Le cor résonne

Kara passa les dernières fortifications de bois, puis après avoir longer les champs encore endormis sous la neige, elle s’arrêta quelques instants pour observer la scène.

Dans les cieux fantasmagoriques du long jour, les nuages commençaient à s’amonceler. La valkyrie pouvait apercevoir les lueurs qui dansaient sur leurs ventres blancs et gris pour créer des rideaux de lumières changeantes.  Ils étaient poussés par le vent de la mer vers les contreforts de la citée fortifiées. On aurait cru que la belle Frigg les guidait en personne au-dessus de la demeure de son époux pour y former un dôme protecteur.  

Sous ce ciel chaotique, la ville se blottissait au pied du palais d’Odin. Elle semblait maintenant en pleine d’effervescence. Les cris et les bruits de la préparation à la bataille avaient remplacé le calme qu’avait connu la blonde guerrière en y arrivant. En réponse aux instructions de la jeune fille, on avait sonné le tocsin. Tous les villageois savaient maintenant ce qu’ils avaient à faire. Ils s’affairaient avec diligence pour dresser les ultimes remparts avant le siège du pouvoir d’Asgard. Mais cette agitation retomberait bien vite et bientôt l’attente commencerait. Kara adressa une prière au père de tout pour que jamais les spectres ne puissent arriver jusque-là, puis son regard d’azur se dirigea vers les vastes étendues boisées du domaine de Zeta où elle allait pénétrer.

La forêt se dressait, silencieuse, en absence de ses gardiennes. Cependant, les lieux n’étaient pas vides de vie pour autant. La guerrière le sentait. Fljúga aussi. La jument renâclait, grattant la neige de ses sabots; comme si l’animal percevait qu’un prédateur s’y trouvait à l’affut. Bien à l’abris et prêt à bondir à la moindre erreur. Sa cavalière flatta l’encolure de sa monture pour la rassurer, puis sonna dans son cor afin d’annoncer sa venue. Cette formalité faite, la valkyrie s’engagea sous les frondaisons sombres des arbres millénaires.

Un sentiment étrange étreignit alors Kara tandis qu’elle cheminait à l’écoute des bruits de la nature. La réminiscence de son père et des autres chasseurs lors des battues à leurs côtés dans les grandes étendues gelées du confins ou au travers des bois noirs qui bordent les quelques lieux civilisés d’Asgard. Ce souvenir, doux et sauvage, lui donnait envi de bondir de nouveau sur la piste d’une proie, d’user d’intelligence et d’ingéniosité, de ressentir le plaisir de la traque ou celle du simple émerveillement devant la beauté de cette terre.  

Mais la jeune fille étouffa se soubresaut de nostalgie pour laisser sa pensée se tourner vers Amalthia, l’une des fougueuse gardienne de ce domaine. La scène qui s’était déroulée au palais la laissait toujours aussi mal à l’aise. Elle espérait pouvoir bientôt lui parler. Peut-être même oserait-elle lui demander un entrainement afin de la faire juger de ses capacités.

Un bruit feutré attira soudain son attention.  Les sens en alerte, la messagere tourna sa tête pour observer le chemin qu'elle venait dec prendre. Car derrière la valkyrie, quelque chose la suivait. Elle aurait pu le jurer. Pourtant pas de traces, ni d'ombres suspectes. Même, en tendant l’oreille, Kara ne pouvait qu' entendre que le craquement sourd de la neige et le bruit d’un ruisseau. L’adolescente arrêta alors sa monture. Elle était à quelques mètres d’une vieille maison au pied d’une tour délabrée. Au loin, une montagne se dressait veillant sur les lieux.

Sentant sa jument frissonnait. La blonde rassura sa monture puis d’une voix forte et claire, la guerrière d’Odin adressa le message de Séléné aux deux présences qu’elle percevait sur ses talons.

Silence.

Puis des feulements se firent t’entendre. Ceux de léopards des neiges. La jeune fille attendit. Mais, il n’y eut rien d’autre. Elle sonna  son cor pour rameuter les hommes du domaine. Après avoir patienté quelques instants et faute d’événements nouveau, la demoiselle se dirigea vers le domaine suivant.

Quelques soient les êtres vivants présents, le message de la prêtresse d’Odin était maintenant délivré sur le domaine de Zeta.