Préparatifs

Alors qu'ils quittaient la salle du trône, Ryûichi croisa  une jeune Spectre à la porte du palais, une Spectre qu'il ne connaissait pas mais dont l'énergie cosmique lui rappelait vaguement quelqu'un. De plus ce cosmos n'était pas aussi sombre que celui des autres membres de l'armée d'Hadès... Il l'observa un instant, la suivant du regard jusqu'au trône puis reprit sa route.
Ryû avait fait vite, Hyujae sur son dos. En quelques instants le duo était de retour à la sixième prison des Enfers survolée il y a peu. Se posant avec sa sempiternelle manière "délicate", Ryû observa les alentours : rien n'avait changé depuis qu'il avait été transporté par les éclairs de Zeus, seul un cratère rappelait sa position en tailleur. Conscient que la chaleur présente risquait d'être trop forte pour la jeune Tengu, le Bénou l'invita à le suivre à l'abri des flammes, sous un dôme d'ombre les conduisant à son modeste chez lui : après tout cela faisait peu de temps qu'il avait été choisi pour garder ces lieux. Peu de mobilier, peu de biens, l'ex-wakagashira n'avait pas gardé grand chose de son ancienne vie mais sa maisonnette était plutôt propre et cosy.
Une fois ceci fait, l'ancien yakuza se détendit finalement, retirant son Surplis bien trop longtemps porté. Sous celui-ci il portait un jinbei bleu (ensemble pantalon et veste) de bonne facture, une paire de sandales souples en tissu noir ornait ses pieds, emmitouflés dans une paire de tabi (fines chaussettes) blanche. Un style martial asiatique détonnant sur un homme tel que lui à la peau noire.



Hyujae-shi, tu dois te demander pourquoi être parti si soudainement. Perséphone-sama m'a chargé d'une mission des plus importantes pour le royaume. Et je vais avoir besoin de toi pour la mener à bien.

Tout en parlant, Ryû regarda avec attention l'armure ailée du Bénou, endommagé lors du combat contre Ragnar. Endommagée mais pas détruite donc réparable avec juste du sang. Il s'entailla le poignet et en répandit sur son Surplis, s'écoulant du casque aux pieds. Une importante quantité s'en écoula et il cautérisa sa plaie en passant ses doigts dessus. Le lieutenant du Juge se retourna vers Hyujae, continuant de parler à sa subordonnée.

Installe-toi, on a bien mérité un peu de repos. J'ai quelques navets marinés par là-bas si tu veux. La salle d'eau est derrière.

Grâce à la chaleur des environs, une véritable source chaude lui servait de salle de bains. Et c'était plutôt délassant. En attendant que sa subalterne choisisse quoi faire, Ryû s'assit sur ses genoux à sa table et ferma les yeux. Au bout de quelques instants, un léger ronflement se fit entendre dans la pièce...

Régénération journalière : +10PV -> 194
Réparation armure (talent du réparateur d'armure du camp) : - 25PV, +75PA -> 169 PV, 420PA

Elle était restée muette, même lors de leur départ, perdue dans ses pensées concernant son avenir ici, au service d'un Dieu endormi. Ce n'est qu'à l'impact devenu familier que la jeune femme sorti de sa rêverie, rapidement harassée par la chaleur punitive ambiante.

Heureusement que son aîné l'invita à se réfugier dans sa petite demeure. Cette dernière ne payait pas de mine mais tout y était cosy et fonctionnel bien que spartiate. Elle restait en retrait, le scrutant retirer son armure sans avoir à user de ses mains. Son surplis avait souffert mais à regarder en arrière, les dégâts auraient pu être bien pires.

Il venait de dire qu'il avait besoin d'elle pour mener à bien une mission et elle allait répondre qu'elle ne voyait pas en quoi elle pourrait lui être utile lorsqu'il recouvrit de sang son fidèle surplis. Elle ne compris pas la démarche. Peut être était-ce là un cérémonial d'une quelconque corporation de combat que sa tenue semblait trahir ? Cette hypothèse pouvait expliquer ses aptitudes au combat.

Elle n'eut pas vraiment le temps de lui demander plus de détails ni sur la mission ni sur le rituel et encore moins pourquoi il pourrait avoir besoin d'elle qu'il lui offrait l'hospitalité de la plus belle des façon : Radis fermenté pimenté et de quoi se débarrasser de l'odeur immonde qu'elle dégageait depuis des heures.

« Mer... »

Il dormait déjà.

