A la découverte du Sanctuaire

Mon souffle parvint à reprendre tout doucement un rythme normal mais mon corps était encore trop faible pour que je puisse me redresser. Pourtant le temps pressait… En effet, Endymion, dont le regard de glace semblait me transpercer, s’approcha d’un pas lent vers moi. Lorsqu’il se trouva à quelques mètres de ma personne, je sentais le silence qui régnait au sein de la onzième maison du zodiaque comme un poids. Pourtant, je ne tremblais pas et je tentais tant bien que mal à me redresser afin de pouvoir, dans une ultime action, parer la prochaine attaque du chevalier du Verseau.

Dans un combat réel, tu serais mort. N'ai aucun doute là-dessus. Ta technique est prometteuse mais tes coups manquent de force et de conviction. Tu disposes d'un sens de l'analyse aiguisé, mais ton esprit est encore trop faible. Tu n'es donc pas prêt pour affronter le monde extérieur... Toutefois...

Bien que difficile à admettre, Endymion avait raison : ma défaite était indubitable. Alors que j’avais baissé le regard par honte, mon attention conduisit mes yeux à se poser dans ceux du Gold Saint lors de sa dernière intervention. Alors que son Cosmos était devenu aussi calme qu’un lac, Endymion me tendit la main tandis qu’un sourire s’était affiché sur son visage. Tout en m’aidant à me redresser, le chevalier du Verseau rompit le silence des lieux :

Tu feras un jour un chevalier extraordinaire. Tache de survivre jusque-là, pour que je puisse me vanter de ta réussite. Mais je te préviens. Je serais un mentor cruel, sadique, et sans aucun scrupule. Tu jugerais surement mes leçons déloyales, humiliantes ou douloureuses, mais je te promets de tout faire pour que la lame que tu deviendras soit la plus brillante et solide possible.

Un certain soulagement envahit mon cœur en écoutant les paroles du Gold Saint. Un entraînement difficile ? Je n’en attendais pas moins de la part d’Endymion. Par ailleurs, si mon maître Raguel m’avait enseigné toutes les bases que devait savoir un chevalier et qu’à jamais je lui serai reconnaissant pour tout ce qu’il m’avait apporté, il se pouvait que son entraînement fût peut-être trop doux. Non, j’en étais persuadé : avoir Endymion pour maître ne pouvait m’être que favorable.

En effet, à la vue du combat qui s’était déroulé entre lui et moi, j’ai pu déjà me rendre compte que le chevalier du Verseau pouvait me faire atteindre des limites que jamais je n’aurai pu imaginer auparavant. Ce ne pouvait qu’être comme ça que je pourrai peut-être, un jour, prétendre à l’armure d’or du Bélier. Par ailleurs, Endymion m’avait également démontré que non seulement il connaissait ses capacités de manière affinée mais qu’il pouvait les combinés avec une stratégie imparable.

Tentant de rester digne malgré les tremblements qui parcouraient mon corps, je m’inclinai en signe de respect ce qui eut pour effet de faire affluer le sang à mon crâne, accentuant le saignement de la plaie situé non loin de mon front. Pourtant, je conservais une voix calme :

C’est un honneur de devenir votre disciple, Maître Endymion. Je compte sur vous pour ne pas aller de main morte à mon égard. Je vous promets de ne pas vous décevoir.

A ces mots, Endymion, dont le calme semblait avoir envahi sa personne, se tourna vers le chevalier de la Vierge. Ce dernier, devant l’enchaînement d’actions qui s’étaient présentés, avait respecté le désir du protecteur de la onzième maison du zodiaque ainsi que la mienne. En effet, Hogo était resté sur le côté, observant néanmoins avec inquiétude ce qui se déroulait dans la maison du Verseau.

Et si on allait boire un coup, à Rodorio ?! Je me suis assez battu pour aujourd'hui ! Je paye la première tournée !

De l’alcool ?! La phrase d’Endymion m’inquiéta grandement. Peut-être même plus que la puissance de mon maître. Je connaissais l’effet de l’alcool sur ma personne et être enivrée ne m’était pas favorable. Ajoutons à cela que je ne tenais pas du tout les sulfureux pour comprendre à quel point la proposition d’Endymion me mettait dans l’embarras. Si une once d’inquiétude pouvait se lire dans mon regard, je parvins à reprendre mon calme. Après tout, Hogo étant un moine, j’avais de grande chance que ce dernier refuse l’invitation. Quant à moi, le fait que je tenais à peine sur mes jambes pouvait excuser mon absence. C'est alors qu’Hogo rompit le silence :

« Je suis partant, surtout si tu payes la première. Je ne bois pas souvent mais je vais peut-être pouvoir profiter de l'occasion pour parfaire ma technique de l'ivrogne, il y a un petit moment que je n'ai pas pratiqué. »

Raté… Le Saint de la Vierge semblait bien vouloir profiter de l’offre du chevalier du Verseau. Soit, il me restait toujours l’excuse de mon état pour prétendre devoir me reposer afin d’éviter de donner pour spectacle à mon maître celui d’un chevalier qui pouvait s’avérer un tant soit peu pitoyable une fois pris par l’alcool. C’est alors qu’Hogo porta son regard sur moi, ce qui réveilla mes craintes.

« Cependant, si tu souhaites que ton élève nous accompagne, il va falloir le requinquer un peu... »

C’est alors que le Cosmos de Hogo vint encercler ma personne. L’aura d’orée procura une sensation de chaleur et sembla apaiser mon esprit. Soudain, toute douleur se dissipa de mon corps tandis que les plaies qui le parcouraient cessèrent de saigner. Alors que je me redressais sans plus aucun tremblement dans les jambes, je portai ma main droite sur mon front. Au contact de ma peau, je constatais que l’afflux de sang qui venait de mon crâne avait déjà séché tandis que la plaie, sans aucun doute la plus importante du combat, s’était refermée. Je devais dire que le pouvoir des chevaliers d’or était, décidément, impressionnant.

« Voilà qui devrait te permettre de marcher à peu près normalement et de profiter d'une soirée bien méritée. Mais fais attention, j'ai ouïe dire que ton Maître n'a pas d'égal lorsqu'il s'agit de boisson.... surtout alcoolisé. »

« Alors mon ami, où souhaites-tu nous emmener ? Je suppose que tu as déjà ta petite idée. »

Alors que je m’apprêtais à remercier le chevalier de la Vierge, les paroles de ce dernier me tétanisèrent malgré les soins procurés. Je m’approchai alors d’Endymion.

Heu… Maître… Heu… Je ne sais pas si mon rang peut me permettre d’être à la table de deux chevaliers d’or… Vous ne souhaitez pas plutôt que je nettoie les dégâts causés dans votre maison ? Par ailleurs, je n’ai pas l’habitude de boire de l’alcool et je ne voudrais pas vous causer la moindre gêne.