Pull Harder on the Strings of Your Martyr [GS : Perséphone VS Hevruka]

L'Illusionniste était là. Devriez-vous croire en ses prophéties ? Mènent-elles à de faux idéaux ? Où sont les preuves, peut-il vous les montrer ? Séparez-vous de vos voeux pieux, pour prouver ce que votre coeur recherche. Difficile de se concentrer avec la distance qu'il instaure entre vous. Vous donnerez toute votre confiance en ce qu'il vous fait croire. Le risque sera à un prix que vous serez prêt à payer. Confiné, déconnecté, esprit absent, il ne vous libérera pas de cette sensation de vous sentir en vie. Vous placez votre confiance en lui. Tous les talents, toutes les capacités n'existaient plus. Là, il ne s'agissait que de montrer sa véritable puissance, même si celle de la Monarque était biaisée. Elle utilisa une énergie somme toute correcte et donc, dès cet instant, le combat n'était plus vraiment équilibré. Peu importe, l'important, pour le moment, n'était pas d'être juste mais de se défouler. Hevruka en avait besoin. Et vu le bagout de la Reine, il était fort à parier qu'elle aussi, désirait se friter un peu. Ca ne faisait pas de mal de temps en temps. Cela dit... Il est vrai qu'elle a décidé qu'un spectre se batte à sa place. Soit elle se préservait pour le plus beau, aka Hevru, soit elle ne voulait pas se battre. Hevy ne savait pas quoi penser de ça. Bref, on s'en tape, ce qui compte, c'qu'il pouvait lui foutre une tannée.

Effectivement, elle avait raison la mégère. Il appartenait bien à un camp. Son coeur appartenait toujours au même camp depuis... depuis toujours finalement. Le fait d'être chez Pozizi, ce n'était qu'une simple erreur de parcours. Ca arrivait à tout le monde, même aux meilleurs. Tout le monde a le droit de se tromper, tout le monde a le droit de penser différemment ne serait-ce qu'une fois dans sa misérable existence. Mais là, il se battait pour le même but que tous ses anciens camarades dorés. Il se battait pour la survie de la déesse aux yeux pers. Et pourtant, Hevru n'était pas de ceux qui aimaient spécialement se battre, mais quand il était guidé par la haine et la folie, il n'agissait plus vraiment par lui-même. C'était Lui qui était au commande. Une autre entité. Autre chose.


Il se tenait là, devant elle, le visage insondable, le visage inexistant. Là, il n'était plus Hevruka, simple Marina, ou Hevruka simple Saint. Il ne faisait plus qu'un avec son armure et était en parfaite osmose avec sa constellation protectrice. Cette constellation qui le protégeait depuis toujours, même lorsqu'il était qu'un petit chevalier d'Argent. Castor et Pollux étaient toujours présents au-dessus de lui. C'est d'ailleurs ce qui était perceptible à l'intérieur du casque du Sans-Visage. Cette galaxie laissait transparaître en premier plan une constellation assez connue. Castor, Mebsuta, Tejat Prior, Tejat Posterior, Pollux, Wasat, Mekbuda et Alhena. La forme rappelait très clairement deux personnes en pleine accolade.


