Back in black, remix.

Sujet: Back in black, remix. Ven 21 Fév 2020 - 11:57

Il n'y était pas allé de main morte, ce qui était légèrement ironique, pour un bonhomme décédé quelques siècles auparavant. Le Juge l'avait saisi par le col, et catapulté de toutes ses forces, ou pas loin. Dans la plupart des cas, ce genre de situations se réglait facilement : le subordonné volait un bon kilomètre, puis s'écrasait dans un son lourd contre de la roche. De préférence une stalagmite. Il se relevait, se replaçait si besoin les quelques membres disloqués, puis l'entrainement reprenait de plus belle.

Sauf que cette fois-ci, Alessio du Griffon avait effectué (?) une erreur. Lui même ne l'avouerait pas. Jamais. Peut-être même s'était-il convaincu du contraire, qu'il s'agissait d'un plan en vingt étapes qui allait l'approcher d'un statut quasi-divin. Mais il ne fallait pas se laisser berner par ce dernier. Jamais non plus. Il avait fait une erreur dantesque - surtout pour lui d'ailleurs. De trajectoire principalement. La courbe que le corps du Balrog avait épousé s'était déviée de celle qui était prévue et il avait fini par plonger, la tête en premier, dans un volcan en fusion.

Les pires sept ou huit secondes de sa vie. Croyez-moi sur parole.

Et voila qu'après l'avoir réduit à l'état de cadavre calciné, on le rappelait. Enfin... il s'était réveillé, comme à son habitude - peut-on vraiment parler d'habitude quand on aborde le sujet délicat de la résurrection des spectres ? - sauf que pas tout à fait. Quelque chose clochait. Il tenta de bouger ses membres, qui répondaient bien. Il ne s'agissait pas d'un problème d'ordre ... "membreux" dirons nous. Il avança sa main sur son visage et cette dernière se heurta à son masque. L'ancien Saint soupira. Il était là, lui-aussi. Il se redressa, et s'épousseta, mécaniquement. Sa robe de bure n'était plus, sans doute réduite en cendres. Tout au plus avait-il droit à un pantalon de toile - clairement de facture assez médiocre - et de pas grand chose d'autre. Avec ces conneries, il allait prendre froid. Il opta donc pour appeler son surplis.

Sauf que rien ne se passa.

"Qu'est-ce que c'est que cette merde encore ? Ce con d'Alessio va m'entendre." marmonna-t-il, alors qu'il se dirigeait, pour changer vers le palais de Machiavel. Destination : Anténora.

Sujet: Re: Back in black, remix. Mer 11 Mar 2020 - 12:46

Les Enfers étaient décidément bien calmes, ces derniers temps. Pas une âme pour éclaircir ses lanternes. Pas une vie pour souffler une lueur d'espoir dans ces abysses profonds. Personne, hormis ses confrères terrestres et célestes. Sylphe. Persédia. Aphrodite. Sans oublier le Spectre du Chat. Tant de nouveaux noms que le Sphinx n'était pourtant pas prête à oublier de sitôt...En particulier depuis qu'elle avait obtenu la garde du chien des Enfers.

Cerbère. Crocs. Notes. Hurlements. Garde.

Dans la Prison, on l'entendit. Parfois. Sa lyre égyptienne s’était imposée dans le Temple pillé des Pharaons, dont les sonorités égyptiennes et les arpèges soutenues et précipitées renvoyaient à un message évident : Nephtys était de retour. Que l’on y prête attention ou non, cela ne relevait plus que de l'ancienneté de certains Spectres désormais. Tant et si bien qu’au fond de sa Geôle, l’ennui s’imposa bien vite. Avec ces cordes suspendues au bout de ses doigts, on tue davantage le Temps qu’on ne concrétise son devoir...

Cerbère. Crocs. Notes. Hurlements. Garde.

Plusieurs heures filèrent ainsi de la même façon, répétant cette même suite de mots, cette même litanie qui ne cessait de l’irriter. Sans discontinuer, le même ordre s'imposait. La même chanson. De qui était-elle le gardien, déjà ?

Cerbère. Crocs. Notes. Hurlements. Garde.

La Belle soupira, pesta contre ce cycle sans fin. Mais où était donc Dante, qu’elle puisse le féliciter pour sa promotion ? Une vague de hurlements fit se lever la Musicienne. Cerbère n'avait pas besoin d'elle pour le moment. Ni même de sa Voix. A le voir gigoter ses trois têtes, il se débrouillait déjà comme un chef pour dévorer ces âmes sans éprouver une once de remords. Nephtys tourna alors des talons. Sans la moindre hésitation, elle quitta finalement son domaine, franchit le jardin de fleurs et traversa quelques unes des prisons du Domaine, à la recherche de ces rares étoiles terrestres ou célestes ayant le potentiel d’attiser un tant soit peu sa curiosité. Ses pas enjambèrent marche sur marche, sans précipitation. Sans gâcher cette première contemplation solitaire : l'au-delà dans ces couleurs habituels ; cette atmosphère morne et terrible... Rien ne semblait indiquer qu’aujourd’hui serait un jour différent des autres. Et pourtant. Un cosmos survint. Derechef, ses mouvements se suspendirent, sans prévenir. Un quelque chose d’anormal venait de se produire. Cet imprévu, il débarqua de nul part, sans aucune raison. En se concentrant, Nephtys décela finalement une âme à peine ressuscitée, ni réellement mort, ni réellement l’un des leurs. Ce cosmos brillait telle une petite étoile éteinte dans les ténèbres qu’on aurait tout juste saisi entre ses doigts. Mais qui aurait bien pu vouloir jouer avec un pantin pareil ? Cela ne manqua pas d’attirer toute l’attention de Nephtys qui, déjà, prit la direction la plus logique face à un tel phénomène...Ce fut donc à Anténora qu'elle croisa ce qui ressemblait à s'y méprendre à un homme masqué qui...Patientait longuement sur un rocher. Livre à la main, guère reluisant tant ses vêtements se prêtaient plus à des guenilles qu'à un réel accoutrement de bon goût...La Voix d'Héliopolis décida alors de briser le silence.

"Eh bien, qu'avons-nous donc là ?", murmura-t-elle avant d'abandonner son observation. Cet homme avait-il conscience de sa posture ? Du danger qu'il encourait à s'introduire ici, en inconnu, sans aucune protection, ni rien pour assurer son allégeance ? "Vous aventurer ici est déjà très risqué, en particulier près du Palais d'Hadès. En plus d'avoir un timing affreux, vous vous prendriez les foudres de n'importe qui, ici-bas..."

Ses pensées se tournèrent aussitôt vers Hadès, qu’elle avait croisé quelques heures plus tôt. Nul doute qu’il valait mieux tomber sur une prêtresse zombie que sur l’une des divinités chthoniennes : être la cible d’un quiproquo absurde n’était certainement pas dans les plans de cette âme égarée. Pourtant, il était de notoriété que le tragique était monnaie courante aux Enfers. Alors, quelle tragédie l’attendait au tournant ? Pas elle. La présence du Sphinx n’avait rien de menaçant. Autour d’elle, planait davantage un soupçon de curiosité, de ces hommes qui aimaient élucider certains mystères. Mise à part ce torse nu, cet air débonnaire et ce langage de lavandière, ce Philistin avait certainement plus à lui offrir. Le regard de la jeune femme l’évalua ainsi avec détachement et lassitude, cette dernière ne voilant pourtant pas ce fin sourire amusé qui s’emparait désormais de ses lèvres…

"Un cosmos particulièrement houleux...Pas de chemise. Pas d'étoile céleste ni terrestre au fond de vos yeux. Et pas de Surplis apparemment. Si on m'avait dit qu'on m'offrirait ce genre de vue en guise de bienvenue..."

Ses yeux s’attardèrent rapidement sur le livre qu’il tenait dans ses mains, dont elle ne percevait pourtant pas le titre. Bien qu’il lui fût familier, Nephtys ne prit pas le soin de le vérifier davantage. Et, comme à son habitude, sa langue se délia et fit preuve d’un certain débit. De quoi informer cette brebis égarée qui lui faisait face que tous n’était pas aussi patiente qu’elle pouvait l’être…

"N’importe quel autre spectre aurait pu vous renvoyer directement dans l’une de nos prisons..."

Oh, elle aussi. En temps ordinaire. Néanmoins, pour ce petit écart, Nephtys préféra fermer les yeux, et comprendre ce qui pouvait bien aider cet intrus à garder ce sang froid …

"Mais bon. J'ai du temps à perdre, alors commençons sur de bonnes bases avant de juger quoique ce soit...Qui êtes-vous ?", fit-elle, lassée. Teintée d'une sévérité toute particulière, une certaine méfiance luisait dans les prunelles azurées du Sphinx. Un scepticisme que traduisit parfaitement son emprise sur sa lyre égyptienne, dont les cordes antiques et bien tendues menaçaient tout de même cette âme égarée, tout juste sortie de nul part... "Mais surtout, pourquoi vous n'avez pas fait demi-tour ? Vous attendez...Quelqu'un en particulier, peut-être ?"

C'était cela, ou alors cet homme était aveugle. Ne voyait-il pas qu'il était libre ? Qu'il gâchait une opportunité en or ? Qu'il allait de nouveau probablement être tenu en laisse par le Seigneur Hadès, par les autres Juges voire même tous les autres Spectres, d'ici peu de temps ?

Spoiler:

Sujet: Re: Back in black, remix. Jeu 12 Mar 2020 - 15:05

Aratos avait longtemps lu, peut-être quelques heures. A vrai dire, il avait perdu la notion, du temps. Ou peut-être que le temps passait différemment en enfer, il n’en était pas vraiment sur. Le livre qu’il avait fait apparaitre entre ses mains était un traité sur la dichotomie de l’ancien empire byzantin et de sa séparation de Rome. Il était long, bien trop en tout cas au goût de l’Ibère. Il était, de plus, assez vague dans les dates, et cela avait tendance à agacer le jeune homme. Il fallait être précis lorsqu’on abordait certains temporalités, sinon l’histoire racontée n’avait plus de sens.

Il reposa l’ouvrage sur sa cuisse, en se demandant si l’empire violet avait un jour espéré reprendre son envol, tel un phénix, et n’eut pas vraiment de difficultés à voir le parallèle avec son propre cas. Sauf que les dirigeants de l’Empire avaient espéré éviter les pillages vénitiens et l’invasion des Ottomans de Mehmed Ier en priant leur dieu unique, alors que lui … il avait tourné toute son attention vers une autre déité, quelque peu plus vindicative.

