Warpath [Odin - Ludwig]

Le vieil homme foula le seuil du domaine de la Guerre d'un pas claudicant.

Par quel moyen ses locataires étaient réussi à le rendre aussi peu accueillant alors qu'il était situé en plein coeur du Péloponnèse, il n'en avait pas la moindre idée ; mais bien qu'il n'ait plus qu'un seul bon oeil, il lui suffisait à estimer que l'antique cité de Spartes semblait moins sinistre lorsqu'elle était encore à l'état de ruines.
C'était bien les grecs, ça, à se sentir obligés de marquer leur territoire partout où ils passaient ; comme si leur goût douteux en matière d'architecture n'était pas à lui seul révélateur de leur passage... Cela suffisait peut-être à faire trembler les plus faibles d'esprit, mais devoir vivre à l'intérieur en contrepartie était chèrement payé.

Se résignant néanmoins à devoir explorer plus avant cette hideuse structure - pire encore : y entrer -, il porta sa gourde à ses lèvres pour s'en donner le courage. Le glögg qu'elle contenait avait hélas eu le temps de refroidir quelque peu pendant le voyage, mais il put néanmoins le sentir réchauffer son gosier.
Non que ce soit bien utile ; en venant depuis Asgard, il avait gagné une poignée de degrés - ce qui n'était pas forcément pour lui plaire, ancré qu'il était dans ses petites habitudes, mais raison de plus de ne pas prolonger sa visite au-delà du nécessaire.

Hélas, tandis qu'il se campait solidement devant la porte, sa boisson chaude (mais plus trop) encore à la main, il eut le loisir de constater que personne ne défendait l'entrée.
À cela, il voyait deux raisons possibles : soit les maîtres des lieux souffraient d'une pénurie de personnel et n'avaient pas encore eu le temps d'y pallier, soit ils estimaient la porte était suffisamment solide pour se garder toute seule. Dans un cas comme dans l'autre, ça n'arrangeait pas ses affaires. Il remit en place le bouchon de son breuvage tout en grognant dans sa barbe.

Hé ! héla-t-il d'une voix dont la puissance méritait d'être soulignée pour un homme de son âge - mais c'était bien la seule chose un tant soit peu étonnante à son sujet, si ce n'est le fait qu'il soit arrivé jusque là. Il y a quelqu'un, là-dedans ? Je n'ai pas pensé à prendre rendez-vous, j'espère que ce ne sera pas un problème.

Il laissa le silence retomber, espérant que quelqu'un se trouvait suffisamment proche pour entendre son appel ; entrer par effraction, s'il n'y était pas forcément réticent, n'était pas la meilleure manière de partir du bon pied.
Dans la mesure où les siens n'étaient plus ce qu'ils étaient, autant faire les choses dans les formes, autant qu'il le pouvait - mais ça ne dépendait pas que de lui.

Citation :

Le vieux voyageur ne dégage aucune forme de cosmos.

PS || D'autres Berserkers sont évidemment libres de rejoindre ce sujet s'ils le souhaitent étant donné son emplacement, mais j'aimerais simplement être prévenu avant dans la mesure du possible. Merci !

Ouvrant un œil, Ludwig plisse légèrement les sourcils alors que la voix forte résonne dans les environs. Voilà quelque chose de nouveau. Si les mots semblent émaner d'une voix forte, le corps qui prononce ces paroles, lui, semble bien faible en comparaison. Les cheveux sombres et grisonnant, le visage buriné par le temps... Le Temps est le pire ennemi des mortels et cette silhouette est la représentation parfaite de ce qu'il fait subir à ses victimes. Venu sur les premières terres du royaume après la disparition de Phobos, le héraut de ce dernier n'avait pas prévu qu'il rencontrerait un spécimen aussi... étrange – un comble, pour quelqu'un comme lui. Mais qu'importe, des règles existent concernant les invités...

