Sigmar Hagenberg, Dieu des Glaces Eternelles

Pourquoi ne pas vous parler ce soir de la légende de Sigmar ?  Qui était-il au-delà d’un guerrier réputé et combattant du royaume d’Asgard ? Tu veux vraiment savoir qui il était petit ? Allons approches-toi, là, près du feu, je vais te raconter :

«  Il y a de cela fort longtemps, avant même que l’île de Krust ne disparaisse dans l’océan glacial, notre monde était en guerre contre les royaumes combattants du Nord. On y connaissait là-bas de puissants et implacables guerriers qui à ce qu’on raconte faisaient trembler la terre rien qu’en marchant. La paix était déjà fragile et il ne fallut que peu d’efforts aux artisans du chaos pour qu’une étincelle vienne tout embraser. Les Valkyries, ceux que l’on nomme les Guerriers Divins mais aussi les hommes, humbles serviteurs des puissants se retrouvèrent au cœur de cette guerre qui dura plus de 10 ans. Nulle place pour le doute, aucune alternative n’était possible. D’autres moyens avaient été entrepris et Odin le sage ne menait jamais son peuple à la bataille sans un raison extrême. Jamais de bonnes ou de mauvaises raisons n’étaient dédiées à la guerre.

Puissant dans la Victoire, voilà ce que voulait dire Sigmar. On peut dire que son talent pour la bataille n’était plus à prouver.  Il était capitaine de bataillon, la stratégie et la tactique n’avaient aucun secret pour lui et certaines des Valkyries aimaient le couvrir de chance lors de ses audacieuses manœuvres. Pour peu qu’on y pense, certaines voyaient en lui un bon parti, un mortel à entrainer parmi les puissants, à faire avancer vers le chemin des étoiles, même s’il n’était pas doté de facultés comme les leurs ni d’un Cosmos particulier. Les victoires pour lui s’accumulaient et du grade de Capitaine, il devint Général. Pendant 8 longues années, il ne trouva de repos, amenant les troupes de son Dieu et Roi à la victoire. Et puis il y eu Kàra. Puissante Valkyrie, celle guerrière à nulle autre pareille s’était éprise d’un amour secret pour celui qu’elle considérait comme le plus brave et le plus méritant des hommes. La victoire totale était proche, et comme le dit le dicton, c’est bien souvent à ce moment-là que l’ennemi, tel un vieux tigre acculé en est le plus dangereux. Trop confiante était la cohorte du juste.

Sigmar. A son seul nom, les armées se gonflaient d’un vent porteur d’espoir et de victoire. A sa venue, les hommes pouvaient accomplir de haut-faits. La gloire était sienne et vint ainsi l’amour. Homme et immortelle, leur idylle n’était pas des plus classiques. Sur le champ de bataille, l’un et l’autre canalisaient leurs cris et leurs ordres à l’unisson, lui sur terre, elle dans les airs, usant de sorcellerie, de cette magie si propre aux immortels. Oh tu peux me croire, c’est la vérité ! On raconte qu’ils n’eurent pas l’ombre d’une descendance, malgré les efforts que deux amants pouvaient consentir dans ce domaine-là. On parlait d’une union sérieuse et on pouvait craindre le jugement d’Odin sur une telle chose. Il n’y aurait rien eu à redouter du sage seigneur d’Asgard, non, il y avait plus à craindre de l’extérieur. Car l’ennemi aime se parer d’ombres et de brumes avant de frapper. Pour lui, gagner était un luxe, vaincre, une utopie. Cependant, il restait assez de fiel dans les rangs des géants pour préparer quelque chose d’anthologie, un piège que l’histoire raconterai encore des années plus tard. C’était il y a 40 ans et je me souviens comme le temps a passé depuis. Je n’étais qu’un jeune soldat mais celui que l’ennemi souhaitait faire disparaitre plus que tout, frapper dans sa chair, c’était Sigmar. Au vu des victoires, des affronts infligés, il était celui qui canalisait toutes les rancunes d’un peuple belligérant, écrasé depuis nombre d’années, du fait de sa cupidité.

Serviteur d’Odin, c’est lui qui fut frappé dans son cœur et dans son âme. Non pas que son corps eut à souffrir de la moindre effusion de sang car ce n’était pas lui qui était visé mais Kàra. Subtil piège, infâme subterfuge, les qualificatifs ne manquaient pas pour souligner les tragiques événements qui se déroulèrent. Les géants usaient d’une forme de magie très ancienne, une magie fourbe et lâche pouvant retourner les esprits et les modeler. Cela n’était pas des plus simples non plus mais trouver un moyen de contrôler une personne importante pouvait prendre du temps, devenait un objectif ourdi de longue date. C’est ainsi que Kàra fut, en tant qu’immortelle, détournée de sa voie, contrainte par de noirs maléfices de mettre fin aux jours de son aimé mortel puis de mettre fin à ses jours à son tour. Elle parvint presque à accomplir sa tâche, blessant gravement Sigmar. Cependant, dans un élan de lucidité, elle eut assez d’amour et de volonté pour se donner la mort avant de commettre l’irréparable, sous le regard de celui qu’elle aimait plus que tout.

