Dagger devient Amaello, Surplis de la Harpie [terminé]

   Hadès

VOTRE HISTOIRE

   

Les yeux s'ouvrent; lentement ils s'habituent a l'obscurité ambiante: car alentour c'est la pénombre qui règne. Ce n'est pas la nuit noire et ainsi le jeune homme qui vient de s'éveiller peut tenter de découvrir ou il se trouve. Rapidement cependant il se rend compte qu'il ne peut bouger: en effet il est assis sur une sorte de siège de pierre, scellé au sol, ses poignets entravés sur les bras glacés de ce fauteuil peu confortable. Il ne tente guère de se libérer constatant que cela est impossible. Aussi c'est avec ses yeux qu'il va se mouvoir a travers ce lieu ou il est visiblement emprisonné.
Il s'agit d'une vaste pièce semblable a une chapelle gothique: des lucarnes en arc brisé laissent passer de minces rayons de lumière. Aucune décoration, a peine quelques gargouilles usée dépassent des murs en pierre. Aucune touche de couleur: tout est pierre, tout est sombre et froid. Le prisonnier a la tête un peu lourde alors qu'il tente de se remémorer dans quelles circonstances il a bien pu se trouver ainsi dans ce lieu sinistre. Il se concentre, cherche, fouille dans sa mémoire mais il ne parvient pas a se souvenir! alors l'effroi se mêle a la frustration, les sourcils froncés il peste en silence. Soudain un bruit sourd se fait entendre : quelqu'un entre dans la pièce dont le prisonnier ne voit pas l’issue masquée dans l'ombre. Des bruits de pas lents claquent sur les pierres froides et dures. Puis bientôt une silhouette apparait, sortant lentement de l'obscurité: il s'agit d'un personnage en-capé de la tête aux pieds, ne laissant juste apparaitre que le bas du visage d'apparence humaine.
Ce personnage s’arrête devant le prisonnier immobile sur sa chaise de torture. Il semble observer quelques secondes puis, esquissant un léger sourire:

Ah notre ami est éveillé

Un large sourire, forcément ironique étant donné la situation de "confort", puis l'inconnu reprit d'une voix paisible, amicale presque

Navré pour ce siège a l'assise désagréable mais je souhaitais avoir toute votre attention lorsque tu te réveillerais: en effet la situation est par trop singulière et nécessite des explications

Le prisonnier n'avait guère le choix que d'écouter en effet et se contenta de froncer les sourcils,manifestant par là son impatience

La première chose a savoir et ce n'est pas la moindre

reprit l'inconnu qui fit une courte pause avant de poursuivre sur un ton plus grave

Tu es mort....oui, tu es mort et tu te trouves ici en enfer

Le prisonnier eut un spasme de surprise, ses yeux écarquillés devant la soudaine révélation. Face a cette attitude l’inconnu reprit rapidement

Te souviens tu seulement.... qui tu es?

Un silence pesant s’installa alors tandis que la question restait en suspend, sans réponse: le prisonnier s’efforçait de se souvenir, se rappeler ne serait ce que son nom et n'y parvenait décidément pas. Après quelques secondes des images, des bribes de souvenir affleuraient mais des images floues, incertaines, des sons.... il travaillait a mettre tout ceci en ordre. Il lui parvenait des images d'un oiseau de feu, de grandes colonnes antiques, des visages....mais tout cela se mélangeait. Voyant que le jeune homme serrait les poings sous l'effort cérébrale et la frustration, l'inconnu reprit

Laisse moi éclairer ta lanterne.... celle ci est éteinte et c'est normal. Sur terre, en vie, tu étais un guerrier, un chevalier d'Athéna..... cela te dit quelque chose peut être? Je rentre dans le vif de suite hein, je ne me perdrai pas en périphrase

Le prisonnier se figea: les images, les sons ....tout devenait de plus en plus clair a entendre cette révélation. L'inconnu reprit de nouveau la parole, ne laissant pas le prisonnier se reposer sur ses souvenirs

Mais tu sais, aussi puissant soit un être humain il reste désespérément faillible et surtout....mortel! Aussi es tu tombé un jour, victime d'un accident cardiaque, eh oui, violente crise, soudaine maladie....et te voilà par terre. J'avoue que pour un chevalier comme toi ce n'est guère brillant pour ton blason de trépasser d'une crise cardiaque comme un vulgaire individu , un quidam victime de la mort noire.... mais bon, ce qui est fait est fait: te voici en enfer! Bon, je fais court encore une fois

L'inconnu considéra le prisonnier qui demeurait figé, la tête basse, comme courbé par le poids de ces révélations.

Oui, je sais, ça doit secouer un peu tout cela. Mais reprenons: avant que tu ne te poses la question et que tu ne réagisses avec colère .... dis toi d'abord que pour l'heure ton cosmos, tes pouvoirs sont en sommeil, un peu comme toi....entravés.... tu ne peux donc pas ne serait ce qu'imaginer que tu vas te sortir de ce cet endroit ou m'affronter dans un élan d’héroïsme Athénien ou un élan vitale soudain....non! Au lieu de cela je voudrais te confier quelque chose. D'ordinaire un chevalier comme toi, arrivant ici serait dans une prison particulièrement cruelle ne crois tu pas? Si n'est ce pas? Pourquoi crois tu que tu te trouves ici? Bon dans un confort relatif certes, mais vivant? Non, non il ne s'agit pas de te torturer pour obtenir quelques renseignements.... non, d'ailleurs, et tu t'en es toi même rendu compte, tes souvenirs sont quelques peu....en vrac!

L'inconnu a présent faisait les cents pas de long en large tout en parlant d'une voix posée

La vérité est que les dieux des enfers ont vu en toi un potentiel, un vrai potentiel pour rejoindre les forces d'Hadès.