« Les portes ne s'ouvriront pas ainsi l'ancien. » Les mains dans le dos, Ludwig se détache de l'ombre d'un arbre, alors que sa voix résonne. Après avoir décidé de respecter les règles, le démon allemand s'est faufilé dans les différentes ombres, rejoignant la gauche de cet invité. Finalement, il donnait l'impression d'avoir été là depuis le début. Les paupières ouvertes, il observe le vieil homme, quelque peu intrigué par la présence d'un individu de ce genre face aux portes de la Citée de la Guerre. La question qu'il soit un Berserker ne semble pas être de rigueur, aucun cosmos n'émanant de sa silhouette. Alors qui est-il ? Si aucune énergie cosmique ou divine l'entoure, il dégage tout de même une assurance bien étrange, pour un non-éveillé. C'est ce détail qui pousse le serviteur de la Peur à ne pas s'attaquer rapidement à cet homme. Oh, bien entendu, les choses pourront prendre une tournure bien plus dramatique, mais cette assurance se doit d'être comprise.

Après tout, vaincre un non-éveillé n'a rien d'un exploit... Mais l'un d'entre eux qui arrive jusqu'ici... Voilà qui appelle à une certaine réflexion, qu'un héraut se doit de posséder.

« Rares sont ceux qui arrivent jusqu'ici sans... une quelconque force à leur disposition. Ainsi que des connaissances particulières... » Les mains toujours dans le dos, il penche alors légèrement la tête, son regard le fixant. A l'intérieur de ces yeux sans expression, une forme de sentiment malsain résidait. Une obscurité sans fond, semblant se mouvoir totalement. « Mais je ne sens pas cette force en vous... Je vais donc considérer que seules les connaissances guident vos pas jusqu'en ces lieux... ou des amis extrêmement bien informés. Donc avant de vous ordonner de faire demi-tour, ou de vous aider à le faire, qu'importe la méthode... identifiez-vous. Que venez-vous faire sur les Terres du Royaume de la Guerre ? Qui vous a guidé jusqu'ici ? » Le risque qu'il soit un envoyé des forces ennemis n'est pas absent. Dans l'histoire de ce monde, de nombreux artefacts sont apparus. Certains bien plus précieux que d'autres. Un pouvoir capable de masquer la puissance cosmique d'un éveillé serait bien possible. Certains n'ont pas besoin d'un artefact pour le faire, bien que l'exercice est plus limité dans le temps...

Qu'importe, des réponses devront être données. Pendant ce temps, la simple présence du corps de Ludwig sépare le voyageur des autres terres du royaume, tandis que ses yeux détaillent un peu plus cet homme, se posant quelques secondes sur la gourde, avant de revenir sur le visage de l'ancien.

Ah, tout de même, s'exclama le vieillard au premier signe de vie - et si bien mise en scène que soit l'entrée de cet étrange concierge, il n'en fut pas troublé.

D'une démarche toujours ralentie par un certain labeur - marquée par l'âge -, il se retourna pour lui faire face, le scrutant de haut en bas. Au terme de cette analyse, il eut une légère grimace, comme si quelque chose dans son aspect lui avait déplu - mais ne jugea pas utile de faire un commentaire en rapport.
Après avoir vu le regard de son hôte se tourner pour sa part vers la gourde, il leva celle-ci à bonne hauteur :

J'avais apporté à boire en signe d'amitié, il secoua le récipient, qui d'après le bruit, révéla être pratiquement vide, mais je crains d'en avoir bu la majeure partie pendant le trajet. C'est que je n'ai plus l'habitude des longs voyages, vous savez ; un comble. Mais ce n'est que partie remise ! Je ferai plus attention la prochaine fois.

Ceci étant dit, il escamota le modeste récipient - et avec lui les dernières gouttes du breuvage - dans l'une des larges poches de son manteau. S'il était impoli de l'offrir alors qu'il avait été entamé, il pouvait toujours le garder pour le chemin du retour ; ce ne serait pas perdu. Se frottant les mains, il reporta son attention sur son vis-à-vis - lequel n'était, apparemment, pas près d'obtenir les réponses désirées.

Justement, je suis à la recherche d'un ami. À peine eut-il prononcé ces paroles qu'une légère moue de déplaisir s'inscrivit sur son visage placide. Enfin, ami n'est pas le terme, mais on fera avec. L'air sournois, à peu près cette taille, de la main, il indiqua une bonne tête et demi de plus que lui, vous a probablement laissé des plumes un peu partout ? Il se gratta le menton d'un air pensif, cherchant vraisemblablement quoi ajouter à ce portrait pour le moins sommaire. Je crois qu'il était blond à l'origine, mais ça a dû changer quand il est entré dans sa période rebelle. Vous l'auriez vu passer ?

