A la découverte du Sanctuaire

Cela faisait maintenant quarante jours que j’avais quitté l’Egypte pour me rendre en Grèce. Mon arrivée jusqu’à Athènes fut quelque peu éprouvante. En effet, ne connaissant absolument rien du pays, le parcours fut long avant que je n’atteigne cette cité. Heureusement, une fois sur les lieux, ma connaissance du grec m’aida grandement pour retrouver cette contrée sainte où l’on prétendait qu’Athéna résidait. C’est ainsi que j’arrivai au Sanctuaire. Alors que je ne connaissais absolument rien de cet endroit antique, quelque chose au fond de moi semblait guider mes pas.

Ainsi, ces derniers me conduisirent devant la maison du Verseau, du moins je le déduisais de par le double symbole en forme de vague qui était gravé sur le fronton de la bâtisse antique. Cette dernière ressemblait fort au tempietto de Bramante que l’on pouvait retrouver en la ville de Rome. Alors que la vue de cet édifice me projetait dans mon passé, je me mis à sortir de ma rêverie avant d’examiner les environs. A première vue, rien ne semblait indiquer une quelconque présence.

Aucun obstacle ne venant s’annoncer, je m’empressai de pénétrer dans l’antre du Verseau. Il ne me fallut que peu de temps pour ressentir la froideur qui régnait en ces lieux. Très vite, je fus pris par le froid, au point de devoir m’arrêter afin de me frotter mains et avant bras pour récupérer un peu de chaleur. A la vue de ma peau basanée, je me souvins que j’avais omis de revêtir mon armure…

Il s’avère que, durant mon long périple jusqu’en Grèce, cette dernière pouvait s’avérer quelque peu encombrante mais, surtout, elle attirait que bien trop les regards ; situation à laquelle j’avais du mal à m’adapter. Ainsi, très vite, j’avais rangé le précieux présent d’Athéna dans sa pandora box, ne laissant plus qu’apparaître des vêtements et des breloques que l’on pouvait très vite assimiler à l’Egypte. Néanmoins, cet accoutrement attirait bien moins les regards que l’armure argentée de la lyre.

Seulement, m’étant stoppé d’abord par le froid, je me mis à me poser la question de savoir si ne pas revêtir mon armure en ce lieu saint constituait un affront à l’égard de ma déesse. Après tout, j’ignorais tout de la manière dont-on devait se comporter au Sanctuaire ? Si une étiquette devait être suivit telle que j’avais pu la connaître dans le monde de la Cour ? Par ailleurs, si on mettait cela de côté, la simple vue de mes vêtements pouvait donner l’impression que j’étais un mendiant venant réclamer asile plutôt qu’un chevalier venant prêter serment auprès de sa déesse.

Il est vrai que, en me regardant de plus prêt, j’étais en piteux état. Mon pantalon, initialement blanc, était noirci par la poussière. Je ne disposais que pour dessus qu’une blouse sombre sans manche par-dessus laquelle j’avais déposé une cape de voyage mangée par les mites. Le tout donnait un résultat qui était en loin d’être présentable mais qui s’avéra, néanmoins, très pratique au cours de mon voyage pour supporter la chaleur des lieux que j’avais traversé.

Je retirai la première sangle de la pandora box de mon épaule avant de la poser lourdement sur le sol. J’étais désormais persuadé que ma tenue était en loin d’être adéquate, du moins pas suffisamment pour honorer ces lieux antiques dans lesquelles j’étais arrivé. Je détacha mon vieux sac de voyage, que j’avais fixé sur le dessus de ma pandora box, pour le déposer juste à côté de cette étrange cube. Alors que je dépoussiérais ce dernier, je me mis à découvrir à quel point l’argent qui le composait avait gardé de son étincelle malgré la dureté du parcours.

Je m’apprêtais enfin à ouvrir la pandora box mais mon mouvement s’arrêta net lorsque je ressenti une présence dans cette maison froide et sombre. Alors que de je me redressai, je tenta de percer la pénombre des lieux afin de discerner une quelconque présence mais la brume, dû à la froideur des lieux, m’empêchait de voir plus loin que les dix mètres. Pourtant, j’en était persuadé, quelqu’un d’autre que moi se trouvait dans la onzième maison du Sanctuaire et je n’allais pas tarder à faire sa rencontre.

Alors que j’étais entouré par les ténèbres des lieux, la présence que je ressentais se fit très rapidement accompagné de pas qui semblaient provenir de derrière. Cette fois, j’en étais convaincu : je n’étais pas le seul à avoir foulé le sol de la maison du Verseau. Bien que la présence me semblât amicale, je pris la précaution de remettre ma pandora box sur mon dos avant de ramasser mon sac de voyage.

La pénombre continuant à m’aveugler, je pris la décision de faire demi-tour vers l’entrée de la onzième maison zodiacale mais très vite, je fis la rencontre d’un jeune garçon aux cheveux roux foncés qui tendaient presque vers le rouge. Ce dernier, en me voyant, ne semblait pas du tout troublé par ma présence. Il avait l’air même plutôt calme.

Le jeune garçon ne portait pas son armure et, bien que je tentais de percer l’obscurité, je ne parvins pas à percevoir les gravures de sa pandora box qui auraient pu me permettre de reconnaitre la constellation à laquelle appartenait le chevalier. Demeurant dans l’ignorance, je me mis à observer l’individu. Je fus quelque peu stupéfait de la jeunesse de ce dernier. En effet, malgré que je ne parvenais pas à discerner l’entièreté de ses traits, le jeune homme ne devait pas être plus âgé que seize ans. Ce constat me conduisit à une légère réflexion ; en effet, jamais je n’aurai imaginé qu’un chevalier d’Athéna pouvait être si jeune. Cependant, je fus sorti de ma réflexion par l’individu qui me demanda :

Qui es-tu ?

Décidément, alors que je me permettais de juger ce chevalier que je venais de rencontrer sur sa jeunesse, c’était finalement lui qui me donnait une leçon de politesse. En effet, étant nouveau au sanctuaire et n’ayant pas pris soin de revêtir mon armure, rien n’indiquait si j’étais ami ou ennemi. Ainsi, répondant au chevalier, je m’inclinai légèrement en signe de salutation et de respect avant de rompre le silence des lieux.

Toutes mes excuses pour mon impolitesse. Je me nomme Rémiel, je suis le chevalier d’argent de la lyre. Maintenant que je me suis présenté, puis-je également vous demandez votre nom ?

Bien que nerveux pas cette première rencontre, ma voix gardait un ton calme et respectueux. Par ailleurs, je voyais en ce chevalier un moyen de mieux connaître ce nouvel univers dans lequel j’avais abouti. Ainsi, tout en gardant mon intonation courtoise, je demandais au jeune garçon :

Je viens tout juste d’arriver au sanctuaire afin de prêter serment à Athéna mais je vous avoue que je suis quelque peu perdu ; j’ignore absolument tout du Sanctuaire. Peut-être pourriez-vous m’aider dans mes premiers pas en ce lieu saint ?

Alors que je prononçais mes derniers mots, ceux-ci se mirent à raisonner sur les lourds piliers qui soutenaient la toiture de la maison du Verseau pour ensuite s’évanouir dans les ténèbres environnants. Pourtant, le jeune garçon aux cheveux roux ne répondit pas directement à mes questions. Je profitais de son silence afin de mieux cerner les traits du personnage. A première vue, aucun sentiment de joie, de tristesse ou de surprise ne pouvait se lire sur son visage. Cela donnait l’impression que, malgré son jeune âge, le chevalier prenait son rôle très au sérieux. A nouveau, je me mis à me poser la question de savoir comment le destin avait pu conduire ce si jeune garçon à devenir un Saint d’Athéna… Non, je ne devais pas penser de la sorte. Après tout, nombre d’adolescents atteignaient le rang d’écuyers à son âge en France.

C’est alors qu’une vague de froid vint se faire à nouveau sentir, au point qu’elle m’irisa le poil. Il fallait dire que je n’étais pas du tout habillé pour supporter de telles conditions. Attendant la réponse du chevalier, je me mis à frictionner mes avants-bras pour à nouveau récupérer un maximum de chaleur que le frottement pouvait produire.

Alors que mon regard portait toujours sur le chevalier aux cheveux roux, mon attention, elle, fut perturbée par l’arrivée d’un autre cosmos, plus faible que celle qui émanait du jeune garçon qui se trouvait en face de moi. Bien que je tentais de ne pas trop y faire attention dans un premier temps, le silence calme et paisible de la maison du Verseau fut soudain perturbé par une série d’injures. Quelque peu troublé par ces insanités, mon regard se porta vers l’entrée de la onzième maison zodiacale. Là, je vis arrivé un homme, peut-être la vingtaine, se dirigeant vers nous d’un pas précipité. Lorsqu’il nous remarqua, le nouvel arrivant s’arrêta et, ne semblant pas être perturbé de voir la maison du Verseau occupé par des individus ne comprenant pas parmi eux le gardien de ses lieux, rompit le silence :

- Salutation chevaliers, je suis content de savoir que je ne suis pas seul. Mais je vais d'abord me présenter, Charles le nouveau chevalier de Bronze du Bouvier et vous ?