« Hmm. J’espère quand même finir mieux que Constantin XI, ceci dit. » marmonna-t-il, même si, quelque part, il était lui aussi tombé dans l’anonymat et avait été balancé un peu à la va vite. La différence étant que sa fin avait été un peu plus pyrotechnique : un volcan était tout de même plus noble qu’une fosse commune.

Un cosmos le tira de sa rêverie. Etait-ce Alessio ? Non. Il était plus fragile, plus … musical ? Un spectre donc, qui n’était ni un Juge, et dont l’empreinte énergétique lui était inconnue… ce qui revenait à dire la plupart des étoiles maléfiques actuelles, il en allait sans dire. Il n’avait pas trop idée de combien de temps il avait été … mis de côté, dirons-nous. Mais dans tous les cas, il était probable que la plupart des effectifs du Sombre Monarque aient changé depuis sa dernière réincarnation. Et si Rune aurait pu lui fournir l’information, ce dernier semblait s’être volatilisé en même temps que le Surplis du Balrog. Sans son aura, sans son influence, il semblait étonnement plus fort, mais d’un cosmos qui, sans doute, n’avait plus grand-chose de maléfique. Ce qui avait indubitablement attiré le spectre qui l’observait, et qui ne tarda pas à se présenter à lui sous la forme d’une séduisante jeune femme.

Impassible derrière son masque, l’Ibère l’écouta ne pas se présenter. Il encorna la page à laquelle il était – mauvais habitude, certes, mais marque-pages sûr – et posa l’ouvrage sur sa cuisse. N’importe quel spectre aurait dû le renvoyer directement dans l’une de leurs prisons ? C’était à la fois très vrai, et assez peu probable. Déjà parce que, pour peu qu’il connaissait les spectres, peu posaient le pied dans le domaine du Griffon, sa réputation faisant office de garde. Mais pas seulement pour ça. Depuis son réveil, il se sentait étrangement plus éveillé, plus … sûr de lui. Son cosmos, il le sentait bien, avait évolué lors de son sommeil. La plupart des spectres qui s’en seraient pris à lui auraient sans doute subit un lourd tribut avant de le renvoyer dans une geôle…

L’ibère se racla la gorge puis répondit à la nouvelle venue. Cette dernière avait une main posée sur un instrument de musique. Une harpe peut-être ? Une arme, sans aucun doute. « Si vous m’excusez, il est plutôt impoli de ne pas se présenter en préambule d’une discussion, très chère. Mais soit. Qui suis-je ? » Répondit-il d’un air taquin. Sa voix avait des résonances métalliques à cause du masque qu’il portait. Les deux combinés devaient produire une drôle de ton.

« J’ai eu un nom par le passé. Puis j’ai arboré celui de Rune. Enfin, je n’ai plus eu de nom. Et maintenant… disons que maintenant je ne sais pas trop comment je dois me nommer. Appelez-moi comme il vous chante. » Continua-t-il, ponctuant sa dernière phrase d’un haussement d’épaules. Il réfléchit quelques secondes aux paroles avancées par l’Egyptienne. Elle avait vu juste. Et même s’il ne fallait pas être grand clerc pour se douter qu’il n’était pas là pour se tourner les pouces, Nephtys avait réussi à identifier qu’il attendait plutôt quelqu’un.

« Le Juge du Griffon. » Avoua-t-il, se rendant bien compte que l’image devait être assez cocasse. Une sorte de bon-à-rien à moitié nu, qui non seulement portait un masque, mais en plus demandait à voir le grand patron du coin. « Une seconde. » Demanda-t-il.

D’un claquement de doigts, il fit disparaître son livre de chevet. « J’ai peut-être un peu perdu la main. » Maugréa-t-il, en réitérant l’expérience. Cette fois-ci son accoutrement changea. De guenilles, il était passé à une chemise en lin basique et à un pantalon noir. Ainsi il était toujours capable de manipuler la Magie Noire telle qu’on lui avait appris ? C’était toujours ça de pris. « Excusez mon apparence, je n’ai pas encore récupéré l’intégralité de ma … dextérité ésotérique, dirons-nous. »

Il se demandait si la beauté de cette femme cachait, comme souvent chez les spectres, un esprit spectaculairement taré, ou si pour une fois, il pourrait éviter de devoir opter pour la bagarre, alors que lui ne désirait rien d'autre qu’un vulgaire thé à la menthe.

Sujet: Re: Back in black, remix. Jeu 12 Mar 2020 - 20:22

Son regard pers s'attarda un bref instant sur la couverture de l'ouvrage que cet homme détenait entre ses mains. "Dichotomie de l'ancien empire byzantin et de sa séparation de Rome". Choix curieux. Atypique également, pour un damné. Correspondait-il à son époque ? Silencieusement, Nephtys nota dans un coin de son esprit que son éventuel otage en devenir était certainement un homme de culture. Mais un homme aux allures débonnaires qui, visiblement, ne se souciait que vaguement de sa position actuelle en territoire ennemi. Il risquait tout, mais n'imaginait rien. Guère irritée par le ton de l'homme, cette absence de peur et d'inquiétude décontenancèrent néanmoins la jeune femme qui, visiblement, tentait encore de comprendre s'il avait toute sa tête...

Sans pour autant se montrer particulièrement vindicative, Nephtys s'était dit qu'il s'agissait peut-être là de son devoir. Celui de faire comprendre qu'Anténora, en dépit de ses ruines et de la poussière environnante, n'était pas un endroit où un intrus pouvait ouvertement s'amuser. Prendre le thé, lire, rire de tout et de rien. Plus que la menace, le culot de cet homme ne cessait d'étonner l'égyptienne, et la prit même de court...Venait-il de lui reprocher ses manières ?

"Je ne sais pas. Vous pensez vraiment qu'il s'agit d'une discussion comme une autre ? C'est charmant de votre part et cela me touche presque...", avoua-t-elle en réprimant un simple sourire, perdu entre amusement et inquiétude pour ce pauvre homme, avant de dévoiler le fond de sa pensée. "Mais il n'y a rien qui m'oblige à vous donner mon nom. J'ai plutôt l'impression d'avoir croisé le chemin de quelqu'un qui n'a rien à faire ici. Et, sans vouloir vous offenser...Vous n'êtes rien ici, pour le moment. Pas plus important qu'une âme emprisonnée...Pas plus différent qu'un esclave du passé. C'est de notoriété que la plus petite parcelle de liberté aux Enfers n'est destinée qu'aux Spectres. Et encore..."

Implacable, la voix de la Belle ne céda pas. A quoi bon lui donner son nom, si c'était pour le rediriger dans l'une des Prisons à peine deux minutes plus tard ? Nephtys était une âme charmante, pragmatique mais avec beaucoup de caractère. De celle qui ne se souciait pas de faire bonne figure quand la situation lui ordonnait uniquement de prendre certaines précautions. Et cet homme, en maîtrisant de telles arcanes, ne pouvait que nourrir sa méfiance et lui intimer de les prendre, ces précautions... Devait-elle le croire ? C'était impossible. Venait-il tout juste affirmer être l'un des leurs, sans pour autant pouvoir prouver son ancienne allégeance ?

Quelques secondes de silence s'imposèrent. Des secondes d'incompréhension. Son Surplis n'était plus à sa disposition désormais. Que devait-elle faire ?

"Vous voulez dire...Que vous étiez Rune par le passé, et que vous ne l'êtes plus désormais, c'est cela ?"

"Quel gâchis", ne put-elle s'empêcher de penser. Rune...Cet "hôte", s'il en était bien un....Etait-il donc voué à se disputer le devant de la scène avec Persédia ? Pareille présence ne pouvait être qu'un funeste présage. Lasse, la jeune femme prit à son tour appuis sur l'une des roches afin de faire face aux bons nombres de pensées qui venaient d'assiéger ses pensées...Le temps de recomposer son faciès au profit d'un masque d'indifférence. A la surprise, ses lèvres cédèrent finalement au poids des explications...

"Oh... Rune, alors. Peut-être bien. Ou peut-être pas... Je...Eh bien, autant être franche avec l'une de ses prétendues dernières incarnations, je crois que c'est la dernière forme d'hospitalité que je puisse vous donner vu que vous ...Ou plutôt, que "tout ça"..." Son doigt désigna machinalement le jeune homme, de la tête au pied. "...n'est plus vraiment "Rune". Vous m'en voyez désolée mais je vais faire court...Je pense que vous avez perdu votre étoile céleste. Elle ne résonne plus avec vous, ce serait donc une explication logique. Mais ce que je sais de façon certaine, en revanche, c'est qu'un autre Balrog est venu vous remplacer entre temps. Et, hélas, pour vous comme pour moi, on peut dire que vous n'avez pas eu de chance, surtout vu ce qui vous a remplacé..."

Une pointe d'amertume et de cynisme rythma volontairement son message et il était certain que cet ex-Balrog pourrait s'offusquer d'une telle absence de détour. Néanmoins, un haussement de sourcils et un léger sourire se dressèrent sur les lippes du Spectre du Sphinx, envoyant aux oubliettes la délicatesse et la gentillesse dont elle avait fait preuve quelques minutes plus tôt. Cette neutralité cachait un "quelque chose" qui ne présageait rien de bon. Était-ce en rapport avec Persédia ? Certainement. Avec ce genre de révélations, le futur promettait d'être tout sauf ennuyant. Plus encore lorsque finalement, ce "Personne" révéla les raisons de sa présence et de cette longue et éprouvante attente. Amusée, la jeune femme croisa finalement les bras, congédiant son instrument de musique. Sans se détacher de son habituelle élégance, elle posa son coude sur ses genoux et sa main, sur sa joue.

"Vous attendez donc le Juge du Griffon, hm ? Alors dîtes-moi, "Personne", vous lui voulez quoi, au Seigneur Minos ? "

Encore un peu de temps. Juste un peu. Juste une ou deux minutes de plus, avant de prendre une décision significative...

Sujet: Re: Back in black, remix. Ven 13 Mar 2020 - 13:01

Je crains que Minos n'habite plus à cette adresse.

