait avoir par le chant des profondeurs... Et la Reine le prouve efficacement. Ainsi, le corps finit par tomber, au moment même où le Corbeau lance une pièce. Un petit sourire se pose sur ses lèvres, observant alors l'homme, puis la jeune femme.
« Allons y. » Ainsi, simplement, il avance, ne jouant maintenant plus qu'avec une pièce, la seconde ayant à nouveau disparue. Les choses auraient pu être moins calme. Les choses auraient pu être pire. Mais il semble que le hasard a décidé de cracher à la figure de la malchance. Pour le moment. Ils avancent donc, dans un long couloir, bien plus travaillé que leur cellule, assez primitive à côté de tout cela. D'ailleurs... Ne connaît-elle pas les lieux ? Ou peut-être croit-elle simplement reconnaître un couloir des souterrains de sa propre forteresse. « Alors, dis moi... Outre l'agacement d'être enfermée dans un donjon, quel effet cela te fait d'être Reine ? »
Nimuë
Messages : 608
Sujet: Re: [FB an 562 - Nimuë / Hermès] Les affaires sont les affaires [TERMINÉ] Jeu 28 Nov - 20:05
Le poids des chaînes
Je suis toujours victorieux.
Tels furent ses mots. Ils me revinrent en mémoire alors que je me reculai pour mieux apprécier cette scène violente, mais ô combien banale pour moi. Tuer un homme ? Je n’en étais pas à mon premier coup d’essai. Et, loin de m’en vanter, je gardais toujours un souvenir de celles et ceux qui s’étaient dressés sur mon chemin. Une image, car après tout, il m’arrivait d’avoir quelques principes. D’aucuns auraient trouvé cela étrange de la part d’une pirate, a fortiori d’une capitaine pirate. Piller, voler, subtiliser, faisait partie du métier. En revanche, je m’étais toujours gardée de m’impliquer dans de vils forfaits impliquant des innocents. Des enfants, surtout. Combien d’équipages, alliés ou non, avaient pourtant dans leur cale, nombre d’esclaves de tout âge ? Cette pensée me révulsa et me fit momentanément bouillonner de rage. Cette digression de mon esprit me valut un moment de silence bien plus long. Le Corbeau devait s’attendre à une répartie plus vive.
« Je suis toujours victorieux, hein ? Tu n’as jamais connu la moindre défaite ? Je ne te crois pas. »
Cette fois, nulle trace d’amusement sur mon visage. Non, juste une once de sévérité. J’éludai ainsi sa question. Elle n’avait pas réellement de sens à mes yeux et, après une nouvelle pause à lui emboîter le pas, je me décidai à lui souffler, d’un ton radouci :
« Je ne tire aucune satisfaction à l’être. Non. Bien au contraire. Ce titre va à l’encontre de ma propre nature, vois-tu. »
Attentive à mon environnement, je gardais tout de même sur mon guide, une attention toute particulière. Qui était-il réellement ? Pourquoi me risquai-je à le suivre, à écouter mon instinct plutôt que ma raison ? Il était fait du même bois que moi, de cela, j’en étais convaincue. Justement ! c’était ce qui devrait me faire peur. Et… non ! Je redécouvrais un sentiment que je n’avais pas éprouvé depuis de longues années. Un frisson.
« Le poids des chaînes m’est insupportable. Je n’existe que pour les briser. Et de m’enivrer de ma propre liberté. »
Et celle-ci avait été bafouée pour un Roi bien naïf. Lui mettre la main dessus, le confronter, percer le mystère, est-ce que je désirai tout cela ? Ou seule comptait l’aventure ? J’avais déjà ma réponse. « Je ne suis pas assoiffée de sang. »
Je stoppai alors mes pas, captura le poignet de Breval : « Même si je peux me montrer impitoyable. »
Je repensais à l’homme terrassé, étendu dans son propre sang.
« Et je ne suis pas toujours victorieuse. »
Des combats, j’en avais bien trop menés. L’envie d’en découdre avec mon ravisseur s’envolait, mais ma poigne, elle se raffermit sur mon vis-à-vis.
« Restons dans les ombres, cher Prince. »
À cet instant, j’entendis des éclats de voix derrière nous. D’autres gars venaient de tomber sur le cadavre de leur ami.
"Et si l'on glisse et tombe aux portes de la mort, se relever bien vite et danser encore et encore !"
Habits:
Hermès
Rôle : Tourment.
Messages : 67
Sujet: Re: [FB an 562 - Nimuë / Hermès] Les affaires sont les affaires [TERMINÉ] Mar 10 Déc - 5:39
« Tu sembles, ma chère, légèrement perdue dans quelques unes pensées que je n'aimerai pas déranger. Sans vouloir te corriger... » Alors pourquoi le faire ? La précision, bon sang. « Je n'ai jamais dit ne pas avoir connu la défaite. Mais c'est tout un art de réussir à transformer un échec en une réussite. Si tu veux te perdre en palabres sur cette notion, ou même sur mes possibles défaites... Sache que ce cher Prince a souvent perdu. Nulle n'est joueur s'il n'est prêt à goûter à la défaite. » Son sourire est autant sincère qu'étrangement malicieux. La vérité est qu'il ne peut mentir sur ce sujet : il perd. Il aime ça. Un pari perdu est une preuve que le jeu n'obéit pas à une règle unique. Après tout, n'est-il pas le Donneur de Chance ? Il serait bien dommage qu'il soit fermé à la notion de perdre.
« Ne pouvons nous pas imaginer la défaite comme, finalement un sentier ? Un sentier que j'emprunte. Comme nous tous, encore heureux ! » Son sourire se fait rieur, alors qu'il reprend. « La victoire n'est-elle pas d'être, finalement, à l'écoute de son propre soi... De ne pas voir le sentier de la défaite comme un problème, mais comme un renouveau ? Puis, n'est-il pas des fois plus intéressant... de perdre pour mieux gagner ? Oh bien entendu, ne vois pas mes élucubrations sur des plans trop émotionnels, ce genre de défaite, celles du cœur, de la famille, n'est pas ce dont je parle. » Tout ça... pour finir sur quelques rhétoriques dont les réponses finiront par disparaître dans les limbes de ce monde.
Parfois, il est intéressant de ne pas donner la parole à certaines personnes, oui. Surtout quand ils ont l'occasion de tenir le crachoir, sur tout, ou rien... Et là, avouons le, c'était surtout sur Rien.
