Les dieux des multiples panthéons, pour prendre part au destin d’un monde (planète) doivent s’incarner dans un corps mortel issu dudit monde. C’est la condition pour déployer tout leur pouvoir et influencer les éléments constituant ce monde. Ce corps mortel tient lieu de lien, de passerelle, entre leur âme d’éther et le cœur de silice de la planète qui les intéresse. Un dieu conservant son corps d’origine pourra seulement agir de façon très chirurgicale sur un monde. Il pourra atteindre ce qu’il voit et ressent proche de lui, détruire ou créer localement, mais son cosmos ne sera jamais en pleine résonance avec le monde qu’il foule. Il ne pourra déchaîner les mers et les volcans à distance, faire tonner la foudre sur un continent lointain, réorganiser la tectonique des plaques.
Autre avantage de l’incarnation, elle permet l’ubiquité. Selon l’étendue de son pouvoir, un dieu peut s’incarner simultanément dans plusieurs corps de mortels et influencer ainsi plusieurs mondes de la Création. Toutefois, en multipliant ses avatars de manière abusive, un dieu divise dangereusement son pouvoir. Aussi, rencontrer quelque part un dieu dans son corps originel ne signifie pas qu’il ne prend pas part au destin d’un autre monde. Il est ici en tant qu’aide, visiteur, ou simplement peu enclin à la gouvernance de cette planète. Cependant, il se peut très bien qu’il se soit incarné ailleurs pour être partie prenante de l’avenir d’un monde auquel il est attaché.
Il est à préciser que les dieux peuvent s'incarner à différents degrés. Ainsi, certains hôtes sont complètement assujettis à celui qui les possède, leur personnalité a été totalement broyée par le divin occupant. D’autres déités préfèrent se confondre avec le soi de leurs hôtes, mixant leur âme d’éther avec l’âme mortelle, une fusion dont résulte une nouvelle personne. D’autres encore, parmi les plus rares, choisissent de se laisser piloter par leurs hôtes. C’est la forme d’incarnation la moins impactante pour la personnalité humaine. L’hôte reste lui-même, mais avec les pouvoirs d’un dieu.
Cependant, il est fréquent que l’occupant divin lui communique ses pensées, voir que sa voix et ses mots filtrent à travers ses lèvres. Il existe plusieurs rangs chez les divinités que l'on peut résumer en trois cercles : primordial (ou archaïque), majeur, et mineur. Seul les primordiaux et les majeurs disposent d’assez de pouvoir pour qu’une fois incarnés, ils puissent infléchir tangiblement le destin d’un monde. Toutefois, la grande majorité des mondes subissent l’influence des seuls dieux majeurs, soutenus par la majorité des mineurs. Ces derniers ne disposant pas d’assez de pouvoir pour composer avec tous les éléments d’un monde et assurer une gouvernance, leur incarnation ou non est une affaire personnelle. Simplement, d’aucuns sont fiers de leurs corps originels ou soucieux de conserver une certaine distance vis à vis des mortels. Un seul monde suffit à satisfaire leur curiosité et d’un claquement de doigts ils pourront en rejoindre un autre. D’autres sont plus proches des mortels, certains même les envient, et l’incarnation est le meilleur moyen de tutoyer la mortalité. D'aucuns, poussés par la curiosité, la volonté d’être partout à tout moment, utilisent l’incarnation pour profiter du don d’ubiquité.
Univers, panthéons, et mondes.
