COSMO CLUB [open]

Un armuré casqué met les pieds à Paris, les autorités tente de l’arrêter après qu’il ait décliné son identité et déclaré qu’il est asgardien, il leur met une formidable dérouillée. Le Glaneur Français et consorts en parlent dans leurs colonnes, on en parle à l’église tant les faits semblent surnaturels, mais ça n’ira pas plus loin, Scud libèrera son armure pour repartir sur une base incognito.

Deux mois plus tard, le vengeur orange est oublié, et le Cosmo Club émerge du sous-sol. Le blondin a parcouru la ville, rencontré des personnalités qui valent le coup, des désoeuvrés, des incompris, des orphelins, tous laissés-pour-compte qui ont tous deux choses en commun : ils n’ont rien à perdre, ils sont combatifs. Ce soir, dans la cave d’une taverne d’où tout a commencé, Scud fait face à tous ces gars et ces quelques femmes endurcies alignés devant lui. Les bras croisés, l’œil captivant, il énonce une nouvelle fois les règles pour les nouveaux venus :

"Messieurs dames, bienvenu au Cosmo Club."

Le blondin panoramique sur son auditoire.

"La première règle du Cosmo Club est : il est interdit de parler du Cosmo Club. La seconde règle du Cosmo Club est : il est in-ter-dit de parler du Cosmo Club. Troisième règle du Cosmo Club : quelqu’un crie stop, quelqu’un s’écroule ou n’en peut plus, le combat est terminé. Quatrième règle : seulement deux combattants par affrontement. Cinquième règle : un seul combat à la fois messieurs dames. Sixième règle : pas d’chemise, ni d’chaussures. Septième règle : les combats continueront aussi longtemps qu’nécessaire. Et enfin huitième et dernière règle : si c’est votre première soirée au Cosmo Club… vous devez vous battre !"

Et c’est ainsi que Bernard dit L’esponton, mendiant notoire, devient le Roi de France quand il file une trempe à Francis, ce jeune veuf qui a tout perdu aux jeux et retrouve quelque chose, ici, au Cosmo Club. Tranquillement, Scud déambule en silence dans la foule qui a fait cercle et qui gueule son allégresse sur les deux combattants. Il observe ces regards qui retrouvent leur éclat au fond de cette cave ; ces hommes et ses femmes sont ses protégés, il est leur ange blond salvateur. Enfin, quand chacun est repu, le slip ou la culotte trempé, quand la cave a atteint une température à donner la fièvre, Scud prend deux de ses protégés par la main, et tous l’imitent pour former un cercle concentrique ou l’Asgardien siège au centre. Les paupières closes, ils se sentent alors entrer dans une transe cosmologique, Scud lâchant son cosmos à travers tout leur être détendu.

C’est ainsi une fois par semaine pour tous ces parisiens, et à chaque fois, ils regagnent la surface plus forts. Leur 6e sens est éveillé et s’affûte toujours un peu plus, ils se surprennent à capter des choses de l’ordre de l’impalpable, ils comprennent qu’en fréquentant le Cosmo Club, ils sont en train de s’initier à quelque chose de fantastique. Ils n’ont plus peur, ils ne sont plus des laissés-pour-compte, et leur regard a repris vie.