Car, après tout, ce qui intéresse réellement le Corbeau Écarlate, c'est bien la réponse de la demoiselle à sa question, plus essentielle, sur son sentiment. L'émotion ! La grande valeur humaine. Un battement de cœur en dit plus que de longs discours, Breval le sait bien. Alors, lorsque la voix claire de la rousse vient chatouiller ses oreilles, captant les différentes émotions qui pourraient habiter le timbre de sa voix. Ce frémissement entre deux mots, cette attention particulière à ce qui l'entoure... Elle est vive. Consciente de beaucoup de choses.
Bien plus que le commun des mortels. Oh quel dommage qu'ils n'aient pu se rencontrer plus tôt. Elle aurait été parfaite.
Il l'écoute. Son besoin de liberté. Le poids de ses entraves. Il peut l'imaginer, cette sensation que chaque mouvements soit bloqué par du métal, attachant chacun de ses os à cette fonction castratrice. Le poids des chaînes m’est insupportable. Je n’existe que pour les briser. Et de m’enivrer de ma propre liberté. Un frisson traverse le corps de Breval à ces mots. Ils résonnent comme une douce poésie, une réalité que personne ne peut oublier, ne doit oublier. Sinon, à quoi cela servirait de rêver ? À quoi cela servirait de frissonner, d'excitation, de peur ? Un sourire se pose sur les lèvres du Corbeau lorsque les doigts de la Reine viennent se poser, avec fermeté, sur sa peau. Son regard clair la regarde, la fixe. « Tu as raison. Tu as parfaitement raison. La défaite existe. Mais ta force... » Son doigt se pose un instant sur le front de la demoiselle, son sourire se faisant alors plus doux. « Est ce qui est capable de la surmonter, sans t'entraver... Là, tu seras victorieuse. Et sache que nous sommes tous capable d'un tel prodige. » Il donne un nouveau petit coup sur le front de la jeune femme. « Ce n'est qu'une question de conception des choses. Et de ruse. Et je ne doute pas que tu en possèdes. »
Elle s'est confiée, alors autant lui offrir quelques paroles. Des mots non pas de courage, mais de bon sens. Une vision de ce qui peut être fait, de ce qui peut être vécu... Et la façon d'exploiter au mieux même le pire des voyages. Là, chaque jour, elle sera victorieuse.
Finalement... ce n'était peut-être pas si inintéressant comme palabre. Bien que toutes discussions, intéressante ou non, semblent maintenant impossible. « Entendu. » Alors, sans un autre mot, son bras se referme sur elle, qui tient son poignet. L'ombre, telle les plumes d'un corbeau, accompagnent le geste, pour finalement les extirper de la lumière. Une porte s'ouvre. Se ferme derrière eux. Une salle des gardes, vide. « Et cette aventure que Reine et Prince vivent actuellement... est-elle à ton goût ? » Il avance, doucement, semblant parfaitement libéré de la prise de cette rousse enivrée de liberté. Ses doigts viennent attraper les cartes présentes, regardant alors la main d'un des absent. Tarot. « Et es-tu prête... » Il lance alors une carte vers elle, un Cavalier de Pique. « À rencontrer l'un de nos geôliers ? »
La Tour ? Non. Non, non. Le Valet surveillant n'est pas là. Du moins, le pense t-il. D'ailleurs... qu'entends t-on, derrière l'autre porte... ? Sont-ce des coups ? Ouh. Quelle violence !
Nimuë
Messages : 608
Sujet: Re: [FB an 562 - Nimuë / Hermès] Les affaires sont les affaires [TERMINÉ] Mar 10 Déc - 12:22
Premier maillon
Je ne savais quoi répondre. Enfin, si. Je le laissai s’exprimer sur des sujets qui faisaient du sens pour moi. La victoire ne venait pas sans défaite et la défaite représentait une saveur toute particulière à l’entendre. Pour autant, le Prince avait raison. Perdue dans mes pensées, je l’étais. Dérangée aussi. Je le considérais d’un nouvel œil, alors qu’il s’engageait sur des explications qui firent échos en moi. Les seuls vrais échecs que j’avais pu connaître étaient justement ceux du cœur et de la famille. Une once de colère s’instilla dans le rouge de mes prunelles. S’embrasa lorsque son index se posa au milieu de mon front. Pourtant, je ne cillai pas, muselant ce sentiment que Breval faisait naître en moi. Je lui rendis alors son sourire.
« Tous ? Non. » Un autre petit coup sur mon front, je grogne d’agacement. « Si tu continues, je te mords ! »
Mon sourire se fait plus carnassier. La provocation était une arme que j’utilisai souvent lorsque j’étais perdue, acculée. J’aimais pourtant jouer à ce genre de jeu là. Bien souvent il me permettait d’entrevoir sous le masque. De le fissurer tout à fait lorsque mon « adversaire » était plus impatient que moi. Face à lui, je savais que cette carte était inutile. J’allais enfin répondre lorsque, accédant à ma demande, le Corbeau m’emporte ailleurs. Le processus me laisse toute pantoise. Désarçonnée. Je n’aimais décidément pas la tournure des événements ! Je finis par lui rétorquer en tempêtant : « Non ! Je ne sais pas à quel jeu tu joues, cher Prince, mais il n’est pas du tout à mon goût. Je n’aime pas qu’on me prenne pour une imbécile. Me manipuler de la sorte et… »
Je me rendis compte qu’il s’était libéré de ma poigne. Je le regarde, interdite, méfiante. Vibrante de rage.
« Tu… »
Il me lance une carte que je rattrapai au vol. Un Cavalier de Pique ? Un silence s’en suivit. Ponctué par des échos de lutte.
« D’accord, je comprends. »
Secouée par un rire qui s’échappa de mes lèvres, je riais plus de ma propre bêtise que de la situation dans laquelle je me trouvais.
« Ah… quelle histoire. J’ai hâte de la raconter à mon équipage ! Et au Prêtre de Poséidon, je suis sûre qu’ils vont bien se foutre de moi. » Ma lance resurgit dans ma main. Je la fis tournoyer devant moi avant de la diriger non pas contre la porte mais vers Breval. « S’il le faut vraiment ! Autant te prouver que tu as raison, cher Prince. Et à défoncer quelques portes au passage ! »
Mon cosmos vint m’envelopper. Le chant des Sirènes Maléfiques d’outrepasser la barrière de ce monde et d’épouser tout mon être. Un éclat d’or et me voici vêtue de ma Scale dont les ailes, repliées, s’entrouvrirent légèrement lorsque je vins m’échouer contre le bois et la faire voler en éclats. Je me sentis basculer, happée dans les ténèbres, là où j’avais ma place. Et il n’y avait qu’un seul endroit où je l’étais encore davantage.
