Hevruka, le Sans Visage, Camp des Marinas [FIN]

Il est essentiel de faire un rappel des événements...

1660, Angleterre. Naissance d’un enfant, brun, yeux noir à la naissance, mais visiblement bleus, vu les yeux de ses parents. Il est né après de la première révolution anglaise. Cette révolution est due à la décapitation du roi d’Angleterre, Charles I, qui s’était enfui du pays, en 1649.  Naître lors d’un changement bouleversant pour sa nation est quelque chose d’unique. Le pouvoir de l’Etat est remis entre les mains d’un Conseil d’Etat. La République du Commonwealth est née. Pas pour très longtemps, mais la chose publique existait. Théoriquement, l’Etat étant propriété de la nation, le peuple avait le pouvoir de s’exprimer. Juste théoriquement. En pratique, il en était tout autre. Il a été élevé, de toute manière, dans l’idée qu’il fallait s’exprimer pour se faire comprendre, pour se faire obéir, pour  être considéré par ses pairs. Pourtant, cet enfant, devenu jeune homme, n’a jamais parlé. Il sait écrire, il sait lire, vu qu’il comprend lorsqu’il lit. Il sait interpréter les choses. Il est même doué d’une intelligence rare. Mais il n’a jamais parlé. Ses parents se sont posés la question, s’il était muet ou s’il n’avait pas eu l’intelligence d’apprendre la parole, qu’elle soit anglaise, française, espagnole, asiatique ou arabe. Cela ne servait à rien, il ne parlait pas, et pourtant, tout le monde comprenait. Les yeux souvent fermés, il savait montrer ses sentiments et ses volontés rien qu’avec sa propre chaleur. De son caractère, au final, nous ne connaissons que peu de choses. Tout ce que nous savons, c’est qu’il est plutôt froid, mais pas méchant. Il n’est pas bavard, logique, on s’en serait douté. On ne sait pas s’il est doté d’un sentiment de la justice, du pouvoir, de la méchanceté. On pouvait penser qu’il était fidèle. Le jour de ses 17 ans, il a rencontré une jeune fille. Des yeux verts, plutôt grands et assez expressifs. Dans ses yeux verts, nous pouvions y voir une histoire assez commune d’une fille d’une famille plutôt modeste, classique. Elle avait des cheveux longs, descendant jusqu’au milieu du dos. Ils n’étaient pas épais, donc plutôt fins. Elle possédait des oreilles assez petites, qu’on ne voyait pas car elle laissait ses cheveux les recouvrir. Elle avait, ce qu’on appelle à l’époque contemporaine, une barrette dans les cheveux, mais plus petite. L’ancêtre de  la barrette en fait. Son nez, par contre, n’était pas des plus fins. Elle n’avait pas non plus une patate. Mais il était plutôt long et avait une bosse au milieu. Un nez quelconque. Il ne choquait pas sur son visage, mais on le remarquait seulement lorsqu’on la voyait de profil. Elle s’habillait toujours de manière choquante pour l’époque dans laquelle nous vivons. Au XVIIe siècle. Ce 28 janvier 1677, elle était habillée de noir, alors qu’elle n’était pas en deuil. Cela était il pour que le passant moyen dans les rues de Londres la remarque et la plaigne ? Mais elle avait toujours la volonté d’être tout de même très présentable, sexy, choquante presque. A travers ses vêtements noirs, nous pouvions apercevoir la couleur de sa peau. Elle n’avait pas une couleur blanche, comme une anglaise classique. Plutôt la couleur de peau d’une jeune demoiselle du sud de la France. Elle n’était pas blanche comme un cul, mais était plutôt bronzée, malgré ses mains qui étaient assez blanches. Mais bref, pour l’instant, on s’en fiche de cette fille. D’ailleurs, elle n’avait pas de nom. Enfin, si, elle en avait un, mais autant la laisser anonyme, n’est-ce pas ? Il ne lui avait jamais parlé, mais ils entretenaient une relation très amicale, tous les deux. Aucun amour, juste de l’amitié, voire de la fraternité.


