L’émotion la plus ancienne et la plus intense de l’humanité est la peur, et la plus ancienne et intense des peurs est la peur de l’inconnu.
¤ Je rejoins les forces de Phobos... bien qu'Arès soit le Dieu primordial de ce camp. Voix de Phobos, je dois, au final, surtout obéir à ses ordres. ¤ Mon élément de base sera l'Ombre, le domaine invisible dans lequel règne les vices et horreurs du monde. Je manipule aussi les forces du sang et de la chair, qui oblige un lien avec l'élément Mort. ¤ Je suis principalement Observateur et loyal. Le sadisme fait aussi parti de mes qualités ou défauts, ainsi que l'immoralité et la débauche dont je fais preuve toute ma vie durant. ¤ Mes origines trouvent leur source en Allemagne. Mais je ne reste qu'un représentant des Abysses. ¤ Je suis âgé/e de 23 ans, bien que ma mémoire, elle, est liée à celles d'êtres bien plus anciens que moi. ¤ Je considère mon Maître, Phobos, le Père de la Peur. Le Dieu de la Guerre, ainsi que ses autres enfants ont aussi mon respect éternel, car ils sont des dieux. Je considère aussi ceux qui acceptent de voir, de comprendre, la Peur sous sa forme la plus pure... ainsi, j'accueille les rares humains qui plongent dans les Abysses. Je considère les anciens Hérauts, le devoir de ma famille et clan, ainsi que les œuvres qu'ils ont pu créer durant leurs différents règnes. Enfin, je respecte, considère, la Peur, l'Effroi, les Abysses, l'Esprit... et la Folie... qui sont des éléments essentiels à mon existence ¤ Je ne considère pas L'être humain... cette forme de vie inférieure. Les humains ont oubliés la véritable notion de la Peur... ils sont pathétiques et grouilles comme des insectes. La trahison est le plus important des péchés, et il doit être puni de la plus violente des méthodes. Enfin, ceux qui osent contester la parole de Phobos, qu'ils soient divinités de la Justice ou simples humains...
Lors de nos recherches, nous avons pu trouver un témoignage. L'auteur, un chroniqueur au prénom inconnu nous raconte alors sa rencontre avec Ludwig von Rosenthal. La discussion semble se dérouler peu après les terribles événements climatiques de 1754, mais le document ne laisse pas de date précises.
Sir Alfred McAlister, Professeur en Archéologie à l'université d'Inverness.
Avant de nous pencher sur cet entretien que j'ai pu avoir avec Ludwig von Rosenthal, j'aimerais d'abord mettre en avant l'aspect le plus important de ce texte. Il se veut parfaitement objectif, totalement neutre. Cela veut dire que je décrirais les mouvements, les paroles, les regards du sujet de cet entretien. Je pourrais vous donner des hypothèses, sur sa possible personnalité, mais je refuse catégoriquement de mettre en avant mes propres émotions, à l'encontre de cette personne. Maintenant, avant de vous soumettre le bilan de mon entretien, un peu d'histoire. La famille Von Rosenthal, depuis la création du Saint-Empire, s'est avérée être une véritable énigme pour les érudits qui ont pu s'y intéresser. Son arrivée dans le monde politique, les rumeurs sur certaines... actions qui ont pu être commises et d'étranges légendes urbaines sur la fertilité des terres de Rosenthal. C'est ces témoignages, ces rumeurs, qui m'ont poussé à étudier cette famille, son histoire... son implication dans le monde passé et ce qu'elle devenir dans le futur. Bien entendu c'est après diverses études que j'ai pu comprendre la puissance de cette famille... mais aussi un sombre secret que je n'avais seulement frôlé... jusqu'à maintenant. Phobos, abysses, évolution... une philosophie sombre entourait cette famille qui s'était liée, preuves à l'appuie, à certains auteurs, chercheurs, désavoués – pis encore, traqués – par le Vatican.
Avant de plonger totalement dans l'entretien avec l'héritier, il faut savoir que je n'étais pas seul invité dans ce manoir – bien que j'ai été le seul à avoir eu le droit à un entretien en privé avec Ludwig –. Outre son serviteur, il y avait de nombreuses personnes, dignitaires ou non, qui semblaient... attendre quelque chose... Ils jouaient à un étrange jeu où ils pariaient... des objets ressemblant à des os. Enfin, je ferais sûrement une seconde chronique, concernant les choses que j'ai pu voir dans ce manoir.
Que pourrais-je dire comme premier élément concernant Ludwig. Le sujet se montre... extrêmement fascinant par sa franchise. Il tourne autour du pot, il met en scène ce qu'il dit, mais il explique aussi, des choses si folles qu'elles ne pourraient être fausses. Je dis cela à cause de ce regard. Il perçait la pénombre du salon dans lequel nous nous trouvions, tous les deux. Un regard sans émotion, mais qui semblait me juger, affirmer que je n'étais pas au même niveau que lui. Et en effet, Ludwig me confirmait assez rapidement que selon lui... les « humains ne méritent pas d'exister. Ils doivent évoluer... ou disparaître. » Quelle étrange phrase pour commencer un tel entretien. Je m'étais installé et... cette phrase était lancée, violente et à la fois... douce. Car c'est l'un des éléments le plus troublant chez cet homme... cette voix sombre, porteuse de paroles cinglantes, possède une étrange douceur. Cette façon qu'il a de parler s'approche de cette évidence tant répétée et pourtant, jamais égalée... « même les plus belles roses possèdent des épines ». Sa parole est de cendre, mais d'une musicalité qui m'empêche parfois de me concentrer.
Et je pense qu'il aime en jouer, qu'il aime utiliser cette image... pour masquer – sans réellement le faire – de terribles nuances. Son regard perçant, offrant à votre corps l'impression d'être étudier, chaque nerfs mis à vif... se glisse dans une conversation presque... souhaitée. Peut-être est-ce seulement ma personnalité qui veut ça, mais je suis sensible à ce qu'il me dit, j'essaye de le comprendre. Ainsi, lorsque je lui demande ce qu'il est, sachant qu'il m'a confirmé ne pas faire parti du genre humain. « Un monstre », a t-il répondu, sans une seule once d'hésitation... Je lui demande de préciser... « Êtes-vous un criminel ? ». J'ai posé cette question... sans grande conviction. Et peut-être l'avait-il décelée car il a eu un léger rire. Il a joué une de ses mèches, m'observant avec un certain intérêt... Un intérêt fugace, un désir de possession... Mais qui ne semblait pas durer, car rapidement, son expression est redevenue identique. Il m'a alors expliqué ce qu'il était. « Un descendant de Nosferatu. Le serviteur d'un dieu supérieur... la Voix de Phobos. » Il disait ça... simplement, comme un enfant récitant une poésie face à son maître. Comme un adulte qui sait ce qu'il est... et ce qu'il sera plus tard. Oui, Ludwig von Rosenthal semble savoir des choses... il semble assumer un avenir que seul lui peut voir. Il m'explique que les descendants de Nosferatu sont des élus... ayant la chance d'être ce qu'était le Fondateur des Rosenthal : des monstres. Leur apparence humaine n'est au finale, qu'un moyen d'effectuer une mission... une mission sacré. « Un désir gravé dans mes gênes, qui me guidera durant ma vie... et au-delà. »... Il utilise derrière le terme de volonté pour décrire plus littéralement cette idée.... une volonté qui est transmise de générations en générations.
Je dois bien l'avouer, je me suis montré extrêmement curieux... déjà je voulais savoir d'où lui venait cette assurance... A ses yeux, il se considère comme un être supérieur aux humains. Il a d'ailleurs été extrêmement... franc... en m'expliquant ceci : « Les humains vivent en sachant que leur histoire se terminera, un jour. Ils suivent des émotions et leur comportement se calque de façon à répondre à une situation lorsqu'elle se manifeste. Ils sont faibles et stupides... Stupides au point... qu'ils pourraient en devenir adorable. » J'ai compris à ce moment là que l'arrogance de cet homme n'était pas seulement une manière d'être... elle puisait dans des faits qu'il semblait avoir vérifiés. Ainsi, derrière cette lueur hautaine, se cachait une certaine « sagesse impure », un savoir que je ne saurais – et j'en suis heureux – atteindre... Pourtant, des éléments contredisent ce discours... il fait preuve d'émotions. Que ce soit la fierté, l'arrogance, une certaine forme de plaisir aussi... Et, d'un côté, je ne peux confirmer que ces émotions soient réellement... présentes. Les seules hypothèses que je peux formuler est que l'émotion qu'il ressent n'est pas... permanente, mais plutôt une fulgurance, à l'image d'une explosion. Ceci est ma théorie... et elle s'appuie sur un dialogue que nous avons pu avoir ensemble...
« Qu'est Phobos, pour vous ? » Pour la première fois depuis notre entretien, son regard s'est montré... à la fois extrêmement intéressé et emplie d'une forme de loyauté sans faille. « L'existence... » A t-il répondu... Il a croisé une jambe, il a posé ses mains de chaque côté de son fauteuil et fermé les yeux. Son livre reposait dans le creux formé par sa jambe croisée. Je voyais en ce genre une forme de mise en avant de sa loyauté : celle-ci est la base de l'essence de Nosferatu... et cette dernière est représentée par ce livre, le testament des hérauts. « La Peur est notre raison d'exister. Nosferatu, a vu... il a vu le désir ardent de notre Maître... Alors, Nous les descendants, suivons cette vérité qui anime l'existence de chaque enfants de Phobos. Pour certains... cela se traduit par un désir de destruction physique... d'autre de possession d'existence... de folie... Mais tous ne veulent dire qu'une chose... » Il a alors ouvert les yeux, et pour la première fois je pouvais voir une véritable excitation dans son regard. « L'évolution... telle imaginée par Phobos. C'est notre souhait le plus cher ! Et le souhait le plus cher de Notre Maître ! »
Au départ je pensais que Ludwig von Rosenthal était un simple fanatique... Mais non... il est bien plus que ça. Il est un monstre... prêt à tout pour assouvir ce désir...
Le texte ci-dessus a été retrouvé, aux côtés du corps d'un inconnu, pendu. Sur son corps était gravé de simples mots : L’œil percera la nuit... et les abysses chanteront.
Psychologie
« Aujourd'hui est un grand jour. » Délicatement, l'auteur de cette phrase ferme son livre. Sa voix est douce, bien que nuancée par une certaine forme d'excitation. Un étrange phénomène que celui... après tout, Ludwig von Rosenthal s'est toujours vanté de pouvoir garder le contrôle de ses émotions. Mais, excusons le... car aujourd'hui est réellement un grand jour. Ainsi, déposant son ouvrage – un manuscrit ancien, dont les symboles ésotériques semblent décrire le mouvement des étoiles, une lecture de celles-ci – le jeune homme se redresse, du cœur de cette salle à l'apparence de clocher. Perché dans les hauteurs du temple de Nosferatu, se trouve cette simple pièce... ce lieu de recueillement, interdis à tous... sauf à lui. Oh, personne ne cherchant à savoir ce qu'il pouvait faire ici... après tout, le Maître du culte attendait habituellement, sur le trône... Il observait les âmes vivres entre ses murs, étudier, expérimenter... Mais dans cet endroit, il voyait bien plus loin. Cette vigie perçant les cieux. Inspirant doucement, il ferme ses yeux... Non, son seul œil visible car le second, pour des raisons encore inconnues, est caché derrière un tissu sombre. Et c'est dans cette situation qu'il voit le ciel se voiler... qu'il observe la lune s'élever. Mais surtout, ce dont il était témoin était un phénomène bien plus grand, bien plus imposant, que toute chose que la nature pouvait produire.
Le ciel sombre commençait à être éclairé, d'une lueur pourpre. Celle-ci baignait, durant une simple fraction de seconde, dans le monde... « Les augures ont parlé... Enfin, notre pouvoir s'éveille... » Ouvrant légèrement les bras, une aura l'entoure, peu à peu. Violacée, elle surgie plus brutalement, jusqu'à englober totalement cette retraite silencieuse. Cette quiétude est d'ailleurs peu à peu briser, par de violentes manifestations, rappelant les hurlements de ces monstres... Pauvres enfants, vous qui vous couchez ce soir... ayez peur.
Soupirant alors légèrement de plaisir, Ludwig observe ses doigts. Le seul changement qui opérait était ésotérique car, après tout, à la différence des autres serviteurs d'Arès, il était le héraut d'un Dieu bien plus dangereux que le carnage lui-même. Descendant de Nosferatu, il était né avec cette apparence humaine, mais lui, il voyait... il voyait la vérité derrière cette chair blanche et chétive. Au final, la seule chose que cela ajoutait était la puissance... une nouvelle puissance. Les anciens rituels n'étaient maintenant plus d'actualité... car la puissance du Kaiser s'était éveillée ! Mais, une tâche l'attendait. Une tâche bien plus importante que toute celle qu'il aurait pu avoir avec cet éveil. Ainsi, il s'éloigne, approchant de la porte... avant de s'arrêter. Il observe cette pièce, ce siège qui se tient, face au cadran. Les ouvrages qui reposent dans ce lieu semblent nombreux. Ouvrant légèrement sa main, commence à faire apparaître une forme au-dessus de ses mains. Celle-ci semble être formée par son sang, par sa chair qui s'élève de ses doigts et par son propre esprit qui glisse depuis sa bouche jusqu'à lui. Enfin, naît un livre. Un livre qu'il attrape. « Un nouveau chapitre commence. Et il rejoindra ensuite ce sanctuaire. Un jour. » Et pour protéger cet endroit, une silhouette commence à se dessiner dans l'ombre du jeune homme, s'élevant pour rejoindre le siège, s'installant dessus. Une sentinelle silencieuse.