Les embruns s’envolaient, apaisant mon cœur et mes errements. Sur le pont de mon navire, je voyais se déployer une scène de bataille et de chaos qui raviva sur l’instant, mes désirs de liberté et d’aventure. Sur le flanc gauche, un autre bateau dont je reconnaissais sans mal les couleurs. Le Cavalier de Pique ! La première personne étant parvenue à me mettre en déroute.
« Endymion ! »
Ce foutu traître se retourna vers moi, le visage maculé de sang, un rictus sur son visage d’ange. Il s’inclina devant moi. « Ma chère Reine ! »
À l’époque il avait fomenté contre moi une mutinerie, forgé celle que j’étais devenue aujourd’hui. Je le saluai à mon tour avant de m’élancer vers lui. Mon beau Diable de Second. Le premier maillon de la chaîne bridant ma liberté. Et paradoxalement celui qui me l’offrit.
"Et si l'on glisse et tombe aux portes de la mort, se relever bien vite et danser encore et encore !"
Habits:
Dernière édition par Nimuë le Sam 21 Déc - 10:05, édité 1 fois
Hermès
Rôle : Tourment.
Messages : 67
Sujet: Re: [FB an 562 - Nimuë / Hermès] Les affaires sont les affaires [TERMINÉ] Jeu 19 Déc - 14:02
Glissant ses mains dans son dos, Breval observe ce nouveau rythme de l'histoire. Cet éclat ésotérique qui résonne à travers la pièce, faisant vibrer chaque murs, chaque meubles... chaque atomes. Un sourire discret se pose sur ses lèvres, alors qu'il ferme les yeux, profitant de cette étrange et douce sensation. Un étrange plaisir semble couler dans ses veines durant cet instant, alors que l'aura de la Sirène Maléfique vient consolider le corps de l'Écarlate Reine. Ses paupières s'ouvrent, ses yeux viennent caresser les courbes de l'Écaille. Jouer la fausse surprise ne lui vient même pas à l'esprit : la demoiselle face à lui serait sûrement vexée d'un tel comportement. La prendre pour une idiote ? Jamais de la vie. Une manipulation de la réalité ne peut être agréable si les joueurs, les participants, ne sont pas respectés à leur juste valeur. Ce n'est qu'ainsi que le voyage est intéressant. Du moins, pour le spectateur.
Quelques éclats de bois volent jusqu'aux pieds de Breval, son sourire s'accentuant doucement, venant briser la neutralité de son visage vieillissant. « Tu aurais pu au moins frapper. » Un petit rire s'extirpe de ses lèvres, venant rejoindre les éclats de voix, de violence, qui résonnent de l'autre côté des ombres dans lesquelles la Sorcière Bleue s'est enfoncée. Il observe, ces ténèbres s'infiltrer doucement dans la salle des gardes. Le Prince avance, finissant par rejoindre cette inconnue, traversant la porte.
Ce n'est pas un ciel méditerranéen ensoleillé qui l'accueille, mais bien le cœur d'un orage, d'une tempête, accompagnée de ses éclats célestes. Tonnerre, foudre et vents violents viennent briser la stabilité de ce qu'il juge être un navire. Un bon navire. Robuste. « Tiens, je ne me souvenais pas que cette porte ouvrait sur ça. » Penchant un peu la tête sur e côté, alors que son regard se tourne un instant vers l'autre silhouette. « Il faudra que j'en parle au propriétaire quand nous le rencontrerons ! » Car il semble que l'homme face à la demoiselle ne soit aucunement propriétaire de quoique ce soit en ces lieux. Le nom résonne, dans la voix de Nimuë. Une voix de plus en plus brisée par confusion et colère. Ou peut-être est-ce de la frustration ? Breval avance, encore, de quelques pas, son regard venant se poser sur plusieurs corps. Pirates. Pauvres erres, loyaux envers leur capitaine, d'autres, loyaux envers le mutin.
Une ombre froide vient bloquer la Sorcière dans sa course hostile et violente envers le Cavalier de Pique. Une ombre qui glisse sous ses doigts, à l'image des courbes agréables que le fringant mutin vient parfois caresser. Son sourire n'a finalement pas tant changé entre la réalité et les souvenirs. La même arrogance. Le même goût pour les belles choses. Le même attrait pour la surprise qu'il peut offrir à ses interlocuteurs. Et le même sourire pour elle. « Ma chère Reine... » Les mêmes mots, sans la même intensité. Une certaine intimité, une proximité qui semble s'approcher de cette relation chaotique qui s'est tissée entre eux. Une vérité qu'il accentue par une démarche féline, souple, alors qu'il commence à tourner autour d'elle. Sa proie. « Tantôt Reine. Tantôt Pirate. Tantôt Sorcière. » Le Cavalier de Pique avance, alors que l'ombre s'étire, rampant contre le sol, venant rejoindre les eaux déchaînées. « De quoi es-tu capable, ma Reine ? De confiance ? De force ? » Un rugissement abyssal résonne alors, le navire de l'Écarlate se faisant frapper par une autre espèce de Diable, celui vivant dans les profondeurs. « Mais tu es incapable de prendre une décision. De savoir ce que tu veux... Tu es incapable d'être libre. Pourquoi ? Pourquoi toi ? »
Breval est plus loin en arrière. Et il regarde. Cet homme qu'il ne connaît pas. Cette femme qui pense se connaître. Qu'a t-il à lui dire ? Qu'a t-elle à se dire ?
Puis, un tremblement, plus impressionnant. Une violente secousse vient brutaliser le navire, faisant voler certains des corps. Ils viennent s'écraser à la surface de l'eau violente, alors qu'une gueule remonte brutalement, haut dans le ciel. Un corps mythologique, diabolique. Terrible comme son hurlement qui vient briser le mat le plus proche du navire.
« On trouve vraiment de tout ici... »
Nimuë
Messages : 608
Sujet: Re: [FB an 562 - Nimuë / Hermès] Les affaires sont les affaires [TERMINÉ] Sam 21 Déc - 11:11
Juste une femme
À ses yeux, j’étais à la fois sa Capitaine, sa Reine et sa meilleure ennemie. À mes yeux, le Cavalier de Pique représentait mes pires craintes, mes doutes et mon espérance. Nous étions ainsi, à toujours nous opposer l’un à l’autre, à nous haïr, à nous aimer, à nous rejeter, à nous retrouver. À l’image de la mer, chaotique dans ses danses, nous avions tant évolués avec elle que nos pas se calquaient à sa propre nature. Revivre ce pan sombre de notre histoire, au lieu de me mettre en rage, ouvrait dans mon cœur une nouvelle porte que je prendrai plaisir à défoncer. Répéter les erreurs du passé ? Je ne le ferai pas. J’avais compris la leçon de Breval. Je lui jetai un regard en coin. Il pourrait lire dans mes prunelles de l’amusement, une pensée le percuter en même temps qu’une vague vint à s’échouer contre mon navire contesté. Ce moment ne saurait mieux illustrer tes propos cher Prince. Ma première véritable défaite, mais aussi ma plus grande délivrance ! Oui, j’ose à croire que ce sentier emprunté m’a mené, en fin de compte, à la plus éclatante des victoires !
