If you desire something, just take it [PV Oro - Hev]

Et voilà. Le message était passé. Il avait dit tout ce qu'il avait à dire au Grand Pope et à la déesse Athéna. Du moins... Il avait dit l'essentiel. Les détails pouvaient attendre, évidemment. Il ne fallait pas se noyer dans un tsunami de détails inutiles pour la compréhension de l'intrigue, des tenants et aboutissants des relations particulières qu'entretient le Seigneur des Mers avec ses interlocuteurs. Hevruka était enfin parti de cette réunion qui n'en finissait plus. Un peu trop de rebondissements à son goût.


Du coup, il était parti en direction de son temple. Il n'avait pas pour habitude de s'attarder dans les temples du zodiaque. Les autres signes n'avaient pas de valeur à ses yeux. Lorsqu'il était avec Milan, il était fort rare qu'ils se retrouvaient au temple du Capricorne, préférant voguer à travers le monde ou rester en périphérie du Sanctuaire. Il en était de même avec Altia Verana. Hevruka était assez binaire comme gars. C'était soit le Temple des Gémeaux, soit à l'extérieur du Sanctuaire. Il ne faisait pas dans la demie-mesure, ne faisant qu'un avec l'âme qui résidait depuis la nuit des temps dans cette maison.


Mais, une fois n'est pas coutume, en redescendant, il resta quelques instants dans le temple du Verseau, l'ancienne demeure de Shiyo, qu'il connut. Pas très longtemps, il doit le reconnaître. Toutefois, depuis lui, il n'avait connu absolument aucun autre porteur de l'armure du Verseau. Et la réputation de Shiyo était... presque légendaire. Il était un Saint si droit, au-dessus de tous en tous points. Du moins, c'était ce qu'il avait entendu sur lui.


Pas mal ce temple, faut reconnaître. Mais ça manquait d'illusions permanentes.

Il régnait un silence d'église. C'était assez reposant, il fallait le reconnaître. Après tout le brouhaha du temple d'Athéna, un peu de calme ne pouvait faire que du bien. Il s'était suffisamment éloigné de son temple pour ne pas entendre les jérémiades des autres chevaliers ou pour sentir les fluctuations cosmiques qu'imposait de facto la présence d'Arès en ces lieux. Néanmoins, il n'était pas allé trop loin, au cas où il ait besoin d'intervenir. Passer deux temples plutôt qu'une dizaine, il était évident que le temps en était raccourci. Et oui, il fallait se montrer efficace en toutes circonstances. Sinon, pourquoi porter cette merveilleuse et flamboyante armure d'or ?

Néanmoins, le silence fut de courte durée lorsque l'Anglais fut interrompu dans ses songes par l'apparition d'un cosmos. A la différence d'une énergie latente que tous les guerriers ont, une sorte d'aura naturelle, celle-ci semblait plus grande et imposante. Hevruka se dit immédiatement que celui à qui appartient le cosmos souhaitait qu'on le remarque. Un peu comme un défenseur. Il se retourna en un seul instant et vit arriver le propriétaire des lieux : le chevalier d'or du Verseau. Comme il s'en doutait, ce n'était pas Shiyo, mais un tout nouveau, inconnu au bataillon. Après tout... après plus de deux ans d'absence, le chevalier d'or des Gémeaux ne pouvait pas connaître tout le monde. Comme un vieux, il restait bloqué à son époque, incapable de concevoir que le monde bougeait sans l'attendre. Oro Uinku ? Et fraîchement élevé au rang de chevalier d'or ? Intéressant, intéressant. Il tendit la main, dans l'espoir que les Gémeaux lui rendent son "bonjour". Il n'était pas dans l'habitude d'Hevruka d'être tactile, considérant avec importance son espace vital qui, soyons clair, n'était jamais assez grand à son goût.


Mais soit, ne partons pas du mauvais pied. Même s'il avait tendance à faire une mauvaise impression,  il fallait au moins qu'il fasse l'effort de ne pas être associable. Il tendit sa main droite et enserra celle du chevalier du Verseau. Un léger cliquetis, à peine perceptible, trahissait l'entrechoquement des deux armures. Une petite précision, qui ne mange pas de pain : la main d'Hevruka était horriblement froide, étant aussi froide que l'air ambiant. Ce phénomène s'expliquait d'une façon très simple. Lorsqu'il se battit contre le Juge du Griffon, à la fin de leur affrontement, ce dernier plongea sa main dans la poitrine des Gémeaux et lui prit son cœur. Depuis, il n'avait plus de cœur et par conséquent, plus aucun afflux sanguin, plus aucune circulation du sang dans son corps. Comment faisait-il pour rester en vie, dans ce cas ? Il utilisait ce que Milan Sethni lui avait appris : se servir d'une facette de son cosmos, la Vie, l'élément central de toutes les espèces. Afin de ne pas mourir, cet aspect-ci de son cosmos brûlait incessamment et il était fort perceptible par n'importe qui. La plupart du temps, la base de son énergie, les ténèbres, était plus élevée que l'autre, mais là, il était dans un bon... mood. Alors qu'il tenait encore la main d'Oro Uinku, il lui répondit.