Mais notre récit ne s'arrête pas là, car laisser cette vigie au soin d'une ancienne manifestation n'est, au final, pas l’œuvre qu'il doit accomplir. Tenant ce nouvel ouvrage entre ses mains – est-il déjà rempli de notes, de textes ou est-il totalement vierge, un mystère dont vous n'aurez jamais de réponse – le jeune homme laisse derrière lui ce sanctuaire pour rejoindre la silhouette de Hector. Brave Hector qui, depuis sa naissance, il y a des siècles, continue de suivre son unique maître. « Les Armées d'Arès se sont éveillées. Il est temps de rejoindre la Nécropole. » Les mots lancés, le jeune patriarche descend les marches du colimaçon. Et ce n'est pas seul qu'il avance dans les couloirs obscures. Non, une cohorte le suit... ombres invisibles, illusions malsaines pour les profanes. Elles rampent, marchent, lévitent légèrement... parfois, l'une d'entre elle approche du patriarche, glissant ses doigts contre sa joue. Ce simple geste procure un léger sourire au jeune homme, arrachant à son œil une étrange lueur. Arrivé enfin dans cette vaste pièce à l'aspect de cathédrale, face à ce trône qui est le sien, il observe les environs, posant ensuite ses yeux sur Hector, hochant simplement la tête. Et tandis que le serviteur s'en va ouvrir les lourdes portes se trouvant derrière le trône, le jeune maître, lui, regarde cette statue de démon archaïque. Le sang des traîtres à été purifié... maintenant, la nouvelle étape allait devoir commencer. Et c'est avec cette pensée que Ludwig von Rosenthal avance, traversant cette entrée... s'enfonçant avec son serviteur et sa cohorte... dans les profondeurs.
La Nécropole est un domaine ancien... plus ancien que le Saint-Empire lui-même. Il est dit que toutes personnes ayant comme nom de famille « Rosenthal » ou son ancienne forme – il faut bien comprendre que ce lieu existait à l'époque même de l'Empire Romain – serait enseveli ici. Et ceci n'est pas une rumeur... mais bien une vérité car, tous ces couloirs tentaculaires forment la dernière demeure des anciens membres du culte, des anciens cousins, frères, sœurs, tantes, qui composaient le lignage Rosenthal... Qu'ils soient de la lignée principale ou des différences branches secondaires, ils étaient emmenés en ces lieux. Pourtant, aucun corps n'est emmuré, enterré... Mais c'est bien une Nécropole... Tant de secrets, que je ne compte pas dévoiler.
La longue marche mène enfin au cœur de cette Nécropole et, dans cette vaste salle, se trouvent des crânes, déposés sur des trônes. Sur chacun de ces sièges de grandes factures, se trouvent un plaque de marbre, donnant le nom du héraut associé. Le crâne, lui, est le seul vestige, la seule relique qui reste, de chaque descendants de Nosferatu... Puis, une première goutte commence à s'écraser au sol... Du sang. Imbibant tout d'abord le tissu, le liquide carmin rejoins immuablement le sol, sans que Ludwig retire ce cache-œil rempli de sang. Après avoir déposé le livre sur une pupitre au style tentaculaire, le jeune homme lève doucement les bras, le sang coulant doucement contre sa joue. « Mes frères, entendez-vous ma voix, depuis votre demeure séculaire ? Mes sœurs... qu'attendez-vous, depuis ces Abysses ? » Le jeune homme tend alors doucement sa main, tandis que sa voix résonne... Pas seulement dans cette pièce, mais dans chaque couloirs cyclopéens de cette Nécropole, dans chaque salles de ce temple... Levant alors légèrement le visage, il reprend, sa voix gagnant une nouvelle force. « Depuis ma naissance, mon cœur entend vos puissants sentiments. Oui ! La Colère anime votre volonté, ainsi vient le désir de vengeance de ceux qui ont été trahis.. La tristesse anime votre âme, ainsi vient la solitude de ceux qui ont été oubliés. Oui, je peux entendre cette volonté, cette âme... vos sentiments résonnent à travers mon cœur. Mes frères ! Mes sœurs ! Mes amis ! Votre colère, votre tristesse, je les ai entendu et votre volonté a été accomplie ! Le sang des traîtres a abreuvé le corps de Nosferatu, notre Père ! » A ces mots, une puissance commence à résonner dans ce lieu... l'aura violacée se manifestant à nouveau, accélérant la perte de sang, qui lui s'écoule dans d'étranges rigoles, jusqu'à former un symbole. De ce sang naissent alors de visqueuses appendices, qui s'élèvent...
« Mes frères, mes sœurs, mes amis... Le même désir règne en mon cœur. Oui... Ce désir de déformer éternellement le visage de mes victimes. Le désir de réaliser le souhait qui anime notre existence ! Je veux voir, sous mes yeux, une guerre éclatante détruire les valeurs d'un monde ennuyant et inadapté ! Un monde qui a perdu sa vérité ! Un monde qui n'est qu'étape... dans le grand dessein du Père des Ombres et des Peurs. Cette perspective, de créer un nouveau monde, de poser ma pierre... » Simplement, le jeune homme pose la main sur ce tissu imbibé de sang, continuant tandis que les tentacules sanglantes glissent contre les crânes... semblant animées par de lointaines volontés. « Elle transforme les cendres que nous dévorons en chair... elle transforme l'eau que nous buvons en sang... Oui ! Mes frères, mes sœurs, mes amis... Je dois répondre à ce désir... Je veux répondre à ce désir ! M'abreuver du sang et du corps des faibles qui osent vouloir empêcher l'évolution ! Et, mes frères, mes sœurs, mes amis... Je vous offrirais, à vous aussi, vous qui vivez dans les Abysses, vous qui avez protégé nos valeurs... vous qui avez accepté votre décadence... Je vous offrirais cette réalité ! Je vous offrirais votre place dans ce monde qui nous a oublié. Car aujourd'hui ! Notre Maître Absolu, Phobos... est libéré. »
Et alors qu'une des appendices sanglantes approche... il retire sa main, laissant la tentacule arracher violemment ce cache-œil. Ce qui se trouvait dans l'orbite était un néant absolu... le sang coulait d'une blessure béante. A ce moment là, l'aura, le cosmos de Ludwig, englobe le lieu, disparaissant dans chaque couloir, faisant apparaître les âmes errantes... ainsi que cette cohorte d'ombres qui l'accompagne depuis son enfance. « Mes frères, entendez-vous ma voix, depuis votre demeure séculaire ? Mes sœurs, qu'espérez-vous, vous qui patientez dans les Abysses ? Mes amis, que souhaitez-vous, en ce jour merveilleux ?! » Le jeune homme passe alors la langue contre ses lèvres, fermant son seul œil valide... tandis qu'il attend cette réponse. Une seule réponse, de simples mots... qui officialiserons réellement son titre. Car après tout, être simplement le descendant de Nosferatu n'était pas la seule obligation... les Anciens devaient l'accepter, eux qui vivent dans cette Essence... dans ces Abysses. « Laissez-moi... non... Laisse-moi entendre ta réponse, Essence et Volonté de Nosferatu. » Le sombre cosmos gagne peu à peu en intensité, se transformant en océan oppressant. Ce flot transmet cette simple émotion, cette simple demande. Puis... alors que les ombres illusoires aient traversé le mur de la réalité commencent à sourire... leurs visages se brisent... pour ensuite pousser un hurlement, un puissant hurlement auquel s'ajoute d'autres cris, plus lointains... Les appendices glissent alors dans les crânes, ceux-ci perdant cet aspect pâle... pour s'imbiber de la matière sanglante. L'âme de Ludwig von Rosenthal vibre alors ! Lui, fils du traître, a été reconnu digne. Il avait vengé sa famille... Il avait vengé les anciens hérauts... Levant alors ses bras, ses poings se fermant, il arrête les hurlements par ce simple geste.
« Angst ! La Peur ! J'ai pu entendre votre rêve ! Votre espoir ! Votre volonté ! Il en sera donc ainsi, comme mes ancêtres avant, comme vous, j'apporterais la Peur à ce monde. Mais... pour vous qui avez été humilié par les forces de l’Église. Pour vous qui avez trahis, oubliés, scellés.... Une simple guerre, un simple sentiment, ne pourra répondre à votre désir. » Bougeant alors violemment sa main gauche, tandis qu'une plainte sourde commence à naître dans les couloirs. « Une guerre totale ! Nous devons ouvrir les portes de l'Abysse et engloutir la foi des faibles ! »
C'est alors que les portes de la Nécropole s'ouvrent à nouveau... Les ombres se redressent, tandis que des hurlements viennent à retentir. Cette statue, patiente, s'élève alors... Son corps se dépliant, ses ailes se fermant... Une nouvelle volonté l'anime, l'attirant dans cette Nécropole. Son pas est lourd, et son seul mouvement attire les yeux des âmes errantes, des anciens Rosenthal veillant sur la Nécropole. « Je peux les entendre, ceux qui considèrent ma quête comme folle. Je peux les entendre, ceux qui ne voient qu'en moi une croyance ancestrale, qui aurait, selon eux, été vaincue par la force du Dieu Unique. Je peux les entendre ! Mais, je leur répondrais, que jamais je n'abandonnerais le Père des Abysses et de la Peur. Je leur répondrais, mes frères, mes sœurs, mes amis, que mon cœur n'est pas seul. Que mon âme est composé par la volonté de tous les anciens descendants de Nosferatu, notre Père. Oui ! Je porterais l'étendard de notre Maître ! Et tandis que sonneront les cloches des Abysses... je montrerais au monde ce que nous pouvons voir ! Et, j'en suis convaincu, mes frères, mes sœurs, mes amis.... Jamais mon âme ne sera détourné de cette vérité qui m'anime. Car je suis le Héraut de Phobos ! Ma mission est de montrer au monde... son véritable avenir ! » Les hurlements qui avaient de nouveau repris viennent à s'intensifier... tandis que les portes du mausolée s'ouvrent. La silhouette de cette armure, de ce corps de Nosferatu, avance, lentement. Et c'est en approchant, que le crânes viennent à vibrer. Une rose commence alors à sortir de l'orbite gauche de ces reliques. Ce même œil qui manque, actuellement, au jeune homme. Son cosmos résonne alors avec celui du corps de Nosferatu, tandis que sa voix, elle, s'intensifie. « A ceux qui voyaient en nous un déclin, nous leur offrirons le souvenir de notre volonté ancestrale ! A ceux qui dorment du sommeil du juste, oubliant notre présence, nous leur offrirons le souvenir de nos mains, les tirant hors de leurs lits par les cheveux ! Ils se rappelleront alors du souffle de la peur contre leur nuque ! Ils se rappelleront des Abysses qui attrapent leur cœur pour l'arracher ! Oui ! Nous leur offrirons le souvenir du bruit de nos bottes, écrasant leur esprit, leur foi, leur âme ! Leur Faiblesse ! » Les hurlements gagnent en puissance et violence, faisant trembler les murs de cette Nécropole... Oui, personne ne peut tenter de brider les Rosenthal... de poser des chaînes à leurs bras, à leurs jambes et à leur gorge... Personne ne peut tenter de les considérer comme des chiens ! Car Phobos est leur seul Maître ! « Ils se souviendront alors de la vérité qui anime leur existence. Ils se souviendront qu'ils sont inférieurs, qu'ils doivent évoluer. Ils se souviendront que dans les Abysses, leurs Passions sera exacerbée et que seule la Peur permet d'accepter cette vérité. Angst ! Ce mot se gravera dans leurs âmes et leurs cœurs... Angst ! Notre volonté ne faiblira pas... Angst ! Mes frères, mes sœurs, mes amis ! J'offrirais à l'Essence de Nosferatu, soyez-en certains, le plus beau des champs de bataille et le sang des vaincu ! » Il pose alors son œil unique sur cette armure, ouvrant les bras tandis que le sang s'élève de nouveaux en de sanglantes appendices. Elles s'accrochent aux bras, aux jambes, du jeune homme, dont le sourire malsain éclaire son visage blême.
Inspirant une dernière fois, il profite du parfum de rose qui commence à naître... Le corps, l'armure, avance... Sa respiration froide s'insinuant dans l'orbite vite de son œil gauche. « Voici l'ordre du héraut de Phobos, le Père de la Peur et des Abysses... » Les hurlements se taisent alors, le cosmos s'effaçant peu à peu, ainsi que les créatures, redevenant illusoires... Puis, le corps de Nosferatu approche... ouvrant sa gueule devant l'orbite vide.... « Mes frères... mes sœurs... mes amis... guidons les humains jusqu'à la Plaine des Roses... Angst ! »
Et c'est ainsi... qu'une nouvelle quiétude arrive dans ces lieux, tandis qu'un œil s'ouvre.
Allégeance
HRP
Vous et le forum
► Comment avez-vous connu le forum ? J'y suis déjà en fait : ) ► Quel âge avez-vous ? 25 ans. ► Double compte ? Oui... un petit Titan qui n'a pas encore rencontré le Tartare. ► Avez-vous pensé à lire et signer les règles ? Oui, elles ont été lues et approuvées bien entendu.
Merci à Frosty Blue de Never Utopia pour le codage de cette fiche
Dernière édition par Ludwig von Rosenthal le Mer 12 Oct 2016 - 23:52, édité 2 fois
Mime
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Sujet: Re: Ludwig von Rosenthal, Berserker de Nosferatu et Héraut de Phobos. Mer 12 Oct 2016 - 20:48
Votre Sainteté,
C'est un honneur pour moi d'écrire mes dernières volontés et de vous les transmettre. Je tiens, avant toute chose, à présenter mes excuses les plus sincères concernant mon absence, particulièrement le jour de votre prise de fonction en tant que souverain pontife. Il se trouve, Saint-Père, qu'une importante mission m'obligeait à rester loin du Saint-Siège. Cette dernière est la raison pour laquelle je prends la plume en ce jour... Mon nom est Heinrich Ebstein et je suis Évêque, membre de l'ordre mineur des Exorcistes. C'est avec une profonde tristesse, une terrible honte et un effroi grandissant que je vous transmets qu'en ce jour du 30 Octobre 1753, je considère ma mission comme un cuisant échec, malgré mon désir d'effectuer l'exorcisme. Nous comptons à ce jour plus d'une dizaine de morts, victimes de ce que je pense être le courroux du démon que j'ai tenté de bannir de ce monde. Malheureusement, je dois être parfaitement honnête avec vous : mon appréciation du problème s'est montrée fausse et ce que je croyais n'être qu'une conséquence était en fait la cause, le centre de cette démoniaque affaire. Ainsi, les lignes qui suivront seront, comme j'ai pu l'écrire plus tôt, mes dernières volontés ainsi qu'un rapport se voulant détaillé de la situation. Je n'imagine pas, ou plutôt il m'est difficile d'imaginer, un avenir dans lequel je survivrais à l'être infâme que j'ai rencontré. C'est donc avec cette réalité, ainsi qu'une profonde mélancolie, que je prends la plume, enfermé dans l'église d'une bourgade du territoire de Saxe. Bien que les ombres de la Réforme harcèlent les terres du Saint-Empire et de ce duché en particulier, je me devais de rester près de ce démon et d'observer les sombres événements se dérouler. Je vais maintenant tenter de décrire au mieux cette affaire, qui m'avait été confiée, à ma demande, par votre prédécesseur, le Souverain Pontife Clément XII.