Le nouveau venu parlait vite et sans véritable gêne. Il se présenta en tant que Charles du Bouvier. Ne connaissant pas l’entièreté des armures qui composait l’armée d’Athéna, je me mis observer le Cloth que portait le jeune homme. C’était donc ça un chevalier de bronze… Le nouvel arrivant était l’opposé du jeune garçon aux cheveux roux que je venais de rencontrer : semblant plus âgée que ce dernier, il n’avait pourtant pas du tout le calme et la prestance que présentait le premier gardien que j’avais pu rencontrer au Sanctuaire.

Toutefois, je finis par passer outre ce détail. Après tout, je n’avais toujours pas revêtit mon armure. Dès lors, rien n’indiquait à Charles que j’étais un chevalier d’argent auquel il devait un temps soit peu de respect… Ou peut-être que l’étiquette ne primait pas, ici, au Sanctuaire. Non cela n’était pas possible. Même si nous n’étions pas dans le monde de la Cour, mon maître m’avait toujours expliqué qu’un certain respect régnait entre les différents rangs que composaient l’armée d’Athéna et, même si j’avais toujours répugné le monde de la Cour et que je respectais Charles en tant que compagnon d’armes, mon égo semblait vouloir être reconnu à sa juste valeur.

Ainsi, le chevalier roux ne semblant pas réagir au comportement du chevalier de bronze, je me sentais dans le devoir de répondre à sa présentation. Je me tournai vers lui et m’inclinai légèrement en signe de respect.

Enchanté Charles du Bouvier. Je me nomme Rémiel. Je suis le chevalier d’argent de la Lyre. Je viens tout juste d’arriver au Sanctuaire pour venir prêter serment à Athéna. Quand a lui ?

Je posais mes yeux violets sur le garçon aux cheveux roux qui n’avait encore dit aucun mot suite à l’arrivée du bronze. Etrangement, son calme faisait émerger un certain respect envers lui. Ainsi, plutôt que de poursuivre, je terminais mon dialogue en prononçant ces derniers mots.

J’ignore encore qui il est, nous étions en train de faire les présentations au moment où tu es intervenu.

Alors que j’attendais la réaction du jeune garçon aux cheveux roux, le dénommé Charles sembla fort embêté du comportement qu’il avait présenté à l’égard de ceux qui s’avéraient être des chevaliers d’argent. Son désarroi me désarçonna quelque peu. Aurai-je été un peu trop prétentieux en clamant la supériorité de mon armure ? La gêne vint alors s’immiscer dans mes sentiments. Je m’en voulais d’avoir pu sembler si pédant à l’égard du chevalier de bronze, moi qui avais toujours répugné le monde protocolaire de la Cour. C’est alors que Charles rompit à nouveau le silence alors que le jeune garçon aux cheveux roux n’avait encore dit mot depuis ses premières paroles à mon égard.

Veuillez me pardonner, Sir Rémiel, je croyais que la maison était vide et rien ne laissait présager que vous étiez un Saint d'Argent. J'ai relevé le fait que vous étiez comme moi, des nouveaux ? Et puis-je entretenir avec vous un ton plus familier ?

Alors que les mots n’avaient pas encore raisonné sur les piliers de la onzième maison zodiacale, Charles posa un genou à terre en signe de respect. Face à cette poussée de politesse à mon égard et aux nombreuses questions successives du chevalier, mon embarra, que je ressentais peu de temps auparavant, se vit disparaître pour laisser place à un léger sourire à peine perceptible. Le comportement du Saint d’Athéna montrait bien que son comportement initial était plus maladroit qu’intentionnel.

Sir n’est pas nécessaire. Et ne t’inquiète pas, Charles du Bouvier, un ton plus familier ne me dérangerai pas. Après tout, nous serons probablement un jour destinés à devoir mener des missions ensembles. Sinon…

Mes derniers mots ne purent sortir de ma bouche. En effet un véritable blizzard s’était engouffré dans la maison du Verseau, provoquant un froid insoutenable. Mes yeux, pris par le froid, s’humidifièrent, m’empêchant de pouvoir percer quoi que ce soit venant de la sortie du temple. Je détournai alors mon regard vers la sortie, afin de ne plus être aveuglé par le souffle du vent. Alors que je posais mon regard sur le sol du temps, un tapis de glace vint se glisser sous mes pieds. Suivant des yeux la route que provoquait le givre sur le sol, je remarquai avec étonnement que ce dernier vint obstruer l’entrée du temple du Verseau, n’offrant plus la possibilité de pouvoir faire marche arrière.

Soudain, le bruit du blizzard s’estompa pour laisser place à une voix qui se mit à raisonner dans tout le temple.

Quand le chat n'est pas là, les souris dansent... Que le gardien d'un temple soit présent ou non, la moindre des choses est d'annoncer cosmiquement votre présence dès votre entrée dans l'un des douze temples sacrés. Mes pairs sont peut-être laxistes, mais j'ai eu pour ma part une sale journée...

La voix s’estompa pour laisser place à des pas qui résonnèrent à leur tour au sein de la maison du Verseau. Le blizzard s’étant estompé, mon regard se porta sur la sortie du temple. Tentant de percer les ténèbres, je vis tout doucement se dessiner une silhouette gracile revêtue d’une étincelante armure d’or. Le chevalier se rapprochant, je pu enfin percevoir qu’il s’agissait en vérité du protecteur de ces lieux.

C’était la première fois que je voyais un chevalier d’or avec son armure. Comme je me l’imaginai lorsque mon maître me parlait de ces protecteurs, celui qui se dressait devant moi avait une prestance admirable. Soudain, je ressenti son Cosmos, à la fois calme et pesant. Toutefois, je parvins à garder mon calme et à rester serein. Mes yeux violets se posèrent dans ceux du chevalier d’or. C’est alors je remarquais son regard perçant. Le chevalier nous fixait comme si nous étions des proies qui avait eu le malheur d’être passé devant son terrier.

Je suis Endymion du Verseau, gardien et protecteur de ce temple. Qui êtes vous pour souiller de la sorte ma demeure ?

« Souiller » ? Jamais je n’aurai imaginé que mon comportement pouvait être un jour revêtit d’un tel terme. Avais-je donc été si impoli ? Décidément, je venais à peine d’arriver au sein du Sanctuaire que je me faisais déjà remarqué… La gêne commença alors à me paralyser mais très vite, je parvins à reprendre le contrôle de ma personne pour tout doucement retrouver mon calme ; tandis que mon visage resta de marbre. Après tout, des erreurs, j’allais encore en faire bien davantage moi qui ne connaissais rien aux règles du Sanctuaire.

Avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, Charles, dont la peur semblait s’être éprise de sa personne, se redressa. Sa réaction, quelque peu rapide suite à l’arrivée du chevalier d’or du Verseau, me surpris quelque peu. Empli de sanglot, le chevalier du Bouvier se laissa totalement emporté par son émotion de stupeur, comme abasourdi d’être en présence d’un chevalier d’or. Si je pouvais comprendre que c’était, en effet, un honneur de faire la rencontre de l’un d’eux, j’estimais qu’un tel sentiment devait entraîner un comportement tout aussi honorifique. Après tout, Charles devait se douter que nous allions croiser tôt tard l’un des douze protecteurs du Sanctuaire.

In… Incroyable…

Tel fut le premier mot du chevalier de bronze devant la présence du maître de la onzième maison du zodiaque. Etait-ce moi qui avait trop longtemps baigné dans le monde de la Cour pour considérer ce comportement comme indécent ? Ou bien est ce que j’accordais bien trop de droiture là où il ne devait pas y en avoir ? Avant que je ne puisse répondre à ces questions, Charles parvint, néanmoins, un temps soit peu à se reprendre. Il posa genou à terre en signe de respect avant de se présenter à Endymion du Verseau

Charles, nouveau chevalier de Bronze du Bouvier. Veuillez nous pardonner pour nos erreurs, mes camarades et moi-même, pour cette intrusion, on pensait le temple vide. Pardonnez nous, Seigneur Endymion.

On pensait le temple vide… C’est vrai que je l’avais sous-entendu également. Quel idiot pouvais-je être ?! C’est vrai que, depuis mon arrivé dans la maison du Verseau, je n’avais pas à un moment pris la peine de m’assurer de la présence du gardien de ces lieux. Ainsi, je ne pu que suivre le mouvement du chevalier de bronze. De manière beaucoup plus calme, je posa le genou à terre devant le chevalier d’or du Verseau. Tout en posant mon poing droit sur mon torse, j’avisai à baisser la tête avant de prononcer mes premières paroles au gardien de la onzième maison du zodiaque.