"Enchanté, Oro Uinku. Moi, c'est Hevruka, chevalier d'or des Gémeaux depuis.... très longtemps." ▬ en même temps, vu la gueule de son armure, il était aisé de deviner sa constellation. Elle ne ressemblait absolument pas à l'armure du Taureau, bien qu'Hev soit assez "armoire à glace" du haut de son mètre quatre-vingt-huit. Il lâcha enfin la main de son frère d'arme, et relança cette conversation de courtoisie. ▬ "Veuillez pardonner mon intrusion dans votre temple, Verseau. Je n'ai pas pour habitude de quitter mon temple, et ce froid ambiant me le rappelle..."


Il sourit. Il était assez rare de voir Hevruka sourire, alors, autant le noter et le souligner en rouge ! Ses beaux yeux verts contrastaient avec le noir de ses cheveux, tombant négligemment sur son visage. Il avait un visage très blanc pour quelqu'un qui passait ses journées à l'extérieur, à la lumière du Soleil. C'était dû à l'absence de circulation sanguine, notamment. Et puis, c'était dans sa nature de ne pas bronzer. Son léger accent britannique ravivait un peu son teint monotone.


"Un jeune chevalier d'or, vous disiez... D'où venez-vous ? Quelle était votre constellation protectrice ? Vous sentez-vous légitime à être le successeur de Shiyo ?"


A deux doigts de mener un interrogatoire le mec.

Alors il était un ancien de Blue Graad ? Voilà des années qu'il n'avait pas mis les pieds dans la fameuse bibliothèque de Sibérie. Il y était allé avec Kiko du Cygne... Non pas pour étudier, mais pour lui botter le cul, entre autres choses. Hevruka n'était pas un adorateur des lieux "trop" froids. Bien que le fait d'avoir vécu pendant plus de soixante-dix ans dans une dimension sans la moindre lumière et de ce fait, sans la moindre chaleur, n'avait rien à envier à ceux qui vivaient et/ou étudiaient à Blue Graad. De par son passé d'homme noble, Hevruka eut droit aux enseignements les plus complets, donnés par les professeurs les plus compétents de l'Empire Britannique du XVIIe siècle. Il était notamment attentif aux cours prenant appui sur le Quadrivium : arithmétique, géométrie, musique, astronomie. Ajoutons à ça la théologie et l'histoire, et vous connaîtrez tout de son parcours "scolaire". Il savait des choses, bien évidemment, comme tout le monde. Mais, contrairement à beaucoup de gens, il n'appréciait pas étaler son savoir devant tout le monde, pour se faire mousser. Après tout, l'Anglais était quelqu'un d'assez réservé et était très peu loquace... Donc pour ramener sa science, sans parler, c'était compliqué.


L'armure du Calice ? Il ne la connaissait pas. Était-ce une armure unique, créée par Athéna, dans le seul but d'accomplir une seule et singulière tâche ? De par ses discussions avec Scareface du Cancer, il apprit le nom, la forme, et tout ce qu'il y avait à savoir sur les 88 armures des Saints d'Athéna. Et, même si ses souvenirs s'en trouvaient entachés, l'armure d'argent du Calice ne faisait absolument pas partie du bestiaire sacré. Peut-être s'agissait-il, tout simplement, de l'armure de la Coupe ? Après tout, Coupe, Calice, osti de marde, c'était la même chose. D'ailleurs, quand Oro Uinku annonça qu'il fut le chevalier d'argent du Calice, Hevruka eut un léger rictus de l’œil droit, laissant supposer un "Heiiiinnnn ?" qui n'avait qu'une envie : sortir de son crâne.


Il était présent lors de la Guerre Sainte opposant le Sanctuaire aux forces d'Hadès... Sa signature cosmique ne lui disait rien. Hevruka était en Enfer, aussi, à ce moment-ci de l'histoire. Il n'a pas du faire attention aux autres personnages, n'ayant d'yeux que pour Athéna. Il n'avait fait qu'aider les survivants à quitter l'Enfer. Hevruka devait-il le considérer comme un lâche, n'ayant pas pris la peine de se battre ? Un peu comme le chevalier de la Vierge, qui n'a été capable d'aucun combat, se vantant d'avoir ramené la dépouille d'Ahina au Sanctuaire. Malgré ce qu'on pouvait penser sur lui, Hevruka, lui, au moins, s'était battu contre la Reine des Enfers, épouse d'Hadès, Perséphone, et eut l'honneur de gagner son duel contre cette divinité. Un duel qui n'était pas allé au fond du fun, mais que voulez-vous ? Une victoire, aussi minime soit-elle, est toujours bonne à prendre.