Pourquoi les amours entre immortels et humains finissent mal d’ordinaire ? Je n’ai pas de réponse à te donner jeune homme… Toutefois, on murmurait que Loki, qui avait un faible pour certaines des Valkyries parmi les plus belles, n’aurait pas aimé qu’une telle union soit possible. C’était une triste fin, un dramatique événement mais tout cela n’empêcha pas Sigmar de conduire définitivement les armées sur la route de la victoire sans faillir à son devoir. Aucun message, aucune réaction en haut lieu ne vint ébranler ses actions comme s’il était de coutume d’accepter de telles tragédies sans s’étendre sur les causes ni les conséquences. Il n’eut pas plus de détermination ni de violence dans ses actes. Tel était Sigmar, grand par la victoire. Et puis vint la fin de la guerre. Odin reçut en personne le brave commandant, celui qui n’avait rien laissé au hasard pour accomplir son devoir. Lorsqu’enfin il comparut devant son seigneur, celui-ci lui demanda qu’elle récompense il pourrait bien offrir au plus intègre des guerriers. Richesses, gloire, immortalité, Odin aurait pu être généreux et grand. Et pourtant, les mortels peuvent parfois être incompréhensibles, vois-tu… Sais-tu ce qu’il demanda ?

Rien, il ne demanda rien d’autre que la liberté, de reprendre une vie simple et profiter de ses derniers instants, dans la solitude. Incompréhensible pour le seigneur d’Asgard. Notre puissant Odin ne comprenait pas quelles causes assombrissaient l’esprit de Sigmar pour qu’il ne souhaite aucune forme de remerciement. La mort d’une Valkyrie, aussi aimée qu’elle ait pu l’être par cet humain… comment Odin pouvait-il se douter un seul instant que l’immortelle n’avait jamais vu cela comme une distraction. Ainsi Sigmar reparti libre, mortel, blessé. Les montages, les hautes vallées… Il revint aux racines de son existence, devint berger comme l’était son père et continua ainsi sa vie sans se douter un seul instant qu’en toute discrétion, Odin veillait. Il eut une vie incroyablement longue et sans entraves d’aucune sorte. Les années passèrent et au crépuscule de son existence, Sigmar, las et fatigué reçut une visite des plus singulières : le vieux vagabond.

Combien de récits parlaient de cet étrange personnage arpentant les routes, toujours vêtu de vêtements amples, portant une barbe blanche et tenant un bâton d’If dans sa main ? Ils étaient innombrables. Tous savaient en Asgard qu’il s’agissait d’Odin, le vénérable maître du nord. Qui d’autre que lui pour venir chercher le preux général au seuil de la mort… qui d’autre qu’une Valkyrie pour lui montrer le chemin ? Odin Lui-même…

- Mon vieil ami… Je n’ai pas souhaité envoyer une Valkyrie pour s’acquitter de cette tâche. Depuis tant d’années que tu es ici, à penser et à vivre comme tel est ton souhait, me voilà au seuil de ton voyage dans le Walhalla

- Tu souhaiterais donc me faire passer les portes Seigneur ? L’honneur est trop grand, même pour tout ce qu’Asgard connait depuis la victoire.

- Je ne suis pas venu te dire que ton heure était venue. Je sais que tu n’as jamais vraiment cessé d’aimer Kàra, que tu n’as jamais cessé de penser à elle. Et qu’en ton fort intérieur, tu aurais aimé la revoir même si tu ne me l’as jamais ouvertement demandé.

- Mon devoir, seigneur, mes engagements. Le reste n’est que le ressac des vagues sur la grève.

Etrange discussion que celle-ci, n’est-ce pas ? Ils devisèrent un certain temps avant que Odin n’aborde vraiment le sujet pour lequel il s’était déplacé en personne.

- Je sais que tu as une forme de rancœur, que dans une certaine mesure tu n’as jamais compris mon silence. Je n’ai que peu de choses à te dire si ce n’est que les jeux de pouvoirs ne sont jamais simples à appréhender et qu’il existe toujours quelqu’un qui payera amèrement. Crois-tu que c’est ce que j’aurai désiré pour celui qui avait tant fait pour Asgard ? Aujourd’hui, c’est à travers toi que je souhaite voir Asgard s’accomplir, c’est à travers toi que les choses doivent changer et prendre une nouvelle tournure. Ton jugement peut comprendre et faire grandir notre Royaume.

Et c'est tout... Que pourrais-je bien te dire de plus ? La légende ne dit pas plus. Si tu as suivi mon récit, si tu penses comme moi, tu te douteras un instant que tout cela n’est que pour nos distractions, nous autres mortels ne pouvons appréhender la moitié de cela. Est-ce vrai ? Odin est-il réincarné dans un mortel ? Qui peut vraiment le dire en vérité ? Allez va, c’est ton tour de garde, n’oublies pas ce que je t’ai dit, pour connaitre la gloire il faut aller au devant des dangers. Et ce soir, les tiens sont sur le chemin de ronde du chateau.

Fin.