Le Saint de "coeur" leva la main droite et la tendit à Perséphone, sans bouger, la paume vers le ciel, les doigts légèrement écartés. Il ne bougeait pas. Aucun tremblement n'était à déplorer : lorsqu'il se battait, il avait des nerfs d'acier. Surtout s'il était contrôlé par sa folie. Tout ce qu'on pouvait voir sur cette main, c'est qu'elle était couverte de sang. Quelques gouttes de ce précieux breuvage glissaient le long de ses doigts et finissaient leur course en s'écrasant inexorablement sur ce sol poussiéreux. Il ne bougeait pas. Il ne bougeait pas. Et pourtant, l'impression qu'ils étaient plusieurs, qu'il s'était dédoublé. Cinq Sans-visage firent leur apparition sans qu'Hevruka n'ait bougé le petit doigt. Les cinq se jetèrent sur la Reine des Ténèbres, chacun lui assénant un coup. Chaque personnage avait une particularité au niveau du casque : des chiffres romains. I, II, III, IV et V, dans un relief violacé. I donna un coup de genou dans la cuisse droite de la femelle, une bonne béquille des familles. III tapa directement dans la cheville gauche de la Reine. IV, quant à lui donna un simple coup de paume. Où ça ? Les nibards. Dis-donc, y'avait à manger dans les grosses pinces ! II et V, chacun de son côté, infligèrent un coup au visage de la belle Déesse. Une claque à gauche, une claque à droite. Oui, fallait le reconnaître, Hadès avait du goût. Elle est vraiment jolie sa femme.


Une illusion ? Oui, tout à fait. Facile de s'en défaire pour un dieu. Même un chevalier d'argent le pouvait. Les coups étaient directement portés par lui, finalement. Les cinq illusions disparurent. Il ne s'agissait là que d'une mise en bouche, de simples coups physiques, d'une manière un peu plus... originale, dirons-nous. [5 Coups Physiques]


Il ferma sa main droite, toujours tendue vers Perséphone. Une puissante énergie s'en dégageait. De petits arcs électriques parcouraient toutes ses phalanges. Il ouvrit tout doucement la main, à nouveau. Une petite boule noire de jais fit son apparition et s'éleva jusqu'à arriver à peu près un mètre au-dessus de la zone de combat. Elle grossissait jusqu'à faire la taille d'une bonne montgolfière. Un truc respectable en soi. Aucun son ne se dégageait de la boule. Absolument rien. Ni énergie, ni son, ni lumière, absolument rien. Un véritable trou noir dans l'espace-temps.


"Another Dimension"


La boule explosa, laissant les deux êtres entrer dans une sorte de vide spatio-temporel. Un monde sans fond, un espace infini, un univers interminable. La Belle ténébreuse pouvait aisément sentir son corps se faire aspirer afin qu'elle erre à jamais dans cette autre dimension. Qu'elle disparaisse à jamais. Qu'elle n'ose plus manquer de respect à Athéna.

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Le respect se demande pas, le respect se prend. Le respect se perd, mais ne gagne pas. Malgré toute l'inimité qu'il y avait entre eux deux, le respect était là. Pas d'insulte, pas de mot plus haut que l'autre. Pourquoi se battre ? Il n'en avait pas réellement envie. Il se battait pour une cause qu'il n'était même pas censé connaître. Tout ça pour Athéna, tout ça pour ses collègues Saints. Et pourtant, eux, se seraient-ils battu pour lui ? Non, jamais de la vie. Il n'y avait aucune fraternité dans ce camp. Tous disaient s'aimer. Tous disaient s'apprécier. Tous disaient être là pour autrui. Tous étaient liés par la même chose : la Justice et les petits oiseaux. Alors pourquoi ne pas avoir cherché les Gémeaux ? Pourquoi l'avoir remplacé ? Certes, il ignorait ce petit détail, mais il allait bien évidemment le découvrir, un jour ou l'autre. Ils étaient responsables de sa disparition, responsables de son changement de vie.


Le Sans-visage passait par tout un tas d'émotions en l'espace de quelques secondes. Colère, cruauté, agressivité, dégoût, répulsion, rage, déconstruction, furie, rancune, amertume, tourment, ressentiment, jalousie, frustration, découragement, égarement, douleur, souffrance, malheur, mélancolie, solitude, agonie, abandon, anxiété, effroi, appréhension, détresse, hystérie, regret, culpabilité et j'en passe. Son esprit était en ébullition. Il ne prit même pas la peine de répondre à la déesse. Il ne prit même pas la peine de se protéger de ses attaques. Il ne prit même pas la peine de lui sourire. Il ne prit même pas la peine de respirer. Il ne prit même pas la peine de survivre. Bien heureusement, la force de son autre dimension absorba les dégâts infligés par ces grosses racines. La dimension avait volé leur temps, leur image, leur force. C'était... magique ?