À l'insu des deux visiteurs, la brume maussade qui flottait en permanence sur les Enfers s'était massée à proximité. Et à mesure qu'elle s'agrégeait, se concentrant sous la forme d'un nuage noir, son contours se faisait de plus en plus précis - jusqu'à prendre forme humaine.
Celle d'Alessio, en l'occurrence ; un rien moins richement vêtu que d'ordinaire, privé de veste et de cravate pour ne garder que chemise d'ivoire et pantalon d'ébène - mais toujours aussi élégant, quelle que soit l'usure qui l'accable.

Enfin, adresse... Son oeil doré erra sur le terrain vague où s'était jadis dressé un palais. Je souhaite bien du courage à qui voudra en trouver la boite aux lettres.

Ses lèvres se pincèrent, témoignant de la légère contrariété que cela éveillait chez lui. Certes, c'était peu de chose - en tout cas bien moins que ce que l'on pourrait attendre d'un homme qui vient de perdre sa demeure -, mais il ne se sentait pas l'énergie d'en faire davantage. Celle qu'il possédait encore était trop précieuse pour être gâchée en vaine effervescence, surtout au vu de ce qui l'attendait ensuite.

En revanche, il n'eut aucun mal à en trouver assez pour se glisser à la hauteur de la musicienne, quand bien même venait-elle de ranger son instrument. Et à peine s'en fut-il approché d'assez près que les doigts délicats de celles-ci s'envolèrent, échappant à sa volonté - mais n'allant pas plus loin que ses lèvres, de sorte qu'il puisse en frôler le dos de sa main.

Tendre Nephtys, c'est un plaisir de te revoir. la salua-t-il avec toute la déférence qui convient, relevant les yeux pour les planter dans les siens dès avant de se redresser - et déplorant, le temps d'une pensée fugace, qu'ils ne soient plus assortis désormais. La rançon de la gloire. Voilà bien un siècle que nous ne nous sommes croisés, j'espère que ton sommeil aura été réparateur. Ne t'en fais donc pas pour lui, il est avec moi.

La gratifiant d'un sourire tout à fait charmant, il acheva de se remettre d'aplomb - et se pencha en même temps sur le cas de son autre invité. Lequel, ne pourrait, cela va sans dire, espérer autant d'égards de sa part - ne serait-ce que parce qu'il était un habitué des lieux ; quoi qu'ils soient d'ordinaires un peu moins poussiéreux.

Et bien Aratos, tu auras pris ton temps... Encore une fois. Il va vraiment falloir que tu travailles là-dessus. Non que l'on puisse vraiment s'exercer à revenir au monde, mais il n'était pas sans savoir que son protégé serait de ceux qui prolongeraient volontiers leur repos - éternel ou pas - si on leur en laissait l'occasion. Il le détailla de la tête aux pieds, avec un rien de dépit : Et en prime, voilà que tu as réussi à perdre le Surplis que je t'avais confié. Mais bon, avec la manière dont tu le traitais... J'imagine qu'il fallait s'y attendre.

En effet, le Griffon n'était pas sans se rappeler l'état désastreux dans lequel son vis-à-vis lui avait rapporté le Surplis du Balrog la dernière fois qu'il était ressorti des limbes de l'oubli - ni le sang qu'il avait dû verser pour lui redonner un semblant d'allure. Un cadeau qui profitait désormais à quelqu'un d'autre, apparemment.

Heureusement pour toi, je suis quelqu'un de prévoyant. Pivotant quelque peu, il scruta les alentours, jusqu'à ce que son attention s'arrête sur un lopin de terre spécifique - pourtant aussi aride et stérile que tous ceux alentours - et émit un sifflement. Si rien ne se passa dans un premier temps, le sol finit par se mettre à trembler au bout d'une poignée de secondes, puis s'ouvrit - libérant le métal noir d'un Surplis.

Celui du Djinn, de toute évidence enterré là depuis un certain temps déjà, révélant par la même occasion à Nephtys qu'il n'en avait plus l'usage, s'il en était encore besoin. Si elle n'avait pas compris déjà en voyant l'or dans son regard, ou même la nonchalance avec laquelle il agissait de telle manière.
Jadis ici se dressait un palais ; son palais.
Et il se dresserait encore bien assez tôt.

Je ne vais pas te mentir, tu perds au change, reprit-il envers l'homme masqué. Mais ça vaudra toujours mieux que de te balader comme... Ça. Il eut un vague geste de la main pour sa tenue fraîchement confectionnée - certes toujours plus respectable que les loques dont il avait dû se trouver vêtu au moment de son retour, mais pas de grand chose de son point de vue. Je te laisse l'essayer pour voir s'il est à ta taille.

Le Djinn n'était hélas pas à la hauteur du Balrog, non ; mais à défaut de savoir qui s'était emparé de ce dernier, et de pouvoir - qui sait - le récupérer, c'était là le mieux qu'Alessio avait à lui offrir. Son ancienne protection, qu'il avait si longtemps porté avant que son heure vienne ; avant d'être appelé à de plus hautes fonctions.
Aratos finirait sans doute par l'apprendre, mais il ne voyait pas d'intérêt à si vite le divulguer.

Voilà, excuse-moi, fit-il en se tournant à nouveau vers la Sphinx, retrouvant avec plaisir son doux minois. Je sais, ce n'est pas très conventionnel, mais au moins est-il en règle, comme ça. J'aimerais le garder encore un peu. Un clin d'oeil suffirait, espérait-il, à gagner sa complicité. J'aurais aimé pouvoir t'offrir quelque chose à boire, mais comme tu peux le constater, mon... Nouveau chez moi est un peu en désordre. D'un geste du bras, il balaya la place où les quelques pierres éparses n'ayant pas entièrement été pulvérisées rappelaient qu'il y avait pu y avoir un quelconque édifice ici un jour. Qui plus est, je suis attendu, et... Ce n'est hélas pas un rendez-vous que je peux repousser. Sans cela, tu penses bien que j'aurais pris le temps d'apprécier ta compagnie à sa juste valeur. En attendant que nous puissions rattraper le temps perdu... Là où il l'avait désignée, la cendre s'éveilla ; s'anima pour esquisser une forme dans les airs, le premier jet d'un nouveau plan. Dans l'ombre, de petits êtres s'employaient déjà à en faire une réalité, au mieux de leurs minces capacités. Ça va prendre un moment, mais sache que tu es la bienvenue dans mon royaume de poussière.

Jadis ici se dressait un palais ; son palais.
Et ce serait bientôt le cas à nouveau.

Sujet: Re: Back in black, remix. Dim 15 Mar 2020 - 3:09

Elle semblait avoir compris, ou pas vraiment. Il n'avait jamais été Rune. Il avait tout au plus, laissé une parcelle de son esprit à l'étoile céleste du talent. Une location, rien de plus. Un colocataires plutôt envahissant qui par moments avait voulu prendre le dessus - ce qu'il n'avait, au final, jamais réussi. Il avait compris que certains spectres succombaient à leur étoile, que cette dernière réussissait à prendre le contrôle complet et sans concessions de leur hôte. Ils disparaissaient dans l'oubli, ce qui semblait être une fin plutôt désagréable. ce n'avait pas été son cas, donc, partiellement car il avait fini un vol plané dans un volcan, et que par conséquent l'étoile avait sans doute jugé propice d'abandonner son hôte.

D'un autre côté, il n'avait jamais été destiné à être un Spectre. Il avait endossé son surplis avec la même appréhension que l'armure de bronze qu'il avait connu auparavant. Il n'avait conclu aucun pacte avec Hadès, ne lui avait pas échangé son âme contre une vie éternelle, rien de tout ceci. Il était une sorte de mercenaire, selon ses propres dires. Ni tout à fait vivant, ni tout à fait mort. Plus un homme, mais pas un spectre pour autant.

Mais il n'était pas question de s'arrêter sur sa notion d'existence pour le moment. La femme face à lui semblait prête à le conduire manu militari en prison, et il n'était pas tout à fait partant. Déjà parce qu'il venait tout juste de se réveiller, et qu'il avait peu envie de retourner s'allonger. Mais surtout parce qu'il se doutait qu'on lui réservait sans doute une suite moins agréable que la stèle de granit sur laquelle il avait reposé quelques jours (ou mois, ou années), ce qui n'était déjà pas peu dire.

Il s'étira, en écoutant les paroles du Sphinx, qui confirmait ce qu'il avait cru comprendre : Rune s'était trouvé une autre enveloppe, et était sans doute en train de commencer son travail de sape pour en prendre le contrôle. Subrepticement, bien entendu. Et de plus, de ce qu'il comprenait des sibyllines paroles de l'égyptienne, c'est qu'il n'avait pas choisi l'outil le plus aiguisé de la boite. Mais ce n'était plus son problème. Son souci à lui c'était de ne pas finir enfermé avec d'autres âmes de passage.

Alors qu'il soupesait encore le pour et le contre d'un assaut préventif, le chat pointa le bout de son nez, et par ce fait, l'empêcha de passer à l'action. Alessio, comme à son habitude, était élégant. Sans doute trop pour sa fonction. Il enregistra le nom de la jeune femme dans un coin de son esprit, et haussa les épaules à la critique à peine voilée de son supérieur.

"Tu sais ce qu'on dit, il y a des génies, des escrocs. Je suis un escroc de génie." Lança-t-il taquin. Il n'était pas spécialement fier d'avoir prolongé sa sieste, mais d'un autre côté ce n'était pas de son ressort si ? Il n'avait aucun problème avec la notion de temps qui passait, d'autant plus qu'il n'était plus vraiment impacté par celui-ci. Pas de syndrome de Peter Pan pour l'Ibère. "A ma décharge, tu m'as balancé dans un volcan éveillé, le Balrog n'a pas du apprécier. Mais qu'est-ce que tu ..." s'arrêta-t-il lorsqu'Alessio se mit à siffler. Ca y est, il avait perdu la boule ? Non. La terre se mis à tourner sur elle même et un surplis noir comme la nuit s'en extirpa. "Oh." Le Djinn, esprit invisible. L'étoile de ... peu importe. Cette-fois ci, il prenait l'enveloppe sans le contenu. L'étoile pouvait bien aller se faire voir, s'il avait un service à lui rendre, c'était un service funéraire.