Mais pour cela, il fallait bien que les choses se répètent. Aussi, j’abandonnais mon armure qui alla rejoindre le fond des flots, là où était encore sa place à l’époque que nous rejouions. Mais pour quel spectateur ? D’ailleurs, je n’avais pas le souvenir que les éléments furent si déchaînés, ni même qu’un tel monstre n’ait surgi des profondeurs.
« Faut-il vraiment rejouer la même scène avec exactitude ? » répondis-je à Endymion qui haussa un sourcil de surprise. Sans doute ne s’attendait-il pas à cette réplique. Que lui avais-je répondu, cette fois-là ? Ah oui, je m’étais contentée de tourner mes armes contre lui, déboussolée par sa manœuvre. « J’ai terminé dans l’océan. Tu n’as pour autant pas obtenu ce que tu désirais, beau Diable. »
Privée de mes armes, de mon carcan protecteur, j’avançai, simplement vêtue de mon manteau. Ma chevelure rouge s’agitait dans tous les sens, soumise aux vents tempétueux. Je réduisis à néant la distance qui existait encore entre nous deux. Je plongeai mes yeux dans ceux d’Endymion. L’une de mes mains s’envola jusqu’à son visage pour le caresser.
« Parce que la rage n’a eu de cesse de me consumer. J’avais peur d’être dépossédée de tout. D’être trahie, par toi, par d’autres, par lui… et c’est ce qu’il s’est passé. Et c’est ce qui doit se répéter, sans cesse. Car toi, entre tous les autres, as su m’enseigner cette leçon. »
Mon sourire s’agrandit, se fit plus carnassier. J’étais plus à même de le défier, désormais. Libérée des spectres. De ses ombres qui n’avaient eu de cesse de m’enchaîner les membres et le cœur.
« Tantôt Reine. Tantôt, Pirate. Tantôt Sorcière. Je suis tout cela. Mais avant tout, je suis une femme avec ses victoires et ses défaites. »
Je capturai ses lèvres, comme il s’était emparé de la « Rose Sanglante ». Yeux clos, je profitai de cet instant et m’y perdre volontiers. Quand il y eut un nouvel assaut de l’océan, je me laissai sombrer dans ses tourmentes, ravie d’y être précipitée.
"Et si l'on glisse et tombe aux portes de la mort, se relever bien vite et danser encore et encore !"
Habits:
Hermès
Rôle : Tourment.
Messages : 67
Sujet: Re: [FB an 562 - Nimuë / Hermès] Les affaires sont les affaires [TERMINÉ] Jeu 9 Jan - 20:01
Breval observe. La scène qui se déroule devant ses yeux. Cette rêverie du passé transformée en un nouveau souffle. Il reste fermé dans les plus profond silence alors que la jeune femme en vient à accepter la réalité d ses anciens mots. Il observe. Spectateur calme et fasciné par l'énergie des mouvements, par l'énergie des émotions de la Belle. Fasciné par cette vérité : la surprise ne vient pas des dieux, mais des humains, incapables de se tenir à une seule réalité. Qu'ils sont magnifiques, à danser ainsi, au milieu de la houle. Du sang. Et de la tourmente abyssale de laquelle est née la bête d'encre. Qu'ils sont terribles, à s'aimer et se fustiger. Alors que leur temps est compté, à travers cette tempête. Le frisson du fringant mutin semble caresser le ciel, les eaux. Le battement de cœur de la Sorcière semble frapper chaque sédiments des profondeurs, le tout créant un bruit sourd, qui vient animer les vagues. Plus fortes. Plus violentes. Comme le sont ces sentiments. Le bois craque, se tord et se brise. Un mat vient s'effondrer à côté de l'observateur.
Les navires se brisent. L'eau s'infiltre, vient ronger le bois épuisé. Mais il continue d'observer le choix fait par la demoiselle. Qui approche. Qui finit par préférer le baiser à la lame. La douceur des lèvres à la rudesse d'un corps à poignarder. La bête hurle. Un hurlement incontrôlé, alors que son corps semble se tendre. Ses muscles se soulèvent, frappent les profondeurs. Frappent la surface. Les eaux se soulèvent une nouvelle fois. Une ultime fois. Emportant les amants sous le regard de l'observateur.
Elle, Nimuë O'Bannon, sent son corps percuter violemment la surface de l'eau. Sa main se détache inexorablement de la peau du reflet du Cavalier de Pique, dont le visage semble s'effacer. Elle, la créature des profondeurs, sent son corps s'enfoncer, se diluer, dans ce domaine qui l'a vu naître. Ses écailles fondent, coulent, se mélangent. Son encre s'étire, parasitant les eaux et rejoignant la demoiselle.
Les profondeurs l'avalent. Bien plus proches qu'elles ne doivent l'être. La faute à cette encre. La faute à cette créature. La faute à Endymion dont un simple baiser aura fini par le faire s'effacer. Toujours aussi surprenant, son ancien second n'aura aucunement profité de cette proximité. Lui qui devait sans doute aimer fuir la couche après ses méfaits... le voilà qu'il n'avait guère aguicher les sensations de sa conquête. Qui s'enfonce. Mais qui a la possibilité de voir les eaux se refermer. Et à travers ce flot qui, doucement, inévitablement, finit par se calmer. Elle le voit.
Un ciel dont les nuages se retirent. Les étoiles. Le souffle du vent... Les nuages cachent encore la lune, certains plus lents à se dissiper. Elle entend une voix. Qu'elle croit reconnaître. Une voix profonde. Bien moins fatiguée et joueuse qu'elle ne l'est habituellement.
Cruel and cold like winds on the sea. Will you ever return to me. Hear my voice sing with the tide. My love will never die.