Il changea de pied d'appui, semblant éprouver des difficultés à rester trop longtemps sur le même en dépit de l'absence de canne pour le soutenir - non que s'en procurer une serait une mauvaise idée, mais le brave homme se sentait déjà suffisamment décrépi sans en rajouter.

Je suis à peu près sûr qu'il est venu par ici, insista-t-il tout en jetant des coups d'oeil aux alentours, comme s'il s'attendait à voir apparaître dans un coin la personne concernée - un peu comme l'avait fait son interlocuteur. Si ça ne vous dit rien, vous pourriez demander à vos supérieurs ?

« Oh, il y aura donc une prochaine fois ? » Étrange ? Un doux euphémisme pour décrire complètement la situation actuelle dans laquelle se trouve Ludwig. Croisant les bras, il redresse tout de même sa main gauche, son index venant masser un peu son front tout en écoutant les mots de l'ancien. Définitivement, cet homme semble ignorer totalement le désavantage d'être dans un environnement comme celui-ci. Deux raisons à cela. La première est la folie... tandis que la deuxième serait que ce désavantage... n'est finalement pas si efficace que ça. Dans les deux cas, les choses pourraient se compliquer... surtout lorsque l'invité ne fait part d'aucunes vraies informations concernant la majorité des questions posées... Il explique tout de même la raison de sa présence, l'objectif de sa venue ici. La rencontre avec un ami ? Détournant légèrement la tête, le serviteur de l'Effroi observe légèrement l'horizon, se demandant quel genre de voyageur viendrait rencontrer un « ami » sur ces terres.

Enfin, les mots suivant viennent rapidement changer la relation que le vieil homme possède avec l'individu rechercher, bien que la description apportée, elle, n'aide pas réellement le héraut. D'ailleurs, malgré toute l'autorité qu'il possède en ces lieux, il doit bien avouer qu'il se sent quelque peu … dépasser à ce moment là, bien qu'il ne le montre aucunement, restant aussi stoïque qu'une personne cherchant à comprendre les nombreuses histoires d'un vétéran dont les souvenirs de ses nombreux combats feraient défauts. Retirant le doigt de son front, il réfléchi tout de même quelques secondes. « … Uhmm... Un être sournois ? Ce n'est pas ce qui manque dans ce monde. » Entre les véritables traîtres, les comploteurs de génies, et ceux qui tentent de s'illustrer ainsi – sans y arriver – il devient difficile de ne pas rencontrer un sournois. Une telle rencontre peut être parfois passionnante... ou totalement pathétique. Tout dépend du sournois en question. « ... Je ne crois pas en connaître de blonds. » Quand aux plumes, il tente bien que mal à imaginer ce que cela pourrait dire exactement. Certes, il aurait pu vouloir rencontrer Arès – la rencontre aurait été... plus amusante qu'intéressante à observer, du moins si la situation serait identique – mais si le dieu possède une tignasse blonde, il ne possède ni plumes... et l'air sournois ne serait pas la première expression pour décrire son visage.

Non, définitivement, le Héraut n'arrive pas à voir quel « ami » recherche ce voyageur. Caressant son menton alors que l'ancien commence à demander l'information de la part d'un supérieur, tout en certifiant qu'il est presque certain du passage de l'objet de sa recherche. Cet homme ne peut être un simple non-éveillé. Son assurance, ainsi que sa facilité à parler face à quelqu'un qui lui parle de « puissances », de domaine de la Guerre, ou autres éléments de ce type, ne font en rien penser à un simple humain. C'est en tout cas la conclusion du héraut...