Il acquiesça aux paroles du Juge et claqua des doigts. Le Surplis mis quelques secondes à réagir, comprenant au bout de ce laps de temps qu'il avait face à lui son nouveau corps à protéger. Cette-fois ci cependant, l'ancien chevalier de bronze pris le temps d'envelopper son corps de son propre cosmos. Pas question pour le surplis ou pour le djinn de tenter de prendre le contrôle. Il avait donné.

"Je suppose que je vais devoir attendre avant de me servir une coupe de vin, mais ce n'est pas grave." Souffla-t-il jetant un coup d'oeil sur les fondations du palais, avant de se tourner vers Nephtys. "J'espère que si un Juge se porte garant pour moi, je n'ai pas besoin de plus en tant ... qu'accréditation ?" Il espérait vraiment qu'elle dirait oui. Il n'avait aucune envie de devoir parlementer sur sa notion de légitimité. L'ancien chevalier claqua de nouveau des doigts, et fit disparaître le Surplis dans un vortex. Il n'avait pas spécialement envie de se balader avec son lot de métal sur le dos. D'autant plus qu'effectivement, comme Alessio disait, il sentait que ce dernier était plus lourd que son ancienne protection.

Sujet: Re: Back in black, remix. Mer 18 Mar 2020 - 1:53

Une silhouette refit surface. Une silhouette du passé, ressortie grandie de ses années d'errance. Coite, Nephtys hésita. Etait-ce vraiment lui ? Avait-elle gardé un souvenir périmé du Djinn, une mémoire tombée en désuétude ? Si tel était le cas, alors les Enfers avaient bien changé.

Interpellée, son œil scruta.

Le cosmos d'Alessio se faisait tantôt familier, tantôt bien différent de l'image qu'elle gardait de lui. Quelques minutes plus tard, elle comprit. En partie. Tout comme la Noblesse n'était pas réapparue dans son champ de vision, le Rêve avait disparu. "Peut-être". Elle n'en était pas certaine. Difficile de nuancer correctement ces propos en cet instant. L'aura qui scintillait autour d'Alessio laissait à penser tout le contraire à la fois...

Soudain, sa main s'envola. Etonnament, elle rencontra des lèvres qui la saluèrent avec toute la bienséance à laquelle on pouvait attendre du Griffon. Le corps de la Belle se tendit instantanément. Surprise, le regard de Nephtys s'attarda sur le mordoré qui hantait désormais ses pupilles naguère bleutées. Un silence. Qui se cachait derrière ces prunelles couleur de blé ? Etait-ce Minos ? Elle se faisait des idées. "Patience", hurlait son instinct.

Et patience, fit-elle preuve en assistant aux petites libertés que le nouveau Juge s'étaient permis d'accomplir en sa présence. Le rôle que prendrait leur intrus - arrivé tel un cheveu sur le soupe- ne sembla pas le faire tiquer. Bien au contraire, le sifflement qui fila dans les airs transmit un enthousiasme tout particulier...Le reste défila à une vitesse alarmante.

Sifflement.
Vague échange
Et un surplis du Djinn.

De quoi sceller les présomptions qui pesaient sur la tête d'Alessio. Ce n'était plus le Spectre du Djinn. C'était un Rêve devenu Noblesse qui, d'ailleurs, venait tout juste de léguer son ancien titre. Un regard, vers l'ancien Balrog. Cet homme devait avoir une place toute particulière dans les espérances du maître des lieux pour obtenir un tel "cadeau". Silencieuse, un brin amère, être quelque peu perdue sur leur interaction ne faisait pas partie de ce que Nephtys appréciait le plus au monde. Mais, bien malgré le fait qu'Alessio venait tout juste de tordre cette triste situation selon son bon vouloir, la jeune femme défit ses mauvaises volontés et décida simplement de concéder cette petite victoire au nouveau Spectre. Leur jeu du Chat et de la Souris venait de prendre fin, qu'elle cessa d'un mouvement de main, las...

"C'est rare pour moi d'être témoin d'un sauvetage immédiat...A croire qu'une bonne étoile plane au-dessus de vous, très cher !"

En considérant, bien évidemment, que le fait d'être placé dans les petits papiers d'Alessio soit une chance en elle-même. Sa réputation l'avait toujours précédé. Il fallait être inconscient ou ignorant pour sous-estimer les idées qui pouvaient traverser cette charmante petite tête peu innocente... Une petite tête qui, d'ailleurs, gagna toute son attention.

"Quant à toi...C'est également un plaisir de te revoir, Alessio. Toujours aussi bien apprêté malgré les circonstances, à ce que je vois." Malgré la différence, le lapis lazuli de ses yeux ne cédèrent pas, témoignant son assurance et une certaine forme de respect. "Ton petit protégé a un sens particulier du contre-temps et fianlement, ça lui va bien. Mais, si je puis me permettre, je ne peux que trop te conseiller de garder à l’œil ton servant..."

Croisant les bras, son avertissement fut prononcé avec une délicatesse telle qu'il fut bien difficile de savoir si elle le prononçait pour s'assurer que la vie du nouveau Djinn ne soit pas mise en danger de sitôt, ou si ses paroles se portaient davantage au Griffon. Dans un soupir, Nephtys délaissa totalement la méfiance dont elle s'était parée depuis sa venue, au profit d'une tenue quelque peu amical et douce.

"Mais bon, un peu d'improvisation ne fait jamais de mal."

Qu'y pouvait-elle, après tout ? Le Destin avait voulu que cela se déroule ainsi. Et dans le fond, faire chanter un Juge sur une histoire de Surplis ne l'intéressait absolument pas. Se levant, elle passa brièvement un doigt devant sa bouche. Ô elle garderait le secret. Aucun intérêt à répéter cela.

"Mais de quoi parles-tu ? Je n'ai vu que le Spectre du Djinn..."

Et un immense tas de ruines. Un milliers de débris que la main du Griffon s'empressa de balayer. Evidemment, la proposition ne passe pas dans l'oreille d'une sourde. Nephtys se pencha alors quelque peu, dévoilant un charmant sourire sur son visage.

"Voyons...Même s'ils ont changé de couleur, tu sais très bien que je ne pourrais décemment pas refuser une offre pareille, en particulier face à de tels yeux..."

Sa minauderie apparente et composée ne dissimula pourtant pas qu'au-delà de ce premier ton, se manifestait une curiosité toute particulière sur le phénomène qu'avait dû traverser son vis-à-vis. De là, s'imposaient un florilège de questions dans son esprit, qu'elle ne tarda pas à étouffer en se concentrant sur ce qui importait finalement le plus. Qui es-tu ? Est-ce toujours toi ? Il n'y avait pas de tromperie sur le visage de Nephtys. Passant une main sur l'épaule du Juge, ses doigts l'effleurèrent, la caressèrent et la contournèrent sitôt qu'elle entreprit quelques pas en direction de...Comment s'était-il appelé ? Ah, oui. Cet "escroc de génie".

"Et puis qui sait ? Peut-être trouverais-je un peu d'inspiration pour célébrer ta...promotion, si j'ai bien tout suivi ?"

Tournant des talons, Nephtys poursuivit le fond de sa pensée.

"Enfin, tu peux aussi me retrouver à la Seconde Prison. A dire vrai, je m'attendais à ce que tu agisses...Différemment, maintenant que tu as remplacé Minos. Mais j'ai le plaisir de constater que tu es encore toi-même certes, "Alessio de l'étoile céleste de la Noblesse."" Simple taquinerie. Ce titre, il n'avait probablement plus à le prononcer désormais. Et pourtant. Ne pas céder sous le poids d'une âme antique...Ou plutôt, celle d'un illustre Roi...Cela relevait presque du miracle. Quoiqu'elle put songer en cet instant, Nephtys ne révéla rien. Comme on levait le glaive avant d'initier son premier combat, elle arbora ce sourire de neutralité dont elle seule avait le secret. "En attendant, tu es attendu."

Ce Palais poussiéreux avait devant lui de meilleurs jours. Et elle avait devant elle de bien meilleures promesses. A commencer par ce petit squatteur devenu Rêve. Cordiale, la jeune femme s'approcha et, amusée par le reproche du Djinn, hocha simplement de la tête quand ce dernier réprima de peu ses inquiétudes. Infondées, par ailleurs.

"Non, en effet. Il semblerait que je vous ai mal jugé et je m'en excuse. Loin de moi l'idée de maltraiter un frère d'armes... Même s'il se présente à moi aussi peu vêtu ! Enfin, vous tuez mon ennui, ce n'est déjà pas trop mal, entre nous... ", prononça-t-elle sans aucune difficulté, amusée, tendant une main plus accueillante que la vue qu'il avait eu sur sa lyre égyptienne quelques minutes auparavant. "Je m'appelle Nephtys du Sphinx, de l'étoile céleste de la Bête. Enchantée...Hm, nouveau Djinn ? Il va falloir discuter en matière de prénom. Sauf si je me trompe, je me vois mal vous traiter avec des "ça", des "vous", et "le Djinn" éternellement."

Sans nom ou Escroc ? Lui seul en avait la réponse. Mais pour l'heure, elle avait soif. Et sa soif ne serait pas étanchée de sitôt, en dépit de son étonnant débit de paroles...

"Cela dit, je vous rejoins sur un point, j'ai bien envie d'un verre de vin, maintenant..."

Tout en croisant les bras, la Sphinx fit une moue qu'elle ne dissimula pas le moins du monde. Pas faute de lui avoir fait une promesse alléchante...

Sujet: Re: Back in black, remix. Sam 28 Mar 2020 - 10:20

Malgré son récent retour, Aratos semblait plutôt bien portant. Sans doute commençait-il à prendre l'habitude : ce n'était pas sa première mort, et ce ne serait pas non plus la dernière, surtout considérant que celle-ci allait lui coûter une partie de ses pouvoirs. L'on pouvait cependant espérer que la suivante ne soit pas pour tout de suite - et, surtout, ne le place pas dans une position aussi délicate.
Que lui serait-il arrivé, s'il n'était pas intervenu ? Le Juge ne serait pas toujours là pour lui sauver la mise ; il allait devoir apprendre à voler de ses propres ailes - si compliqué que ce soit maintenant qu'il n'en possédait plus. Mais ne serait-ce pas là qu'une escroquerie de plus, au fond ?

Et c'est bien pour ça que tu es à ta place ici, lui répondit simplement son supérieur, sans se départir de son sourire.