Je suis Rémiel de Rosenkreutz, chevalier d’argent de la Lyre. C’est un honneur de vous rencontrer seigneur Endymion. Toutes mes excuses pour avoir bafoué votre maison. J’admets que j’ai commis l’erreur de ne pas avoir pris la peine de m’annoncer. Je vous promets que cette erreur ne se reproduira plus.

Non en effet... Cette erreur ne se reproduira pas...

Les paroles du chevalier d’or du Verseau sonnaient comme le glas. Lorsque cette phrase fut prononcée par le gardien de la onzième maison du zodiaque, je me permis de relever le visage et mes yeux vers Endymion, tout en prenant soin de garder genou à terre et poing droit sur le torse. Je me refusais de me relever tant que ce chevalier, qui se voyait être mon supérieur, ne m’avait pas donné l’autorisation, d’autant plus que le Verseau semblait à cheval sur les principes qui régissaient le sanctuaire.

Bien qu’emplit de honte d’avoir bafoué ces derniers, l’idée de savoir qu’il existait au Sanctuaire, ainsi qu’entre les chevaliers, une étiquette me rassurait. En effet, les évènements précédents que j’avais pu rencontrer avec le chevalier de bronze du Bouvier m’avaient laissé quelque peu de marbre, notamment sur le respect qui devait se tenir entre les chevaliers de rang différent. Endymion me prouvait qu’une certaine hiérarchie était d’actualité au Sanctuaire et qu’un règlement, de même qu’un savoir vivre, était à respecter.

Cependant, lorsque je vis la froideur dans les yeux du chevalier du Verseau, je compris que ce dernier avalait très mal la pilule du fait que nous avons outrepassé la politique du Sanctuaire. Aucun de nous trois ne disant mots, Endymion rompit à nouveau le silence.

Qu'êtes-vous venu faire ici ? Ne savez-vous donc pas que les chevaliers de rang inférieur ne peuvent entamer l’ascension des douze maisons qu'accompagner d'un chevalier d'or ou en raison d'exigences extrêmes ? Et si mes yeux ne me font pas défaut, aucun de mes pairs ne se trouve auprès de vous...

Le gardien de la onzième maison s’interrompit afin d’avoir des réponses qui pourraient expliquer notre comportement déplacé. Alors qu’un calme froid s’installa dans la maison du Verseau, je regardai tour à tour Charles et le chevalier aux cheveux roux. Ces derniers semblant ignorer la question du chevalier du Verseau, je rompis le silence, gardant une voix calme et sereine malgré l’ambiance glaciale des environs.

De là où je viens, seigneur Endymion, les chevaliers qui servent un seigneur ou un roi ont pour tradition de prêter serment à celui pour qui ils sont menés à devoir, un jour, risquer leur vie. Poussé par cette coutume, j’aurais aimé faire de même auprès de notre Déesse Athéna. Toutefois, je l’admets, je ne connais rien aux us et coutumes du Sanctuaire et, pousser par cette volonté de prêter serment, je n’ai pas pris la peine de mieux me renseigner sur les principes imposés en ce lieu saint.

Tout en prononçant ces paroles, mon regard c’était à nouveau posé sur le chevalier du Verseau. Ce dernier ne semblait pas avoir fait attention à mes dires. Il était plutôt plongé dans ses pensées, comme s’il tentait de trouver des réponses sur ce qui nous a poussés, mes compagnons d’armes et moi, à nous comporter de la sorte. Un sourire vint s’afficher sur le visage d’Endymion, un sourire qui ne semblait en rien amical et j’allais en effet m’en rendre compte.

Lorsque le gardien de l'un des douze temples du zodiaque voit des visiteurs non désirés dans sa demeure, son devoir est de leur bloquer la route. Au vu de la situation, mon honneur m'impose de me conformer à cette règle, née dans les temps anciens. Mais je vais être... clément. L'un d'entre vous est libre de revenir en arrière. L'autre va devoir m'affronter. Qui se dévoue ?

Des visiteurs non désirés ? Mais nous étions des chevaliers d’Athéna, portant une armure sacrée qui nous a choisie parce que nous incarnions les valeurs que la Déesse de la guerre avait tenté de diffuser sur notre Terre depuis des temps immémoriaux… Affronter un chevalier d’or pour laisser aux deux autres le droit de quitter la maison du défenseur ? Mais si le devoir d’un chevalier d’or est de défendre sa maison contre ceux qui tente de la traverser sans autorisation, pourquoi ne tout simplement pas nous laisser partir si nous avons aucune volonté de porter préjudice ? La décision du chevalier d’or me laissa dans la perplexité. Je ne comprenais pas où voulait en venir le gardien des lieux. Cependant, avant que je puisse faire quoi que ce soit, Charles, emplit de bonne volonté, répondit le premier.

Seigneur Endymion, je resterai dans la maison pendant que mes compagnons continuent leur chemin… J'ai été le plus irrespectueux dans cette magnifique demeure qu'est la vôtre. Mais ne punissez pas mes camarades pour le reste. Si vous voulez un fautif, vous l'avez devant vous !

Toujours genou à terre après tout ce qui venait de se dire, je regardais Charles et me demandais s’il se rendait bien compte quel était l’adversaire qu’il allait affronter. Il s’agissait d’un chevalier d’or, un être disposant de prédispositions naturelles exceptionnelles, capable d’atteindre la vitesse de la lumière. Alors que je m’apprêtais à lui faire entendre raison, le chevalier du Bouvier ne me laissa pas le temps de dire quoi que ce soit.

Rémiel, vous pouvez partir, je reste pour expier mon erreur dans la maison du Verseau… Et peu importe ce que vous pourrez me dire, je ne changerai pas d'avis je reste pour le groupe…

Mais que faisait-il ? Se sacrifier pour le groupe ? Mais nous étions tous impliqués. Pourquoi Charles devrait subir le courroux d’Endymion plus qu’un autre ? Je me relevai pour raisonner le chevalier de bronze mais alors que je m’approchais de lui, je du soudain éviter l’une des parties de son armure. Celle-ci venait de quitter son maître pour se rassemblée un peu plus loin sous la forme d’un buste. Cette action, c’était Charles qui venait de l’accomplir et j’en compris très rapidement la raison.

Mon geste peut paraître hautain envers vous Seigneur mais, cette armure signifie beaucoup pour moi… Maintenant, Seigneur Endymion du Verseau, je suis prêt à relever votre défi !

Si la démarche du chevalier de bronze semblait partir d’une bonne attention, ce qu’il pouvait y voir comme courage était pure folie. La défaite contre le chevalier d’or du Verseau était plus que probable, d’autant plus sans une armure pour se protéger. Quant à moi, je m’étonnais de ne pas être pris par la panique. En effet, malgré l’ultimatum du chevalier d’or du Verseau, je gardais le calme le plus complet et je profitais de l’agitation causée par les actions de Charles pour établir une brève analyse de la situation. Cela fut rapide, et je finis par prendre une décision. Je m’approchais du chevalier du Bouvier avant de lui poser ma main sur son épaule, dans l’espoir de le calmer légèrement.

Je te remercie Charles de vouloir endosser la responsabilité de nos erreurs. Toutefois, nous sommes trois à avoir outragé la maison du Verseau et je ne peux pas accepter que tu sois le seul à te sacrifier. Après tout, chevalier d’argent et chevalier de bronze sont souvent mené à devoir travailler de concert. Par ailleurs, je fus le premier à pénétrer dans cette demeure, je fus le premier à ne pas annoncer ma présence et je n’ai rien fait pour donner l’exemple alors que mon rang me l’impose.

Après ces mots prononcés, je posai mon regard sur Endymion. Sur un plan stratégique, l’idéal aurait été de profiter du dévouement de Charles pour quitter cette maison afin d’éviter de devoir essuyer un cuisante défaite contre le chevalier d’or. Cependant, je ne voulais pas user du Saint de Bronze comme un simple instrument. A mes yeux, nous étions avant tout des frères d’armes, des serviteurs d’Athéna dont le rôle était de défendre les idéaux de notre déesse. Cependant, je n’étais pas fou : plonger tête baissée dans un affrontement contre Endymion ne pouvait que me conduire qu’à une humiliante défaite. Ainsi, je tenta ma chance.

Seigneur Endymion, je peux comprendre votre mécontentement à notre égard. En ayant outrepassé les règles du Sanctuaire, c’est bafoué votre honneur et votre maison que nous avons provoqués. Cependant, si vous me le permettez, puis-je vous soumettre une alternative autre qu’un duel qui affaiblirait inutilement nos forces et pourrait nous porter préjudice si un quelconque ennemi venait à perturber le calme du Sanctuaire.

En prononçant ce monologue, ma voix parvint à garder un ton calme, mon visage restait serein et mon corps était droit comme un « i », n’annonçant pas le moindre tremblement. Pourtant, intérieurement, la peur ne manquait pas d’étreindre mon cœur. Après tout, j’étais entrain de « marchander » la proposition faites par un chevalier d’or, mon supérieur direct après Athéna et, qui plus est, un être dont les capacités pouvaient me terrasser en quelques secondes. Néanmoins, je parvins à contrôler ma personne et poursuivis.