Le 1er jour de février de l'année 1738, j'ai reçu une missive provenant de Herr Sigmund von Rosenthal, patriarche et héritier d'une puissante lignée de Saxe et, surtout, mon ami. Cette Maison possédait, possède encore, de puissants et étroits liens avec le Prince-Électeur et duché de Saxe, ainsi que de l'Empereur en place. La demande que contenait ce courrier était quelque peu particulière. Comme mon ordre me le demande, les différents documents en rapport avec une mission d'exorcisme sont conservés par l'émissaire du Saint-Siège sur place. Vous trouverez donc la missive contenant la requête exacte de mon ami.
Le 23 décembre 1737
Cher ami,
Il y a bien longtemps que je n'ai tenu de correspondances avec vous et j'en suis particulièrement désolé. Mes obligations liées à la protection de mon clan, ainsi qu'à ses relations avec le Saint-Empire, sont de lourdes tâches et le temps qu'il me reste habituellement ne m'est pas suffisant pour prendre la plume. Pourtant, c'est après une longue réflexion entre ma femme, Béatrice, ainsi que moi-même, que j'ai décidé d'écrire cette lettre. Mon ami, je vous en conjure, apportez nous votre aide. Ma famille sombre peu à peu dans un désespoir comme je n'ai pu en ressentir et je redoute que les prochaines années empirent ce sentiment d'effroi dans lequel nous baignons.
Lors de votre sacre en tant qu'évêque, vous m'aviez demandé si quelque chose perturbait mon esprit. C'est à ce moment que j'ai compris le lien qui nous unissais. En effet, durant toutes ces années, vous aviez pu déceler mon comportement, mon état d'esprit. C'est ainsi que vous êtes passé d'ami d'enfance à un confident à mes yeux et j'ai dévoilé le sombre secret de mon clan. Et c'est pour cette raison que j'en viens à prendre la plume. Les démons de ma famille harcèlent mon esprit, ainsi que celui de Béatrice qui a enfanté il y a de cela cinq ans de notre héritier. Tandis que mon épouse regrette chaque jour d'avoir lié son existence à la mienne, je redoute quant à moi d'être l'instigateur d'une possible descendance démoniaque. Le courage de mon père et de son père n'habitent pas, ou plus, mon cœur et je ressens le besoin de la venue de Dieu dans ma demeure, pour que ce lieu soit enfin purifié.
Mon ami, j'ai besoin de vous, le gardien de mes secrets. Par le passé, vous m'aviez tendu la main. Je vous demande, cette fois, non pas de m'épauler, mais de secourir l'existence de ma femme, ainsi que la mienne. Mon ami, je souhaite que cette malveillance, qu'importe qu'elle soit venue du passé ou qu'elle dort dans l'esprit de mon engeance, disparaisse... quel qu'en soit les conséquences. Lorsque je pose les yeux sur mon fils, une effroyable et inexplicable horreur naît dans mon cœur. Je souhaiterais que vous lui apportez la connaissance de Dieu, Notre Père... ainsi que son jugement et sa miséricorde.
Je laisse ma vie entre les Mains de Dieu... et dans les vôtres. Votre ami de toujours,
Sigmund von Rosenthal
Patriarche de la Maison Rosenthal.
Votre Sainteté, je le confesse, j'ai péché par orgueil durant de nombreuses années. Je n'ai jamais pu retranscrire, par le passé, la vérité dont parle mon ami et qui entoure sa famille. Seul votre prédécesseur a été mis au courant de ces éléments, le jour même de ma lecture de cette missive. Ma rencontre avec Sigmund remonte à mon enfance et c'est l'appel du savoir qui nous a réuni. Nous étions, tous deux, élèves d'un même représentant de Dieu et c'est l'éducation religieuse que nous suivions qui nous rassemblait.
Avant de poursuivre, j'aimerais dresser un rapide portrait de son clan, ou en tout cas ce qui a participé à sa mise en valeur. La lignée Rosenthal, outre sa puissance, possédait, comme j'ai déjà pu l'esquisser dans les premières lignes de mon récit, un puissant lien avec le Saint-Empire, ainsi qu'après des différents Princes-Électeurs et nobles de la nation. Malgré ces affinités, il serait faux de dire que cette famille participait à la vie publique de la nation. Ils ne possédaient pas, par exemple, aucun titre. Ce fait est extrêmement intéressant, car la Maison Rosenthal existait à l'époque de la création du Saint-Empire. Cette longévité, par rapport à certains clans qui s'effritaient – ou s'effritent encore – ainsi que sa puissance s'expliquent, selon les documents que j'ai pu rassembler, par trois éléments importants. Le premier est l'acquisition, durant les premières années, d'un territoire conséquent ainsi qu'extrêmement productif. Il est d'ailleurs intéressant de noter que lors de ma venue sur les terres du domaine, je n'ai jamais remarqué une production importante, comme le décrit pourtant les documents. Mais c'est un point sur lequel je reviendrais dans les prochaines lignes. Le deuxième paramètre expliquant ce fait est la participation de cette famille dans la construction de la politique ancienne et actuelle du Saint-Empire. Faiseurs de Rois, la vie politique publique était la conséquence - en partie - de leur contrôle des coulisses de la nation. Durant mon séjour dans le domaine, je n'ai pas pu observer cette fonction, je doute d'ailleurs que Sigmund suivait réellement ce chemin. Selon mes différentes recherches, ses apparitions se faisaient plus rare et il se plongeait simplement dans la gestion de ses terres. Le troisième facteur de cette longévité et de cette puissante, ainsi que le plus important, selon moi, est l'intérêt que le clan portait à l'exploration du continent, ainsi qu'aux régions inconnues se trouvant de l'autre côté des océans. Le clan Rosenthal s'est toujours montré proche des argonautes et de leurs besoins économiques. Pour concrétiser cet intérêt, les membres de la famille devenaient mécènes en prenant en charge les missions d'explorations de ces aventuriers. Ils recevaient, ainsi, des bénéfices culturels bien précis et financiers.
Il est difficile de parler de la place actuelle de cette famille dans le paysage politique, économique, culturel, du Saint-Empire. Depuis trois générations, ils se montrent plus silencieux, mais les fondations de leurs liens étant solides, ils sont toujours extrêmement respectés par les autres Maisons de la nation.
Mais revenons à l'héritier que j'ai pu fréquenter durant de nombreuses années. Sigmund et moi avons vécu dans les mêmes lieux, c'est ensemble que nous avons développés nos connaissances spirituelles. Pourtant, je dois bien reconnaître qu'il semblait brider son propre savoir, pour évoluer au même rythme que moi. Il montrait en effet de grandes facilités. Dès son enfance, l'héritier vivait une pression qui pesait sur son corps, ainsi que sur son esprit. Ma théorie – que j'imaginais avant sa confession, depuis j'ai pu avoir confirmation de mes doutes – était que le jeune garçon cherchait, dans la prière, dans la connaissance offerte par les Saintes Écritures, un moyen de se débarrasser de cette pression, de cette obscurité qui voilait son esprit. Son rythme dans la prière était, par exemple, extrêmement intense : outre les prières obligatoires, Sigmund communiait avec le Très-Haut plusieurs fois durant la matinée, l'après-midi ou même le soir et la nuit. Psaumes, prières, paraboles, mon ami apprenait les différents textes saints avec une magnifique dévotion. Il absorbait tous les éléments contextuels au point que certains membres de l'établissement, les plus laxistes et les plus faibles, commençaient à considérer son comportement comme dangereux. Non ! Son obsession n'était pas dangereuse. Je m'oppose à toute faiblesse. Que nous ayons une raison personnelle ou non, nous devrions tous être comme Sigmund von Rosenthal. Il faut estimer comme un Bien le moindre Mal. Les mots de Machiavel sont vrais ! Je l'ai prouvé, maintes fois, qu'importe les conséquences, nous devons détruire chaque once de vie démoniaque et de vice, même si nos armes sont l'obsession et la violence. Et la seule chose que je regrette... est mon échec dans ma mission de destruction du démon et non mes propos ou mes actes !
Saint-Père, je n'ai jamais nié mon amour pour Dieu. Dévoué serviteur du Saint-Siège, j'ai traqué le Malin sous de nombreuses formes. Mais, je me rends compte, depuis ma rencontre avec cet aspect du diable, que mes émotions sont devenues bien plus difficiles à contrôler. La folie s'empare de moi, elle s'insinue dans mon esprit, à travers mon subconscient, ma pensée, ma mémoire. Il m'arrive par moment de me réveiller en ayant de simples images des dernières heures qui se sont écoulées. Des visages obscures, des chants impies et un violent désir que je ne peux contrôler. Je ne le cacherais pas, car ma vie s'arrêtera dans les prochains jours, j'en suis certain. Vous devez comprendre ce qui se cache dans les ombres. Vous devez comprendre l'effroi qui réside dans le domaine de cette lignée et agir, en conséquence.
Suite à mon éducation religieuse, je suis entré dans les ordres. Après de longues années à œuvrer pour l'ordre mineur des exorcistes, votre prédécesseur m'avait octroyé la chance de devenir Évêque de l'ordre. C'est lors de cette journée bénie qu'était mon sacre que j'ai pu croiser à nouveau le regard de mon ami de toujours. Son visage n'avait plus rien de celui de l'époque : bien qu'il n'avait que quarante ans, de profondes rides creusaient ses traits, la fatigue et la peur rendaient ses yeux presque... inhumain. J'avais eu du mal à la reconnaître. Ce n'est en fait que grâce à son père, décédé, que j'ai pu comprendre qui il était. En effet, les rares fois que j'ai pu croiser l'ancien patriarche de la Maison Rosenthal, celui-ci semblait aussi confus, perturbé, épuisé. Suite à une longue discussion, j'ai pu déceler non pas un simple état d'angoisse chronique, ou de fatigue... mais bien une maladie qui rongeait son corps et son esprit. Ses propos étaient parfois difficiles, confus, il se perdait dans ses phrases. Au départ, il fuyait mon interrogation. « Il n'y a rien... Rien. Vous n'avez pas.. Vous ne devez pas... » Me disait-il, souvent. Ses yeux évitaient de se poser sur les miens, je crois même... qu'il surveillait les alentours. Ce n'est que lorsque je lui ai proposé que je sois son confesseur, dans un lieu saint, que son esprit est devenu plus clair. C'est ainsi que j'ai découvert la vérité autour de laquelle gravitait le clan de mon ami. Voici donc le secret que m'a révélé Sigmund von Rosenthal.
Depuis les temps immémoriaux, des divinités cherchent à posséder, protéger, détruire, ce monde. Des panthéons que nous considérons comme hérétiques s'éveillent, marchant sur les terres de Notre Père. Parmi ces dieux, se trouve celui que les Grecques nommaient Arès, ou Mars pour la Rome Antique. Déité régissant la Guerre Violente, cet enfant de Zeus a donné naissance à plusieurs enfants, dont Phobos, celui que mon ami surnomme « Le Père de l'Effroi ». Comme toutes divinités, des cultes se sont réunis sous la bannière du Dieu de la Guerre ou encore sous celle de son fils. Durant de nombreux siècles, cette famille dirigeait une vaste secte, réunie en l'honneur de Phobos et de plusieurs entités obscures. J'ai pu apprendre que la lignée Rosenthal se partageait les plus importants pouvoirs, le patriarche du clan faisant office de Maître du Culte tandis que certaines branches de la famille étaient destinées à représenter le pouvoir central dans des régions lointaines. Profondément hérétique, le clan avait plusieurs missions à son actif, dont la corruption du Saint-Empire, par leur participation, dans l'ombre, à la vie politique de cette nation. Un objectif, extrêmement important aux yeux de ces apostats, était de rassembler différentes œuvres, artefacts et autres éléments liés au domaine de l'occulte et des religions antiques. Ceci expliquait ainsi leur participation active dans le financement des explorations, ainsi que l'envoie de différentes délégations affiliées à la famille Rosenthal auprès de « tribus vouant leur âme au même dieu », selon mon ami. Mais la vérité la plus difficile à supporter dans cette confession était celle qui entourait Nosferatu. Le témoignage de Sigmund me permettait de savoir que sa lignée dépendait pleinement d'un habitant des Abysses. Pire encore, ce monstre était le Fondateur du clan, géniteur des premiers humains - hybrides d'abominations - qui ont composé cette famille. Antique créature, mon ami décrit sa naissance comme un événement que la nature elle-même n'aurait pu accepter l'existence. Provenant des profondeurs les plus sombres des Abysses, il possédait la capacité de dévorer l'humanité, les sentiments de bien-être, de ses victimes et de faire germer dans leur cœur les graines de l'horreur. Il aurait lié les différentes assemblées occultes, sectes et cultes impies voués à Phobos, sous une seule entité qu'il dirigeait, grâce à la seule puissance de son aura. Parfois, il pouvait être appelé Kaiser de la Garde Personnelle de l'Effroi. Participant à de violents combats, il s'est éteint en laissant à ses deux enfants un clan dominant le culte de l'Horreur et de la Peur, un ouvrage écrit de sa main, ainsi que sa volonté. Peu à peu les ancêtres des Rosenthal se sont développés rassemblant dans l'ombre une force et une aura suffisante pour s'intégrer parfaitement au Saint-Empire et devenir une gangrène. Ils utilisèrent de nombreuses méthodes pour développer leur place dans la société. Mon ami affirmait, par exemple, que c'est grâce à différentes offrandes que les terres appartenant au domaine étaient extrêmement fertiles et productives. Mais, ce qui avait permis à l'Effroi de perdurer, restait la Volonté de Nosferatu. Bien que son corps repose dans les entrailles du domaine Rosenthal, sa volonté, elle, continuait de briller. Lorsque le démon s'éveillait de nouveau, elle s'insinuait dans un corps, se diluant dans les cellules, dans le sang, dans l'âme, dans les os, de ce nouveau né pour lui apporter la mémoire et le nom de Nosferatu. À ce moment-là, le Patriarche en place perdait alors son titre... « Un humain ne peut diriger pleinement le clan... Lorsque a volonté de Nosferatu vient au monde, le pouvoir lui revient de droit... ainsi qu'à son loyal serviteur, régent durant l'enfant du Kaiser. » Tels sont les mots de Sigmund.