"Malgré ce que vous semblez lui reprocher, le Seigneur Endymion est un puissant guerrier, redoutable, capable de nous détruire, l'un comme l'autre. Au lieu de laver l'honneur de l'armure du Verseau, tâchez de devenir aussi puissant que le Seigneur Endymion ne l'a été. Croyez-moi, vous en sortirez davantage victorieux : l'honneur, la force, la renommé, le respect."


Oui, il l'appelait toujours "Seigneur", bien qu'il n'a jamais appelé Poséidon autrement que par son véritable nom. Comme il n'avait jamais appelé Ahina autrement que par le nom de la divinité, Athéna. Même s'il était un chevalier au service d'Athéna, il a été l'Ombre du Seigneur Poséidon, son plus proche guerrier, son garde du corps et celui qui effectuait toutes les basses besognes. Malgré tout, il le respectait encore et vouait encore une profonde admiration pour lui. Car sans lui... Il serait toujours prisonnier des Enfers, sanction donnée par le Juge du Griffon, l'Oiseau de Malheur, le Puissant Alessio.


"Pour vous répondre, Verseau, Athéna se porte bien. Bien qu'elle fut particulièrement fatiguée de sa sanction au Tartare, elle en est revenue encore plus forte. Ne vous en faites pas pour elle. Par ailleurs, le Seigneur Arès est en sa compagnie, comme vous devez le savoir. Nous pensons à tort que le Maître de la Guerre et de la Violence n'est qu'un ennemi, sachez qu'à ses yeux, rien n'est plus important que la famille. Il saura en prendre soin."


Il voulut reprendre un point qui l'avait titillé. Il avait parlé d'une certaine Stella, ancienne Gold des Poissons. Donc Chico n'était plus le défenseur de la dernière demeure du Sanctuaire ? Il se passait énormément de choses en seulement deux ans... Alistair disparaît, Altia est Grand Pope, Orion ne l'est plus et est redevenu chevalier d'or du Bélier, Milan Sethni n'est plus présent au Sanctuaire, Irène n'était plus Lion et maintenant c'était un certain Dio Lysander... Ca se barrait clairement en couille. Et forcément, les deux tarés, Angèle et Scareface étaient toujours là. Le turn-over était bien trop important dans ce Sanctuaire. Il n'était pas du devoir du chevalier d'or des Gémeaux d'atténuer cette mouvance, mais il fallait qu'il chasse, qu'il traque ceux qui ont osé fuir le Sanctuaire. Qu'on soit obligé de le faire, contre son gré, ça il pouvait le comprendre, l'ayant vécu également. Mais partir par soi-même... C'était passible de la peine de mort. Hevruka était assez vieux jeu, sur les bords.


"Ancien chevalier d'or des Poissons ? Avez-vous eu la curiosité de savoir pourquoi elle ne l'était plus ? Pas assez puissante ? Trahison ?"


L'interrogatoire continuait. Mais concrètement, le descendant d'Atlas n'en avait absolument rien à faire de Stella, comme des autres. Comme dit plus haut : son seul objectif était Athéna. Qu'elle aille bien, la protéger, la chérir, lui apporter de quoi grailler, lui grailler quelque chose si elle le voulait. Bref, il n'avait qu'elle en tête.


"Peu importe... Comme vous êtes un nouvel arrivant au sein des chevaliers d'or, permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue parmi nous. Nous sommes à présent, comme des frères. Si je puis faire quoi que ce soit, faites-moi signe."


Il était rare de voir Hevruka aussi gentil et avenant. Qu'on se rassure : ce ne sera que de courte durée.

Il est vrai que l'inconvénient des "jeunes" chevaliers était leur inexpérience, leur méconnaissance de l'armée d'Athéna et de la réalité du terrain. Mais ce problème est bien souvent réglé par cet avantage qu'ils ont à être plus enclins à vouloir apprendre, agir, et ainsi tout transmettre aux générations futures. Après tout, à l'époque d'Hevruka, la génération "future" n'était-elle pas celle d'Oro ? Et de cette génération, les nouveaux chevaliers du Cygne et de Pégase... en faisaient-ils partie ? Bon, m'est avis qu'Helmwig n'était pas trop de ceux de la "nouvelle" génération, étant plus proche de la fin que du début, mais soit. Il fallait en prendre soin du vieux... Et puis, entre vieux, Hevruka et Helmwig pouvaient bien s'entendre et se comprendre ? Il était monté dans son estime pendant ses tirades destinées aux deux dirigeants du Sanctuaire sacré. Hevruka sourit quand Oro se rétracta, désirant que les Gémeaux apprennent des choses de Stella par lui-même. De par ce petit commentaire, les Gémeaux put en apprendre davantage sur le Verseau : il était bienveillant et peut-être légèrement gaffeur. C'était bien. Ca traduisait une honnêteté, chose fort appréciable aux yeux de l'Anglais.