Seigneur Endymion, plutôt qu’un duel, puis-je vous proposer ceci : autorisez mes compagnons d’armes à quitter librement votre demeure. Quant à moi, je suis prêt à endosser notre erreur en devenant votre humble serviteur. Ceci serait un juste retour des choses : nous avons bafoué votre maison et votre honneur, le mien le sera d’autant plus car, en agissant de la sorte, j’admets que je ne suis finalement pas suffisamment compétent pour honorer ma déesse en ayant ignoré les règles qu’elle a établit en ces lieux saint. En étant votre bras droit, vous pourriez, tout en obéissant à vos ordres, m’en apprendre davantage sur les règles qui régissent le Sanctuaire et les chevaliers.

Je remis genoux à terre et poing sur le torse tout en baissant mon regard sur les dalles rocheuses qui composaient le sol de la maison du Verseau. Ma mâchoire se contracta en attendant la réponse d’Endymion. En ayant fait cette proposition au chevalier, je reconnaissais également que l’entraînement que m’avait donné mon maître n’avait pas été complet. Toutefois, cela, ma fierté préféra ne pas le reconnaître auprès du chevalier d’or, peut-être parce que je portais mon maître bien trop à cœur pour tout ce qu’il avait pu m’apporter. Le silence étant bien trop pesant, je rompis une dernière fois le calme des lieux.

Je vous en prie chevalier du Verseau, soyez clément. Acceptez ma requête.

L’attitude du chevalier de bronze du Bouvier semblait sidérer Endymion. Il était vrai que le comportement de ce dernier était totalement inadéquat face à un chevalier d’or. Je trouvais même que le protecteur de la onzième maison du zodiaque présentait une grande clémence devant les affronts répétés du Saint de Bronze. Peut-être justifiait-il la démarche de Charles comme une erreur dû à sa jeunesse où à une maladresse causée par le fait qu’il venait juste d’entamer son rôle de chevalier. A vrai dire, Endymion semblait tout aussi perdu que moi sur les raisons qui pouvaient pousser Charles à agir de la sorte.

Suis-je donc si misérable à tes yeux pour que tu prennes mon défi avec une telle légèreté ? Si tu retires ton armure à chaque fois que tu croises un adversaire, de peur de la salir ou de l'abimer, tu aurais mieux fait de rester un vulgaire apprenti...

Si les paroles du chevalier d’or du Verseau étaient froides et piquantes, elles en étaient pas moins censées : l’armure d’un chevalier est un élément à part entier du Saint ; un présent offert par la déesse Athéna pour nous aider dans notre tâche. Ainsi, il était tout à fait possible de respecter notre armure sans pour autant devoir la retirer lors d’un combat. A vrai dire, je trouvais même ce geste irrespectueux, autant envers ma déesse qu’à l’égard de l’adversaire auquel je pourrai bien me confronter. Mais qui suis-je pour juger… Ainsi, je préférai ne rien dire sur les agissements de Charles. Après tout, ce dernier était bien assez grand pour se débrouiller seul.

Je n’avais pas bougé depuis qu’Endymion avait repris parole. Toujours genou à terre, j’attendais le verdict du chevalier d’or. Etrangement, alors que mon regard continuait de porter sur les dalles de la onzième maison du Sanctuaire du fait que j’avais baissé le visage en signe de respect, j’avais la désagréable impression d’être transpercé par le regard du Verseau ; Comme si ce dernier avait posé ses yeux glacials sur moi afin de tenter de percer le moindre des secrets qui pouvait s’être enfui au plus profond de moi. Le silence dura encore longtemps avant qu’Endymion ne daigne reprendre parole et ce calme, mêlé à la froideur des lieux, pesait lourd sur mon self-control. Néanmoins, je ne daignais pas bouger le moindre muscle et restais concentré.

Toutefois, je ne pu m'empêcher de m’inquiéter un tant soit peu sur le sort du chevalier de bronze du Bouvier. En effet, le protecteur de la onzième maison zodiacale était déjà peu enclin à nous pardonner l’affront que nous avions commise en ayant outrepassé les règles qui régissaient le Sanctuaire. Comment allait-il donc réagir sur une nouvelle offense à nouveau portée à l’égard de sa personne. Endymion rompit enfin le silence pesant qui s’était installé dans la maison du Verseau.

Chevalier de bronze du Bouvier... Ramasse les morceaux de ton armure et quitte mon temple immédiatement, en trainant avec toi le Saint de Persée, qui semble avoir succomber aux effets pétrifiants de son propre bouclier.

Je n’en revenais pas… Jamais je n’aurai cru qu’Endymion allait accorder une telle clémence à l’égard de Charles. Savoir que deux d’entre nous trois allait échapper au courroux du chevalier d’or du Verseau apaisa quelque peu mon cœur. Quelque peu, en effet… A moins que je fusse devenu sourd, je n’entendis pas mon nom. Néanmoins, j’étais un chevalier d’argent, mon devoir était d’assumer les erreurs de mes compagnons d’armes ; d’autant plus que j’y étais impliqué.

Pourtant, alors que tout semblait prendre un chemin relativement adéquat, l’armure du Bouvier retourna sur le corps de son détenteur. Ce dernier, prit par les émotions, ne pris pas la peine de s’en aller en silence, bien au contraire.

Je considérai les Chevaliers d'Or comme des modèles, la noblesse et un cœur pur, mais je vois que vous ne valez rien de cela. Parfois, je regrette mon ancienne vie, au côté de la personne que j'aimai… Oh mais j'oubliais… Vous, Endymion du Verseau, ne semblez pas possédez d'émotion. Et peut m'importe ce que je dirai, vous êtes trop bouché pour comprendre quoi que ce soit. Alors ravalez votre mépris, mon formateur m’a dit que, peu importe, le grade, il y aura toujours un respect mutuel…

« Pardonnez-le ». Tel était les deux mots qui vinrent à mon esprit alors que je laissai apparaître un corps de marbre, toujours genou à terre devant Endymion. Au bruit que pouvait percevoir mes oreilles, totalement gelées par le froid environnant, Charles semblait avoir récupéré le chevalier aux cheveux roux qui n’avait dit mot depuis l’arrivée du Verseau, comme s’il avait été paralysé par la présence de cet être aux dons spectaculaires. Peut-être était-ce justifier. Néanmoins, le comportement de mes compagnons d’armes me couvrait, à présent, quelque peu de honte. Comment vais-je pouvoir défendre ma position moi qui, aux yeux des chevaliers d’or, étaient tout comme le chevalier du Bouvier et de Persée un chevalier d’ordre inférieur. Mes pensées furent à nouveau troublées par le départ de Charles qui, avant de quitter définitivement la maison du Verseau, porta à son défendeur les dernières paroles suivantes :

J'ai une question pour votre cœur de glace : Avez-vous déjà perdu un être cher à vos yeux ?

Je laissai échapper une expiration à peine audible. Savoir ces deux chevaliers partit me rassurait. Si une boule au ventre continuait à se manifester en mon être intérieur, j’avais confiance en mes compétences : je remonterai bien mieux l’estime des chevaliers d’argent sans ces deux poids attachés à mes pieds. Non… Je ne devais pas penser de la sorte. De la maladresse, c’est probablement cela qui avait guidé mes deux frères d’armes à agir de la sorte. Après tout, ces derniers ne semblaient pas être issus du milieu de la Cour où le protocole et la finesse d’esprit était de rigueur. Finalement, mon calme et la maîtrise de moi, c’est du milieu dans lequel j’ai grandi que je le devais. Ma réflexion pris fin :

Je dois bien admettre que ton intelligence de situation et ton sans-froid te font honneur, chevalier de la Lyre. Tu es un diplomate avisé et talentueux, c'est évident, et je suis sensible à ce genre d'atout. Néanmoins, tu comprendras aisément que je ne peux pas prendre à mes cotés un chevalier dont seule la langue est affutée. Je maintiens donc mon défi. Affronte moi de toutes tes forces, et si ton potentiel martial est égal à ta verve, j'accepterais de te prendre sous mon aile.

« J’accepterais de te prendre sous mon aile ». Finalement, accepter le duel contre chevalier d’or du Verseau pouvait s’avérer bien plus intéressant que je ne l’imaginais. Avoir la formation d’un deuxième chevalier d’or, ici, au sein même du Sanctuaire, ne pouvait qu’être bénéfique, moi qui aspirais un jour à revêtir l’armure d’or qu’avait un jour porté mon maître. Néanmoins, Endymion n’était pas stupide et compris assez vite ma stratégie.

Ta proposition est un habile trompe l’œil, car factuellement tu as tout avantage à devenir le disciple et le protégé d'un chevalier d'or. Moi par contre, je cours le risque de me lier avec un incompétent potentiel et de me priver de la possibilité de trouver chaussure à mon pied parmi les chevaliers d'argent qui ne demanderaient pas mieux qu'à bénéficier de mon apprentissage. Vraiment, tu es doué...