« Mes... supérieurs... sont actuellement absents. » Un dernier mouvement pourrait confirmer le véritable statut de son interlocuteur... « Je suis Ludwig von Rosenthal, Héraut de Phobos. Par mon rang, je représente l'un des Seigneurs de ces terres. Pour le moment, je suis le plus haut gradé que vous rencontrerez... » Dame Siléa, certes, pourrait jouer un rôle supérieur, mais elle aussi ne semble pas réellement présente. User de son titre ainsi aurait pu être une erreur, mais la vérité est que l'homme se montre bien plus qu'assurer et semble même plus ou moins renseigner. Si, par contre, c'est la folie qui anime son esprit... il ne sera pas difficile d'en finir avec cette conversation. Grâce à cette dernière, Ludwig se rappel d'ailleurs, peu à peu, d'une sensation qu'il n'avait pas ressenti depuis ses ancêtres...

La migraine.

Reprenant alors la parole, le démon allemand approche de quelques pas, toujours aussi calme, un léger sourire étirant d'ailleurs ses lèvres. « Votre « ami » possède sûrement un nom. J'aimerais le connaître. Tout comme... le vôtre... Désolé de me répéter à ce sujet mais vous ne m'avez toujours pas fait... le plaisir de le connaître. »

Ah ! Au temps pour moi, s'exclama l'homme d'âge mûr, sans toutefois que son comportement s'en trouve modifié. Je vous prenais pour un simple garde. Il pencha la tête de côté, haussant un sourcil sceptique. On ne doit pas porter son armure quand on est en service, chez vous ? Enfin, à la bonne heure : ça m'évitera d'avoir à remonter la chaîne de commandement pour avoir des informations viables. Parce que bon, sans offense, mais la piétaille, des fois... Mais bref, je radote.

Même s'il n'y avait à priori aucune raison de penser que l'étrange Voyageur puisse connaître le fonctionnement des armées d'Arès, et donc des implications de ce titre, le manque de considération dont il faisait preuve pouvait néanmoins être insultant pour qui y serait sensible.
Fort heureusement, son interlocuteur n'était pas de ces gens-là - du moins n'en avait-il pas l'impression. Tout du moins avait-il compris avoir affaire à un gradé : c'était tout ce qu'il demandait.

En effet, ça ne manque pas, affirma-t-il d'un air las. Je compte moi-même plusieurs beaux spécimens dans mon entourage, même si celui-ci est d'un calibre tout particulier... En tout cas, c'est ce que qu'on raconte, mais je le soupçonne d'avoir fait quelques retouches pendant que les gratte-papiers avaient le dos tourné. Mais je ne vais pas vous bassiner avec ça, d'autant que ça remonte, ces histoires.

Du pouce, il fit sauter le bouchon de l'outre qu'il venait de récupérer dans sa poche ; puisqu'il était décidé à ne pas l'offrir - après avoir bu dedans, ça ne se fait pas -, il fallait bien que ça serve à quelqu'un pour ne pas gâcher. Il fit couler une rasade de ce qu'elle contenait dans son gosier avant de la reboucher, la gardant à la main cette fois. S'il devait rester là à bavarder, même si ce n'était pas l'objectif premier - non qu'il soit pressé non plus -, il aurait ainsi de quoi s'hydrater. Une précaution judicieuse avec ce changement de climat pour le moins radical.

Il posa ensuite les yeux (enfin, l'oeil : il n'était guère difficile de remarquer que l'un d'eux était statique et n'avait pas exactement la même teinte) sur son vis-à-vis, dont les questions se faisaient plus pressantes - non sans raison -, sans toutefois en paraître inquiété.

Lucifer, fit-il, toujours aussi placide, là où d'autres n'auraient pu prononcer ce nom sans s'en sentir salis à jamais. De l'ongle du pouce, il fit mine de se curer une dent. Quant à moi...J'ai eu des tas de noms ; j'en oublie souvent la plupart et en change quand ça m'arrange. Je ne pense pas que ce soit bien utile de vous en donner un. Je ne suis, après tout, qu'un humble Voyageur de passage : mieux vaut s'en tenir à ça. À moins que vous teniez absolument à ce que je reste pour le dîner, mais j'ai tendance à croire que vous avez déjà assez de bouches à nourrir dans ce fortin.

D'un geste du menton, il désigna la forteresse imprenable dont il avait demandé qu'on lui ouvre les portes il y a quelques instants - sans grand succès, mais ça n'avait aucune importance : il avait eu ce qu'il était venu chercher.