Mais ?


La nature était si belle. Un véritable Jardin d'Eden. Il se croyait au paradis. Il se croyait enfin libéré de tous ses tourments. Était-ce cet instant qu'il attendait depuis si longtemps ? Perséphone était-elle celle qui allait le délivrer de son éternelle folie ? Il n'attendait que ça. Il ne voulait que ça. Enfin être normal, enfin pouvoir sourire. Un véritable sourire, rayonnant de bonheur, sans la moindre solitude dans le cœur. Un cœur, un vrai, celui qu'on sent battre, celui qui se serre lorsqu'on vit une déception.


Mais une nature oppressante. Une nature bien trop fournie pour ce lieu. La Déesse Perséphone, fille de Déméter, était intimement liée au Printemps. Il était donc normal pour elle de se servir de la nature comme protection, comme d'une arme, très efficace. Logique, la gonzesse, quand même. Mais quel coup de pute était-elle en train de... mince ! A peine eut-il le temps de se demander pourquoi elle faisait tout ça qu'il sentit quelque chose le traverser et lui faire atrocement mal. Sa mère, elle déconne pas quand elle frappe cette vieille folle. Il se sentait attaquer par des centaines de dagues. Un coup par-ci, un coup par-là. Une goutte de sang supplémentaire. Le lac de sang, finalement, n'était pas si loin en Enfer. Il se trouvait là, sous leurs pieds.


Il saignait. Involontairement. Il n'avait pu se protéger contre cette attaque si belle. La ténébreuse était habile. En plus d'une beauté redoutable, elle était dotée d'une ruse remarquable. Il ne fallait pas la sous-estimer. De toute façon, il n'était pas dans le caractère des Gémeaux que d'être à ce point imbu de sa propre personne au point d'estimer les autres comme inférieurs. Ça fout la frousse. Ce truc l'étouffe comme le couscous, c'est la grosse secousse, dans la brousse, pourvue qu'elle soit douce. Il était à genou. Il sentait un vent calme caresser sa chevelure blanche, légèrement grisonné. Comment ? Il détourna le regard et aperçut son heaume, à sept mètres derrière lui. En plus de l'avoir blessé, assez sévèrement, admettons-le, elle a eu le culot de faire tomber son casque ? Mais quelle audace. Intéressant. Elle n'était qu'un simple rempart, qui l'empêchait d'aller plus loin. Du moins, au départ. Là, elle devenait une copine de combat. Une vraie copine hein. Même si ça se voyait qu'elle n'était qu'une peau de vache. Ça crevait les yeux. Néanmoins, elle était intéressante. Très intéressante. Trop intéressante, peut-être.


Il laissa son casque au sol et se releva, non sans quelques difficultés, glissant presque sur son sang qui se mélangeait avec la terre poussiéreuse des enfers, formant ainsi une gadoue morbide. Il s'approcha de la Coré, à pas lourd et décidé. Son écaille présentait quelques fissures, ça et là. Rien de bien inquiétant. Il eut droit à un petit stage avec Scareface à propos de l'état des armures : comment reconnaître les points faibles, comme savoir si la notre était dans un bon état ou pas, savoir lire à travers chaque forme, chaque ligne. Bref, la base. Il arriva à peut-être cinquante centimètres d'elle. Hevruka était inquiétant. Son instabilité mentale ne permettait absolument pas de lire dans son esprit. Même pour un Dieu. Même pour lui-même, à vrai dire.


"Merveilleuse Reine... Cette curiosité ne vous sied guère..." ▬ il laissa quelques secondes passer, respirant tel un vieillard malade... ou telle une créature assoiffée de sang ▬ "Mais soit, j'accepte de vous dire quelque secret."


