Trois jours à voguer sur les flots tumultueux, à la recherche d'un lieu proche à mon cœur d'un foyer. L'émotion qui me disputait à la raison oscillait entre stress, colère, nostalgie, peur, détresse. Impossible de faire un tri dans mon esprit. Mais comme face à un drame, le seul moyen d'entamer le deuil est de se confronter à la source de la douleur elle même.
Pour l'occasion, j'avais réquisitionner mon navire de pirate, le "O'Bannon" pour me rendre sur les lieux de mon souvenir. L'équipage n'avait pas mis longtemps à se prêter de bonne foi à ma requête, et en tant que capitaine peu présent, j'avais pris soin de leur promettre de traquer une proie digne de ce nom avant de les pousser vers ma destination. Chose promise, chose due et cette chasse ne risquait pas de prendre bien longtemps.
Pour m'occuper et m'empêcher de trop cogiter, j'avais séduit un mousse et profiter du rhum délicieux mis à ma disposition par les membres de l'équipage, désireux de gagner mes faveurs, et donc potentiellement d'obtenir une meilleure récompense lors du prochain abordage. Conscient de ces tentatives de subversion, je m'y prêtais de bonne grâce.
Moment particulièrement attendu et savouré, une fin d'après-midi comme une autre, j'avais décidé de me plonger dans l'eau tiède et savonneuse d'un bain. Une fois la baignoire d'ivoire pleine à ras bord, j'avais gouté lé délice de mon élément favori sur ma peau délicate.
Les yeux clos, je laissais mon esprit partir à la dérive, quand le cri de la vigie me tira de mon délice.
Navire en vue ! Un bateau marchand !
D'abord agacé d'être ainsi déranger, je finis par sortir de mon bain, nu comme un ver, pour gagner le pont.
Autour des pirates avides de sang et de richesses, j'aperçus à mon tour notre proie et fus soulagé de savoir que l'acquisition des trésors endormis dans la cale de notre cible allait me permettre de mettre un terme à ce voyage.
Allons bons hommes ! A l'abordage !