L'appeler "grand frère" ? Oula... Peut-être pas. L'appeler par son nom, c'était bien suffisant. De par son passé assez troublé, le chevalier d'or des Gémeaux ne souhaitait pas se rapprocher trop dangereusement des gens, peu importe leur sexe, peu importe leur genre, peu importe leur nom, peu importe tout. Il était condamné à souffrir et à faire souffrir autrui. Donc il devait rester seul, seul jusqu'à la fin. Parce que c'est tout ce qu'il méritait, il le savait. Il est difficile d'échapper à son destin. Dans son cas, il a décidé de son destin... et quel destin. Celui de finir seul et, malgré tout, de continuer à faire du mal aux autres. Donc, valait mieux éviter de trop s'approcher de lui. Beaucoup en sont morts. Soit de sa main, soit de celle de la Mort elle-même. N'était-ce pas une répétition ? Lorsqu'il agissait pour Poséidon, il était la carte XIII, le Sans-Nom, le Sans-Visage... En d'autres termes : la Mort. Donc, quoi qu'il fasse, il était celui qui devait amener à la mort.


Lorsque Oro Uinku lui proposa de s'asseoir afin qu'Hevruka lui raconte son histoire, Hevruka acquiesça d'un lent mouvement de la tête. Il suivit Oro jusqu'à ce mobilier de glace qu'il venait juste de matérialiser. Le télé-achat n'existait pas encore mais Hevruka eut la subite envie de sortir sa carte bleue et de s'acheter la même chose. Ils étaient en plein été et pourtant, le mobilier ne fondait pas. C'était quand même pratique de savoir manier la glace. Concrètement, tous les chevaliers peuvent manier tous les éléments, parce qu'il ne s'agissait ni plus ni moins qu'une manifestation du cosmos. Mais entre manier un élément et le maîtriser, en faire absolument ce qu'on en voulait, il y avait une très large différence. Rien ne vaut l'exemple de celui qui maîtrise pour le maîtriser à son tour. La transmission de connaissance, y'a que ça de vrai. Il s'assit en face d'Oro, qui s'excusa de ne pas pouvoir lui offrir de quoi se sustenter. Mais c'était mal connaître Hevruka que de croire qu'il n'avait rien sur lui. Il sortit de l'intérieur de son armure une flasque noire d'un côté, blanche de l'autre.


"Du Gin."


Et oui, n'oublions pas qu'il était Anglais. Il allait enfin commencer son récit.


"Sans entrer dans les détails... Je suis né en 1660 en Angleterre. Après avoir erré presque cent ans dans une dimension sombre et silencieuse et en être sorti je ne sais comment, je suis devenu chevalier d'argent de l'Autel... il y a 4 ans. Peu de temps après, je suis devenu chevalier d'or des Gémeaux, ayant été entraîné par Altia Verana de la Balance, devenu Grand Pope aujourd'hui. Mon autre maître a été Milan Sethni du Capricorne, ce qui fait de nous, Altia et moi, les successeurs d'Orion du Bélier et Biscione du Scorpion. Passons... Il y a deux ans, je suis mort. J'ai été tué par un Spectre, le Juge du Griffon. Je ne suis sorti des Enfers qu'il y a quelques mois, sous la protection du Seigneur Poséidon et suis devenu le plus proche de ses guerriers, le Sans-Visage... L'équivalent des Gémeaux. Mais pendant la Guerre Sainte, durant laquelle j'ai vaincu Perséphone, j'ai décidé de rentrer au Sanctuaire et de reprendre ma place de chevalier d'or des Gémeaux. Et me voici face à vous."


Il n'était pas entré dans les détails. Mais il fallait avouer qu'Hevruka devenait de plus en plus bavard. Passer presque cent ans sans parler, ça aide à devenir loquace.

Alors qu'il écoutait le discours d'Oro Uinku du Verseau, Hevruka versa une partie du contenu de sa flasque dans le verre qu'il tendait. Il est vrai que l'histoire de l'Anglais n'était pas dans tous les livres d'Histoire, même ceux en possession des savants de Blue Graad. Il n'était pas celui qui racontait ce récit, préférant rester dans son mutisme habituel. Les personnes qui connaissaient son histoire se comptaient sur les doigts d'une main. Certaines personnes l'ont vu disparaître, d'autres l'ont vu réapparaître. Certains l'ont vu mourir, d'autre l'ont vu revivre. Chacun vivait avec sa propre connaissance d'autrui, il n'était nullement indispensable que tout soit inscrit dans les Annales d'Athéna. Toutefois, il reconnaissait que c'était assez peu banal une telle histoire. Mais dans ce sanctuaire, dans ce monde gouverné par des Dieux qui sont réels, le banalité n'existe pas.