Que ce soit aux Enfers ou à ses côtés ; c'était autant valable pour l'un que pour l'autre. Là où certains privilégiaient l'aptitude au combat dans le choix de leurs subalternes - Kazuki le premier ; encore qu'être agréable à l'oeil parût également pouvoir faire l'affaire dans son cas -, il préférait pour sa part s'entourer d'individus débrouillards. À quoi la force brute était-elle bonne, si l'on ne sait s'en servir à bon escient ?

Je compte sur toi pour faire un peu plus attention à celui-là, ajouta-t-il tandis qu'Aratos se familiarisait avec son nouvel uniforme - moins prestigieux, certes, mais il fait parfois bon de savoir garder profil bas. Cela lui avait plutôt réussi dans son cas. Ce n'est pas que je sois sentimental, mais je n'aimerais pas le voir finir à la casse.

Et s'il n'en fit pas totalement abstraction après ces quelques paroles, c'était toutefois davantage vers le Sphinx que se tournait son attention désormais. Si Aratos n'avait plus foulé la terre des morts depuis un bon moment, cela remontait à bien plus longtemps encore dans son cas ; des siècles, littéralement. Et si les Spectres vont et viennent, car ils sont ainsi faits, Nephtys était de ceux dont l'absence se ressent - du moins en ce qui le concerne. Rares étaient ceux à pouvoir s'en targuer.

Je fais ce que je peux, répondit-il alors qu'elle le félicitait pour avoir su rester présentable, écartant les bras pour mieux s'offrir à son oeil scrutateur. Étant donné les circonstances, il m'est difficile de faire mieux... Même s'il va bien falloir. Content de savoir que l'effort est apprécié, en tout cas. Tu es bien en beauté aussi, pour quelqu'un qui vient de se lever, mais je n'en attends pas moins de ta part. C'est les combats qui t'ont réveillée ?

Car chanceuse qu'elle était, elle avait manifestement manqué la Guerre Sainte - à moins que ce soit la Guerre Sainte qui l'ait manquée. Et de même pour Aratos, qui aurait eu bien du mal à arriver jusqu'ici s'il s'était retrouvé pris dans les affrontements, surtout sans protection.
Ce n'était pas tous les jours que celles-ci éclataient au sein-même des Enfers, la plupart de ceux qui seraient tentés de s'en prendre à eux ayant la présence d'esprit de se dire que leur destruction pourrait contrarier l'ordre cosmique ; une fois encore, Athéna avait prouvé que sa prétendue Sagesse tenait plus du mythe que de la réalité...

Hm ? Oh, ça ? fit-il, pointant ses yeux du doigt après que le Sphinx eut relevé leur altération. C'est juste l'une des quelques petites choses que ce cher Minos a laissé derrière lui en partant. Rien de grave, donc. Tandis qu'elle-même frôlait son épaule, il lui souleva délicatement le men/ton de la cime de ses doigts. Je n'ai pas mis longtemps à m'y faire, je gage qu'il en sera de même pour toi.

Lorsqu'elle se détourna, il ne fit rien pour l'en empêcher ; si agréable qu'il soit de la retrouver, inchangée malgré les ans écoulés - et quelle incidence auraient-ils pu avoir, alors qu'ils n'avaient été pour elle qu'un petit somme ? -, les réjouissances allaient devoir attendre. Certes, avec sa « nouvelle » place venaient certains avantages, mais hélas, elle exigeait de lui quelques sacrifices en retour - son temps, tout notamment.

Elle n'est plus toute récente désormais, sais-tu ! Même si je suppose que cela ne veut pas dire grand chose pour nous. Pour les soldats de l'armée des morts en général, mais aussi eux deux plus particulièrement. Qu'est-ce que cinq petites années, face aux siècles qu'ils avaient vu passer ? Je ne voudrais pas que tu t'y sentes contrainte, mais si l'envie y est, ma foi... Son sourire s'étendit. Comme ça, tu pourras vérifier si j'ai changé par toi-même. Mais... Oui, chaque chose en son temps.

Son regard erra brièvement du côté du palais, où ses serviteurs s'attelaient à la tâche avec ardeur. La fatigue leur étant étrangère, ils n'auraient de répit tant qu'Anténora - la nouvelle Anténora - ne se dresserait pas fièrement dans le paysage infernal. Le plus tôt serait le mieux : reconstruire le bâtiment, la devanture n'était que le début ; encore faudrait-il qu'il procède lui-même à quelques ajustements pour s'y sentir chez lui, comme avant. Qu'on ne vienne pas dire que les Saints étaient bienveillants après cela.

S'il je ne peux malheureusement pas te faire visiter tout de suite, au moins puis-je étancher ta soif. fit-il en se portant à nouveau vers Nephtys, une bouteille à la main, sans pourtant qu'il ait pris la peine de la sortir d'où que ce soit. La levant à hauteur de regard, il en lut l'étiquette dans un français parfait : Château Lafite-Rotschild. J'espère qu'il sera à ta convenance, mais je ne crois pas que mes réserves t'aient jamais déçue. La lui remettant, il avisa Aratos du coin de l'oeil avec amusement. Je te laisse voir si tu souhaites partager. Celui-là a déjà bien profité de ma cave quand il n'était pas en train de brûler. Sur ce... Adressant un clin d'oeil au Sphinx, il esquissa un pas en arrière - et se fondit dans l'obscurité. Je vous verrai plus tard.
~ Giudecca.

Sujet: Re: Back in black, remix. Sam 4 Avr 2020 - 20:07

"Aussi peu vêtu." S'étonna le jeune homme. Il promena son regard sur son pantalon noir et son haut avant de se rendre compte qu'il portait un surplis, et que par conséquent, c'était compliqué de voir à travers le métal. Puis il regarda Nephtys d'un air déçu. Elle parlait sans doute de ses anciens haillons. Effectivement, s'il devait comparer son ancienne tenue à celle d'un type de personne, c'eut été à celle d'un clochard. Encore que parfois ces derniers étaient mieux habillés. Ils avaient des hauts de forme, ou d'autres foulards un peu étranges, qui sortaient de l'ordinaire.

"Désolé, je n'ai pas pris le temps de me pomponner comme notre seigneur Juge, mais il faut avouer que son altesse a un goût sur pour l'habillage. Je ne savais cependant pas qu'on allait me juger sur mon apparence, c'est un peu insultant, mais soit !" Marmonna-t-il en réponse à cette indirecte du Sphinx. C'était vrai qu'Alessio était très souvent élégant, et ce, en toute situation. Parfois il était quelque peu déplacé de se retrouver aussi habillé alors qu'autour de lui la guerre trônait, mais il s'y était fait. Le costume du Juge était ... une deuxième peau, quelque part. Bien plus que son surplis d'ailleurs.

"Mon vrai nom est peu important, appelez-moi comme il vous sied." Répondit-il à la jeune femme lorsqu'elle lui demanda. Djinn ? Pourquoi pas. Son nouveau Surplis était un peu plus lourd que le précédent. Il claqua de nouveau des doigts, et le fit disparaître instantanément. Il serait bien plus utile dans cette dimension que porté à chaque instant. Il était de nouveau habillé simplement, n'en déplaise à l'Egyptienne. Elle devrait s'y faire, l'Espagnol était moins porté sur l'élégance.

"Seigneur, on me fait passer pour le pochtron du coin, maintenant. Ce juge est vraiment dur en affaires. Et ma réputation alors ?" Marmona-t-il alors qu'Alessio disparaissait dans le néant, sans doute à la recherche d'un nouveau complot à ourdir. C'était sa petite passion à Alessio, les complots. Il avait entendu qu'une fois il avait monté de toutes pièces un complot contre lui même pour voir s'il en était capable. Sacré Alessio.

"En plus, je suis tout à fait capable de faire apparaître une bouteille de vin moi aussi. Après, ce ne sera sans doute pas un grand crû français, mais sommes-nous obligés de toujours vivre dans cette obscène abondance ?" Se demanda-t-il avant de hausser les épaules. Oui. Ils étaient obligés. Après tout n'étaient-ils pas des Spectres ?

"Nephtys du Sphinx. Je suppose que la bête fait allusion à la nature de l'animal mythologique. J'ai rencontré un Sphinx une fois, par le passé dans le Nord. Je crois qu'il ma déchiré rapidement en lambeaux. Une très mauvaise expérience, je ne la recommande pas. " Se souvint-il. Il n'était plus sur de s'il s'agissait d'un Sphinx, ceci dit. Existaient-ils en Asgard ? Il eut comme un doute puis chassa ce malheureux souvenir de sa mémoire. Comme de nombreuses expériences qui s'étaient déroulées lors de son bref existence en tant que chevalier de bronze, cette dernière était plutôt désagréable. S'agissait-il de sa première mort ? Il n'en était plus sûr.

Sujet: Re: Back in black, remix. Sam 11 Avr 2020 - 0:54

Alessio avait raison. Les tambours de guerre se faisaient entendre à des kilomètres. Chaque écho, chaque vibration filtrée par ces étranges mais intangibles caisses de résonance ne faisaient qu'annoncer le déroulement de ces misérables querelles divines. Devant eux, se dressaient là des litiges sans issue, similaires à de biens malheureux grains de sable coulant dans un grand, très grand, trop grand sablier pour leurs frêles épaules. Après tout, "Ils n'étaient que des Humains", pour reprendre leur jargon.

Mais aussi futiles, minuscules, et friables furent-ils, ces grains de sable avaient le potentiel de tirer certains guerriers des bras de la Mort. Leurs complaintes et le carmin qui coulait à compte-goutte dans la boue étaient de ces bruits fracassants qui ne tardaient jamais à faire s'élever le khamsin dans les déserts égyptiens et ce, jusqu'aux tombeaux des grands pharaons. De grains de sable, ils en devenaient alors Tempête.

Et cette Tempête avait joué son rôle. La Providence l'avait ramené à la vie pour une bonne raison. C'était une évidence pour Nephtys. Mais pouvait-elle seulement espérer un avenir convenable ? Elle ne saurait le dire. A part Cerbère et Aphrodite, ses créations se comptaient sur les doigts d'une main. La Sphinx ne savait rien de plus et ne saurait probablement rien avant un bon moment. Et par Atoum, que cela l'ennuyait ! Par chance, les Spectres pouvaient se montrer bons hôtes de temps à autres, de quoi trouver une occupation quelconque et peut-être même commencer à faire tourner les rouages du Temps par le biais de ses propres manigances... Après tout, le Monde avait bien besoin de personnes comme Alessio, à titre d'exemple. Quel charmant homme, sous ses faux airs de gentilhomme. Ce n'était toutefois pas le petit jeu instauré entre lui et elle qui allait l'intimider de sitôt.