Un jour, en 1678, ils décidèrent, en amis, de partir en voyage en France. Le pays de la monarchie absolue, celle où le peuple n’a aucun droit de parole, où la lettre de cachet était monnaie courante, où l’existence d’un parlement n’était même pas envisageable. Ce pays, où les Etats généraux ne se réunissaient que très peu, voire pas du tout. Mais il fallait bien découvrir d’autres pays. Dans cette France de la fin du XVIIe siècle, les venues dans le pays étaient extrêmement rares mais extrêmement contrôlées. Mais il fallait bien tenter des choses dans la vie. Bref, ils sont arrivés au début du mois de juillet et ont visité toutes les ruelles insalubres de la capitale. Ils ont surtout vu le Collège de Sorbonne. Ils ne l’ont pas visité, bien sûr. On n’est pas des touristes, oh ! De plus, y était enseigné la théologie et sincèrement, le jeune homme n’en était pas friand. Il connaissait suffisamment les dogmes chrétiens, musulmans, juifs, et autres religions. Mais, à part son prénom, il n’avait aucun rapport avec la moindre religion. Oui, Hevruka, it was his name. Hevruka, ça fait pas penser à quelque chose. Oui, Heruka, sans (v), est le nom d’une divinité bouddhiste tibétaine. Cette divinité est une émanation du Bouddha Aksobhya. En gros, c’est une divinité protectrice. Ce dieu est souvent représenté, avec trois yeux, la bouche ouverte, avec de grandes dents, et tient une tête humaine dans sa main. Il fait partie des cinq dieux Myoo.  Un jour, au mois d’août 1678, le 15 août plus exactement, ils sont partis se promener, avec leur b*te et leurs couteaux, dans la Belgique actuelle, vers Saint Denis, pas loin de Mons. Depuis le mois de mai, l’armée française assiégeait Mons. Mais l’armée des Provinces-Unies, dirigées par Guillaume III d’Orange… Bref. Je vais faire rapide, ils se sont retrouvés au centre de la bataille et bizarrement, la gonzesse s’est faite tuée. Bon bah Hevrounet d’amour, il a fait quoi ? Il a dit « Merde » ou bien ? Non. Il a crié. Mais il a crié un mot. « NON ». Mais un long « non ». Un long « non » qui venait du fond de ses entrailles. Et il s’est passé quoi ?

Une puissante explosion. De cosmos ou d’une bombe ? Plutôt de cosmos. Mais c’est quoi le cosmos ? Il en a déjà entendu parler quelque part, il l’a déjà lu, quelque part, aussi. Mais on s’en fout c’est pas la question. Dans cette explosion, personne n’est mort, ni même les soldats ni même un animal, ni même le vent. Juste un truc s’est ouvert. Genre des grilles. Comme Excel en fait. Et tous ont disparu. Lui avec.  C’est ce qu’on appelle une autre dimension ? Bref. Pendant 72 ans il resta dans cette autre dimension. Dans cette dimension, il était seul. Il a pu s’entrainer. Pas forcément au combat, mais à la maîtrise de sa puissance qui visiblement était cachée. La méditation, y’a que ça de vrai. Tu sais, quand tu fermes les yeux et que tu ne penses à rien ou en tout cas, tu penses à un truc bien précis mais que tu ne le lâche pas pendant plusieurs décennies. D’ailleurs, pendant ces 70 années, y’avait un truc bien pratique. Il n’a pas vieillit. Juste son âme avait vieilli. Mais, c’est comme si les couloirs du temps étaient tous fermés et que le cours du temps du jeune vieil homme s’était arrêté. Mais un jour. 1750. Bermudes. (Ouais, les dimensions parallèles te baladent quand même pas mal).


Lorsqu’il a débarqué sur ces îles paradisiaques, il a tout de suite voulu retourner dans la dimension dans laquelle il s’était enfermé. Cette dimension n’avait rien de bien particulier. Elle était immense. Elle était comme l’univers, infini. Mais les étoiles y étaient moins nombreuses. En réalité, elles étaient inexistantes. Tout ce qu’il voyait, c’était le noir. Il ne s’agissait pas, en réalité d’une autre dimension, mais du néant. Aurait-il la capacité d’ouvrir une brèche temporelle et d’y enfermer qui que ce soit ? Arriverait-il a maîtriser l’ouverture et la fermeture du temps, l’ouverture et la fermeture des dimensions, des univers parallèles. Je vais faire une analogie. Il avait réussi à utiliser le pouvoir qui est généralement associé au chevalier d’or des Gémeaux. Pourtant, il n’était pas Gémeaux, en signe zodiacal. En réalité, on ne connait pas son signe. Lui seul le connait, mais il n’y apporte que peu d’importance. Bref, dans cette dimension, n’importe qui deviendrait aveugle ou pire, n’importe qui mourrait. Cette dimension, dans laquelle il a vécu plus de 70 ans, était au final, devenu son repère. Un endroit où il n’entendait aucun son, où il ne voyait personne. Par le biais de sa puissance anciennement cachée, il arrivait à se créer des illusions dans lesquelles il pouvait revoir la jeune demoiselle décédée précédemment. Mais, on ne sait par quel miracle, il a réussi à s’évader de cette dimension parallèle et à réintégrer le monde d’aujourd’hui. La notion du temps lui échappe car il a eu l’impression d’être resté une éternité dans cette dimension, tout en ayant la certitude d’y être resté une seconde. Pourtant, ça fait plus de 70 ans. Quelle option choisir ?