Allait-il dire la vérité ? Allait-il mentir ? Allait-il se moquer d'elle ? Allait-il allaiter son haletant désir de savoir les dires du XIII ? Un sourire extrêmement pervers se dessinait sur son visage, les yeux sanguinolents, exprimant un pur désir de mort. Même un démon ne paraissait pas aussi instable, aussi... flippant, disons-le clairement.


"Je m'appelle Hevruka, prince de l'Atlantide, Marina du Sans-Visage, personnification de la Mort. Toutefois, il est fort probable que certaines de vos troupes me connaissent sous une autre lumière...." ▬ LE SUSPENSE EST A SON COMBLE VINDIEU, J'EN MOUILLE MA CULOTTE, DIS-NOUS TOUT ▬ "Hevruka, Chevalier d'or des Gémeaux."


Il n'était plus qu'à quelques centimètres de son visage. Il plongea son regard fou dans les yeux de la Fille. Alors qu'il allait prononcer encore quelques mots, il lécha de tout son long son visage. S'attendant à un recul de la part de Persy, comme un pur réflexe, il s'écarta lui-même. Ne sait-on jamais. Elle aurait peut-être voulu continuer cet échange. Ce n'aurait pas été pour lui déplaire, elle avait plutôt bon goût. Peut-être que sa langue était plus agile que son nez et sa joue. Il l'espérait. Oh ouais, un gros bisou bien baveux. Ou plutôt... LA BOUFFER. Lui arracher les yeux et en faire un chop suey. Quel délice... quelle excitation. Il se mit à rire, pareil à un savant fou. SHE'S ALIVE... ALIVE ! Il avait quelques tics. Sa tête sursautait toute seule, sa joue droite se crispait par moment... il était complètement ravagé.  Il se retourna et s'éloigna un peu de la Déesse du monde souterrain.


"Quant à ma présence ici, ma Reine... N'est-ce pas évident ? Je viens accomplir mon devoir de Saint. Je viens donner ma vie pour Athéna." ▬ il se mit à rire comme un démon ▬ "Me battre contre le mal ? Très peu pour moi. Me battre contre vos forces armées ? Très peu pour moi. Seule Athéna a de l'importance ! Rien... qu'elle..."


Il cacha son visage avec sa main droite. Il ferma les yeux, et caressa du bout des doigts ses paupières. Subitement, il enfonça ses doigts dans son orbite droite et y arracha son œil. Il le lui lança à la gueule avant de continuer de s'arracher le reste de ses organes. Le deuxième œil, boum, dans sa tronche. Il s'arracha la mâchoire et lui envoya sa belle dentition au visage. Enfin, il s'arracha le bras droit et la frappa avec, avant de disparaître en poussière.


Il était derrière elle. Il n'avait jamais bougé. Tout cela n'était qu'une simple illusion. Sauf pour la grosse léchouille bien évidemment. La saveur de sa peau voyageait encore à travers ses papilles gustatives. Hadès avait de la chance. A sa place, il passerait son temps à la "cajoler". Vu comment elle était magnifique et envoûtante.... quel gâchis ! Hadès n'avait pas la réputation d'être partageur. C'était bien dommage. Étrangement, il sentit ses muscles se contracter, d'un coup. Comme si son corps lui disait "Tu vas trop loin !". La folie avait ça de fascinant. Elle agissait pour elle-même et n'avait aucune logique. Il se rapprocha de son oreille et lui susurra quelques mots.


"M'accorderez-vous une danse ?"


Comme s'il allait la prendre par derrière (en câlin, je précise), son bras droit, pas du tout arraché, surgit devant elle et lui présenta une merveilleuse rose rouge qu'il plaça bien délicatement dans ses cheveux. L'énergie des Gémeaux se faisait plus calme, ou plus... sournoise. Qu'elle souffre, dans sa tête. Qu'elle ne puisse pas lui refuser cette danse... Il murmura, d'un ton si calme, quelques paroles, que seul lui pouvait comprendre.