Aussi répondit-elle avec une franchise particulièrement détachée à son interrogation.

"Les combats m'auraient réveillé ? Je suppose, oui. Aux dernières nouvelles, ces mois ont été particulièrement agités...Pour nous comme pour les autres guerriers au service de je-ne-sais-quelle divinité de premier secours."

Qu'il soit Ase, Spectre ou Saint, il n'y avait rien d'enviable à porter le titre de chien de guerre. Rester endormie restait préférable à suer sang et eau pour être finalement répudiée derechef par le dieu en question. Songeuse, Nephtys se disait que son rôle de musicienne était une bénédiction pour rester dans les bons papiers, d'une certaine manière. La musique avait au moins le mérite d'adoucir les moeurs. Et puis, elle l'avait toujours su : son âme n'était pas faite pour s'encombrer des incertitudes de tout ce beau monde. Personne ne pourrait le lui reprocher de penser ainsi.

Et, à en juger la bouteille que lui tendait son sauveur du moment, Alessio l'avait bien compris. Il était bon de profiter des choses simples dans la Vie et cela, elle comptait bien s'y investir dès que possible. Ses doigts se posèrent un à un sur le col de la bouteille, lui accordant au passage un charmant sourire complice en guise de remerciement.

"C'est encore mieux que ce que j'espérais, de quoi largement faire la journée avec. Merci bien, et reviens nous vite."

Son œil observa la silhouette du Juge se dissiper dans les ténèbres. Un léger soupir filtra le vent. Difficile d'oublier que sous toute cette galanterie dont Alessio faisait démonstration , il y avait toujours un élément pour rappeler en partie sa véritable nature. Son attention se reporta tout naturellement sur son seul et unique collègue parmi ses décombres. A l'écouter se plaindre, Nephtys ne put retenir un léger rire cristallin. Il était vrai qu'ils n'avaient pas été très tendres avec ses choix vestimentaires, tout deux...

"Oublie donc cette histoire de haillons, de dandy, et de réputation...On en a un peu ris, mais je ne vais pas m'en plaindre, c'est même une façon plutôt agréable de rencontrer un autre Spectre. Un peu de relâchement ne fait jamais de mal. Puis, comment pourrais-je nuire à la réputation d'une personne sans nom ? "

Croisant les bras, la Spectre du Sphinx se montra un peu plus rassurante, cette fois-ci. Elle ne savait que penser réellement de son vis-à-vis, mais la Patience ne lui manquait pas. Inconnu ou non, cela importait peu. Après tout, les énigmes étaient parfaitement dans ses cordes et les résoudre ne pouvait que la rendre enthousiaste. Chacun avait son passé et visiblement, ce Djinn était un oiseau voyageur et plein de surprises...

"Donc, vous vous êtes aventuré dans le Nord avant de rejoindre les Enfers ? La première chose qui me vient à l'esprit, c'est qu'il y fait trop froid pour apprécier réellement ce genre de pays..."

Mimant un léger frisson, la jeune femme n'en demeurait pas moins de mauvaise foi. Nephtys était de ces dames aussi glaciales qu'un blizzard quand elle le désirait. Une expérience peu recommandable dont son caractère calme et posé ne laissait toutefois pas transpirer l'ombre d'une évidence.

"Enfin, votre poésie me touche. Quelle merveilleuse introduction pour associer la bête à son porteur. C'en devient presque flatteur, bien que je ne m'estime pas plus sauvage que cela, pour être très honnête...Habituellement, les Sphinx viennent plutôt des pays un peu plus..."exotiques", vous êtes sûrs que vous vous êtes vraiment faits attaquer par l'un d'entre eux ? Et puis, pourquoi vous aurait-il déchiqueté ? Vous avez mal répondu à l'une de ces énigmes ? Ou êtes-vous..."

Ses paroles se suspendirent mais ses lèvres restèrent brièvement entrouvertes. Puis, les fermant finalement, Nephtys se ravisa.

"Non, et puis oubliez. J'ai mieux en tête." Une lueur pétillante de vie illumina ses pupilles. Faisant apparaître une coupe dans sa main, la bague de ce Château Lafite-Rotschild se posa contre le rebord afin d'initier les premières consommations. Partageuse, Nephtys lui tendit la bouteille de vin à son tour. En désirait-il seulement ? "C'est toujours mieux d'accompagner ses récits autour d'un bon verre. Je n'ai rien à faire et ce serait une bonne occasion pour fêter un peu votre promotion...Et me faire pardonner, par ailleurs ! Ce serait regrettable de partir sur une si mauvaise note...Enfin, si vous avez du temps devant vous, bien sûr. Je ne vous force en rien. "

Peut-être était-ce également une occasion pour lui trouver un surnom, dans le même temps.

Spoiler:

Sujet: Re: Back in black, remix. Ven 17 Avr 2020 - 20:34

Elle n'avait pas tout à fait tort sur le relatif calme que pouvait apporter une anonymité bien méritée - ou plutôt, bien recherchée. Mais c'était oublier les dons de leurs supérieurs. Après tout, il était difficile de cacher grand chose à Hadès sur son propre territoire lorsque l'on n'était pas, au bas mot juge. Du Griffon plus précisément. Ou du moins c'était le cas lors de sa dernière réincarnation, et il n'avait pas l'impression que cela ait beaucoup changé. "Oh, ne sous-estime pas la portée des chansons. Une ballade de toi qui arriverait aux oreilles de notre Divin chef, racontant que tu m'aurais vu batifoler avec des nymphes et je finirai sans doute avec ma tête au bout d'une pique. Et ce, sans même qu'il ne s'arrête sur mon absence de nom." Lança-t-il toutefois.

L'Ibère s'étira de nouveau et posa ses mains sur ses hanches. Il essaya de se souvenir de ce voyage en Norska. Ou était-ce Asgard ? Il n'en était plus sur, parfois les rêves qu'il avait pu faire pendant son sommeil se mélangeaient à ses souvenirs. Avait-il rencontré un Sphinx égyptien ou s'agissait-il plutôt d'une espèce endémique aux contrées du Nord ? Il se souvenait ceci dit fort bien de sa nuque qui craquait dans un horrible son sec. Comme celui que faisaient des brindilles, sauf qu'il s'agissait en l'occurrence des os de son cou. Il frissonna se remémorant l'expérience.

"J'ai été dans le Nord lorsque j'étais ... Disons que lorsque je travaillais en tant que mercenaire pour une autre Divinité. Vous savez. Assez jolie. Un peu neuneu. Ses chevaliers se veulent des parangons de noblesse et s'amusent à démembrer ceux qui ne sont pas d'accord avec eux. Ils sont un peu extrêmes."

Le peu de souvenirs qu'il gardait de sa brève vie en tant que chevalier de bronze n'étaient pas particulièrement reluisants. Oh, ils n'étaient pas spécialement négatifs non plus. Il n'avait simplement jamais eu la foi. Ni en l'Humanité, ni en la déesse qui s'était proclamée leur plus grande défenseure. Le moment venu, il avait bifurqué vers une autre voie, simplement. Il essaya de se souvenir de cette fameuse mission dans le nord, et effectivement, au delà de sa propre mort, il se souvint plutôt bien du givre et de la neige.

" Clairement, ce n'est pas un endroit que je recommanderai pour des vacances au soleil. Encore moins en période d'hiver où on a droit à de la lumière deux ou trois heures par jour. Mais je suppose que la neige et les sapins peuvent avoir un certain charme." Si on était bûcheron. Clairement.

L'Espagnol allait rebondir sur la demi question de la jeune femme, mais il s'arrêta. Ou plutôt elle l'arrêta. Avec une bouteille. Et s'il y avait bien quelque chose qui pouvait arrêter le moulin à paroles que l'homme masqué pouvait devenir. Un tel vin ne pouvait être que respecté. Bien plus que son envie de parler, après tout. Il aurait tout le temps de délier la langue par la suite. "J'ai tout mon temps. Tant qu'Alessio ne vient pas demander ma présence pour me balancer dans un volcan en fusion, bien évidemment." Le jeune homme regarda à gauche et à droite, puis, en l'absence de verre pour lui, claqua des doigts. Encore de la magie noire. Il y faisait un peu trop appel depuis qu'il était revenu. "Je vous remercie. Ceci dit, je ne crois pas qu'il s'agisse d'une promotion... Plutôt d'une perte de grade temporaire. J'ai l'impression que le Surplis du Balrog ... Non laissez, je m'égare."

Alors que la jeune femme lui passait la bouteillle, il se permit une question qui le taraudait depuis qu'elle avait parlé de son surplis. "C'est donc vrai cette histoire de Sphinx et d'Enigme ? Je veux dire... C'est pas banal quand même."

Autant que deux spectres qui buvaient du vin dans un champ de ruines, je suppose.

Sujet: Re: Back in black, remix. Mer 22 Avr 2020 - 18:48

Le regard de Nephtys se perdit dans le carmin de son vin. A sa surface, elle y vit ces deux yeux bleus, plus adultes, plus mondains, mais également plus froids. Ce reflet n'était pas pour lui convenir : les Enfers avaient certainement une mauvaise influence sur son sourire et son optimisme. À cette constatation, la Spectre du Sphinx suivit du regard la main du Djinn, qui venait tout juste de saisir sa bouteille. Il était temps de reprendre les bonnes habitudes...

"Hm, tu penses ? Après tout, le coeur d'Hadès n'est pas facile à conquérir, et j'ai ma réputation également. Et puis, même avec le plus grand talent de musicienne, moins je m'attache aux affaires des divinités des Enfers, mieux je me porte."

Nephtys frissonna. Songer de nouveau à sa dernière rencontre avec le souverain des Enfers n'était pas un événement particulièrement plaisant. Elle haussa un sourcil. En parlant ainsi d'une déesse comme d'une devinette, ce dernier venait de piquer sa curiosité.