Bref, il n’a pas forcément pris du bon temps dans ces saletés d’îles. Il avait juste compris que les Bermudes étaient un lieu où les lignes du temps étaient reliées. Cette fois-ci, pendant quelques temps, il décida de s’entraîner au combat, mais seul. La seule raison pour laquelle il le décida, c'était en cas d'attaque d'animaux et pour la chasse.  Et avec des noix de coco, c’est pas l’éclate. Mais il le fit pendant trois quatre ans. Jusqu’au jour, où, en se réveillant, il décida d’aller en mer. Il alla tout en bas. Tout en bas hein. Genre dans les fonds marins. Et il vit quelque chose briller. Une grosse boite grise.

Il prit cette boite et la ramena sur la terre ferme. Il sentait des vibrations venir tout droit du cœur de la boîte. Il s’est demandé ce que c’était. Il tenta tout pour l’ouvrir. Il a essayé de la casser pour voir ce qu’il y avait à l’intérieur. Il n’a jamais réussi. Il a dû attendre des semaines entières. Jusqu’au jour où il a eu la meilleure idée du siècle. Il intensifia l’énergie qu’il avait développé pendant les quelques années. Et bizarrement, elle s’est ouverte, comme un Sésame, ouvre-toi. Elle s’est posée délicatement sur lui. Une armure. Avec une inscription en latin, on dirait. Ara.
Avec cette armure, physiquement, il n’a que peu changé. Toujours brun, toujours les yeux verts. Toujours les cheveux courts. Bon, entre sa naissance et ses 20 ans, il a, globalement, pris quelques centimètres. Il ne fait pas trois pieds non plus. Mais il est plutôt grand. Il avait aussi une allure bien plus assurée. Avec cette armure sur le dos, il pouvait sentir des vibrations qui s’en dégageaient et qui lui parlaient. Comme s’il pouvait communiquer avec les armures, ou comme s’il les comprenait. Son armure, celle de « Ara », de l’Autel donc, lui indiquait une route à suivre. Celle que plusieurs armures ont empruntée. La route du sanctuaire.

Une fois arrivé au Sanctuaire, le jeune Hevruka fit la connaissance de tout un tas de personnages aussi différents les uns que les autres. Angèle du Sagittaire, Scareface du Cancer, Milan Sethni du Capricorne, Altia Verana de la Balance, Kaour d'Heraklès, Kiko du Cygne, Krugis du Triangle, Pandore Thuban de l'Aigle,  et j'en passe et des meilleurs. Étrangement, et ce malgré son caractère assez particulier, sa froideur naturelle, il avait réussi à se faire des amis. Des amis qu'il a menacés à plusieurs reprises. Il faut se souvenir qu'une fois, lors d'un entraînement avec Altia Verana de la Balance, il avait promis qu'un jour il le tuerait. Altia, dans ses souvenirs, ne l'avait pas mal pris, au contraire. Il comprit ça, certainement comme un défi "Un jour, je serai meilleur que toi.". Ce qu'il ignorait, c'est qu'il s'agissait réellement d'un projet. Hevruka était fou. Le temps qu'il avait passé dans sa dimension silencieuse l'avait rendu extrêmement dérangé. Il avait constamment une voix qui lui disait de faire le mal, une voix qui lui interdisait d'être heureux ne serait-ce qu'un seul instant. Même face à sa bien-aimée, Aarhyel, il avait été désobligeant, manquant presque de lui administrer le châtiment final. Sa folie, lorsqu'il était Chevalier d'Argent de l'Autel, n'était qu'à peine visible. Il réussissait à la contrôler. Mais plus le temps avançait, plus il devenait sénile. Le temps le rattrapait.