Et d'ailleurs, si vous n'y voyez pas d'objection, je pense avoir déjà suffisamment abusé de votre temps.

Alors qu'il semblait sur le point de partir, ayant déjà tourné le dos au héraut qui avait eu la gentillesse de bien vouloir l'accueillir, un très léger sourire en coin apparut sur les traits ravinés du vieillard.

Au fait, tant que j'y pense... C'est toujours les fistons qui font tourner la boutique pendant que Papa Guerre joue avec ses petits soldats ?

« J'aime à croire que la Cuirasse n'est pas le seul élément qui permet de montrer l'efficacité d'un Berserker en service... » Un élément que certains membres de l'armée du Belliqueux Arès pourraient oublier, tout comme leurs ancêtres ont pu le faire par le passé. Combien de ces femmes et hommes les Hérauts avaient-ils rencontrés, des Berserkers qui pensaient que leur fonction les hissaient au-dessus du lot, sans comprendre réellement ce que cela signifiait ? Combien ont pensé pouvoir dominer la lie de l'humanité, alors qu'ils n'étaient, finalement, que des enfants dans leur évolution ? C'est bien beau de savoir utiliser le cosmos, de se montrer cruel, violent et destructeur, voir provoquant.. . Mais encore faut-il comprendre sa place par rapport au reste – un fait que peu d'êtres humains réussissent à faire, surtout lorsqu'ils sont dotés de « capacité extraordinaire ». « Maintenant... si nous devions nous arrêter sur ce détail pour quelques instants. » Il baisse alors ses yeux sur sa main gauche, qu'il ouvre et ferme, bien que rien ne semble apparaître un affreux son semble se faire entendre, avant de s'effacer peu à peu. « Je la porte, nous vous en faites donc pas pour moi... »

Quand à la perception que le Voyageur avait eu de lui... Il reste difficile de ne pas réagir, mais cela semble être une quête impossible à gagner de lui faire changer ces mots à ce sujet. Puis, après tout, n'avait-il pas joué au portier à cet instant ? Ludwig von Rosenthal, simple garde à la solde du Seigneur des Guerres et du Carnage. Voilà un nouveau portrait qui pourrait faire rire l'une de ces hallucinations. Par chance, il s'avère qu'elles ne semblent pas prête à se dévoiler en cet instant.
Mais pourquoi une telle attention dans le choix de son comportement ? L'enseignement de Phobos et des anciens Hérauts n'étaient pas de montrer de clémence, mais de toujours garder une certaine liberté de réflexion et d'action. Quand une situation semble étrange, ou que des éléments restent difficile à percevoir, ce ne serait que risquer les plans du Père de l'Effroi de sacrifier aussi inutilement son existence. Mourir au combat est une chose...

Mourir bêtement... en est une autre. C'est sûrement la grande différence entre le fanatisme d'un religieux qui ne peut poser ses yeux sur son dieu... et celui d'un démon qui peut échanger avec son Maître.

Suivant des yeux les mouvements du vieil homme, le Héraut reste assez calme, l'écoutant avec un certain intérêt. Malgré la description qu'il a dressé de « l'ami » qu'il cherche à voir, ainsi que les pointes d'ironie qu'il laisse ici et là, ce Voyageur a le sens de la formule, un fait indéniable. Aucune prose faussement théâtrale, plutôt des mots simples et pourtant, bien plus mystérieux que pourrait l'être une discussion avec l'un des monstres extérieurs peuplant les étoiles – peut-être parce que ces démons tentaculaires n'ont que peu de choses à cacher au Héraut de la Peur ? Fort heureusement, l'un des mystères de l'ancien laisse enfin place à une réalité. Claquant ses mains l'une contre l'autre, le héraut laisse alors entendre quelques mots. « Nous y voilà ! » Regardant alors en direction de l'intérieur du domaine de la Guerre, le Démon Allemand croise les bras, expliquant alors.