"Genrō Maō Ken"



Il réapparut devant elle, s'inclina très légèrement, ferma les yeux et tendit la main, de la manière la plus douce qui soit. Il attendait de pouvoir danser avec elle. En tout bien tout honneur.

Mais c'est qu'il commençait à devenir extrêmement fatigant ce foutu dieu. Hevruka était en train de se battre contre la belle en cuisse, lui contre le Basilic, chacun sa merde quoi. Que chacun s'occupe de son cul et les chameaux seront bien gardés. Non mais c'est pas possible ! Et en plus voilà qu'Orion ouvre sa bouche. Et pas pour encourager son disciple, non, mais pour balancer des conneries à Perséphone. Non mais ! Il l'a vue en premier, elle est à lui. Hevruka n'est pas partageur, c'est là son moindre défaut. C'était super chiant, quand même. Impossible de se concentrer. Faudra pas crier BIP si Hevruka se fait laminer la tronche, parce que môôôôsieur Odin et môôôôôsieur Orion ouvrent un peu trop leur bouche.


Ca avait le don de l'énerver. Déjà qu'il n'était pas dans un état normal... Il ne fallait pas en rajouter une couche. Ses questions étaient légitimes, à la Fille. Vouloir quelque chose de plus raffiné... C'était possible. Il aimait utiliser ses illusions pour se battre. Après tout, n'en était-il point le maître ? Il est vrai qu'il a été plus que dégueulasse : envoyer un oeil, la frapper avec un bras arraché et dégoulinant de sang... C'était un gentleman avant tout ! C'est d'ailleurs pourquoi il l'avait invitée à danser. Une danse sur ce champ de bataille pouvait égayer un peu la vie des autres. Des illusions, encore des illusions, toujours des illusions. Il était perfide dans le fond. Ou plutôt, son côté maléfique ne faisait pas les choses à moitié.


Pendant qu'il s'amusait à danser avec elle, la Coré restait prisonnière d'une illusion qu'elle avait façonné de toute pièce. C'était fort aimable de la part du Sans-Visage de lui laisser le choix de sa propre illusion. L'Illusion démoniaque à ça d'horrible. Elle pouvait tuer même le plus puissant des dieux, à cause de sa propre bêtise, de sa propre faiblesse. C'était risible, n'est-ce pas ? Il se demandait ce qu'elle voyait, pendant qu'il la faisait tourner. Elle paraissait... paisible, non ? Elle en avait bien besoin. Plus les secondes s'écoulaient, plus le côté maléfique de l'Illusionniste s'estompait. En fait, il avait juste besoin de calme. Jetant un dernier regard derrière l'épaule de la douce, il aperçut que de plus en plus de monde se bousculait à l'entrée de la Porte de l'Enfer. Il ne voulait pas être dérangé plus que de raison. Il était déjà assez loin des autres pour ne pas entendre leurs petites discussions, mais si Odin ou Hadès commençait à l'ouvrir, ça allait vite le gonfler. Il créa une immense barrière entre eux, fruit de ses illusions, encore une fois. Ils avaient l'air d'être à plus d'un kilomètre et donc à peine visible, et pourtant... ils n'avaient pas bougé. En outre, comme l'ancien Autel n'aimait pas trop le bruit, tout le son qui entrait et sortait de leur bulle n'existait plus. Ils ne pouvaient ni entendre ni communiquer avec les autres. A la rigueur de la télépathie... mais Hev doutait que la Coré se risque à épuiser davantage son cosmos.


Ah, on était enfin au calme. Ca faisait du bien, vindieu.


Pardon ? Alessio ? Quoi ? Quoi ? ELLE A DIT QUOI ? Oh, Seigneur, elle était encore dans son illusion... Bordel, bordel, bordel, c'est pas possible. Mais pourquoi le sort s'acharnait-il contre lui ? Mais pourquoi diantre a-t-il fallu qu'elle balance son nom, comme ça ? Que voyait-elle exactement ? Revoyait-elle une scène qu'elle avait vécue avec lui ? C'est fou, cet Alessio était partout ! Putain, ça le rendait dingue. Il avait réussi à se calmer, très légèrement. Et là, elle en remet une couche.