C'est ainsi que j'ai pu connaître ce qui composait la réalité de cette lignée. Plusieurs vérités évoluant dans l'ombre, évitant le seul véritable Dieu et tentant d'en détruire la force. Le jour de cette découverte, j'ai fait part à Sigmund de mon souhait ardent de l'aider. Un souhait que je liais bien plus à mes fonctions qu'à notre amitié. Malgré toute l'affection que je possède encore pour lui, j'imaginais déjà les pires conséquences à mon action... Mais, malgré mon insistance, il a refusé chacune de mes propositions. Son père, ainsi que le père de son père, avaient pu développer un moyen pour enfermer les possessions les plus sombres dans l'ancien temple de ce culte infâme. Encore maintenant, je n'ai pas pu mettre la main sur les méthodes que ces miséricordieux avaient pu employer, mais lors de cette rencontre, j'ai tout réussi à lui offrir différents moyens pour accentuer cette défense. Si le Démon était enfermé en ces lieux, il n'avait en aucun cas le droit de sortir de celui-ci. Pourtant, lorsque mes yeux ont parcouru la missive de Sigmund, j'ai rapidement compris que la faiblesse avait dicté mes actes par le passé. Oui, j'aurais pu agir, j'aurais dû agir. Telle était ma mission. Lors de mon entretien avec Sa Sainteté Clément XII, ce dernier a statué sur l'importance d'une enquête que je dirigerais dans les terres du Saint-Empire.
Avant de poursuivre, je me dois de marquer une pause et de vous prévenir. Votre Sainteté, je vous prie, en lisant ces lignes et les suivantes, d'apporter au Saint-Empire ces preuves. Ce n'est qu'avec celles-ci et votre soutien constant que ce démon pourra être banni de notre Terre. Ce n'est pas en tant que simple serviteur dévoué, mais bien en tant qu'être humain que je vous le demande. Ne cherchez pas à comprendre. Ne cherchez pas à étudier ces horreurs. Détruisez-les. Il existe, au-delà des frontières de notre compréhension, des mondes aux indicibles savoirs et aux violentes émotions. La raison n'existe pas en ces lieux et des fragments de ces connaissances interdites reposent en notre Terre, jusque dans les Archives Secrètes du Saint-Siège. Je redoute que ces éclats de folie soient partagés, transmis, libérés de toute chaîne... Saint-Père, je réitère ma demande : le Jugement Dernier doit résonner pour les monstres et fragments qui reposent dans cette demeure. Depuis mon départ, je ne peux m'empêcher d'entendre, dans un murmure du vent, cette voix qui cherche à me guider, à m'appeler. La décence m'oblige à ne pas décrire les crimes que je crois avoir commis depuis que j'ai quitté les lieux infâmes de ce clan... J'écris ces mots dans un dernier élan de lucidité, j'en suis persuadé. Dans sa grande bonté, le Créateur m'a sûrement protégé durant de nombreuses années et tente, encore maintenant, de m'aider à vous prévenir. Je vous en conjure, si vous continuez à lire ce récit, que le feu brûle les horreurs, que les cendres cachent mon échec... Et que la Miséricorde du Tout-Puissant protège à jamais votre âme. Car si une seule faiblesse assombrie votre cœur, les immondes pensées du démon deviendront les vôtres.
La demeure Rosenthal est un vaste domaine, couvrant d'impressionnants hectares de terres. Les souvenirs qui remontent à ma jeunesse se déroulaient seulement dans le Manoir, demeure principale des Seigneurs de ces terres. Les différents serviteurs possédaient une demeure qui leur était dédié, cette habitation étant, à mon arrivée, vide de toute vie. En effet, pour plusieurs raisons que je développerais plus tard, la plus grande partie des domestiques s'était éloignée totalement des lieux. Seule une famille était restée et vivait désormais dans des chambres du Manoir. Enfin, une troisième bâtisse existe dans les vastes jardins. Important lieu des Rosenthal, je n'ai appris que le jour de mon arrivée ce qu'était ce lieu... Cette journée restera, d'ailleurs, à jamais gravée dans ma mémoire.
J'avais connu Béatrice lorsque celle-ci n'avait que dix-sept ans. Membre de la famille de l'Archiduc d'Autriche, le mariage s'était tissé pendant plusieurs décennies, grâce aux actions politiques des Rosenthal pour pouvoir lier la lignée à une haute famille noble. Une pratique qui n'était pas rare chez eux - comme chez beaucoup de Maisons nobles - car elle permettait d'asseoir une certaine autorité et de participer aux fondations des différentes politiques qui se sont succédé durant l'Empire. La beauté de cette femme n'était en aucun cas une légende. Magnifique autrichienne aux longs cheveux d'or, sa peau ressemblait à une précieuse porcelaine qu'aucuns hommes ne souhaitaient toucher, de peur de la briser sous un geste un peu trop brusque. Un doux sourire habitait toujours ses lèvres et sa voix avait un effet apaisant sur l'esprit de mon ami – lors de ma première rencontre avec cette demoiselle, durant sa jeunesse –. Pourtant, lors de mes retrouvailles avec elle, je comprenais que le maître de maison n'était pas la seule personne à souffrir de confusion, fatigue chronique ou même d'anxiété importante. Malgré le jeune âge de Béatrice – en 1738, cette dernière était alors âgée de 30 ans, Sigmund de 45 ans –, l'héritière autrichienne montrait, comme mon ami, des marques avancées du temps. Des visages creusés par de profondes rides, leurs cheveux s'étaient éclaircis ou encore simplement les cernes qui prouvaient la fatigue chronique qu'ils subissaient. Quelques réponses sur leur état me furent communiquées. Mon ami, ainsi que son épouse, subissaient chaque nuit de terrifiants cauchemars, qui prenaient la forme de labyrinthes sans fin, dans lesquels ils sont pourchassés par d'invisibles formes de vies, ou tout simplement l'impression presque réelle de ressentir un poids lourd contre le thorax, comme un être installé contre eux, observant leur sommeil, leurs visages. Souvent, ils entendaient des murmures incompréhensibles, sans précision sur l'origine exacte : ainsi, lorsque Sigmund écoutait, il ne pouvait définir si cela venait de sa gauche, de sa droite, ou même au-dessus de lui. Cela avait débuté il y a précisément six ans, la veille du 23 septembre 1731. C'est depuis ce moment que beaucoup de serviteurs se sont éloignés, tandis que de sombres rumeurs circulent dans les hautes sphères de la société de l'Empire.
Ce même jour, j'ai pu faire la rencontre de Ludwig, le fils de Sigmund et Béatrice ainsi que sujet central, à mon sens, de cette correspondance. Enfant de cinq ans, il est né le 20 mars 1732 dans la demeure familiale. Ce même jour, le patriarche de l'époque, le père de Sigmund, est mort. Physiquement, il était l'association parfaite de ses parents : son visage possédait la même douceur que celui de sa mère, tandis que ses cheveux rappelaient le plumage d'un corbeau, à l'image de ceux de son père. Pourtant, je ne pouvais empêcher un sentiment de peur naître dans mon coeur. Malgré son jeune âge et une voix d'enfant, il utilisait un langage soutenu, altéré non pas par l'enfance, mais bien par une sagesse que je trouvais infâme. Ses traits juvéniles laissaient parfois une expression malsaine dans ses yeux. Cette impression m'obligeait à détourner le regard assez rapidement... Pourrais-je décrire plus précisément cette scène ? Non, il m'est impossible de la faire, car rien ne semblait véritablement réel, humain, la première fois que j'ai posé mon regard sur lui. Le simple éclat de ses yeux me donnait la violente impression que ma chair n'avait aucune utilité, comme si chacun de mes nerfs ou mon esprit lui-même étaient à l'air libre, à vif... L'idée de quitter lieux s'était insinuée dans mon esprit avant de disparaître... Je ne devais pas laisser Sigmund et son épouse sans soutien... Je pouvais les aider, j'en étais certain. Je ne connaissais pas cette raison qui me faisait imaginer qu'une noirceur bien plus profonde et répugnante que la Bête décrite par Saint-Jean vivait dans l'âme ou le corps de cet infant... Mais je devais la découvrir et l'exorciser. Après tout, cela était mon devoir.
Malgré l'effroi que l'héritier des Rosenthal faisait naître en moi, ce dernier n'était pas – en tout cas je le croyais – en contact avec les sombres secrets de la lignée. En effet, dans le domaine de la famille se trouvait ce que j'ai pu appeler la « troisième bâtisse ». C'est entre ces murs que le sombre culte conservait ses connaissances, ses possessions. Un vaste musée qui servait aussi de temple, lieu central pour leurs assemblées sataniques, orgiaques et meurtrières. Le père, ainsi que le grand-père, de Sigmund s'étaient succédé avec pour mission de sceller définitivement cette bâtisse, perdue au fond des bois les plus denses du domaine. Je pense que l'élément qui m'a le plus marqué de cet endroit, lorsque mon ami m'a guidé jusqu'aux portes de bronzes dominant l'entrée, est l'architecture des lieux. Alors que le manoir, ainsi que la demeure des serviteurs, respectaient les styles de l'époque de leur apparition, ce temple semblait bien plus ancien et sa structure semblait composer de différents styles architecturaux. Deux molosses gardaient les portes de bronzes, elles-mêmes étant bloquées par de lourdes planches, ainsi que différents sceaux et crucifix utilisés par l'Église pour protéger certains lieux. Le bois des poutres semblait parfois humide, preuve d'une utilisation régulière d'eau bénite sur les matières composant l'entrée. Un second élément a marqué mon esprit et continuera de le marquer jusqu'à ma mort. Un symbole, que je croiserais à de nombreuses reprises durant ma mission en ces lieux. Le sceau – que je liais aux Rosenthal – prenait la forme d'un œil reposant dans les pétales d'une rose. Cette même rose était couronnée de tentacules et de ronces. Certes, ce détail semble pleinement anodin mais, lorsque mes yeux se sont posés dessus, une étrange impression est née dans mon esprit... Je ne savais pas quoi... j'ai découvert la vérité un peu plus tard. Puis, perdu dans mon étude du lieu, je l'ai entendu, pour la première fois. « Trahison... » Puis un violent coup. Était-ce dans la porte ? Il me semblait à la fois si lointain et si proche. Et le mot revenait, revenait... Trahison, trahison... Cette voix résonnait dans mon esprit, ainsi que dans celui de mon ami... elle faisait fuir les rares oiseaux courageux qui restaient dans les arbres aux alentours du bâtiment. Sigmund m'expliquait qu'il ne connaissait pas véritablement ce qui était enfermé derrière ces portes, quelle créature... C'était l'une des zones d'ombres que son grand-père n'avait pu dévoiler avant sa mort. Peu à peu nous avons pu tisser une théorie qui imaginait que le démon scellé n'était autre que Nosferatu lui-même... Le Maître patientait, en ces lieux, enfermé...
Quel fol orgueil de croire que je possédais la vérité. Celle que je croyais être le cœur du problème n'était en fait qu'un écran de fumée, une brume cachant les pièges que me tendaient le démon...
Je me suis ainsi fixé deux objectifs. Le premier était, bien entendu, de trouver pleinement l’origine du Mal et de détruire cet élément néfaste. Il me fallait avant tout étudier et comprendre ce qu'était véritablement Nosferatu. Est-ce un démon primordial ? Où l'engeance de l'entité hérétique à laquelle le culte était dévoué ? Différents détails me permettraient, j'en étais certain, de comprendre comment fonctionnait le culte et de participer à son éradication complète. Malgré l'inaction des précédentes générations Rosenthal dans le mouvement de cette secte, j'avais rapidement compris que cette absence ne détruisait pas l'intégrité du culte. Ainsi, je me suis installé, durant plusieurs heures et maintes journées, dans la bibliothèque principale du manoir, ainsi que dans le cabinet des anciens patriarches. Sigmund évitait ce lieu, bien que son père l'ait souvent utilisé pour ses différentes correspondances. Plusieurs carnets y étaient conservés, anciens, souvent cryptés. Je remerciais le père, ainsi que le grand-père, de mon ami, pour avoir conservé leurs mémoires sous une écriture bien plus simple à étudier. Ainsi, durant ces heures de recherches, j'ai pu découvrir une correspondance entre Friedrich von Rosenthal, père de mon ami et le Comte d'Erlette, dont le néfaste « Culte des Goules » repose dans les archives secrètes du Vatican. L'aristocrate français avait fait preuve d'une certaine véhémence, malgré son caractère « asocial » pour remettre la famille Rosenthal dans le « droit chemin ». Plusieurs autres notes, plus anciennes, mettaient en avant d'autres ouvrages apocryphes. Le Nécronomicon, le Liber Ivonis ou encore De Vermis Mysteriis étaient, entre autres, cités dans ces notes. Les journaux codés furent difficiles à déchiffrer, certains usant d'un code associant le Latin, le Grec Ancien, ainsi que des langues nordiques, mais cette difficulté renfermait des explications importantes. J'ai pu ainsi comprendre le fonctionnement de la famille Rosenthal. Alors que le premier né d'une génération devenait patriarche, ses frères et sœurs possédaient des droits sur les terres et une hiérarchie existait, au cas où le maître venait à disparaître. Dans le culte, ils possédaient aussi une fonction particulière, le patriarche usant du statut de maître, tandis que les frères et sœurs dirigeaient les différentes branches de cette secte. Les cousins, eux, étaient envoyés dans les régions les plus lointaines, représentant le culte à travers ces nations. Prudents, ils n'hésitaient pas à user des violences les plus meurtrières pour faire disparaître certains témoins...