Encore une fois, la capacité d’observation et d’anticipation d’Endymion était parfaite. Athéna avait un véritable avantage à avoir un tel chevalier sous ses rangs. Pour ma part, savoir que des êtres, tel qu’Endymion, assurait la défense du Sanctuaire me rassura. En effet, à l’inverse des deux premiers chevaliers que j’ai pu rencontrer au sein du Sanctuaire, le Gold Saint du Verseau présentait un bien plus grand charisme ainsi qu’un attachement aux règles et à la hiérarchie qui ne manquait pas de me plaire. Je me relevai enfin et me dirigea vers ma pandora box qui n’avait pas bouger depuis que je l’avais déposé lors de mon entretien avec Charles du Bouvier.

Les propos que vous tenez à mon égard m’honorent, Seigneur Endymion. Par ailleurs, devenir votre apprenti serait un tout aussi grand honneur, si pas plus. Néanmoins, vous avez raison : me prendre sous votre aile sans connaître ma véritable valeur serait trop précipité. Ainsi, j’accepte votre défi. Et si je présente suffisamment de talents à vos yeux, c’est avec la plus grande gratitude que je deviendrai votre apprenti et serviteur. Par ailleurs, dans le cas où je le deviendrai, sachez que c’est avec tout autant de compréhension que j’accepterai que vous m’abandonniez à mon triste sort si je venais à vous faire défaut, tout aussi simplement que l’on jetterait une arme un peu trop émoussée.

Je posa ma main sur ma pandora box d’argent. Il était temps pour moi et pour l’armure qui m’a été confié de faire nos preuves. La boîte cubique s’ouvrit, laissant émerger d’étincelant rayon argenté et bleuâtre avant que n’apparaisse l’armure de la Lyre. Cette dernière ne tarda pas à se séparer en plusieurs morceaux pour venir se reconstituer sur mon corps. Le dernier élément de l’armure qui vint me rejoindre était la lyre que je récupérai de la main gauche. Enfin prêt, je posai mon regard violet dans ceux du chevalier d’or du Verseau qui était déjà prêt pour l’affrontement. Endymion laissa ainsi percevoir une partie de son Cosmos. Voir celui-ci étinceler autour du chevalier était magnifique mais le ressentir était quelque peu paralysant. Le combat allait être difficile… Une lumière argentée commença alors à émaner de ma personne. Gardant le calme le plus complet, j’annonça au chevalier :

Je suis prêt, Seigneur Endymion du Verseau.

Pour la première fois, je vis se dessiner un sourire sincère sur le visage d’Endymion. Commençais-je à intéresser le chevalier d’or du Verseau ? Alors que cette question venait de m’effleurer l’esprit, je sentis soudain que l’atmosphère commença à grandement se refroidir. Cette impression se confirma lorsque je vis les colonnes de pierre, qui composaient le temple de la onzième maison du zodiaque, se recouvrir de glace. Cette dernière, partant du sol, serpenta l’ensemble des piliers pour atteindre le plafond de la bâtisse antique.

J’observai les alentours. Nul doute possible : ce phénomène avait été provoqué par Endymion. Décidément, le chevalier d’or ne cessait de m’impressionner. Moi qui résumais la clé de leur force dans l’utilisation parfaite de leur Cosmos, ces protecteurs d’Athéna détenaient également de grandes facultés stratégiques. En effet, en ayant recouvert son temple de glace, il devenait difficile de pouvoir se mouvoir à grande vitesse sans prendre le risque de glisser lamentablement sur ce temple qui était devenu une véritable patinoire.

Toutefois, Endymion ne s’arrêta pas là. Très vite, ce dernier intensifia son Cosmos. Ce dernier se fit ressentir en ma personne telle un poids qui semblait écraser mon cœur. Telle était la force des chevaliers d’or… Et pourtant, j’étais persuadé qu’Endymion ne montrait qu’une partie de son Cosmos déjà très impressionnante. Soudain, la température commença à nouveau à grandement baisser. Quel était le Celsius négatif qui pouvait s’afficher en cette maison ? Je l’ignorais. Ce qui était certain, c’est que sans mon armure d’argent, mon corps se serait transformé en glaçon.

Alors que je tentais d’établir un nouveau diagnostic de la situation, Endymion m’interrompit par un mouvement de la main qui provoqua un puissant courant d’air glacial. Celui-ci vint m’aveugler pendant un court instant mais suffisamment longtemps pour que je ne vis pas arriver à temps cinq épieux de glace. Surpris par l’attaque, trois d’entre parvinrent à me blesser : un vint me transpercer le dessus de la cuisse droite tandis que les deux autres s’enfoncèrent dans mon bras gauche. Quant aux deux autres, je parvins de justesse à les parer de mon bras droit.

En une seule attaque, Endymion fit preuve d’une grande précision : non seulement il était parvenu à cibler les parties non protégées par mon armure, mais en plus il tentait d’affaiblir le bras avec lequel je tenais ma lyre, l’élément à la base de mes attaques. Mais était-ce une volonté de la part du chevalier d’or ou s’agissait-il d’un pur hasard ? Non… Connaissant Endymion, ces coups avaient été donnés avec justesse. Un chevalier d’or tel que lui ne laisserait pas son sort entre les mains du hasard.

Tu l’auras vraisemblablement compris… Je ne compte pas te ménager. Faiblis une seule seconde, et c’est la mort qui te guette.

Profitant de ces paroles, je retirai les épieux d’un balayement de la main droite. Je veillai par ailleurs à ce que les embouts ne restent pas enfoncé dans ma chair. En effet, la chaleur de mon sang aurait fini par faire fondre la glace et l’eau qui en résulterait aurait intensifié le saignement. Cependant, Endymion comptait bien appliquer ses paroles. En effet, alors que ces dernières venaient tout juste d’être prononcée, le chevalier semblait comme avoir disparu alors que je reportais mon attention sur sa personne. Soudain, il apparu juste devant moi, la paume de sa main placer à quelques centimètres de mon torse. Pouvait-on imaginer une telle vitesse ? Il était trop tard pour faire quoi que ce soit… Je subis l’attaque de plein fouet…

Diamond Dust

De la main du chevalier émana un puissant courant d’air qui fusa vers ma personne. Ce dernier fut-elle que des cristaux de glace semblaient avoir gelé l’air ambiant. Quoi qu’il en soit, le coup m’expulsa et, bien que mon armure avait intercepté une grande partie de l’attaque, j’avais l’impression que mon torse était compressé par le froid. Durant un instant, ma concentration était portée sur la douleur qui émanait de mon corps alors que ce dernier vaquait dans les airs, expulsé par la puissance de l’attaque du chevalier d’or. La force et la vitesse d’Endymion étaient surhumaines. Ce constat, mêlé à la douleur que provoqua cette première attaque, commençait à me faire douter… Mais… Non, je ne devais pas baisser les bras ! Pas maintenant.

Reprenant un total contrôle de mon corps malgré la douleur qui continuait à se faire sentir au niveau de mon torse, je fis un demi-salto vers l’arrière de sorte à pouvoir user de mes jambes pour me propulser à partir d’un des piliers de la maison du Verseau. Ainsi, je parvins à atteindre, à une vitesse relativement acceptable, Endymion vers lequel j’avais veillé à me diriger pieds vers l’avant. Cela me permit d’enchaîner une série de quatre coups de pied sur le chevalier du Verseau. Le cinquième coup, je le fis de sorte à ce que je puisse user du corps d’Endymion pour faire un retrait vers l’arrière afin de me distancer du gardien de la onzième maison zodiacale.

Durant l’enchaînement qui venait de se produire, j’avais commencé à jouer de ma lyre et la mélodie se poursuivait tout au long de l’attaque. Ainsi, lorsque je fus à une certaine distance d’Endymion grâce à ma dernière attaque physique, il ne me restait plus que quelques notes à composer pour pouvoir lancer une nouvelle attaque. Cependant, alors qu’il ne me restait plus que cinq cordes à gratter, mes doigts s’engourdirent par le froid environnant et, sentant la paralysie s’installer, j’anticipa une dernière note qui, certes semblait se combiner à l’ensemble de la mélodie mais, en vérité, cette action diminua grandement la puissance de mon attaque cosmique.


Sur l’instant, je ne fis pas attention à savoir si l’attaque avait pu toucher de plein fouet le chevalier du Verseau. A vrai dire, je maudissais ce dernier. Je comprenais enfin pourquoi Endymion avait tant refroidi l’atmosphère, c’était pour m’handicaper dans la composition de ma musique. Décidément, ce chevalier était que bien trop dangereux : non seulement sa puissance était terrifiante mais il ajoutait à cela une stratégie, certes glaciale, mais terriblement efficace. Comment allait donc se présenter son esprit d’anticipation fasse à mes attaques ?