La Coréenne le contourna, prenant soin de se faire discrète alors qu'elle rejoignait l'espace qu'il lui avait indiquait pour se laver. Loin d'avoir ses avantages, elle dû se défaire de son surplis à détachant les pièces une par une et alors que son corps se délestait du métal elle réalisa que l'intimité qui l'entourait été une bénédiction. Vêtue par habitude d'un hanbok sans jupon faisant bouffer la jupe afin de monter à cheval avec plus de confort, elle découvrit avec surprise que la jupe en question avait dû tomber lorsqu'elle avait rencontré Kazuki et que le Tengu l'avait reconnu. Elle ne portait en effet que le fin pantalon de voile blanc si transparent que son dernier sous vêtement était visible, contrastant avec sa peau. Elle allait devoir se séparer des tenues allouées à son sexe et son rang et adopter le pantalon des hommes. Qu'à cela ne tienne.

Avant de rentrer dans la source chaude, elle se permis de fouiller dans le petit meuble où elle emprunta un pantalon trop grand qu'elle ajusterai avec des nœuds ainsi qu'une chemise sans prétention mais de belle facture. Il ne restait plus qu'à profiter du lieu et pour se laver et pour faire sa lessive.

Propre et habillée d'une tenue qui donnait l'impression que la jeune femme avait rétrécit au lavage, elle se rendit sur la pointe des pieds là où il avait indiqué la présence de son accompagnement de prédilection : les fameux navets ou radis marinés. Bol, baguettes, riz blanc et ses friandises servies, elle alla s'asseoir au sol, non loin du dormeur, hésitant à manger ou attendre qu'il donne signe de vie.

« Monsieur ? »

Elle aurait peut être dû attendre plus loin qu'il ne se réveil du moins c'est ce qu'elle aurait fait si elle avait soupçonné que son sommeil pouvait être tumultueux. Ça ne risquait pas de l'émouvoir ni de l'effrayer et pour cause, des personnes harassées de fatigue rattrapées par la violence et la tristesse de leur vécu, elle en avait fréquenté toute sa vie terrestre.

Au lieu de cela, elle lui sourit vaguement, lui présentant le bol qu'elle avait composé avant de se relever pour se resservir et apporter deux tasses qui accueilleraient plus tard le thé qu'elle prenait soin de préparer à présent.

« Je suis là parce que vous m'avez offert l'hospitalité et qu'il paraît que vous avez besoin de moi pour remplir une mission que Dame Perséphone vous a confié, vous vous souvenez ? »

Elle récupéra sa place armée de son repas largement attendu. Manger la mettait en joie et ce simple rituel permettait à la jeune femme de retrouver sérénité et plénitude.

« Mes affaires sèchent en ce moment, mais je gage qu'elles seront bientôt sèches avec le climat ambiant. Dès que ce sera le cas, je vous rendrais vos habits mais en attendant, j'aimerai que vous m'indiquiez en quoi une piètre guerrière dont vous pourriez vous débarrasser rapidement pourrait finalement s'avérer utile ? »

Elle ne s'attendait pas à ce qu'il se défroisse sans un bon thé aussi elle quitta de nouveau son assise pour réapparaître avec l'eau frémissante qu'elle versa sur les feuilles sèches.

« Je doute que vous ayez dans l'idée de me faire enterrer les cadavres de vos ennemis sur le chemin. »

N'y tenant plus, elle saisit les baguettes afin de piocher et le riz et les lamelles rougeâtres et odorantes de l'accompagnement fétiche de ses repas, engouffrant l'amas de nourriture avec un plaisir non feint.

Elle écoutait attentivement ce que son supérieur lui annonçait. Un morceau de radis enrobé de grains de riz faillit passer de travers lorsqu'il lui demanda de l'accompagner pour une mission diplomatique à la demande express de la reine Perséphone. Pourquoi elle ? C'était très flatteur, comme les propos du Japonais noir, mais que pouvait-elle apporter de plus que la force brute du combattant ? Elle qui n'avait aucun fait d'arme depuis son arrivée aux Enfers.

Elle toussota afin d'évacuer la nourriture coincée et parut gênée, les joues trahissant sa réflexion.

« C'est aimable monsieur mais à quoi vais-je vous servir ? En cas d'empoigne je serais la première à tomber. Si ma mémoire ne me fait pas défaut, nous avons rencontré certains de ces titans et je ne ferais en aucun cas le poids dans une altercation physique... A moins que... »

Elle n'eut pas le temps de poursuivre son idée qu'il lui révélait en avoir surtout après sa capacité intellectuelle. Cela la fit sourire d'un air amusé. Elle n'avait fait qu'être dans l'observation après tout mais soit, personne ne devait désobéir à un supérieur.

« Je pense qu'il ne reste plus qu'à vous débarrasser de cette odeur si nous devons partir au plus vite. »

La taquinerie l'a fit sourire surtout parce que dix minutes plus tôt, elle dégageait un fumet aussi corrosif.