Alors comme ça, il était l'élève, en quelque sorte, de la déesse Niké. Quel honneur. Avoir été choisi par le bras droit d'Athéna était une chose totalement impossible pour celui qui ne le méritait pas. A part avoir vu Niké se faire insulter et tutti quanti par les dieux nordiques, il ne la connaissait pas plus que ça et ne se sentait pas si proche d'elle. Lui, se battait pour Athéna et uniquement elle, donc tous ceux qui se trouvaient autour d'elle n'était que des figurants à ses yeux. Bien qu'il n'était pas nécessairement le plus agréable de tous ses chevaliers, il avait au moins le mérite de respecter les personnages que la Protectrice de l'Humanité avait élevés à un rang supérieur. Parce qu'il respectait ses décisions, sans pour autant être toujours d'accord avec.


"Il s'en est pris à Odin, effectivement. Mais il l'avait prévenu. Il y a quelques semaines, nous sommes allés, le Seigneur Poséidon et moi-même, en Asgard et avons obtenu une audience auprès d'Odin. Les échanges furent houleux, et le Seigneur Poséidon lui a précisé qu'il ne fallait absolument pas qu'il se mette en travers de son chemin... Preuve qu'il est un homme de parole."


Il avait posé la question, Hevruka lui répondit. Même s'il avait tendance à attendre la fin d'un discours pour parler, il ne put s'empêcher d'attendre un léger silence pour lui répondre. Un chevalier de son rang devait connaître la vérité à propos de ce qu'il avait vu. C'était normal. Il était évident qu'Oro Uinku se posait des questions sur sa propre identité, sur les raisons de sa présence ici, sur son nouveau rang de chevalier d'or. Il était devenu le Verseau depuis quelques heures, il était tout à fait normal de douter de sa propre condition. Oro continuait de parler, et pendant qu'il parlait, Hevruka fronça les sourcils.


Il ne maîtrisait pas l'élément de la vie ? Après tout, sa récente promotion avait limité son apprentissage, et c'était tout à fait normal. Un peu comme les Gémeaux, il ne put maîtriser un autre élément que bien longtemps après son passage en chevalier d'or. Le hasard faisait bien les choses, si on regardait bien. Il voulait apprendre cet élément si complexe et pourtant capable de tant de choses, et Hevruka, lui, le maîtrisait depuis des années, grâce à l'enseignement de Milan Sethni du Capricorne. Un enseignement qu'il tenait d'Orion du Bélier. Tous ces enseignements qui le reliaient à Athéna elle-même.


Et bien, voilà ce qu'il pouvait faire pour son nouveau frère d'arme. Le lui enseigner. Après Kalen du Cerbère, voilà son nouvel élève. Il n'aurait pas imaginé une seule seconde qu'il allait enseigner quoi que ce soit à un chevalier de son rang. C'était particulier, avouons-le. Même si Hevruka n'était pas le meilleur des maîtres, du fait de son caractère très changeant et sa propension à vouloir abattre la moindre personne qui respire, il tâchait d'enseigner correctement.


"Vous êtes porteur de l'armure du Verseau parce qu'elle vous a choisi. Nous ne choisissons pas notre constellation protectrice, elle s'impose à nous. Si vous portez cette armure, c'est qu'elle vous en estime digne. L'important, aujourd'hui, est de montrer que vous ne faites plus qu'un avec elle. Même si vous n'êtes Verseau que depuis cinq minutes. La constellation vous a choisi depuis des millénaires."


Il était difficile pour Hevruka de bien choisir ses mots et de correctement "consoler" ses congénères. Il n'était pas très bon pour ça. Il était du genre réservé, alors devoir mettre sa "solitude" de côté pour se montrer un minimum civilisé, c'était un immense effort à faire.


"Je sais quoi faire pour que vous puissiez exprimer votre ressenti convenablement."


Le Prince d'Atlantide se leva de son siège et s'éloigna de la table, précédemment matérialisée par Oro Uinku. Alors qu'il marchait d'un pas assez soutenu, sans pour autant ressembler à de la marche rapide. Chaque pas qu'il faisait augmentait la grandeur de son cosmos. Il fit apparaître l'heaume dans sa main et le posa sur sa tête, afin de ne plus être Hevruka des Gémeaux, mais tout simplement les Gémeaux. Son identité n'avait plus aucune importance. Il se retourna pour ne plus être dos à Oro Uinku. A l'inverse de l'énergie sombre qui virevoltait continuellement autour de lui, même lorsqu'il était "au repos", son cosmos était bien plus doux et arborait une couleur dorée. Malgré tout, son pouvoir était un poil trop expressif, prenant presque l'entièreté du temple du Verseau.