Je tentais tant bien que mal à cacher mon désarroi. Ne me laissant pas surmener par les émotions, je commençais une nouvelle observation de la situation. Ayant retrouvé mon calme, je plaçais ma main droite près de ma lyre, prêt à composer de nouvelles notes afin de parer les prochaines actions du chevalier d’or. Par ailleurs, je me mis à réfléchir sur cet handicape qu’était le froid. Une idée me vint alors. Mon cosmos se mit à bruler autour de moi mais un œil averti pouvait remarquer que davantage de luminosité c’était concentrée au niveau de mes mains : si la volonté du chevalier était de paralyser mes doigts par le froid afin de les empêcher d’user de ma lyre, à moi de concentrer suffisamment de Cosmos pour garder suffisamment de chaleur pour éviter que mes doigts ne s’engourdissent.

Darkness Puppet (Ombre)
Une image sortie d’une carte de tarot que possède le Verseau s’anime pour venir maltraiter sa proie.

Brûler mon cosmos s’avéra utile. En effet, le froid ne semblait plus me faire défaut et, rassurez que cette gêne fût enfin derrière moi, je posais mon regard sur le chevalier du Verseau. La brume créée par le froid m’empêchait de distinguer nettement la silhouette du Gold Saint mais lorsque celle-ci commença enfin à se dissiper, je vis s’écrouler non pas Endymion mais une réplique de glace conforme à sa personne. Soudain, une présence se fit sentir derrière moi qui, d’un air amusé, perça le silence :

Mais pourquoi t'acharnes-tu autant sur une vulgaire statue de glace ? N'as-tu donc aucun respect pour l'art ?

A peine ces mots prononcés, je sentis une poigne agripper mes cheveux pour m’expulser à nouveau dans les airs à l’aide d’un puissant coup de genou dans les reins. Endymion, pour qui ce combat semblait plus un jeu qu’un véritable duel, me fit très bien comprendre que, quelle que soit ma stratégie, ce dernier aurait toujours un coup d’avance sur moi. Ainsi, il ne manqua pas de soulever :

Je vois que tu as trouvé d'instinct le moyen de protéger ta main de mon froid. Pas mal du tout... Toutefois, il serait bien imprudent de croire que ma maitrise de la glace reste mon seul atout...

Le chevalier d’or fit raisonner un claquement de doigts dans la maison du Verseau. Soudain, alors que mon corps lévitait encore après avoir été propulsé par l’attaque d’Endymion, je vis apparaître devant moi cinq cartes face retournée. Celles-ci ne cessèrent de gagner en taille jusqu’à prendre une dimension humaine. Les cartes que venaient de faire apparaître Endymion étaient enveloppées d’une aura sombre et inquiétante. Cependant, avant que je ne puisse même les examiner, le chevalier d’or du Verseau rompit à nouveau le silence :

Que dirais-tu d'une petite prédiction ? Voyons, voyons...

A peine ces mots prononcés que l’une des cinq cartes se retourna pour laisser apparaître un pendu aux traits tellement précis que la carte de tarot pouvait donner un certain malaise à celui qui la contemplait.

Le pendu ! Très bon choix... Cette carte évoque le sacrifice volontaire, le don de soi, une belle mais douloureuse mort.

Soudain, un hurlement perçant émana de la carte du pendu. Cet être, aux traits tirés par la douleur, disparu avant de venir saisir mon pied. Cependant, alors que l’effigie prenait mon apparence, mon corps sembla s’évaporer dans les airs pour apparaître derrière le chevalier d’or du Verseau.

Pas cette fois Seigneur Endymion.


En effet, dès l’instant où j’avais aperçu que mes attaques s’étaient percutées contre une sculpture de glace aux traits similaires à ceux du chevalier du Verseau, j’avais entrepris une nouvelle mélodie au son tellement léger qu’Endymion n’y fit pas attention. Ainsi, dès l’instant où mon adversaire s’était emparé de mes cheveux, ce n’était plus qu’une illusion de ma personne qui subit l’intégralité des coups terrifiant du Gold Saint.

Alors que j’entamais rapidement un nouveau morceau, je me rendis compte que ma défense semblait similaire celle qu’Endymion avait établi quelque temps auparavant avec sa sculpture de glace. Ainsi, bien que j’avais adapté cette phase défensive aux capacités que je disposais, il semblait que je prenais exemple sur le chevalier d’or du Verseau. Etait-ce déjà un entraînement qu’Endymion voulait me donner ? Après tout, depuis le début de ce combat, je me rendais bien compte que toutes les actions du protecteur d’Athéna étaient toujours lourdes de sens. Il ne serait donc pas étonnant que, derrière ce duel, Endymion tentait déjà de me donner une forme de leçon.

Le temps de cette réflexion, la nouvelle mélodie que j’avais aussitôt entamé après ma défense fit son effet. De fait, aux files de mes notes, le chevalier d’or du Verseau s’était fait bercer par une douce et envoûtante mélodie. Ma composition était telle qu’à cette musique, on pouvait presque y attacher un chant mélodieux. Soudain, le chevalier du Verseau se vit comme paralysé et, alors que j’entamais ma dernière note, Endymion se vit propulser par un puissant choc cosmique.


Cependant, je ne m’arrêtai pas là. Alors que le corps d’Endymion était encore en lévitation, éjecté par mon attaque cosmique, je me déplaçai rapidement pour apparaître derrière lui avant de lui porter un enchaînement de trois coups de pied. Ma quatrième action fut un coup de genou porté dans les reins d’Endymion et suffisamment puissant pour éjecter le chevalier dans un autre coin de la maison du Verseau. Dans cette attaque, je veillai à y porter une certaine précision de sorte que, la direction vers laquelle je propulsai le Gold Saint, aboutissait vers un pilier afin que le choc contre ce dernier fasse partie d’un cinquième coup porté à sa personne.

A la suite de cet enchaînement, je retombais sur le sol, genou gauche à terre tandis que mon pied droit était positionné de telle sorte que, si une attaque surprise venait à me surprendre, je pouvais m’y appuyer rapidement pour l’éviter.

Mirror’s soul (Ombre)
L’image de l’adversaire du Verseau se reflète dans un miroir de glace, et lui révèle sa plus grande phobie. Si sa volonté n’est pas assez forte, l’âme du malheureux sera avalée par les ténèbres les plus atroces.

Endymion subissait mon attaque de manière totalement silencieuse. Lorsque mes actions furent terminées, le chevalier se releva calmement tout en dépoussiérant son armure sur laquelle des particules de roche, issues du pilier sur lequel je l’avais propulsé, s’étaient déposées. Je n’en revenais pas… Les armures d’or étaient donc tellement puissantes qu’elles pouvaient encaisser les coups sans que son porteur ne ressente le moindre mal aux attaques. En vérité, la raison était tout autre.

Mais quel vandale... Si tu survis à ce combat, ne compte pas t'en tirer à si bon compte ! Tu seras d'office en charge de réparer les dégâts.

A ces mots, le chevalier d’or du Verseau dévoila ce que je n’avais encore pas perçu lors de mon enchaînement offensif. Endymion était parvenu, sans que je ne remarque rien, à recouvrir son corps d’une carapace de glace qui le protégea de toutes mes attaques physiques. Non, pas seulement… En plus des coups, le chevalier créa une défense si parfaite, qu’il fut même immunisé au chant de ma lyre. Ainsi donc était la puissance des Gold Saint : des attaques puissantes et terrifiantes et une défense impénétrable. A cela, se mêlait le fait qu’Endymion était un fin stratège et il parvenait à anticiper la moindre de mes actions.

Alors que le désespoir aurait pu me prendre au coup. C’est un sourire d’amusement qui pouvait légèrement se dessiner sur mon visage. Egaler les chevaliers d’or, pour un jour obtenir l’armure du Bélier… Tel était mon objectif lorsque j’avais entamé mon voyage pour arriver au Sanctuaire. Pourtant, ce combat contre Endymion me fit voir toute la folie de mon but. Obtenir une armure d’or, moi ? Rémiel ? Alors que j’arrivais à peine à la cheville du chevalier du Verseau…

Alors que je m’étais à nouveau perdu dans mes pensées, Endymion ne tarda pas à lancer sa prochaine offensive. Ce dernier, dans un mouvement à la fois gracile et terrifiant, leva ses bras avant de faire apparaître, d’un claquement de mains, quatre cartes dont jaillir, de chacune d’elle, un spectre à l’effigie de ma personne. Surpris de ce nouveau tour de passe-passe de la part d’Endymion, je ne pu me protéger contre les attaques de ces quatre clones. A terre, je parvins rapidement à me relever mais, alors que mon genou droit était toujours au sol, Endymion rompit le silence :

Un cosmos et une force physique convenables pour un individu de ton rang. Mais qu'en est-il de ton âme ?

Soudain, les quatre clones se rassemblèrent en un seul et même fantôme dont le visage s’était arrêté à quelques centimètres du mien. Alors qu’un étrange mal-être se faisait sentir en moi, comme si des songes lointains de mon passé revenaient à la surface, une aveuglante lumière jaillie de nulle part.