Effectivement, il ne fallait guère oublier qu'il avait passé plus d'une cinquantaine d'année enfermé dans une dimension perdue. Malgré le fait, qu'en sortant, il n'avait pas pris une ride, plus le sablier s'écoulaient, moins ça semblait abstrait. Des rides apparaissaient ça et là. De plus en plus. Ses cheveux grisonnaient. Il perdait de plus en plus de ses réflexes de jeune homme. En l'espace d'à peine un mois, il avait pris 70 ans dans la gueule. Et 70 ans + 20 ans, ça faisait beaucoup. Il sentait qu'il était en fin de vie. Dans ce cas-là, pourquoi avoir été choisi par l'armure d'Argent de l'Autel ? Pourquoi être devenu, en toute logique, le bras droit du Grand Pope, qu'il ne rencontra jamais, d'ailleurs ? Il ne lui restait plus beaucoup de temps à vivre. Il se sentait faible. Trop faible. Trop impuissant. Il n'en pouvait plus. Son dos le faisait souffrir atrocement. Avoir de l’arthrose du jour au lendemain, ça tue un homme. Il perdait du poids, beaucoup de poids, comme s'il était atteint d'un cancer. En phase terminale. Ou alors comme s'il avait oublié de se nourrir. Chose qu'il ne fit pas, d'ailleurs.

Il ne se souvenait plus pourquoi, mais il demanda à Milan Sethni de lui enseigner un élément qui lui manquait cruellement : la vie. Milan eut quelques réticences d'être le maître d'un vieillard qui allait certainement bientôt calancher. D'ailleurs, il ne s'était pas caché pour lui dire. Dans ses souvenirs, Milan n'avait pas la langue dans sa poche. C'était appréciable, Hevruka ne supportait pas d'être trop choyé. Ce n'était plus un enfant, au contraire. Plutôt un Benjamin Button inversé. L'entraînement se passa bien. Quoique, Hevruka manqua de crever en plein milieu de la leçon. Insuffisance cardiaque, certainement. Mais il réussit. Il comprit ce que Milan lui expliquait. Il avait tout compris. Il arrivait, avec quelques difficultés, certes, à ressentir ce qu'était la Vie. Il comprit que grâce à cette maîtrise, il pouvait revivre, retrouver sa jeunesse. Si ce n'est physiquement, il pouvait au moins retrouver une santé.


A partir de cet instant, il utilisait sa nouvelle puissance pour voler la Vie de la nature. Il prenait l'essence des arbres et s'en servait pour s'offrir une nouvelle jeunesse : un renouveau avait eu lieu. D'ailleurs, le fait qu'il maîtrisât cette arcane, il pouvait trouver un équilibre dans la folie qui, malgré sa jeunesse retrouvée, ne cessait de lui prendre la tête. Deux personnalités cohabitaient, avec beaucoup de véhémence, à l'intérieur de son crâne. Mais il s'en accommodait. Il arrivait à combiner les deux pour gagner en puissance, en force, en agilité et en sagesse.

Toutefois, ces deux éléments n'étaient pas faits pour être ensemble, l'un ayant l'ascendant sur l'autre. Et forcément, son côté maléfique était bien plus puissant que l'autre. En plus, il n'avait pas pensé à ça, mais le fait de maîtriser l'énergie vitale lui faisait ressentir toute la douleur du monde, ce qui n'arrangeait pas son cas, bien au contraire. Mais bref. Il réussira. C'est ce qu'il se disait en ce temps là.