Alors que son énergie augmentait à chaque seconde, le sol du temple se mit à trembler. Il ne s'agissait pas du tout d'un tremblement de terre à proprement parler, mais de quelque chose de plus étonnant... Des secousses qui traduisaient la présence de quelque chose qui cherchait à sortir des fondations de la maison. Et c'est ce qui arriva. De longues racines arborant des fleurs blanches extrêmement lumineuses sortirent des interstices entre chaque micro-fissure du sol. Le visage d'Hevruka semblait rajeunir, effaçant les quelques rides qui s'étaient installé çà et là, supprimant les quelques cheveux blancs de sa chevelure noir de jais.


"Commençons par nous tutoyer... Acceptes-tu de suivre mon enseignement et de maîtriser l'élément de la Vie ?"

Chacun avait sa propre définition de cet aspect bien particulier de l'énergie cosmique. La Vie : tantôt bonne et rayonnante, tantôt désastreuse et maléfique. A l'instar de la Mort, l'Ombre et la Lumière, la Vie était quelque chose de difficile à appréhender, différant totalement de ce que pouvait être le Feu ou la Glace. Comment expliquer à quelqu'un comment ressentir cette force-là ? Pour Hevruka, c'était devenu naturel. Au bout d'un moment, tout finissait par devenir un automatisme, quelque chose d'habituel, au point où on oublie la première fois qu'on s'en est servi. Le principe se répétait à tous les âges de la vie. Marcher, par exemple. Il nous faut un certain temps, à nous, êtres humains, pour comprendre comment nous mettre debout, trouver un équilibre afin de ne pas tomber et mettre un pied devant l'autre. A peu près une dizaine de mois, un an tout au plus. Et aujourd'hui, vous qui avez vingt ans, vous souvenez-vous de ces premiers pas ? Non. Vous avez même l'impression que ce don est inné et non pas acquis. Il en était de même pour l'appréciation élémentaire du cosmos.


Certains, qui naissaient en étant plutôt proches du concept de cosmos, avaient en eux, dès leur naissance, le pouvoir d'invoquer un élément bien particulier. La plupart du temps, ce pouvoir se déclenchait avec le temps, vers l'adolescence, ou à la fin de l'enfance. Pour d'autres, il restait enfoui au plus profond de l'âme, n'attendant qu'un événement bien spécifique pour exploser. C'était le cas pour Hevruka, en ce qui concernait l'Ombre. Il avait toujours eu ça en lui. Si une personne était éveillée au cosmos avant lui, pouvait le sentir, tandis que lui, non. Son pouvoir s'était déclenché à partir d'un choc, celui de la mort brutale d'un être cher. De cette mort naissaient les ténèbres dans le cœur d'Hevruka. Qu'en était-il pour Oro Uinku ? Ce qu'il maîtrisait déjà venait d'un entraînement particulier ou était-ce de "naissance" ?


Quelque chose turlupinait le chevalier des Gémeaux. Pourquoi avoir choisir cet élément en particulier ? Parce qu'une déesse s'en était servi et qu'il a été ébloui par ce pouvoir assez peu commun ? Il est vrai qu'il était possible de manipuler la métamorphose. Encore faut-il en faire sa spécialité. Hevruka pouvait, dans une mesure très limitée, parcourir les possibilités du changement de forme factuel, étant davantage habitué à manipuler les illusions, les dimensions et la destruction mentale. A la différence de Niké qui transformait les gens en ce qu'elle voulait, Hevruka lui faisait croire dur comme fer à son interlocuteur qu'il était réellement l'animal choisi et qu'il en devenait fou, au point de vouloir se donner la mort. Une légère différence, plus amusante, convenons-en. Bref. Pourquoi ? En tant que chevalier d'or du Verseau, il était normal, peut-être même "obligatoire" de maîtriser le froid, mais la Vie... Oro en manquait ? Cherchait-il à combler un vide dans sa propre existence ? Créer la vie ? Ces questions allaient rester sans réponse pendant un petit temps, il le craignait.


"Soit. Chaque chose en son temps. Ressens cette énergie qui t'appelle. Cette vie qui se trouve en toi. La vie est partout présente en chaque être vivant mais parfois elle se manifeste dans l'énergie même de certains humains, certaines créatures. Pour le profane, cela ne fait pas grande différence mais pour l'initié, cela constitue une grande avancée car celui qui ressent la vie en lui et dans ce qui l'entoure est capable de voir ce lien qui relie chaque chose vivante en ce monde. En voyant ces liens, il te sera possible si tu en acquières la maîtrise d'influer sur ces liens ! Il faut percevoir la vie qui émane des autres êtres vivants, de sa propre personne comme une sorte de source d'énergie inépuisable. Chaque être est parcouru par la Vie mais chacun à sa façon. L'humain est complexe sur le plan psychologique, physique et cosmique. Quelques pistes pour y arriver peut-être plus facilement... Isole tout ce que tu maîtrises déjà : ton froid, ton vent. Simplement pour apprivoiser ce que la Vie est réellement. A l'instar de l'Ombre qui est mon essence, ce que tu ressens de si oppressant, la Vie est également ambivalente. Elle est à la fois belle et laide."