"Neuneu et jolie, accompagnée d'un troupeau de fanatiques...Laisse moi deviner. Tu veux dire Athéna, peut-être ? " Nephtys n'eut aucun mal à visualiser le charmant portrait que son vis-à-vis venait tout juste de lui décrire. Après tout, là où la bergère passait, ses petites chèvres bêlaient souvent très forts face au premier loup rencontré... Avait-elle raison ? "Je préfère aller droit au but. Moi et les divinités actuelles, tu sais..."

Son menton se posa avec paresse dans la paume de sa main. Boire du vin dans un champ de ruines avec un spectre, ce n'était pas si mal tout compte fait. Tout pour tuer cet ennui naissant maintenant qu'elle était destinée à revivre des années et des années de jugement dans les derniers vestiges égyptiens.

"Peut-être bien...On va dire que je porte davantage le sable chaud, le brouhaha et le khamsin dans mon coeur... Enfin, qui suis-je pour juger ?" Ses doigts massèrent ses tempes. L'éternité était un si lourd fardeau présentement ! "...Je suis beaucoup trop nostalgique pour mon propre bien. "

Si seulement ils savaient. Tous. Chacun d'entre eux. Chaque petite étoile terrestre, chaque petite étoile céleste, chaque juge et chaque dieu. Cette étrange sensation qui naissait sans son cœur la démangeait au plus haut point. Cet endroit était détestable mais parfois, il fallait savoir faire montre de patience et d'élégance pour obtenir ce que l'on désirait plus que tout au monde. Cela faisait presque deux millénaires que Nephtys se retenait de chanter, de clamer sa vérité. Et la vérité, c'était surtout que l'étoile de la Bête pensait bien différemment des autres Spectres. Plaçant quelques doigts sur ses lèvres, sa lassitude se calma, imperceptible, comme à son habitude. Bien qu'amicale, Nephtys n'appréciait pas toujours les manières de ses congénères. Elle n'éprouvait aucune joie à considérer l'Homme moins méritants que tous ces dieux qui jouaient avec leurs destins. Si Vengeance il devait y avoir, ce serait surtout à l'encontre de ces usurpateurs, ces faux-dieux qu'étaient Athéna, Odin, Poséidon et peut-être même Arès, à titre d'exemple. Toutefois, elle n'était pas dupe sur les intentions qui pouvaient pousser un Homme à se surpasser : à chacun sa vendetta.

"Promotion ou pas, ça n'en reste pas moins un tournant dans ta vie. Que tu revêtes le Surplis du Djinn ou du Balrog, ça ne change pas grand chose dans le fond. Et puis, quand je vois l'actuel porteur du Balrog, je serais plus encline à me rapprocher d'un Spectre qui ne traîne ni dans mes pattes, ni dans mes cordes... Surtout en présence d'une déesse."

Sa machoire s'en crispa, son silence se métamorphosant en une colère silencieuse. Quelques secondes s'écoulèrent dans ce climat orageux. Elle n'en revenait toujours pas d'avoir été ainsi coupée dans son inspiration par une divinité mineure, et déchue de surcroit. Quelle peste. Nephtys but pour oublier, pour laisser du mou sur sa rancœur. Le goût qui venait flotter sur sa langue fut tel qu'un air contenté s'empara de ses lèvres et de ses yeux clos.

"Je ne sais pas pour toi, mais ce vin me réchauffe le coeur." Nephtys était aux anges, les muscles de ses bras se relachant pour seulement saisir entre ces doigts le verre dont elle avait pris possession depuis quelques minutes. "Ce n'est pas une vie de se tuer à la tâche pour des dieux qui ne nous rendront probablement jamais nos efforts. Ca m'a toujours semblé être trop disproportionné et ce, quelque soit le guerrier en question."

Avec paresse, l'Egyptienne releva un regard vers son compagnon d'infortune, dépourvu de la moindre trace de timidité.

"Enfin, je parle, je parle mais on en oublie l'essentiel : bois je t'en prie ! Ou plutôt, buvons... A part Alessio, personne ne nous le reprochera de toute évidence."

Après tout, n'était-ce pas lui qui venait de leur fournir cette bouteille ? Ils ne faisaient que suivre les ordres de leur Juge.

"Banal, pas banal...Je n'ai pas eu l'occasion de rencontrer un Sphinx, surtout. J'étais trop jeune à l'époque, pour ne pas dire "pas encore de ce monde".", souffla-t-elle telle une confidence, d'un ton léger. "Disons plutôt que, de ce que j'en ai vu, les porteurs du Sphinx ont cette fâcheuse manie d'accorder à leurs adversaires au moins une petite chance de s'en sortir. Les Enigmes du Sphinx, c'est sûrement une métaphore pour savoir si vous savez garder votre sang froid ou non à une situation donnée, ou si vous vous montrez méritants. Et puis, comme le Sphinx de Thèbes dévorait le perdant en cas d'échec, je suppose que faire mijoter sa proie dans ses appréhensions devait la rendre plus exquise au final. Mais allez savoir si ça me réussit d'y être associée..."

Nephtys haussa des épaules avec une étonnante douceur, se gardant bien de montrer la fierté dont elle faisait preuve dans son rôle. Elle n'avait plus rien à prouver, et tant qu'on ne lui retirait pas son droit d'aller à la surface et de voir la lumière du jour, son coeur était comblée.

"Tu as déjà idée de ce que tu vas faire en tant que Djinn ? Tu ne m'as pas l'air plus attachée que cela à ces lieux, sans vouloir t'offenser. Et revêtir une nouvelle armure risque de te paraître sûrement un peu étrange, non ?"

Qu'en était-il de ses capacités ? Etait-ce inné dans son cas ? Comme pour se défaire de ces innombrables questions qui auraient très bien pu faire embouteillage dans son esprit, l'Egyptienne reprit une gorgée. S'en délecta. Puis l'avala.

Le goût ? Parfait.

Sujet: Re: Back in black, remix. Mer 29 Avr 2020 - 21:37

La belle parlait des dieux, sans pour autant cracher tout son fiel. C'était compréhensible, ils marchaient sur des œufs. On disait qu'en Enfers, le moindre mot pouvait rapidement venir aux oreilles du Divin délivreur. Et c'était clairement dangereux. L'ancien chevalier savait que, si faire partie de l'armée d'Hadès concédait quelques privilèges - notamment une certaine tolérance à la mort - il comportait aussi le risque que le Divin ne s'emporte envers ses subordonnés. Et il valait mieux ne pas être du mauvais côté de son épée.

"Les Dieux ? Je me vois plutôt comme un franc-tireur en réalité. J'obéis à Alessio, mais principalement parce que je n'ai pas grand chose d'autre à faire. Il est une sorte d'allégorie du Chaos. Je n'adhère pas forcément à son message, mais j'aime sa méthode. Et il faut avouer qu'il a un certain charisme." L'éloge était réel. Même s'il était funéraire. Il n'avait pas spécialement d'attaches. Il n'en avait jamais eu, élevé pour devenir un chevalier des sa propre genèse. Il était libre comme l'air. Enfin... Il ne portait pas de collier, en tout cas. Mais quelque chose le poussait à suivre le Juge du Griffon. Du moins l'avait poussé jusqu'à maintenant.

"Personnellement ... disons que je déteste plus la défaite que je n'aime la victoire. Non, ça ne va pas..." S'arrêta-t-il en posant son verre, et en esquissant une moue de déception "C'est trop léger. Parfait en mise en bouche mais ... Vous m'excuserez, très chère, mais j'ai souvent besoin de passer à l'étape dirons nous supérieure." L'Ibère fit disparaître le contenu de son verre, mais ce dernier ne resta pas vide bien longtemps, se tintant d'un ton vert. L'absinthe avait beau ne pas être connue du grand public, il avait eu loisir de rencontrer la famille Ordinaire, qui raconterait quelques années plus tard avoir découvert la recette. Grand bien lui fasse. "L'alcool d'absinthe. Un jour il fera tourner les têtes. Je vous sers si vous le désirez." Proposa-t-il. Peut-être accepterait-elle d'essayer de nouvelles choses ? Ou peut être Nephtys connaissait-elle l'absinthe elle même ? Après tout, certaines légendes attribuaient à l'Egypte ancienne la première utilisation de ces herbes.

"Quant à mon futur ? Je n'ai aucun plan, si ce n'était de m'enivrer en belle compagnie." Osa-t-il, mutin, avec un demi sourire. "Du moins jusqu'à ce que vous abordiez le sujet de vos terres. Ca y est, c'est peut-être vos paroles, ou encore peut-être est-ce l'alcool qui monte à ma tête, mais j'ai envie de voir le soleil. Marcher sur le sable. Quitter quelques jours l'obscurité absolue qui dirige ici. Je sais bien qu'on attend de nous un peu de retenue, mais toute de même nous ne sommes pas des chiens de garde."

L'ancien Balrog s'était levé. Il regardait vers l'Est, sachant pertinemment que la sortie des enfers était en cette direction. "Ils ont Cerbère pour ça. Enfin, je crois, je ne suis pas encore sur de son rôle." Quelque chose, cependant, l'empêchait de passer le pas. Avait-il peur de retourner à la surface ? Non. Cela devait être autre chose... Il était peut-être temps de laisser tomber le masque. L'Ibérique retira la porcelaine blanche, et la posa sur un rocher, à ses côtés. Il avait envie de ressentir la lumière du soleil sur son visage. Cela faisait clairement trop longtemps.

Sujet: Re: Back in black, remix. Ven 29 Mai 2020 - 23:30

Pauvre Alessio. L'Egyptienne imaginait sans mal le supplice auquel il devait être soumis : ses malheureuses oreilles devaient certainement siffler pour ne plus former qu'un tintamarre particulièrement grisant. Cette peine était méritée, toutefois ! Il fallait bien avouer que les adjectifs ne manquaient pas pour qualifier sa petite personne, ainsi que les délicieux et troubles objectifs du Juge des Enfers. Mais que pouvait-elle y faire, elle, la simple Spectre du Sphinx, si il était au centre de toutes les attentions ? Ô, il était fort à parier que certaines pensées lui étaient également destinées dans le Palais d'Hadès. Ainsi donc, Alessio : un homme attendu de tous. L'Egyptienne ne perdit en rien son sourire des plus équilibrés, sûrement trop pour ne pas révéler son humeur particulièrement joviale...

Cette conversation lui plaisait énormément.