Il s'interrompit de nouveau et tourna la tête pour observer la réaction du prisonnier. Ce dernier restait toujours immobile, la tête basse.... seul ses poings se serraient spasmodiquement et se desserraient sous l'émotion, le poids terrible de ces mots, de ces souvenirs qui revenaient en vagues. Après un court instant l'inconnu reprit

D'ailleurs tes amis, enfin, ceux que tu appelais amis t'ont oublié très vite. Je me doute que cela ne t'apaiseras pas, peut être que tu ne me croiras pas .... et pourtant, dis toi déjà que l'armure que tu portais fièrement a été confiée très vite a un autre que toi. Dis toi que ton enterrement s'est déroulé, comme on dit, dans la plus stricte intimité....une intimité comme ça d'ailleurs cela frise l'indécence ....enfin....La déesse a qui tu as juré allégeance se souvient elle de toi? Personne n'est venu s'informer de ta présence ici, personne ne vient te délivrer, personne ne se souvient de toi! Laisses moi te rappeler un épisode de ta vie: souviens toi quand tu t'es rendu au sanctuaire, jeune chevalier au passé obscure, aux origines incertaines, et que tu attendais une audience de la déesse Athéna? Celle ci t'a t elle parlé? t'a t elle dit quelque chose au regard de tes attentes, tes interrogations? En bref mon jeune ami....quelle considération t’a ton donné?

Une nouvelle pause, une nouvelle fois le regard de l'inconnu se pose sur le prisonnier qui ne réagit même plus physiquement: ses poings restent serrés, crispés. Un léger sourire anime le visage de l'inconnu

Hadès t'offre une chance unique: la chance de redevenir puissant, une rédemption pour l’ennemi des enfers que tu étais. Il t'offre la possibilité de prendre ta revanche sur ces humains qui t'ont rejeté alors que tu étais plein d'amour et de tendresse. Tout cela a été bafoué, chiffonné, jeté aux orties....et a présent tu as la chance d'un second souffle. Je ne peux pas te garantir que l'amour sur terre, la considération, les relations entre individus sont les même ici dans le monde souterrain.... mais tu seras respecté et considéré parce que tu transcenderas la souffrance et puniras ceux qui font souffrir mieux que personne!

L’inconnu s’arrêta. Il s'approcha cette fois au plus prés du prisonnier

A présent tu vas t'éveiller a ta nouvelle vie

Soudain des bruits se firent entendre: des cris stridents, des cris lancinants, de part et d'autre du bâtiment, résonnant jusque dans les cerveau du prisonnier qui tourna frénétiquement la tête pour déterminer l'origine de ces bruits terribles. Mais aucune créature ne se manifesta, les cris continuaient, semblant cerner la bâtisse les deux personnages se trouvaient. L'inconnu lui arbora un sourire satisfait, pointant l'index soudain vers le haut montrant qu'il avait lui aussi entendu

Ah! Je crois qu'elles ont trouvé leur nouveau maitre. Tu sais on fait souvent du lyrisme sur la chevalerie humaine et toute cette héraldique et ce bestiaire.... mais ici aussi les surplis sont révélés par les créatures qu'elles représentent.... les étoiles infernales scintillent, se manifestent différemment.....et elles t'ont reconnu.... les harpies.

Quelques temps plus tard le prisonnier quitta ses entraves de pierre et fut amené dans chaque région des enfers, il fut traité non plus comme un prisonnier, mais comme une sorte d'invité de marque. A la longue il commença a reprendre l'exercice physique, comme après une longue blessure. Lentement mais surement, celui qui dans une vie antérieure était un Saint d'Athéna devint un spectre, consciemment et inconsciemment il évoluait , s'adaptait dans ce nouvel état d'esprit. Quelques temps encore il retrouva son potentiel cosmique de naguère qu'il s'empressa de vouloir développer; redoublant d'efforts et de souffrances dans ce but.
Un jour, celui qui était venu le voir dans cette cellule sombre vint l'observer tandis qu'il s'entrainait. A présent les enfers connaissait son nom et son histoire. L'inconnu, ce jour là encore vêtu de sa longue cape souriait en voyant le nouveau spectre; il se dit

Il a décidément du potentiel et ne montre aucune réticence face a sa nouvelle vie. Cependant je ressens encore une part d'humanité en lui ce qui est normale. Je ne regrette pas de lui avoir fait boire une petite dose d'eau du fleuve Léthé afin qu'il reste en vie mais en partie amnésique. J'éspère que cette partie qui reste de sa vie précédente ne lui coutera pas trop cher. Pour l'heure, malgré la souffrance qu'il a du vivre a se retrouver ici dans ces conditions.... il fait montre d'une détermination, une abnégation sans borne

L'inconnu hocha la tête avant de disparaitre dans un souffle

Sa majesté Hadès a eu raison : il incarne parfaitement l'étoile des lamentations; il sera une harpie très efficaces pour nous et sans pitié pour les autres.

Un jour enfin, après plusieurs jours, plusieurs mois nul ne le sait deux harpies se posèrent aux pieds du jeune homme qui achevait de s'entrainer. Elles portaient dans leurs serres une boite d'un métal sombre et luisant. Les harpies se prosternèrent en signe de respect avant de s'envoler dans un hurlement caractéristique. Quant au jeune homme il savait ce que contenait cette boite, il le ressentait. Il se concentra , son cosmos se déploya soudain provoquant une sorte d'orage alentour, des éclairs déchirèrent les cieux alentours, un lourd nuage opaque recouvrit le jeune homme tandis que la boite s'ouvrait. En quelques secondes un surplis venait de recouvrir celui qui avait revêtu une armure : il était devenu le spectre de la Harpie.