Jamais Hevruka n'a été aussi philosophe. A vrai dire, il s'agissait de la première fois qu'il enseignait cet élément. Celui de l'ombre était bien plus aisé à comprendre, par contre bien plus compliqué à manipuler. Pour ce qui était de la vie, c'était mille fois plus complexe, parce que la Vie paraissait toujours, en tous points, belle et bénéfique.


"Je te préviens dès maintenant... Maîtriser cet élément n'est pas sans conséquence. Tu ressentiras tant de choses... Essaie."


Hevruka se souvenait avec exactitude son entraînement avec Milan Sethni du Capricorne. Ça avait été extrêmement dur, extrêmement éprouvant pour lui de contrôler cet élément. Un supplice. L'Anglais, habité depuis toujours par quelque chose de maléfique, lui-même, avait dû se séparer de son ombre. Il en avait souffert, énormément. Il en avait fait trembler le Sanctuaire, surtout qu'une Guerre Sainte était sur le point de commencer. Ce n'était pas le moment approprié dirons-nous. Il aurait pu tout faire exploser, car il se séparait de ce qu'il était réellement. Un peu comme si on vidait toutes les molécules d'un contenant. Que lui arrive-t-il, inéluctablement ? Il implose. La nature n'apprécie pas le vide. Dès qu'il avait ressenti les quelques doses de Vie, il en avait pleuré. Parce qu'il avait ressenti que ce qui était mauvais dans l'humanité, que ce qui était mauvais dans le principe-même de la Vie. Il se souvenait avec exactitude de ses phrases... "C'est ça la vie ?! Souffrances, tortures, tristesse, promesses non tenues ? Et pire que tout... L'humanité entière se bat pour ça ?!"


Espérons que Oro Uinku sera moins torturé qu'Hevruka. Il avait l'air plus stable psychologiquement, déjà. Un bon point pour le Verseau. Dès qu'il finit ses "explications" et ses indications, Hevruka coupa subitement son cosmos, ne laissant rien émaner de lui. Absolument rien. Quelle grossière erreur. Rappelons que c'était grâce à l'élément de la Vie qu'il restait... en vie, justement. Sa respiration se fit plus difficile, son teint devenait blême. Il fallait bien ça pour qu'un frère devienne plus fort. Le sacrifice.

Il avait en lui une qualité très appréciable. Il se souciait d'autrui. Pour un chevalier des glaces, c'était assez saugrenu. Ils étaient réputés pour être des loups solitaires qui se fichent pas mal du sort des autres, à part éventuellement, quelques spécimens triés sur le volet. Ils se connaissaient à peine et voilà qu'il s'inquiétait déjà pour la vie de son camarade. Fort étrange, aux yeux de l'Anglais, qui, s'il avait été à sa place, n'en aurait eu absolument rien à faire. Avoir de l'empathie pour les autres, très peu pour lui. Il avait déjà suffisamment à faire avec sa personne, il n'allait pas s'amuser à s'occuper des autres. Une sorte d'égoïsme, en somme. Ou plutôt... de l'individualisme.


Ils n'étaient pas réunis pour parler chiffon ou pour se soucier de la santé de l'autre. Qu'Hevruka meure ou non, ce n'était qu'un détail. Il était déjà mort une fois. Mourir une seconde fois ne serait qu'une formalité plus ou moins longue selon le bon vouloir de son bourreau. Mourir... Mourir une seconde fois... Ou mourir définitivement ? Il n'avait plus grand souvenir de son passage aux Enfers si ce n'est une petite conversation avec le Juge du Griffon. Le fait d'être de nouveau parmi les vivants était peut-être pire que sa punition infernale, après tout.


Malgré tout, Oro Uinku dit très clairement qu'il ne se sentait pas vraiment capable de ressentir ce que c'est que la Vie, en faisant abstraction de tout ce qui existait autour de lui. Instinctivement, le chevalier d'or du Verseau ne pouvait s'empêcher de faire varier la température, ou de ressentir l'air autour de lui. C'était un exercice extrêmement compliqué pour une personne de son niveau. Comment dit-on déjà ? "Tu dois désapprendre tout ce que tu as appris". Plus facile à dire qu'à faire, certes.


"Ne t'occupe pas de moi, Oro."