A l’origine des dieux et des univers, le Big Bang. De ce Big Bang jaillirent des théogons qui générèrent les mondes et les mortels. Les théogons sont l’ensemble des panthéons d’un même univers. Ainsi les panthéons égyptien, maya, grec, nordique, pour ne citer qu’eux, appartiennent au même théogon. Tous ces panthéons commencèrent par créer un premier monde, à leur image, puis un deuxième, un troisième…jusqu'à ce qu’ils viennent à se rencontrer. C’est en ces temps immémoriaux que les premières Guerres Saintes de l’univers humanoïde éclatèrent. Après des millénaires de guerres, rares sont les mondes qui comme la Terre aujourd’hui sont sous l’influence de plusieurs panthéons (en l’occurrence grec et nordique).Aucun des panthéons n’est à l’origine de la création de la Terre, tous ignorent son origine. Certains dieux archaïques de l’univers humanoïde avancent qu’elle serait l’œuvre d’un panthéon capable de naviguer par-delà les univers, formant à lui tout seul un théogon dont les pouvoirs s’affranchissent des frontières des univers : les Anciens. Carrefour stellaire, la Terre a cependant hérité de plusieurs cosmogonies issues des différents panthéons qui l’ont foulé. Elle dispose de plusieurs textes mythologiques racontant sa création. En vérité, aucun ne lui correspond, ces textes éclairent seulement la création des mondes originels de chaque panthéon, transposée à la planète bleue. Ainsi, si la déesse Gaïa a bel et bien enfanté le premier monde du panthéon grec, Olympus, si Prométhée a bel et bien enfanté les premiers hommes d’Olympus, elles ne sont certainement pas les génitrices de la Terre et de la vie qui s’y épand. Tout comme Odin, Vili et Vé sont les créateurs de Midgard, sans être les créateurs de la Terre. Si tous les dieux primordiaux et majeurs avaient parfaitement conscience de cet état de fait, il n’empêche qu’ils se sont ingéniés à faire disparaître le mythe des Anciens de la mémoire collective, le but étant de se convaincre eux-même et tous ceux qui les entourent qu’ils sont les seuls créateurs de ce joyau que représente la planète bleue. Concernant les terriens qui servent les dieux, ils sont bien entendu convaincus de la véracité des mythes expliquant la création de leur monde par leurs maîtres.
Terre et premières Guerres Saintes théogoniques
La Terre est le premier monde de l’univers humanoïde qui vit la rencontre de plusieurs panthéons. Sur ce monde, les panthéons en conflit étaient baptisés maya, égyptien, et grec. Lorsque les divinités grecques découvrirent cette planète, elles y furent extrêmement sensibles et placèrent toute leur énergie dans sa conquête. Mayas et Egyptiens étaient déjà engagés dans une Guerre Sainte et les dieux majeurs grecs, profitant de leur affaiblissement, s’incarnèrent en masse sur Terre. Ce fut un massacre, en moins de 1000 ans les cosmos mayas et égyptiens furent scellés et les Grecs purent régner en seuls maîtres. Les Nordiques n’arrivèrent sur Terre que bien plus tard.
Guerres Saintes et armures célestes
Si les guerres théogoniques (entre panthéons) sont répandues, elles se sont vues précédées par les guerres panthéoniques (intestines), bien avant que la Terre entre dans l’histoire cosmogonique en tant que premier monde théâtre d’un conflit mettant en scène des dieux issus de différentes régions de l’univers. Ainsi sur Olympus, les dieux grecs se livrèrent de nombreuse Guerre Saintes (dont la Titanomachie et la Gigantomachie) avant que Zeus impose son diktat. Après la conquête de la Terre, c’est Poséidon le premier qui désira la pleine autorité sur la surface de la planète bleue. Zeus s’en désintéressa et confia à sa fille Athéna le soin de mater son frère. Bien mal lui en pris, ce fut la débâcle chez les athéniens. Mais après quelques siècles de règne, l’Empereur dut faire face à la nouvelle armée formée par la déesse guerrière, soutenue par son paternelle. Poséidon dû renoncer à sa main mise sur le monde terrestre et se retrancher en Atlantide, le périmètre de son influence se limitant ainsi à l’étendue maritime, une part dont on pouvait aisément se contenter, mais vide de la présence humaine et insuffisante pour le dieu marin. Le courroux de l’Ebranleur du sol fut sans précédent et il déchaîna les éléments. Un gigantesque ras de marée déferla sur toute la surface du globe, faisant table rase de tout ce qu’il rencontrait sur son passage. Le Déluge emporta la quasi-totalité de la vie sur Terre. Après le cataclysme, Athéna prépara ses hommes les plus dévoués pour une guerre qui allait durer près de deux millénaires. Zeus dépêcha Héphaïstos sur Terre pour qu’il forge des armures à l’image des kamui (cuirasses des dieux) destinées aux champions des dieux, des hommes élus capables de composer avec l’éther, le cosmos. C’est sur la planète bleue que furent assemblées les premières armures célestes conçues pour les hommes. Après son ouvrage terrestre, Héphaïstos dut faire la tournée des mondes conquis par le panthéon pour y forger des cuirasses faites d’un métal divin, le gammanion, d’un métal propre à la planète, et de poussière d’étoile. Sur Terre donc, ses premières œuvres furent les armures des chevaliers d’Athéna. Assisté d’un jeune tibétain et puisant dans les métaux et alliages terrestres, il retint l’or, l’argent, et le bronze. Pour les plus forts parmi les élus, pour les hommes les plus proches des dieux, il forgea les douze armures d’or, des armures appelées à écrire l’histoire, à former les légendes.