« KAN !! »

Il me fallut un certain temps avant que ma vue retrouve toute la netteté des environs. Mais que s’était-il passé ? Endymion venait juste de lancer une nouvelle attaque cosmique qui semblait m’entrainer dans les limbes des ténèbres mais cette lumière semblait avoir dissipée la terrible offensive du chevalier. Lorsque je recouvrais la vue, je vis Endymion toujours posté non loin de ma personne. Toutefois, mon attention fut rapidement détournée par la présence d’un nouveau chevalier d’or. Bien trop absorbé dans mon combat contre Endymion, je n’avais pas repéré le cosmos du nouveau venu. Ce dernier, qui semblait avoir lancé une action défensive à l’égard de ma personne, ne fit pas immédiatement attention à moi et porta son regard sur le chevalier du Verseau.

« Allons Endymion, quand vas-tu cesser de taper sur tous les Saints d'Athéna que tu vas trouver. Aux dernières nouvelles, tu es de notre côté il me semble. Et avec toutes ces divinités qui passent par le Sanctuaire, il serait judicieux de laisser les Saints en bon état... au cas où ! »

« C'est plus fort que toi, l'appel du combat est une chose innée chez toi. Sois plus timoré mon frère, il me semble que tu auras ton lot de bataille dans peu de temps. Il se passe des choses qui n'annoncent rien de bon. »

Le temps de ces paroles, le stress du combat s’était évaporé et eu pour effet de décontracter la majorité de mes muscles. La menace d’une nouvelle attaque ayant été interrompue par le nouveau chevalier d’or, je quittais ma position de combat pour me redresser droit comme un i pour poser mon regard violet sur le nouveau venu. J’étais, à vrai dire, quelque peu décontenancé devant les paroles du chevalier d’or à l’égard d’Endymion. En effet, à moins que cela était une tendance entre Gold Saint, l’individu semblait donner une leçon à Endymion, lui qui était maître des lieux… J’avais pourtant pour impression que chaque chevalier d’or était l’unique individu apte à prendre des décisions en la demeure qu’il se doit de protéger… Alors que je posais mon regard sur Endymion afin de voir sa réaction, le second chevalier d’or m’adressa la parole.

« Bien le bonjour Chevalier. Je suis Hogo Ewen, Saint de la Vierge, mais tu peux m'appeler Hogo. Désolé d'être arrivé si tard pour empêcher mon ami de jouer avec toi. Tu sembles vaillant mais malheureusement, je suis au regret de te dire que tu n'es pas encore de taille, crois-moi. »

« Pas encore de taille ». Voilà un Gold Saint bien différend que le chevalier du Verseau. En effet, si la différence de force était incontestable entre Endymion et moi, le protecteur de la onzième maison avait néanmoins suffisamment d’estime à l’égard de ma personne pour me proposer un duel dont il savait que je n’allais pas m’écrouler à la première de ses attaques. Par ailleurs, les raisons pour lesquelles Endymion m’avait provoqué était entièrement justifié : estimer ma valeur en condition de combat pour ne pas prendre sous son aile un canard boiteux.

Non… Je n’étais pas du tout d’accord avec les propos du chevalier de la Vierge à l’égard d’Endymion qui me démontra, au cours de ce combat, à quel point toutes ses actions étaient mesurées et réfléchies. Par ailleurs, j’ai pu également constater que, outre sa puissance exceptionnelle, ce n’était pas une tête brûler fonçant sans réfléchir sur l’ennemi en ne comptant que sur ses capacités physiques. Au contraire, Endymion était d’une stratégie impressionnante au point que sans cesse il était parvenu à anticiper la moindre de mes actions.

Toutefois, Hogo était un chevalier d’or envers qui je devais le respect. Ainsi, tout au long de cette réflexion, mon visage gardait un calme complet. Seul la fatigue et la sueur du duel pouvaient trahir mon air reposé. Alors que ma respiration prit un rythme normal, je répondis au chevalier de la Vierge.

Enchanté, Seigneur Hogo. Mon nom est Rémiel.

Sur votre respect, je tiens à vous rassurer : affronter le chevalier du Verseau fut tout aussi plaisant, même si l’énergie à dépenser pour lui tenir tête fut quelque peu éprouvant. C’est même un honneur d’avoir pu mener un combat contre le Seigneur Endymion. J’en regretterai presque votre intervention.

Sur ces derniers mots, je ne repris plus la parole. Après tout, la onzième maison du Sanctuaire appartenait au chevalier du Verseau et lui seul était en mesure d’accueillir comme il se doit le nouvel arrivant en sa demeure. Ainsi, mon regard se reporta sur Endymion, curieux de connaître la réaction que ce dernier présentera à l’égard de ce chevalier d’or qui venait de lui donner leçon en sa propre demeure.

Tout en regardant le chevalier d’or du Verseau, ma dernière phrase, prononcée à l’égard de Hogo, me revint en tête : « J’en regretterai presque votre intervention ». C’est vrai… Le combat contre Endymion fut plus qu’intéressant. Non seulement il me fit voir toute la puissance que détenaient les chevaliers d’or mais aussi tout le talent de stratège que disposait le chevalier du Verseau, qualité que j’appréciais énormément. Par ailleurs, au travers de ce duel, Endymion parvint à me faire ressentir une puissance que jamais je n’avais ressenti auparavant, démontrant que le Saint devait être un excellent maître. Ainsi, oui… Je regrettais la fin de ce combat car j’étais persuadé que, s’il s’était poursuivi, Endymion m’aurait poussé vers des limites qui m’auraient conduit à développer un pouvoir dont je ne connaissais même pas l’existence.

Comme je m’y attendais, Endymion semblait  furieux qu’un chevalier, même de rang égal à sa personne, s’était permis de prendre des décisions en sa propre demeure. Pourtant, malgré cet affront, le chevalier du Verseau garda un calme de glace en prononçant ses paroles :

De quel droit oses-tu te mêler de ce combat, chevalier d'or de la Vierge ?... Et dans mon propre domaine de surcroit...

Soit... Si tu juges si important de faire cesser ce conflit, que puis-je dire ? Je suis persuadé que lorsqu'un spectre lui arracha la gorge car il aura été trop faible ou protégé, Rémiel saura te remercier de ta prévenance. Un peu de douceur et de tendresse sont surement les meilleurs moyens d'aguerrir un chevalier face à ce monde pourri.

La froideur des paroles du chevalier du Verseau n’allait, encore une fois, pas par quatre chemins. Pourtant, sa pensée n’était pas dénuée de sens. En mentionnant les ennemis du Sanctuaire, je me rendis compte que je ne détenais absolument aucune information sur ces derniers, ni même à quoi ils pouvaient bien ressembler. A vrai dire, au cours de mon entraînement auprès de Raguel, je m’étais essentiellement informé sur la  composition des membres du Sanctuaire, leur différent rang, l’histoire de leurs armures, les passages historiques où l’on pouvait déceler le retour d’Athéna… Mais pas un seul instant je ne m’étais porté sur ses ennemis. Encore une lacune à laquelle j’allais devoir remédier au plus vite, ne serait-ce que sur un plan stratégique.

Après cette brève réflexion, je portai mon regard sur le chevalier de la Vierge dont l’attention semblait s’être portée sur ma personne. Si Hogo s’était attendu à une réaction de la part d’Endymion, il semblait quelque peu décontenancé à l’égard de mes paroles.

« Loin de moi l'idée de t'offenser Remiel, bien au contraire, il est tout à ton honneur de vouloir te mesurer à mon frère d'arme, aussi puissant soit-il. Je m'inquiétais simplement du fait que ce dernier a toujours du mal à retenir ses coups, peu importe qui se trouve. N'est-ce pas Endy. »

« Du mal à retenir ses coups ». Si les attaques d’Endymion, lors de notre duel, étaient difficiles à contrer, j’étais néanmoins persuadé que le chevalier d’or du Verseau ne déployait pas toute sa puissance à mon égard, sinon je n’aurai pas fait long feu. La raison pour laquelle Endymion ne déployait pas tout son potentiel, je l’ignorais. Cependant, j’étais certain que ce fut pour une raison dont seul lui connaissait tous les tenants. Par ailleurs, j’étais quelque peu embêté qu’un signe d’embêtement est pu se dessiner sur mon visage, d’habitude si calme, lors de mon interlocution avec le Saint de la Vierge. De par cette réaction qui a pu émané de ma personne, j’espérai ne pas avoir offensé le Gold Saint.

Il n’y pas d’offense faites par votre part Seigneur Hogo. Du moins à l’égard de ma personne. Si vous vous êtes interposé, c’est parce que vous aviez vos raisons et jamais je ne viendrai contester les actes d’un chevalier d’or.

Soudain, alors qu’Endymion avait toujours les yeux rivés sur Hogo, le chevalier d’or du Verseau intensifia son Cosmos, au point que l’atmosphère redevint glacial. Mon regard se reporta à nouveau sur le protecteur de la onzième maison dont l’attention était toujours portée sur le Gold Saint de la Vierge.