Mon second objectif et sûrement le plus important malgré mon intérêt pour la recherche, était de guider Ludwig, de l'exorciser si cela devenait nécessaire. Beaucoup de choses m'échappaient à ce moment. D'où venait exactement cette angoisse ? Est-ce que je ressentais le démon à travers le corps de l'enfant ? Les textes les plus importants que j'ai pu trouver dans le bureau des patriarches étaient bien trop complexes... mon intuition me murmurait que c'est dans ces journaux que je pouvais trouver des réponses. Alors, si je devais guider et purifier cet enfant, il fallait que j'utilise mes propres méthodes. L'éducation faisait partie de ces possibilités. Malgré l'effroi qu'il faisait naître, je dois bien avouer que Ludwig était, est toujours, j'en suis certain, un esprit brillant. Avide de savoir, cette curiosité, parfois malsaine, l'obligeait à émettre des doutes sur mes paroles, à attendre réponses à des énigmes complexes. Au fur et à mesure des années, il s'est peu à peu adapté à mon fonctionnement de pensée, pour développer des interrogations frôlant les limites de mes propres connaissances. Je me surprenais même à répondre à certaines de ces questionnements, à partager avec lui ma propre philosophie. L'obsession qui se développait dans le corps de cet enfant était bien différente de celle de mon ami. Il ne cherchait pas à trouver un livre, une idéologie, dans lesquels il pourrait se cacher. Non, il cherchait l'énigme. Il ne voulait pas seulement la réponse à celle-ci, il voulait observer la pensée d'un autre, face à ce même obstacle. Il prenait du plaisir... un plaisir malsain, éphémère... Et cette donnée m'effrayait bien plus que ma première rencontre avec lui... car ce comportement n'était pas celui d'un enfant... et rendait ses yeux bien plus adultes qu'ils ne l'étaient déjà.
Durant sa quinzième année, tout s'est accéléré. Il dominait pleinement nos échanges, prévoyant à l'avance certaines de mes réponses. Il apprenait... bien trop vite. Il savait des choses que je ne pouvais savoir, il me narguait presque. Un enfant arrogant, qui n'avait en rien hérité de son père, qui lui, déclinait semaines après semaines. Ludwig devenait aussi de plus en plus proche de son serviteur, le fils des domestiques. D'un an son aîné, Baptist montrait une certaine arrogance, à considérer l'intérêt que Ludwig lui portait comme une raison de marcher aux côtés du riche héritier. Les relations qu'ils entretenaient étaient une véritable maladie, que je ne pouvais accepter sous ce toit ! Non... alors que j'étais le seul être sain d'esprit dans cette demeure, ce manoir m'appartenait durant ma présence ici ! Mais qu'importe le nombre de coups de bâtons que le domestique recevait, il continuait de se montrer proche de l'enfant de Sigmund... et ce dernier ignorait toutes mes remontrances. L'adolescent qu'il était devenu ne connaissait aucune crainte, aucun sentiment de soumission. Cet enfant au regard hautain ne ressentait qu'une seule chose : le plaisir qu'il prenait dans les situations les plus étranges... parfois inhumaines à mes yeux. Il recherchait ce plaisir, comme une éphémère émotion, qui s'échappait par la suite. La peur qu'il pouvait faire naître à l'intérieur du cœur de ses parents, l'effroi qui me traversait le corps, étaient aussi des moyens pour lui de ressentir ce plaisir. Si le démon le possédait, il était maintenant tant d'agir... J'en suis venu à cette conclusion suite à une étrange expérience, lors d'une journée que je pensais comme les autres. Comme à son habitude, il trouvait dans mes mots le petit élément, questionnant sur la véracité des faits, considérant ma parole comme un mensonge. Puis, lorsque j'ai souhaité le remettre à sa place, posant mon regard dans le sien, une violente brûlure est née dans mes orbites, remontant jusqu'à mon crâne avant de l'englober totalement. Durant une simple fraction de seconde, cette douleur s'est manifestée, telle une morsure, arrachant ma foi, mon humanité à mon corps. Pendant cette unique instant, je ne connaissais plus mon nom, mon passé, mon existence... et la raison qui me poussait à vivre. Lorsque ce phénomène s'est estompé, je semblais redécouvrir mon corps, ma capacité à parler, à ressentir le monde... Puis une peur plus violente s'est emparée de moi alors que je quittais les lieux pour m'enfermer dans mes appartements et me plonger dans la prière. Je cherchais, dans celle-ci, la force de ne pas quitter ces lieux. L'état de mon ami s'était aggravé, ses jambes ne le portaient plus et l'angoisse régnait de plus en plus dans les couloirs de ces lieux. Puis, c'est à l'heure du crépuscule, que j'ai décidé de ne pas reculer... Je devais continuer ce sentier, traverser cette épreuve que Le Tout-Puissant avait pu mettre sur ma route. Dieu ! Tu me donnais la Force ! La Force pour purifier l'impur !
Je devais maintenant agir, trouver le point faible et l'utiliser. Presser sur cette faiblesse et extraire le mal de cette blessure purulente. Deux nuits après l'étrange phénomène que j'ai pu vivre, je suis entré dans la chambre vide de l'héritier. Il s'était, à nouveau, éloigné des couloirs de ce manoir. La lueur de la lune traversait les fenêtres de la chambre, éclairant par moment certains ouvrages que possédaient le jeune homme. Je n'avais jamais vu certains de ces livres... Philosophie, journaux vieillis par le temps, encyclopédies... La poussière semblait à peine se déposer sur certaines de ces œuvres, prouvant une utilisation assez régulière. Mais, ce que je recherchais, sans véritablement le savoir, se trouvait sur un bureau de bois sombre. Plusieurs pages avaient été reliées à l'intérieur d'une couverture de cuir aux nuances carmines. En étudiant cet ouvrage, j'ai pu comprendre qu'il s'agissait là du journal de Ludwig, ce dernier le tenant depuis le premier jour de ses 10 ans. Je ne cherchais plus à réfléchir, à cacher mes propres actes, ainsi, j'ai ramené ce livre dans mes appartements. Le journal était fourni de différents détails, des pensées et des questionnements. Certaines pages étaient recouvertes de descriptions de scènes impures, violentes, malsaines. Sa relation avec Baptist devait se finir au plus vite, car elle rendait son esprit bien plus déviant que je ne pouvais l'imaginer. Puis, il y avait ses rêves, ses étranges visions qu'il s'amusait à décrire. Le rêve le plus récent remonte à la nuit du 23 septembre 1747. Voici les mots que j'ai pu lire, retranscris dans leur totalité.
24 septembre 1747
Dormir est difficile. Les cauchemars ne sont pas fautifs, mais bien ma capacité à penser, à comprendre certaines choses. Plus le temps avance, plus certaines personnes commencent à devenir de véritable épines. Je pense à ce représentant du Saint-Siège, qui remet chaque chose de l'existence entre les mains d'un Dieu silencieux. Ma pensée m'appartient ! Mais... qu'importe ce qu'il pourra me dire maintenant... je commence à avoir le pouvoir de détruire peu à peu sa foi, sa résistance... ses forces. Cette nuit encore, j'ai attendu l'extinction complète pour rejoindre l'extérieur, seul. J'ai compris, il y a maintenant longtemps, des choses dont j'avais besoin pour dormir. Mes échanges avec Hector, mes longues séances d'études, sont l'un des moyens offerts par la Nature. Baptist est aussi précieux pour ce sommeil... Il transforme mon ennui en une intense vibration... Sa respiration berce mon âme... Enfin, il y a ces sorties. Seul dans les sentiers, je fais face à mon esprit, je le découvre... je l'accepte. Hector m'invite à continuer de telles expériences, à les rendre même plus fréquentes.
Mes longues promenades me guident jusqu'au pont de pierre ainsi qu'au ruisseau s'écoulant en dessous. Pendant cinq minutes, j'observe le flux immuable de l'eau avant de ressentir la présence du chat noir qui passe derrière moi. Comme tous les soirs, je l'observe, ou plutôt j'observe l'endroit où je pense l'avoir vu, car il a déjà disparu. Alors, suite à cette habituelle rencontre, je retourne en direction de la maison, m'enfonçant dans les sombres sentiers, pour enfin m'installer sur la statue de molosse perdue dans les bois du domaine. Puis, je profite... Je profite des ombres qui traversent les arbres, des yeux à la couleur de l'ambre perçant les Ténèbres pour se fixer sur ma silhouette. Oui, j'admire, les silhouettes, certaines effroyables, d'autres grotesques, ramper, avancer, bondir, grimper... Et enfin, lorsque je ressens le frisson des longs doigts d'une de ces silhouettes glisser contre ma gorge, je me lève doucement, avançant avec ce cortège d'êtres dégénérés, avançant pour rejoindre la demeure. Dès que je suis sorti des bois, ils s'effacent... sauf l'un, qui continue de me suivre de son pas lent, son corps légèrement voûté. Ce n'est seulement qu'après cette promenade, que je peux enfin me coucher, fermant les yeux après avoir fixé cette silhouette aux contours parfois impossibles à observer, assise au-dessus d'un meuble, contre ses talons, un de ses doigts perdu dans sa bouche figée en un éternel sourire. Puis, un murmure, une voix, m'accompagne dans cette plaine...
Le sommeil est la porte me menant dans le lieu où les choses les moins lassantes au monde existent, un sanctuaire dans lequel mon esprit ressent chaque plaisir éphémères tandis que le reste possède le goût et le touché de cendres. Un ciel aux Ténèbres plus profondes que l'Enfer de Dante, dans lequel baigne des couleurs plus surprenantes les unes des autres. Des agglomérats de globes et de bulles, éclatant, dansant, gesticulant au rythme d'une flûte envoûtante dans cet éther malsain. Des images de cités, englouties dans les cieux, spectrales et à l'architecture à la fois primitive et inconnue... Interdites villes dont les hautes tours de pierres noires appellent mon esprit à les visiter, une par une. Je suis là, au cœur de cette plaine, admirant le spectacle de couleur, d'effroi, de folie... Ce monde onirique sans nom, cette plaine accueillante, cachée au fond de mon cœur... Pourrais-je un jour, voir le monde évoluer en cette réalité que j'admire tant ?
J'avance alors d'un pas, avant de ressentir des doigts glisser dans les miens... Je ressens un objet... et lorsque je pose mes yeux sur l'être qui me l'offre, je ne vois que le masque de chair rappelant mon propre visage. Je ne dis rien... et j'observe le présent de cet être. Une flûte, sculptée dans le bois le plus noir, associant ronces et roses aux tentaculaires manifestations dansant avec elles. La musique s'arrête, elle m'appartient maintenant... Oui, en ces lieux, cette musique est mienne. Alors, doucement, je m'installe sur ce sol. Je sens des yeux contre moi, des regards attendant, observant, s'impatientant ! Puis, je pose mes lèvres contre la flûte traversière et je joue... Mon corps répond à cette mélodie dès les premières notes. La matière composant mon œil gauche s'écoule peu à peu contre mes joues, emportant dans ses lents flots organiques, blancs et sombres, des morceaux de chair. Cette même peau s'élève doucement, s'arrachant d'une membrane obscure à peine visible dans ces fissures, rejoignant le ciel, les cités et les agglomérats de bulles et de globes, qui éclatent au rythme de la mélodie. Et la matière venant de mon œil, elle, coule goutte à goutte contre le sol, s'infiltrant dans les veines de cette Terre nourricière. Et tandis que les notes continuent d'emporter ce monde dans ces rythmes parfois lents, parfois vifs, j'observe de mon seul œil valide. J'admire cette Mère Nature absorber chaque goutte coulant sur son interminable corps. Puis, elles arrivent. Naissant de l'union de ces deux vies, des roses fleurissent en de sublimes pétales, parfois pourpres, violacés ou encore ambrés. Cette naissance résonne à travers mon corps, remontant telles des racines dans chaque veines et artères, pour rejoindre non pas mon cœur, mais le centre de ma pensée et de ma réflexion. Bientôt, ces racines, remplacent mes nerfs, s'accrochant à l'orbite gauche, vide. Elles reforment alors peu à peu un œil, à la matière scléreuse noire et à l'iris mordoré, tandis que des pétales violacés s'ouvrent autour de ce nouveau don. Durant cet instant onirique, les créatures illusoires qui accompagnent mes journées et mes soirées apparaissent, dansant au rythme de cette mélodie, accompagnant les notes d'une mélopée semblant provenir des bouches de l'Abysse. Malgré l'aspect de cet univers, malgré ce rêve, je ressentais en chaque mouvement de ces racines, une profonde douleur qui se mêlait à un véritable plaisir. Éphémères émotions, elles rendaient pourtant ce moment, bien plus important, bien plus intime... Oui, en cette plaine de roses, il n'existe qu'un seul plaisir... celui d'exister, de ressentir, pendant un court instant, les « couleurs de ce monde », sans limite. Douleurs et plaisirs...