Elle croit y reconnaître la voix de Breval, qui avance jusqu'au bord du navire qui, lentement, inéluctablement, s'enfonce en compagnie de la demoiselle. Ses mains dans son dos, il la fixe. Elle, Nimuë O'Bannon. Dans l'obscurité, l'ambre de ses yeux semble s'animer, se mouvant tranquillement. Dansant, au fil de la mélodie. De la voix. Une lueur mordorée qui la fixe. Qui se plonge dans son regard. Les lèvres ne bougent guère... Mais les paroles continuent. S'inscrivant dans cette réalité.
Over waves and deep in the blue. I will give up my heart for you. Ten long years I'll wait to go by. My love will never die.
Et alors que les paroles résonnent, la voix de Breval l'accompagne. Car ce n'est pas lui qui chante. Cela n'a jamais été lui. Et pourtant... « Tu as encore une chose à nous montrer. » Ses yeux se lèvent. Ils se posent sur les nuages qui finissent par se détacher des reflets lunaires. Les éclats roux viennent éclairer alors le drame océanique. Les perles d'eaux qui s'écoulent, de chaque navire qui, lentement, poursuivent leur descente... Une descente qui devient plus violente, pour la demoiselle. Non pas à cause de cette lune. De ce reflet carmin, synonyme de tant de désastre... Mais par l'encre qui vient la peindre. Qui vient caresser l'astre d'arabesques obscures. Lentement, cette encre plus noire qu'une nuit sans lune, compose les pétales d'une rose, et son cœur végétal.
Come my love be one with the sea. Rule with me for eternity. Drown all dreams so mercilessly. And leave their souls to me.
Les mains l'attrapent. Des mains sans corps, qui l'attirent dans les profondeurs. Sous le regard du Prince, dont les pieds finissent par atteindre les eaux. Et elle la voit. Une ombre aux yeux d'ambre. Derrière la silhouette vieillissante de Breval. Caressée par les reflets écarlate, cette silhouette chante. Pour elle. Pour son histoire qu'elle revit. Pour son cauchemar qui l'emprisonne. Qui l'entrave. Qui la comprime. Mais ce n'est finalement que trop rapide pour qu'elle puisse s'y raccrocher. Car le tout s'estompe. Le tout disparaît.
Play the song you sang long ago. And where ever the storm may blow. You will find the key to my heart. We'll never be apart.
La chute est terrible. La chute est horrible. La rose profite de cette rousseur qui l'a vu naître. Même si loin, elle le voit. Non... Elle l'imagine. Car elle la Sorcière Bleue le ressent. Car la Sorcière Bleue finit par voir les roses noires souiller sa peau d'albâtre.
Plus forte. La voix devient encore plus forte. Entraînée par les émotions violentes de la demoiselle. Par son cauchemar qui recommence. Encore. Encore. Un cycle de discorde qui ne veut guère s'arrêter. Un désespoir qui rampe, contre son corps, contre son âme. Un esprit qui lui murmure que jamais elle ne l'abandonnera. Jamais. Tels les liens impérissables des âmes sœurs.
À son grand malheur.
Wild and strong you can't be contained. Never bound nor ever chained. Wounds you caused will never mend. And you will never end.
Les eaux s'élèvent. Alors qu'elle s'écrase au fond des abysses. Seule. Écrasée par la pression. Les eaux s'élèvent. Pour dessiner un nouveau ciel. Un ciel pluvieux. La lueur humide de la lune rousse, parasitée, traverse les flots. Vient la caresser Vient montrer Breval, qui se pose à côté d'elle. Installé. Comme dans la cellule.
Et alors qu'une boîte à musique résonne à travers cet environnement – qui semble, lentement, s'adapter aux souvenirs de la Sorcière –, ses lèvres bougent, lentement. Sa voix douce, bien que profonde, accompagne les dernières notes, alors qu'il laisse tomber une carte sur le sol.
Cruel and cold like winds on the seas. Will you ever return to me. Hear my voice sing with the tide. Our love will never die...
La mélodie, cesse. Un homme tient l'objet musical. Les paroles sont venues jusqu'à lui. L'obligeant à se retourner.
Un vent fait voler la carte, avant que les doigts de Nimuë n'atteignent l'objet. La brise la porte, jusqu'aux doigts de l'individu à la longue chevelure immaculée. Ses yeux rougeoyants observent le dessin. Un sourire. Son sourire. Le sien. Celui qu'elle reconnaît. Sans mal. Sans défaut. Mais qu'elle aurait sûrement souhaité ne pas reconnaître ? Peut-être... Ou alors peut-être préfère t-elle le reconnaître. Ainsi, elle n'a pas à chercher. Elle connaît le danger. Le risque. L'histoire. Mais pourra t-elle changer les choses ?
« Je suis donc un Roi de Pique ? » Il lâche la carte, qui disparaît dans une gerbe de flammes carmines. Les cendres finissent par s'envoler, portées par une nouvelle brise. Une masse sanglante s'élève alors, enfermant la boîte à musique dans une bulle qui disparaît elle-même. « Ne te l'ai-je pas déjà dit... » Il avance, d'un pas. Il ignore la silhouette de Breval. Il ne regarde qu'elle... « Je serai toujours à tes côtés. »
Lucius. Le Roi de Pique. Lucius. Le Roi des Roses Noires.
Dernière édition par Hermès le Jeu 9 Jan - 23:31, édité 2 fois
Nimuë
Messages : 608
Sujet: Re: [FB an 562 - Nimuë / Hermès] Les affaires sont les affaires [TERMINÉ] Jeu 9 Jan - 21:46
Je m'abandonne
L’impression que les ténèbres me dévorent tout entière est si prenante. Elles me déchirent et me consument. Je suffoque, face à ce tumulte d’illusions, un royaume dont je ne suis pas la maîtresse. Je sens mon corps s’engourdir, le noir imposer son implacable domination. De plus en plus perfidement, réduisant à néant mes maigres convictions. Me reviennent en plein visage, la puissance des doutes. Autant de vagues s’échouant contre mon corps et mon âme malmenés. Je suis ballottée dans une tempête. Elle me dépasse, je ne saurai la dompter. Car tout s’entremêle. Et autour de moi, des épaves accompagnent ma déchéance. L’écarlate et l’ambre ponctuent celle-ci. Les roses et leurs griffes m’égratignent la peau, me déchirent.
Déjà, je le cherche. Déjà, la rage embrase ma conscience.
Cette chanson. Notre requiem. Notre désespoir éternel, un Cycle sans fin qui perdurera jusqu’à mon dernier souffle. Ma bouche s’ouvre et je ne parviens pas à couvrir ce chant insupportable. Je suis née sous une pareille Lune, nimbée de ses halos désespérants. Maudite, abandonnée, arrachée à sa nature véritable à l’instar des Selkies des légendes ayant perdu leur peau, un tribut à payer à leur amour égoïste. Je me retrouve devant celui qui est l’origine de tout. Ma renaissance, ma prison, ma mort, mon poison. Un lien empoisonné.