Si ce gamin crève parce qu'il est faible et fragile, je m'en moque pas mal. Mais s'il meurt en raison de notre bêtise, à nous autres chevaliers d'or, alors là je m'en voudrais à jamais. Je le prépare à ce qui l'attend dehors, car aujourd'hui tu l'as dit toi même... Il n'est pas de taille. C'est cruel, violent, dégueulasse et injuste. Mais ose dire que les spectres, les berzekers ou les dieux ne le sont pas tout autant ! Ose lui dire que notre monde est un havre de paix... Moi je m'y refuse, et si Rémiel doit mourir sous mes coups, c'est qu'il a usurpé son armure et qu'il n'a pas été à la hauteur de mes attentes.

Tout en s’adressant au chevalier de la Vierge, Endymion leva ses deux bras vers les cieux avant de joindre ses mains au-dessus de sa tête. Tout au long de cette action, l’air ambiant ne cessait de devenir, à chaque seconde, un peu plus glacial, à tel point que j’avais l’impression que mes poumons allait se frigorifier. Je ne comprenais pas ce qu’il se passait. Endymion posant toujours ses yeux ambrés dans ceux de Hogo, j’avais l’impression que le chevalier du Verseau allait faire payer l’usurpation de la Vierge par une terrifiante attaque.

Si tu t'interposes, Hogo, c'est que tu n'as aucune confiance en ce jeune chevalier. Ce ne sera pas une insulte envers moi, mais envers lui. Laisse le décider et protège le que s'il te le demande... Dans le cas contraire, je te prie de te reculer...

A ces mots, Endymion me transperça de son regard alors que derrière lui se dessinait la représentation du Verseau.

« Soit. Je vais rester pour m'assurer que Remiel survive et apprenne de ses erreurs. Qu'il est la volonté de suivre ton enseignement. Vas-y Endymion, déchaîne la fureur de la Glace, je n'interviendrai pas ! »

J’en étais désormais certain, l’attaque n’était pas destinée à Hogo mais bien à moi. Quel acte idiot j’avais fais ! : L’intervention de la Vierge m’avait conduit à penser que le combat était désormais terminé mais Endymion comptais bien m’apprendre que, quelque que soit la situation, un chevalier ne doit jamais baisser sa garde. A la suite cette pensée, le chevalier du Verseau avait abaissé ses bras vers moi. Soudain, un vent froid et violent fut relâché sur ma personne. De manière désespérée, je me remis en position de combat, prêt à jouer une mélodie de défense… Mais il était trop tard, je fus bien trop lent pour faire quoi que ce soit.

Essaie donc de survivre, chevalier d'argent de la Lyre...


L’attaque me percuta de plein fouet et me propulsa violemment dans les airs. Alors que je survolais la maison du Verseau, je sentais un terrible froid m’envahir, au point que j’avais l’impression que mes muscles se congelaient. L’air ambiant devint insupportable à respirer : chaque inspiration était comme des poignards qui me transperçait les poumons de l’intérieur. Pour le reste, mon corps semblait ne plus ressentir la moindre sensation.

Paralysé, je retombai lourdement, tête la première, sur les dalles de la onzième maison du Sanctuaire. Alors que mon corps était inerte sur le sol, ma lyre s’était posée à quelques mètres de ma personne ; l’attaque du chevalier du Verseau ayant été tellement puissante qu’il me fut impossible de la retenir entre mes mains.

Je restais allongé, face contre terre. Je devais donner un spectacle bien ridicule aux deux chevaliers d’or. Pourtant, bien que ma volonté me poussait à devoir me relever, mon corps était comme figé. Même bouger l’un de mes doigts semblait impossible. Epris par le froid, j’avais l’impression de sombrer dans les ténèbres. Néanmoins, je ressentais comme quelque chose de chaud ruisselé sur mon visage tandis qu’un goût de sang venait se faire ressentir dans ma bouche. L’impact contre le sol de la onzième maison du Sanctuaire avait du provoquer une hémorragie. Heureusement que j’étais protégé par le casque de la Lyre, sinon mon cerveau n’aurait plus qu’été que bouillie.

Je me laissais emporté dans le sommeil. Relève-toi, relève-toi… J’avais beau essayé de me convaincre, mon corps ne répondait plus. Une rage commença à envahir mon cœur. C’est donc comme ça que ça devait finir ? J’étais pourtant si près du but… Si je n’avais pas été distrait… Non, tout cela n’est qu’excuse. Je n’aurai jamais du baisser ma garde. Une erreur de débutant… Non, je n’allais pas en rester là : j’avais promis à Endymion de ne pas être un poids s’il venait à me prendre sous son aile. J’allais lui montrer qu’il pouvait compter sur moi, qu’il pourra se servir de ma personne comme une épée qui ne cessera de blesser son adversaire jusqu’au moment où elle viendrait à se briser.

Un extraordinaire Cosmos se mit à bouillir en moi. Enveloppant ma personne, l’énergie produite semblait un temps soit peu réchauffer mon corps de glace. Soudain, en l’espace d’un instant, je parvins à me propulser du sol pour rejoindre en une vitesse éclair ma lyre. Aussitôt dans ma main gauche, je ne tardai pas à jouer de l’instrument. A cet instant, quatre clones de ma personne se dessinèrent autour de moi. Usant de la Protective Melody, j’avais transformé l’action défensive, apprise auprès d’Endymion, pour la transformer en une stratégie offensive visant à troubler l’ennemi sur l’endroit où allait partir la véritable attaque.

Ainsi, les cinq images de ma personne partir de part et d’autre de la maison pour encercler le chevalier du Verseau. Toujours épris par ce formidable Cosmos que je n’avais jamais ressenti auparavant, je joua une seconde partition dont j’ignorais totalement l’existence. Pourtant, mes doigts glissèrent sur les cordes de la lyre sans aucune hésitation, comme si la mélodie était connue de ma personne depuis des temps illustres. Fixant le chevalier du Verseau, une pensée me vint soudain : ce formidable Cosmos qui étincelait de ma personne, ne s’était-il pas annoncé à la suite de la terrible attaque d’Endymion ? Etait-ce donc ça le but ultime du chevalier ? : Me pousser vers des limites jamais atteinte auparavant pour faire surgir tout le potentiel qui sommeillait jusqu’à aujourd’hui en moi ?

J’en étais persuadé : je voulais qu’Endymion soit mon mentor au sein du Sanctuaire.


Soudain, une série de files cosmiques sortir de chacune des lyres de mes clones pour venir enserrer le chevalier d’or du Verseau. Une fois ce dernier sous mon emprise, les quatre clones disparut ; révélant ainsi ma véritable position. Au fur et à mesure que je jouais les notes, Endymion pouvait ressentir l’étreinte des cordes se resserrer de plus en plus. J’arrivai alors à la note finale, celle qui aurait pour faculté de broyer l’adversaire qui ne viendrait pas à se défendre. Retenant la note de mon majeur, je fixa de mon œil droit Endymion, le gauche étant aveuglé par le sang qui affluait depuis mon crâne.

Nous n’allons pas nous mentir, cette attaque est en loin d’être la meilleure des solutions. La stratégie idéale aurait été d’abandonner le combat à la suite de votre dernière attaque… Mais, une telle action aurait sali l’armure d’argent que je porte.

Par ailleurs, je ne veux pas être un poids pour les chevaliers d’or. Ainsi, si l’on regarde mon action sous un autre angle, cette dernière n’est pas si dénuée de sens : Si nous étions dans un combat contre un adversaire du Sanctuaire, j’aurai suffisamment affaibli l’adversaire pour que vous n’auriez plus qu’à le balayer d’un geste de la main, conservant ainsi toute votre énergie pour pouvoir lutter face à une deuxième menace.

Laissez-moi devenir l’arme qui prolongera la portée de votre bras, Seigneur Endymion. Je ne vous décevrai pas.

A ces derniers mots, je grattai la dernière note de mon attaque qui pu ainsi démontrer toute son efficacité. Néanmoins, je ne pu vérifier si elle avait pu user de toute sa puissance contre Endymion. En effet, une fois la dernière note composée, le formidable Cosmos qui avait envahit mon corps disparu dès l’instant où mon offensive fut lancée. Mes jambes devinrent alors tremblante et je n’eu d’autre choix que de poser le genou gauche à terre pour ne pas tomber d’évanouissement.

Mon souffle était court et j’avais énormément de mal à le récupérer. Le sang venant de mon crane ne cessait, par ailleurs, de couler tout le long de mon visage. Ma vue devint trouble, tandis que mon corps était trempé par la sueur.

Le combat touchait à sa fin, c’était une certitude… La prochaine attaque d’Endymion pouvait s’avérer fatale et je ne disposai pas de suffisamment de Cosmos pour pouvoir la contrer. Je posai mon regard sur le chevalier de la Vierge qui s’était reculé du combat afin de ne pas gêner les actions du duel. D’une voix faible mais calme, je m’adressai à ce dernier :

Seigneur Hogo, puis-je vous demander de ne pas intervenir en ma faveur quel que soit la décision que prendra le Seigneur Endymion.