En plus elle fout du sang sur son écaille ! Aucun respect cette bonne femme ! Pas sûr qu'Alfengard veuille bien nettoyer tout ça et réparer son armure par la même occasion. Quand ils s'étaient quitté au temple des Gémeaux, c'était bien clair, l'un et l'autre savaient très bien qu'ils allaient devoir se battre l'un contre l'autre, que l'un allait devoir tuer l'autre. Et vu l'état dans lequel était le Sans-Visage, à coup sûr, il allait se faire buter en un rien de temps. En même temps, s'attaquer à une personne affaiblie... Niveau honneur, c'est zéro, hein, faut s'le dire.


La chevelure du Partagé commençait à reprendre sa couleur d'origine, un brun bien foncé. Les veines de ses yeux se désengorgeaient de sang et son regard se faisait plus bienveillant. Là, ce n'était pas la colère qui parlait, mais la tristesse. Alors qu'elle le repoussa et qu'elle lui balança encore des rochers à la gueule, en faisant trembler la terre notamment, le Sans-visage s'écarta au dernier moment à l'aide d'une petite téléportation. Bien pratiques ces trucs-là. Par contre, il ne put tout éviter et se prit une bonne roche dans la gueule, qui le fit tomber à terre directement. Pouah, elle cache bien sa force celle-là.


"Oser me dire que je ne suis pas fidèle... En voilà des manières, ma Reine. Si je suis devenu un Marina, ce n'est absolument pas de mon fait. J'ai été tué, torturé par votre cher Alessio, et suis revenu à la vie peut-être deux ans plus tard, en portant cette écaille. M'a-t-on laissé le choix ? Je ne crois pas. J'ai été, suis et serai toujours un Saint. Je n'abandonnerai jamais Athéna. Jamais."


Tout d'un coup, il sentit la présence de Poséidon, celle de Réa et celle d'Alfengard. Ca y est.... Les choses intéressantes commencent enfin ! Il entendit le dieu des mers lui parler. Enfin il entendit... Il vit qu'il beuglait quelque chose, mais fort heureusement, niveau sonore on était bien là. Pas un seul son n'était entré. Il avait l'air en rogne, en tout cas, et c'était pas bon signe. Allez, qu'on en parle plus, achevons la vilaine.


Il s'écarta d'au moins dix mètres d'elle. Il la frappa à distance à plusieurs endroits. Quelques brèches dimensionnelles s'ouvrirent et laissèrent passer ses poings qui atteignirent la Coré. C'était un peu plus raffiné tout de même.


"Je ne veux pas vous tuer, ma Reine. Je veux juste revoir Athéna. Simplement. Mais vous vous dressez devant moi... Même si je dois en mourir, je veux la retrouver."


Soudain, quelque chose de bizarre se fit ressentir bien plus loin. Une énergie incommensurable, une déflagration de tous les diables, à en faire trembler le Royaume des morts. Cette puissance n'avait pas d'égal, c'était certain. C'était bien trop puissant pour qu'un simple guerrier balance ça et qu'on puisse le sentir jusqu'ici. Son bras droit se mit à trembler, inconsciemment. La bonté ne voulait pas comprendre, le mal préférait se terrer au plus profond de l'esprit du Partagé. Comment... Pourquoi... Athéna elle-même avait interdit cette attaque sous peine d'être considéré comme un félon... Contre qui a-t-elle décidé de lancer cette abomination ? Non, Athéna... Ce n'était pas possible. Pour utiliser cette arcane... elle devait être en danger de mort. Assurément. Non... Non...


"Athena... Exclamation..."