"Nous sommes deux, alors. Alessio est un homme charmant, ingénieux et très cordial. Hélas, comme tu peux le voir, il est bien souvent occupé. Je crains de n'avoir pour seule option qu'à organiser mon voyage sous le plus beau des Soleils, seule..."

Quel dommage. Quel dommage oui, de ne pas pouvoir profiter de ses lumières. Le danger serait sa seule compagnie d'ici quelques jours, rien de plus, rien de moins qu'un voyage placé sous les anciens pièges des Dieux Egyptiens. Peut-être serait-il même un peu plus corsé qu'à son habitude, au vu des siècles manquées.

Ô, rien d'infaisable néanmoins !

Avec la curiosité d'un chat, son oeil bleu dériva aussitôt vers l'absinthe que le jeune homme lui avait cédé. Son petit tour de magie interpella vivement une adepte qui se cachait déjà depuis plusieurs jours. Etait-ce vraiment ce à quoi elle songeait ?

"De l'absinthe ? Je ne peux pas dire non. Après autant de temps passé loin de ce monde, c'est avec plaisir."

Voilà qui était parfait. La couleur de ce verre n'était pas pour lui arracher le moindre refus. Le vert des feuilles de papyrus, le lapis lazuli des pierres sacrées et le soleil doré de Rê étaient de ces couleurs à faire plaisir à l'ancienne prêtresse d'un Dieu tombé depuis trop longtemps.

"Eh bien, au risque d'exaucer votre vœu, il se trouve que j'ai une affaire à régler en Egypte. Un endroit bien plus ensoleillé que le vieux tas de poussières dans lequel nous siégeons. Un bien personnel m'attend dans l'ancien Sanctuaire de la Déesse Chatte et cela me peinerait de voir l'un des derniers vestiges de mon passé dans des mains...Disons peu expertes."

La relique se manifesta en image dans son esprit. L'Oeil de Bastet, dernière offrande que lui avait offerte feu la défunte déesse avant la mort tragique de sa Reine, était son bien le plus précieux. Le reste de cette Armure et de ce Sanctuaire des Enfers n'étaient qu'un prétexte de plus pour profiter des bienfaits de la Vie éternellement. Sans se faire prier, ses lèvres se portèrent à l'absinthe.

Ô, quel plaisir de retrouver le souvenir de sa médecine de sa civilisation natale, même pour un bref instant. Doux instant, qu'elle brisa derechef avec une vague provocation lancée à l'encontre de son vis-à-vis...

"Mais, c'est à vous de voir ! Après tout, vous pouvez aussi rester vous occuper de Cerbère, cela me ferait grandement plaisir ! Vous verrez, c'est une créature des plus adorables..."

Un rire cristallin résonna dans les décombres de l'ancienne demeure du Griffon. Dans un léger bâillement, la jeune femme se redressa avec élégance, dans ses mimiques habituelles et un brin précieux. Serait-il un compagnon de voyage ou un simple laquais pour le Chien des Enfers dont elle avait la garde ? Dans les deux cas, le Djinn se montrerait utile pour une juste cause.

Aratos avait les cartes en main désormais...

Sujet: Re: Back in black, remix. Lun 15 Juin 2020 - 23:08

Échanger un voyage en terre inconnue pour un repas avec un chien gigantesque à trois têtes n'avait rien de réjouissant. Il préférait de loin la compagnie féline de Nephtys que la canine tricéphale. "Que nenni ! Ce chien pourrait déjà me croquer avec une seule gueule et faire de moi un met - raffiné, certes, mais toute de même - alors imaginez avec trois. Bien trop dangereux ! "

Vraiment, finir en pâté pour chien ne l'intéressait que moyennement, étonnamment. Il se frotta les mains, les yeux pétillants. L'idée même de se soustraire à la lugubre ambiance qui résidait en Enfers l'égayait plus que de raison. D'autant plus qu'il ne venait de se réveiller que quelques heures auparavant. " Je suis donc bien entendu partant pour cette escapade. Voyez-vous, je ne connais pas l'Egypte. D'un autre côté, je ne suis pas sur de connaître grand chose en dessous de la Méditerranée."

Il posa son menton dans la paume de sa main, imaginant déjà les temples et autres pyramides qui se trouvaient de l'autre côté de la mer. D'un coup d'ailes, ils pourraient y être. Enfin. Son surplis actuel ne volait sans doute pas. Il avait vraiment perdu au change, décidément. "J'ai cru comprendre que votre patrie avait son lot de temples et de monuments, qui plus est. Faire un peu de tourisme pourrait-être déplacé, d'autant plus si nos supérieurs venaient à l'apprendre, mais je peux pas imaginer traverser l'Europe pour arriver en Egypte sans faire un minimum de ... dirons nous... d'apprentissage des lieux ?"

Il regarda son masque, posé à ses côtés, l'attrapa, et le jeta dans les décombres du temple. Il n'en avait plus besoin désormais. Tous ceux qui l'avaient connu étaient morts et enterré. Une tragédie pour certains, une chance inouïe pour tous. Cela faisait bien trop longtemps qu'il se parait de cette protection ivoire. L'Ibère leva son verre, avant de se rendre compte qu'il était vide. C'était peut-être tout aussi bien. Il le jeta dans la même direction que son visage d'ivoire, et ce fut l'absence de bruit qui lui rappela que les verres qu'il avait fait apparaître étaient temporaires. Il se leva et proposa son aide à Nephtys pour se redresser. Destination, la porte des enfers.

"Je ne sais si cela serait déplacé, mais oserais-je vous demander de me montrer quelque temple ? Pour être férocement honnête, je ne connais pas grand chose de votre culture. J'en suis un peu honteux. Après, il faut dire que le Sanctuaire n'accordait que peu d'importance à tout autre art que celui de ... dirons ... la bagarre. Oh voila la sortie."

Ils avaient marché à une vitesse folle, bien plus que n'importe quel être n'aurait pu espérer en ces terres damnées. Ils étaient, en même temps, locataires en Enfers, et peu d'âmes passantes ne pouvaient se targuer d'avoir meilleur accueil en ces abîmes de froideur. Les pierres noires avaient beau se ressembler tous, les Spectres finissaient toujours par apprendre le chemin le plus court pour en sortir.

L'appel de la chaleur, sans aucun doute ! En tout cas qu'il faisait bon de sentir la chaleur soleil sur sa peau. Il plissa les yeux quelques secondes le temps de s'habituer à la luminosité ambiante, puis se tourna vers sa belle collègue : "Maintenant je vous suis."

Sujet: Re: Back in black, remix. Dim 16 Aoû 2020 - 1:16

Aratos. Un homme apparu comme une âme égarée, bonne à jeter au feu. Heureusement, l'apparition du maître des lieux avaient finalement révélé son étrange affiliation. Cet humain était alors passé du rôle d'intrus à celui de Rénégat. Hélas, le siècle n'avait pas été clément avec sa petite personne : le volcan l'avait recraché - à raison, très certainement-, mais son ancienne armure ne lui avait pas été restituée. A ce stade, il ne fut "qu'un ancien Spectre", aussi dépendant à Alessio qu'un nourrisson aurait pu l'être avec sa mère.

En voilà un portrait peu enviable.

Mais, alors que tout les séparait, un quelque chose de plus précieux sommeillait en leur sein : le désir de surpasser la Mort. Ou plutôt, son atmosphère. Revoir la lueur du jour. Contrairement aux descriptions qu'offraient le Jugement dernier ou même le Livre des Morts, l'Au-delà n'avait rien d'un havre de paix. Alors, il fallait bien que le commun des mortels ajoute un soupçon de fantaisie au charmant portrait qui se dressait devant eux. Dans la fable, on y ajoute des chiens et des chats. Des Cait Sith, des Black Dogs, et autres charmantes créatures pour combler les envies animales. Au fond, Cerbère n'était qu'un prétexte pour cette maudite Prison. Mais n'y faisons donc pas attention...

Après tout, il y avait bien un touriste à satisfaire. Mutine, Nephtys s'avança alors et prit la parole.

"Eh bien, mon cher Aratos...laissez donc faire la locale. Par chance, je crois connaître le pays."

En un clin d'oeil entendu, l'Egyptienne laissa éclater au grand jour son euphémisme. L'Egypte antique avait fait d'elle la dernière prêtresse à Bubastis, ville phare dédiée à la fille du Soleil, Rê. Peut-être n'avait-elle pas été à la hauteur par le passé : une trop lourde couronne sur sa tête ; une Reine charmante mais caractérielle, aux désirs primaires difficilement domptables. Toutefois, son ancien Royaume n'en restait pas moins...eh bien, son ancien Royaume. Aussi, l'Histoire n'avait plus de secrets pour cette native de plus d'un millénaire, mais il était probable que l'Homme de la Renaissance ait eu une influence certaine sur la Beauté du Nil et de ses mystères. Bon nombre de fables n'avaient-elles pas prouver que la curiosité était un bien vilain défaut ? Pour preuve, le fantôme de Néféru était réapparue à la surface de la Terre. De cette renaissance, la Spectre du Sphinx gardait donc de multiples espoirs : en acceptant son sort, ses doigts effleuraient ce que son ancienne elle estimait être "un mode de vie convenable". Et ce n'était certainement pas les divinités infernales qui allaient l'en dissuader.

Pas totalement...

"Et que pourrait donc faire ces supérieurs, face à une fourmilière de petits soldats morts par le passé et ressuscités par leurs soins, afin de grossir leur rang ? Les tuer, encore une fois ? En voilà une affaire inédite...", soupira-t-elle, fort peu impressionnée. "Mon bien a plus de valeur que la colère d'Hadès et de Perséphone réunis."

L'Oeil de Bastet que lui avait confié la déesse était un artefact que Nephtys n'était pas prête de céder pour les caprices d'un dieu grec. Son sang l'exigeait. Ses pensées le convoitaient. Son sourire ne fut que plus brillant lorsque le nouveau Balrog lui céda finalement un "oui" fort bien attendu par la demoiselle qui, les mains jointes mais pas moins avares, entrepris de lancer pour de bon la marche.

"Alors, voilà qui est conclus. Allons-y."

Tournant les talons, d'ores et déjà certaine d'être en bonne compagnie, Nephtys descendit les escaliers, non loin d'un nouveau compagnon de route qu'elle avait pris pour une âme égarée, à peine quelques minutes plus tôt.

Sujet: Re: Back in black, remix.

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