Artémis, Déesse de la chasse et de la Lune. [Terminer].

Contes et légendes ne sont que fantasmes. Souffrez-vous donc de penser par vous-mêmes ? Et pourtant, j'ai vu des choses dans mes voyages que la plupart ne peuvent que rêver. Aventureuse née, je me complais dans la solitude, à écouter le seul murmure du vent. Mais, plus que partager un précieux temps à vagabonder dans les forêts et les vastes contrées dépourvut de la moindre civilisation humaine. Ma passion pour la chasse et la magie, on fait de moi, une jeune femme passionnée par la nature, et la gloire passée de mon peuple.

Car, je suis une Verdruis, tout du moins, par titre cependant. Puisque j'appartiens au peuple des druides. Et les temps et les mœurs ont bien changé depuis l'époque où les Celtes ont étaient vaincus. Et bien que ma pratique de la magie soit convenable pour une jeune dame de mon rang. J'ai reçu moult enseignements, qui ont sublimé mon instruction sur différents aspects. Ne vous fiez donc pas à ma mon apparence juvénile et innocente, car il camoufle un cœur endurci et un esprit aguerri !

Mais, malgré mon attitude largement pacifique et réfléchie, l'âme d'Artémis ressort ma méfiance à l'égard des clans et tribus, dont la soif de conquête est l'unique leitmotiv. Très implacable lorsqu'il s'agit de défendre la vie végétale et animale, je suis prête à prendre les armes pour une cause qui me semble noble et défendable.

D'un temps où mon peuple était glorieux. Comme le grand chêne, il manifestait constance dans ses traditions, force dans ses racines et un essor perpétuel vers les cieux. La précipitation n'a pas lieu d'être lorsque l'on a, semble-t-il, l'éternité devant soi. Les cérémonies de culte duraient des mois. Toute décision nécessitait tous autant de temps de débats. Une initiation pouvait durer des années.

Mais il existe une facette moins diplomate et nettement plus guerrière. Puisqu'en ces temps anciens, mon peuple avait conquis plusieurs territoires. L'histoire narre l'épopée et le glorieux passé du peuple celte, mais au-delà de ses conquêtes. Il y avait des lieux de savoirs et de débats où les plus sages des anciens druides se retrouvaient pour partager leurs connaissances, retrouver de vieux amis et résoudre des désaccords qui duraient depuis des mois.

Mais, alors que nos ancêtres étaient pris dans le cycle de leurs âpres vicissitudes, d'une vie qui, à leurs yeux, se déroulait avec une lenteur insoutenable, le monde au-delà des forêts luxuriantes et des arbres immémoriaux était en plein changement. Les humains d'abord arrivèrent du grand nord. Appelés germains par nos anciens, lorsqu'ils rencontrèrent les Celtes et les druides pour la première fois, Les Germains étaient bravaches et belliqueux, prompts à s'emporter et plus encore à dégainer, trop impatients pour l'allure sereine de la diplomatie celtique, et druides plus particulièrement. Mais il ne s’agissait pas là du seul fléau, d'autres peuples, les Romains et l'Empire Dace à l'est, eurent raison des Celtes.

Le déclin programmé et enclenché, qu'est-il advenu de ce peuple me diriez-vous ? Eh bien, toute la richesse de mon peuple fut réunie par les plus anciens druides, à la ville anglaise de Glastonbury, dans le Sommerset, situé au pied de la colline sacrée du tor. Des siècles se sont succédé depuis la chute des Celtes, mais les savoirs des Druides restent vivaces, bien qu'ils soient devenus fébriles, tant son savoir est détenu par un mince îlot de Druides. Et loin du monde civilisé et de ceux qui voulaient m'enchaîner pour ce que je suis et ce que je revendique. J'ai maîtrisé ma magie et la pratique de la chasse, via l'aide de tuteurs, j'ai passé des années à explorer le domaine de l'esprit et à acquérir la compréhension de ses habitants auxquels peu d'autres peuvent prétendre.