Un véritable Big-bang. Qui peut se targuer d'avoir survécu à cette puissance divine ? Et dire qu'il fallait trois chevaliers d'or pour espérer créer cette arcane, sans pour autant rivaliser avec l'originelle. Quelle folie. Quelle folie qu'elle a eu d'utiliser ça. MAIS POURQUOI ?!  POURQUOI ?! Était-ce un dernier cri du coeur avant de s'éteindre ? Voulait-elle achever son adversaire avant de mourir ? Elle n'aurait pas fait ça sans une bonne raison. Il sentit ses jambes vaciller. Il était sur le point de tomber. Il était submergé par beaucoup trop d'interrogations, beaucoup trop de sentiments. Il ne savait plus sur quel pied danser. Alors qu'il était là, à se battre contre une femme dont ce n'était même pas le combat, à danser avec elle, à l'appeler "ma Reine", alors que sa véritable Reine, elle, a invoqué son droit ultime de mort... Il regardait dans le vide. Perséphone n'avait plus la moindre importance, si tant est qu'elle en eut auparavant.


"Laissez-moi passer. Je ne me battrai contre personne. Je veux juste voir si elle va bien. S'il vous plaît. Votre amour indéfectible pour le Seigneur obscur vous pousse à agir inconsidérément... Comprenez ma requête, Perséphone. Laissez-moi mettre un terme à cette guerre Sainte. Je vous en conjure."


Blablablaaaa. Et voilà qu'il se mettait à autant parler que les autres. Trop influençable ce mec. Bref. Si elle refusait... Il allait la dégommer, clairement. Tentons le tout pour le tout.

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Il avait le coeur lourd. Du moins, ce qu'il en restait : une ou deux artères qui passaient par là. La température de son corps avoisinait les 30°C, ce qui était un exploit. Depuis cette ablation et son retour à la vie, s'il dépassait les 20°C, c'était le bout du monde. Mais là, il sentait quelque chose de différent en lui. Son teint blafard rougissait. Était-ce dû à Perséphone ? Fort possible. Était-ce dû à Athéna ? Bien plus probable. L'explication la plus logique était bien évidemment qu'il avait perdu pas mal de liquide rouge, et par conséquent, son corps essayait de palier à l'absence. Difficile de se réchauffer en ce lieu si sombre. Difficile d'y trouver une lumière, si ce n'est celle au bout du tunnel. Ce tunnel, c'était sa vie. Cette lumière, c'était Athéna. Pas une lumière fixe, une lumière qui vacillait, qui ne gardait pas le même éclat, une lumière imprégnée d'une bonté naturelle, teintée d'une colère chaude. Quelle douceur, quelle... fraîcheur.


Il est vrai qu'Hevruka ne cessait d'appeler la belle en cuisse "ma reine". Il y avait là une explication bien précise : il était dans son royaume. Il devait l'appeler ainsi. Question de respect, question de courtoisie, question de protocole. Hevruka venait d'une noble famille britannique, il avait appris ce genre de déférence à l'égard d'un souverain, d'un noble plus élevé socialement que lui. En outre, même s'il s'agissait d'un pauvre roturier, il savait se montrer bienveillant. Cette explication comptait uniquement pour la lumière dans son âme. Le côté sombre dirait qu'il s'agissait davantage d'une pure provocation. Une Reine de la nuit, l'impératrice ténébreuse, la souveraine morbide détruite par un être inférieur à sa condition... le lui rappeler ne pouvait qu'attiser les flammes de sa haine.