Enfin, la silhouette au masque de chair à mon effigie revient dans mon dos. Elle glisse ses doigts contre ma gorge tandis que la mélodie cesse. Remontant lentement sa main contre ma joue, un frisson parcours cette peau abîmée. La créature pose sa main contre mon œil gauche, contre les pétales couronnant l'orbite. Un murmure arrive contre ma chair. « Souviens-toi que tu peux mourir... » Memento Mori. Majoritairement, à ces mots, j'ouvre les yeux, brisant ce rêve. Oui, je n'arrivais pas à accepter. Mais cette nuit, j'ai accepté cette vérité. La Mort est indéniable, Elle est notre éternel destin. Mais à travers elle, une volonté ancestrale peut parfois se répandre. Un vœu, une mission... Pourtant, je ne dois pas l'oublier. Je ne dois pas oublier cette destinée. Une peur séculaire, une ombre, me murmure que je ne dois pas mourir... Un rêve ne peut se réaliser seulement lorsque la vie coule dans les veines d'un corps et d'un esprit. « Memento Mori... Je me souviens. » Alors, la silhouette recule légèrement, m'aide à me redresser... avant d'entourer ses longs doigts, dépourvus de chair, autour de mon avant-bras. J'observe la plaine, croisant le regard des créatures en possession d'un ou plusieurs yeux, posant les miens contre les sourires carnassiers de celles n'ayant que cette bouche. Puis, je quitte ce silence, violemment, attiré jusqu'au sol par un mouvement vif de l'entité masquée. Les ombres commencent à avaler mon corps, ne ressentant aucune peur pour celles-ci. Un nouveau voyage débute, un voyage qui me permet de traverser les sombres cités perdues dans des cieux plus vastes que notre immuable Univers lui-même. Lorsque mes paupières s'ouvrent, les pétales couronnant mon œil volent dans ce théâtre que beaucoup décriraient de méphitique. Entouré d'artefacts et idoles monstrueuses, me voilà perdu dans un labyrinthe de bibliothèques, dont les étagères sont emplies d'ouvrages apocryphes aux couvertures de chair ou de cuir sanglant. Me redressant alors, je parcours ces musées, vastes cabinets de curiosités dans lesquels reposent des savoirs interdis. Arrivant enfin dans la pièce la plus importante de ce palais de la connaissance et du passé. Approchant du trône qui repose en celle-ci, j'observe une dernière fois les bas reliefs de l'antichambre, avant de m'installer, inspirant doucement. Les pétales qui m'avaient suivi jusqu'à là se métamorphose peu à peu, prenant l'apparence de chauve-souris, qui viennent se déposer dans les recoins de la salle... Passant doucement ma main contre mon visage, une nouvelle émotion éphémère naît au moment où mes ongles viennent arracher mon visage... Un nouveau plaisir, une nouvelle douleur pulsent dans mon cœur vide, alors que le sang s'écoule contre la membrane noire... Puis... j'ouvre les yeux... sorti de cette réalité.
La voix m'accompagne durant encore quelques secondes, avant de disparaître. Posant mes pieds nus sur le sol froid de ma chambre, je n'ai pu ressentir ni frisson, ni désir de chaleur... La journée qui commençait me semblait bien plus lassantes que les anciennes. Quelque chose avait changé... Suivant alors des yeux la créature, celle-ci traverse le verre de ma fenêtre, disparaissant dans les bois rejoindre le molosse et ses compagnes...
Histoire
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Sujet: Re: Ludwig von Rosenthal, Berserker de Nosferatu et Héraut de Phobos. Mer 12 Oct 2016 - 20:49
Tant de questions naissaient en moi à la lecture de ces lignes. Une angoisse accompagnait ces interrogations... Était-ce réellement l'écriture d'un adolescent ayant seulement 15 ans ? Non... ce fait ne me surprenait plus... Ce qui attirait mon esprit était ces nouveaux éléments... La folie qui émanait du texte harcelait mon esprit. Hector ? ! Qui était cet homme ? « Hector m'invite à continuer de telles expériences, à les rendre même plus fréquentes » Serait-ce un mentor ? ! Je ne connais personne portant ce prénom et je n'osais demander à Sigmund la réponse à cette énigme. Le pauvre homme devenait de plus en plus faible, maigrissant à vue d'œil. J'avais la preuve, avec cet extrait de son journal, que le développement de son esprit n'était en rien ordinaire. Pire encore, j'entrevoyais la vérité gravitant autour de Ludwig. Il ne ressemblait plus à une victime de possession à mes yeux... mais bien à l'engeance d'un démon. J'ai donc à nouveau cherché dans le bureau des anciens Patriarches, fouillant, explorant chaque journaux, avec l'espoir de trouver une piste qui m'éclairait. Durant deux longs mois je me suis plongé dans le déchiffrage des codes complexes, tout en observant de loin le corps de mon ami dépérir de plus en plus... tandis que celui de Ludwig se développait. Tout en conservant sa douceur, il se montrait plus endurant, résistant... Son regard s'aiguisait tandis que celui de son père sombrait dans le noir complet. Ses doigts bougeaient à un rythme contrôlé sur les cordes d'un violon ou contre une flûte, tandis que ceux de mon ami ne pouvaient plus se replier. Quel horrible maléfice était-ce ? Cette énigme s'associait aux troubles de mon propre esprit, ce dernier commençait à être harceler par des visions impies et des voix démoniaques. « La plaine aux roses... bientôt s'ouvrira... Iä ! Iä ! » La même phrase, encore et encore, en boucle... Mes cauchemars montraient le corps de Baptist, le sang coulant de plaies béantes, s'écrasant contre une lame froide, une langue venant glisser sur l'acier pour récupérer le liquide vermillon. Le cœur battant, les gémissements de douleurs... et ces voix, toujours ces voix ! Qu'importe le fils de serviteurs quelconques ! Le jeune homme se faisait d'ailleurs bien plus discret, apparaissant moins souvent, avant de totalement disparaître... Qu'importe ce problème ! Qu'importe ce que le démon avait pu faire ! J'entendais maintenant ces voix ! Le démon avait osé s'en prendre à un homme de foi... s'en prendre à un serviteur de Dieu... Je voulais tellement brûler cette maison, mon ami, sa femme, cette engeance ! Plus rien ne m'importait... plus rien ne m'importe.
Parfois, le journal que j'avais volé au jeune homme disparaissait, revenant dans la chambre de l'héritier. Je le reprenais alors, encore, cherchant à comprendre, cherchant à lire de nouvelles choses. Mais rien ! Il ne laissait que quelques mots. « La Plaine aux Roses », « Le sang des traîtres », « La bile du Faux Dieu ». Et ces mots résonnaient dans ma tête durant mes cauchemars, durant mes propres recherches. Tout le temps, sans arrêt... Je devais en finir... Le démon... Ludwig... devait être purifié... Et cette purification lui entraînera la mort. Il était encore jeune, je pourrais le dominer... je pourrais le tuer... Je pourrais sauver cette maison de l'engeance de Nosferatu !
Quel orgueil... Mon erreur de jugement... ma folie... avait apporté l'horreur.
Le Vatican s'était toujours vanté de pouvoir résoudre les mystérieuses affaires de possessions ou d'apparitions démoniaques. L'un des moyens d'un exorciste pour permettre au châtiment divin de purifier le corps d'un être victime d'une telle hérésie, ou de purifier la créature des Ténèbres, ce qui a pour conséquence sa destruction, est un traitement. Ce dernier prenait la forme d'un liquide argenté, qui s'injectait dans les veines de la victime, l'affaiblissement tout en lui offrant une violente douleur. Malheureusement, il était difficile pour moi de trouver un moyen parfait pour lui injecter ceci. Il se montrait bien plus habile, bien plus méfiant... Lorsque nous étions dans la même pièce, il gardait une légère retenue, agissant avec une grande prudence. Il savait... il jouait avec moi, ne m'offrant aucune ouverture pour pouvoir l'abattre. Quelle frustration ! Il avait réussi à manipuler sa mère, mentalement épuisée par les horreurs de ses cauchemars et par l'état de son époux. Cette idiote ne me laissait jamais approcher de son fils, elle me murmurait même par moment qu'il était sûrement temps pour moi de partir... J'ai pu négocier, lui demander de rester en ces lieux pour accompagner mon ami dans ce qui semble être ces dernières semaines. Stupide femme...
La réponse à cette énigme m'est venue lorsque je me suis intéressé à l'état des parents de Baptist. Sa disparition, soudaine, ne m'avait pas importé mais, connaissant les antécédents, je ne pouvais passer à côté d'une telle occasion. Ainsi, je leur ai offert ce qu'ils attendaient : la compréhension. Je leur racontais ce que je savais, brodant une histoire pour affirmer mes propos. Instillant le désespoir par la vérité – ainsi qu'une pointe de mensonge –, je suis arrivé ensuite avec la solution avec ce désarroi, le traitement. Il faut parfois aiguiller, soutenir, les âmes inférieures, leur offrir une réponse... Et c'est ce que je fais, en préparant avec ces parents démunis leur vengeance... ainsi que le châtiment divin. Oui... pouvait-il contrer la somnolence qui est venue lorsque, en pleine matinée, il a demandé un verre d'eau ? Pouvait-il empêcher les bras solides du triste père qui l'empêcha de se débattre, lui qui était déjà faible à cause de ce qu'il avait bu ? Non... cette fois personne n'arrêterait le processus. J'ai ignoré les paroles de sa mère, parlant non en tant qu'être humain, mais en tant que dévoué serviteur de Dieu ! Je n'arrivais tout de même pas à concevoir la fulgurante évolution de Ludwig. Son corps avait absorbé la toxine, mais ne s'était pas pleinement endormi et il montrait, même sous la fatigue, une vigueur que je ne lui connaissais pas. Mais lorsque les chaînes emprisonnaient ses poignets et ses chevilles, il n'était plus une menace, il n'était qu'une engeance démoniaque que j'allais bientôt châtier ! Préparant la seringue, j'ignorais les plaintes, préférant écouter les paroles qui résonnaient de nouveau dans mon esprit, me poussant à injecter ce produit. Emporté par ces mots, j'enfonçais l'aiguille dans une veine du jeune homme, déversant dans celle-ci, à un rythme lent, le liquide argenté. Les premiers hurlements ne tardaient pas et j'en savourais chaque instant. Enfin, je dominais, je contrôlais, ce gamin arrogant ! Je voyais son visage se tordre de douleur et d'effroi. Je l'entendais, tandis que ma voix s'élevait elle aussi pour chanter des psaumes en direction de notre Seigneur et de ses célestes vassaux, prier en direction d'une force invisible. « Non ! Ne me laisse pas ! » Hurlait-il, encore et encore. Oui ! Dans mon esprit, à cet instant, je voyais en cette plainte une réussite ! Injectant ainsi une deuxième dose, j'ai admiré ensuite durant deux longues heures ce corps s'agiter violemment, les chaînes accompagnaient les mouvements, creusant de profondes plaies dans sa chair. J'imaginais Béatrice, se bouchant les oreilles en entendant les hurlements de son fils. J'imaginais Sigmund sourire faiblement tandis que l'espoir revenait en son cœur. Enfin, cette maison allait être débarrassée d'un démon... Après Ludwig, Nosferatu serait le prochain ! Nosferatu tombera, un genou au sol, devant moi ! Dieu me donnait la force ! La force pour juger le Diable !
Cette douleur que j'avais pu ressentir à mon incapacité d'aider mon ami par le passé. Cet effroi qui pulsait en moi depuis le premier jour en ces lieux... Il devait ressentir ces mêmes sentiments, longuement, encore et encore... Il devait souffrir ! Ahahah... Il devait demander le Pardon au Seigneur, il devait prier pour cette Miséricorde ! Mais la pénitence pour son crime était bien au-delà du Pardon. Lui qui existait, lui l'engeance démoniaque... son péché était celui de vivre. La Mort sera le linceul qui recouvrira son corps.
Saint-Père... mon échec était-il inscrit dans le destin ? Malgré les nombreuses séances, malgré son corps meurtris par ces agonies, Ludwig restait. Il survivait. Durant de longues heures, interminables nuits et jours, le jeune homme restait enchaîné. Il refusait de sombrer, répétant sans cesses quelques mots tandis que mon esprit était devenu silencieux. « Memento Mori... Je me souviens. » Souviens-toi que tu vas mourir ! Souviens-toi et disparaît de ce monde, démon ! Plusieurs fois, sa mère avait tenté de corrompre ma mission, de laisser le jeune homme être libéré de ces chaînes, qu'il puisse retourner à l'extérieur, ressentir le soleil contre sa peau. La seule chose que j'ai pu accepter était que les liens lui soient retirés, bien qu'une longue chaîne l'empêcherait de sortir. Cette cellule, ce sanctuaire, deviendrait l'antichambre du Jugement Dernier. Je devais comprendre, malgré tout, ce qui permettait à ce jeune homme de survivre aux injections. Pire encore, il continuait d'écrire, demandant papier, plume et encre pour pouvoir poursuivre son journal. « Ce n'est … que de l'encre sur un papier... » Disait-il, me poussant à le laisser faire. Il me provoquait, s'adaptant facilement à cette nouvelle situation. Aucun humain ne pourrait survivre à tant de douleur ! Et ce fait rendait mon angoisse bien plus oppressante... Je me sentais perdu, tournant en rond dans la paume d'une entité invisible.
Une nouvelle logique est peu à peu apparue dans les nouveaux écrits du jeune homme, malgré des textes confus. J'ai ainsi compris que lors de certaines nuits, avant la disparition de Baptist, il n'allait ni le rejoindre, ni se perdre dans les sentiers du domaine privé de sa famille. Non, il rejoignait ce dénommé « Hector » pour suivre ce qu'il appelait une initiation. La logique que j'avais pu observer était la suivante : les rêves étaient directement liés à cet invisible apprentissage. Ainsi, il décrivait ses rêves comme incomplets, celui qu'il avait décrit étant plus détaillé que les précédents. J'imaginais ainsi que durant son enfermement en ces lieux, ses visions oniriques étaient identiques à celles que j'ai pu vous retranscrire précédemment. Mais... cette hypothèse s'est avérée fausse... Cette vérité est arrivée jusqu'à moi avec une rare violence. Une cellule vide, un matin... Un premier hurlement, puis une faible voix qui essaye de m'appeler à travers les couloirs. La voix de mon ami. Lorsque je suis arrivé dans la bibliothèque principale, le spectacle que j'ai pu voir était à la fois effrayant et pathétique. J'observais Sigmund à genoux près du corps de sa femme, le sang de cette dernière tâchant les vêtements de mon ami. Une miséricorde était logée dans son crâne depuis le menton. Plusieurs marques prouvaient l'utilisation d'une seconde lame, qui avait tailladée le corps avec de brutales frappes chirurgicales. Enfin, sur le front de Béatrice avait été gravé un mot... « Verrat », Trahison. En fouillant le corps de la femme de mon ami, j'ai pu trouver quelques mots, écris par son fils...
Tant de couleurs reposent dans ce monde... Mais cette nuit, je viens de les voir en un seul éclat. Memento Mori... Souviens-toi que tu vas mourir. La peur de ressentir son souffle ralentir, tandis que le pouls accélère, vivement, à chaque injection. Ainsi parlent les Rosenthal. Ainsi parlent les véritables descendants de Nosferatu.
