La taverne d'Athènes

Et voilà plus moyen d'être tranquille pour parler sans qu'un andouille vienne vous embêter. Et il se gêne pas celui-là. Et vlan que je prend un chaise et m'installe! J'en profite pour demander un verre de vin et en offrir aux autres même si ils en veulent pas et que je m'incruste en plus.

Je sais pas qui c'est mais vu ces manières j'ai bien envie de lui coller mon poing en pleine tronche mais vu qu'il y a Villia, je vais m'abstenir.

J'espère ne pas m'imposé jeune gens, je m'ennuie un peu moi, la causette c'est bien cool ! C'était pas un tête a tête ? Pas dans une taverne quand même !

Non tu vois c'est exactement ce que tu fais mais c'est pas grave. Et il est pas mon père! Qu'est-ce que ça peux lui faire ce que je fais de ma vie!

Euh... Non, ce n'est point un tête-à-tête. Vous pouvez vous joindre à nous. Plus on est de fou, plus on rit... Mais par pitié, évitez de rire à nouveau en ma présence. C'est sincèrement insupportable, ou bien cultivez votre rire !

Elle me regarde et me demande.

Cela ne vous dérange pas non plus ?

Ca me dérange un peu même beaucoup. Mais bon je vais prendre sur moi. Moi qui me faisait une joie de me trouver en charmante compagnie, tant pis.

Euh... Non, non. Pas le moins du monde.

Précédent : Sanctuaire d'Athéna

La jeune femme avait marché longtemps, erré, tourné en rond. On pouvait suivre son parcours à la trace grâce aux couloirs de neige fondue qu'elle avait dessiné par sa seule marche. Elle soupira un instant avant de s'orienter vers ce qui semblait le lieu le plus vivant de la ville qu'elle ignorait être Athènes : la taverne. Là, des rires gras et la lumière d'un feu se mélangeaient.

A son approche, le vent s'apaisa quelque peu, la lumière perça les nuages, et surtout lorsqu'elle ouvrit la pièce, une soudaine chaleur se diffusa dans toute la pièce. Ceux qui n'étaient pas saouls se tournèrent vers cette apparition. Les bras à demi-nus, de même que les pieds, le teint de porcelaine et la robe légère surprirent chacun. Avec la météo déréglée tous s'étaient confectionnés des manteaux grâce à deux, trois tuniques enfilées les unes sur les autres, ou bien des draps pour les plus pauvres.

Timidement, la cardinale s'approcha d'un groupe joyeux et demanda à s'asseoir avec eux pour se reposer un peu. On l'accueillit avec chaleur -le contraire aurait été un comble !- et on lui offrit même un repas. Sans savoir trop comment elle faisait, chacun avait ressenti la différence de température autour d'elle. Si c'était une sainte en excursion, sans armure, sa discrétion était à revoir, mais personne ne voulut faire la remarque, de peur de perdre le confort de cette présence pour le froid de dehors.

La soirée fut festive, les Athéniens ayant retrouvé l'espace d'un temps leur bonne humeur et leur chaleur aussi bien intérieure qu'extérieure. Camélia sympathisa avec nombre d'entre eux, étonna par ce sa résistance aux vins et émerveilla par ses contes -qu'elle ne savait pas si elle inventait ou si elle s'en rappelait.

On aurait presque pu en oublier que dehors il y avait la neige, les monstres terrifiants qui avaient ravagé Rodorio et frappaient le Sanctuaire, que les dieux se livraient des guerres sans merci et que la tourmente était à l'un de ses rares pics de violence...

Finalement, très dans la nuit (ou tôt dans la matinée), la jeune femme se décida à repartir. Les clients qui n'avaient pas quitté l'auberge ronflaient bruyamment sur les tables, une dernière choppe en main, les autres l'avaient saluée avant de braver la tempête pour retourner dans leurs foyers.

Elle remercia une nouvelle fois le tavernier qui faisait l'ultime effort d'apporter une couverture sur le dos de chacun avant d'aller lui-même s'enterrer dans les limbes d'un sommeil sans fond.

Elle poussa la porte et partit au hasard, de nouveau.

Suivant : Cronos Labyrinthos