Épris d'elle ? Le mot n'était-il pas un poil exagéré ? Une profonde passion animait son âme, un profond attachement. De là à parler d'un amour, aussi impossible soit-il, n'était-il pas un peu présomptueux ? Il était déjà amoureux de quelqu'un. Il aimera cette personne jusqu'à la fin, dût-il aller la chercher au plus profond des entrailles de la planète. Pour la récupérer ? Non, pour enfin lui dire qu'il l'aimait, que s'il vivait c'était pour elle. Il voulait faire du mal à tous ceux qui pouvaient lui rappeler cet incident. Il y était retourné, lors du voyage retour en Asgard. Presque cent ans après, il ne restait plus rien. Même pas une stèle... rien. Son corps : disparu. Son nom : disparu. Son souvenir... disparu. Il a aimé d'autres femmes entre temps, certes. Mais il n'avait d'yeux que pour elle. La douceur de sa voix, son sourire angélique, sa bienveillance... Il la connaissait depuis toujours, les deux familles étant très proches. Et il la connaîtrait pour toujours, si le temps le lui permettait.


Voir que Perséphone était très attachée à son époux, malgré toutes les histoires qu'on pouvait raconter... ça lui faisait du mal. Beaucoup de mal. Il souffrait intérieurement. Il ne voulait pas le montrer, il ne voulait pas qu'on puisse déceler la moindre faiblesse. Et pourtant... Il était bien faible. Il voulait retrouver ce genre d'amour. Avec Emma, duchesse d'Albemarle, c'était impossible. Avec Amphitrite, c'était impossible. Athéna... ou Ahina ? Il n'avait pas pour souvenir d'avoir su différencier les dieux, mais cela comptait-il vraiment ? Elle était douce... si douce. Les effluves de son âme parcourait bien souvent l'échine des Gémeaux. Il ignorait pourquoi, il ignorait comment, mais il voulait la voir encore plus belle, la voir encore plus heureuse, quitte à mettre fin à son existence, quitte à pactiser avec l'ennemi, quitte à l'aimer en cachette.


Tout bien réfléchi, non. Épris d'elle n'était pas du tout exagéré. Les mots de la Fille résonnaient dans sa tête, se cognaient dans chaque recoin de sa conscience. Pourrait-il survivre à cette situation ? Aurait-il la couardise de ne jamais le lui annoncer ? Le Partagé regardait Perséphone dans les yeux et soutenait son regard, d'ordinaire froid et dédaigneux, reconnaissons-le. Son regard à lui, était vide, vide de toute envie de s'en sortir, finalement. Elle le laissait passer, à quoi bon ? Son existence ne serait pas plus belle pour autant. Il était un traître aux yeux de Poséidon, un traître aux yeux d'Athéna, un traître aux yeux de Perséphone, un traître aux yeux d'Odin. A cet instant précis, il rêvait de mourir, de mourir une bonne fois pour toute. Une larme coulait le long de sa joue et vint s'écraser violemment contre le sol. Le suicide, une bonne idée... Qu'il meure, une bonne fois pour toute. Une boule dans la gorge, il voulait enfin répondre à la Coré.



"Je vous en remercie, Perséphone."


D'un claquement de doigts, l'écaille du Sans-visage quitta son propriétaire. Il ignorait s'il pouvait la rappeler, mais il ne voulait pas qu'on le pense comme un être abject au point d'avoir pactisé avec un autre Dieu. D'autre part, il ne voulait pas que Poséidon se trouve dans la marmelade à cause de lui. S'il venait à le quitter, il ne voulait pas lui causer du tort. Simple question de respect pour celui qui l'avait ressuscité. De ce même claquement de doigts, la bulle qui protégeait les deux protagonistes se brisa en plusieurs milliers de particules. Le son revenait, l'image n'était plus distendue. Ils n'étaient pas si loin, finalement.


"Pour répondre à votre question... Oui, Athéna a tout mon amour et bien plus encore. Je souhaite, du plus profond de mon âme, que vous connaissiez cet amour. Vous le méritez, Reine. Et si, à l'avenir, vous souhaitez échanger autre chose que des coups... Mon oreille vous sera toujours attentive. "


Le Saint des fins, des commencements, des choix, des passages et des portes était à nouveau là.
Etait-ce la fin ? Était-ce le commencement ? Avait-il fait le bon choix ? Avait-elle laissé un passage ? La porte était-elle ouverte ?

HEVRUKA ARRÊTE LE COMBAT