Et du haut de mes vingt-six printemps, il me complaît à rester seul dans des ruines antiques, à la recherche de souvenirs et de connaissances qui ont été perdus pendant des siècles. Or, il est une légende qui, murmurer par les esprits et l'écho de la forêt de Brocéliande. Me procurent une crainte et une fascination sans limites. En un lieu où la glace est plus dure qu'acier. Et où l'air est empreint d'un relent carnassier, où les sombres tunnels sont semés d'ossements. Ceux des morts sans repos. La grotte de Fenshal, qui abrite le gardien des montagnes, un terrible garou, créature à l'esprit d'un humain, mais à l'apparence d'un Loup. Arpente la faune sauvage, laissant derrière elle, mort et désolation. Et en archivistes du savoir perdu, errants du chemin solitaire. Jamais je ne courberais pas l'échine devant pareil défi, dont même la faune sauvage semble pétrifier par cette créature.

Le sort ô combien noir de mon infortuné destin est désormais en marche. Celle d'une Verdruis qui sans peine provoque la terreur des bois de Brocéliande. Le murmure de la nature me glisse la route à entreprendre vers cette grotte, immaculée d'une terreur inqualifiable. Des jours se muant en semaine, aussi longue qu'interminable. Des cerfs me suivent dans mon expédition, jusqu'à tempérer leurs mouvements, lorsque après plusieurs semaines de voyages. Nous trouvions, à l'entour de la grotte de Fenshal, un sol tapissé d'os. D'humains, de loups et de milliers d'animaux. La meute de cerfs, terrifiée par l'odeur du trépas, rebroussent chemin, me laissent, face à l'adversité. Armé d'un désespoir, je m'immisce dans l'antre. Brillant telle une étoile se trouvant dans l'abysse, mon arc est tendu, prêt à décrocher sa flèche face à la terreur des bois.

Mais la présence des cerfs et la mienne a attiré un hôte et non des moindres. Le garou, une créature anthropomorphe proche du loup, mais dont l'esprit est celui d'un humain. Et il s'en vient réclamer par cet obscur chemin, son dût tout en s'estimant roi de cette forêt. Appâté par l'odeur du sang frais des cerfs, s'étant blessé dans leur fuite. Nous finissons par se croiser, sans mot dire. Armé de mon arc face au terrible loup, je deviens la proie. En un instant, je sais qu'il n'a pas d'autre sort que mourir en ces bois. Lorsque s'exclame le loup, d'une voix revancharde.


Stoïque, je reste imperturbable avec mon arc tendu droit devant moi. L'oeil figé sur la créature, je ne prononce aucun murmure. Préférant rester calme face à l'adversité. Jusqu'à ce que le Garou s'approche à pas lourds vers moi, me faisant reculer d'un pas, sans que je m'en rende compte initialement. Et avec effroi, je perçois après coup, ses grognements sourds, puis ces mots.


Ainsi, aurait pu se conclure ce pacte. Mais, mue d'un instinct de survie, je me redresse, de toute ma hauteur. Ma conscience est peu à peu drapée d'un voile de magie à la nature insoupçonnée. Et tel un murmure, un chant ce murmure dans mon esprit, puis à travers cette grotte.


Alors, vint la conclusion par mon arc. Tirant une seule et unique flèche, baigner par une magie dont je ne soupçonne pas encore la portée, le silence est d'or. Jusqu'à ce que la bête prononce un ultime râle de douleur.

Ainsi se conclut cette sinistre histoire. Mais la suite ne se ponctua pas par la simple mort de la bête. Je venais là d'achever la terreur des bois de Brocéliande. Mais cet esprit m'ayant insufflé une nouvelle volonté se lia à mon âme. Se muant définitivement en un seul et unique esprit, celle de la déesse de la chasse et de la Lune. Nimbée de connaissances et d'une magie accru, Artémis venait là de renaître, à travers moi. L'île d'Avallon et les bois de Brocéliande viennent là de trouver son protecteur, et pas des moindres. La protectrice des amazones, des jeunes enfants et des jeunes animaux.