« Rosenthal », tu es le Sanctuaire de Notre rêve Temple de nos Couleurs, en ton cœur réside Notre Vengeance Notre Vengeance contre ceux qui ont préféré la Lumière à Nos Maîtres.
Nosferatu, ne rejette pas la Connaissance Car elle est ta Vérité. Nosferatu, ne rejette pas la Folie Car elle est ta Volonté. Nosferatu, ne rejette pas l'Horreur Car elle est ta Force.
Lève toi et brise tes chaînes. Traverse le voile dans lequel tu as été enfermé... Et dévore la Lumière. »
Demain... le sang m'accompagnera lorsque je traverserais la Porte de l'Aigle Bicéphale.
Intolérable... Je devais en finir définitivement avec cette situation... Non... je devais en finir avec cette famille. Tous ! Ils étaient tous impurs ! Sigmund lui-même ne pouvait être sauvé de ce pathétique destin ! Hier encore, cet immonde adolescent était enfermé dans ce sanctuaire... Un sanctuaire que j'avais pris la peine de mettre en place pour lui ! Cette stupide femme s'est laissée manipuler... Maintenant je me devais de trouver où Ludwig était parti... J'ai utilisé toutes mes connaissances pour chercher un lieu dans la région qui pourrait rappeler ce nom... « la porte de l'Aigle Bicéphale ». Une tâche difficile, lorsque ce symbole représente le pouvoir en place dans l'Empire. Mais rien, car je ne cherchais pas au bon endroit. Une nouvelle erreur... Dans la soirée, je me suis enfermé dans la bibliothèque principale, le lieu de ce matricide, avec une chandelle et quelques bougies en réserve pour enfin comprendre ce qu'était la porte de l'Aigle Bicéphale. En effet, une gravure avait été apposé dans la pierre, au-dessus de l'une des étagères de la bibliothèque, rappelant cette créature. Ne pouvant pas l'atteindre, j'ai commencé à fouiller, cherchant un mécanisme. Au départ je recherchais dans l'étagère, puis mes mains se sont faufilés dans chaque recoin de cette salle, avant de trouver le dispositif. Face à cette même étagère, se trouvait un bouclier, le déplacer légèrement permettait de verrouiller ou déverrouiller le mécanisme. Ainsi, comme mon ancien élève, j'ai traversé à cet instant la porte de l'Aigle Bicéphale, tandis que cette dernière se refermait derrière moi. J'allumais les premières bougies, posées sur des chandelles elles-mêmes bloquées dans le mur, pour éclairer alors ce couloir.
Ce lieu semblait avoir été taillé avec une maîtrise de la roche et la terre. Au fur et à mesure de mon avancée, je pouvais observer des portraits. Hommes, ou femmes, tous possédaient une étrange ressemblance avec l'héritier actuel des Rosenthal. Tous s'enchaînaient, faisant naître en moi la même angoisse que je ressentais avec Ludwig.. Deux titres reposaient sous ces tableaux, des rangs identiques, le premier étant « Kaiser ». Le second, quant à lui, était « Héraut de Phobos ». Je tentais d'observer le premier portrait, espérant que ce soit celui de Nosferatu, mais aucun ne portait ce nom.. Peut-être que les plus anciens hérauts ne sont pas immortalisés par la peinture. Qu'importe, je continuais d'avancer, traversant cette allée de tableaux, tout en ayant cette étrange impression que d'innombrables yeux m'observent dans l'obscurité... J'ai cru même, un temps, avoir remarqué un sourire étrange à mon passage se dessiner sur l'un de ces visages immortalisé. J'accélérais alors le pas dans ce couloir, ce dernier s'enfonçant dans les entrailles du sol. Plus j'avançais dans ces intestins malsains, plus je commençais à sentir une odeur infecte envahir l'air. L'intérêt de ce couloir étrange m'est apparu lorsque j'ai poussé de lourdes portes de bronze, ces dernières s'ouvrant dans une importante et humide salle. Observant à la lueur de la chandelle les murs de la pièce, allumant au passage les vieilles torches qui patientaient contre les murs, j'ai pu voir un indice. Ce sceau, observé à l'entrée de la « troisième bâtisse ». Ce même sceau qui avait fait naître un sentiment de déjà-vu lorsque mes yeux se sont posés dessus. Ainsi, je comprenais que j'étais dans ce temple... J'étais au cœur du Culte, dans le Sanctuaire des von Rosenthal... Qu'importe les moyens utilisés par Sigmund et ses ancêtres... ce palais était parfaitement accessible pour ceux qui connaissaient ce passage.
Après avoir étudié pendant quelques minutes la salle, j'ai souhaité parcourir mon exploration. Je ne pouvais pas ignorer cet endroit. L'antichambre ne m'offrant aucune autre information – gravures précises, objets importants – je n'avais plus d'utilité à rester dans cette pièce. Celle-ci était d'ailleurs assez vide. Aucun meuble, des restes de tissu pendaient contre les murs. Sûrement d'anciennes bannières. Je me suis surpris, tout de même, à fixer les portes de bronze, observant le bas-relief en forme de gueule de gargouille qui maintenaient les anses permettant d'ouvrir cet ouvrage architectural. En approchant un peu de cette créature, j'ai pu observer que les orbites étaient emplies d'une lueur rouge... deux magnifiques rubis. Un autre péché que je n'ai pu contenir, l'avarice. Mais, Saint-Père, je vous l'assure, j'ai depuis oublié ces gemmes dans un bas côté, ne souhaitant pas garder ces yeux de pierres près de moi. Mais revenons à ma sortie.
Traversant la salle après mon larcin, je suis arrivé dans un premier couloir. Un air malsain dominait cet endroit, emportant avec lui cette même fragrance méphitique. Je savais, grâce à ma première visite dans les environs du temple, que le manoir familial se trouvait à l'Est. Ainsi, réussissant à me repérer légèrement, je me suis dirigé vers le Nord, remontant ce couloir tout en observant les lieux. L'intérieur de ce temple semblait bien plus étrange que l'extérieur. Pour être pleinement honnête, la géométrie de ce lieu ne respectait pas réellement ce que j'avais pu rencontrer lors de mes différents voyages. Certes, plusieurs styles architecturaux défilaient dans ces couloirs, donnant l'impression que l'architecte, qui avait la charge de ce lieu, avait tenté de confondre les époques. Je devrais plutôt dire les architectes, car certaines conceptions correspondaient à une période de l'Histoire plus récente que d'autres. Mais, pour en revenir à l'aspect dérangeant, certains lieux de ces couloirs n'auraient pu être fait grâce à la physique humaine. Les couloirs donnaient par exemple cette étrange impression de se mouvoir légèrement, telles des tentacules. Je me suis surpris, plusieurs fois, à sursauter en imaginant un angle se déformer par moment. Tout en ce lieu ne respectait en rien les limites de la roche... tout en faisant croire le contraire. Mon esprit était de plus en plus harcelé par ces incohérences, par les yeux que j'imaginais voir, les bruits que parfois je pouvais entendre... Au-dessus de chaque porte se trouvait le buste d'une créature étrange : extraordinairement maigres, leurs mains aux doigts démesurément longs venaient recouvrir le haut de leur visage sans chair, ne laissant que leurs lèvres, étirées en un grand sourire ou en une violente peine. Au niveau du menton se trouvait un crochet, un tissu tombant de celui-ci, avec ce même symbole brodé en fils d'argent. Ce symbole... plus je l'observais, plus je cherchais la signification de ce sentiment de déjà-vu...
Mon avancée me menait alors dans différentes pièces, certaines faisant offices de vastes musées, bibliothèques, cabinets de curiosités. J'ai ainsi pu découvrir un véritable bestiaire dans une de ces salles. Si certaines créatures étaient des statues, d'autres semblaient bien plus réelles, faites grâce à des matières chitineuses ou écailleuses. Connaissez vous, Saint-Père, cette violente et étrange impression de ne pas savoir si vous avez réellement votre place dans ce monde ? Voilà ce que je ressentais en ces lieux. Une profonde frayeur, mélangée avec une mélancolie néfaste. « Je ne connais donc pas ce monde ? Que sont ces choses ? Que vais-je découvrir ? À quel point ce monde est-il vaste ? ». Dieu seul connaissait ces réponses et pourtant, en ces lieux semblaient dormir des secrets que les Rois et Empereurs ignoraient... Durant mon exploration, une étrange salle m'a été ouverte. Cette pièce était vaste et haute et percée de plusieurs alcôves. Chacun de mes pas résonnant m'arrachaient un frisson car j'avais cette impression, cet horrible sentiment, qu'une violente hérésie régnait en ce lieu. J'ai pu trouver, à certains endroits, plusieurs coffrets, rangés dans un ordre presque méticuleux... Après plusieurs essais, j'ai réussi à ouvrir l'un d'entre eux. Le trésor que contenait ce coffret était un fragment d'ambre. Et c'est en posant mes yeux sur cette gemme que ma mémoire, qui m'avait tant fait défaut, s'éveilla. Cette histoire remonte à quelques années avant mon sacre en tant qu'évêque. Un homme avait été possédé suite à son retour d'un voyage. Je n'avais pas fait le lien jusqu'à maintenant, mais lorsqu'il est mort, ses derniers mots sont arrivés jusqu'à moi, lancé d'une voix gutturale... une voix que je n'aurais jamais cru entendre. « L'œil dans la rose ! Il doit de nouveau s'ouvrir ! L'œil dans la rose ! » disait-il, en gesticulant, en hurlant. J'arrive maintenant à me souvenir de l'extrême sensibilité de son corps à l'eau bénite et aux différents outils offerts par le Vatican et mon ordre. J'avais pu observer par endroit sa peau brûler violemment sous les effets de l'eau bénite, l'action laissant échapper des effluves malsaines. Puis, lors d'une dernière convulsion, dans des plaintes associées à un rire froid, un étrange liquide s'était échappé de sa bouche dans son dernier soupir. Ce n'était pas du sang, ou de la bile, mais une substance de la même couleur que l'ambre. Lorsque j'ai souhaité récupérer une petite dose de cette matière, lorsque, par obligation professionnelle, mes doigts ont touché cette substance, j'ai immédiatement considéré mon idée comme mauvaise, m'éloignant du liquide visqueux. Je n'ai jamais pris le temps, suite à cette étrange découverte, de donner une réponse à mes interrogations. La sensation que j'avais ressentie lorsque ma peau a légèrement caressée la matière était une horrible impression, celle d'un vent malsain qui s'insinuait entre chacun de mes vêtements, aussi perçant qu'une miséricorde.
Et c'est dans cette vaste pièce que j'ai pu retrouver un fragment d'ambre à la couleur parfaitement. Pendant de longues minutes, j'ai cherché dans mon esprit une réponse... une solution à cette énigme : que pouvais-je faire ? Que devais-je faire ? ! Enfin, j'ai décidé de récupérer la gemme... à mon retour au Vatican, je l'aurais donné aux experts... C'était ce que je désirais faire... Je pouvais ainsi, grâce à ce fragment, prouver le réel danger que représentait ce culte, à ce qu'il reste de lui. Je devais l'étudier... après mon exploration.
L'exploration du sanctuaire dans lequel je me suis enfoncé m'a permis de découvrir différents trésors impies, de violentes iconographies représentant des guerres, des formes de vies, qui ne sont en rien notées dans les ouvrages que j'ai pu étudier. Pourtant, je n'avais, à ce moment là, pas rencontrer les éléments les plus importants que ce lieu gardait en ses entrailles. Lors de mon évolution entre les murs, j'ai pu atteindre un couloir... A ce moment, les flammes qui m'avaient accompagnées ont peu à peu perdu leurs intensités. Seule une me permettait, après quelques secondes, de voir l'environnement qui m'entourait. Il m'est difficile de décrire précisément le couloir, mais, malgré son architecture identique, l'atmosphère en ces lieux semblait à la fois plus prestigieux et plus méphitique. En glissant ma main contre une paroi taillée, j'ai pu ressentir la présence de gravures... Différentes runes, de ce que j'ai observé. Je n'avais pas les connaissances nécessaires pour les comprendre mais, leur caractère impie est indéniable. Il m'arrive, encore maintenant, de voir certaines de ces gravures en rêves, s'incrustant dans chaque parcelle de mon esprit, guidant mon inconscient vers des images au sens vicié. Au fil des nuits, ces visions deviennent plus tenaces, plus violentes... pourtant, les secrets qu'elles referment me sont toujours inaccessibles. Ce couloir débouchait sur une impressionnante arche, ouverte sur une vaste salle aux allures de cathédrale. Le souffle glacé et acéré traversait chacun de mes vêtements et pourtant... des flammes luisaient dans cette imposante pièce. Éteignant ma bougie, je me suis alors enfoncé lentement dans cette pièce, tandis que le crépitement des torches et chandeliers s'associait à une étrange mélodie de flûte. Le rythme de cette dernière semblait parfois effréné, je croyais même entendre des pas qui dansaient à la même cadence. Pourtant, en m'approchant un peu plus de l'origine, je ne voyais aucune silhouette danser. Les seules formes que j'ai remarqué étaient au nombre de trois. Les plus proches flammes se montraient assez vive pour que je puisse détailler certains éléments.
Le premier visage que je pouvais reconnaître était celui de Baptist. Pourtant il aurait été difficile d'imaginer que je le retrouverais dans une telle situation. Le jeune homme était attaché à un chevalet, la tête en direction du sol. Je pouvais presque entendre le sang couler, goûte à goûte, sur le sol. Une profonde entaille partait du bas de son ventre, remontant jusqu'au poitrail. Outre cette scarification, j'arrivais à observer de puissantes marques de morsure, des lambeaux de chairs tombaient parfois de ces vives blessures. Malgré son état, je ne pouvais pas affirmer qu'il était mort en le voyant simplement. Le sang pouvait couler, maculé son visage, un sourire continuait d'exister sur ses lèvres et un morceau de chair humaine pendant entre celles-ci. Était-ce de la joie ? Avait-il été tué de façon à garder éternellement son sourire ? Une question qui reste encore sans réponse... Les yeux grands ouverts de Baptist fixaient une statue, cette dernière semblait être un savant mélange de métal inconnu et de matière organique indicible. Elle représentait une créature, une image archaïque du démon dans sa forme la plus pure. Cette « chose » semblait être assise sur ses talons, des ailes cartilagineuse s'élevaient vers le plafond, tandis que les longs doigts de la statue recouvraient ses yeux. Le sang du serviteur coulait dans une petite rigole, légèrement en pente, qui rejoignait elle aussi cette statue comme pour... nourrir son métal, sa matière. Et j'avais cette étrange impression... que ses lèvres bougeaient, mastiquant légèrement le morceau de chair – sa propre chair ? - qui pendait de sa bouche.