Mais les choses s'accéléraient et le rouquin de la Balance lui permit de devenir son égal : un Chevalier d'Or. Celui des Gémeaux. Hevruka était lié à cette armure. Il ne savait pas pourquoi, mais il passait le plus clair de son temps dans le temple des Jumeaux. Quelle mauvaise idée. Quelle très mauvaise idée. Il n'aurait jamais dû porter une armure d'or et encore moins celle-là. Cette armure était maudite, du moins, du temps d'Hevruka. A partir de cet instant, la folie qui s'était installée dans le coeur du Chevalier était devenue omniprésente. Il s'entretint avec le Chevalier du Cygne, Kiko, et l'emmena en Algérie et le tortura. Psychologiquement et physiquement. Il ne savait pas pourquoi il faisait ça. Il ignorait si Athéna connaissait les agissements de son protecteur. Pourtant... à elle, il ne lui aurait jamais fait le moindre mal. Dès qu'il était à ses côtés, étrangement, il devenait bon et doux. Il ne s'était pas entretenu de nombreuses fois avec elle, mais peu importe : les seules fois ont suffi. Elle était si apaisante, si belle, si douce, si compréhensive. Elle détenait dans son coeur toutes les souffrances de l'humanité, et à l'inverse d'Hevruka qui voulait à tout pris en finir avec cette humanité, Athéna, elle, non. C'était incompréhensible. Elle était tellement bonne. Tellement... il n'y a aucun mot pour la décrire. Il en était amoureux. D'elle et d'Amphitrite, évidemment. Les seules personnes pour lesquelles il était prêt à donner sa vie.  

Pourtant, il n'eut pas le temps de le faire. Un jour, ou plutôt une nuit, il sentit qu'il devait quitter le Sanctuaire. Non pas pour fuir, hein. Mais il sentait que quelqu'un l'attendait, que quelqu'un s'était déplacé pour lui, juste à l'extérieur du domaine d'Athéna. C'était le cas. Un spectre. Bizarre, ces conneries. Il n'avait, pourtant, pas senti la présence d'un Spectre. Déjà, il n'en avait jamais rencontré auparavant. D'ailleurs, il n'était pas seul. Il était accompagné d'une belle demoiselle, Spectre, elle aussi. Dès cet instant, Hevruka se sentit figé. Il était bloqué. Mais, ce n'était pas le Spectre qui l'avait immobilisé. Non, pas du tout. Son armure, toute son armure l'empêchait de bouger. Il était resté immobile, bien malgré lui, parce que, de par sa nature, il se devait de lui démolir son joli petit minois.  Mais il en était incapable. Et ce qui devait arriver arriva. Ce fut l'inverse : c'est le Spectre qui lui éclata sa grosse race. Et qui lui prit deux choses. Son coeur et une clé. Avec le coeur, on se demandait ce qu'il pouvait faire, si ce n'est le cuire et le bouffer plus tard. Quoique, le coeur humain, c'est pas super bon. Le coeur de boeuf, par contre, c'est bon. Et je parle évidemment de la tomate. Avec la clef, par contre, le Spectre pouvait, à sa guise, ouvrir toutes les dimensions, créer des illusions. Hevruka avait matérialisé son pouvoir de voyages inter-dimensionnels et de création d'illusions sous la forme d'une clé, que le Juge s'était empressé de piquer. Un vrai collectionneur ce mec.


Hevruka était là. Il gisait au sol, le coeur en moins, son armure qui alourdissait énormément son corps. Il n'était pas mort. Non. Il survivait grâce à son cosmos, mais il savait qu'il ne tiendrait pas longtemps. Tiens ? Quelqu'un approche. Peut-être son sauveur ? Peut-être quelqu'un qui l'emmènerait de tout urgence au Temple d'Athéna et lui permettrait d'avoir la vie sauve. Hevruka savait qu'une fois mort, il l'était pour toujours. Il renaîtrait sûrement, mais sous une autre forme. Il n'aurait aucun souvenir. Et c'est pire que la mort. Mais non, ce personnage ne prit pas la peine de  sauver le Chevalier d'Or des Gémeaux.

"Tu croyais vraiment que la folie venait de toi ? Non, il n'y avait que moi dans ton esprit. Tu étais bien trop faible pour devenir un aussi grand Chevalier d'Or. Dans le meilleur des cas, tu aurais pu éventuellement accéder au rang de trou de balle du Sanctuaire. Sans moi, tu n'es rien. Je suis ta folie, je suis celui qui t'a créé. Je suis celui qui t'a conféré tes pouvoirs. Je suis celui qui t'a donné la force de créer des dimensions. Qui t'a enfermé dans cette dimension ? C'est moi. Qui t'a libéré de cette dimension ? C'est moi. Qui t'a fait réapparaître dans le Triangle des Bermudes ? C'est moi. Qui a fait en sorte que tu trouves l'armure de l'Autel ? C'est moi. Qui t'a fait te tourner vers l'armure d'or des Gémeaux ? C'est encore moi. Tu n'es pas maître de ton destin. Tu me dois tout. Mais malheureusement, j'ai d'autres obligations. Je dois donc mettre fin à ta misérable vie. C'est dommage, je m'étais attaché à toi. "