C’est à cette époque que surgit sur Terre le panthéon nordique amené par le roi-guerrier Odin. Alors qu’Athéna armait ses chevaliers, il eut la présence d’esprit de se présenter en ami, et même en allié. Pour seule rétribution, il demandait un désert de glace où sa souveraineté serait reconnue. Déesse habile et ouverte d’esprit, Athéna conclut ce pacte et ajouta qu’Asgard auraient la garde du sceau de l’Atlantide. Le sang fut versé et l’alliance triompha aisément. Si grand fut le triomphe que le cosmos de Poséidon sur Terre fut scellé. De son côté, le dieu Thor rivalisa de virtuosité avec son homologue Héphaïstos, et de son génie créateur naquirent les armures du Valhalla destiné aux champions du Grand Nord. Peu à peu la vie reprit ses droits et quelques siècles suffirent à repeupler le globe dans son entièreté. Mais Arès, de loin ou parfois en visite dans son corps originel, gardait un œil sur la Terre depuis bien des millénaires, puisant une énergie infinie dans les conflits entre la déesse aux yeux pers et le Vieux de la mer. Et lorsqu’il apprit l’existence des armures célestes destinées aux armées mortelles, il trouva Héphaïstos et le contraignit à forger les cuirasses de ses berserzers. Lui imposant un rythme infernal, il obtint son dû en un temps record. Sa prochaine Guerre Sainte serait mené sur Terre, il était temps de lâcher tout son pouvoir accumulé. Cette guerre fut courte et sanglante, affreusement sanglante. Partout les hommes devinrent vindicatifs, belliqueux, et la soif de conquête empoisonnait l’âme de tous les terriens. Partout on croisait le fer et versait le sang, érigeait des murailles et des catapultes, influencé par le rayonnement écarlate du dieu de la guerre et de son pendant féminin. Devant tant de puissance déployée par les berzerkers, Athéna concéda un genou à terre et faillit perdre la Guerre Sainte, remportant la victoire à l’arrachée grâce aux armes du chevalier d’or de la Balance. Arès se réfugia au royaume souterrain, chez Hadès, qui soutiendrait toujours ce pourvoyeur d’âmes fraîches. Les athéniens formèrent de nouveaux escadrons et partirent à la poursuite de l’ennemi, le traquant en Enfer. Une terrible bataille s’en suivit, les chevaliers d’Athéna ne faisant qu’une bouchée des guerriers du sombre monarque, pas encore équipés des surplis d’Héphaïstos. Arès fut vaincu, tellement diminué qu’il dut fuir la Terre pour conserver son influence sur d’autres mondes. Il est dit que lors de cette bataille, Hadès lui-même fut blessé par un chevalier de bronze à l’esprit combatif d’exception. Quand les athéniens quittèrent le royaume des morts, le maître des lieux prit conscience de la fragilité de ses possessions. Et les surplis spectraux furent forgés. Beaucoup d’événements bousculèrent le karma de la Terre. L’inimitié entre Hadès et Odin germa et le sceau de Poséidon fut rompu. Zeus fit son retour, précédé par Cronos, et jamais le sort de la planète bleue ne fut soumis à autant d’influences divines. Autre fait notable, des armures noires fut découverte sur une île volcanique. D’après les textes, elles seraient l’œuvre des descendants du forgeron Tibétain qui assista Héphaïstos dans son travail. Contrairement aux autres, elles ne possèdent pas d’âme, la poussière d’étoile n’entrant pas dans leur composition, et ont été fabriquées avec une quantité très réduite de gammanion, d’où leur fragilité.
En l’année 1753 du calendrier terrestre humain, Hadès prit sa revanche sur Athéna. Ses spectres revêtus de leurs armures d’orichalque noir déferlèrent sur le sanctuaire d’Athènes. Sur les 79 chevaliers égides engagés dans cette bataille d’anthologie, seulement deux survivront, un dénommé Dokho de la Balance, et Shion du Bélier. Ce conflit entérina les désaccords entre Hadès et Athéna, tous deux portant une vision du monde diamétralement opposée. A cette bataille succéderaient des guerres d’une magnitude effroyable.
Len Kagamine sur Never-utopia