« Le Porteur de Lumière est bien venu ici. Il a rencontré mon Seigneur, avant de quitter les lieux. Puis, il est revenu, pour cette fois rencontrer Sa Majesté Arès. » Tournant son regard en direction du Voyageur, haussant ensuite légèrement les épaules. « Il a ensuite à nouveau pris congé. Je ne connais ni sa destination, ni l'origine de sa présence ici. » Maintenant que ce point était éclaircis, un autre mystère s'accentuait : la connaissance de cet homme sur les différentes entités qui composent ce monde, sur la présence des lieux sacrés de certaines de ces puissances... La théorie d'un éveillé masquant complètement son essence semble se transformer en réalité. Les raisons pour venir en ces lieux de cette façon sont nombreuses... mais demander à voir Lucifer est une chose bien précise... Maintenant, il est vrai que lors de la deuxième venue de l'Ange Déchu, ce dernier semble avoir directement survolé le domaine pour rejoindre Arès.
Et concernant ce mystère, impossible d'en apprendre plus, encore une fois. Se présentant comme un simple voyageur – ce que le Héraut ne réfute en rien – l'ancien se décide même à reprendre totalement son rôle, commençant à prendre congé des portes du domaine... Non sans avoir à nouveau questionner le démon... à sa sauce.

Décroisant les bras pour les glisser dans son dos, cette fois l'héritier des Rosenthal approche, une certaine obscurité l'entourant. Raccourcissant grandement la distance qui les sépare, Ludwig fixe alors l'unique œil viable de son interlocuteur... Fistons ? Papa Guerre ? Avait-il vraiment dit ces quelques mots ? « Veuillez respecter le clan qui dirige ces terres lorsque vous foulez celles-ci … Quand à la réponse à votre question... » Il se penche alors légèrement, approchant un peu plus son visage de celui, retourné, du Voyageur. « Soyez plus qu'un simple voyageur, et nous pourrons en reparler. » N'avait-il finalement pas donné la réponse ? Difficile à dire... mais il sera de toute façon impossible de garder cette information: actuellement, seul lui représente Phobos... tandis que Arès, lui, semble s'être muré dans son temple. Puis, il recule de quelques pas, l'invitant d'un geste de la main poli à reprendre sa route. Son autre main, toujours dans son dos, tremble quand à elle légèrement. Naturellement plus enclin à ressentir des éléments étranges, le Héraut est actuellement perdu... ne sachant pas comment réagir face à ce mystère qui est face à lui.

Il est ironique que ce soit la nature d'un démon qui l'empêche de faire taire par la force ce blasphème.

Question de protocole, répliqua simplement l'ancien, mais ce ne sont pas mes affaires, après tout.

Il reboucha une nouvelle fois le récipient, non sans faire la moue en constatant qu'il n'hébergeait déjà plus grand chose. Malheureusement, il avait encore de la route à faire, et n'était pas prêt de pouvoir le remplir à nouveau - pas avec un breuvage de qualité, du moins.
Du reste oui, les Berserkers faisaient bien ce qu'ils faisaient avec leurs armures ; s'il leur plaisait de passer pour des miséreux, grand bien leur fasse.

À la remarque de son interlocuteur, il parut cependant plisser les yeux en instant - non pas en signe d'incompréhension, mais comme s'il tentait d'affiner sa vue, ne cessant que pour hocher subtilement la tête. Quant à savoir s'il avait compris ce que son vis-à-vis entendait par là, cela ne faisait qu'ajouter au mystère dont il avait pris soin de s'entourer. Une aura dont il n'avait de toute évidence aucune intention de se départir avant son départ.

Et donc, Lucifer était apparemment bien passé par ici ; comme quoi, il avait bel et bien eu du flair en venant toquer à cette sinistre porte.
Bien entendu, le fait d'être tombé sur l'espèce rare qu'étaient les recrues d'Arès plus promptes au dialogue qu'à défourailler tout ce qui bouge et à nager dans leurs viscères n'était pas sans avoir aidé également, il saurait s'en souvenir.

Je vois, fit-il en se caressant le menton d'un air songeur. Vous ne sauriez pas où il est parti, par hasard ? Sans lui laisser le temps de répondre, il ajouta : Bah, laissez tomber : je devrais pouvoir me débrouiller. Merci pour votre temps. Quant au reste...