Lucius. Le Roi de Pique. Lucius. Le Roi des Roses Noires.
Je me retrouve démunie, face à mon plus grand malheur, ma plus grande défaite. Il n’y a plus que nous, dans cet univers insoumis. Indomptable, comme l’océan. Il n’y a plus que nous et la peur qu’il m’inspire. La haine, le doute, le silence, que je lui oppose. Il tend une main dans ma direction, invite ses roses à allonger leurs sarments. Je me laisse submergée par les ronces, les barreaux de ma cage. Je veux abandonner. Oui, je veux connaître encore cette défaite, le rejoindre. Non plus le défier. Le parfum moribond s’acharne. Je chancelle. « Abandonne, ma rose noire. » Je lui appartiens, au-delà du temps et de ses règles.
Je redeviens enfant, bercée par ses mots, la force de son sourire. La perfection qu’il incarne, sa beauté m’ensorcelle. Je lui appartiens. Je tends ma main, mes doigts frôlent les siens pour mieux s’en saisir, éprouver leur douceur et leur emprise. Son sourire s’agrandit. Triomphant, il me tire hors de ma prison. La première fois, je me souviens, j’ai hurlé, jusqu’à tomber dans l’inconscience. Aujourd’hui j’accueille cette souffrance avec ravissement. Je m’abandonne. Or, je ne suis plus cette enfant.
« Chante avec moi. »
Le tissu de mon manteau se déchire. Et ma voix s’envole, accompagnée de la sienne. Elles évoluent, harmonieuses, parfaitement coordonnées.
Cruel and cold like winds on the sea. Will you ever return to me. Hear my voice sing with the tide. My love will never die.
Over waves and deep in the blue. I will give up my heart for you. Ten long years I'll wait to go by. My love will never die.
Yeux dans les yeux, nous nous accordons sur une danse, aussi belle que terrifiante. Le vent souffle charriant la fragrance de la mort. Ce que nous incarnons.
Play the song you sang long ago. And where ever the storm may blow. You will find the key to my heart. We'll never be apart.
Wild and strong you can't be contained. Never bound nor ever chained. Wounds you caused will never mend. And you will never end.
Puis, soudain, tout se bouscule et je m’éloigne de lui, le repoussant, un sourire mutin aux lèvres. Je domine notre musique, me l’approprie. J’arrache mes oripeaux, me débarrasse du manteau de Breval, me mets à nue devant lui. Mes cheveux de feu dansent dans le noir, de la même façon que la lune dans les cieux. Avec le sang qui perle de quelques plaies qui constellent ma peau de nacre, je dessine des entrelacs écarlates. Tantôt Reine. Tantôt, Pirate. Tantôt Sorcière. Je suis tout cela. Mais avant tout, je suis une femme avec ses victoires et ses défaites. Je m’abandonne à ce que je veux être. Une Reine conquérante, une Boudicca, une fille de rage. Je dessine des symboles aux accents celtiques, je les fais courir sur mon ventre, mes seins, ma gorge et mon front. Gae Bolga apparaît dans ma main. Je suis seule à entonner le refrain :
« Cruel and cold like winds on the seas. Will you ever return to me. Hear my voice sing with the tide. Our love will never die... »
J’exhorte cette âme damnée à quitter les lieux. Les limbes de mon esprit. Je ne suis plus prisonnière, désormais.
« Je suis libre ! »
Je fais danser la lance. Je hurle, mais cette fois, ce n’est pas de douleur.
"Et si l'on glisse et tombe aux portes de la mort, se relever bien vite et danser encore et encore !"
Habits:
Hermès
Rôle : Tourment.
Messages : 67
Sujet: Re: [FB an 562 - Nimuë / Hermès] Les affaires sont les affaires [TERMINÉ] Ven 10 Jan - 10:41
Voilà, ce qu'est l'Être Humain. Une forme d'existence, capable d'emprunter les sentiers les plus surprenant. Capable d'ouvrir les bras au pire, pour s'approcher. Pour danser. Mêler sa voix à la sienne. Mêler son souffle au sien. Ses pas peuvent l'entraîner jusqu'au bord du gouffre, il aura toujours une branche, une image à laquelle s'accrocher – encore faut-il qu'il l'observe.
Il peut parfois sombrer, dans le pire de sa nature. Prendre plaisir à voir l'horreur de ce monde se déverser sur d'autres. Par son propre fait. Par ses propres mots. Il peut parfois aimer, le plus simplement du monde. Prendre plaisir à caresser la peau d'une femme ou d'un homme. De lier ses lèvres aux siennes. De dire Je t'aime lorsque les mots ne suffisent plus.
Parfois, il va pleurer. Car sa liberté lui est arrachée. Sa vie, alors aussi peu importante que quelques morceaux métalliques circulaires, finit entre les doigts possessifs d'un autre. Et parfois, il va rêver. Il va rêver de sa chute. De son amour. De ses défaites. Ou simplement de son besoin de s'arracher à sa condition. De retrouver la liberté perdue. Sa vie, alors aussi peu importante que cette notion de liberté, finit par être pariée.
Et parfois, il est autre chose. Simplement. Car voilà ce qu'est l'Être Humain : capable de tout. Sauf celui d'être véritablement immortel. Sauf celui de pouvoir savoir ce que finalement sont les autres. L'Humanité est fragile. Avance dans une brume permanente, incapable de connaître les véritables desseins de ses propres composantes. Et c'est ce spectacle qui est magnifique. Pour lui... qui les entend. Les prières des humains. Qui ressent ces dernières, non pas comme de simples mots, définis par des auteurs. Mais bien comme des lettres anonymes, emplies de sentiments. Violents. Perdus. Sublimes.
Meurs en silence, ordure. Mon amour, viens jusqu'à moi. Soyons unis. Même un chien est plus important que toi dans cette maison. Je n'en peux plus... Tuez-moi... Pitié. Libérez-moi de tout ça. Voici la véritable ode à l'humanité. Elle n'est pas composée de héros. Elle n'est composée que d'émotions. Et elle s'écoute. Parfois, elle se dirige, légèrement. Un petit coup de pouce, un petit peu de chance... pour l'un ou l'autre. Tout est arbitraire. Subjectif. Comme l'humanité. Nimuë O'Bannon n'est pas différente. Elle a choisi de danser. De mêler le rythme de son corps à celui de Lucius. Sa propre voix s'accroche à la sienne. Elle a choisi de valoriser un instant les sentiments du Pire, pour transformer chacun de ses pas finaux en une danse macabre. L'hymne de l'humanité devient alors un requiem, qui accompagne la mort de ce souvenir.