Sur la gauche de Baptist se tenait une silhouette de haute stature. Je ne peux vraiment l'affirmer, car je n'ai pas observer, consciemment, le corps de cette personne mais je pense qu'il s'agissait d'un homme. Sa silhouette était recouverte d'un long manteau, le col de ce dernier étant assez haut. Ses doigts semblaient recouverts de bandages gris, tandis que des bottes prussiennes remontaient contre ses jambes et un pantalon aussi sombre que le manteau. Enfin, si je ne peux encore discerner son sexe, c'est simplement parce que son visage... non son crâne entier, était recouvert d'un masque de fer. Un seul endroit semblait contenir une forme d'orifice, et cette zone se trouvait au niveau de la bouche. Plus qu'un simple trou, cela ressemblait à une plaque grillagée. L'objet était maintenu par plusieurs sangles, comme si plusieurs pièces de fer avaient été posées contre le visage et la tête de l'inconnu avant d'être reliées entre elles. Quelques runes et autres symboles ésotériques étaient brodés sur son manteau, grâce à du fil d'argent, mais leur signification m'était et m'est toujours inconnue. Puis, à côté de lui se trouvait une dernière silhouette... Ludwig. Le fils de mon ami était installé près de cette étrange statue, jouant cette mélodie grâce à une flûte à l'aspect osseux. Ses vêtements, son visage et ses cheveux étaient parfois tâchés, maculés de sang, ce dernier gouttant parfois depuis les pointes noires de la chevelure du jeune homme. Malgré un refus catégorique d'en savoir plus, mon esprit ne pouvait s'empêcher d'imaginer l'héritier de mon ami arracher la chair de cet ancien partenaire de déviance. Jamais un être humain – si nous pouvions encore appeler ceci un être humain – ne m'avait autant effrayé par la simple imagination de ses actes... Pour que mon esprit ne se fixe pas sur les images sauvages que je pouvais lier à Ludwig, je concentrais mon regard sur cette statue. Sa forme, comme j'ai déjà pu le dire, semblait représenter un démon archaïque et pourtant, ce détail n'a pas été le plus frappant. Outre l'aspect cartilagineux, osseux ou même organique, cette statue était, aussi, faite d'un métal sombre. Je pouvais voir les lueurs des flammes se réfléchir contre ces parois, ce phénomène créant d'ailleurs une étrange aura. J'aurais souhaité en apprendre plus, observer de plus près cette horreur immobile... mais quelque chose m'en a empêché.
« Je vous attends, Bischof. » avait-il dit, brisant le silence qui s'était installé sans que je ne puisse m'en apercevoir. J'étais à sa portée ! Je ne pouvais plus avancer... je ne voulais plus avancer... Reculant alors, j'ai commencé à m'éloigner, à courir. Je n'en pouvais plus, Pardonne moi, Dieu Tout-Puissant ! Rester une seule minute en ces lieux était impossible. Je n'osais regarder derrière moi, de peur d'observer un visage inhumain face au mien... alors je continuais de courir, tandis que le son de bottes claquant contre le marbre avançait dans les couloirs. Je traversais certaines portes en puisant dans mon corps une force que je n'aurais pu soupçonner jusqu'à maintenant, tandis que mon esprit devenait presque... paranoïaque. Ainsi, je croyais que des ombres me pourchassaient, accompagnant mon agresseur initial ! Je voyais des yeux d'ambres, écarlates, voir violets, percer dans les ombres, tandis que de longs doigts caressaient ma joue par intervalle. Mon cœur accélérait alors, oubliant des douleurs qui naissaient parfois... dans mon bras... dans ma cuisse.. dans ma tête... Je ne savais pas combien de temps je pouvais survivre dans cet endroit : malgré ma visite de ce temple impie, à ce moment, tous mes repères n'étaient plus. Les gargouilles, patientes et immobiles, ne dominaient plus les portes, elles semblaient s'être délogées, tandis que l'espace des couloirs, lui, donnait l'impression d'avoir été tordu. J'ai couru, encore et encore, souhaitant oublier toute cette histoire, cette rencontre... Cette vie qui est la mienne. Une effroyable horreur m'emportait, m'obligeant à vouloir mettre fin à ce cauchemar qu'est ma simple présence en ce monde. Ai-je encore ce vœu, au moment d'écrire ses lignes... durant ces rares moments de lucidité qui me permettent de vous écrire... je le pense.
Je le pense seulement, oui, car même pendant cette quiétude, je sens rôder l'indicible : je ne sais plus vraiment ce que je souhaite, je ne sais plus réellement... qui je suis...
La traque continuait, lorsque je suis arrivé, sans réellement savoir comment, dans cette vaste pièce, là où j'ai pu trouver cette ambre. Dans un éclat étrange d'avarice, je la cherche... mais je ne trouve rien dans cette poche, tandis que dans la seconde, je trouve la petite pochette, avec le rubis et le saphir. Le contact de leur matière cristalline semblait presque me calmer alors que j'avançais dans cette pièce. Je n'entendais plus les bottes... les ombres m'avaient quitté... et j'étais seul... seul face au second secret de ce lieu. Un vaste bestiaire imaginaire, impie, reproduit dans la pierre. Puis, c'est dans cette contemplation que j'ai croisé un piédestal vide de statue... avec pour simple inscription : Heinrich Ebstein, Waisenknabe von Gott. Et à ce moment précis... le monde s'effondrait autour de moi. Je n'ai pu contenir un hurlement, alors que cette vision entraînait dans mon corps de vives douleurs. Je ressentais les ombres silencieuses s'emparer de moi, tandis que la porte s'ouvrait. La douleur était-elle que je croyais ressentir mon crâne s'étirer, se déformer, craqueler sous la pression qui s’exerçait dans mon cerveau. Des frissons, non ! Que dis-je, de violentes convulsions, déformaient mon corps chaque seconde durant, tandis que mes yeux, eux, s'ouvraient sur autre chose... L'invisible devenait visible à cet instant... tout ce en quoi je croyais s'effondrait... J'ai vu... j'ai tout vu... jusqu'au visage abjecte de cet homme qui me pourchassait... jusqu'à mon propre visage. Un monstre...
Saint-Père, ce que j'ai pu voir, était-ce l'avenir ? La réalité, ou un mensonge ? J'ai découvert tant de choses, un monde que je ne saurais décrire. Des rêves violents, des couleurs tenaces, des images à la fois mystique... et terriblement magnifique. Parfois je vois les guerres qui se sont passées... parfois j'imagine celles qui apparaîtront. Chaque jour, sa voix résonne dans ma tête... m'appelant. Qu'importe mes hurlements, mes prières... chaque nuit devient le Royaume de ce démon. Et les images alors magnifiques... deviennent des scènes d'une violence inouïe ! Quel est ce monde, Saint-Père ? ! Alors que je bois, l'eau semble remplie de vase ! Lorsque je mange, la nourriture devient cendre entre mes lèvres ! Je ne trouve plus de plaisir ou de réconfort dans la prière ! Pourquoi, Saint-Père ? ! Est-ceci, l'Acédie ? La maladie de l'esprit... ? Chaque jour je cherche ce réconfort, pleurant devant le crucifix... mais Dieu ou son fils ne me répondent pas. Chaque jour, j'attends de voir la main de Dieu, mais la seule que je vois est celle du monstre que j'ai vu... Mon obsession ! Mon amour pour Dieu ! Était-ce un rêve ? ! Un illusion ? ! Que dois-je oublier... Dieu ou le Démon... ? Et pourtant, dans ce monde gris, froid, couvert de cendre... je vois de nouvelles couleurs... je ressens d'intenses, mais fugace, plaisirs. Je vois les sons... j'entends les fragrances... je sens les couleurs.
Oui... je viens de comprendre... Tout est clair maintenant. Si notre Père est Dieu... alors je suis un orphelin, abandonné dans ce monde sans saveur... Et au-delà, se trouve un paradis... La plaine aux roses... Oui ! Là ou l'effroyable domine ! Là ou l'émotion est la plus vive ! Nous devons souffrir ! Nous devons ressentir cette Peur ! Nous devons l'aimer ! Pour enfin... évoluer... et atteindre un monde... au-delà des étoiles ternes de notre univers. Je ferais parti de la cohorte qui ouvrira les portes des Abysses ! Écoutez le chant de l'Abysse. Car lorsqu'il s'élèvera, l’œil s'ouvrira sur ce monde. Notre vie n'est qu'étape, seuls les élus seront les roses de ce nouveau jardin. Ainsi parle Nosferatu. Né des Abysses, il nous ouvrira ses portes. Gloire à Phobos ! Angst !
Qu'est-ce que la Peur ? N'est-elle pas, finalement, un moteur ? La peur vous poussera à agir, à écrire, à lire, à argumenter, à aimer, à détester. Notre monde est gouverné par la Peur... Mais vous, les humains, vous êtes égaré du chemin que cette si grande et Ancienne émotion vous dévoilait. Vous avez oublié... que cette peur vous fera évoluer, vers une forme de vie nouvelle, vers un monde ou vos émotions exploseront, s'exprimeront. Aimez la Peur... car elle est votre avenir et votre monde.
Histoire
Thanatos
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Sujet: Re: Ludwig von Rosenthal, Berserker de Nosferatu et Héraut de Phobos. Jeu 13 Oct 2016 - 11:25
Bienvenu parmi nous...
Jvais etre honnete.... J'ai pas encore tout lu de ta présentation et de ton histoire lol
Sujet: Re: Ludwig von Rosenthal, Berserker de Nosferatu et Héraut de Phobos. Jeu 13 Oct 2016 - 13:54
Bienvenue^^
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Récompenses:
Pandore Thuban
Messages : 2117
Sujet: Re: Ludwig von Rosenthal, Berserker de Nosferatu et Héraut de Phobos. Jeu 13 Oct 2016 - 16:11
Whaouh Bienvenue
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Pandore, personnalité médiane Sem-Thre, la Justice Tsouréki, la Charité
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Mime
Guerrier Divin d'Eta
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Sujet: Re: Ludwig von Rosenthal, Berserker de Nosferatu et Héraut de Phobos. Jeu 13 Oct 2016 - 16:24
Merci à vous.
Ne t'inquiète pas Thanatos, ce n'est pas un problème si tu n'as pas terminé ahah.
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Altia Verana
Grand Pope
Rôle : Grand Pope et représentant terrestre d'Athéna
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Sujet: Re: Ludwig von Rosenthal, Berserker de Nosferatu et Héraut de Phobos. Jeu 13 Oct 2016 - 19:39
Bah bienvenue du coup ^^
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Spoiler:
Lenalee
Spectre de la Vouivre de l'étoile Céleste de l'Innocence
Messages : 2377
Sujet: Re: Ludwig von Rosenthal, Berserker de Nosferatu et Héraut de Phobos. Jeu 13 Oct 2016 - 22:21
Amuse toi bien avec ce personnage =)
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Information Rp : Le cosmos de Lenalee n'est pas aussi sombre que celui des spectres
Scareface
Chevalier d'or du Cancer
Messages : 2382
Sujet: Re: Ludwig von Rosenthal, Berserker de Nosferatu et Héraut de Phobos. Dim 16 Oct 2016 - 7:13
Bienvenu
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Ma fiche ... dans ma signature !!!
Scareface parle Azoth parle essence d’Hadès parle essence de Cronos parle essence de Jade parle ???? Parle
Spoiler:
Roland Deschain
Mercenaire
Messages : 544
Sujet: Re: Ludwig von Rosenthal, Berserker de Nosferatu et Héraut de Phobos. Dim 16 Oct 2016 - 11:58
C'est en voyant ce genre de fiche perso que ej remarque a quel point la mienne est faite a l'arrache xD
Bienvenue parmi nous collègue!
Altia Verana
Grand Pope
Rôle : Grand Pope et représentant terrestre d'Athéna
Messages : 5733
Sujet: Re: Ludwig von Rosenthal, Berserker de Nosferatu et Héraut de Phobos. Dim 16 Oct 2016 - 16:54
Zyss a écrit:
C'est en voyant ce genre de fiche perso que ej remarque a quel point la mienne est faite a l'arrache xD
Bienvenue parmi nous collègue!
Si seulement tu savais la mienne
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Spoiler:
Setesh
Spectre Céleste de la Wyvern et juge d'Hadès
Messages : 8417
Sujet: Re: Ludwig von Rosenthal, Berserker de Nosferatu et Héraut de Phobos. Mer 19 Oct 2016 - 0:15
Jolie plume, et surtout récit savoureux et frissonnant à souhait. Quelques petites fautes mais plus de l'inattention qu'autre chose.
Tu es ... validé! Amuse toi bien parmi nous
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Mime
Guerrier Divin d'Eta
Messages : 299
Sujet: Re: Ludwig von Rosenthal, Berserker de Nosferatu et Héraut de Phobos. Mer 19 Oct 2016 - 1:52
Merci beaucoup pour vos différents messages de bienvenue : ) Concernant la longueur, Zyss, considère que cela doit faire 3-4 mois que je travail cette fiche... D'ordinaire, je doute que ce soit de cette manière ahah ^^' Ma plus grande crainte en postant la fiche était de ne pas instaurer de rythme, que l'histoire soit ennuyante. Mais Setesh m'a rassuré et merci à toi pour la validation !
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Sujet: Re: Ludwig von Rosenthal, Berserker de Nosferatu et Héraut de Phobos.
Ludwig von Rosenthal, Berserker de Nosferatu et Héraut de Phobos.
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