Il se détourna, pour de bon cette fois, et commença à marcher de ce même pas boitillant qui l'avait mené jusqu'ici le long du sentier menant jusqu'à la Forteresse... Ou, en l'occurrence, permettant de la quitter - ce que bien peu avaient l'occasion de faire sans porter eux-mêmes les couleurs d'Arès, mais son hôte n'avait semble-t-il pas l'intention de lui refuser ce privilège.

Je vais prendre ça pour un oui, conclut-il, les mains dans les poches - et, se retournant après être parvenu à bonne distance, il fit un léger signe de main, comme invitant quelqu'un à venir le rejoindre. Ce signal n'était cependant pas destiné au Berserker - plutôt à la colonne chatoyante qui descendit des cieux pour s'abattre sur lui, faisant ondoyer sa silhouette comme un mirage avant de se dissoudre dans sa lumière.

Il avait du chemin à faire, oui.
Par chance, il connaissait un raccourci.

• • • Sanctuaire

Le protocole... Il est vrai que c'est une chose qui manque parfois à certains Berserkers. Labsence de sa Cuirasse lui vaudrait peut-être une remontrance – ou pire – de la part de l'une des divinités, mais au moins le Héraut n'ignorait pas les autres règles importantes de l'étiquette, bien qu'il allait bientôt devoir en fouler une du pied. Qu'importe. Contrôlant parfaitement les expressions de son visage, l'ancien ne semble pas démordre à l'aura de mystère qu'il impose chez son interlocuteur... Les yeux qui se plissent laissent entendre un sentiment d'incompréhension et pourtant... ne serait-ce pas un hochement de tête ? Ce mouvement, bien plus subtile que le « oui » d'un imbécile qui préfère ne pas poser de question et faire comme s'il « avait tout compris », accentue facilement le comportement quelque peu secret de cet homme.

Pressé de retrouver son ami déchu, l'ancien semble maintenant décidé à prendre congé du royaume du Belliqueux, ne laissant pas au démon allemand une chance de répondre... Comment la divinité du Carnage aurait réagi à cette visite plus qu'étrange ? Finalement, il est préférable de ne pas se poser la question : certains diraient que le corps, toujours vivant, de ce vieillard, est une insulte envers Arès et que ce dernier l'aurait mal pris. D'autres enfin préfèrent considérer que les pensées d'une divinité doivent rester à celle-ci. Tenter de les décoder, de les analyser, est une perte de temps – et risque tout autant d'insulter le dieu en question que de ne réduire à l'état de molécule l'ancien en question. Hochant alors simplement la tête, le Héraut observe les pas du voyageur l'éloigner de la porte... L'attaquer de dos ? Une possibilité, mais une bêtise selon les quelques murmures que son instinct semble souffler à son oreille. Alors, tout simplement, il laisse entendre.

« Bonne route, voyageur... »

Détournant alors légèrement les yeux, l'éternelle hallucination semble être enfin apparue. Toujours sous cette apparence de créature sombre, aux longs membres et aux yeux dorés, Baptist semble observer en direction du voyageur, ses longs doigts caressant son menton. « Que veux-tu donc ? » Tournant lui aussi les yeux vers l'ancien, il penche alors la tête, avant d'approcher un peu, lorsqu'il le voit bouger la main. Un bruit sourd traverse alors le ciel, tandis qu'une colonne de lumière traverse les cieux. « … C'est une blague ? » Avançant d'un pas rapide tandis que la créature illusoire laisse entendre un rire malsain – et potentiellement moqueur – le démon allemand arrive alors vivement devant la lumière, observant la silhouette du vieillard ondulé, semblant s'effacer dans ces mille feux.

Le rire devenant plus intense, Ludwig pose ses yeux sur lui, une certaine obscurité les animant. « Silence. » Croisant les bras, observant cette haute colonne qui lie ciel et terre... La créature, elle, semble glisser le doigt vers la lumière qui la compose, sans pour autant la toucher. Il faut prendre une décision... C'est ce qu'elle semble lui dire. Une décision ? Une décision ? Entrant alors dans la lumière, le rire de son « ami invisible » résonne de plus en plus dans son esprit, avant de se sentir séparer de lui durant un instant, à la fois rapide et si lent...

Bonne route ? Oui, espérons.

==> Accompagne le voyageur.