Une puissante énergie démoniaque s'échappa de cet individu. Hevruka n'avait même pas eu la force de le regarder, de voir qui c'était. Dans un dernier souffle, il ouvrit son oeil droit et aperçut le visage de son bourreau. Il ne remarqua que des yeux rouge sang, et un pentagramme dans chaque oeil. L'armure des Gémeaux s'en alla et le bourreau put accomplir son office.

"Autant t'achever avec ta propre arcane. Dans l'au-delà, souviens-toi que la vie est une Calamité. A bientôt Hevruka. Galaxian Explosion !"

C'était fini. Le corps du Chevalier d'or des Gémeaux était détruit, en purée. Celui qui l'acheva prit tout de même la peine de brûler son corps et de garder ses cendres. Il pouvait ainsi, éventuellement, déposer ses cendres dans son temple, si les Saints le laissaient passer. Chaque chose en son temps...

Mais l'âme d'Hevruka n'était pas morte. Elle survivait. Dans un dernier effort, avant l'application de la sentence, il avait réussi à ouvrir une dimension et à cacher un fragment de son âme à l'intérieur, sans que son assaillant ne le remarque. Ou peut-être le remarqua-t-il, mais fit-il exprès de ne rien faire ? D'ailleurs, connaissant son attaquant, il était étrange qu'il le brûlât. Ses habitudes étaient davantage dans un enterrement strictement religieux.

Il était reparti de zéro. Il était redevenu ce qu'il était au départ : un esprit voguant dans la dimension silencieuse qui l'a vu naître... et périr. Tout ça dura quelques années. Peut-être deux ou trois ans, grand maximum. Mais à ses yeux, c'était pire que l'éternité. Etait-ce donc ça l'enfer ?

Son âme s'échappa une nouvelle fois. Comme il y a quelques années. La vie était-elle un éternel recommencement ? Visiblement, oui. Sauf que cette fois-ci, il n'avait pas atterri dans le Triangle des Bermudes, mais dans un lieu qu'il ne connaissait pas. Un lieu parfaitement paradisiaque. Il avait l'impression d'être comme sous l'eau. Il n'y comprenait rien. Et puis... Il avait de nouveau un corps. Son corps. Comment était-ce possible ? Son assaillant l'avait-il épargné finalement ? Avait-il accompli un rite particulier qui lui avait rendu son aspect d'antan ? Hevruka n'y comprenait rien. Il allait devoir se renseigner, après tout. Passer autant de temps enfermé, voilà qui ne laisse pas un esprit intact...

Cela faisait à peine dix secondes qu'il était revenu sur terre. Et encore, dix secondes, j'suis large. Il n'arrivait pas à tout assimiler. Il se sentait bouger. Il n'avait pas réellement "vu" qu'il avait de nouveau son corps. Il se sentait juste debout. Il regarda ses mains, comme pour être sûr qu'elles étaient bien là. Mais, il était entouré d'une sorte de peau dorée. Comme une armure. Était-il revenu, Hevruka, Chevalier d'Or des Gémeaux ? Non. L'armure était différente. Il la sentait aussi puissante, mais il ne reconnaissait pas son armure. Tiens, un saladier, par terre. Attends mais, c'est un casque ? De la même couleur que l'armure qu'il portait en plus. Il ressemblait énormément à celui des Gémeaux, mais les visages de chaque côté du casque n'existaient pas. Il le posa sur sa tête. Instantanément, Hevruka sentit quelque chose de particulier avec son armure. Il la sentait comme connecté à lui. Comme si... Comme si, en fait, la Malédiction des Gémeaux était non pas lié à l'armure mais au personnage. Il sentait une dualité dans cette armure. Tout ça venait-il donc de lui ? Il ne comprenait pas. Il était un peu con, faut dire. Il fallait qu'il sache. Il demanderait à la terre entière s'il le fallait. Tiens ? Un temple ? Allons-y, un prêtre y est sûrement et lui indiquera ce qu'il devait apprendre.

La Mort. Le Sans Nom. Le Sans Visage. Hevruka is back.