Comme l'exercice de bloquer toute émanation de cosmos venant de lui n'était pas approprié à ce chevalier, Hevruka devait réfléchir à autre chose pour capter son attention et surtout pour qu'il comprenne comment maîtriser cet élément si complexe. Complexe, certes, mais il n'était pas impossible pour un chevalier d'or de le manier à la perfection. Si un simple Silver le pouvait, pourquoi pas un Gold ? Certes, la logique ne devait pas s'arrêter à ça, mais c'était un bon début. Pour maîtriser cet élément, il fallait qu'Hevruka supervise de bout en bout l'apprentissage d'Oro Uinku. Une supervision d'événements hors de contrôle, car la vie a ça d'extraordinaire : elle est changeante, une vraie girouette. Présente partout, elle était aussi nulle part. Hevruka reprit le cours normal de sa vie, en réactivant son cosmos, notamment celui de la vie. Il avait beau être pâle de nature, il reprit un peu de couleur aux joues, signe que la circulation sanguine s'était remise à fonctionner.


"Comme tu te sens incapable de ressentir la Vie, je n'ai pas d'autre choix que de te l'insuffler."


L'énergie du chevalier des Gémeaux reprit sa jolie couleur dorée et regagna en puissance, la puissance qu'il avait juste avant. Une énergie assez agressive, assez noire, finalement, malgré la bonté qui s'en dégageait. Le fait de connaître cet élément depuis toutes ces années avait fait de lui un Juge, à l'instar de ceux des Enfers. Eux jugeaient la Mort, lui jugeait la Vie. Les Juges d'Hadès avaient la particularité, entre autres choses, de pouvoir apercevoir les effluves de la Mort venant de n'importe où sur la Terre et en-dessous. Lui, pouvait contrôler la Vie émanant de n'importe quel être vivant, qu'il soit animal ou végétal. D'un geste de la bain balayant la glace fabriquée par le Verseau, les gouttelettes réchauffées se suspendirent dans l'air autour de lui.


"Ça, c'est de la Vie."


Ces gouttes d'eau, ancienne glace éternelle créée par le Verseau, prirent des formes diverses et variées. Triangle, rectangles, chat, chien, lapin, et surtout, une copie conforme d'Oro Uinku. La particularité de manier cet élément si particulier était évidemment la métamorphose ou du moins la capacité de modifier la forme d'un être ou d'une successions de molécules. Le principe de l'utilisation du cosmos est d'être capable de ressentir tous les atomes et de les faire se briser. La Vie va bien plus loin. En effet, il ne s'agit pas seulement de l'atome mais de tout ce qui le compose, jusqu'à la particule élémentaire la plus petite possible. Chaque élément compte.


Mais il y pensait. Comme un éclair qui traversait son corps. Comment Oro Uinku a-t-il fait pour se rendre compte de l'état des Gémeaux ? Quelqu'un qui ne sait pas déceler la vie chez quelqu'un n'a aucune chance de pouvoir se rendre compte que quelqu'un ne meure. Une fois mort, la rigidité cadavérique donne un bon indice quant à la fin de vie. Mais là, elle n'était pas présente. Il était toujours en vie, il ne faisait que vieillir à vitesse grand V, à avoir le teint qui devient pâle. Avoir le teint pâlissant n'avait absolument aucun rapport avec une mort prochaine, loin de là. Il s'agissait simplement d'un symptôme, accolé à un tas d'autres. C'était complexe à expliquer, mais Oro du Verseau, sans s'en rendre compte, peut-être, venait d'apercevoir la Vie, sans l'aide d'un cosmos, étant donné qu'Hevruka l'avait totalement coupé. Il avait fait un premier pas dans l'apprentissage.



Considérée comme la plus puissante attaque d'Orion du Bélier, une des techniques les plus dangereuses de Milan Sethni du Capricorne, une arcane d'Athéna elle-même, Hevruka invoquait la base même du cosmos. Dans une sphère aux couleurs de l'arc-en-ciel, de laquelle résonnait une quantité astronomique de cosmos, tout ce qui avait un lien plus ou moins étroit avec la Vie commençait à perdre de sa superbe, à sa proximité. Comment disait Milan, déjà ? "Tout ce qui était poussière redeviendra poussière". Les fleurs et les plantes qui étaient sorties des fondations du temple du Verseau commencèrent à faner, à dépérir. A l'inverse de l'arcane des deux autres chevaliers d'or, la nature ne devenait absolument pas florissante, l'énergie restant enfermée à l'intérieur de cette sphère, extrêmement lourde, qui attirait tout ▬ ou presque tout. A l'instar d'un trou noir, les lois sur la gravitation de Newton étaient pleinement démontrées. Oro Uinku avait ressenti une infime partie de la Vie des Gémeaux, comment réagirait-il face à la totalité ? Il y avait une différence entre la ressentir et s'en protéger. Une pluie d'étoiles filantes, regorgeant de vitalité se lancèrent en direction du Verseau, qui, même à quelques mètres l'un de l'autre, pouvait voir ses cheveux commencer à griser et à tomber, un à un. Ses longs cheveux lisses prirent également une forme différente : des boucles dignes d'un bébé cadum. La Vie pouvait tout transformer, après tout.


"Hymn of Life !"