Lucius, le Roi des Roses Noires, tombe. Son sang vient souiller le sol. Son regard, toujours ouvert, fixe le ciel abyssal.
Un instant, elle pourrait voir la poitrine se soulever. Une dernière inspiration. Avant que la vie ne le quitte. Pour le moment. Mais pour combien de temps ? Pendant combien d'ères va t-il ramper jusqu'à atteindre le Jugement qui l'attend ? Peut-être est-ce cette question que se pose actuellement la jeune femme nue, alors que Breval se relève. Ses mains viennent applaudir le spectacle dont il a été le témoin. Son sourire, s'étire, doucement. « En deux histoires... plusieurs maillons se sont brisés, ma Reine. » Un nouveau pas. Ses yeux se posent alors doucement sur le ciel. Puis, lentement, les paupières se ferment. Alors qu'il l'entend. Il n'existe aucune liberté pour nous !
Il ne sourcille pas lorsqu'il entend le bruit infecte. Un mélange de foudre et de chair.
Ce qui n'est sûrement pas le cas de Nimuë, dont le corps est transpercé par sa propre arme. Par la Gae Bolga. Qui, telle une rose, déploie ses terribles pointes mortelles. Le corps ne vient pas de devant. Il vient du corps de Lucius. De son sang. Qui a souillé les sédiments marins. Qui a souillé cette histoire. Pour récupérer la dernière chaîne. L'arme magique – et héroïque – naît du sang. De la magie étrange qui se dessine à l'intérieur. Des arabesques sont tracées, identiques aux siennes. Des courbes s'élèvent. Identiques aux siennes. Mais elles ne sont guère nues. Non, c'est l'orichalque doré de la Sirène Maléfique qui la recouvre, ses ailes arquées venant se refermer sur elle. Nimuë O'Bannon. La Pirate. Et sur elle. Nimuë O'Bannon. La Reine de Pique dont les doigts d'albâtre maintiennent avec autorité et assurance la Lance du Héros.
La pluie devient plus forte. Venant lentement effacer toute preuve d'une quelconque histoire. Les sédiments s'écoulent, comme cette même encre qui accompagnait chaque scène. La lance s'écoule, elle aussi. Elle se mélange au sang. Et à la demoiselle. Et à la Reine. Tout fini inexorablement par devenir de l'encre, gâchée, perdue. Même elle. Sauf lui. Bref, qui avance vers elle, la seule encore capable de voir. « Voilà ce qu'est l'Humanité. Une créature fragile, pourtant capable de tout. Même d'apprendre de ses erreurs. Mais alors... pourquoi l'humanité est le pire ennemi de l'humanité ? »
Ses genoux se plient, pour être au niveau de la belle. Sa main passe près de sa joue, sans pour autant la toucher. Et il la regarde, ses yeux ambrés plongés dans les siens. « Car elle ne se doute pas que le plus dangereux démon attend, tapis dans l'ombre. Les oppositions qui frappent son esprit. » Il soupire, doucement. Puis un sourire se pose sur ses lèvres. « Il n'y a qu'une manière de vaincre ceci, Capitaine. » Sa main quitte la proximité de la joue de la demoiselle, alors qu'il observe ce monde s'effondrer, lentement. « Il ne s'agit pas de vaincre ses souvenirs. Tu le sais, n'est-ce pas ... ? Cette lutte sera longue. Ma Reine. Pourtant, elle ne demande qu'une chose. » Il se redresse. Recule alors légèrement. Toujours accessible, bien que les brumes sombres commencent à l'envelopper.
« Savoir reconnaître le bon moment pour attraper l'opportunité. Allez... Il est temps de se réveiller. »
Nimuë
Messages : 608
Sujet: Re: [FB an 562 - Nimuë / Hermès] Les affaires sont les affaires [TERMINÉ] Ven 10 Jan - 21:15
Encre
« Il n’existe aucune liberté pour nous. »
Soufflé-je pour le vent, la foudre et la douleur engendrée. Je l’oublie, bien vite, à la faveur de pensées plus tourbillonnantes que le cours où vont les choses. Je comprends, j’observe et je me tais. Je m’interroge dans le plus grand des silences, celui, si beau, qui achève un chant, une merveilleuse et tragique histoire. Car c’est avec de l’encre que cette histoire doit s’achever. Je ne fais rien lorsque le Prince s’explique et que le voile ténébreux ne se lève. Je contemple et j’apprends. Il peut bien continuer à me pourfendre s’il le souhaite. Poser ses yeux d’ambres pour me percer à jour. Tout disparaît et je ne me suis jamais sentie aussi vivante. « Et si je souhaitais rester ? C’est pas si mal ici. » mon air goguenard ne trompe personne, surtout pas lui. L’auteur de cette épopée. Car c’est avec de l’encre que cette histoire doit s’achever. « Je pourrais prendre goût à ce genre d’aventures, cher Prince. »
Les possibilités semblent infinies et s’étendre au bon vouloir du maître des lieux. Une limite infranchissable appelée imagination. Je suis troublée par l’ambre, la proximité intangible de Breval. Suis fascinée par l’ambre. La pièce, une chance. Je la montre à Breval, la fait tournoyer dans les airs, comme il l'a fait au début de ce récit.
« M’autorises-tu une dernière ballade ? »
Les ombres se déploient, comme ma voix. Parmi le noir, l’éclat mordoré de mon Écaille transpercent l’encre.
Y'a des oiseaux de mer Sur le ciel rouge sang Une fille solitaire Le cœur en noir et blanc Des pensées qui s'égarent en silence Comme des gouttes d'encre sous le vent
Y'a des oiseaux de mer A l'autre bout du monde Des saisons qui s'achèvent Si loin de nous Elle attend les navires en partance Y'a son cœur qui chavire sous le vent
Mary vient tout contre moi Non ne compte pas les heures L'amour reviendra
Regarde mary tout autour de toi Y'a des marins, des soldats L'amour reviendra un jour
Et puis le vent se lève Qui vient laver le ciel Les prisons de dentelle Où elle se noie Ô mary tes amours passagères Sont-elles les passagers du vent
Mary vient tout contre moi Non ne compte pas les heures L'amour reviendra
Regarde mary tout autour de toi Y'a des marins, des soldats L'amour reviendra un jour
Mary vient tout contre moi Non ne compte pas les heures L'amour reviendra
Regarde mary tout autour de toi Y'a des marins, des soldats L'amour reviendra un jour
Je déploie mes ailes, me retrouve plus proche du Prince. Je lui glisse, un sourire mutin aux lèvres. « Où dois-je signer ? »
Quelle opportunité vais-je dérober ? Car c’est avec de l’encre que cette histoire s’achève.
"Et si l'on glisse et tombe aux portes de la mort, se relever bien vite et danser encore et encore !"
Habits:
Hermès
Rôle : Tourment.
Messages : 67
Sujet: Re: [FB an 562 - Nimuë / Hermès] Les affaires sont les affaires [TERMINÉ] Ven 10 Jan - 22:47
« Tu as déjà signé... Capitaine. » Breval ouvre alors doucement les bras. Un geste tendre, accompagné d'un doux sourire. Elle approche... elle s'accroche. À l'opportunité. Mais bien vite, les bras qui se referment éclatent. Le corps qu'elle rencontre devient aussi fragile que la surface des eaux. Elle plonge jusqu'à cette opportunité. Pensait-elle que cela serait aussi littéral ? L'espace semble se mouvoir... d'une avancée, elle passe à une chute. Brusque. Mais aussi libératrice. Car quand elle a plongé jusqu'à cet être. Quand elle a attrapé ses bras. Son corps. Elle s'est finalement enfoncée dans des eaux profondes, douces. Calmes.
Et elle le sent. Le froid qui grimpe contre sa peau. L'humidité qui parcours ses vêtements. Sa chevelure rousse qui suit les mouvements naturels de l'eau.
Cette opportunité attrapée. Un plongeon vers le monde qu'elle désir. Pas ce rêve. Pas cette imagerie qui finalement ne suivrait que ses émotions, son cœur. Son âme. Non, elle aurait fini par s'ennuyer. Par se détester, peut-être. Non. Une aventure bien plus intéressante l'attend. Bien plus passionnante ! De nouveaux souvenirs à créer. C'est pour cela... qu'elle doit se réveiller. Qu'elle se réveille. Dans un plongeon brutal dans les eaux froides de la Mer du Nord, qui borde le port de Londinium. Une rapide remontée... et elle le voit : son navire. Son actuel second qui la salue, avant de donner l'ordre de faire descendre l'échelle de corde. Les pirates obéissent, font tomber le tissage de cordes, attendant alors la Capitaine. Leur Capitaine.
Et quand ils la voient remonter. Ils en sont certains : la Capitaine est revenue ! Et ils lèvent déjà l'alcool pour fêter les promesses de fortune ! D'aventures ! La Reine est morte, vive la Capitaine ! C'est ce qu'ils pourraient hurler. S'ils avaient vécus tout ceci. S'ils avaient vécus ce qu'elle avait cru vivre. Mais bien vite... son actuel Second la guide jusqu'à sa cabine, à elle. En ouvrant la porte, il montre alors le bureau. Elle y trouve une bouteille, dans laquelle dort tranquillement un alcool ambré. Du rhum, certes. Mais qui aura voyagé. Autant qu'elle. Qui a vieilli, valorisant son goût. Il y a aussi une carte. L'image illustrant son nouveau voyage. Une longue aventure. Un périple. Qui lui prendra sûrement plusieurs années. Elle s'en doute. Comment ? Son expérience. Son instinct. Sûrement.
Elle reste la Capitaine ! Voyons !
Puis... enfin... une pièce. De mercure. Posée sur le bouchon de la bouteille. Une pièce de mercure, sur laquelle est gravé un navire, prêt à quitter ses attaches. Prêt à partir, loin de toute civilisation, pour baigner dans des eaux peu explorées. Trouver des trésors qui dorment depuis des éons. Et de l'autre côté. Un visage, un profil. Féminin. Un air de déjà vu. Dans un miroir.
Point de place pour la contemplation, seule l'Aventure compte ! Et le navire part. Accompagné des mouettes... et du chant d'un corbeau, dont les ailes l'ont arraché à la vigie, quittant les lieux.
***
Une pièce vole. Elle tourne, plusieurs fois, sur elle-même. Avant de retomber dans la main d'un homme au visage vieillissant.
Installé à la table d'une auberge, il regarde les visages présents. Des pêcheurs. Des artisans. Des marins. Ils parlent, de beaucoup de choses. Des rumeurs, des échos, concernant des pirates. L'absence de l'armée romaine résonne comme un renouveau... ainsi que comme une perte. Une énorme perte. Pour le commerce. Pour la vie économique. Car Rome se ferme, lentement, sur ses frontières. Et elle celles de Londinium – et de Britannia – avec ses connaissances, ses compétences. Les clans vont se battre. Ils le savent. Tous. Les clans vont chercher à diriger. Les différents rois et chefs de clans vont vouloir le trône de Lloegr. L'union des peuples ! Oh, bien sûr cela ne sera pas simple. Et celui qui pourra répondre aux demandes des dieux aura besoin de conseil... Lui... Où ses rivaux. Car un Roi n'est rien... Car un Roi ne peut être une légende... Sans ennemis. Sans démons, ni dragons à pourfendre de sa terrible et divine épée.
Une pièce vole. Elle tourne, plusieurs fois, sur elle-même. Elle tombe. Lentement... Avant de laisser place à une boîte à musique qui tombe, tendrement, entre les doigts de l'homme au visage vieillissant. Il la regarde. Sourit doucement. Alors qu'une voix vient alors l'arracher à sa rêverie.
« Qu’est-ce que j’vous sers ? » Il regarde le tavernier. Puis se lève. Une pièce posée sur la table. Il quitte les lieux, simplement. L'aubergiste hausse les épaules. Puis attrape la pièce. Il la regarde. Puis recule. Lâchant l'objet, qui résonne dans la pièce. Breval. Le Corbeau Gris. Dans son établissement. Cela ne signifiait qu'une chose : les temps changeraient. D'une façon ou d'une autre.
Le mendiant s'éloigne. Le voleur s'éloigne. Le commerçant s'éloigne.
Il marche dans la ville fortifiée, alors que le soleil commence à quitter l'horizon. Puis, avant de disparaître... laisse la mélodie de la boîte à musique résonner une dernière fois. A bientôt. Pour une nouvelle aventure... Nimuë O'Bannon.
Contenu sponsorisé
Sujet: Re: [FB an 562 - Nimuë / Hermès] Les affaires sont les affaires [TERMINÉ]
[FB an 562 - Nimuë / Hermès] Les affaires sont les affaires [TERMINÉ]
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum